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MA L
PRAZ
L'AUTOMOBILE SUR ROUIE
PARIS
CE BÊRANGER Editeur
HARVARD COLLEGE LIBRARY
BOUGHT FROM THE INCOME OF THE FUND
BEQUEATHED BY
PETER PAUL FRANCIS DEGRANI)
OF BOSTON
FOR FRENCH WORKS AND nFRUJDJCALS OS THE EXACT SCIENCES
AND ON ITHËMISTRY» A5TRONOMY \\D OTHER SCIENCES
APPLJED TO THE ARTS AND TO NAVIGATION
>
I
MANUEL THÉORIQUE ET PRATIQUE
L'AUTOMOBILE SUR ROUTE
NACO.X. PIUITAT FHKIIKS, IMI'IUMUl'HS.
MANUEL
THÉORIQUE ET PRATIQUE
DE
L'AUTOMOBILE
SUR ROUTE
VAPEUR — PÉTROLE — ÉLECTRICITÉ
Gérabd LAVERGNE
ANCIEN ÉLÈVE DE l' ECOLE POLYTECHNIQUE
INGÉNIEUR CIVIL DES MINES
PARIS
LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE, GH. BÉRANGER, ÉDITEUR
SUCCESSEUR DE BAUDRY & C"
15, RUE DES SAINTS-PÈnES, 15
MAISON À LIÈGE, 21, RLE DE LA RÉGENCE
1900
Tous droits réserrés.
£ ko. % Z3.S4
HARVARD
|UNIVERSITY|
UBRARY
OCT 21 1940
PREFACE
Bien que né d'hier, en tant qu'il emprunte la force motrice
au pétrole et à l'électricité, l'automobilisme a pris un essor
qui ne peut laisser de doute sur son développement prochain
et définitif. C'est assurément une industrie nouvelle qui se
lève, dont notre pays, en cette fin de siècle, s'est montré
l'initiateur incontesté.
En fixer les premières phases nous a paru chose intéres-
sante, ne serait-ce que pour permettre d'apprécier dans
quelques années la rapidité de ses progrès. Sans vouloir
méconnaître le mérite des publications antérieures à la nôtre,
il nous a paru qu'il y avait place pour une vue d'ensemble
de la question. C'est donc un ouvrage synthétique que nous
offrons au public qu'intéresse la chose automobile.
Après un court historique, présentation toute naturelle
des agents auxquels les voilures mécaniques demandent
l'énergie qui leur est nécessaire — vapeur, pétrole, électri-
cité, — et un examen rapide de ceux auxquels elles l'em-
prunteront peut-être un jour, — gaz comprimés ou liquéfiés,
eau chaude, acétylène, alcool — l'ouvrage passe en revue
les éléments qui entrent dans la composition d'une automo-
VI PRÉFACE
bile * : moteur (avec le calcul de la puissance à lui donner
pour lui faire actionner telle voiture déterminée et les
moyens de mesurer sa force, une fois qu'il a été construit),
organes de transmission du mouvement du moteur aux
roues du véhicule, essieux, roues, bandages, ressorts, châssis,
caisse, freins, organes de graissage.
Cette analyse une fois faite, nous en avons, dans une IIIe
partie, groupé les éléments suivant les principaux types des
voitures actuellement existantes : comme celles-ci sont déjà
légion, nous n'en avons décrit à fond que quelques-unes,
nous contentant pour les autres de signaler les points qui les
caractérisent.
Dans une IVe et dernière Partie, nous avons mis en relief
les résultats si remarquables déjà obtenus, consacrés offi-
ciellement par les Courses de Vitesse, les Concours des
Poids lourds et des Fiacres, les Concours de moteurs et d'ac-
cumulateurs, officieusement par la pratique journalière.
Nous avons enfin appelé l'attention sur les progrès à recher-
cher, en tête desquels nous n'avons pas hésité à placer
l'amélioration du rendement, après avoir marqué le taux
singulièrement minime de ce dernier.
Pâle reflet, en sa partie descriptive, de leurs œuvres si
vivantes et de leurs si ingénieuses combinaisons, ce livre n'a
pas la prétention de révéler quoi que ce soit aux construc-
teurs : tout au plus pourra-t-il appeler leur attention sur
quelques points, qu'ils ont sinon méconnus, du moins négligés
pour s'attacher à la réalisation d'autres plus importants.
1. Nous disons une automobile, bien que le Règlement du 10 mars 4899,
qui régit la circulation sur la voie publique des voilures à moteur méca-
nique, assigne à ce mot le genre masculin. Tout en rendant hommage à la
sagesse de la plupart des dispositions qu'a édictées sur la matière le Con-
seil d'Etat, nous ne pouvons reconnaître à ce Corps l'autorité d'une Acadé-
PRÉFACE VII
A ceux qui, en si grand nombre, se lancent dans l'indus-
trie nouvelle, il évitera peut-être, par le tableau de ce qui
a été fait, un peu de ces tâtonnements et de ces efforts, qui
constituent le lourd tribut, prélevé en pure perte sur l'acti-
vité humaine, par ce qu'on pourrait appeler les réinventions.
A l'ingénieur il montrera comment sont appliqués à la
locomotion nouvelle ces mécanismes, qui lui sont familiers,
comment sont résolues les difficultés techniques que cette
application même a soulevées, et ce qui reste à faire pour la
rendre plus adéquate au but qu'on lui a asssigné.
A tous ceux enfin, qui peu versés dans les choses de la
mécanique, s'intéressent pourtant à l'automobilisme, soit
pour l'usage personnel qu'ils veulent en faire, soit pour les
conséquences économiques et sociales qui peuvent en décou-
ler, mais qu'il trouble peut-être par son indéniable compli-
cation, heureusement plus apparente que réelle, il s'efforcera
d'en donner une description aussi claire que possible, pour
l'intelligence de laquelle il a pris soin de définir, dans ses
premières pages, les quelques termes techniques qu'il a dû
employer.
Tel est du moins le but multiple que l'auteur s'est proposé,
et pour lequel il a trouvé des documents précieux dans les
écrits antérieurs au sien. Il doit une mention particulière à
la Locomotion automobile et à la France automobile, ces
deux organes attitrés de l'industrie naissante ; au Génie Civil,
pour l'Essai d'une étude didactique des conditions d'établis-
sement d'une voiture à traction mécanique sur route de
M. G. Forestier et les rapports rédigés au nom des com-
missions des concours internationaux, organisés par l1 Auto-
mie. On dit une locomotive, une locomobile; on doit dire une automobile :
le mot sous-entendu est évidemment celui de voiture.
VIII PRÉFACE
mobile-Club de France, pour les Poids lourds et les Fiacres,
par MM. G. Forestier et de Ghasseloup-Laubat; à Ylndus-
trie Électrique pour les articles qu'a consacrés aux voitures
électriques M. Hospitalier1.
1. M. Hospitalier a aussi publié dans la Locomotion Automobile, sous le
nom de Notes Eleclromobiles un lumineux exposé des notions électriques,
dont nous ne saurions trop recommander la lecture aux personnes désireuses
de se familiariser avec elles. Les Petites Annales Illustrées du Cycle et de
l'Automobile ont également donné un Petit Cours de locomotion électrique,
qui sera pour elles un guide précieux.
DÉFINITIONS
Calorie. — Quantité de chaleur nécessaire pour élever de 0° centigrade à 1°
la température d'un kilogramme d'eau.
Pouvoir calorifique d'un corps. — Nombre de calories qu'un kilogramme de
ce corps dégage en brûlant.
Travail développé par une force. — Produit de l'intensité de cette force
par la projection sur sa direction du chemin que parcourt son point d'ap-
plication.
Kilogrammètre (kgm.). — Travail développé par un poids d'un kilogramme
tombant verticalement d'un mètre, ou travail nécessaire pour élever ver-
ticalement d'un mètre un poids d'un kilogramme. Le kilogrammètre est
pris pour unité de travail.
Puissance d'une force ou d'un moteur. — Travail que cette force ou ce
moteur développe par seconde.
Cheval-vapeur. — Unité de puissance usuelle, correspondant à un travail
de 75 kilogrammètres par seconde.
Poncelet. — Unité de puissance décimale, correspondant à un travail de
100 kilogrammètres, par seconde.
Puissance spécifique d'un moteur. — Puissance que ce moteur développe
sous l'unité de poids. Elle a pour expression le quotient du nombre de
chevaux-vapeur, qui représentent la puissance du moteur par le nombre
de kilogrammes, qui représentent son poids.
Energie d'un générateur de force (qu'on pourrrait aussi appeler sa capacité
de travail). Quantité de kilogrammètres que ce générateur de force peut
développer. Elle a pour mesure le produit du nombre de kilogrammètres,
qu'il fournit en une seconde, parle nombre de secondes pendant lequel
il peut les fournir. Si le nombre de kilogrammètres développé à la
seconde augmente, le nombre de secondes diminue, ou inversement, de
façon que le produit reste constant.
Cheval-heure. — Travail effectué par un moteur qui développe un cheval
par seconde. Il est égal à 270.000 kilogrammètres. On le prend comme
unité d'énergie.
Energie spécifique d'un générateur de force. Énergie que ce moteur repré-
sente sous l'unité de poids. Elle a pour expression le quotient du nombre
de kilogrammètres, qui représentent l'énergie du générateur, par le
nombre de kilogrammes, qui représentent son poids.
X DÉFINITIONS
Équivalent mécanique de la chaleur. — Nombre de kilogramme très que peut
développer une calorie en se transformant en travail. Ce nombre est égal
à 425.
Potentiel. — Mesure de l'élcctrisation d'un corps.
Le potentiel en un point est la différence de potentiel entre ce point et la
terre, dont le potentiel est pris comme zéro de l'échelle.
Le potentiel est pour l'électricité ce que le niveau est pour les liquides :
quand on met en communication deux vases contenant de l'eau, à des
niveaux différents, un courant liquide s'établit du vase ayant le niveau le
plus élevé à l'autre, et il dure jusqu'à ce qu'un niveau commun se soit
établi dans les deux vases ; de même, quand on fait communiquer par
un circuit métallique deux corps électrisés, à des potentiels différents,
un courant électrique s'établit du corps ayant le potentiel le plus élevé à
l'autre, et il ne cesse que lorsque les deux corps sont arrivés au même
potentiel.
Force électromotrice d'un générateur électrique. Cause qui détermine l'écou-
lement de l'électricité dans un circuit reliant les deux pôles du générateur.
Elle se mesure par la différence de potentiel de ces deux pôles.
Volt (v). — Unité pratique de force électro-motrice. Il correspond assez
exactement aux 95 centièmes de la force électro-motrice d'un élément
Daniell. (Cet élément, à électrodes de cuivre et de zinc, avec sulfate de
cuivre et eau accidulée sulfurique, a une force électro-motrice remar-
quablement constante.)
Ampère (A). — Unité pratique d'intensité du courant électrique (correspon-
dant à l'unité de débit du courant hydraulique, qui se mesure en litres
par seconde). C'est l'intensité d'un courant, qui débiterait l'unité pratique
de quantité électrique à la seconde : c'est à peu près l'intensité du cou-
rant que fournirait une pile Daniell, de résistance intérieure négligeable,
et dont les deux pôles seraient reliés par un circuit formé de 100 mètres
de fil télégraphique ordinaire.
Ampère-seconde (A. -s) ou Coulomb. — Unité pratique de quantité d'électri-
cité (correspondant à l'unité de quantité des liquides, au litre). C'est la
quantité d'électricité que débiterait, pendant une seconde, un courant
d'intensité égale à un ampère : son passage dans un voltamètre déter-
minerait la décomposition de 92 microgrammes (92/1.000.000 de gramme
d'eau par seconde).
Ampère-heure (A. -h.) — Unité usuelle de quantité. C'est la quantité d'élec-
tricité, qui traverserait un circuit pendant une heure, si l'intensité du
courant était d'un ampère. Un ampère-heure vaut 3.600 Coulombs.
Watt (w) ou volt-ampère. — Puissance correspondant au travail produit
pendant une seconde par un courant débitant un ampère sous une diffé-
rence de potentiel égale à un volt. 736 watts équivalent à un cheval-
vapeur. Un kilowatt (k.-w) (1.000 watts) correspond à 1,36 chevaux-vapeur.
Watt-heure (w.-h). — Énergie ou capacité d'un générateur électrique,
capable de fournir un watt par seconde pendant une heure.
MANUEL THÉORIQUE ET PRATIQUE
DE
L'AUTOMOBILE SUR ROUTE
PREMIÈRE PARTIE
LES AGENTS
DE LA LOCOMOTION AUTOMOBILE
CHAPITRE PREMIER
LES AGENTS USUELS. HISTORIQUE
L'automobilisme, qui est, sous nos yeux, l'objet d'un essor
si rapide, n'est pas, du moins en tant qu'il utilise la machine à
vapeur, chose aussi nouvelle que le croient bien des gens. Il a
une histoire déjà longue, qui mérite d'être résumée, parce qu'on
y voit successivement apparaître la plupart des organes, dont
l'ensemble constitue la voiture à vapeur moderne.
i. — Lefardier de Cugnot. — Bien que, par lettres patentes du
10 octobre 1644, Louis XIV ait accordé « à Jean Théson, escuyer,
de mettre en usage un petit carrosse à quatre roues mené sans
aucuns chevaux, mais seulement par deux hommes assis », et que
l'almanach royal de l'époque relate qu'en Tan 1748 Vaucanson a
fait évoluer, devant Louis XV un « carrosse à ressorts d'hor-
logerie, » sur lequel il ne nous donne d'ailleurs aucun détail,
G. Latum»e. — L Automobile êur route. 1
L ALTOMOBJLE SLR ROUTE
c'est un autre de nos compatriotesr Cugnot, qui doit être regardé
comme le véritable instigateur de la locomotion automobile.
Dès 1769, il construisit,
avec les deniers de l'Etat
mis à sa disposition par
Choiseul, un premier fardier
à vapeur, qui fut, Tannée
d'après, suivi d'un autre un
peu moins rudiments ire. Ce
second fardier , dont une
réduction appartenant au
Conservatoire des arts et
^ métiers a été exposée aux
g> Tuileries en juin 1899, est
° représenté par la fig. 1.
H Une espèce de marmite A,
a chauffée par un foyer placé
4 à la partie ihférieure, envoie
.2 sa vapeur à un robinet à
£ quatre voies D, chargé de
I faire communiquer alterna-
^ tivement avec la chaudière
fa et avec l'extérieur, les deux
cylindres à simple effet C
de la machine. Les mouve-
ments de ce tiroir cylindri-
que sont assurés par un en-
semble assez complexe de
bielles et de taquets : la pos-
sibilité de changer la position
de ces derniers aurait pu à
la rigueur, mais sans que
Cugnot ait, croyons-nous,
jamais pensé à le faire, être utilisée pour faire varier la détente de
HIST0H1QCE S
la vapeur. Le mouvement des pistons est transmis à l'essieu moteur
par l'intermédiaire de deux roues à rochet N, qui reçoivent leur
mouvement des tiges correspondantes des deux pistons par les
bras n munis de cliquets. Ce dispositif se prête facilement à la
marche arrière du véhicule, par le simple changement de la faoe
de l'encoche attaquée par le cliquet : les rochets tournent en
effet, dans un sens ou dans un autre, suivant que les cliquets
agissent de bas en haut ou de haut en bas.
Nous verrons ce système appliqué, plus ou moins simplifié,
par quelques constructeurs1, qui y trouvent l'avantage de se
passer du différentiel, cet organe destiné à assurer l'indépen-
dance des roues dans les virages. Cugnot n'avait pas besoin
d'assurer cette indépendance, car sur son essieu moteur n'était
montée qu'une roue servant aussi à assurer la direction. Et du
même coup il éludait cette autre difficulté contre laquelle se
sont butés d'autres inventeurs, avant qu'Akermann eût mis
& leur disposition un essieu à deux pivots, capable de permettre
l'évolution des roues directrices, sans déformer le polygone de
sustentation de la voiture. Mais nous n'avons pas besoin de dire
qu'avec son unique roue motrice et directrice, son fardier était
privé de deux éléments précieux de puissance et de stabilité.
La figure 1 montre comment il était disposé dans son
ensemble : le châssis, destiné à supporter un canon ou toute
charge de semblable importance, est formé par deux puissants
longerons en bois qu'entre toisent des poutres. Il s'appuie à l'ar-
rière sur un essieu porteur, et est relié à l'avant avec un bâti en
fer forgé, qui supporte la machine et la chaudière (celle-ci en
porte-à-faux à la partie antérieure), et repose lui-même sur l'es-
sieu moteur, par l'intermédiaire de deux pièces de bronze, sem-
blables aux pièces de garde, de nos wagons. L'ensemble peut
tourner autour A'un pivot vertical, sous l'action d'engrenages
commandés par un guidon placé devant le siège du conducteur.
i. Notamment par M. Brouhot, de Vierzon.
4 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Dans les quelques essais auxquels il a donné lieu, le fardier a
pu transporter une charge de 2500 kg. à la vitesse de 5 kilom.
à l'heure; mais il a dû s'arrêter tous les quarts d'heure pour
renouveler l'eau de sa chaudière et laisser à la pression le temps
de se rétablir. Bien qu'en effet les expériences aient été inter-
rompues par une fausse manœuvre, qui amena le fardier contre
un mur qu'il démolit, en donnant une preuve aussi malencon-
treuse que manifeste de sa puissance, c'est principalement par la
force de sa chaudière que péchait le véhicule de Cugnot. Il n'en
marquait pas moins un pas intéressant dans une voie toute nou-
velle, qui ne fut pas sans attirer l'attention du général Bonaparte
à son retour d'Italie. Sur son initiative une Commission de l'Ins-
titut fut chargée d'examiner l'invention ; mais le départ pour
l'Egypte ajourna et finalement empêcha la réalisation de ce
projet. La tentative resta sans écho dans notre pays ; c'est en
Angleterre que nous devons passer pour suivre le développe-
ment de l'idée automobile.
2. — La locomotion à vapeur en Angleterre de 1800 à 1836 4. — En
1784, James Watt fait breveter, pour l'application de la vapeur
à la propulsion des véhicules, un dispositif, qui n'est point réa-
lisé. L'année suivante, son élève Murdoch construit un tricycle
en miniature, dont le cylindre à vapeur n'a pas 20 mm. de dia-
mètre et n'offre qu'un peu plus de 50 mm. à la course du piston.
Il faut, pour trouver une voiture de grandeur ordinaire arriver
jusqu'à celle de Trevitick, qui, en 1803, parcourt environ ISO
kilom., montrant la première transmission de force par engre-
nages qui ait été appliquée aux automobiles.
3. — Gritfiths. — L'année 1821 nous fait arriver aux voitures
de Griffiths. La chaudière de cet inventeur, avec ses rangées
superposées de tubes horizontaux, dans lesquelles l'eau com-
mence par se vaporiser et finit par se surchauffer, est le plus
ancien spécimen des générateurs tubulaires aujourd'hui si répan-
1. Voir, pour de plus amples détails, Journal of the Society of arts, 27
décembre 1895, 3 et 10 janvier 1896.
HISTORIQUE 5
dus. La vapeur, après avoir travaillé dans les deux machines
qui actionnent l'essieu moteur, se condense dans une série de
tubes minces, s'y refroidit au contact de l'air, et retourne à la
chaudière. Cet ensemble est fort remarquable pour l'époque, au
point de vue de la bonne utilisation théorique du combustible et
de l'eau ; mais, en pratique, elle se montre insuffisante. Chau-
dière et moteur sont placés, avec interposition de ressorts, sur
la plateforme d'arrière du véhicule, dont la caisse, analogue h
/nocueo
i
Fio. 2. — Voiture à vapeur David Gordon.
celle d'une diligence, repose, toujours avec l'intermédiaire de
ressorts, sur deux brancards, soutenus eux-mêmes par les
essieux. De ces derniers, celui d'arrière porte les roues motrices,
auxquelles plusieurs harnais d'eagrenage, donnant chacun une
vitesse, transmettent le mouvement des deux pistons à vapeur.
Celui d'avant assure la direction, à la façon, croyons-nous, des
avant-trains ordinaires ; il est surmonté par le siège du conduc-
teur.
A. — David Gordon. — David Gordon (1822) construit une auto-
mobile (fig. 2), visiblement inspirée par la locomotive, qu'avait
imaginée, quelques années avant, Brun ton : suivant jusqu'au
bout l'idée saugrenue de ce dernier, au lieu de transmettre le
6 L'AUTOMOBILE SLR ROUTE
mouvement aux roues comme l'avaient fait ses prédécesseurs*
il emploie la force de son moteur à actionner de véritables pieds
articulés, chargés d'entraîner le véhicule en s'arc-boutant sur le
sol, à la façon des sabots du cheval. On les voit au nombre de
six, disposés par paires sous la voiture, des deux côtés de cette
dernière et en son milieu. Nous avons, pour être cléments à de
semblables aberrations, besoin de nous rappeler que Stephenson
n'avait pas démontré l'efficacité de l'adhérence.
5. — W.-H. James. — W.-H. James (1824) emploie deux chau-
dières tubulaires, dont les éléments sont, formés par des tubes
concentriques, et quatre cylindres, de 0 m. 087 de diamètre >
dont les pistons sont deux à deux accouplés aux deux
parties d'un arbre manivelle, sur chacune desquelles est calée
une roue d'arrière : les deux roues sont ainsi indépendantes Tune
de l'autre. Un régulateur distribue la vapeur aux deux couples
de cylindres suivant le travail qui incombe à chaque roue. Une
voiture de ce système, ne pesant pas moins de 4 */, tonnes
effectua le voyage d'Epping Forest à Londres, avec une seule
chaudière en feu.
6. — Burstall et Hill. — Burstall et Hill (1824-1826) construisent
une voiture rappelant comme forme générale nos mails, à quatre
chevaux : à l'arrière, le générateur chauffé par un foyer muni
d une assez longue cheminée, alimente plus mal que bien, deux
cylindres verticaux à balanciers, qui impriment au véhicule une
vitesse de 6 à 7 kilom. à l'heure. Dans cette voiture, nous voyons
apparaître le silencer, destiné à amortir le bruit de la vapeur
d'échappement.
C'est principalement par l'insuffisance de la chaudière que
pèchent les véhicules, dont nous venons de donner un aperçu.
C'est à une disposition meilleure du générateur qu'est dû le
succès de ceux de Gurney et de Hancock, que nous allons décrire
avec quelques détails.
7. — Gurney. — Gurney (1828) construisit quelques tracteurs,
mais surtout des voitures automotrices. La chaudière disposée à
HISTORIQUE 7
l'arrière (fig. 3) est constituée par une première assise de tubes
ab, légèrement inclinés sur l'horizontale, et qui forment les bar-
reaux de la grille du foyer (auquel on accède par une porte
située à l'arrière et invisible sur la figure). Ces tubes se replient
en £c, formant ainsi des V, dont les extrémités s'ouvrent dans
deux gros bouilleurs horizontaux, reliés par deux tubes verticaux.
Du bouilleur supérieur la vapeur se rend dans un collecteur en
fer forgé e, faisant l'office de séparateur pour l'eau entraînée.
Fio. 3. — Voiture à vapeur de Gurney.
qui retourne dans le bouilleur du bas, et pour la vapeur, qui
suit le tuyau fghi, traverse ainsi la boîte à fumée, où elle se
dessèche, passe en h dans un robinet que le chauffeur manœuvre
à l'aide du levier H, et arrive enfin dans la boîte à tiroir du
cylindre k, avec une pression d'environ 5 kg. 300 par centimètre
carré. Le piston attaque par bielle et manivelle la roue d'arrière
de son côté, qui, à l'aide de l'excentrique l manœuvre le tiroir :
la pièce m, actionnée par la corde npq et le levier Q commande
l'entrée de la vapeur dans le cylindre, de manière à produire la
mise en route, les changements de vitesse, la marche arrière,
.l'arrêt.
Après avoir agi dans le cylindre, la vapeur se rend dans une
8 l'automobile sur route
espèce de condenseur r, refroidi extérieurement par l'eau du
récipient s : la partie non condensée par tu va à la cheminée, et
contribue à activer le tirage. Celui-ci est d'ailleurs assuré par le
ventilateur tu1, qu'actionne le petit moteur à vapeur a?, qui com-
mande aussi la pompe d'alimentation y : cette pompe prend
l'eau dans le récipient «, où elle est chauffée par la vapeur
d'échappement, et, a travers la boîte à* fumée, l'envoie dans lé
bouilleur du haut. Pour la mise en marche de la chaudière, une
petite pompe z est mue à la main. La direction est assurée par
une cinquième roue, placée à l'avant, qui, sous l'action du levier
L, donne au brancard l'orientation voulue.
Avec des voitures de Gurney, sir Ch. Dance organisa, entre
Gloucester et Cheltenham, un service régulier, à quatre départs
journaliers : la distance de 14 kilom. et demi était franchie en
45 minutes, une heure au plus. Du 21 février au 22 juin 1831,
ces voitures effectuèrent plus de 6400 kilom., transportant ainsi
3000 personnes. Le 23 juin, l'essieu de l'une délies se rompit,
et cet accident sans gravité fut l'origine d'une campagne fort vive
contre les automobiles.
8. — Hancock. — Après avoir construit divers types, le premier
représenté par un tricycle à vapeur, dans lequel l'unique roue
motrice d'avant était actionnée par deux cylindres oscillants,
Hancock (1829-1833) combina le type de la fig. 4.
L'organe le plus caractéristique de l'ensemble est la chau-
dière, à haute pression et à rendement économique, que l'on
voit dans la boîte d'arrière, et dont la fig. 5 donne une coupe.
L'eau est contenue dans des chambres verticales A, que séparent
des cloisons B, à l'intérieur desquelles sont ménagés des carneaux
qui servent à la circulation des gaz chauds. Ces cloisons sont
formées par une plaque de fer malléable, ou mieux de cuivre,
qui, après avoir été forcée à coups de marteau sur un moule
approprié, et avoir ainsi épousé la forme de la fig. 6, est repliée
1. Ce ventilateur avait été supprimé dans les dernières voitures de'
Gurney.
HISTORIQUE 9
sur elle-même et rivée sur ses bords : de la juxtaposition des
> S.
deux parties de la plaque résultent les carneaux. Les gros trous
10
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
circulaires, qu'on voit au centre de la figure 6, reçoivent des
bagues de cuivre ou de bronze, dont l'ensemble forme les gros
tubes horizontaux percés de trous de la fig. S, et qui contiennent
Fio. 5. — Chaudière de Hancock.
Coupe Terticale.
celui du bas, de l'eau, celui du haut, de la vapeur. Les liges L,
dont les extrémités taraudées reçoivent des écrous, serrent les
Fio. 6. — Plaque devant former par son repliement une
cloison de chaudière Hancock.
bagues les unes contre les autres, et coopèrent avec les tiges E
au maintien de l'ensemble, à l'intérieur des plateaux G formant
boîte étanche
HISTORIQUE 1 1
L'eau arrive à la chaudière par le tuyau que l'on voit en bas à
gauche ; son niveau s'établit dans le tube vertical, muni de robi-
nets pour permettre de le vérifier ; la vapeur sort par le tuyau N.
Tout cet ensemble est enfermé dans la boîte parallélipipédique
(fig. 4), placée elle-même dans l'enveloppe fermée, qui contient ,
la grille, alimentée automatiquement au coke, et à laquelle un
ventilateur, placé sous le milieu de la voiture, envoie un cou-
rant d'air.
La vapeur actionne une machine à deux cylindres verticaux
qui commande, accessoirement la pompe d'alimentation et lé
ventilateur, et principalement un arbre, dont le mouvement est
transmis par pignons et chaînes Galle à l'essieu d'arrière. La
vapeur, au sortir des cylindres, se rend dans la boîte à feu, tra-
verse la grille et s'échappe par la cheminée, invisible et sans
bruit.
Les roues, à moyeux de fonte, ont des rais en bois, serrés
entre deux disques métalliques : le disque extérieur de chaque
roue motrice porte venues de fonte avec lui deux saillies qu'at-
taquent deux saillies semblables, pour leur transmettre le mou-
vement du moteur. Ce mode d'attaque permet aux deux roues,
bien que rendues solidaires par les pièces motrices, de tourner
l'une par rapport à l'autre d'environ 100 degrés, quantité suffi-
sante pour les virages ordinaires. Pour les tournants raides, les
pièces motrices sont munies d'un dispositif spécial à vis, per-
mettant à la roue extérieure de faire plusieurs tours pendant que
l'autre reste immobile. La complication de ce système fait appré-
cier la simplification apportée par la découverte du différentiel.
Hancock construisit neuf voitures, dont six munies de la
chaudière que nous venons de décrire, et qui fournirent un très
bon service : en 1836, cinq de ces véhicules effectuèrent sur la
route de Paddington 6800 kilom. en cinq mois.
Le Dp Church, qui appliqua à la construction de ses voitures
beaucoup d'idées ingénieuses, Scott Russel et bien d'autres exé-
cutèrent des services automobiles publics, à des vitesses allant
12
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
jusqu'à 24 kilom. à l'heure. Et il serait injuste de ne pas voir
dans leurs véhicules le germe de bien des dispositifs, qui
sont maintenant d'une application courante.
9. — Locomotive act de 1836. — La nouvelle locomotion sem-
, blait avoir acquis droit de cité chez nos voisins, quand certains
accidents regrettables furent contre elle l'occasion d'une véri-
table levée de boucliers : la campagne était menée par les Com-
pagnies de chemin de fer et celles de roulage, qui voyaient en
elle une concurrente dangereuse : elle aboutit au vote par le
Parlement, en 1836, du Locomotive act *. Des droits énormes
étaient établis sur les tarifs des transports par automobiles.
Leurs roues que, depuis la mise en relief par Stephenson de
l'efficacité de l'adhérence, on ne munissait plus de pointes ni de
dentelures étaient astreintes à une largeur de jantes démesurée
ou à des droits de circulation énormes. Les voitures devaient
être précédées sur les routes d'un homme marchant au pas et
agitant un drapeau rouge. Cela équivalait à la prohibition : et,
en fait, jusqu'au 15 août 1896, date toute récente de l'abrogation
du Locomotive act, il ne circula plus en Angleterre que quelques
locomotives routières ou de rares voitures légères.
10. — Renaissance de lautomobilisme en France. — C'est en France
que l'idée automobile devait renaître. Elle y avait sommeillé
pendant les cent ans, qui suivirent la réalisation du fardier de
Cugnot. Effectivement nous ne voyons d'intéressant à signaler,
i. M. Forestier, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, président de
la Commission technique de l'Automobile-Club de France, dans son Essai
d'une étude didactique des Conditions d'établissement d'une voiture à
traction sur route, qu'a publié le Génie Civil (n° du 27 mai 1899 et suivants),
et à laquelle nous avons fait plusieurs emprunts, n'attribue que peu d'im-
portance a la malignité des compagnies de chemins de fer. S'appuyant
sur le témoignage de MM. Gaby-Cazalet et C. Muyaud (1835), il attribue
cet insuccès à l'imperfection des mécanismes anglais, à la fréquence et à la
gravité des dérangements, aux frais occasionnés par les réparations et à la
grande consommation des automobiles. Quant aux aggravations de taxes
réclamées par les corporations chargées de l'entretien des routes, leur
légitimité est prouvée par les constatations faites aux Concours des poids
lourds de Versailles et de Liverpool.
HISTORIQUE 13
pendant ce long laps de temps, que le chariot à vapeur, combiné
en 1828 par Pecqueur, chef des ateliers du Conservatoire des
Arts et Métiers, et la mise en mute de quelques locomotives
routières. Dans le chariot de Pecqueur, les deux roues motrices
étaient calées sur les deux parties de l'essieu d'arrière, que reliait
l'engrenage satellite de l'inventeur, origine du différentiel
actuellement en usage. L avant-train, seul muni de ressorts,
portait la chaudière et la machine qui était rotative, et dont le
mouvement était transmis à l'essieu par une chaîne passant dans
la gorge de la poulie, autour d'un rayon de laquelle tournait le
pignon satellite. Cet avant-train était mobile autour d'une
cheville-ouvrière, à l'aide d'un secteur denté, engrenant avec le
pignon inférieur de l'arbre vertical de la barre de direction. Les
fusées de ses roues étaient modelées sur des pivots verticaux
mobiles dans des fourches placées, aux extrémités de l'essieu;
mais ces fusées étaient reliées de façon à rester toujours paral-
lèles, au lieu de prendre, comme celles d'aujourd'hui, des mou-
vements relatifs tels que leurs axes prolongés vinssent concou-
rir en un même point de l'essieu d'arrière. Ainsi on trouve en
germe dans le chariot de Pecqueur tous les organes de l'auto-
mobile moderne : si les inventeurs qui suivirent l'avaient tous
connu, bien des efforts inutiles leur eussent été évités.
En 1835, Dietz construisit un remorqueur voyageant sur les
routes ordinaires. Cet ingénieur est le premier à avoir pressenti
l'utilité des bandages élastiques : entre la jante et le bandage, il
plaçait du feutre goudronné, du liège, finalement du caoutchouc,
qu'il maintenait par des joues latérales boulonnées sur la jante1.
En 1856, Lotz fit circuler une voiture à vapeur pour voyageurs,
dont la direction était assurée par une roue unique placée à
l'avant.
En 1866, Séguier émit l'idée d'actionner chaque roue par un
moteur; elle fut réalisée en 1870, par Michaux.
1. En 1869, Thomson mit en service à Edimbourg une locomotive rou-
tière, qui est le premier véhicule à avoir eu des roues avec caoutchouc
vulcanisé.
14 L'AUTOMOBILE SLR ROUTE
11. — La Tapeur. — Mais après ce long sommeil, l'automobi-
lisme devait donner lieu à un magnifique réveil. Déjà, en 1862,
Lenoir, en 1870, Ch. Ravel avaient essayé d'appliquer à la pro-
pulsion des véhicules le moteur à gaz, quand, en 1873, A. Bollée
construisit l'Obéissante : cette voiture à vapeur, dans laquelle
douze voyageurs pouvaient prendre place, était munie d une
chaudière Field et de deux pistons, inclinés à 45°, agissant sur
l'essieu d'arrière ; la direction en était facilement assurée par
l'avant-train à deux pivots que M. Bollée venait de combiner, en
s'inspirant de l'idée d'Akermann. En 1880, une voiture plus
perfectionnée sortait des ateliers du Mans ; c'était la Nouvelle,
l'omnibus qui devait, quinze ans plus tard, parcourir en 90 heures
3 minutes, les 1200 kilom. de la course célèbre de Paris à Bor-
deaux, et retour.
En 1888, M. Serpollet applique son nouveau générateur à un
tricycle, puis à une voiture à quatre places, qu'on a pu voir cir-
culer dans Paris. La même année MM. de Dion, Bouton et Tré-
pardoux établissent un tricycle à vapeur, dont . la roue motrice
est située à l'arrière ; en 1889, ils exposent une voiture à vapeur,
et, en 1893, créent leur tracteur, capable de remorquer à la
vitesse de 45 kilom. à Theure telle voiture qu'on veut lui atte-
ler. Peu après viennent M. Le Blant avec son tracteur, M. Scotte
avec son train routier : la vapeur a définitivement conquis sa
place dans la locomotion automobile.
12. — Le pétrole. — L'essence de pétrole, qui, du reste, devait
rattraper brillamment le temps perdu, n'a fait que i>eaucoup plus
tard son apparition. Notre compatriote Lenoir avait bien, dès
1862, employé son moteur à gaz, alimenté par de l'air carburé,
à actionner une voiture, qui fit en 3 heures le trajet de Paris à
Joinville-le-Pont ; mais le poids relativement considérable du
moteur, le faible nombre de coups de piston (environ 100 par
minute), la vitesse insuffisante qui en résultait pour le véhicule
causèrent son échec. On nous parle aussi, d'ailleurs sans dire si elle
a jamais fonctionné, de certaine voiture à pétrole qu'aurait cons-
HISTORIQUE 15
truite, en 4877, à Vienne, Siegfried Markus. Mais on peut dire
que la gazoline n'a réellement actionné une voiture, qu'à la fin de
1883. A cette époque, M. Delamare-Deboutteville, qui venait de
construire le premier tricycle à gaz, qui ait, croyons-nous, fonc-
tionné sur une route1, combina avec M. Malandin un carbura-
teur, qu'ils appliquèrent à leur moteur fixe, puis à celui d une
voiture à pétrole. Les dispositions de cette dernière, consignées
•dans leur brevet du 12 février 1884, ont été reproduites par M. A.
AVitz dans son troisième volume des Moteurs à gaz et à pétrole
{p. 559). Ces documents nous semblent fixer au bénéfice de ces
constructeurs la priorité souvent attribuée à Daimler ou à Benz,
•dont les voitures à pétrole suivirent, dès 1886, celle des ingénieurs
français, et eurent, à vrai dire, une carrière autrement brillante
qu'elle. Mais c'est à deux Français, au regretté Levassor et à son
associé M. Panhard, concessionnaires pour notre pays des brevets
Daimler, qu'est due la vulgarisation de l'emploi du pétrole :
dès 1889, ils exposaient à Paris, un omnibus sur rails à moteur
Daimler. En 1891, une voiture Peugeot, également à moteur
Daimler, suivait la course de Paris à Brest. L'étude des progrès
de la locomotion à pétrole n'est pas encore de l'histoire, mais
bien de l'actualité au premier chef, puisque les glorieuses étapes
en sont marquées par le concours du Petit Journal (189i), dû à
la féconde initiative de M. Pierre Giffard, les Courses de Paris-
Bordeaux (1895), Paris-Marseille (1896), Paris-Dieppe (1897),
Paris-Amsterdam (1898), Tour de France (1899).
13. — L'électricité. — L'électricité était entrée en scène un peu
avant le pétrole : en 1881 , pendant que Raffard procédait aux pre-
mières expériences dont aient été l'objet les tramways à accu-
mulateurs, M. G. Trouvé construisait un tricycle actionné par un
de ses petits moteurs, qu'alimentaient six éléments Planté. En
1882, M. Ayrton essaya un tricycle ; en 1887, M. Volk une voi-
1. Le moteur recevait du gaz d'éclairage, comprimé à 10 kilog. dans
deux récipients de métal, et ramené à la pression convenable par un
détenteur.
16 l'automobile sur route
turette à trois roues et à deux places ; en 1888, M. Immisch un
dog-cart à quatre roues. En 1893 apparaît le phaéton de M. Pou-
chain; en 1894, celui de M. Jeantaud. Le concours de fiacres de
1898 a consacré la possibilité de la voiture électrique pour les
services urbains.
CHAPITRE II
LES AGENTS POSSIBLES
14. — Les caractéristiques d'un agent d'énergie automobile. —
Vapeur, pétrole, électricité sont donc jusqu'à aujourd'hui les
seuls agents, qui aient été appliqués à la propulsion des véhi-
cules sur routes. Ne pourraient-ils être avantageusement
remplacés par d'autres ? C'est la question qu'on est amené à se
poser en parcourant la longue liste des modes d'énergie utilisés
à divers titres, en voyant, par exemple, les services que rendent
l'air comprimé et l'eau chaude pour la traction des tramways.
M. Marcel Deprez y a fort nettement répondu1.
Il semble que, toutes choses égales d'ailleurs, il faudra donner
pour l'usage automobile la préférence au corps, dont la puissance
spécifique sera maximum, c'est-à-dire à celui qui, sous l'unité de
poids, emmagasinera le plus de kilogrammètres. Naturellement
dans le poids devront être compris ceux des accessoires indispen-
sables au fonctionnement de l'élément : tel celui du réservoir
contenant l'air. comprimé ou l'eau chaude. Et il faudra aussi tenir
compte des facilités d'utilisation de cette puissance spécifique.
Etudions, pour les divers agents d'énergie, en commençant
par ceux qui sont couramment employés, ces deux facteurs
caractéristiques de leur aptitude à la traction sur routes.
15. — Houille, coke. — C'est en brûlant la houille dans un
foyer, en employant la chaleur produite à vaporiser sous
4. Conférence à F Automobile-Club de France. — Génie civil, n°« du 20
février 1897 et suivants.
O. Layuumb. — L'Automobile sur route. 2
18 l'automobile sur route
pression l'eau d'une chaudière1, et en faisant agir cette vapeur
sur le piston d'une machine, qu'on actualise l'énergie
potentielle du charbon, ou, pour parler un langage plus clair,
qu'on transforme en travail la quantité de chaleur emmagasinée
en lui. Et comme 1 kg. de coke (ou de houille) représente 8000
(ou 9000) calories, et qu'une calorie équivaut à 423 kilogrammètres
on peut dire que théoriquement 1 kg. de houille représente
3.400.000 kUogrammètres.
Pour ce qui est de l'utilisation pratique de cette énergie, elle
est facile; la locomotive, cet engin merveilleux, qui remorque
sur palier plus de 150 tonnes à la vitesse de 120 kilom. à
l'heure, en est une preuve manifeste. Elle est assez économique
pour être journellement employée : cette même locomotive
vaporise 8 kg. d'eau par kg. de combustible, et donne dis-
ponibles aux jantes des roues 25.000 kgm. par kg. de vapeur,
soit 200.000 kilogrammètres par kg. de houille brûlé dans le
foyer.
16. — Pétrole lampant. Essence. — Si nous passons au pétrole,
nous pouvons en toute sécurité admettre qu'un kg. de ce corps
représente au moins 10000 calories [l'essence a un pouvoir
calorifique à peine plus faible que celui du pétrole] \ Pour
utiliser cette énergie potentielle, on forme avec Tair et le pétrole
(ou l'essence) un mélange carburé, que Ton fait détoner dans le
cylindre d'un moteur. M. Deprez évalue à 750.000 kgm. le
travail que peut donner effectivement à la jante des roues le kg,
de pétrole. Nous nous contenterons d'un chiffre beaucoup moins
fort : celui de M. Deprez correspond à une consommation de
yt litre de pétrole par cheval-heure; or les essais fort méti-
4. MM. Milandreet Bouquet (Voilures automobiles, t. I, p. 44) voudraient
qu'on essayât d'employer la vapeur d'éther, à cause des résultats économiques
obtenus avec le moteur fixe de M. de Susini. Nous ne voyons pas Téther,
agent coûteux et dangereux, en passe de détrôner l'eau.
2. M. Wilz admet pour une bonne essence de pétrole à 0. 700 un pouvoir
calorifique de 11.400 calories, et pour le pétrole lampant à 0. 850 a peu
près le même chiffre.
LES AGENTS POSSIBLES 19
culeux, auxquels ont été soumises à Chicago les voitures, qui
ont pris part à la course du Times Herald (§319) ont donné
une consommation moyenne de 2.5 litres d'essence, toujours par
cheval-heure mesuré aux jantes. Cette consommation correspon-
drait à 150.000 kgm. disponibles aux roues. Sans doute, depuis
la course en question, qui remonte à 1825, la consommation des
moteurs de traction s'est abaissée, mais elle reste encore bien
supérieure à celle admise par M. Deprez, et en fixant jusqu'à
nouvel ordre le nombre de kilogrammètres disponibles aux
jantes à 250.000, nous ne devons pas, semble-t-il, nous écarter
beaucoup de la vérité. C'est du reste le chiffre auquel nous a
directement conduit un calcul assez simple1.
L'utilisation pratique du pétrole, bien que le moteur soit plus
complexe que la classique machine à vapeur, est possible et
journellement réalisée ; elle est surtout facile avec l'essence. Il
est à souhaiter qu'elle devienne aussi courante pour les huiles
lourdes de goudron, dont le pouvoir calorifique atteint 15.000
calories par kilogramme, presque le double de celui du coke :
un kg. de ces huiles vaporiserait facilement 13 à 15 kg. d'eau.
17. — Électricité. — Pour ce qui est de l'électricité, les meilleurs
accumulateurs donnent par kg. 5.000 à 10.000 kilogrammètres
1. Le chiffre de 750.000 kgm. disponibles aux jantes correspond à un
rendement de . „. " nnrk = 17 °/0. Or de très bons moteurs à pétrole fixes,
*.2oO.UUO
notamment un moteur Priestmann, n'ont donné qu'un rendement de 13 %>
sur leur arbre, en consommant 0.625 litres par cheval-heure. Un sem-
blable moteur, pour la construction duquel on n'a pas h compter avec le
poids ni l'encombrement, est certainement plus économique qu'un moteur
d'automobile, dont on cherche à réduire autant que possible la masse et les
dimensions. Nous verrons (§ 333) que pour ce dernier il ne faut pas actuelle-
ment compter sur plus de 41 % sur l'arbre .du moteur et 5.5 %> seulement
aux jantes, à cause des pertes occasionnées par la transmission. Le nombre
de kgm. disponibles aux roues est donc égal à 4.250.000 X 0.055 = 233.750
kgm. soit 250.000 en chiffre rond. L'application du moteur Diesel d'un
système nouveau, peut-être de certains moteurs du système ordinaire, mais,
particulièrement économiques, comme celui que M. Pelréane a, paraît-il,
réalisé (§ 103), permettra, le jour où elle sera devenue vraiment pratique
d'élever assez notablement ce chiffre.
20 l'automobile sur route
dit M. Pisca1; 7.000 à 8.000 kilogrammètres estime M. Hospita-
lier, dont le chiffre moyen nous semble devoir être préféré.
C'est une puissance spécifique bien inférieure à celle du pétrole,
dont elle n'est guère que les 4 centièmes. Mais la seconde con-
dition, la facilité de l'utilisation est si bien remplie, que, comme
nous le verrons plus tard, la voiture électrique est possible.
1S. — Gas comprimés. Air. — Passons maintenant aux succédanés
éventuels des trois agents ci-dessus, d'abord aux gaz sous pres-
sion, à l'air comprimé.
Pour ce fluide, son poids propre, même sous forte pression
lui permettant d'emmagasiner une énergie considérable, est très
faible : 1 kg. comprimé à 45 atmosphères ne représente pas
moins de 20.765 kilogrammètres. Mais il doit être renfermé dans
un réservoir pesant treize fois plus que lui, si bien que la puis-
sance spécifique de ce même air logé n'est plus que de 1.608
kgm. Ce n'est rien, en comparaison des 4.250.000 kgm. théo-
riques et des 250.000 kgm. donnés effectivement aux roues par
1 kg. de pétrole.
Pour ce qui est de son utilisation pratique, «. n sait comment elle
est réalisée sur les tramways : l'air comprimé à 45, 60 et même
90 atmosphères par des appareils spéciaux, dont il faut combattre
réchauffement, est emmagasiné dans des récipients portés par
la voiture. C'est en se détendant dans le cylindre du moteur
qu'il travaille; mais, comme cette détente serait suivie d'un
refroidissement, qui amènerait la production de glace dans le
cylindre et les tuyaux d'échappement, il faut réchauffer l'air
avant de l'envoyer au cylindre, en le faisant barboter dans de
reauàl60°.
Tout cela complique assurément l'emploi de l'air comprimé,
mais reste possible avec des tramways que leur parcours
toujours identique ramène périodiquement aux stations de char-
gement, auxquels leur forte masse permet l'adjonction des
lourds récipients portant le fluide, et qui, grâce à la réduction
i. Mémoire» de la Société des Ingénieurs civils, août 4898, p. 8o0.
LES AGEiNTS POSSIBLES 21
de l'effort de traction que leur assurent leurs rails, grâce au
nombre de voyageurs qu'ils peuvent transporter d'un seul coup,
arrivent pour la voiture-kilomètre à un prix abordable, quoique
relativement élevé *.
Ce n'est plus acceptable pour une automobile, qui doit se
ravitailler facilement, qui ne pourrait loger et transporter des
récipients suffisants pour un long parcours. Aussi, malgré ses
avantages réels de propreté, facilité de mise en marche et d'arrêt
par simple robinet , impossibilité de tout incendie, ce mode de
propulsion ne nous semble- t-il pas admissible pour la locomotion
sur routes 2.
1. 0 fr. 345, avec les tramways système Mekarski, de Paris et de Nantes,
qui pèsent 12 tonnes et transportent 50 voyageurs; dans ce chiffre, l'air
comprimé entre pour 0 fr. 20, l'entretien des conduites pour Ofr. 074, l'entre-
tien et le graissage de la voiture pour 0 fr. 071.
2. Cela nous explique les insuccès auxquels ont donné lieu les essais
tentés en l'espèce. W. Mann, en 1822, Wright, en 1830, Fordham, en 1832,
ont dressé des projets d'automobiles à l'air comprimé, qui n'ont jamais été
réalisés. Deux ingénieurs français, Andraud et Tessié du Motay ont cons-
truit, en 1840, la première voiture du genre qui ait existé : elle a été essayée
à Chaillot, le 9 juillet de cette même année, sur une voie ferrée ; sa dispo-
sition l'aurait rendue également propre à la circulation sur les routes
ordinaires, mais nous ne sachons pas qu'elle ait marché autrement que pour
cet essai sur rails.
Dernièrement, à Chicago, Hartley a construit un tricycle, dont le
réservoir, placé entre les deux roues d'avant porteuses et directrices,
contient de l'air, qui actionne un moteur à deux cylindres, communiquant
son mouvement, au moyen de deux chaînes, à la roue d'arrière motrice.
Il donne, paraît-il, une vitesse moyenne de 8 milles à l'heure. Bien que
l'administration des postes de Chicago ait essayé de le substituer à une
partie de ses voitures ordinaires, nous ne croyons pas qu'il ait beaucoup
d'avenir, même pour un service purement urbain.
On a proposé de monter sur la voiture compresseur et moteur à pétrole,
M. Ravel rappelle (France Automobile du 1er janvier 1899, p. 7) que ce
système essayé, vers 1888, sur un tramway, a donné une perte parles
transmissions, de 70 %. Le nouveau projet ne prévoit même plus l'utili-
sation delà chaleur, enlevée aux cylindres du moteur à pétrole pour éviter
la congélation dans le cylindre du moteur à air ; c'était le seul point intéres-
sant de ce système mort-né.
Enfin, à l'Exposition de 1899, MM. Molas, Lamielle et Tessier nous ont
montré une voiture de grosse livraison. Bien que celle-ci puisse être consi-
dérée comme un moyen terme entre la voiture légère, pour laquelle
l'emploi de l'air comprimé nous paraît impossible, et le tramway pour
22 l'automobile suk route
Des conclusions à peu près analogues s'appliqueraient au gaz
de l'éclairage, qui est employé pour quelques tramways Lùhrig,
au prix d'une dépense de 800 litres de gaz par voiture-kilomètre
et qui, on s'en souvient, a été essayé en 1883, par M. Delamare-
Deboutteville sur un tricycle (§12).
19. — Gaz liquéfiés. Acide carbonique. — La puissance spé-
cifique d'un gaz liquéfié est proportionnelle à la quantité de
travail qu'il a fallu dépenser pour l'amener à cet état. Le mode
d'utilisation de c.ette énergie est fort analogue à celui des gaz
comprimés : quand le corps cesse d'être soumis à la pression
qui le maintient liquide, il repasse à l'état gazeux, en absorbant
une quantité de chaleur équivalente à celle qu'on lui avait enlevée
lequel il est journellement pratiqué, nous ne croyons pas que cette
application soit appelée à un grand avenir. La voiture en'question, faite
pour la traction animale, a seulement été appropriée, avec le minimum
des modifications nécessaires, à son nouvel usage. La provision d'air est
emmagasinée « en quantité proportionnelle à l'effet à faire et au chemin
à parcourir», ce qui semble admettre que les postes de ravitail-
lement seront aussi espacés qu'on le voudra, dans des « bouteilles
en acier, d'un métal spécial et doux, qui ne peut éclater, mais qui, par
l'exagération voulue des pressions, se déchire comme du plomb ». On
devrait bien nous donner quelques renseignements de plus sur cet acier,
qui résout de façon si sûre le dangereux problème du logement des
fluides comprimés. Il s'agit, en effet, de pressions qui ne se chiffrent pas par
moins de 300 kg. En France, beaucoup de tramways n'emploient que l'air
comprimé à 45 atm.; nous ne croyons pas, en tout cas, que sa pression y
dépasse le double de ce taux. MM. Molas, Lamielle et Tessier font plus que
le sextupler. On nous dit qu'en Amérique 1 air est couramment comprimé à
cette pression ; admettons-le. Un détendeur approprié le ramène à celle où
il est utilisé dans les cylindres, soit 60 à 4 kg. par centimètre carré; on ne
nous dit pas quelles précautions sont prises pour empêcher la production de
glace.
Le moteur, composé de 4 cylindres à simple effet est placé, avec ses
accessoires, dans la voiture, sous le siège du conducteur, à l'abri de la
boue et de la poussière. Un système de distribution spécial lui permet
d'utiliser, d'après les constructeurs, la totalité du fluide employé, à quelques
centimètres cubes près, et sous un encombrement minime, de donner de 1
à 35 chx. Normalement, il ne fait que 280 tours par minute. Les 4 pistons
attaquent directement l'arbre intermédiaire portant la petite roue à
empreintes, qui commande les roues motrices, celles d'arrière du véhicule,
simplement munies de poulies à empreintes pour recevoir des chaînes
ordinaires; un tendeur, analogue, nous dit-on, à deux galets de guidage,
LES AGENTS POSSIBLES 23
pour le liquéfier, et sa force expansive actionne le piston. Mais,
comme cette chaleur de vaporisation est toujours bien inférieure
à celle de l'eau, et pour bien d'autres causes encore (les gaz
liquéfiés, beaucoup moins gênants à transporter, à égalité de
puissance, que les gaz comprimés, offrent des dangers d'explo-
sion), l'emploi de l'eau est bien préférable à celui des gaz
liquéfiés * .
maintient les maillons dans les alvéoles destinées à les recevoir. La
direction s'obtient par un avant-train à cheville-ouvrière.
Les constructeurs nous donnent les chiffres suivants:
Poids de la voiture seule 1400 kg.
— du moteur et de ses accessoires 450 kg.
— des réservoirs d'air comprimé 1050 kg.
— en ordre de marche 2900 kg.
— de la charge utile • 2000 kg.
Rapport de la charge utile au poids total 0,408 k^.
Vitesse à l'heure 10 kilom.
Prix de l'automobile 10.000 fr.
Prix de revient de \ pour un parcours journalier de 50 kilom. 0 fr. 295
la tonne kilométrique { — 100 — 0 fr. 196
Ce» chiffres sont plus économiques que ceux mis en évidence par le
concours des poids lourds, à Versailles, en 1897 (§ 325). Seulement ils ne
pourront leur être légitimement comparés, que quand ils auront été établis
par des essais aussi minutieusement conduits et contrôlés que ceux de ce
concours. Jusque là nous estimerons qu'il est plus économique de brûler
le charbon dans le générateur d'une automobile que dans celui d'un com-
presseur destiné à alimenter cette dernière.
(Pour les voitures h gaz comprimés, voir Lockert, Voitures électriques, p.
219 et suivantes.)
i. Nous ne prononcerons pourtant pas contre eux une excommunica-
tion majeure.
En avril 1898, à la réunion de l'Institut Franklin, M. F. Roberts a fait
fonctionner, avec l'acide carbonique liquide, un moteur horizontal de 25
chevaux, dont le poids total ne dépassait pas, dit-on, socle compris, 38
kg. 5. Il y avait 3 cylindres de 50 mm. de diamètre et 50 mm. de course,
à double effet, avec tiroirs de distribution commandés par cames. La force
de 25 chx correspondait à une pression de 110 kg. par centimètre carré et
à une vitesse de 2.000 tours, par minute.
La New-Power, de New-York, a construit pour tramways un moteur,
semblable à une machine à vapeur, sauf pour la distribution et quelques
•autres particularités : l'acide carbonique, emmagasiné sous une pression de
70 kg. parcm.dans des réservoirs en acier, passe directement aux cylindres,
24 l'automobile sur route
20. — Eau chaude. — Portée à 200°, sous une pression de 15
atmosphères, comme celle qu'emploie la locomotive Lam-Francq,
l'eau emmagasine 42 calories par kg. d'eau et de réservoir, soit
17.850 kgm. M. Deprez admet qu'on peut utiliser 10 °/0 de ce
travail, soit 1.785 kgm., par kg. transporté. Nous sommes
toujours loin de l'énergie fournie par le pétrole.
Pour la réalisation pratique du procédé, on remplit d'eau chaude
les récipients du véhicule et on les met en communication par
l'intermédiaire d'un détendeur, avec les cylindres de la machine :
une partie de l'eau se vaporise, empruntant la chaleur nécessaire
au reste du liquide, et la vapeur ainsi formée actionne le piston.
Mais, quand la température dans la chaudière est descendue à
150° et la pression à 5 atmosphères, il est nécessaire de renou-
veler son énergie. Nous retrouvons ici une sujétion analogue à
celle de l'air comprimé, acceptable pour un tramway, gênante
pour une automobile; aussi, bien que l'usine de chargement
soit moins compliquée qu'avec l'air (simple chaudière, au lieu
d'un compresseur actionné par une machine), et que la puissance
spécifique de l'eau chaude soit plus élevée que celle de l'air
sans détendeur ni réducteur de pression, mais avec réchau fleur. Les
cylindres ont 10 cm. de diamètre, 15 cm. de course; la consommation est de
4 kg. 530 par cheval et par 24 heures ; le prix de l'acide carbonique liquide
n'étant, à New-York, que de 0 fr. 37 le kg., la dépense par cheval-heure ne
serait que de 0 fr. 065. (Lockert, Voitures électriques, p. 227.) Il s'agira de
savoir si le fonctionnement en sera jamais pratique sur une automobile.
Cette question devient encore plus complexe pour le moteur à acide
carbonique liquide et à eau chaude, qu'ont combiné MM. Francq et de
Marchena, mais qui nous parait bien compliqué pour une voiture sur
routes (Lockert, p. 228).
Pour ce qui est de l'air liquide, ce ne serait pas lui, si nous en croyions
M. Franck Richard, qui nous donnerait le moteur puissant et léger que
demande la locomotion automobile. Employé à la production de la force,
et sans tenir compte des frottements du piston ni des espaces nuisibles,
il n'aurait fourni que 0. 454 chx en échange des 73 dépensés par le compres-
seur qui Ta produit : ce rendement de 0.006 n'a rien de séduisant. Nous
n'avons pas besoin de dire qu'il ne faut accorder à ces chiffres, comme
aux précédents, qu'une confiance limitée, et personnellement nous réser-
vons absolument notre opinion sur l'avenir de l'air liquide, qui pourrait
bien devenir un merveilleux agent de transport.
LES AGENTS POSSIBLES 25
comprimé, la solution qu'elle nous offrirait pour la locomotion
nous semble aussi peu pratique que celle de l'air comprimé *.
21. — Acétylène. — Depuis la fin de 1892, époque à laquelle
M. Moissan, en France, et M. Wilson, en Amérique, ont trouvé
le moyen de produire en grand le carbure de calcium (en rédui-
sant l'oxyde de calcium par le charbon dans le four électrique)
la fabrication industrielle de l'acétylène est devenue facile par
la simple mise en contact de ce carbure avec l'eau : un kg. en
produit théoriquement 340 et pratiquement 300 litres, capables
de donner 3,500 calories, environ le tiers de ce que peut fournir
le pétrole. Ce gaz a, dès le principe, été utilisé pour l'éclairage,
et on n'a pas tardé à se demander si on ne pourrait pas employer
les 1.487.500 kilogrammètres qu'il donne au kg. à la production
de la force motrice 2.
On s'est immédiatement buté à une première difficulté :
l'acétylène, corps endo thermique, c'est-k-dire formé avec absorp-
tion de chaleur, est un explosif puissant, dont le maniement est
1. Nous ne croyons pas qu'une voiture à eau chaude ait jamais été
réalisée. Dernièrement MM. Hutin et Leblanc ont fait breveter un système
prévoyant l'emploi, pour bien utiliser la force de la vapeur, d'une machine
à multiple expansion : moteur à plusieurs cylindres (les inventeurs parlent
de 6), série de machines rotatives ou de turbines. Mais nous ne trouvons
pas dans les considérations, qu'ils font valoir en faveur de leur solution, des
motifs suffisants pour nous faire changer d'avis sur l'avenir réservé à l'eau
chaude. (France Automobile, 5 nov. 1898, p. 379.)
2. On parle depuis quelque temps d'un nouveau carbure, le carbolite,
découvert par un chimiste de Chicago, M. H. L. Hartenstein, et pour la
fabrication duquel une usine serait en construction à Hammond (lndiana).
Ce carbure, obtenu par un traitement convenable des laitiers de hauts
fourneaux, pourrait s'obtenir à 25 fr. la tonne (au lieu de 500 fr. que coûte
celle de carbure de calcium) ; sous l'action de l'eau, un kilog. produirait
300 1. d'éthylène, gaz capable de remplacer l'acétylène. Ses protagonistes
y voient un concurrent redoutable pour ce dernier (Iron Age).
De moins enthousiastes se demandent s'il ne faut pas voir dans le
carbolite un simple mélange de carbure de calcium et d'aluminium, devant
donner sous l'action de l'eau un mélange de méthane et d'acétylène, ayant
la même composition que l'éthylène sans en contenir du tout. Ils ajoutent
que l'éthylène renfermant 65 °/0de carbone de moins que l'acétylène ne
saurait être pour celui-ci un rival dangereux. Jusqu'à nouvel ordre, cette
conclusion sera aussi la nôtre.
&6 L'AUTOMOBILE - SUR ROUTE
dangereux d. Cette explosibilité est maximum pour l'acétylène
liquide, qui est comparable sous ce rapport au coton-poudre.
Il1 faut donc renoncera son emploi sous cette forme qui eût été
si commode pour la locomotion automobile. Tout au plus peut-
on le comprimer, comme le fait à Paris la Société des produits
chimiques, qui le vend couramment dans des récipients en
acier, timbrés à 20 kg. et en contenant 250 litres sous pression
de 40 kg. par centimètre carré. Mais il vaut mieux, semble-t-il,
le dissoudre d'après le procédé Claude et Hess , dans l'acétone,
qui en reçoit jusqu'à 300 fois son volume, sous la pression de
12 kg., le liquide n'augmentant que de la moitié de son volume,
et en rend 275 volumes à la pression atmosphérique 2.
1 En supposant résolue la question de l'emmagasinement sans
danger, une autre difficulté se dresse : la brutalité de l'explosion
du mélange d'acétylène gazeux et d'air dans le cylindre du
moteur qu'elle doit actionner.
M. Ctiinet, avec un moteur à gaz ordinaire -à 4 temps, a,
paraît-il, obtenu une marche sans à-coups, en mélangeant 1 vol.
d'acétylène et 20 vol. d'air. Son moteur de 6 chevaux a con-
sommé à demi-charge 302 1. d'acétylène, à pleine charge 175 1-.,
par cheval-heure effectif, à peu près trois fois moins que le volume
de gaz d'éclairage nécessaire au même moteur. Avec du carbure
'à 500 fr. la tonne, le cheval-heure reviendrait donc à 0 fr. 30 3.
1 . MM. Berthelotet Vieille ont prouvé que, tant que sa pression ne dépasse
guère celle d'une atmosphère, ni l'étincelle électrique, ni un point en ignition
ne le font exploser; au contraire, avec des pressions supérieures à 2 atmos-
phères, l'explosion peut se produire, sous l'influence des mômes adjuvants,
même sans le contact de l'air. Cette explosibilité augmente avec la pression.
2. Cette dissolution ne parait pas explosible, sous l'action de' la chaleur,
quand sa tension n'est pas trop grande. D'après les travaux de MM. Berthelot
•et Vieille, 7 1. d'acétone ayant dissous 1170 gr. d'acétylène sous la pression
de 8 kg. n'ont pas explosé sous l'action d'un fil de platine rougi; une solu-
tion formée sous la pression de 20 kg. a, sous la même influence, donné
de petites explosions. Il est donc prudent de ne pas dépasser beaucoup la
•pression de 10 kg.
3. Des expériences toutes récentes de M. Grover de Leeds confirment ce
prix ; M. Grover a trouvé 0 fr. 28.
LES AGENTS POSSIBLES 27
C'est cher, puisque le moteur en question, consommant 516 1. de
gaz d'éclairage, à 0 fr. 30 le mètre cube, fournirait le cheval pour
0 fr. 10.
M. Ravel a essayé un moteur de son système à 2 temps, de
2 chevaux : la puissance de l'acétylène s'y est montrée 2 */, fois
plus grande que celle du gaz de houille. Mais il ne croit pas que
la grande force explosive de l'acétylène puisse donner tout son
«ffet utile sur les pistons des moteurs à gaz tonnants tels qu'ils
sont construits aujourd'hui, car on se trouvera en face de ce
dilemme : « ou le gaz acétylène sera employé à forte dose dans le
mélange détonant et alors il ne donnera que peu de travail utile,
vu l'explosion brisante qui se produira. Ou bien Ton diluera
l'acétylène dans une grande masse d'air, mais alors ce gaz rie
donnera pas assez de calorique pour élever suffisamment la
pression de la masse gazeuse et lui faire donner, par son expan-
sion, un travail dans des conditions économiques *. »
Pour tourner la difficulté, MM. R. Turr et Ch. Chertemps ont
cherché à utiliser l'élévation considérable de température prove-
nant de la très soudaine explosion de l'acétylène pour transfor-
mer en vapeur une certaine quantité d'eau, et à provoquer ensuite
la détente de cette vapeur, de manière à lui faire pousser gra-
duellement le piston. Mais cela complique la construction du
moteur, qui n'a pas encore été appliqué 2.
En résumé, tout en reconnaissant que si l'acétylène liquide
pouvait être utilisé sans danger il constituerait un- agent précieux
pour l'automobilisme , nous restons, jusqu'à nouvel ordre, fort
sceptique à l'endroit de la voiture à acétylène.
22. — Alcool. Huiles de distillerie. — La substitution de l'alcool à
l'essence de pétrole, pour l'usage automobile, aurait probable-
ment l'avantage de diminuer la mauvaise odeur et l'encrassement
des cylindres, et certainement celui de substituer à un article
1. A. Witz, Moteurs à gaz et à pétrole et voitures automobiles, t. III,
p. 90.
2. Locomotion automobile, 21 octobre 1897, p. 489.
28 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
d'importation un produit national , dont la consommation pour-
rait indemniser l'agriculture de la perte qu'elle ne manquera pas
de subir par suite de la moindre demande de chevaux et de four-
rages qui lui sera faite *.
La possibilité de cette substitution est a priori assez impro-
bable. Le pouvoir calorifique de l'alcool ne dépasse guère la
moitié de celui de l'essence : si on calcule, comme l'a fait
M. Lévy, le nombre de chevaux- vapeur-heure produits théori-
quement par la combustion d'un kg. de pétrole et d'un kg. d'alcool,
en présence des volumes d'oxygène qui leur sont strictement
nécessaires, on trouve respectivement 6,75 pour le pétrole et
3,235 pour l'alcool à 90°; de sorte qu'en comptant" l'alcool à 30 fr.
Thectolitre (droits non compris) l'essence et le pétrole à 0 fr. 45
le kg., on arrive pour le nombre des chevaux- vapeur-heure
obtenus par la combustion d'un franc de chaque substance à 9
pour l'alcool et à 15 pour le pétrole.
Mais on pouvait objecter que la pratique donnerait peut-être
des chiffres tout autres, parce que ce n'est pas en présence de la
quantité d'oxygène strictement nécessaire pour la combustion
que cette dernière se produit, mais en présence d'air à 23 °/0
d'oxygène et 77 d'azote (dont il faudrait théoriquement 15.117 kg.
par kg. de pétrole et seulement 7.567 kg. par kg. d'alcool à 90°)
et même en présence d'un grand excès de cet air, de sorte que
l'azote et l'air en trop pourraient absorber en pure perte plus de
chaleur dans la combustion du pétrole que dans celle de l'alcool.
En outre , il pouvait être plus facile , avec ce dernier qu'avec le
pétrole, d'avoir une combustion complète.
Pour étudier la question, la Société d'agriculture de Meaux a
chargé M. Max Ringelmann de procéder à des expériences ; elles
4. En admettant pourtant que ne surgisse pas un moyen de préparer
industriellement l'alcool. Déjà, M. Fritsch a eu l'idée de le retirer de
Féthylène, ce gaz carburé, qui se trouve dans la proportion de 2°/0 en
volume dans les gaz d'échappement des hauts fourneaux, des fours à coke,
des foyers où on distille la houille.
LES AGENTS POSSIBLES
29
ont porté sur de l'essence minérale et de l'alcool dénaturé ayant
donné à M. Ach. Miintz les résultats suivants :
Carbone . ,
Hydrogène
Oxygène . . » ♦ •
Densité à 15° , ,
Point d'ébullition
Calories dégagées par kilog
Poids évaporés par heure et par décimètre
carré de surface, en grammes :
1° dans le hall d'essais, à 18°
2° au dehors, au soleil, à 25°
ESSENCE
ALCOOL
minérale
dénaturé
84.3
41.5
15.7
43.0
0
45.5
708
834
88°
78« 5
41359.65
6521.75
9*37
3*r47
47*21
27*08
Les essais ont été effectués d'abord avec un moteur Brouhot,
horizontal, de 2 à 3 chevaux, à 4 temps et allumage électrique ,
ensuite avec un moteur Benz vertical, de 3 à 4 chevaux, également
à 4 temps, à allumage par tube. Ils ont donné les résultats sui-
vants :
•
CONSOMMATION
par heure
RAPPORT
des consommations
Essence
minérale
Alcool
dénaturé
Essence
minérale
Alcool
dénaturé
MOTEUR HORIZONTAL
A vide
4k040
0.950
0.892
0.328
0.619
0.407
2*267
1 ;767
1.396
0.771
1.097
0.763
1
4
4 .
4
4
4
2.05
4.86
4.56.
2.35
1.66
4.87
_, . , ( à demi-charge . .
Par cheval \ , B
( en charge
MOTEUR VERTICAL
A vide
Parcbevaljàde!ni-Char*e--
| en charge
4
4.89
30
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Pour obtenir le même travail industriel, on a donc consommé
de 1,5 à 2,3, en moyenne 1,89 fois plus d'alcool que d'essence.
M. Ringelmann établit ainsi qu'il suit la dépense :
Consommation l en poids (kg.). . .
par heure et par cheval ( en volume (litre).
Rapport des consommations (en volumes).
Prix du litre (hors Paris). ...... . * fr.
Prix du cheval-heure fr.
ESSENCE
minérale
alcool
dénaturé
PETROLE
lampant1
0.400
0.563
1*5.28
0.50
0.28
0.756
• 0. 906
169.2
1
0.90
0.438
0.532
100
' 0.30
0.16
Dans ces conditions, les rapports des prix de ces combustibles
nécessaires pour obtenir la même puissance sont :
Moteur à pétrole lampant fr. 1 »
Moteur à essence minérale . 1 75
Moteur k alcool dénaturé S 623
Et M. Ringelmann en conclut que l'alcool dénaturé devrait être
vendu à raison de 17 fr. 70 l'hectolitre pour être équivalent, au
point de vue économique, au pétrole lampant valant 30 fr. l'hecto-
litre ; que, dans ces conditions, il ne faut pas songer à l'utilisation
économique de l'alcool pour les moteurs.
Mais ce n'est pas tout : à cause du peu de vapeurs que Falcool
émet à la température de 15 à 20°, il lui a fallu recourir à un
stratagème ou à des dispositifs particuliers pour la mise en
marche des moteurs. M. Ringelmann faisait fonctionner celui de
M. Brouhot, pendant 5 minutes environ, avec l'essence miné-
rale , et lorsque la température moyenne des gaz de la décharge
atteignait 70° environ , il commençait l'alimentation à l'alcool,
mais en ayant soin de modifier en même temps la composition
1; Chiffres du lor prix du concours international de Meaux en 1894.
LES AGENTS POSSIBLES 31
du mélange tonnant (pour le même volume engendré par le
piston, il fallait 2,06 fois plus d'alcool que d'essence) afin
d'obtenir une combustion complète. Pour le moteur Benz, il
avait établi un carburateur, qu'un fourneau à gaz permettait do
maintenir à une température de 42 à 47°, reconnue par tâton-
nements comme la plus favorable au fonctionnement de la
machine, et ce carburateur était un danger constant d'incendie,
Les conclusions de M. Ringelmann sont-elles sans appel?
Nous ne le pensons pas. Nous ferons d'abord remarquer que
M. Ringelmann compare l'alcool au pétrole lampant, qui n'est
pourtant qu'exceptionnellement employé pour les automobiles.
La gazoline seule est d'un usage courant, et si on la compte 40 fr.
(au lieu de 30 fr. admis pour le pétrole) on trouve que l'alcool
pourra être aussi économique qu'elle en coûtant 23 fr. 60 (au lieu
de 17 fr. 70). M. Ringelmann le comptait à 100 fr. l'hectolitre
à une époque où les droits sur l'hectolitre d'alcool dénaturé s'éler
vaient à 37 fr. 50 ; or, une loi récente les a abaissés à 3 fr.; nouç
pouvons donc le compter à 65 fr. 50. En outre, on peut espérer
que les frais de dénaturation, qui sont actuellement de 7 fr. par
hectolitre, seront abaissés (en Allemagne ils sont sensiblement
plus faibles). De la sorte, le prix de l'alcool dénaturé ne dépasse-
rait guère 60 fr. La différence entre ce prix et celui auquel il devrait
arriver pour que l'alcool fût économiquement utilisable , en
acceptant les consommations trouvées par M. Ringelmann, resté
assurément notable, mais s'est pourtant beaucoup abaissée.
En outre, M. Ringelmann a opéré sur des moteurs, qui
n'étaient pas faits pour consommer de l'alcool et avec lesquels
l'emploi de ce liquide n'était possible que grâce à des moyens
inacceptables dans la pratique journalière ; n'y aurait-il pas
dans l'adaptation d'un carburateur et d'un moteur spéciaux le
moyen de supprimer le danger et d'augmenter le rendement?
C'est ce que tendraient à prouver les expériences de M . Petréano .
En employant un moteur à gaz Otto, modèle 1884, donnant
5 chevaux à 180 tours, mais en le munissant d'un carburateur
32 l'altomobile sur route
spécial (§ 57) , il a obtenu le cheval-heure indiqué à raison de
0 kg. 540. A la densité de 0,815, cela fait 0 1. 662, et en comptant
sur un rendement du moteur de 80 °/0, cela met la consommation
du cheval-effectif à 0 1. 822.
La maison Kôrting, de Hanovre, aurait, paraît-il, obtenu des
résultats encore bien meilleurs : au mois de mars 1897, avec
un moteur spécialement construit pour ces essais, sur le type de
ses moteurs à benzine, elle aurait réalisé le cheval-heure indiqué
moyennant 0 1. 49 d'alcool à 93°, du poids spécifique de 0.815;
cela correspondrait à 0 1. 612 par cheval-heure effectif. La
consommation ne serait guère supérieure à celle trouvée par
M. Ringelmann pour l'essence (0 1. 565).
Si ces chiffres se confirmaient, l'emploi de l'alcool pour la pro-
duction de la force serait dès à présent économique en Allemagne
où le liquide ne coûte que de 20 à 30 fr. l'hectolitre *. En France,
il pourra peut-être le devenir dans un avenir plus ou moins loin-
tain ; mais en admettant que la carburation se fasse sans danger,
que l'alcool, malgré les dénaturants qu'on lui ajoute, se comporte
bien dans le cylindre, n'encrasse pas les soupapes et donne une
combustion inodore, comme on l'espère, sa puissance spécifique
restera toujours inférieure à celle de l'essence. Et comme la seule
infériorité de cette dernière sur l'alcool , la mauvaise odeur des
gaz brûlés , pourra un jour ou l'autre être supprimée par l'amé-
lioration de la combustion, nous ne croyons guère à l'avenir de
l'alcool. En résumé, pour nous comme pour bien d'autres, la
question de la substitution de l'alcool à la gazoline ne se poserait
pas, si elle ne se compliquait d'une question économique (le
débouché qu'elle offrirait à un produit national) ; même posée
dans ces conditions , le sort qui lui est réservé nous apparaît
comme assez précaire.
L'alcool a pourtant ses protagonistes fort résolus, en tête
4. M. A. Witz, Moteurs à gaz et à pétrole, t. III, p. 101, donne le prix
de 20 fr. ; d'autres auteurs des chiffres notablement supérieurs.
LES AGENTS POSSIBLES 33
M. Petréano : ce dernier croit à l'avenir de ce combustible en
automobilisme, k cause de l'absence presque absolue d'odeur qui
résulte de son emploi, et cela parce que dans le diffuseur auquel il
a recours pour préparer le mélange carburé, la substance dénatu-
rante (benzine lourde et vert malachite), qui serait de nature à
contrarier la bonne utilisation de l'alcool et à donner des résidus
odorants, si elle se vaporisait, reste au fond, comme une espèce
de brai, qu'on a seulement l'ennui de retirer toutes les 24 heures.
Ce diffuseur a aussi l'avantage de chauffer le mélange carburé
et d'éviter ainsi la dissociation de l'alcool froid au contact du
cylindre chaud: cette dissociation aurait pour conséquences
fatales l'oxydation du cylindre et sa détérioration rapide par
l'oxygène mis en liberté ; les écailles de matière pulvérulente,
que l'on retrouve dans le pot d'échappement, quand on emploie
l'alcool froid, ne laissent aucun doute à cet égard.
Quelques essais ont déjà été faits avec l'alcool sur des moteurs
d'automobiles. En novembre 1898, on a expérimenté l'alcool,
carburé par le procédé Dusart, croyons-nous, sur un tricycle de
Dion-Bouton, et on aurait obtenu avec lui de bons résultats. En
décembre de la même année, le commandant Krebs a effectué
des essais au frein sur un moteur Phénix, simplement modifié
par l'agrandissement de l'orifice ordinaire d'admission : il a
obtenu 3, 6 chevaux avec l'alcool à 95° ordinaire, 4, 2 chevaux
avec l'alcool carburé Dusart, 4, 4 chevaux avec la gazoline.
La Société des voitures Henriod fait parfois marcher à l'alcool
ses automobiles à essence ordinaire; son carburateur-distributeur
permet, paraît-il, cette substitution; mais, à égalité de parcours,
le volume d'alcool consommé est notablement supérieur à celui
de l'essence.
Le journal Le Vélo avait organisé, pour le H avril 1899, un
critérium des moteurs à alcool, sur le parcours de Paris à Chan-
tilly et retour. Des huit motocycles ou voitures inscrits, une
seule, la voiture de MM. Guttin et C'e, s'est mise en route ; elle
a parcouru les 136 kilomètres en 8 heures 8 minutes; son moteur,
O. Layugm. — L'Automobile sur route. 3
34 l'automobile sur route
de 4 chevaux, a consommé 38 litres d'alcool, soit près de 0.300
litre par kilomètre l*
De ces quelques essais ne ressort encore rien de concluant.
Notons pourtant, avec M. Périsse, dans la communication
récente qu'il a faite à la Société des Ingénieurs Civils, l'intérêt
qu'il peut y avoir à employer, au lieu de l'alcool ordinaire à 90°
contenant 10% et 15°/0 de dénaturant ordinaire, l'alcool à 95°
que produisent toutes les distilleries agricoles, ou mieux encore
l'alcool à. 98° dénaturé avec des hydrocarbures bon marché,
qui favoriseraient la richesse du mélange explosif. Il faudrait
aussi approprier le moteur au nouveau combustible, au lieu
d'utiliser simplement ceux qui sont faits pour marcher avec de
l'essence.
Peut-être y aura-t-il plus de chances qu'avec l'alcool de
réussir avec les huiles lourdes de distillerie (0,73 d'alcool
amylique et 0,25 d'alcool butylique) qui, toujours, d'après
M. L. Lévy, donnent, en présence du volume d'oxygène stric-
tement nécessaire à leur combustion, 4 chevaux-vapeur-heure
par kg. (au lieu de 3,235 donnés par l'alcool et 6,75 donnés par
l'essence de pétrole). Comme les huiles ne coûtent guère que
13 fr. 30 les 100 kg., la combustion de 1 fr. donne théorique-
ment 30 chevaux-vapeur-heure (au lieu de 9 avec l'alcool et de
15 avec le pétrole). Mais il s'agit de savoir si l'emploi peut en
devenir pratique, et, sous ce rapport, nous sommes à leur égard
moins avancés que pour l'alcool : il n'y a pas eu, croyons-nous,
le moindre essai effectué.
23. — Benzine. — En Allemagne, il existe quelques locomotives
à benzine, construites par la fabrique de moteurs de Deutz. Un
moteur Daimler à benzine de 14 chevaux y actionne les tramways
1. Notons, comme terme de comparaison, que, d'apivs des expériences
faites par M. Brillié, sur une voiture Gobron et Brillié, à moteur de
6 chevaux, pesani 850 kg. en ordre de marche, et portant 5 personnes,
c'est-à-dire bien plus lourde que celle de MM. Guttin et Gie, la consomma-
tion en terrain varié serait de 1/7 de litre d'essence par kilomètre; mais ce
chiffre nous parait au-dessous de la moyenne.
LES AGENTS POSSIBLES 35
de la ligne Saulgau-Herbertingen-Riedlingen. Dans ce pays,
autant qu'on peut en juger par une pratique encore insuffisante,
le moteur à benzine est un peu' plus économique que le moteur
à alcool (10 °/0 environ).
La traction par la benzine se développera-t-elle? Il est permis
d'en douter. Cette substance est, comme on le sait, un bicarbure
d'hydrogène, extrait surtout des goudrons de la fabrication du
gaz d'éclairage, et presque entièrement absorbé par la préparation
des couleurs d'aniline ; on le tire aussi des goudrons provenant
de la fabrication du coke , de la calcination et de la distillation
des lignites, de la tourbe, du bois. Mais c'est un produit fort
demandé, dont un nouvel emploi ferait probablement hausser le
prix, qui ne resterait plus économique pour la traction '.
1. Nous ne parlerons que pour mémoire de remploi de la poudre. Un
américain, M. Freeble, a imaginé un moteur {Locomotion automobile, 8 sep-
tembre 1898, p. 565) qui utilise cette substance et qu'il voudrait appliquer
à la propulsion des bicyclettes. Un récipient plein de poudre, en commu-
nication même simplement médiate et intermittente avec un cylindre où
cette matière déQagre, nous semble devoir constituer pour la voiture un
danger permanent, et cette raison nous dispense d'en donner d'autres pour
conclure au peu d'avenir réservé à cet agent d'énergie en automobilisme.
DEUXIEME PARTIE
LES
ÉLÉMENTS DES VOITURES AUTOMOBILES
PREMIERE SECTION
LES MOTEURS
CHAPITRE PREMIER
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
1° Chaudières.
24. — Qualités à demander aux chaudières d'automobiles. — Les
générateurs étant destinés : 1° à être transportés par le véhicule
automoteur; 2° à faire face à des besoins fort variables avec le
profil de la route et la vitesse de la voiture ; 3° à être confiés à
des chauffeurs plus ou moins expérimentés, doivent, pour
remplir ces conditions fort impérieuses de légèreté, d'élasticité
et de sécurité, être : 1° d'un poids et d un volume réduits, tout
en étant très solides; 2° d'une mise en pression rapide et d'une
puissance considérable facile à graduer; 3° d'une conduite
commode, sans danger d'explosion.
Ces qualités ne peuvent être réunies que dans les chaudières
tabulaires ou à vaporisation instantanée. On a pu adapter à
l'usage automobile quelques-unes de celles qui existaient déjà,
38 l'automobile sur route
comme aussi on en a créé de nouvelles fort bien comprises.
Les unes et les autres ont quelques traits communs :
1° Pour éviter autant que possible les fumées, elles sont chauf-
fées au coke, quand elles ne le sont pas au pétrole lampant ou
aux huiles lourdes ;
2° Presque toutes ont, à l'instar des locomotives, leur tirage
activé par l'injection, dans la cheminée, de la vapeur d'échappe-
ment (quelques-unes sont même munies d un souffleur, qu'on
met en action quand il y a un coup de collier à donner).
25. — Chaudières tabulaires. — Elles se divisent en deux classes,
suivant que les tubes en sont occupés par les fumées (chau-
dières ignitubulaires) ou par l'eau et la vapeur (chaudières
aquatubulaires).
A) Ignitubulaires. — Elles sont peu employées, parce que
la grande longueur de leurs tubes horizontaux, qui n'est pas une
gêne avec une locomotive, en devient une très grande avec un
véhicule ordinaire. Et, si on dispose ces tubes verticalement,
ils n'utilisent pas aussi bien que quand ils sont horizontaux la
chaleur du combustible.
Type Leyland. — La chaudière employée par la « Lancashire
Steam motor C° » de Leyland ! est pourtant de ce type ; les tubes
en sont verticaux, et peuvent être soulevés avec le couvercle, de
manière a être commodément nettoyés. Elle est chauffée par un
brûleur, auquel le pétrole brut arrive sous la pression de la
vapeur de la chaudière (dès que celle-ci atteint sa valeur nor-
male, elle provoque la fermeture partielle de la valve d'arrivée
de l'huile), ou de l'air comprimé au-dessus de lui, comme dans
le break Leyland de T Automobile-association Limited, qui a pris
part au Concours de Versailles, en 1898.
Le fourgon (§ 212) engagé par la Compagnie au Concours de
Liverpool (mai 1898), qui pesait à vide 2.910 kil. et pouvait
porter un poids utile de 4 tonnes, avait une chaudière de
1. Industries and Iron, 2*3 nov. 1898, p. 452.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 39
10.20 m2 de surface de chauffe, pesant moins de 30 kil. par m2
de cette surface. Cette chaudière, essayée à la pression de 35 kg.
par centimètre carré, fournissait normalement de la vapeur à
14 kg. et nécessitait, paraît-il, 18 minutes pour sa mise en pres-
sion. Elle était alimentée par une pompe à bras, en partie avec
l'eau fournie par un condenseur à air, placé sur le toit du
véhicule et ne pesant que 43 kg. Le pétrole brûlé à l'heure ne
dépassait pas 8 1. en pleine charge.
La chaudière du break de l'Automobile association Limited,
fait pour transporter 7 voyageurs assis, avec leurs bagages et
quelques provisions (il pesait 1225 kg. à vide, 1850 kg. en ordre
de marche et 2000 kg. en charge) avait 108 tubes, une surface
de chauffe de 4 m* 65; elle était timbrée à 13.50 kg.; il a été
constaté que sa mise en pression exigeait 25 à 30 minutes.
26. B) Aquatubulaires. — Chaudière Ravel. — Son brevet, et
celui du tricycle qu'elle devait actionner, remontent à 1868 ; aussi
n'est-ce qu'au titre purement historique que nous la mentionnons.
Elle était chauffée au pétrole lampant, auquel on revient dans
certains types des plus modernes.
Un serpentin, à spires jointives, était placé à l'intérieur d'une
enveloppe cylindrique, terminée à sa partie supérieure par une
demi-sphère. Les gaz brûlés montaient au centre du serpentin
pour redescendre entre lui et l'enveloppe, et se rendre ensuite à
la cheminée. L'eau, arrivant à la partie inférieure de l'enveloppe,
s'élevait à sa partie supérieure, redescendait pour entrer dans le
serpentin par le bas et en ressortait par le haut. La vapeur se
rendait dans une grande chambre, formée par une enveloppe
cylindrique annulaire que remplissaient les gaz chauds ; elle s'y
surchauffait légèrement, tout en restant à basse pression. C'était,
en somme, une chaudière à vaporisation rapide, avec une assez
grande quantité d'eau et une réserve importante de vapeur; elle
devait être munie du niveau d'eau et des autres appareils de
sécurité.
27. — Chaudières Bolléeet Scott. — La première n'est autre que la
40 l'automobile sur route
chaudière Field, type des pompes à incendie. Gomme elle est
bien connue, nous nous bornerons à rappeler que le corps en est
formé par un cylindre annulaire, qui entoure le foyer et la
cheminée : la partie supérieure, placée autour de la cheminée, a
un diamètre intérieur plus petit que la partie inférieure, qui
correspond au foyer, de sorte qu'il existe comme un plafond
annulaire au-dessus de ce dernier. Ce plafond sert de support à
des tubes, qui plongent dans le foyer obliquement, de manière
à gêner la sortie des gaz vers la cheminée et à multiplier ainsi
leur surface de contact avec ces gaz. A l'intérieur de ces tubes
s'en trouvent d'autres, concentriques ; l'eau descend par les
tubes intérieurs et remonte par les intervalles que laissent entre
eux les deux jeux de tubes; il en résulte une vaporisation très
rapide. Malheureusement, les tubes sont sujets à des brûlures
et à des incrustations fréquentes ; pour empêcher le plus possible
ces dernières, il faut employer des eaux aussi pures que possible.
La chaudière de La Nouvelle, l'omnibus qui a fourni la course
de Paris à Bordeaux et retour, a 0.70 m. de diamètre extérieur
et 118 tubes. Il faut compter à peu près une demi-heure pour la
mise en pression.
C'est également au type Field qu'appartient le générateur
Scott (fig. 7), mais il a été doté de perfectionnements importants,
notamment d'un tube brasseur d'eau, d'un réchauffeur-détartreur,
d'un sécheur-surchauffeur, d'un souffleur, d'une grille mobile et
d'un orifice de cheminée, dont la légende explique les avan-
tages.
La chaudière des omnibus et tracteurs Scott pèse à vide 400 à
500 kg. et contient 30 à 60 1. d'eau, elle consomme par heure,
(sur une grille qui pour le petit modèle a 0.130 m'2 et 0.1 S0 m*
pour le grand) 40 à 45 kg. de coke, en produisant environ 220 kg.
de vapeur à 12 kg. ; elle peut alimenter un moteur de 12 à 16 chx.
La mise en pression demande 35 à 40 minutes, mais elle peut
être accélérée en faisant usage du souffleur.
Les chaudières Thirion, Durenne, fort analogues, surtout la
Fig. 7. — Chaudière Field améliorée par M. Scott.
A, tube brassteur d'eau, reliant la partie inférieure de l'espace annulaire formé par les deux parois
de la chaudière, près de l'orifice d'alimentation, avec le dôme occupé par la vapeur: il offre h l'eau
relativement froide arrivant dans la chaudière ud chemin direct pour se rendre dans la partie la plus
haute : la température de la chaudière est ain*i maintenue plu* uniforme (ce qui diminue les inégalités
de contraction et par suite la fatigue du métal) ; et, la circulation du liquiJe étant rendue plus active, le
calorique est mieux utilisé.
B, écran en terre réfractaire, protégeant le joint du tube A contre la chaleur directe du foyer, et
forçant le* fumées h mieux lécher les tubes pendentifs avant de se rendre à la cheminée.
G. arrivée de l'eau d'alimentation dans le réchauffeur-détartreur D, formé de tubes en laiton réunis
par les plaques de tète E. F. G, arrivée autour des tubes de la vapeur d'échappement du moteur; cette
vapeur réchauffe l'eau d'alimentation et se rend h là cheminée par le tuyau H (sur lequel est greffé le
tube J, qui peut, quand on ouvre un robinet, amener une partie de la vapeur sous la grille, pour activer
le tirage). L'eau, qu'il est recommandé d'èpuier, si elle marque plus de 20 degrés hydrotimétriques,
abandonne dan* le réchauffeur-détartreur une partie de ses matières terreuses, et y prend une tempéra-
ture pouvant aller jusqu'à 100*; de là elle se rend à la chaudière par le tuyau K.
La vapeur, qui en résulte, déjà chauffée par le tuyau L, se rend par le tube M dans la boîte N, que le
régulateur, manœuvré par le levier P, peut mettre en communication avec le serpentin O chauffé par
les gax du foyer. La vapeur s'y sèche et s'y surchauffe avant d'aller au moteur. Une partie peut être
prélevée par le robinet souffleur K, pour être envoyée dans la cheminée et activer encore le tirage.
La grille qui est circulaire peut être animée d'un mouvement alternatif de rotation autour de son axe
vertical, grâce au levier G. Elle est placée plus bas qu'elle n'est représentée, a la partie supérieure du
cendrier, et peut, pour jeter le feu, être amenée près du fond de celui-ci, occupé par l'eau provenant de
la condensation dune partie de la vapeur d'échappement dans le rèchaufleur D, d'où elle arrive par le
tuyau 1. Ce liquide rafraîchit les barreaux de la grille en se vaporisant sous l'influence des escarbilles
qui en tombent. Quant à celles qui montent dans la cheminée, arrêtées par l'écran X. qui les empêche de
s'échapper k l'extérieur, elles retombent sur le plan incliné U, et de là par un tuyau, dont on voit
l'amorce en V, retournent au cendrier.
42
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
première, à la chaudière Field adaptée au service des pompes k
incendie, les chaudières Westinghouse à tubes horizontaux,
Rowan à tubes légèrement inclinés, appliquées à la traction des
locomobiles et des tramways, pourraient, assez facilement
semble-t-il, s'adapter au service automobile *.
28. — Chaudière de Dion-Bouton. — Avec elle, nous arrivons à
Fio. 8, — Chaudière de Dion-Bouton.
un type tout nouveau, fort ingénieusement créé pour la desti-
nation à laquelle il a été affecté. Elle se compose (fig. 8) de deux
cylindres concentriques, à section annulaire, Jreliés par des tubes
en acier a, de petit diamètre, légèrement inclinés vers l'extérieur.
La longueur des tubes ne dépasse pas vingt fois leur diamètre,
afin d'éviter la formation de ces poches de vapeur qu'on redoute
dans beaucoup de chaudières multitubulaires. Ces deux cylindres
dont la hauteur verticale est à peu près la même, mais dont les
1. Voir Milandre et Bouquet, t. II, p. i*ô et suiv.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 43
bases ne sont pas au même niveau, forment, le premier, l'enve-
loppe extérieure du foyer, le second, celle d'un tube central Z>,
qui forme réservoir de combustible, lorsque, par l'orifice supérieur
que forme le couvercle c, on l'a rempli de coke. Ce mode de
chargement par masses relativement considérables permet de ne
s'occuper qu'à d'assez longs intervalles de l'alimentation du foyer.
Les gaz de la combustion s'élèvent à travers les intervalles
laissés par les tubes a ; et, comme ces intervalles sont étroits, et
tourmentés par suite de la disposition en chicane des tubes, les
gaz sont bien dépouillés de leur calorique. Quand ils arrivent
dans la boîte à fumée, située à la partie supérieure de la chau-
dière, ils n'ont pas une température de plus de 250 à 300°. De
cette boîte à fumée, ils s'échappent par la cheminée rf, ordinaire-
ment recourbée pour déboucher en arrière de la voiture. Gomme
les gaz qui en sortent peuvent constituer une gêne pour visiter et
surtout réparer le moteur pendant les arrêts, lorsque la voiture
a un toit, ainsi que cela a lieu avec l'omnibus, la cheminée
monte directement au-dessus de ce toit.
L'eau, qui est amenée à la chaudière par l'intermédiaire de la
pompe ou de l'injecteur Giffard, dont elle est toujours munie, est
maintenue à un niveau, situé au-dessous du diaphragme /*,
placé lui-même au-dessous des deux rangées supérieures des
tubes, de manière à interrompre toute communication directe
entre les parties haute et basse du corps cylindrique intérieur.
Le liquide remplit les tubes, et, par cela même, est divisé en
faibles masses, léchées sur tout leur pourtour parles flammes et
les gaz de la combustion; il s'échaufFe très vite, et cela a un
double avantage : 1° chaque tube est ainsi parcouru, du cylindre
extérieur au cylindre intérieur, par un courant intense, dont la
rapidité est un obstacle à son incrustation ; 2° le pouvoir vaporisa-
teur de la chaudière est très grand.
La vapeur, rapidement formée, entraîne une certaine quantité
de liquide, dont il y a intérêt à la débarrasser. Elle se sèche en
traversant les deux rangées supérieures de tubes, qni débouchent,
44 l'automobile sur route
comme nous lavons dit, au-dessus du diaphragme, et les
conduites placées dans la boîte à fumée. Parfois même, dans
certaines chaudières, comme celle que représente la figure, dont
sont munis l'omnibus et le tracteur présentés par MM. de Dion
et Bouton au concours des poids lourds de 1897, entre ces
conduites et la prise de vapeur est intercalé un serpentin en
acier e, qui entoure le foyer et où la vapeur se dessèche com-
plètement et même se surchauffe.
Le serpentin gr, que Ton voit au-dessous du précédent est
destiné à surchauffer la vapeur de l'échappement; de la sorte
cette vapeur, qui est encore réchauffée par son mélange avec les
gaz chauds de la combustion, qu'elle rencontre dans la cheminée,
devient presque invisible à sa sortie dans l'atmosphère.
Naturellement, la chaudière est munie d'une soupape de
sûreté, d'un manomètre, d'un niveau d'eau, de robinets de jauge
et de vidange. Deux portes permettent de décrasser le foyer et
de vider le cendrier.
Les chaudières de Dion-Bouton peuvent être construites pour
des forces variant de 2 1/2 à plusieurs centaines de chevaux.
Pour les applications à la locomotion automobile, on les fait de
5 à 35 chx et on les timbre à 18 kg. pour une pression normale
de 14 kg.; dans ces conditions, elles n'ont guère que 1 m. de
hauteur et 0. m. 70 de diamètre. Voici les chiffres qui se rap-
portent au modèle employé pour l'omnibus à 16 voyageurs
(moteur de 25 chx) et le tracteur de La Pauline à 40 places
(moteur de 35 chx) engagés par MM. de Dion et Bouton dans
le concours des poids lourds de 1897 :
Surface de grille 0 m2 18
Nombre de tubes îiOO
Surface de chauffe 5 m2 60
Surface des surchauffeurs 0 m2 50
Poids à vide 400 kg
— de l'eau M) kg
— du coke 20 kg
— en ordre de marche 480 kg
Eau vapor. à 14 kg de press., par kg. de coke 6 lit.
— — en une heure 350 lit.
Temps nécess. pour la mise en pression 30 min.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
45
La chaudière de l'omnibus à 20 places, engagé au concours de
Versailles en 1898, pesait en ordre de marche 540 kg.
En somme, ce générateur, très réduit comme volume et comme
poids, est d'une grande puissance de vaporisation et d'une grande
élasticité.
29. — Chaudière Weidknecht. — C'est une chaudière multitu-
i
™"F
a
Fio. 9. — Chaudière Weidknecht.
Coupe reiit a'e.
bulaire, à foyer intérieur, à chargement automatique, munie
d'un surchauffeur. (Fig. 9 à 12.) Elle est tout en acier.
La grille est formée de deux parties, celle d'arrière fixe, celle
o o
Kl
Fio. 10. — Chaudière Weidknecht.
Conpe rerticile.
d'avant mobile par un jeu de leviers à bascule, qui permet, par
son abaissement, de jeter le feu en partie, si on veut nettoyer le
foyer, sans que pour cela il soit besoin de le vider complètement.
L'ensemble est incliné et le combustible arrive sur elle, après
qu'il a été versé préalablement dans une hotte de chargement
placée à l'avant de la chaudière. Des tubes verticaux relient le
46
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
ciel du foyer au bas de la cheminée, pour mieux utiliser le
combustible. Les tubes d'eau sont légèrement inclinés sur l'hori-
/"
V
OOOO
OOOO
OOOO
OOOO
Fig. 11. — Chaudière Weidknecht.
Coupe koriionUle.
Fig. 12. — Chaudière Weidknecht.
Vue en plu.
zontale, pour faciliter le dégagement de la vapeur; ils débouchent
de part et d'autre dans des plaques
detète, pour faciliter le nettoyage
-et le remplacement.
L'alimentation se fait par un
injecteur aspirant Sellers et une
pompe automatique dont on
modifie le débit en agissant sur
l'obturateur de la conduite de retour
d'eau placée en dérivation sur celle
de refoulement.
La chaudière de l'omnibus à lti
places et 300 kg. de bagages de
M. Weidknecht a 27 dm2 de surface
de grille, 6 m2 de surface de chauffe,
87 tubes de 30 mm. de diamètre
extérieur ; elle produit 260 kg. de
vapeur à l'heure, à la pression
moyenne de 1 2 kg. ; elle est tim-
brée à 15 kg.
30. — Chaudières Nègre (type pour
voitures lourdes). — Elle est re-
présentée schéma tiquement par le
fig. 13 : F est le foyer, B le corps cylindrique; entre les deux se
^SSï.OQOO OOOOM?
I
Fig* 13 — Chaudière Mègre.
(Type pour Toitures lourdes)
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 47
trouvent l'eau et la vapeur. Pour allumer le feu de coke, on ouvre
le registre R; quand il a bien pris, on ferme le registre, et les
gaz brûlés ne peuvent se rendre à la cheminée qu'en suivant le
chemin sinueux indiqué par les flèches. L'eau d'alimentation suit
la route inverse : elle pénètre dans un serpentin *4 s, qui la conduit
dans le haut du corpsde chaudière B ; elle s'enrichit progressivement
des calories abandonnées par les gaz de la combustion, et finit de se
vaporiser au contact des tubes/", chauffés directement par le foyer.
Ce générateur a pu donner 6 kg. 5 de vapeur à 14 kg. de
pression par kilogramme de coke ; le modèle ordinaire vaporise
jusqu'à 280 kg. de liquide par heure.
30 bis. — Chaudière Torgan — Elle se compose d un cylindre
horizontal, formant comme l'arête supérieure d'un prisme trian-
gulaire, dont les faces seraient constituées par les tubes k eau
inclinés et la base par la grille horizontale. Chaque tube est
double: le tube extérieur s'ouvre à son extrémité supérieure
dans le cylindre et es t. fermé à la base par un bouchon à vis,
se trouvant hors du feu; le tube intérieur, ouvert aux deux bouts,
débouche en haut dans un collecteur, intérieur au cylindre, et
en bas, près de l'extrémité du tube extérieur. On alimente
exclusivement la chaudière par le collecteur supérieur, l'eau
descend par les tubes intérieurs et remonte par l'espace annulaire,
qui les entoure. Les flammes et gaz chauds sont guidés par des
écrans, qui constituent des tubes de gros diamètre jointifs.
Un générateur de 12 m2 50 de surface de chauffe et 0 m* 60
de grille pèse 900 kg. et mesure 0 m. 85 de long sur \ m. 20
de large et 1 m. 20 de haut, dôme compris. Le rendement,
même à tirage forcé, dépasse, d'après l'inventeur, 7 kg. 50 de
vapeur par kg. de coke, et la production de vapeur, qui, avec
bon feu, est de 750 kg. à, l'heure, peut atteindre avec un très
fort tirage jusqu'à 1000 kg.
Cette chaudière va être appliquée par MM. Turgan et Foy à
un avant-train moteur-directeur ($ 239),.
3i. — Chaudière Thornycroft (fig. 14). — Employée par la
50 l'automobile sur route
environ. Les soupapes de sûreté sont réglées pour une pression
de 18 kilog. ; les tuyaux ont été essayés sous une pression
double !.
33. — Chaudière Gillett. — Employée par le Motor Omnibus
Fio. 17. — Chaudière Gillett.
Syndicale. La fig. 17 en donne une idée très suffisante; elle est
chauffée au coke, alimentée à l'aide d'un injecteur et de deux
pompes, en partie par l'eau provenant de la condensation de la
vapeur d'échappement. La pression normale est de 14 kilog. Les
1. Industries and Iron, 23 novembre 1898, p. 447.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 51
constructeurs parlent d'une durée de mise en pression seulement
égale à 6 minutes, qui nous parait peu vraisemblable !.
Citons pour mémoire la chaudière Freadley s à tubes hori-
zontaux, chauffée au coke (ou si Ton veut au pétrole, mais le coke
donne de très bons résultats), fixée au châssis du véhicule par
des ressorts pour lui éviter les trépidations ; et la chaudière Stan-
ley, chauffée par des brûleurs automatiques au pétrole, dont le
système évite la nécessité d'avoir, comme tant d'autres, de l'air
comprimé et qui donne, paraît-il, une flamme silencieuse et une
bonne combustion 3.
34. — Chaudières à vaporisation instantanée. — Les chaudières de
ce type, ne contenant qu'une quantité d'eau minime, ne pré-
sentent aucun danger sérieux d'explosion. Aussi sont-elles dis-
pensées de tous appareils de sécurité : manomètres, soupapes,
niveaux..., et la circulation en est-elle permise à Paris.
Chaudière Serpollet. — La plus justement connue de ce groupe ;
c'est elle qui est appliquée, depuis quelques années, à la trac-
tion de certains tramways de la capitale. Effectivement ses avan-
tages la rendent éminemment propre à la locomotion automobile :
son élasticité de fonctionnement est extrême ; la surchauffe qu'elle
donne à la vapeur rend celle-ci presque invisible à l'échap-
pement.
Cette chaudière consiste, on le sait, en un circuit de tubes assez
épais, mais dont la section, en forme de croissant, ne laisse à l'inté-
rieur qu'un vide très étroit. Ces tubes sont reliés en tension par
des raccords a écrous en tubes d'acier : l'eau injectée à un bout,
soit à la main avec la pompe de mise en train, soit par le petit
cheval qu'actionne le moteur, sort à l'autre bout sous forme
de vapeur surchauffée.
Dans l'omnibus Serpollet, établi pour 14 voyageurs et leurs
bagages, qui a pris part au Concours des poids lourds de 1898
i. Industries and Iron, 25 novembre 1898, p. 450.
2. Locomotion automobile, lor septembre 1898, p. 552. *
3. Locomotion automobile, 1er septembre 1890, p. 750.
52 l'automobile slk rolte
(§ 326), la longueur du circuit est de 41 mètres (soit 30 m. 80
exposés à l'action directe des gaz de la combustion) ; sa conte-
nance n'est que de 7 à 8 litres, la surface de chauffe est de 7,03
mètres carrés.
La particularité de cette chaudière est d'être chauffée avec de
l'huile lourde, résidu du traitement des goudrons provenant de
la distillation de la houille. Ce liquide, contenu dans un réser-
voir suspendu sous le châssis de la voiture est soumis, au moyen
d'une pompe à air, à une pression variant de 0,250 à 1 ,500 kilog.
par centimètre carré : on peut modifier cette dernière pour acti-
ver ou modérer l'envoi du combustible aux brûleurs. Ceux-ci
sont accrochés au liane de la chaudière, en face d'une ouver-
ture qui permet l'introduction de la flamme dans la chambre
de combustion ménagée au sein du faisceau tubulaire. Les gaz
brûlés, après avoir traversé le faisceau, s'échappent par une che-
minée, qui se divise en plusieurs branches, de façon à annuler
Faction des vents, qui pourraient contrarier leur sortie.
La production moyenne à l'heure est de 200 kilog. de vapeur,
surchauffée à environ 350° centigrades, pour la pression de \ kg.
au-dessus de l'huile. Cette production correspond à une consom-
mation de \ litre de combustible pour 12 1. 8 d'eau vaporisée,
en marche constante. Des brûleurs appropriés permettraient une
production de 350 kg. à l'heure. La chaudière est timbrée à
94 kg. ; elle pèse 1250 kg., elle demande 45 à 50 minutes pour
l'allumage et la mise en train.
Dans ce générateur, comme dans les premiers modèles, chauf-
fés au coke, le volant de chaleur (constitué dans les chaudières
multitubulaires par la masse d'eau) est formé par la masse métal-
lique du tube ; dans un nouveau modèle, destiné aux voitures
légères, alimenté par le pétrole dont on règle l'arrivée suivant
la quantité d'eau que l'on veut vaporiser, cette masse métallique
est devenue à peu près inutile ; aussi a-t-on pu alléger beaucoup
la chaudière : le type de 5 chx, qui pesait 350 kilog., n'en pèse
plus que 45, tout en pouvant vaporiser de 9 à 10 kilog. d'eau
par kilogramme de pétrole consommé.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
33
Ce nouveau type est représenté par les fig. 18 à 22, qui
montrent une chaudière de 0, 92 m2, de surface de chauffe,
destinée à alimenter un moteur de 4 chx. Ses dimensions
(hauteur = 0, 534 m. ; longueur = 0, 412 m. ; largeur =
Coupe Yerti'ale.
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Vue en plan.
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Fia. 18 à 21. — Chaudière Serpollet pour voitures légères.
0, 279 m.) en font un engin bien peu encombrant et bien léger
pour la puissance qu'il est capable de développer.
Il est de forme rectangulaire, avec carcasse en tôle à doubles
parois, laissant entre elles un intervalle bourré de déchets
d'amiante. Le fond amovible porte trois brûleurs dont un seul
est représenté.
54 l'automobile sur route
H est une porte qui permet de surveiller ces brûleurs ; I, un
écran, en tôle doublée de carton d'amiante, pour empêcher le
rayonnement et le refroidissement des raccords des tubes ; K, un
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 55
chapeau percé d'une ouverture par laquelle les gaz de la combus-
tion se rendent à la cheminée.
L'eau injectée pénètre dans le serpentin à deux spires, en tubes
ronds G, qui entoure la chambre de combustion et préserve les
parois de l'action directe de la flamme. Elle passe ensuite dans
la série des tubes torses, dont les quatre rangs sont étages au-
dessus des brûleurs. Enfin, elle pénètre dans les tubes ronds à
leur partie supérieure et redescend jusqu'au rang situé au-des-
sus des tubes torses, par lequel elle sort.
L'inventeur définit le rôle de ces trois éléments de la chau-
dière, en disant que l'eau se réchauffe dans le serpentin du bas,
se vaporise et se sèche dans les tubes torses, se surchauffe dans
les tubes ronds.
La fig. 22 représente le mécanisme employé pour assurer cor-
rélativement son alimentation en pétrole et en eau. Les pompes
A et B, qui sont respectivement chargées de cette alimentation,
ont leurs pistons plongeurs commandés, au moyen de courtes
bielle tte s, articulées sur le levier C, articulé lui-même à sa
gauche, avec une barre rigide ; les distances des articulations
d'une part* les sections des pistons A et B de l'autre sont calcu-
lées, de telle façon que les quantités de pétrole pompées par B
soient exactement celles nécessaires pour assurer la vaporisation
et la surchauffe des quantités d'eau fournies par A. Pour parer à
un déréglage toujours à craindre avec les variations de la tem-
pérature et de la quantité du pétrole, la vis molettée D permet,
en agissant sur le curseur E, de le déplacer le long du levier C,
de manière à modifier la proportion préalablement établie entre
les quantités d'eau et de pétrole.
Ce réglage une fois obtenu, il faut, en outre, pouvoir faire
varier ces quantités avec le travail que le moteur doit développer
pour faire face aux exigences du profil à parcourir et des vitesses
à réaliser. A cet effet, la bielle F, à laquelle le levier C emprunte
son mouvement, a une de ses extrémités commandée par le cur-
seur L, qui peut coulisser entre les deux flasques du balancier
R6 l'automobile sur route
M. Ce balancier oscille autour d'un tourillon établi en son
milieu et reçoit son mouvement d'un excentrique calé sur une
pièce tournante du mécanisme. Or, si l'amplitude de ses oscil-
lations est constante, la bielle P donne au chauffeur la possibi-
lité de faire varier, avec la position du curseur L, le point par
lequel le balancier attaque la bielle K et, par suite, la course des
bielles et des pompes.
Enfin, comme le pétrole est contenu dans un réservoir situé à
un niveau un peu supérieur à celui des brûleurs (ou soumis
à une pression d'air de quelques grammes), il soulève légère-
ment pendant les arrêts de la voiture, en l'absence de toute
action de la pompe alimentaire, les clapets de cette dernière, et
arrive aux brûleurs en quantité simplement suffisante pour assu-
rer leur combustion en veilleuse. De la sorte, la chaudière est
toujours prête à fonctionner et la voiture à repartir, sans qu'on
ait à craindre les coups de feu, que prenaient trop souvent les
tubes, quand, avec le système primitif de l'inventeur, ils conti-
nuaient à être soumis à l'action du coke incandescent, sans être
refroidis par un courant d'eau continu.
Ainsi perfectionné, le générateur Serpollet se prête admira-
blement à l'usage automobile.
35. — Chaudière Le Blant. — Après avoir employé un généra-
teur Serpollet du premier type légèrement modifié, M. Le Blant
a fait breveter, en 1896, une chaudière inexplosible à pression
variable, dans laquelle les tubes d'acier, plus longs que ceux de
M. Serpollet, ont une section annulaire indéformable, un dia-
mètre uniforme à l'intérieur, mais d'autant plus grand à l'exté-
rieur que les tubes sont plus rapprochés du foyer. Une chau-
dière de 15 m2, de surface de chauffe, timbrée à 100 kilog. pèse à
vide 2000 kilog., alimente un moteur de 20 à 30 chx, et peut,
avec un réservoir d'eau chaude, qui emmagasine la vapeur en
excès pendant les descentes et pendant les montées, donner pen-
dant un moment une force de 60 chx.
36. — Chaudière Nègre (type pour voitures légères). — Un fort
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
57
brûleur Longuemare, consommant environ 1 litre de pétrole pour
vaporiser, avec la chaudière en question, l'eau nécessaire à
la production d'un cheval-heure, chauffe 32 tubes étages
au-dessus de lui et réunis en tension. Chacun d'eux est formé
(fig. 23) d'un tube extérieur en acier de* 4 à 5 mm. d'épaisseur et
"de 50 mm. de diamètre, et d'un tube intérieur en fer de 3 mm.
d'épaisseur ; entre les deux une spirale de cuivre forme un canal
hélicoïdal, que l'eau refoulée par la pompe alimentaire est obli-
gée de parcourir. Ce dispositif a pour but de prolonger le con-
tact de l'eau avec le tube extérieur; mais, on peut se demander
si la spirale de cuivre forme cloison bien étanche.
Fig. 23. — Élément de chaudière Nègre pour voitures légères.
Les tubes débordent de quelques centimètres hors des parois
du foyer, et sont raccordés les uns aux autres par des bouchons
et des écrous en bronze et des tubulures en cuivre rouge.
Indépendamment des orifices que les deux bouchons portent
sur leur pourtour, celui du côté de l'entrée du fluide est percé
suivant son axe d'une ouverture, qui donne accès dans le tube
intérieur; lors de la mise en marche, une certaine quantité d'eau
entre dans ce tube, et y demeure tant que la chaudière est suffi-
samment alimentée, parce que la pression de la vapeur l'y main-
tient à l'état liquide. S'il cesse d'en être ainsi, cette eau se vapo-
rise, empêchant pendant un instant les tubes inférieurs de se
brûler.
37. — Chaudières Valentin, et Montier et Gillet. — M. Valentin,
chef des ateliers de la Compagnie Générale des Automobiles, fait
aussi passer l'eau à vaporiser dans l'espace annulaire très petit
58 l'altomobilf. sur route
que comprennent entre eux deux tubes de fer concentriques.
Seulement, les flammes passent à l'intérieur du petit tube,
comme à l'extérieur du grand ; la surface de chauffe s'en trouve
augmentée. L'eau est injectée par une pompe. 11 n'y a pas de poin-
teau, comme dans le système Serpollet primitif. Le chauffage se
fait au moyen de coke, glissant automatiquement sur une grille
inclinée. Le tirage s'effectue par une cheminée très courte ; le
foyer est disposé à l'avant, et la marche assure, paraît-il, un
tirage suffisant. On n'a pas recours à l'injection de la vapeur
d'échappement, afin de pouvoir réemployer celle-ci après l'avoir
condensée, en la faisant passer dans un réseau de tubes à
ailettes. Un détail de construction à noter, c'est que ces ailettes,
au lieu d'être venues de fonte avec les tubes, sont forcées sur
eux.
Le principe de la chaudière Montier et Gillet est analogue à
celui de la précédente. Les flammes s'élèvent entre les tubes
horizontaux, redescendent le long des extrémités de ces tubes,
opposées à la cheminée, et les traversent horizontalement pour
se rendre à cette dernière. La vapeur formée se rend dans des
collecteurs où elle se sèche, comme cela est nécessaire après une
vaporisation aussi rapide.
38. — Chaudière Kécheur. — Chaque élément est formé par un
premier tube vertical en acier, à l'intérieur duquel s'adapte
exactement un autre tube de même métal, mais plus épais,
creusé, dans sa partie voisine du tube extérieur, d'une rainure
hélicoïdale à filet carré, du pas de 15 mm. Il est chauffé par un
brûleur Longuemare (analogue à celui que nous verrons utilisé
pour chauffer les tubes à incandescence des moteurs à pétrole et
comme lui alimenté à l'essence), dont la flamme pénètre dans la
cheminée formée par le tube intérieur, et y produit un appel d'air
et une combustion très active.
Les éléments sont reliés entre eux par des tubulures horizon-
tales, avec joints bien assurés par doubles filetages de sens
inverses, de sorte que le liquide et la vapeur parcourent le circuit
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 39
complet. L'alimentation se fait par une pompe automatique,
dont un levier permet de régler le débit, de manière à faire
varier l'allure de la voiture (il n'y a aucun changement dé
vitesse mécanique). L'eau injectée provient en grande partie de
la condensation de la vapeur d'échappement dans un appareil
qui utilise le pouvoir absorbant de toiles métalliques.
Citons pour mémoire les chaudières Toward et Philipson ',
Tangye et Johnson *.
39. — Considérations générales sur les chaudières à vapeur. — Pro-
grès à espérer. — Telles sont les chaudières le plus communé-
ment employées en automobilisme.
Si nous laissons de côté les chaudières ignitubulaires, assez
justement délaissées en l'espèce, nous voyons que les chaudières
aquatubulaires, à cause de leur poids (1/2 tonne à vide), à
cause de la quantité d'eau qu'elles contiennent (environ 50 kilog.),
assez notable pour qu'une explosion soit à redouter (la simple
rupture d'un tube peut avoir des conséquences graves), mais
trop faible pour que la pression et le plan d'eau ne soient fort
instables, conviennent seulement à la traction de véhicules lourds,
sur lesquels la présence d'un chauffeur expérimenté est néces-
saire. On peut regretter qu'elles ne soient pas munies d'ailettes sur
leurs tubes ; il ne faut pas oublier que M. Baudry a démontré,
sur les locomotives du P.-L.-M., que les tubes à ailettes vapori-
saient 92 kilog. d'eau alors que les tubes lisses n'en vaporisaient
que 75. Ces chiffres absolus ne se retrouveront pas en automo-
bilisme, mais la proportion relative pourra rester la même. Ajou-
tons que les chaudières à tubes pendentifs semblent donner une
mise en marche plus rapide que les autres.
Les voitures légères ne peuvent être munies que de chau-
dières à vaporisation instantanée, chauffées par un combustible
liquide. Ces chaudières, avec l'alimentation proportionnelle en
eau et pétrole, telle que Ta réalisée M. Serpollet, semblent
d'ailleurs fort capables de leur assurer un bon service.
1. Voir Industries and Iron, 25 novembre 1898, p. 456.
2. Voir Locomotion automobile, 9 février i898, p. 89.
60 l'automobile sur route
Les brûleurs employés avec les combustibles liquides sont de
formes très variables, mais reposent tous sur le principe des brû-
leurs à gaz des laboratoires. Dans ceux-ci la pression sous
laquelle le gaz d'éclairage est distribué lui permet d'entraîner la
quantité d'air nécessaire à sa combustion. En automobilisme, on
a le plus souvent recours à la pression de l'air refoulé par une
pompe dans le récipient qui contient l'huile minérale. On emploie
aussi la vapeur de cette dernière, obtenue au début par de petits
brûleurs temporaires, faciles à allumer avec un peu d'alcool et
chauffant le vase clos dans lequel se trouve une certaine quantité
du combustible liquide. On peut encore avoir recours à la vapeur
de la chaudière pour entraîner le combustible et l'air.
Aux avantages que présente incontestablement le chauffage
par les combustibles liquides, on ajoute d'ordinaire celui d'as-
surer une mise en pression plus rapide que le chauffage au coke.
M. Forestier estime que cet avantage est plus apparent que
réel, quand il faut commencer par élever la température des brû-
leurs principaux à l'aide de brûleurs accessoires.
Chaudières tubulaires ou à vaporisation instantanée, ont, à
des degrés divers, l'inconvénient d'être peu économiques 1 :
comme on leur demande une production intensive, les gaz
brûlés en sortent h une température élevée (au moins 400°) ; les
tubes sont sujets à des incrustations fréquentes, qui se com-
pliquent trop souvent d'une grande difficulté pour le nettoyage.
A ces deux points de vue, comme aussi à celui du poids et de
l'encombrement des chaudières tubulaires, il semble qu'on puisse
réaliser quelques progrès. La voie la plus féconde semble
d'ailleurs être celle qu'a suivie M. Serpollet.
L'acier doux, offrant à la traction une résistance de 38 à
42 kilog. par millimètre carré, est presque exclusivement
employé pour la construction de ces générateurs.
1. Quand elles ont vaporisé 6 kilog. d'eau parkilog.de coke, comme
celle de MM. de Dion et Bouton, c'est beaucoup pour elles; cependant le
générateur Serpollet vaporise jusqu'à 9 et 10 kilog. par litre d'huile lourde.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUll 61
2° Moteurs à vapeur.
40. — Les moteurs à Tapeur se prêtent naturellement au service auto-
mobile. — A l'inverse de ce que nous avons constaté à propos du
générateur, il n'a pas été nécessaire, pour adapter le moteur au
service automobile, de lui faire préalablement subir des modifi-
cations importantes. Comme il présentait naturellement les
caractères de simplicité, de sûreté, d'élasticité, et, abstraction
faite de la chaudière, de légèreté, que requérait ce nouvel usage,
il lui a été appliqué tel quel, et nous pouvons presque dire sous
les diverses formes qu'il est capable de revêtir. Effectivement,
bien qu'il n'ait encore donné de résultats pratiques que sous le
type alternatif, à cylindres fixes, avec simple ou double expan-
sion, il a été essayé sous les types oscillant et rotatif. Aussi
pouvons-nous, pour passer en revue les diverses applications,
qui en ont été faites, suivre l'ordre méthodique d'une véritable
classification des moteurs à vapeur.
41. — Moteurs alternatifs à simple expansion à cylindres oscillants.
— Moteur Ravel. — Le moteur employé pour le tricycle de 1868,
était constitué par deux cylindres oscillants, marchant assez
lentement (100 tours par minute) pour que les manivelles aient
pu être directement attelées à l'essieu moteur, parce qu'à ce
régime la machine était censée supporter impunément le contre-
coup des chocs de route. Cette solution n'a pas été imitée, pro-
bablement parce qu'elle était trop destructive pour le mécanisme,
et que malgré l'élasticité de fonctionnement du moteur, dont la
locomotive fournit la preuve si tangible, la crainte des chocs de
route forçait à maintenir la vitesse à un taux par trop bas. On
ne peut s'empêcher de le regretter, car en se passant des trans-
missions par engrenages ou autres, à plusieurs vitesses, ce dis-
positif permettait une simplicité qu'on ne retrouve pas en dehors
de lui. Sans compter que, si au lieu de prendre un moteur à deux
cylindres actionnant le même essieu, on emploie deux moteurs à
62 l'automobile sur route
un cylindre commandant chacun une roue, on supprime aussi la
nécessité de cet organe toujours compliqué, qui s'appelle le dif-
férentiel. Qui sait si, un jour, une ingénieuse découverte, par
exemple celle d'une suspension capable d'amortir suffisamment
les chocs de route, ne permettra pas d'y revenir?
42. — Woteors alternatifs à simple expansion, à cylindres fixes. — A)
A deux cylindres inclinés a 45°. — Moteur Bollée. — Ce moteur a
un distributeur rotatif équilibré permettant la détente et le chan-
gement de marche. Avec la chaudière décrite (§ 27), deux cylindres
de 0,15 m. de diamètre et de 0,16 m. de course pour les pistons,
donnent une force moyenne de 15 chx., qui peut être poussée
jusqu'à 30.
43. — B) A deux cylindres parallèles. — Moteurs Serpollet
(1« type), Le Blant, Scott, Weidknecht. — C'était le cas des
premiers moteurs Serpollet. C'est aussi celui des machines que
ce constructeur emploie pour les poids lourds, notamment pour
l'omnibus qui a pris part au concours de 1 898 : les deux cylindres
ont 120 mm. d'alésage et 100 mm. de course; la distribution s'y
effectue à l'aide d'un tiroir plan, mû par une coulisse Stephen-
son, dont le secteur a divers crans correspondant aux admissions
de 16, 33, 35 et 75 °/0; le cran le plus usité, même sur des
rampes dépassant 50 mm., est celui de 33 °/0. La puissance
moyenne de ce moteur est de 15 chevaux, à la vitesse de 415
tours à la minute ; sur les rampes, il peut exceptionnellement
développer jusqu'à 40 chevaux, grâce à l'élasticité de production
et de pression du générateur. Le moteur ne pourrait d'ailleurs
suivre, d'une façon courante, de trop grandes productions de la
chaudière sans souffrir, dans ses garnitures et frottements, de la
température correspondant à une pression trop élevée. La limite
de cette dernière a été arbitrairement fixée à 15 kg. par centi-
mètre carré. Les transmission du mouvement de l'arbre du
moteur aux roues du véhicule sont combinées de manière que,
cette limite une fois atteinte avec la première vitesse, on n'ait
qu'à embrayer la seconde pour augmenter l'effort de traction,
sans que la pression se trouve modifiée.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS À VAPEUR G3
C'est aussi le type à deux cylindres égaux parallèles, qu'a
adopté M. Le Blant. Son moteur, à deux cylindres de 170 mm.
de diamètre, avec course de 180 mm., a son admission par tiroirs
cylindriques équilibrés pouvant varier de 10 à 80 0/0, par une
distribution Walschaërts, qui, on le sait, a l'avantage de suppri-
mer un excentrique et de marcher à tous les crans de détente,
sans changer l'avance linéaire des tiroirs, tandis que la coulisse
de Stephenson diminue l'avance à l'admission dans le voisinage
du point mort. Ce moteur, du poids de 450 kilog. a une force
moyenne de 15 à 20 chx, pouvant aller jusqu'à 30; il tourne
ordinairement à la vitesse de 180 à 200 tours par minute.
Le moteur de 20 à 30 chx, capable d'en fournir exception-
nellement 60, a des cylindres de 200 mm. de diamètre et une
course de 220 mm. ; il pèse 900 kilog.
M. Scott emploie le type pilon, à deux cylindres verticaux à
double effet. Le moteur de l'omnibus, qui a figuré au Concours
des poids lourds, de 14 chx. de force, a des cylindres de
0, 110 m. de diamètre et une course de 0, 115 m. La distribution
et le changement de marche se font par le jeu ordinaire d'excen-
triques et de coulisses : l'admission peut se prolonger durant 70 0/o
de la course motrice ; le moteur tourne normalement à 400 tours ;
son poids est de 270 kilog.
M. Weidknecht, pour son omnibus à quinze places et à 500
kilog. de bagages, employait un moteur de 20 chx, dont les
cylindres avaient 125 mm. de diamètre et autant de course, à dis-
tribution radiale, sans coulisse, du système Solms, assurant une
détente variable dans de larges limites (10 à 83 °/0), marchant
normalement à 350 tours par minute.
Le type pilon est aussi adopté par la Lancashire Steam motor
C°, dont la machine n'est pas réversible, par M. D. Martyn,
M. Freakley, M. Stanley. Dans le moteur Freakley, pour
voiture à trente places, chaque cylindre a 11,5 cm. de dia-
mètre et 22 cm. de course; la distribution se fait par tiroir et
coulisse de Stephenson. Dans le moteur Stanley, pour voiture à
64
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
deux [places, les pistons ont 5 cm. de diamètre et 9 cm. de
course.
44. — C) A trois cylindres a 120°. — Moteur Kécheur (fig. 24
et 25). — Les trois cylindres à double effet rayonnent autour
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 65
d'un bâti à section triangulaire A, qui leur sert de boîte à vapeur
commune. La distribution se fait par trois tiroirs sous la com-
mande de la came C, calée sur l'arbre moteur v. La tige de
chaque piston tel que a1, guidée par le cadre y, porte un cadre
a2, dans lequel se meut le doigt m, faisant corps avec un pignon
gr, qui est ainsi forcé de tourner. Les pignons engrènent avec la
roue dentée formant volant R calée sur l'arbre moteur.
Kig. 26. — Moteur Nègre.
Vue extérieure.
45. — D) A quatre cylindres. — Moteurs Nègre et Serpollet. —
Dans le type adopté par M. Nègre, les quatre cylindres sont
disposés en croix. Les fig. 26 à 28 en montrent les dispositions.
Les quatre pistons, à simple effet, ont leurs tiges deux à deux en
prolongement l'une de l'autre, et reliées à un cadre elliptique. Les
deux cadres embrassent un galet, dont Taxe de rotation est fixé
sur un excentrique solidaire de l'arbre moteur. La distribution
G. Layeagke. — L Automobile sur route. 5
66 L'AUTOMOBILE SUIl ROUTE
est assurée par deux tiroirs plans manœuvres par un seul excen-
Fio. 27. — Moteur Nègre.
Coupe rerlicale par l'axe.
trique. Lorsque l'admission commence derrière un piston, et
IkWI
Fio. 28. — Moteur Nègre.
Coupe TerUeale perpendiculaire à l'axe.
l'échappement derrière le piston opposé, les deux autres pistons
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 67
sont au milieu de leur course. Dans ces conditions, il n'y a pas
de points morts, et l'action du moteur sur l'essieu est plus
régulière.
La vapeur est admise dans la boîte à tiroirs par la tubulure
supérieure (fîg. 26) ; après avoir travaillé, elle s'échappe à travers
la coquille du tiroir correspondant dans un canal communiquant
avec le tuyau visible sur la droite de la figure 26.
On voit comment agit le levier de changement de marche ;
lorsqu'on le fait passer d une position extrême à l'autre, les
tiroirs coulissent sur leur plateau et renversent la distribution.
Les positions intermédiaires correspondent à des variations
de la détente et la position médiane à l'arrêt.
Un moteur à pistons de 10 cm. de diamètre et de 6 cm. de
course, alimenté par de la vapeur k 10 kilog., donne, paraît-il,
8 chx k 200 tours; avec de la vapeur à 15 kilog., il donne
12 chx à 400 tours, 15 à 20 à 1.000.
Dans le nouveau moteur Serpollet, les quatre cylindres sont
parallèles et à simple effet : leurs bielles attaquent l'arbre moteur
par deux manivelles à 90° ; cet arbre est donc dans les mêmes
conditions que s'il était commandé par deux cylindres à double
effet. Les bielles des deux pistons qui se font face ont leurs
têtes, en forme de demi-coussinet, réunies sur le même mane-
ton par les colliers D, D' : ces colliers, qui permettent le jeu
angulaire nécessaire aux têtes de bielles n'ont en marche aucun
effort à supporter (fig. 29 à 31).
Les quatre cylindres horizontaux A, A', A", A", venus de
fonte deux à deux, sont disposés par paires de chaque côté d'un
carter en aluminium B, qui porte en outre la boîte des cames de
distribution.
Celle-ci est assurée d'une façon très simple, par les soupapes
d'admission E et par les lumières d'échappement F. Ces der-
nières, placées à la partie supérieure des cylindres, sont simple-
ment découvertes par les pistons arrivés k la moitié de leur
course utile. Quant aux soupapes d'admission, placées au-dessus
68
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
des fonds des cylindres, elles sont commandées respectivement
par quatre cames, montées sur un arbre qui reçoit son mouve-
Demi-élévation
Demi-conpe nti*l«
Fie 29 et 30. — Moteur à vapeur Serpollet à 4 cylindres.
ment de rotation de l'arbre moteur par l'intermédiaire de deux
roues dentées égales G, G'. Chacune de ces cames porte une
saillie qui, développée, représenterait un triangle dont un côté
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
69
coïnciderait avec une génératrice et un autre formerait une por-
tion d'hélice autour du cylindre qui constitue le corps de la
came. La liaison entre les tiges des soupapes et les cames est
établie par les butoirs H, dont les vis K permettent de régler la
longueur et dont les extrémités intérieures portent les galets I,
que les ressorts J maintiennent contre les cames.
En tournant, la saillie des cames attaque les galets par
D'*Dii-*ue en LcuL
Fui. 31. — Moteur Serpollel.
l'arête qui est parallèle à leur axe, et dont la position angulaire*
correspond à une avance donnée. En continuant son mouvement,
la saillie laisse retomber le galet, et par suite la soupape d'ad-
mission, lorsque le galet a dépassé l'arête qui forme une portion
d'hélice. Il s'ensuit que la période d'admission sera d'autant plus
longue que le cercle de roulement des galets s'éloignera davan-
tage de la pointe de la saillie : à cet effet, l'arbre des cames est
carré et il peut coulisser dans la roue dentée ainsi que dans les
bagues qui lui servent de tourillons. En lui imprimant un mou-
vement longitudinal, le chauffeur peut à son gré faire varier l'ad-
mission de 0 à 80 °/0.
70 l'automobile sur route
Les avantages de ce moteur sont les suivants :
Les cylindres étant à simple effet, les coussinets de tête et de
pied de bielle ne quittent jamais le contact des tourillons et ne
subissent aucun effet de matage, provenant du changement de
sens de la course du piston.
Il n y a ni presse-étoupes, ni tiroirs glissants difficiles à con-
server é tanches, à lubrifier et à préserver du grippage. Tous les
organes en mouvement sont enfermés dans des boîtes, qui les
mettent bien à l'abri de l'air et de la poussière.
Le moteur peut marcher à une très grande vitesse.
L'influence de l'espace nuisible est supprimé : en effet, la
compression a lieu pendant environ 90 °/0 de la course arrière,
sans qu'elle puisse cependant dépasser la pression du générateur,
car dès que cette pression est atteinte la soupape se lève auto-
matiquement et l'excès de vapeur sort du cylindre pour rentrer
dans la chaudière et en revenir à la course avant suivante.
La consommation de vapeur est des plus réduites : un moteur
développant environ 4 chx h 510 tours par minute, avec deux
cylindres de 80 mm. de course et autant d'alésage, ne dépense
pas 10 kilog. de vapeur par cheval-heure.
Nous pouvons ajouter que dans le récent concours des poids
lourds d'octobre 1898, M. Serpollet a engagé un omnibus, capable
de transporter 16 voyageurs avec leurs bagages; le moteur, d'une
puissance de 15 chx, était alimenté par un générateur, chauffé
aux huiles lourdes provenant de la distillation du pétrole,
Ces huiles, dont un litre vaporise 13 kg. d'eau (elles dégagent
un nombre de calories très sensiblement supérieur à celui que
donnent le pétrole lampant et l'essence) et ne coûte que 0, 15 fr.,
sont des plus économiques, et dès lors particulièrement pré-
cieuses pour la traction des poids lourds, qui doit viser au prix
de revient le plus réduit. Les huiles lourdes actionnaient déjà,
sans nécessité de ravitaillement en cours de journée, le tramway
de la Bastille à la Porte Clignancourt, du système Serpollet.
A ce nouveau concours des poids lourds, elles ont pour la
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 71
première fois fait leurs preuves en locomotion sur route, et elles
les ont faites très brillamment, car l'omnibus a subi avec succès
les rudes épreuves spécifiées au programme (§ 326).
46. — E) A six cylindres. — Certains moteurs Serpollet, ana-
logues au moteur que nous venons de décrire, ont six cylindres,
au lieu de quatre.
Dans le moteur Clarkson-Capel de 8 chx. ', il y a six cylindres
à simple effet, de 0 m. 050 de diamètre, de 0 m. 150 de course.
Cette multiplicité de cylindres donne une si grande régularité,
que la machine pourrait, paraît-il, se passer de volant : l'équili-
brage des manivelles serait si précis que le moteur pourrait mar-
cher à pleine vitesse, simplement suspendu par une corde. Les
cylindres n'étant qu'à simple effet, les joints travaillent toujours
dans le même sens, et conservent ainsi plus longtemps leur
étanchéité. La distribution et le changement de marche se font
par coulisses et excentriques.
La machine est, pour une très grande part, alimentée par l'eau
provenant d'un condenseur tubulaire de 315 m. de longueur, sur
lequel sont enfilés des anneaux de fil de fer en spirale servant de
radiateurs, et constamment refroidi par un ventilateur : dans
l'atelier, elle aurait marché pendant 21 heures consécutives, sans
que la perte de liquide eût atteint 22 litres.
47. — Moteurs alternatifs à double expansion A) A deux cylindres.
— Moteurs de Dion-Bouton, Gillett, de la Liquid Fuel Engineering C°,
de la Steam Carnage and Wagon C°. — C'est le type adopté
par MM. de Dion et Bouton. Les deux cylindres sont disposés
horizontalement, chacun d'un côté de Taxe longitudinal du trac-
teur ou de la voiture automobile. Leurs manivelles sont calées à
90° pour assurer la régularité de la marche et faciliter les démar-
rages. Une valve spéciale appelée « dépiqueur » permet, quand
on veut donner un coup de collier, d'admettre directement la
vapeur dans le grand cylindre.
1. Voir Industries and Iron, 25 novembre 1898, p. 465.
72 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Dans certains de ces moteurs, la détente est uniformément de
25 °/0; c'est alors en agissant sur le robinet de prise de vapeur
qu'on fait varier l'admission et le travail. Dans la plupart de ceux
qu'on construit maintenant, le taux de l'admission normale est
d'environ 75 °/0, mais une coulisse Walschaërt permet de la faire
varier.
Toutes les pièces en mouvement du moteur sont enfermées
dans un carter en fonte, qui lui sert de bâti; le graissage se fait
alors par simple barbotage. Pour permettre les visites, deux
grands flasques latéraux et un couvercle du carter peuvent s'en-
lever.
Voici quelques chiffres relatifs aux deux moteurs du Concours
des poids lourds de 1897 :
Omnibus Tracteur
Diamètre du petit cylindre 0,100m. 0,115 m.
— grand cylindre 0,190» 0,195 »
Course du piston 0,170 » 0,170 »
Consommation, par cheval-heure, à la J en coke 1,500 k. 1,500 k.
vitesse de 18 kilom. à l'heure j en eau 9 litres 7 litres
Puissance a 680 tours par minute 25 chx. 35 chx.
Admission normale dans le petit cylindre 75 % 75 °/0
Taux de détente dans le grand cylindre 75 » 75 »
Poids du moteur et des transmissions, carter
compris 800 k. 950 k.
Dans le moteur Gillett du Motor Omnibus Syndicale , type
pilon, à renversement.de marche, les cylindres ont respective-
ment 0 m. 100 et 0 m. 200 de diamètre; leur course commune
est de 0 m. 125. Il fait 600 révolutions par minute pour 12 milles
(19 kilom. 308) à l'heure. Il actionne un omnibus à 25 places :
pour le démarrage, on peut admettre la vapeur directement dans
le grand cylindre.
Le moteur de la Liquid Fuel Engineering C° a ses deux
cylindres horizontaux. Les manivelles, glissières, tiges de con-
nexion, excentriques et transmissions de pompes agissent dans
des boites à moitié remplies d'huile, dans lesquelles l'eau des
cylindres ne peut pénétrer. La distribution, qui se fait par tiroirs
cylindriques, est bien mise en évidence par la fig. 32.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 73
La Steam Carriagc and wagon Cc emploie une machine hori-
zontale compound entièrement, enfermée, dont les cylindres ont
102 et 178 mm. de diamètre, et une course de 127 mm., pour le
74
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
fourgon de 2 */2 tonnes et le camion de 5 tonnes, qu'elle avait
engagés au Concours des Poids lourds de Liverpool (mai 4898).
48. — B) A trois cylindres. — Moteur Bourdon-Weidknecht.
— Nous signalons pour mémoire le moteur compound à trois
cylindres, employé par MM. Bourdon et Weidknecht dans leur
omnibus à 30 places ; il a deux cylindres admetteurs extrêmes,
à manivelles calées à 90° et un détendeur dont la manivelle est
à 135° des précédentes. Le distributeur à changement de marche
et à détente variable, permet une admission de 10 à 87 °/0. Ce
Fig. 33. — Moteur rotatif à vapeur
(système épicycloïdal Gérard).
Période «l'aiimU^ion.
Fio. 34. — Moteur rotatif À vapeur
(système épicycloïdal Gérard).
Période de détente.
moteur développe normalement une force de 25 'chx, pouvant
exceptionnellement être portée à 30 ou 35. Il faut compter envi-
ron un cheval de puissance par voyageur transporté, pour être
assuré de démarrer, et de monter les longues rampes de 5 à
7 cm. par mètre à une vitesse de 8 à 12 kilom. à l'heure. Pour
25 chx, la consommation est environ de 3 kilog. de coke et de
18 à 22 litres d'eau par kilom.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 73
On a vu que le constructeur a renoncé, pour son omnibus à
16 places, au système compound et qu'il a adopté un moteur à
cylindres égaux.
49. — Moteurs rotatifs. — Moteurs Gérard, P. Arbel-Tihon, Lambilly.
— Nous n'avons pas besoin de faire remarquer combien serait
rationnelle l'application de ce genre de moteurs à la locomotion
automobile ; et nous ne pouvons qu'approuver les efforts faits par
certains constructeurs pour la réaliser. Ces tentatives ont abouti
à la création de types intéressants qui, malheureusement, n'ont
pas encore fourni dans la pratique des preuves suffisantes.
MM. Gauthier et Wehrlé ont étudié une machine rotative,
dans laquelle la distribution se fait au moyen d'une palette, que
la vapeur (ou le mélange gazeux) appuie contre le cylindre fai-
sant l'office de piston. Pour marcher au gaz, on accouplerait deux
de ces moteurs, le premier aspirant le mélange et le refoulant
après compression dans le second.
La Compagnie Générale des automobiles, dirigée par M. Triou-
leyre, construit un omnibus à vapeur, qui doit être actionné par
un moteur rotatif épicycloïdal (système A. G.) que représentent
nos figures 33 à 36. Le fonctionnement de ce moteur est assuré
par le jeu de trois disques d calés excentriquement en b sur
l'arbre moteur, et qui, sous la pression de la vapeur, roulent
dans un tambour cylindrique (dans ce mouvement, un point
quelconque de l'un des disques décrit une épicycloïde ; de là,
Tépithète « d'épicycloïdal » donnée au moteur). La figure 33 cor-
respond à la période d'admission pour le compartiment considéré :
l'inclinaison de la rotule h, qui est évidée sur la moitié de son
pourtour, permet à la vapeur venant de l'orifice e, à travers le
tiroir g> de s'introduire dans le cylindre, où elle force le disque d
à rouler sur ce dernier. Quand le disque arrive à la partie infé-
rieure du cylindre, la partie pleine de la rotule g obture l'entrée
de la vapeur ; l'admission cesse, et la détente commence (fig.
34). Quand le disque piston est parvenu à la position de la fig.
35, l'orifice f commence à se découvrir ; c'est le début de la
période d'échappement.
76
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
On a pu obtenir, avec un moteur de ce genre, toutes les
vitesses intermédiaires entre 60 et 24.000 tours à la minute. La
possibilité de marcher à faible vitesse permet, sinon de suppri-
Fio. 35. — Moteur à vapeur (système cpicycloïdal Gérard).
Coape verticale perpendiculaire a l'axe.
Fia. 35-36. — au, cloisons divisant le corps cylindrique en trois compartiments réservés chacun à
un disque piston d\ bbb, portées de l'arbre moteur, calées à 120* les unes des autres et serrant de
manivelles aux disques -nUlons, avec roulements sur billes atténuant les frottements; ddd, Disques-
f usions, excentrés sur 1 arbre moteur et roulant dans les tambours cylindriques qui leur servent de
ogements; <?/", oriGces d'admission et d'échappement de la vapeur; ggg, tiroirs de distribution; hhh.
rotules réglant la détente par les inclinaisons qu'elles prennent en suivant dans leur mouvement les
disques rf; //.couronnes à segments chargées d'assurer l'étanchéité entre les faces latérales des disques et
les cloisons ou les fonds du cylindre. Le long des génératrice* de roulement des disques et du cylindre,
l'étanchéité est assurée par la pression de la vapeur sur les disques ; rr, ressorts appliquant les segments
des couronnes ec, contre les cloisons et les fonds du cylindre.
mer, du moins de simplifier beaucoup les trains d'engrenages
réducteurs ordinairement nécessités par les moteurs rotatifs. La
consommation de vapeur a été trouvée, lors des premiers essais,
inférieure à 25 kilog. par cheval-heure.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR
77
M. P. Arbel a exposé aux Tuileries, en 1898, un moteur rota-
tif dit moteur rR2, dont nous empruntons la description à
M. R. Soreau *. Le corps de pompe est un cylindre horizontal sur-
monté d'un chapiteau où se trouvent les organes de distribution
Fig. 36. — Moteur rotatif à vapeur (système épicycloïdal Gérard).
Coupe verticale par l'axe.
(fig. 37). Le piston est formé : 1° d'un autre cylindre de même lon-
gueur, guidé de façon il rouler sur le corps de pompe ; à cet effet,
ce cylindre enveloppe deux cames fixées sur l'arbre moteur ; 2° d'une
cloison qui fait corps avec le cylindre mobile et glisse dans un
genou placé à la base du chapiteau. Deux robinets sont disposés
symétriquement par rapport au genou : l'un sert à l'admission,
1. Mémoires de la Société des Ingénieurs civils, juin 1898, p. 1010.
78
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
l'autre à l'échappement ; tous deux sont commandés par une
seule manette, de sorte qu'en ouvrant le premier on ferme le
second et qu'on change le sens de la marche. L'entraînement
du cylindre-piston sous la pression de la vapeur provoque, par
l'intermédiaire de bielles, l'entraînement des deux cames, et par
conséquent de l'arbre moteur. L'étanchéité des joints est obte-
Fio. 37. — Moteur rotatif à vapeur (système Arbel-Tihon).
nue par des bouchons de liège, introduits à grande compression
dans des alvéoles, de façon à affleurer sur les faces latérales de
tout le piston ; ces bouchons se gonflent par l'humidité de la
vapeur, et forment, dit l'inventeur, un joint excellent à frottement
très doux. Un seul graisseur lubrifie toutes les surfaces. Un
moteur de 140 kilog. donnerait 6 chx sur l'arbre avec de la
vapeur à 10 kilog.
CHAUDIÈRES ET MOTEURS A VAPEUR 79
M. de Lambilly a exposé, aux Tuileries, en 1899, un moteur
rotatif caractérisé par le travail simultané de deux palettes, qui
entraînent l'arbre moteur par le moyen d'un anneau calé sur lui,
Tune des palettes étant actionnée à l'extérieur de cet anneau,
pendant que l'autre Test à l'intérieur. La distribution et le chan-
gement de marche se produisent par l'oscillation, dans un sens
ou dans l'autre, d'un disque pourvu d'une manette et percé de
deux lumières, qui viennent en communication avec celles prati-
quées dans le fond du moteur pour l'admission et l'échappement.
L'étanchéité serait assurée par un réglage du cylindre (à l'inté-
rieur duquel tourne l' anneau-piston) dans le sens vertical et de
Tanneau-piston dans le sens horizontal et par Faction de ressorts
appliquant les segments mobiles, dont sont armées les palettes,
sur les parois du cylindre. Le modèle exposé comporterait un
travail théorique de 9 kilogrammètres par tour et par kilogramme
de pression ; il tournerait facilement à 1500 tours par minute et
donnerait 8 chevaux.
50. — Considérations générales sur les moteurs à vapeur. — Progrès à
espérer. — La première condition à leur demander, c'est la
simplicité. La disposition compound doit être réservée aux voi-
tures lourdes, car la détente multiple n'a d'effet appréciable
que pour les fortes machines. On estime que c'est seulement à
partir de 1 5 chevaux-vapeur que l'économie résultant de la meil-
leure utilisation du fluide compense l'augmentation de poids et
de frais résultant de l'adjonction du deuxième cylindre.
M. Lencauchez conseille de surchauffer les enveloppes des
cylindres par un courant de vapeur h haute pression. C'est une chose
bonne à faire malgré l'augmentation de poids qu'elle entraîne.
Il a aussi démontré que la condensation de la vapeur n'était pas
indispensable pour arriver au minimum de la consommation;
on n'a donc pas à regretter beaucoup que le condenseur à eau soit,
par suite de la quantité de liquide qu'il consomme, impossible à
admettre sur une automobile. En revanche, le condenseur à air
doit, à notre avis, être employé parce qu'il permet de faire res-
80 l'automobile sur route
servir l'eau, et qu'il augmente la longueur des parcours sans
ravitaillements. Il ne faut pas oublier que la difficulté de ces der-
niers est encore accrue par la nécessité de se procurer un liquide
d'un titre hydrotimé trique convenable, afin de ne pas s'exposer à
trop d'incrustations. L'adjonction d'un condenseur serait d'ail-
leurs impossible, si on n'employait pas pour le graissage de
l'huile minérale : toute autre serait saponifiée, surtout aux hautes
pressions, et les acides organiques mis en liberté corroderaient
les tuyaux; même, avec l'huile minérale, il faut qu'elle ne
pénètre pas en quantité notable dans la chaudière, car en s'éta-
lant sur ses parois elle risquerait d'amener des coups de feu.
Les perfectionnements à espérer sont minimes : le moteur à
vapeur a fourni déjà une longue carrière ; son rendement est,
comme nous le verrons (§ 335), fort limité *. L'unique grand pro-
grès qu'on puisse escompter est la réalisation d'un moteur rotatif
pratique. Le seul dont l'emploi soit encore courant, la turbine à
vapeur, n'est pas applicable en l'espèce, parce que son rende-
ment n'est bon qu'à partir d'un nombre de tours par seconde
très grand, qui entraînerait, sur une voiture automobile, l'emploi
d'organes de démultiplication très lourds et absorbant beaucoup
de travail.
1. Un moteur de Dion-Bouton, de 25 à 35 chx, consomme par cheval-
heure, à la vitesse de 18 kilom. de la voiture, 1 k. 500 de coke, 9 k. de
vapeur à 7 kilog. de pression. Un moteur Serpollet à simple effet de
4 chx consomme 10 kilog. de vapeur.
CHAPITRE II
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
1° Les Carburateurs
51. — Pétrole lampant et essence de pétrole. — C'est assez impro-
prement qu'on appelle moteurs à pétrole les moteurs que nous
allons étudier dans ce chapitre, car la presque universalité en est
actionnée par l'essence de pétrole ou gazoline, ce produit de la
distillation du pétrole brut qu'on recueille entre 70° et \ 20° cen-
tigrades, et dont la densité varie de 0.690 à 0.735. La meil-
leure essence est celle dont le poids spécifique est de 0.700 à 15°,
qui bout à 90°. Ce poids spécifique doit, en tout cas, être compris
entre 0.675 et 0.710 ».
i. Si l'essence essayée au densimètre n'est pas à la température de 15°,
il faut ajouter ou retrancher à l'indication de celui-ci autant de fois 0.8
que le thermomètre marque de degrés au-dessus ou au-dessous de 15.
Ainsi à 30°, il faut ajouter 12; à — 15°, il faut retrancher 24.
Les indications du densimètre ne sont pas sans appel. Les essences,
résultant du mélange de benzines extra-légères et de pétroles lourds,
peuvent être ramenées au poids spéciGque voulu et ne rien valoir pour
les automobiles, parce que, dans le carburateur, il se produit fort vite un
départ entre les parties les plus volatiles et les autres, et que la carbura-
tion ne tarde pas à devenir impossible.
La bonne essence se fabrique en rectifiant et purifiant par l'acide
sulfurique et la soude le produit de la distillation des pétroles bruts dans
les limites de température que nous avons dites. Klle est absolument claire,
a une odeur douce ; quelques gouttes dans le creux de la main s'évaporent
rapidement sans laisser aucun résidu. Même quand elle est de bonne
qualité, il est prudent de ne pas en utiliser la lie, la r/ueun du bidon.
La bonne essence à 0. 700 coûte hors Paris 0 fr. 35 à 0 fr. 40 le litre ;
dans ce prix la valeur marchande entre pour moitié et les droits de douane
pour autant. A Paris, il faut lui ajouter 0 fr. 21, prix du droit d'entrée par
litre.
G. Lavebokk. — L'Automobile sur route. 6
82 l'automobile sur route
Et cependant, à deux points de vue, l'essence présente par
rapport au pétrole lampant, une infériorité marquée. Elle coûte
plus cher. Sa volatilité est, dans les manipulations, une menace
permanente de danger : en Amérique où la prudence n'est pas,
en général, poussée à l'extrême, on interdit dans les ménages
l'usage de la lampe à essence. On ne saurait donc trop recom-
mander aux chauffeurs de manipuler la gazoline avec précau-
tions, loin de toute flamme. Ce qui prouve d'ailleurs qu'elle mérite
une certaine méfiance, c'est que, chez nous, jusqu'au jour en-
core très voisin, où les automobiles ont utilisé les moteurs à
essence, ceux-ci, malgré leur simplicité, sont restés presque sans
emploi.
D'où vient donc la préférence donnée à l'essence sur le pétrole
lampant? Des trois raisons suivantes : avec elle, les ratés dans
l'inflammation du mélange carburé sont plus rares ; sa combus-
tion ne laisse que fort peu de résidus et encrasse beaucoup moins
les moteurs; enfin, et surtout, la préparation du mélange car-
buré est plus simple et plus sûre qu'avec le pétrole lampant.
La première qualité qu'il faut demander à un moteur d'auto-
mobile, c'est, en effet, la simplicité ; or, dans le moteur à pétrole,
le carburateur est parfois assez compliqué ; il peut être beaucoup
plus simple avec l'essence, ainsi que va nous le montrer l'étude
détaillée des carburateurs employés en automobilisme.
52. — Carburateurs. — Pour être explosible, le mélange d'air et
de vapeur d'essence doit être fait dans certaines proportions
déterminées. Si à 1 volume de vapeur, on ajoute 8 à iO volumes
d'air, on obtient un gaz riche, analogue au gaz d'éclairage, qui
brûlerait sans exploser. Il faut, pour avoir un mélange tonnant,
ajouter à ce gaz riche encore 9 à 10 volumes d'air. Dans beau-
coup de carburateurs, on retrouve ces deux échelons pour la
dilution de la vapeur d'essence, et par suite deux entrées d'air
distinctes.
La préparation du gaz riche se fait par l'évaporationde l'essence
au contact de l'air, évaporation parfois aidée, surtout en hiver,
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 83
par la circulation autour du liquide d une partie des gaz de
l'échappement ou de l'eau qui a refroidi le cylindre *.
Le contact des deux fluides est obtenu, soit en faisant barboter
l'air dans le liquide, soit en l'amenant simplement à lécher
l'essence, soit en soumettant cette dernière à une division préa-
lable, et cela nous amène à distinguer trois classes de carbura-
rateurs : à barbotage, à simple léchage, à pulvérisation.
53. — Carburateurs a barbotage. — Ils ne sont plus très
employés ; en tout cas, il faut proscrire ceux qui ne sont pas à niveau
constant s. Si, en effet, le gaz ne traverse pas toujours une égale
épaisseur de liquide, il ne s'enrichit pas d'une façon uniforme. Mal-
gré la constance du niveau, l'enrichissement peut varier avec la
vitesse de passage de l'air ; il varie certainement avec la compo-
sition de l'essence, parce que celle-ci abandonne, les premières,
ses parties les plus volatiles, et s'appauvrit peu à peu ; si bien
que, pour avoir une carburation toujours suffisante et éviter
l'entraînement des particules solides, qui encrasseraient fort
vite le cylindre, on est obligé de vider de temps à autre le
carburateur, sans utiliser intégralement l'essence. Le carbura-
teur à barbotage a aussi le défaut d'être assez encombrant. Mais
il a l'avantage d'être fort simple : la constance du niveau est
facile à obtenir automatiquement à l'aide d'un flotteur ou par le
dispositif des abreuvoirs d'oiseaux. Aussi est-il encore utilisé
par de très bons constructeurs, notamment par M. Delahaye.
54. — Carburateurs a simple léchage. — Carburateurs Benz,
1. L'essence froide ne se volatilise pas assez; l'essence chaude se vola-
tilise trop; on comprend que pour la maintenir à la tiédeur voulue, il faut
pouvoir faire varier la quantité de gaz ou d'eau qu'on charge de la
réchauffer. Dans le tricycle de Dion-Bouton, par exemple, une espèce de
vis-bouchon est disposée à l'extrémité du tuyau réchaufTeur, qui peut
faire varier la section utile de ce tuyau. Cette vis se perd souvent;
M. Wolff a imaginé pour la remplacer ce qu'il appelle un régulateur, et
qui est tout simplement une clé en bronze ciselé, fixée solidement à la
place de la vis-bouchon.
2. Pour améliorer les carburateurs dont le niveau n'est pas constant,
M. P. Rapin a imaginé un flotteur-régulateur, qui peut assez facilement lui
être ajouté [Locomotion automobile, 26 mai 1898, p. 325).
84 l'automobile sur route
Tenting, de Dion-Bouton, Aster. — Plus nombreux que les précé-
dents, dont ils partagent d'ailleurs les qualités et les défauts,
à cela près qu'ils peuvent plus facilement se passer de la constance
du niveau, et qu'ils sont peut-être encore plus encombrants.
Les carburateurs Tenting et Benz appartiennent à ce type,
comme d'ailleurs le premier carburateur Lepape: celui-ci
consiste en un récipient à enveloppe d'eau chaude où le niveau
de l'essence est maintenu constant comme dans un abreuvoir
d'oiseau. L'un des plus intéressants du genre est assurément
celui de MM. de Dion et Bouton, qui fournit, dans le tricycle de
ces constructeurs, un si bon service (fig. 110).
Le récipient, rempli d'essence jusqu'à un niveau d'ailleurs
variable, reçoit l'air à carburer par la cheminée B, qui peut
coulisser dans un manchon et porte à sa partie inférieure une
plaque de laiton C, de manière à amener toujours assez près de
l'essence le courant d'air qui, après avoir léché le liquide, remonte
le long des parois.
La partie supérieure du carburateur constitue un boisseau
contenant deux clés de robinets accolés. A sa gauche, le boisseau
a une ouverture communiquant avec le carburateur et une autre
qui s'ouvre à l'air libre ; la clé R, mobile autour de son axe,
porte une ouverture qui peut venir en regard de l'un ou l'autre
de ces orifices ou des deux à la fois. Ce robinet peut donc admettre
de l'air pur, ou de la vapeur d'essence pure, ou un mélange des
deux dans des proportions variables. Le mélange ainsi gradué
à volonté entre dans la clé de droite IV, dont le fond voisin est
ouvert ; par ce robinet et le tube de prolongement qui traverse
le carburateur, il est envoyé au cylindre. Les robinets R et R'
sont manœuvres, à l'aide de leviers, par de petites manettes pla-
cées sur le tube supérieur du cadre.
Dans le carburateur du moteur V Aster, à la surface du liquide se
trouve un flotteur qui atténue la production des vagues sous l'ac-
tion des cahots du véhicule. La plaque métallique, sous laquelle
l'air vient lécher le liquide, est reliée à ce flotteur, et reste dès lors
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 85
à une distance constante du liquide. Ce dispositif assure une plus
grande régularité à la carburation. Le mélange ainsi formé
séjourne, avant d'aller au moteur, dans un dôme, où il se fait
plus intime.
55. — Carburateurs Decau ville, Papillon, Balbi. — Dans le carbu-
rateur de la voiturelle Decauville, l'évaporation de l'essence est
favorisée par l'ascension de cette dernière dans une large mèche
ronde : quand le niveau du liquide baisse dans le carburateur,
la partie de la mèche émergée augmente et au total la surface
de contact de l'air et du liquide reste à peu près la même ; aussi
n'a-t-on pris que la précaution, pour empêcher les trop grandes
variations du niveau, de laisser le carburateur en communication
avec le réservoir d'essence placé au même niveau que lui.
Les mèches sont aussi utilisées dans les carburateurs Papillon
et Balbi. Le premier, qu'emploie la voiturette Tauzin, se compose
de deux boîtes concentriques constituant une cloche, au centre des-
quelles une série de mèches de coton forme surface d'évaporation :
l'air circule entre les deux boîtes, et pénètre dans celle du bas
par des orifices percés tout autour d'elle, à la hauteur du niveau
de l'essence, qui est h peu près constant. Le carburateur Balbi,
employé par M. Grivel pour des motocycles, se compose aussi
de deux récipients à section circulaire, emboîtés l'un dans
l'autre et formant vases communiquants, grâce à une soupape
placée dans le fond du vase intérieur; à la périphérie du premier,
on dispose une série de mèches.
56. — Carburateur de la Pope manufacturing C°. — Son trait
caractéristique est l'existence, dans le grand récipient, d'un
réservoir plus petit, qui permet l'envoi dans le carburateur
d'essence fraîche, dès qu'un coup de collier doit être donné.
L'air pur, qu'il faut mélanger à l'air carburé, entre par un
conduit disposé en chicanes, pour éviter le bruit '.
57. — Carburateur Petréano. — La fig. 38 représente le nouveau
1. Voir France automobile, 5 février 1899, p. 70.
86
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
carburateur de M. Petréano, dont nous empruntons la descrip-
tion à M. Witz [Moteurs à gaz et à pétrole et voitures automo-
Fio. 38. — Carburateur Petréano.
biles, t. III, p. 383). Un tube central r est parcouru par les gaz
de la décharge, qui élèvent sa température et celle du cylindre
V, dont il est enveloppé : le tube est garni d'une chemise en
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 87
tissu d'amiante rf, spongieux et perméable, constamment
humecté de carbure liquide, lequel est introduit dans le cylindre
par un orifice pratiqué à la partie supérieure; l'air y pénètre
par un autre orifice visible sur la droite de la figure. Quatre
entonnoirs, dont deux garnis aussi d'amiante, forment des chi-
canes et obligent le carbure et l'air à se bien mélanger; l'air
carburé arrive finalement dans la chambre M et passe au cylindre
à travers la valve N.
Les trous 0, percés à la base des cônes, ont pour objet de
laisser couler les huiles plus denses, dont Tévaporation plus
difficile nuirait à la régularité de la carburation : ces huiles
lourdes s'accumulent au fond du caisson V, d'où un robinet
permet de les extraire.
Ce carburateur donne un mélange très homogène, # dont la
combustion s'opère dans les meilleures conditions possibles * ; il
donne, paraît-il, de très bons résultats avec l'alcool.
58. — Carburateurs a pulvérisation. — Ce sont les plus em-
ployés. Ils ont l'avantage d'être moins encombrants que les
autres, de produire une carburation plus uniforme et de ne pas
laisser de résidus inutilisables, car l'essence est vaporisée inté-
gralement à mesure qu'elle est amenée au contact de l'air. Ils ont
l'inconvénient d'être plus délicats, et souvent de nécessiter : au
départ, de l'air chaud, que sur les voitures à allumage électrique
il n'est pas commode de se procurer; en route, après un repos
un peu long, la purge des tuyaux, pour les débarrasser de l'es-
sence froide ; cela donne lieu à des pertes de liquide, mais qui
ne sont pas à comparer avec celles que nécessite la vidange des
résidus du carburateur à barbotage ou à léchage.
Carburateurs, Phénix, Léon, Bollée, Longue mare, — Le carburateur
1. La complète diffusion du combustible dans le comburant a, en effet,
une très grande importance que M. Lenoir avait déjà pressentie et que
M. Pelréano, mis sur la voie par les travaux de Bandsept et de M. Denay-
rousc sur l'amélioration du rendement des appareils d'éclairage, a cherché
à réaliser depuis 1896. Cette diffusion rend la combustion plus soudaine et
plus complète.
88
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Daimler-Phénix est représenté par la fig. 39 : l'essence arrive du
réservoir principal par N, traverse la toile métallique 0, sur
laquelle restent les particules solides qu'elle peut contenir et,
par C, pénètre dans le récipient A. Dès qu'elle y a atteint le
niveau de la partie supérieure de l'ajutage J, par lequel elle
Fig. 39. — Carburateur Daimler-Phénix.
arrive dans la chambre H, le flotteur B soulève les contre-poids E,
et la tige D n'étant plus soutenue par ceux-ci colle sur son
siège la soupape G : l'arrivée de l'essence est interrompue. Le
liquide affleure donc constamment le niveau supérieur de l'aju-
tage J. Lorsqu'une aspiration se produit en M, le courant d'air
arrive par F, et l'essence jaillit en J. Les deux jets se brisent
contre le champignon K et se mélangent intimement. La lanterne L
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
89
permet d'admettre une proportion variable d'air pur destiné à
amener le mélange à Fétat explosif. Un tuyau P fermé par une
vis permet de vider le carburateur, quand on veut le nettoyer.
Le carburateur Bollée est fort analogue au précédent, dont il
Coupe verticale.
Fio. 40 et 41. — Carburateur Longuemare (ancien type).
diffère par la suppression de la lanterne, qui surmonte la
chambre de mélange : l'air n'arrive que par une ouverture laté-
90
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
raie, munie d'un cône, destiné à éviter le bruit de l'aspiration,
et d'une toile métallique pour empêcher l'entrée des poussières ;
Cette ouverture est fermée par une plaque perforée fixe, sur
laquelle peut se déplacer une plaque analogue, qui sert à régler à
Coupe verticale longitudinale. Coupe verticale transversale.
!
Fig. 42 et 43. — Carburateur Longuemare.
la main l'entrée de l'air et par suite la richesse du mélange car-
buré.
Dans le Carburateur Longuemare (ancien type) (fig. 40 et 41),
l'essence arrive dans le réservoir d'alimentation et y prend un
niveau constant, sous l'action du flotteur sphérique F et du balan-
cier A, dont la tige / à pointeau ferme, au moment voulu, l'orifice
d'entrée. Le liquide, après avoir traversé les toiles métalliques a,
établit son niveau dans l'ajutage A, à 10 ou 12 mm. au-dessous
des rainures, dont est munie la tète de l'ajutage.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 91
L'air, échauffé par son passage contre la culasse du moteur,
entre par la tubulure latérale B et les ouvertures c, ménagées au
bas de la gaine métallique tf, qui s'étrangle au niveau de la
tête d'ajutage. Là il rencontre la poussière d'essence, qui, sous
l'effet de l'aspiration du moteur, jaillit par les rainures de l'aju-
tage. Le mélange s'achève par le brassage énergique auquel le
soumet la traversée d'autres toiles métalliques. Le robinet doseur
R permet d'ajouter au mélange carburé la proportion voulue
d'air pur.
Mme VTC Longuemare a exposé, au salon du Cycle et de l'Automo-
bile, en décembre 1898, un nouveau carburateur (Fig. 42, 43) ;
le flotteur est cylindrique et commande différemment l'arrivée
de l'essence. C est une chambre destinée aux gâz de l'échappe-
ment pour réchauffer l'essence. En face du robinet doseur K'
qui fait varier la quantité d'air pur ajouté à l'air carburé, s'en
trouve un autre K, qui règle la quantité du mélange à admettre
au moteur.
59. — Carburateurs Chanveau, Gauthier- Wehrlé, Mors. — Dans le
carburateur Chauveau (fig. 44), il n'y a pas de réservoir auxi-
liaire d'alimentation : l'essence arrive directement, en charge,
du réservoir principal par un tube établi sur le raccord C ; son
entrée dans l'appareil est réglée par la vis à pointeau E. Elle
monte dans la colonne G, qui est fermée à sa partie supérieure
par un obturateur, dans lequel sont pratiqués des trous aboutis-
sant à la gorge circulaire H. Le long de cette colonne peut
coulisser un fourreau I, muni d'ouvertures £, î, et solidaire de la
soupape J, dont la tige se prolonge au dehors de l'appareil et
repose par son écrou K sur un ressort k boudin chargé de coller
la soupape contre son siège.
L'ajustement du fourreau sur la colonne est étanche. Quand
l'aspiration du cylindre se produit en A, la soupape J descend,
et l'air extérieur arrive par N ; en même temps, les orifices i se
placent en face de la chambre H ; si on a démasqué l'ouverture
de E, l'essence jaillit en i, et se brise contre les parois tronco-
92
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
niques rugueuses M'. Le brouillard qui en résulte, se mélange
avec l'air, et le tout pénètre par les orifices o dans le cylindre.
Sur son parcours, il peut être additionné d'air pur, grâce à une
prise spéciale.
Dans le carburateur Gauthier-Wehrlé (fig. 45). — Par la
conduite E, l'essence arrive, sous une pression de 0. 10 m., du
mm
^D
Fig. 44. — Carburateur Chauveau.
Coupe verticale.
^■iAjV^
Fio. 45. — Carburateur Gauthier- Wehrlé.
Coupe Terticale.
réservoir principal, et jaillit sous un cône disperseur S, formant
la partie supérieure de la soupape ; celle-ci est réglée par la vis V
à ressort de façon à se soulever légèrement sous l'effet de l'aspi-
ration du moteur et à laisser passer un peu d'essence. L'air
chaud arrivé par A rencontre le brouillard d'essence. Le tout est
additionné de la proportion voulue d'air froid, par des orifices
pratiqués dans le couvercle de la chambre de mélange et plus
ou moins découverts par un chapeau réglable. Nous croyons que
ce carburateur est abandonné.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
93
Dans le système Mors (fig. 46), l'essence arrive, du réservoir
auxiliaire t à niveau constant, par le conduit sr, dans le cône
renversé u à parois intérieures striées. L'air fourni par le tuyau
Vj dans la proportion réglée par l'obturateur a?, vaporise l'essence,
et se rend avec elle dans le cylindre ; la valve y offre au mélange
un passage de section variable à la volonté du chauffeur.
Dans le système Amédée Bollée, employé par la maison
Dietrich (fig. 46 Aw), l'essence arrive par le tube P, dont l'orifice
Fig. 46. — Carburateur Mors.
Coupe verticale.
est fermé par un pointeau, solidaire du flotteur F, qui maintient
le niveau constant dans le cylindre R. Par le tube T, elle pénètre
dans le carburateur proprement dit, quand l'aiguille I se sou-
lève sous l'effet de l'aspiration produite en A par le piston. Elle
y pénètre en quantité proportionnelle au soulèvement de l'aiguille,
qui est réglé primitivement à la main par la vis V, et automa-
tiquement par la force de l'aspiration du moteur, proportionnelle
à sa puissance. Elle retombe en pluie sur la pièce H garnie de
redans, et dans sa chute rencontre lair arrivant par la tubulure
T. Elle remonte avec lui et le mélange carburé sort par A.
60.— Carburateurs Peugeot (fîg. 47). — Dans une tubulure fai-
sant partie du cylindre moteur, ou rapportée sur lui, se trouve
94
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
ajusté le corps du carburateur qui est percé de trous pour
l'arrivée de l'air par le tuyau a. Ce corps est surmonté du
chapeau 2>, sur lequel sont fixés le tube c d'arrivée du liquide et
l'ajustage d normalement fermé par le pointeau o. Quand l'aspi-
Fig. 46 bis. — Carburateur Amédée Bottée.
Coupe verticale.
P, tube d'arrivée de l'essence. — F, flotteur a pointeau, réglant l'arrivée de l'essence. — I, pointeau.
— V, vis de réglage. — B, arrivée de l'air. — A, sortie du mélange carburé.
ration se produit, la soupape s ordinairement collée contre son
siège par le ressort /*, s'ouvre vers le bas et entraîne a /ec elle
le pointeau o. L'essence arrive sur la calotte renversée />,
chargée de la distribuer sur le cône en toile métallique /.
Depuis quelque temps, la maison Peugeot se sert d'un nouveau
carburateur (fîg. 48). L'essence y arrive par la conduite e, et
tant que le flotteur de liège A, en s'appuyant sur c maintient
l'aiguille d soulevée, s'introduit dans le réservoir a. Dès que le
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
95
flotteur est assez soulevé. pour qu'il n'appuie plus sur c, l'aiguille
d retombe en vertu de son poids et ferme l'orifice d'arrivée de
l'essence. Le réglage de l'appareil est tel que le niveau dans le
réservoir a s'établit, d'une façon constante, un peu plus bas que
l'ajutage o ; de cette manière, l'essence ne vient pas se déverser
dans la chambre du carburateur f.
Sous l'effet de l'aspiration du moteur, l'essence jaillit de cet
ajutage contre le bouchon de pul-
vérisation l ; un courant d'air
chauffé par les brûleurs arrive
alors par une tubulure située au-
dessus de n, suivant une direc-
tion perpendiculaire au jet, grâce
à la déviation que détermine une
douille à chicanes combinée avec
une toile métallique qui retient
les fines parties d'huile non vapo-
risée et aide à la carburation in-
time de l'air.
On n'a pas à se préoccuper (
du débit de l'essence qui reste,
constant. Des volets placés de
chaque côté de la tubulure qui]
amène l'air chaud permettent d'a-
mener de l'air froid pour obtenir
un degré normal de carbura-
tion , le diaphragme mobile n
manœuvré par une vis, sert aussi à modifier la quantité du
mélange d'air chaud et d'air froid et dès lors du mélange car-
buré qui est conduit aux cylindres par la tubulure m. Suivant la
qualité de l'essence et la température de l'air, on fait aussi
varier le mélange au moyen du robinet d'air froid r établi sous
la chambre de carburation et destiné surtout à parer à une car-
buration excessive.
Fig. \1. — Carburateur Peugeot
(ancien modèle).
96
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
A la mise en marche, on ferme l'admission d'air froid de façon
à n'admettre d'abord que de l'air chauffé par les brûleurs.
L'entretien se borne au nettoyage du filtre, lorsqu'il est obstrué
par les impuretés soustraites à l'essence.
La maison Peugeot s'est aussi réservé la faculté de régler la
marche du nouveau moteur, par la suppression temporaire de
Fin. 48. — Carburateur Peugeol (nouveau type).
l'arrivée de l'essence; à cet effet, dans l'ajutage o est établi un
robinet transversal qu'un ressort tend continuellement h ouvrir
mais que les leviers lt du régulateur (fig. 68) ferment lorsque la
vitesse augmente; le moteur n'aspire alors que de l'air et l'ex-
plosion ne se produit pas.
61. — Carburateurs Lepape, Loyal, Bouvier-Dreux, Jupiter. — Dans le
carburateur de M. Lepape (modèle 1898), l'essence arrive par
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 97
la tutubure a, d'un réservoir en charge de quelques centimètres
Fig. 49.
Carburateur Lepape
(modèle 1898).
Fio. 49 bis. — Carburateur Lepape (modèle 1899).
Coupe vertu aie.
L'essence arme par le tuyau m, en passant sons la soupape 6 (normalement maintenue un peu au-
dessus de ton siège, par sa liaison arec la soupape a et par le ressort z), dans la chambre e qu'elle
remplit. Quand l'aspiration du piston se produit en T, le capot g s'abaisse, enfonce la soupape a dans la
chambre c, et fait déborder un certain rolume d'essence : enfoncement et volume sont d ailleurs réglés
par la position du capot sur sa ris (position maintenue par le bouton fileté V), et par la force de l'aspira-
tion que Ton peut diminuer en laissant pénétrer par la rirole d plus d'air frais. L'essence tombe sur la
lanterne à toiles métalliques P, par laquelle arme do l'air chaud. Le mélange se rend par T au
cylindre. E est une ris a pointeau que, lors de la mise en train, on dévisse pour laisser tomber par
l'ouTerture o un peu d'essence sur la lanterne P, et qu'on enlève complètement, pour purger le tube
d'armée de l'essence.
(Gg. 49) et remplit une petite capacité surmontée d'un clapet S
O. L*ykro«i. — L'Automobile sur roule, "*
98
L AUTOMOBILE SLR ROUTE
dont la tige filetée supporte la légère capsule C, à une hauteur
réglable. Cette capsule emboîte, à Taise, le cylindre a qui est
ouvert en haut et relié en bas avec la tubulure d'arrivée d'air chaud
E, tandis que sur le. côté se trouve en G la conduite du cylindre.
Sous l'effet de l'aspiration du piston, la capsule C s'abaisse, malgré
le ressort antagoniste du clapet S qui s'ouvre et laisse déborder,
dans le cylindre 2>, un peu d'essence qui tombe par les ouver-
tures e, sur le treillis métallique f au contact de l'air chaud aspiré
en E. Le mélange est additionné d'air pur en quantité conve-
nable par un robinet placé sur la conduite G qui dessert les
cylindres.
La fig. 49 bis représente
le carburateur Lepape (mo-
dèle 1899), qui diffère du
précédent par l'adjonction
d'une soupape A, le mode
d'introduction de l'essence
et l'addition d'une virole
d à persiennes permettant
de faire varier l'arrivée de
l'air froid (voir la Lé-
gende).
Dans le carburateur Loyal dernier modèle (fig. 50), l'essence
de pétrole contenue dans le réservoir K s'écoule autour du poin-
teau MO , en gouttes visibles par le regard R et tombe par
les orifices U dans la chambre de mélange I; l'air qu'aspire le
moteur y arrive par le tuyau V monté sur la gaine X et pourvu
d'un papillon de réglage S. Le mélange ainsi formé se complète
à la traversée des toiles métalliques Z et se rend au cylindre
moteur.
Carburateur Bouvier-Dreux (fig. SI). Dans le récipient B,
l'essence est maintenue à un niveau constant par le flotteur C,
pourvu d'un pointeau D, qui commande l'ouverture de la con-
duite d'arrivée A, et d'un indicateur J de ce niveau; celui-ci
Fio. 50. — Carburateur Loy a l (modèle 1898).
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
99
s'établit par le canal E dans l'ajutage F à 1 mm. au-dessous de
son orifice de sortie.
Autour de cet ajutage sont ménagées trois rainures circulaires
qui forcent l'air aspiré à travers la conduite G, par le moteur, à
prendre un mouvement giratoire ; en même temps sous l'effet de
la succion, une petite quantité d'essence sort de l'ajutage F, se
brasse et se mélange avec l'air tourbillonnant.
Pour rendre le mélange intime, l'air pur complémentaire, et
Fio. 51. — Carburateur Boavier-Dreux.
les filets gazeux viennent se briser sur les ailes des deux petites
turbines H, H' contenues dans une chambre qui surmonte l'aju-
tage, et tournant très rapidement, sous l'effet de l'aspiration
même du moteur ; celle-ci s'exerce à travers une prise d'air
pur, non figurée, mais symétriquement disposée par rapport au
tuyau I de sortie de l'air carburé. A la mise en train, on règle
graduellement l'ouverture de cette prise d'air jusqu'à ce que,
pour une essence de qualité déterminée, on ait réalisé le meilleur
mélange. C'est de l'air préalablement chauffé par le moteur
qu'on peut faire arriver par la conduite G en vue d'aider à la
gazéification en hiver.
100
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Carburateur Jupiter. Il est, comme le précédent, à niveau
constant par flotteur, et muni : 1° autour de l'ajutage d'arrivée
de l'essence, de rainures hélicoïdales; 2° dans la chambre du
mélange de deux étages de palettes.
61 bis. — Carburateur Rouasy de Sales (fig. 52). — Il se compose
d'une boîte 1, divisée en deux compartiments 2 et 3, par la
cloison 4. Dans le compartiment 2, l'essence arrive par le
Fig. 52. — Saturateur-doseur Roussy de Sales.
Coupe verticale.
tuyau 5, dont l'orifice est ouvert par le pointeau 6, sous l'action
du levier 7, rappelé par le ressort 8 et éloigné par la tige 9 du
piston 10. Celui-ci se soulève dans le cylindre 11, sous l'effet
de l'aspiration du moteur; il démasque les orifices 12, qui lui
donnent accès par les ouvertures 13 dans la boîte 14, garnie à sa
partie supérieure de couches alternées de toiles métalliques et
de tissus spongieux, imbibés d'essence. L'air ainsi saturé de cette
dernière va au moteur, après avoir reçu par le valve 16 une pro-
portion d'air frais, qui détermine le dosage du mélange. De là, le
nom de saturateur-doseur donné à l'appareil.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
101
L'autocarburateur Huzelstein est aussi un carburateur à pul-
vérisation *.
62. — Carburateurs mixtes. — Carburateur P. Gautier. — Nous
n'avons pas besoin de dire que certains types participent des
caractères spéciaux aux trois classes que nous avons distinguées.
Nous ne citerons que le carburateur P. Gautier, employé pour
TU-UT
Fig. 53 et 54. — Carburateur P. Gautier.
les voitures David, et qui utilise à la fois le léchage, le barbo-
tage et la pulvérisation.
Dans le carburateur P. Gautier (fig. 53, 54), l'essence
arrive par A, dont le débit est limité par le diaphragme D
(qui est double pour éviter que la section d'écoulement de l'es-
sence ne soit insensiblement agrandie, par le contact de la
soupape K; celle-ci, en effet, appuie seulement sur le dia-
phragme extérieur). La soupape K qui règle ce débit, s'ouvre au
moment voulu sous l'effet du courant d'air occasionné par l'as-
piration. L'essence tombe sur la cuvette F, et de là dans le
!• Voir France automobile, 15 janvier i899, p. 2i.
402 l'automobile sur route
réservoir H, au-dessus duquel se trouve un tube G, supporté
par une bague à une hauteur telle qu'il touche seulement
l'essence contenue dans le réservoir. L'air aspiré par I circule
dans la chambre L, lèche l'essence contenue en H, traverse la
mince couche qui le sépare de l'intérieur du tube G, et en
remontant pénètre dans le brouillard d'essence produit par la
chute de cette dernière sur la table F. Le mélange se rend au
cylindre par le tube E.
63. — Distributeurs mécaniques. — Dans les carburateurs que
nous avons décrits jusqu'ici, l'essence arrive en vertu de la seule
gravité. Dans quelques autres on a recours à des dispositifs
mécaniques.
Ainsi dans le carburateur Klaus *, c'est une pompe qui est
chargée de l'y injecter : elle est mue par la came de la soupape
d'échappement et rappelée après chaque coup par un ressort.
Carburateur-distributeur Henriod et Distributeur Brillié. — Le car-
burateur-distributeur Henriod est ainsi nommé, parce qu'il dis-
tribue mécaniquement, à chaque aspiration du cylindre, un
volume d'essence, fixé par le réglage qu'on a donné à l'appareil
et ne dépendant en rien de la température, sous laquelle se fait
la carburation, à la différence de ce qui se passe dans les carbura-
teurs ordinaires.
Dans le corps de l'appareil, qui est cylindrique, se trouvent,
normalement appliquées sur leurs sièges par des ressorts, deux
soupapes : Tune, dont la tige porte à son extrémité supérieure
taraudée un disque-écrou, dans lequel s'enfonce perpendiculaire-
ment une vis de réglage; l'autre, dont la tige creuse peut
coulisser entre la tige pleine de la première soupape et un four-
reau cylindrique. Dans le fourreau est pratiquée, un peu au-
dessous de la seconde soupape, une chambre circulaire, qu'un
orifice fait toujours communiquer avec le réservoir d'essence.
Dès qu'une aspiration se produit daxis le cylindre, la première
1. Voir Locomotion automobile, 10 mars 4898, p. 441.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 103
soupape s'abaisse, d'abord seule, puis quand la vis dont nous
avons parlé arrive au contact de la tige de la seconde soupape
(et le contact se produit plus ou moins tôt suivant que la vis a
été, lors du réglage de l'appareil, plus ou moins enfoncée dans
son écrou), en entraînant cette soupape. L'ensemble des deux
soupapes s'arrête, quand le disque-écrou de la première arrive au
contact du cylindre placé au-dessous. Pendant que la seconde
soupape n'est plus sur son siège, l'essence coule dans des gorges
circulaires pratiquées dans le chapeau de cette soupape. Elle se
trouve là en contact avec l'air chaud admis par une première
rangée d'orifices ; le mélange se rend dans une chambre placée
au-dessous, où il reçoit une quantité convenable d'air frais. La
quantité de liquide qui pénètre chaque fois dans l'appareil est
ainsi réglée parles positions du disque-écrou et de sa vis1.
Comme l'appareil que nous venons de décrire, le distributeur
Brillié* distribue mécaniquement le pétrole; mais, au lieu d'en
faire entrer chaque fois une quantité fixe et de préparer avec elle
le mélange carburé à la façon d'un carburateur ordinaire, il
mesure chaque fois, sous le contrôle du régulateur, le liquide
nécessaire à l'explosion, et il laisse le mélange avec l'air s'en
opérer dans le conduit qui relie le distributeur au cylindre et
dans le cylindre lui-même.
Voici comment le distributeur Brillié effectue le dosage
volumétrique de l'essence : une clé unique, portant sur son
pourtour des alvéoles équidistantes, tourne dans un boisseau
en communication avec le réservoir d'essence; chaque alvéole,
après s'être remplie de liquide, est amenée par la rotation de la
clé en regard d'un orifice communiquant (par un tube d'aspira-
tion et une crépine) avec le moteur. La rotation est produite
par un encliquetage, qui commande l'arbre du. moteur au moyen
d'une bielle du régulateur. Si la vitesse de régime est dépassée,
1. Pour une plus ample description, voir Locomotion Automobile,
20 juillet 1899, p. 457.
2. Voir France automobile, 8 janvier 1899, p. 19.
104
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
un mécanisme à culbuteur immobilise la bielle et le distributeur
et l'arrivée de l'essence est suspendue. Un levier, en donnant
plus ou moins de bande à un ressort du mécanisme, permet au
moteur de faire plus ou moins de tours (250 à 1000 par minute).
La charge de pétrole pour chaque explo-
sion est ainsi constamment ce qu'elle
doit être pour que la carburation reste
la même, la combustion complète, et
l'odeur supprimée ; c'est du moins le
but que s'est proposé l'inventeur : l'ex-
périence nous dira s'il l'a complètement
atteint *.
Ce dernier carburateur, qui est plutôt
un distributeur avec lequel la carbu-
ration, se fait dans la chambre d'aspi-
ration est une transition toute naturelle
pour arriver aux carburateurs à pétrole
lampant proprement dits.
64. — Carburateurs a pétrole lampant.
— Carburateurs Gibbon, Faure, Dawson. —
Devant produire la vaporisation d'un
liquide beaucoup moins volatil que l'es-
sence, ils ont souvent recours à deux
adjuvants : : la chaleur fournie par une
lampe à pétrole (dont on peut parfois
se passer, quand la chaleur donnée par le fonctionnement du
moteur est suffisante), et le jeu d'une pompe qui injecte à chaque
instant la quantité de pétrole nécessaire.
Dans le carburateur Gibbon (fig. 55), une pompe sans clapet
x w injecte par x'y' dans le vaporisateur placé au-dessus, le
pétrole venant du réservoir y. Le vaporisateur est formé par un
tube évasé u à ailettes u', pénétrant en partie dans la chambre
Fig.55. — Carburateur Gibbon
(à pétrole lampant).
1. Pour une plus ample description, voir Locomotion Automobile,
5 janvier 1899, page 5.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
105
de combustion, dont il constitue l'allumeur. Une gaine entoure
librement ce dernier et empêche l'air frais du mélange de venir
à son contact et de le refroidir. Pour la mise en train on le
chauffe avec une lampe extérieure ; par la suite, la charge s'en-
flamme spontanément à la fin de la compression.
Fio. 56. — Carburateur Fanre (pour pétrole lampant).
Dans le système Faure (fig. 56), le pétrole arrive par le con-
duit />, l'air par le chapeau a. Cet air suit le parcours indiqué
par les flèches, en circulant dans des compartiments limités par
des toiles métalliques, et sort par s pour se rendre au moteur.
La lampe Z, chargée de chauffer le tube d'allumage du cylindre,
réchauffe aussi le pétrole contenu dans le récipient r; cette
lampe est disposée comme les brûleurs des foyers à pétrole;
elle porte une petite aiguille de débourrage t. On voit en b la
prise de l'air nécessaire pour parfaire le mélange.
106
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le carburateur Dawson (fig. 57), dont la chemise est par-
courue par les gaz d'échappement, est relié par le tuyau a à un
réservoir contenant du pétrole et de l'air sous pression. En bout
de ce tuyau, se trouve la soupape g dont la tige est prolongée
dans un tuyau perforé jusqu'au contact de la soupape h actionnée
mécaniquement .
Lorsque celle-ci s'ouvre pour l'admission d'une charge dans
le cylindre, elle force la soupape g à s'élever; le pétrole coule
dans le tuyau perforé, en même temps que de l'air y arrive par
o; l'air complétant le dosage du mélange, est admis par un
clapet automatique A-, et en f
se trouve une lampe de mise en
train.
La température du carbura-
teur est réglée par la dilatation
d'une pièce en cuivre, disposée-
dans le tuyau d'échappement et
tendant à ouvrir plus ou moins
le papillon b d'un bye-pass qui
dérive les gaz brûlés, en cas
Fio. 57. - Carburateur Dawson. d'excès de température.
65. — moteurs sans carburateur. — Moteurs Koch, Kane-Pennington.
— Dans certains moteurs la carburation n'est pas confiée à un
organe spécial : les moteurs Koch (§ 105) et. Kane-Pennington
sont dans ce cas. Dans le dernier, pendant l'aspiration, l'essence
tombe sur un fil métallique, en forme de spirale, placé dans la
partie supérieure du cylindre, et mis en dérivation sur le courant
électrique chargé de produire l'allumage. Cette légère élévation
de température suffit, paraît-il, pour assurer la vaporisation
complète de Tessence.
66. — Considérations générales sur les carburateurs. — Les appareils
à pulvérisation sont, on le comprend, plus /perfectionnés que
ceux à simple léchage : nous ne dirons pas qu'ils peuvent se
passer de surveillance, car l'orientation et la force du vent, la
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 107
température ambiante, en faisant varier l'état physique et la
quantité de l'air admis dans le carburateur, demandent souvent,
en cours de route, qu'on modifie au moins la section utile des
orifices qui lui donnent accès. Mais, avec un bon carburateur à
pulvérisation cette graduation est assez facile, et elle suffit pour
assurer un fonctionnement régulier à l'appareil, qui en tout
cas n'est pas gêné par les cahots de la voiture. Aussi la plu-
part des voitures sont-elles munies d'un carburateur à pulvé-
risation.
Les motocycles, au contraire, ont dû jusqu'ici se priver de
leurs services, par suite de ce fait que l'aspiration du moteur
n'a pas toujours chez eux la force, si petite soit-elle, qui est
indispensable pour provoquer l'action d'un carburateur à pulvé-
risation, ouvrir une soupape et amener l'essence dans l'ap-
pareil. Et elle ne l'a pas toujours, parce que dans ces véhicules
les variations de l'admission du mélange carburé dans le cylindre
constituent le seul moyen de faire varier la vitesse (l'avance à
l'allumage, dont nous parlerons plus tard (§ 73) n'est pas faite
pour provoquer les variations de cette vitesse, mais plutôt pour
les suivre en produisant l'allumage au moment précis où il est
le plus avantageux pour la bonne combustion du mélange car-
buré), et quand cette admission diminue au-dessous d'un certain
taux, l'aspiration faiblit avec elle. Or la carburation donnée par
les appareils à simple léchage est, comme nous l'avons dit,
irrégulière ; elle est aussi influencée par les vagues» que produisent
dans le carburateur Les cahots de la route. Il serait donc à
désirer qu'on pût adapter à l'usage des motocycles des carbu-
rateurs "à pulvérisation d'un fonctionnement assez délicat pour
rester pratique avec la plus faible admission du moteur. Si nous
en croyons M. Baudry de Saunier, qui a fort bien mis en lumière
cette situation, la chose serait déjà réalisée par la maison de
Dion-Bouton.
La longueur du tube qui relie le carburateur au cylindre du
moteur demande à être convenablement réglée : en la diminuant,
108 l'automobile sur route
on rapproche le carburateur du cylindre, et réchauffement qui
en résulte pour le premier favorise la vaporisation de l'essence ;
en l'augmentant, on donne au mélange le temps de devenir plus
intime pendant le court séjour qu'il fait dans le tuyau, avant
d'être aspiré par le cylindre.
Pour éviter dans le carburateur une introduction de flamme
qui pourrait amener une explosion, surtout à redouter avec un
carburateur à léchage, dans lequel est toujours emmagasinée
une assez grande quantité d'essence, il faut disposer une cloison
de toile métallique dans le tube, autant que possible en un point
où son diamètre est agrandi, pour que la section utile reste suffi-
sante. Ces communications de flammes peuvent être produites
par le déréglage des soupapes d'admission ou d'échappement, qui
ne se ferment pas aux moments voulus; elles ont surtout lieu
pendant les arrêts de la voiture, par suite de l'affolement des
organes que ne maintient aucun effort à vaincre.
2° Les moteurs.
67. — Cycles adoptés. — Les moteurs employés en automobi-
lisme appartiennent pour ainsi dire tous au type à compression
et à explosion. C'est le cycle de Beau de Rochas qui est presque
exclusivement utilisé. On sait qu'il se compose des quatre
temps suivants :
1" course avant du piston — aspiration du mélange carburé;
lre course arrière — — compression;
2e course avant — — explosion ; c'est la course motrice;
26 course arrière — — échappement des gaz brûlés.
Il n'y a donc, par cylindre, qu'une course motrice sur quatre,
c'est-à-dire pour deux tours de l'arbre à manivelle : aussi l'ad-
jonction d'un lourd volant est-elle nécessaire, et d'autant plus
qu'il y a moins de cylindres moteurs ; même , comme sou-
vent on ne conjugue pas les pistons, de manière à les faire agir
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 109
sur des manivelles opposées, la multiplicité des cylindres ne
permet ordinairement pas de diminuer la force du volant.
Théoriquement, le moteur à deux temps, donnant une course
motrice par tour, serait plus rationnel ; mais, sa réalisation dif-
ficile est un puissant obstacle à son emploi. Le type Benz, qui
avait été imaginé sous la forme à deux temps, ne se construit
plus qu'avec le cycle à quatre temps. Il faut dire aussi que les
moteurs actuels à quatre temps tournent couramment à 600 ou
700 tours (parfois à 1.000 et 3.000) et donnent par cela même
une très grande régularité : on est bien loin des résultats four-
nis par les 150 ou 200 tours initiaux de Daimler. D'ailleurs, les
moteurs à quatre temps ont l'avantage de consommer moins que
les moteurs à deux temps.
Nous verrons cependant le cycle à deux temps appliqué par
MM. Loyal, Conrad, Dufour..., comme aussi, nous verrons un
moteur, celui de M. François Goret, marcher à six temps, les
5e et 6e étant destinés à effectuer dans les cylindres une chasse
d'air pur, de manière à avoir toujours un mélange carburé uni-
forme, s'enflammant bien ; cette chasse a, en outre, l'avantage
de refroidir le cylindre.
Avant de quitter les moteurs alternatifs, nous aurons à parler
du moteur Duryea fondé sur un principe nouveau pour le
pétrole : l'explosion s'effectue dans un réservoir spécial, jouant
le rôle de la chaudière dans les moteurs à vapeur et fournissant
au cylindre des gaz sous pression. Nous parlerons aussi du
moteur Diesel, qui n'a pas été, que nous sachions, appliqué
encore aux automobiles, mais qui leur assurera peut-être
bientôt un rendement notablement supérieur à celui qu'elles
donnent actuellement.
Enfin, malgré les difficultés de l'application du principe rota-
tif aux moteurs à pétrole, nous mentionnerons les efforts faits
dans ce sens par quelques constructeurs : MM. Verne t, Batley,
Dodement, André Beetz...
68. — Distribution. — Dans la plupart des moteurs à quatre
110 l'automobile sur route
temps, l'admission du mélange carburé dans les cylindres se fait
par soupapes automatiques, maintenues sur leur siège par un
ressort à boudin, et s'ouvrant sous l'action aspirante du pis-
ton. Quant à l'échappement des produits de l'explosion, il est
assuré par une soupape, que commandent des leviers et une
came, montée sur un arbre, relié à Taxe moteur par un système
d'engrenages lui faisant faire un tour pendant que l'autre en
fait deux : il n'y a, en effet, qu'une phase d'échappement pour
deux tours de l'arbre moteur.
Ces règles souffrent cependant des exceptions. Dans certains
moteurs (P. Gautier, Moreau, Berrenberg, Deliry, Le Brun,
Roser-Mazurier...), la soupape d'admission est manœuvrée
mécaniquement. Dans quelques autres, comme le moteur Ten-
ting, les soupapes d'échappement sont actionnées par un
excentrique. Dans le moteur Rossel, elles le sont par un
tourteau (monté sur l'arbre moteur, entre les deux plateaux-
manivelles), muni d'une rainure, qui en fait deux fois le tour;
cette rainure est parcourue par deux boutons reliés aux sou-
papes par des leviers articulés. Dans le moteur Gibbon, la distri-
bution est faite par une soupape qualifiée d'unique, mais qui est
compliquée d'un tiroir. Dans le moteur Dawson, qui peut
fonctionner au pétrole lampant, il n'existe plus de soupapes
manœuvrées par cames ou leviers ; elles sont remplacées par des
orifices pratiqués dans le fourreau cylindrique, constituant le
piston, et dans le cylindre lui-même ; le piston, par le mouve-
ment circulaire dont il est animé, amène en temps voulu ces ori-
fices en face les uns des autres.
C'est un procédé analogue que met en œuvre la distribution
du moteur Conrad. Dans la même catégorie des moteurs à deux
temps, nous trouvons des distributions à deux soupapes automa-
tiques (Loyal), et à soupape d'admission automatique et tiroir
circulaire d'échappement manœuvré par une came (Dufour).
Toutes les distributions dont nous venons de parler, sont à
simple effet ; celle des moteurs à réservoir, comme le moteur
Duryea, peuvent être à double effet.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 111
Parmi les moteurs rotatifs, le système Vernet distribue le
mélange carburé par soupape, levier et came.
Quels que soient les moyens mécaniques employés pour assu-
rer la distribution, les diverses phases doivent en être parfaite-
ment réglées ; et ce réglage est particulièrement nécessaire pour
l'échappement. Théoriquement, cet échappement doit commencer
à la fin de la deuxième course avant du piston (course motrice) ;
en pratique, il débute un peu avant, de façon à ce qu'il y ait une
petite avance à V échappement. Cette avance, loin de diminuer
la force recueillie par le piston, en laissant perdre une faible
partie de la pression des gaz, augmente cette force, en empê-
chant une contre-pression autrement considérable d'arrêter l'élan
du piston, pendant son retour vers la culasse. En effet, de même
que l'avance à l'allumage, que nous verrons bientôt (§ 75), a été
créée pour donner à l'explosion le temps de se produire bien
complète, de même l'avance permet à l'échappement de s'ef-
fectuer tout entier avant que la course d'aspiration recom-
mence. Cette avance serait même a priori plus nécessaire que
la première, car l'évacuation, qui se fait sous une pression
diminuant de façon continue, est certainement moins rapide que
l'explosion. Il va sans dire que l'avantage en question est d'autant
plus sensible que le moteur tourne plus vite : quand il ne fait que
400 ou 500 tours par minute, il ne l'est pour ainsi dire pas; au-
dessus, il le devient ; n'oublions pas que 2.500 tours par minute,
chiffre souvent atteint par les petits moteurs, comme le de Dion-
Bouton, correspondent à 5.000 courses, aller ou retour, par
minute, environ 84 courses, avec 21 explosions et 21 échappe-
ments par seconde.
Quant à la fermeture de l'échappement, elle doit se faire,
comme la théorie l'indique, au moment précis où s'achève la
2e course arrière du piston : si elle s'effectuait plus tôt, les gaz
restant empêcheraient le piston d'arriver au fond de sa course et
les gaz neufs de remplir le cylindre pendant l'aspiration suivante ;
si elle ne s'effectuait que plus tard les gaz brûlés seraient aspirés
112 l'automobile sur route
en même temps que ceux du carburateur, et on éprouverait une
grande difficulté à lancer le moteur, pour sa mise en marche.
En effet, lors des premières aspirations, en même temps que de
l'air carburé entrerait par la soupape d'admission, il arriverait
par la soupape d'échappement de l'air pur, qui diluerait trop le
mélange pour qu'il restât explosible; ce ne serait qu'au bout
d'un assez grand nombre de cylindrées, qu'il le deviendrait par
un enrichissement progressif, la soupape d'échappement laissant
rentrer un mélange de plus en plus carburé.
On arrive à bien régler l'échappement en taillant convenable-
ment, souvent au prix de longs tâtonnements, la came qui com-
mande la soupape.
D'après M. Gëorgia Knap, il faut donner aux soupapes
d'échappement, suivant la course du piston, des diamètres de
18 à 25 mm. pour les moteurs de 65 à 70 mm. d'alésage;
25 à 32 mm. pour les moteurs de 75 à 85 mm. d'alésage ;
32 à 38 mm. au-dessus de 85 mm.
On les fait quelquefois en nickel laminé, meilleur que l'acier,
à cause du dépôt d'oxyde qui se produit sur ce dernier et
empêche la fermeture de rester étanche. Elles sont brasées sur
une tige d'acier Bessemer dur, quelquefois recouverte d'une
gaine de nickel, pour éviter sa corrosion par les gaz chauds qui
la lèchent.
Les sièges qu'on fait en fonte, ou en acier coulé (celui-ci
s'associant très bien avec les tiges d'acier à gaine de nickel)
doivent avoir une épaisseur bien uniforme pour que la dilatation
soit la même dans tous les sens et que la fermeture reste bonne.
Les tuyaux d'échappement doivent être d'un diamètre plus
grand que les soupapes, pour éviter l'étranglement des gaz et
assurer au contraire leur détente: une soupape de 25 mm. reçoit
ordinairement un tuyau de 35 mm.
La hauteur de levée est d'environ 5 à 6 mm. pour les cylindres
de 60 à 70 mm. d'alésage, de 8 et 9 mm. pour ceux de 70 à
90 mm. de diamètre. Afin de ramener cette hauteur au taux normal.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 113
qu'il est essentiel de lui conserver et que le jeu des articula-
tions tend à lui faire perdre, les tiges des soupapes sont munies
de vis de rappel.
Les ressorts, qui collent les soupapes d'échappement sur leurs
sièges, doivent être puissants, afin d'empêcher ces soupapes de
s'ouvrir à l'aspiration et les gaz brûlés de se réintroduire dans
le cylindre. Pour éviter qu'ils se détrempent sous l'action de
la chaleur, on emploie parfois certaines dispositions, destinées
à les isoler du moteur, ou au moins à les éloigner de ses parties
les plus chaudes.
L'aspiration est plus facile à régler que l'échappement. La
soupape et le tuyau d'amenée du gaz carburé doivent lui offrir
une section assez grande pour que le remplissage du cylindre s'ef-
fectue rapidement; avec des alésages de 60 à 90 mm., et des
courses de 70 à 160 mm., le diamètre des soupapes varie de 15
à 30 mm. et celui du tuyau de 18 à 35 mm. Les ressorts doivent
simplement maintenir les soupapes sur leurs sièges.
69. — Régulation. — Divers moyens permettent de faire varier
la puissance du moteur.
On proportionne à la fores motrice que l'on veut déve-
lopper la quantité d'essence admise dans le carburateur (comme
peut le faire la maison Peugeot avec son nouveau carburateur
(§ 60) et comme le fait M. Goret à l'aide d'un pointeau), ou"
admise dans la chambre d'aspiration, comme nous l'avons vu
pratiqué par le distributeur Brillié.
On peut aussi faire varier la quantité du mélange carburé admis
dans le cylindre, comme le fait M. Mors.
Beaucoup plus souvent, on fait varier, par la manœuvre de
robinets, le dosage du mélange carburé, soit par la proportion
d'air admise dans le carburateur pour la préparation du gaz
riche, soit plutôt par la proportion d'air pur supplémentairement
ajoutée au mélange pour le rendre explosif.
Mais alors on s'expose, par l'appauvrissement du mélange à
avoir des ratés. Pour obvier à cet inconvénient, il faudrait pou-
G. Laydasi. — L'Automobile sur route. 8
114 l'automobile sur route
voir modifier la compression, en raison inverse de la richesse
du mélange. C'est l'idée, à notre avis fort juste, qu'a essayé
d'appliquer M. Malézieux * en faisant varier la hauteur de la
chambre de compression, le fond de la culasse étant à cet effet
constitué par un piston mobile. Dans son appareil, le piston
forme l'extrémité d'une vis, qui traverse un écrou placé dans le
fond du cylindre ; un volant permet d'agir sur cette vis. Le dis-
positif demanderait à être perfectionné et rendu manœuvrable
par le chauffeur de son siège. M. Hautier l'a réalisé de façon un
peu différente (§ 102 bis).
A côté de ces moyens, qui sont parfois combinés dans un
même moteur, on peut avoir recours à un véritable régulateur.
Dans ce cas, on emploie presque toujours un appareil à force
centrifuge, agissant sur le mécanisme commandant la valve
d'échappement, de manière à empêcher l'ouverture ou la ferme-
ture de cette valve : les gaz provenant de l'explosion précédente
restent dans le cylindre, ou celui-ci reste en communication
constante avec l'extérieur ; dans les deux cas, l'aspiration de
mélange frais ne se produit pas, et la phase motrice du cycle
est supprimée. Parfois cependant le régulateur agit directement
sur l'admission, de manière à étrangler, ou plutôt à empêcher
l'ouverture de la soupape d'admission : c'est le cas des moteurs
Daniel Auge, Lanchester, Le Brun, P. Gautier, Dufour (à deux
temps), Vernet (rotatif).
Il n'y a le plus souvent de régulateur que sur les voitures à
allumage par tubes ; quand l'allumage est électrique on compte
ordinairement sur la possibilité qu'il donne, comme nous le ver-
rons bientôt, d'avancer le moment de l'allumage.
Parfois les voitures qui sont munies d'un régulateur le sont
aussi d'un accélérateur, organe qui permet au chauffeur de para-
lyser le régulateur et de laisser le moteur s'emballer pendant
quelque temps, au détriment de son rendement, mais au béné-
fice de la vitesse.
1. Voir Locomotion automobile, 27 octobre 1898, p. 680.
CARBURATEURS El MOTEURS A PÉTROLE 115
70. — Allumage du mélange explosif. — Deux procédés d'allu-
mage se disputent presque toute la clientèle des constructeurs :
celui de l'étincelle électrique et celui du tube incandescent.
Allumage électrique. — Le procédé consiste à faire jaillir une
étincelle très chaude, aussi bleue que possible, au milieu du
mélange comprimé. C'est ordinairement l'étincelle d'induction,
quelquefois l'étincelle de rupture renforcée par le phénomène de
la self-induction, qui est utilisée.
Pour produire la première, on a recours à une bobine de
Ruhmkorff. On sait en quoi elle consiste : le courant fourni par
une pile ou un accumulateur traverse le circuit primaire ou
inducteur de la bobine, sur lequel est monté un trembleur :
toute interruption de ce courant produite par le trembleur en
provoque un dans le circuit secondaire ou induit, et, si ce cir-
cuit est coupé — or, il Test justement au sein du mélange —
une étincelle au point de coupure.
Afin que les étincelles ne jaillissent qu'au moment voulu, le
circuit primaire est habituellement interrompu ; il est seulement
fermé au moment où la compression s'achève, par une came
montée sur le même arbre que celle de l'échappement, c'est-à-
dire sur un arbre ne faisant qu'un tour pendant que celui du
moteur en fait deux ; il n'est donc fermé que tous les deux tours
du moteur, pendant un temps sur quatre, au moment de l'explo-
sion. Dès que cette fermeture est produite, le trembleur de la
bobine entre en action, et une série d'étincelles jaillissent
dans le mélange. C'est la disposition des voitures Benz, la plus
rationnelle, qui a l'avantage de n'user de l'électricité qu'au
moment nécessaire.
Mais parfois, dans certaines voitures Benz aussi, le courant
inducteur passe tout le temps; le courant induit est normale-
ment établi sans passer par la bougie ; alors la came a pour
but de l'y dériver au moment où l'étincelle doit s'y produire.
MM. de Dion et Bouton, craignant que, parles dispositifs pré-
cédents, une étincelle ne jaillisse pas toujours au moment précis
416 l'automobile sur route
où doit avoir lieu l'allumage, les ont modifiés : ils ont enlevé le
trembleur à la bobine et ont chargé le moteur lui-même de pro-
duire l'interruption de courant qui doit amener l'étincelle. Le
courant inducteur, après avoir parcouru le gros (il de la bobine,
va à l'interrupteur actionné par le moteur, qui, tous les
deux tours de ce dernier, le laisse passer et le coupe aussitôt,
produisant dans le courant induit l'étincelle de rupture, qui
enflamme le mélange au moment opportun.
Avec l'étincelle de rupture renforcée par le phénomène de la
self-induction, c'est une bobine de self qui est employée : le cou-
rant électrique parti de la source traverse la bobine, l'inflamma-
teur et son plateau, qui sont normalement en contact, et revient
à la source ; au moment voulu, le contact est rompu et l'étincelle
jaillit.
Dans les trois cas, on comprend qu'en modifiant l'angle de
calage de la came d'allumage sur l'arbre qui la fait tourner, on
puisse changer le moment où l'étincelle se produit, obtenir
l'avance ou le retard à l'allumage.
71. — Générateurs électriques employés pour l'allumage : piles her-
métiques, piles sèches, accumulateurs. — L'électricité nécessaire
est empruntée, suivant les cas, à une pile humide ou sèche, à
un accumulateur, à une machine électrique, magnéto ou
dynamo.
Les piles humides ne peuvent être employées qu'à la condi-
tion d'être hermétiques. Un modèle assez répandu est celui de
MM. Basséeet Michel, à l'acide chromique ; le récipient, un paral-
lélépipède rectangle, en celluloïd de 3 mm. d'épaisseur, est
fermé par un couvercle plat étanche. Le zinc dure en général
trois mois, la solution chromique pendant 100 heures de fonction-
nement. La force électro-motrice est de 2 volts.
La pile Clarenc, fort analogue à la précédente, est aussi assez
employée : le vase en est fait avec une vulcanite spéciale, qui
n'est pas inflammable comme le celluloïd ; deux cheminées tra-
versent le couvercle, pour permettre l'évacuation des gaz, tout en
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 117
évitant les projections de liquide. Un élément du petit modèle,
ne contenant que 900 gr. du liquide excitateur peut fonctionner
une soixantaine d'heures ; sa force électro-motrice est de 2. 25
volts.
Ce voltage élevé, la faculté de travailler sous un régime de
décharge de 1 et même 2 ampères, sont des avantages précieux
des piles hermétiques. Mais leur capacité est minime; sous
Tinfluence des actions d'endosmose qui se produisent à travers
la cloison poreuse qui sépare les deux liquides, ceux-ci se
mélangent assez vite et alors la pile ne se conserve plus ; or son
rechargement n'est ni propre ni commode, sans compter que les
cheminées des gaz peuvent laisser passer du liquide et que les
récipients peuvent se casser, occasionnant la brûlure de tout ce
que touche leur contenu.
Aussi préfère-t-on les piles sèches, depuis qu'on a constaté
que l'étincelle n'avait pas besoin d'être aussi chaude qu'on le
pensait, et qu'à la condition d'être assez volumineuse, elle pou-
vait produire l'allumage sous 4 à 5 volts environ avec un cou-
rant de f/io d'ampère, tel que ces piles peuvent le fournir.
La pile sèche est, à proprement parler, une pile à liquides
immobilisés. Dans la pile Bloc, qui est une Leclanché modifiée,
ils imbibent du cofferdam, substance extraite des fibres exté-
rieures de la noix de coco : l'élément de ce type a une force
électro-motrice de 1.60 volt, et une résistance intérieure très
faible ; on lui reproche son poids et son peu de durée. Une pile
plus légère et plus durable semble être VÉtoile de la Société
le Carbone, qui rappelle de très près celle que la même société
fabrique pour les tricycles de Dion-Bouton. Elle est fort analogue
à une Leclanché, dans laquelle on aurait supprimé le bâton de
zinc et remplacé le vase de verre par une boîte de ce métal.
Celle-ci et un aggloméré spécial, contenu dans un sac en toile,
sont placés à l'intérieur de l'électrode zinc, qui forme boîte
extérieure, et dont les sépare une couche de sciure de bois
imprégnée du liquide excitateur. L'élément est fermé par une
118 l'automobile sur route
couche de matière isolante, traversée par deux petits tubes en
plomb pour l'évacuation des gaz. La force électro-motrice est
d'environ 1.6 volt, la résistance intérieure faible; la capacité
utile d'un élément de taille moyenne, en travail continu sur une
résistance de 10 omhs est d'environ 60 ampères-heure par
kilogramme de matière active. Cette pile fournit pendant long-
temps un courant fort régulier. Elle a, comme toutes les piles
d'ailleurs, le défaut d'être chère. On préfère souvent à ces der-
nières les accumulateurs, dans lesquels la matière première
peut être réutilisée après un nouveau chargement i .
Les accumulateurs ont, en outre, l'avantage de n'offrir aucune
résistance au passage du courant dans la bobine; mais ils ont
aussi des inconvénients : ils dégagent des vapeurs acides, des
chutes de matière active peuvent occasionner des courts-cir-
cuits... Nous parlerons longuement de ces générateurs d'électri-
cité, quand nous nous occuperons de ceux destinés à la traction.
M. Mors emploie une dynamo; MM. Lufbery et Simms et
Bosch une petite magnéto pesant environ 4 kilog. S00 ; M. Duflos-
Clairdent propose l'emploi d'une petite magnéto à courants
alternatifs, de façon à rendre inutile le trembleur de la bobine ;
M. Houpied y est parvenu en montant sur l'arbre de la magnéto
ou de la dynamo de son inflammateur une came qui actionne
un interrupteur. Magnétos et dynamos sont, cela va sans dire,
actionnées par le moteur, et, comme elles ne marchent qu'avec
lui, l'électricité doit, pour la mise en train du moteur, être
demandée à une autre source, ordinairement à des accumulateurs,
que la machine électrique recharge quand ils en ont besoin.
Pourtant, certains dispositifs, comme celui de M. Houpied, dont
la mise en marche est assurée par un simple déplacement du
volant du moteur, celui de MM. Simms et Bosch se suffisent à
eux-mêmes.
Les dynamos et magnétos donnent une étincelle plus chaude
t. Pour de plus amples détails sur les piles, voir Petites Annales du
cycle et de l'automobile, 16 juillet 1898.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 119
que les piles et accumulateurs, dès lors plus capable d'assurer la
combustion complète d'une cylindrée considérable : M. Knap a
constaté un gain de 15 à 25 kilogrammètres par la substitution
d'un appareil Houpied à un simple accumulateur pour l'allumage
d'un même moteur de faible puissance.
72. — Bobines employées pour l'allumage. — Elles doivent être
d'une construction particulièrement soignée, à cause des trépida-
tions qu'elles ont à subir. Pour assurer un bon service, il faut
qu'elles ronflent avec force : souvent on rend à une bobine l'acti-
vité qui lui manque, simplement en frottant au papier d'émeri la
section du faisceau de fils de fer doux, contre laquelle s'amorce
le trembleur. Une grande bobine consomme moins qu'une petite,
la chaleur de l'étincelle étant proportionnelle à la longueur du
fil de l'induit: le détail est à noter parce qu'on recherche pour
l'allumage électrique les bobines qui dépensent le moins de
fluide. Une bobine Ruhmkorff ordinaire dépense couramment
3 ampères. MM. Bassée et Michel fabriquent, paraît-il, des
bobines, qui n'en dépensent que 1.5; celles de M. Rossel ne
demandent que de 5 à 7 centièmes d'ampère-heure : la maison
Peugeot qui les emploie, pour son allumage électrique, d'applica-
tion récente, avec la pile de la Société Le Carbone évalue à 800
ou 1000 heures la durée du fonctionnement de l'ensemble. Les
bobines sans trembleur sont, paraît-il, les meilleures, quand le
moteur fait plus de 1 .500 tours par minute : elles ont toujours
l'avantage de réduire au minimum la consommation de fluide,
sauf pourtant quand elles laissent intempestivement passer le
courant sans en avertir ; le bruit du trembleur est, à cet égard,
précieux.
Le moteur V Aster se sert d'une bobine type Rochefort.
73. — Cames et Bougies. — La came d'allumage est consti-
tuée par un cylindre de matière isolante, souvent en fibre de bois
comprimée : une tranche conductrice relie l'axe de la came à' sa
périphérie ; quand sur cette tranche passe une touche métallique,
constamment pressée contre le cylindre par un ressort, le cou-
rant passe.
120 l'automobile sur route
La bougie est cet organe de l'extrémité duquel jaillit l'étin-
celle, au sein du mélange détonant : elle se compose essentiel-
lement d'un fil métallique occupant Taxe d'un cylindre de por-
celaine, maintenu par un écrou dans un culot métallique for-
mant lui-même écrou pour visser le tout dans la culasse du
moteur ; les filets de cet écrou portent un petit crochet de pla-
tine, qui se trouve à 1 mm. de l'extrémité du fil. D'un côté ce
dernier, de l'autre la masse métallique du moteur communiquent
avec le circuit du courant induit ; comme le cylindre de porce-
laine les isole l'un de l'autre, il n'y a pas entre eux de court cir-
cuit, et l'étincelle jaillit entre les deux.
Le fil central a un diamètre de 1 mm. plus petit que celui du
canal, dans lequel il est scellé au plâtre de Paris: on le fait sou-
vent en nickel, et on le termine alors par un petit morceau de
platine serti et brasé. L'inoxydabilité du nickel est précieuse
pour éviter les courts circuits, surtout à craindre avec le suiffage
de la bougie. On appelle ainsi l'imprégnation de la porcelaine
par la suie provenant de la combustion du mélange tonnant,
quand la carburation est mauvaise : cette suie pénètre dans les
moindres fentes de la porcelaine, plus particulièrement pendant
la période de compression du mélange. Pour rendre le suiffage
plus difficile, «n a proposé de substituer à la porcelaine ordi-
naire de la porcelaine d'amiante plus dense.
La construction des bougies a été l'objet de perfectionnements
importants. MM. Bassée et Michel ont créé la bougie démon-
table (fig. 57 bis) : le crayon de porcelaine, au lieu d'être scellé
dans le culot, s'y adapte simplement, l'étanchéité étant assurée
par une garniture d'amiante serrée contre l'épaulement P par
l'écrou B.
La bougie Reclus a été combinée en vue d'obvier aux ratés
produits par les variations d'écartement des pointes (dues notam-
ment à la dilatation dont elles sont l'objet), et à la rupture de la
porcelaine. Pour parer aux premières, la tige centrale se termine,
non plus en pointe, mais par une pièce massive en forme d'obus,
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 121
qui n'est jamais portée à l'incandescence, et qui permet toujours
la prise de l'étincelle en quelque point de sa périphérie; en
route, cette étincelle jaillit assez avant dans le cylindre, pour
se trouver au sein des gaz neufs. Afin d'éviter la rupture de la
porcelaine, celle-ci n'est plus sertie contre le culot par un boulon:
elle est soudée dans sa chemise métallique par un ciment spé-
cial, destiné à éviter ainsi toute fuite.
La porcelaine se casse d'habitude, parce que l'un de ses bouts est
exposé à une haute température, tandis que l'autre est refroidi
par l'air extérieur. Dans la bougie à hélice, elle est en deux
pièces séparées par une rondelle calorifuge. Cette bougie tire
Fig. 57 bis. — Bougie démoniable Bassée-Michel.
Coupe.
A, enlot; a. pointe de piétine; C, rondelle d'acier pour aunrer le serrage; B, èeron de «errage; P,
porcelaine; TT, tige centrale; R, rondelle de cuirre et d'amiante; D, chapeau de eoirre; m, m, écroa*
moUetés; n, contre- écroa de sécurité.
son nom de ce que le fil du circuit est serré sur sa borne, non
plus par un écrou, qui exerce sa torsion sur la porcelaine, mais
par une hélice qui entoure la borne.
74. — Allumage par. incandescence. — Tubes et brûleurs. — Dans
ce procédé un petit tube creux est disposé au fond de la chambre
d'explosion. Après l'échappement, il reste dans ce fond et dans le
tube lui-même une certaine quantité de gaz brûlés. Après
l'admission des gaz neufs et pendant la compression, le mélange
ne se fait guère entre les deux espèces de gaz, et le mélange
explosif n'arrive pas au contact du tube ; ce n'est que lorsque la
compression a atteint sa plus grande valeur et que les gaz inertes
sont refoulés au fond de l'éprouvette, qu'il arrive jusqu'à elle,
122
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
et que l'explosion se produit. On peut, en enfonçant plus ou
moins le tube, régler le moteur pour diverses compressions.
C'est parfois en porcelaine, ou en nickel, mais le plus souvent
en platine qu'on fait le tube. Le platine ne s'oxyde pas, ne se
déforme pas au feu ; il présente la qualité précieuse, une fois
chauffé au rouge, de rester facilement incandescent au contact
des hydrocarbures; ces avantages font passer sur son prix
élevé, dont il faut d'ailleurs défalquer le produit de la vente des
Fig. 58. — Brûleur Longuemare.
vieux tubes. Le nickel coûte quinze fois moins cher que le pla-
tine, mais ne dure que trois à quatre mois.
Pour le fixer au cylindre, le tube porte une collerette serrée
contre un porte-tube vissé dans la culasse, au moyen d'un écrou
à chapeau dont le fond est garni de rondelles d'amiante. En
raison de leur carbonisation, ces rondelles nécessitent des serrages
et des remplacements fréquents. La société des voiturettes Léon
Bollée a imaginé un nouveau joint sans amiante, qui nous parait
très recommandable J.
i. Voir Locomotion automobile, 1er décembre 1898, p. 755.
CARBURATEURS ET MOTEURS À PÉTROLE
123
Les brûleurs, chargés de porter et de maintenir les tubes à
l'incandescence, sont de modèles divers. Il peut être utile, pour
activer à un moment donné leur combustion, de les munir d'un
tube et d une poire en caoutchouc, permettant de leur insuffler
de l'air. Parfois on entoure d'un fil de nickel, d'un demi-milli-
mètre de diamètre, le tube, pour lui conserver une température
capable de rallumer le brûleur brusquement éteint. Nous décri-
rons les brûleurs Longuemare et Bollée.
Brûleur Longuemare (fig. 58). — Il est fort connu ;
on le met en marche en allumant l'alcool que l'on
verse dans les cuvettes H, environ jusqu'au tiers.
La pression de l'air comprimé, admis par le tuyau
K dans le récipient à essence L doit être d'environ
1 kilog. Les brûleurs G sont à chalumeau avec tube
de platine ; c'est automatiquement que se fait l'en-
traînement de la quantité d'air nécessaire à la com-
bustion de l'essence. On règle l'incandescence par
les robinets F pourvus de presse-étoupe à l'amiante
I ; elle permet d'obtenir une température d'environ
i .300°. Le réservoir, d'environ 0,08 m. de diamètre
et de 0.30 m. de longueur, porte un robinet de
remplissage A, un manomètre E et un bouchon de
vidange D ; il contient à peu près 750 gr. d'essence
et peut alimenter deux brûleurs pendant huit heures.
Il y a quelque temps, nous avons eu l'occasion de voir chez
Mme Vvo Longuemare, un nouveau brûleur qui n'a besoin pour
marcher que d'une pression minime : un coup de pompe suffit
pour le mettre en train, comme aussi un léger échauffement du
tube, si bien qu'il n'y a pas de coupelle à alcool.
Brûleur Bollée (fîg. 59). — Le tube a, qui sert de support à
tout l'ensemble, est garni intérieurement d'une mèche en coton,
ne montant pas tout à fait jusqu'au haut, occupé par un chapeau
muni d'un très petit trou et entouré d'un manchon perforé. Pour la
mise en marche, on chauffe extérieurement le brûleur. Sur le
Fig. 59.
Brûleur Bollée.
124 l'automobile sur route
tube e d'arrivée de l'essence se trouve une cloche à air, qui
amortit les mouvements de la colonne liquide, pendant la
marche de la voiture tte.
75. — Comparaison des deux systèmes. — Les avantages de l'al-
lumage électrique sont les suivants :
4° Sa mise en train est instantanée, et elle ne peut s'accom-
pagner, si l'allumage est à son minimum d'avance, d'explosion à
contre-sens, se produisant avant que le piston ait fini sa course de
compression; 2° sa suppression est aussi instantanée, et elle
donne la possibilité de freiner par la compression dans le
cylindre d'un mélange qui ne détonne plus ; 3° il offre moins de
chances d'incendie, par suite de la suppression de tout brûleur ;
4° il donne un allumage plus sûr du mélange, quand l'étincelle
jaillit bien dans ce dernier ; 5° il permet au moteur de marcher
bien que la compression soit faible, et dès lors à la voiture de
rentrer à petite allure ; tandis qu'avec les brûleurs toute marche
est impossible, si la compression n'amène pas les gaz neufs au
contact du tube ; 6° il donne la faculté, par ce qu'on appelle
assez improprement les variations de l'avance à l'allumage, de
provoquer toujours ce dernier au moment le plus propice pour la
bonne utilisation du mélange carburé, dont on modifie la quantité
et le dosage avec les diverses vitesses qu'on veut obtenir.
Voici comment : la transmission de l'explosion dans le
mélange carburé n'est pas aussi rapide qu'on pourrait le croire ;
si l'inflammation se produit au moment où le piston est au point
extrême de sa course (c'est-à-dire quand le bouton de la mani-
velle est au point mort), la combustion n'a pas, lorsque le
mélange est trop riche, le temps de se faire complète, et la force
expansive du mélange n'est pas intégralement utilisée ; elle
l'est mieux quand l'allumage est produit un peu avant la fin
de la période de compression *. L'influence de cette avance
1. La came d'allumage est taillée de façon que, dans sa position d'avance
minimum, elle ne donne l'étincelle que très peu avant la fin de la^com-
pression, et que, dans sa position d'avance maximum, elle ne le donne pas
avant le commencement de la seconde moitié de la course de compression.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 125
est bien mise en relief dans le tricycle de Dion-Bouton : le bon
fonctionnement qu'on y constate pour l'allumage électrique est
de nature à réconcilier avec ce procédé ceux qui lui reprochent,
et non sans raison parfois, l'irrégularité de son jeu, due surtout
aux courts circuits qui se produisent dans la pile, l'accumula-
teur ou les conducteurs, à la rupture d'un fil, à l'arrêt du trem-
bleur.
Cette irrégularité de fonctionnement est le plus gros inconvé-
nient de l'allumage électrique . Le deuxième est son prix relati-
vement élevé ; le troisième son poids et son encombrement.
L'allumage par tube incandescent est considéré, à juste
titre, comme moins délicat et plus sûr que l'allumage électrique.
Comme, en outre, les brûleurs sont alimentés par la même
essence que le moteur, on n'a pas avec lui à prévoir un renou-
vellement souvent peu commode de l'énergie nécessaire. Cepen-
dant, comme il la faut excellente, certains chauffeurs prévoyants,
craignant de ne pas trouver en route la gazoline voulue,
emportent une provision d'essence pouvant suffire à la consom-
mation ' des brûleurs pour tout leur voyage. Cet allumage
donne la possibilité de réchauffer, avant la mise en train du
moteur, l'air qui va au carburateur ; cet avantage est précieux en
hiver.
Ces qualités bien réelles assurent aux brûleurs des partisans
fort convaincus. Sans doute, avec eux, une extinction n'est pas
impossible: mais, certains systèmes, depuis longtemps éprou-
vés, la rendent bien rare !.
Indépendamment de la possibilité de l'extinction et de la lon-
gueur de mise en train (quelques minutes), les autres incon-
vénients qu'on reproche aux tubes sont les suivants :
1. Aussi trouvons-nous inutile l'adjonction, que proposent MM. Clément
et Michaux, d'un dispositif permettant de produire à l'intérieur du brûleur
une série d'étincelles électriques, destinées à le maintenir allumé malgré
le vent. La dynamo, à laquelle ces inventeurs ont recours pour avoir les
étincelles, au moment où l'extinction est à craindre, occasionnerait une
complication hors de proportion avec le résultat cherché.
126 l'automobile sur route
1° Ils chauffent le cylindre, qu'on s'applique d'autre part à
refroidir par un courant d'eau; s'il est simplement refroidi au
moyen d'ailettes, il faut le soustraire à réchauffement qui lui
serait occasionné par les brûleurs, et employer l'allumage élec-
trique ;
2° Ils constituent un danger d'incendie * ;
3° Ils peuvent donner des explosions à contre-sens, par suite
de l'arrivée du gaz neuf au contact des tubes, au moment où le
piston revient en arrière pour les comprimer : le piston est alors
violemment repoussé vers l'avant, occasionnant dans tout le
mécanisme un choc qui peut être dangereux pour le conduc-
teur ;
4° Enfin les brûleurs consomment en pure perte de l'essence
pendant les arrêts ; cet inconvénient est surtout appréciable pour
les fiacres. Avec ceux-ci l'allumage électrique semble de rigueur,
et il faut employer de préférence l'étincelle de rupture, seule
assez forte pour brûler le dépôt d'huile et de poussière charbon-
neuse qui se forme sur les bougies quand le fonctionnement des
cylindres n'est qu'intermittent ; or l'étincelle de rupture néces-
site ordinairement l'emploi d'une dynamo. Dans ces conditions,
M. Forestier se demande, puisqu'on a avec la dynamo le moyen
de chauffer électriquement le carburateur, s'il ne conviendrait
pas d'employer pour actionner les fiacres, le pétrole lampant
plus économique que l'essence.
76. — Autres modes d'allumage. — Quelques autres modes
d'allumage ont été essayés. L'allumeur Gans de Fabrice est une
imitation du thermocautère Paquelin, consistant, comme on le sait,
en un tube de platine, à l'intérieur duquel est constamment
renouvelé, par une soufflerie disposée à cet effet, un mélange de
vapeur d'hydrocarbure et d'air. Cet allumeur produit une très
1. M. Haudry de Saunier indique notamment que l'essence, au moment
où se fait l'allumage des brûleurs, peut arriver trop vite dans ces derniers
pas assez chauds pour la vaporiser, et s'enflammer liquide, risquant d'in-
cendier toute la voiture, surtout avec des brûleurs à pression. {L'automo-
bile théorique et pratique y p. 45.)
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 127
haute température, qui a été accidentellement mise en évidence
par ce fait que, dans certains essais où l'alimentation était trop
continue, le platine a fondu. Le Dr Gans de Fabrice a cru pou-
voir conclure de ses recherches sur les moteurs à pétrole qu'il
existe une relation assez étroite entre la force de l'explosion du
mélange et la température du corps qui les provoque ; son allu-
meur, en produisant une température plus élevée que les brû-
leurs et l'étincelle électrique, donnerait de meilleurs résultats
que ceux-ci ; il prétend que le rendement du moteur s'en trou-
verait augmenté de 30 à 50 °/0, ce qui nous paraît impossible et
que la meilleure utilisation du mélange serait prouvée par
l'absence de toute odeur, ce qui serait facile à vérifier avec une
bicyclette actionnée par ce moteur. Nous ne sachons pas, en
effet, que cet allumeur ait été essayé sur une automobile.
M. Bernardi a appliqué à son moteur pour automobiles un
système d'allumage fondé sur la propriété catalytique du platine,
qui, on le sait, devient incandescent, quand il est plongé dans
un mélange d'air et de gaz combustible. Seulement, au lieu
d'employer la mousse de platine, fort délicate et qui nécessite la
température du rouge blanc pour allumer avec certitude les
mélanges détonants comprimés, il se sert d'un tissu de fils de
platine, qui les allume dès qu'il est chauffé au rouge sombre
(environ 250°) 1. M. Ménard emploie un faisceau de fils métal-
liques, platine ou nickel, dont on pourrait faire varier l'enfonce-
ment dans le cylindre, de manière à régler le moment de
l'allumage.
Allumage automatique. — On demande quelquefois au seul
jeu de la compression d'entretenir, après que le moteur a été
mis en action, la température du tube à un degré suffisant pour
provoquer l'explosion des charges successivement introduites
dans le cylindre. MM. Banki et Csonka 2, Latapie de Gerval 3,
1. Locomotion automobile, 7 avril 1898, p. 217.
2. Revue industrielle, 7 août 1897.
3. Chauffeur, 10 février 1897, p. 36.
128 l'automobile sur route
Southall * ont proposé des dispositifs variés pour utiliser cette
compression. Elle Ta été effectivement par la Société des Moteurs
Benz ', et elle Test tous les jours par M. Loyal. Dans le moteur
à deux temps de ce dernier inventeur, le tube en nickel est
seulement pour la mise en train chauffé par une lampe à essence
Longue mare. MM. Banki et Csonka recommandent de chauffer
les gaz neufs en les faisant passer dans un serpentin baigné par
les gaz de l'échappement . La plupart des systèmes d'allumage
automatique se passent de cette précaution.
Le moteur Diesel emploie l'allumage automatique, et, comme
il n'applique la compression qu'à l'air pur, le procédé ne pré-
sente plus dans l'espèce cet inconvénient des explosions préma-
turées, qui peut avec lui devenir fort grave.
77. — Cylindres. — On en emploie le plus ordinairement deux ;
cependant, pour les moteurs peu puissants, on peut se contenter
d'un seul ; comme aussi parfois on en assemble trois, ou même
quatre, comme dans le moteur Mors.
Les cylindres sont horizontaux, verticaux ou inclinés ; cette
dernière disposition, qui était employée dans le Daimler primitif,
où les deux cylindres étaient disposés de part et d'autre de la
verticale, à 15° de cette dernière, avait été imaginée pour régu-
lariser l'action du moteur en empêchant les points morts de
correspondre aux mêmes positions des deux pistons. Elle a été
abandonnée, comme compliquant la construction, sans profit réel
pour la régulation du mouvement, qui est suffisamment assurée
par le volant et surtout par la grande vitesse du moteur.
Les cylindres horizontaux ont l'avantage de permettre, en
marche, la composition de leurs vibrations avec le mouvement de
la voiture ; au repos, celles-ci ont l'inconvénient de pouvoir, sur-
tout sur une rampe, faire démarrer intempestivement la voiture.
Mais le gros défaut de ces cylindres est de donner lieu à une
ovalisation et de nécessiter de temps à autre un alésage.
1. Revue industrielle, 18 décembre 1897.
2. Chauffeur, 10 octobre 1897, p. 350.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 129
Les cylindres verticaux sont affranchis de ce dernier inconvé-
nient ; mais, ils sont plus difficiles à loger et leurs trépidations
s'exercent dans un sens qui ne leur permet pas d'être annihi-
lées, en marche, par le mouvement du véhicule.
Les cylindres se font en acier ou en fonte douce ; avec le
premier, leur épaisseur varie de 2 à 3.5 mm., pour des moteurs
de 65 à 90 mm. d'alésage ; avec la seconde, l'épaisseur atteint 4
à 6 mm.
78. — Refroidissement des cylindres. — La température du
mélange explosé est très haute : M. Witz ne l'évalue pas à
moins de 2000°; sans doute elle est fort vite abaissée par la
détente des gaz, mais même ainsi atténuée elle produirait des
effets funestes : 1° il serait impossible d'assurer le graissage des
cylindres, car les huiles les plus résistantes se décomposent à
300° et donneraient au-dessus des dépôts charbonneux nuisibles
au bon fonctionnement des soupapes et du moteur en général;
2° les dilatations très grandes et inégales dans les pièces très
bien ajustées, notamment dans le cylindre et le piston, généraient
le jeu du moteur ; 3° on pourrait craindre le grippage du piston,
le soudage de la tête de bielle et de la manivelle, la mise hors
d'état de soupapes, surtout de celles d'échappement (deux
heures de marche à une température trop élevée suffisent pour
amener cette dernière).
Ce refroidissement, on le comprend, est cause d'un déchet
considérable dans l'utilisation des calories du combustible; il
constitue une des grosses imperfections des moteurs à pétrole
actuels. Aussi ne faut-il le pousser qu'au moindre taux possible,
sans qu'on soit bien fixé sur ce dernier. En général, sur les
automobiles, on ne refroidit pas trop, parce que le renouvel-
lement de l'eau est une sujétion, à laquelle on échappe tant qu'on
peut.
79. — Refroidissement par courant d'eau. Radiateurs Grouvelle et
Arquembonrg, Loyal, Julien. Pompes. — C'est le plus ordinairement
au procédé classique d'un courant d'eau, circulant autour de la
O. Limau. — L Automobile sur route. 9
430 l'automobile sur route
-chambré d'explosion et des boîtes de soupapes ou môme de tout le
•cylindre qu'on a recours. Le mouvement du liquide est obtenu à
l'aide d'une pompe spéciale, ou simplement assuré par les diffé-
rences de densité qui se produisent dans le circuit. Ce procédé
a le gros ennui de nécessiter de fréquentes alimentations du
réservoir à eau, surtout en été. Pour combattre réchauffement
trop rapide de l'eau, on la fait circuler dans des tubes ou ser-
pentins, entre lesquels le mouvement de la voiture assure une
rapide circulation dair frais. M. P. Royer a proposé de rem-
placer à cet effet les pare-crotte de cuir ou de bois des voitures
par des ailes, tubulaires, dans lesquelles l'eau se rafraîchirait l.
M. J. Dupont a recours à un récipient spécial muni d'ailettes *.
M. Lepape a essayé un assez grand nombre de refroidis seur s,
notamment celui qui consiste, après que l'eau a circulé autour
des cylindres et du carburateur, à la faire remonter à la partie
supérieure de la bâche et à la laisser ensuite retomber en pluie
sur quatre plans inclinés en tôle : le courant d'air, qui passe à
travers les gouttelettes liquides, en sépare la vapeur. Cet inven-
teur a aussi essayé un système, qui met en œuvre la perméa-
bilité de la toile à voile, comme celle qu'utilisent les pompiers
pour la fabrication de leurs seaux : cette perméabilité a, à ses
yeux, le double avantage d'augmenter la surface de conjtact du
liquide avec l'air ambiant et de permettre à la vapeur de se
séparer du liquide.
En fait, le procédé presqu'universellement employé consiste à
faire circuler le liquide dans des tubes droits compris entre deux
collecteurs d'entrée et de sortie de l'eau, cloisonnés de façon que
celle-ci traverse les tuyaux en série, ou dans un serpentin à plusieurs
étages. Ces tubes ou radiateurs sont munis d'ailettes qui aug-
mentent leur surface de contact avec l'air chargé de les rafraîchir.
L'un des modèles les plus usités est celui de MM. Grouvelle
et Arquembourg : les tuyaux (de 13 mm. de diamètre intérieur
1. Revue du Touring-club, mai 1897, p. 89.
2. Chauffeur, 25 août 1897, p. 295.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 131
pour les moteurs au-dessous de 8 chx, de 18 mm. pour les
autres) sont en cuivre ; leurs ailettes rectangulaires de35x 45 mm.
sont en fer rapporté ou soudé, ou en aluminium rapporté, pour
être plus légères; ils sont écartés les uns des autres de 60 à
70 mm. On compte qu'il faut par puissance d'un cheval 2 m.
de tuyau de 15 mm. ou 1 m. 35 de tuyau de 18 mm. ; ces tuyaux
pèsent respectivement au mètre: le premier 0 kg. 875 avec des
ailettes d'aluminium, 1 kg. 275 avec des ailettes de fer ; le second
1 kg. 220 et 1 kg. 820. On voit d'après ces chiffres que le poids
d'un radiateur n'est pas négligeable ; le prix est aussi assez
élevé (10 fr. par mètre de tuyau de 15 mm. avec ailettes en fer
rapportées). Mais l'adjonction d'un refroidisseur, bien disposé,
c'est-à-dire avec des ailettes parallèles à l'axe longitudinal de
la voiture, pour que l'air y circule bien, augmente beaucoup la
distance que l'on peut parcourir sans prendre d'eau froide : on
peut compter, dit-on, 200 kilo m. si on ne marche pas à plus de
20 kilom. à l'heure en moyenne. Mais il est avantageux de renou-
veler l'eau plus souvent, si on le peut.
M. Loyal donne à ses ailettes une forme ondulée, qui leur
assure une surface de contaèt plus grande avec l'air ambiant, et
augmente leur indéformabilité.
M. Julien reproche aux tubes à section circulaire de rendre
difficile le contact de leur paroi intérieure avec les veines cen-
trales du liquide: il constitue ses radiateurs avec des tubes
aplatis, sauf à leurs extrémités qui restent cylindriques pour
faciliter leurs raccords avec les collecteurs ou le reste de la tuyau-
terie; il supprime d'ailleurs les ailettes. Il propose, assez logi-
quement à notre avis, de greffer sur l'enveloppe du cylindre
moteur une série de tubes, parallèles aux génératrices de ce
cylindre, de façon à ce que l'eau de cette enveloppe se refroi-
disse en parcourant ces tubes. M. Julien construit aussi un
refroidisseur formé par un tube ayant comme section un large
rectangle très aplati, replié en serpentin ; sa largeur permet de
réduire beaucoup le nombre des spires. Il se place sur la voiture,
132 l'automobile sur route
l'embouchure face en avant, pour que l'air pénètre abondamment
entre les spires, et ressorte par deux ouïes latérales f.
La circulation de l'eau dans les radiateurs nécessite l'emploi
d'une pompe. Bien que l'emploi d'une pompe alternative ne soit
pas sans exemple, on emploie principalement les pompes rotatives,
surtout les centrifuges, qui ne nécessitent pas de soupapes et
dont le mécanisme est fort simple. MM. Grouvelle et Arquem-
bourg en construisent une de 125 mm. de diamètre, de 15 mm. aux
orifices d'entrée et de sortie, pesant 1 kg. 800 et faisant de 1.500
à 2.800 tours à la minute. MM. Dalifol et Thomas font la pompe
Abeille, qui tourne normalement à 1.500 tours, et dont la visite
peut s'effectuer, sans touchera la tuyauterie, après avoir simple-
ment dévissé un plateau tenu par 4 boulons. MM. Benoît et
Julien emploient un corps cylindrique en fonte, fermé par deux
plateaux, dans lequel tourne une vis également en fonte, portant
deux filets de pas contraires, séparés par une cloison droite :
l'eau arrive aux extrémités extérieures de chaque filet, chemine
vers la cloison médiane et sort de la pompe perpendiculairement
à son axe. Normalement elle fonctionne en charge, mais, une
une fois amorcée elle peut aspirer l'eau à 0 m. 60 de profondeur.
Elle pèse 3.5 kg. ; à la vitesse de 2.000 à 2400 tours, elle débite
500 à 600 litres à 1 m. de hauteur «.
Nous avons dit en commençant quels inconvénients ne man-
queraient pas de se produire, si on ne refroidissait pas les cylindres.
Un refroidissement trop brusque (occasionné, par exemple, par
l'admission dans le réseau de circulation d'une trop grande
quantité d'eau froide, en cours de marche) ne leur serait pas plus
profitable ; il amènerait dans les cylindres une condensation de
liquide, qui remplirait les tubes d'allumage et empêcherait les
gaz neufs d'arriver à leur contact, ou créerait des courts-circuits
dans la bougie (dans les deux cas, ce serait l'arrêt du moteur);
il pourrait aussi amener la rupture des joints de la culasse, peut-
1. Revue Industrielle, {"avril 1899, p. 122.
2. Locomotion automobile, 13 avril 1899, p. 230.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 133
être la fente du cylindre, qui seraient Tune et l'autre suivies de
la pénétration de l'eau dans le moteur.
La circulation de l'eau autour du cylindre ne va pas sans la
formation, sur ce dernier, de dépôts calcaires, qui diminuent la
conductibilité du métal : il faut se ménager la possibilité de les
enlever fréquemment en faisant l'enveloppe facilement visitable.
Malgré tous ces dispositifs, l'emploi de l'eau, qui présente
encore l'inconvénient de se congeler très facilement en hiver,
quand on la laisse dans une voiture au repos, si on n'a pas eu le
soin de l'additionner de glycérine, est une très grande sujétion,
dont on peut heureusement s'affranchir pour les petits moteurs.
80. — Refroidissement par ailettes. — Ceux-ci sont simplement
munis d'ailettes destinées à augmenter le refroidissement par
l'air extérieur. Ces ailettes sont le plus souvent en fonte, faisant
partie intégrante du cylindre. M. Moreau emploie des ailettes en
cuivre, forcées autour du cylindre ; dans le moteur Papillon,
celui-ci est entouré de véritables frettes, aussi en cuivre, qui ont
L'avantage de lui assurer une plus grande résistance, en même
temps qu'un refroidissement plus efficace, à cause delà conduc-
tibilité du cuivre, meilleure que celle de la fonte. M. Grivel est
en train d'expérimenter des ailettes en aluminium contournant
en spirales le cylindre. Dans le moteur l'Aster, les ailettes en
cuivre sont gaufrées de manière à augmenter leur surface.
Tout récemment *, M. Huber-Baudry, se fondant sur les
variations qu'amène dans le pouvoir émissif d'un corps la nature
de sa surface (un métal qui, poli, a un pouvoir émissif égal à 12,
en prend un égal à 100, quand il est recouvert de noir de fumée)
a appelé l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait à peindre en noir
ou en blanc le cylindre des moteurs à pétrole. Il y a peut-être
quelque chose à faire dans cette voie. Mais il ne faut pas oublier
que les surfaces qui émetttent le plus facilement la chaleur sont
aussi celles qui la reçoivent le mieux : dans l'espèce, avec la
c
1. France automobile du 26 mars 1899.
134 l'automobile sur route
juxtaposition des ailettes, n y*a-t-il pas à craindre que la chaleur
cédée par Tune soit prise par la voisine ? Et puis, autant qu'on
peut en juger par la nécessité de renouveler l'air autour du
cylindre, c'est surtout par conductibilité que se fait le refroidis-
sement : il ne faudrait pas que la peinture en rendant la surface
du moteur plus rugueuse, gênât cette circulation.
Nous préférons, pour notre part, le procédé de M. Sire, qui
consiste à recouvrir galvaniquement de cuivre mat (et en quantité
d'autant plus grande qu'elles demandent à être plus efficacement
refroidies) les parties du cylindre. Le cuivre prendra une tempé-
rature plus élevée que le noir de fumée, et la chaleur se dissipera
d'autant mieux que la surface du cylindre sera à une tempéra-
ture plus grande que l'air ambiant.
81. — Refroidissement par procédés divers : G. Desjacques, Klaus,
Lepape, Lanchester, Diligeon, Dufour, Goret. — M. G. Desjacques
propose * de pratiquer dans l'épaisseur même du cylindre,
parallèlement à ses génératrices, des trous de quelques millimètres
de diamètre, qui constitueraient autant de cheminées dans les-
quelles l'air circulerait très bien, et aussi près que possible des
parties à refroidir.
Sur les ailettes, M. Klaus fait agir les gaz de l'échappement,
de manière à produire autour d'elles une circulation d'air plus
active ; mais il vaudrait mieux, semble-t-il, leur éviter le contact
même de ces gaz, qui, au sortir du silencer, sont encore très
chauds et les employer à provoquer un courant d'air frais, autour
de ces ailettes, comme le propose un autre inventeur avec une
rainure hélicoïdale pratiquée dans l'enveloppe du cylindre.
C'est ce qu'a fait, aussi dans certaines de ses voitures, M. Le-
pape : le moteur placé verticalement à l'avant était entouré d'une
gaine, dans laquelle les gaz de l'échappement produisaient un
courant d'air frais. Ces gaz ont ordinairement une pression de 3 à
4 kg. ; on comprend qu'elle soit utilisable.
M. F. Lanchester propose l'emploi du dispositif de la figure 60 :
4. Locomotion automobile, 6 avril 1899, p. 210.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
135
le cylindre moteur C, formé par un tube d'acier, est renforcé
par des frettes B, laissant entre elles un espace suffisant pour la
circulation de l'air : frettes et cylindre sont entourés par une enve-
loppe en tôle. Une entrée d'air A communique avec une capacité
dans laquelle le volant du moteur, muni de palettes, fait fonc-
tionner le ventilateur centrifuge pour envoyer, au contact des
frettes et du cylindre, de l'air constamment renouvelé. La sortie
d'air D est munie d'un clapet rotatif ,
à réglage automatique, qui dirige l'air
vers le carburateur pour en activer
Faction. M. Diligeon a réalisé dans ses
voitures un dispositif du même genre * .
Signalons le procédé employé par
M. Dufour, dans son moteur à deux
temps : une pompe mue par des le-
viers et une came, montée sur l'ar-
bre qui commande l'échappement,
envoie de l'eau dans l'intérieur même
du cylindre. L'action du liquide est
là plus efficace qu'autour du cylin-
dre, mais l'eau qui a agi peut-elle
être recueillie pour être réemployée après refroidissement? Et
puis la complication du système est-elle rachetée par ses résultats?
Rappelons que, dans le moteur Goret à six temps, la chasse d'air
pur, produite dans le cylindre après chaque explosion, le refroidit.
32. — Pistons. — Ils sont sans tige, et très longs, de manière à
se guider eux-mêmes ; parfois ils sont prolongés par un manchon
creux. Us doivent être légers : les pistons lourds usent davan-
tage la partie inférieure des cylindres horizontaux. On les fait en
fonte malléable. Ils portent des rainures, dans lesquelles sont
logés, pour assurer l'étanchéité, des segments, espèces d'anneaux
en cuivre et fonte malléable, ou mieux en fonte ordinaire, d'un
diamètre un peu plus grand que celui du cylindre, et d'épaisseur
Fio. 60.
Refroidisseur Lanche$ier.
1. Chauffeur, il juillet 1898, p. 256.
136 l'automobile sur route
aussi faible que possible, pour qu'ils restent élastiques. *Les
segments doivent bien remplir les rainures dans le sens de leur
largeur, sans pourtant y être forcées (car cela paralyserait leur
élasticité), et conserver un jeu d'au moins 1mm. dans le sens de
la profondeur, afin d'agir comme ressorts.
M. Michelin propose, pour éviter la nécessité du graissage et
du refroidissement du. cylindre, de supprimer le frottement du
piston, en munissant celui-ci de gorges circulaires séparées par
des parties saillantes d'un diamètre un peu inférieur à celui du
cylindre. Ce piston assurerait une étanchéité d'autant meilleure
qu'il irait plus vite. Mais, comme il ne toucherait pas le cylindre,
il faudrait le guider.
La bielle, directement fixée au piston, attaque par son autre
extrémité le vilebrequin de l'arbre moteur. Elle est ordinairement
attachée au piston par un tourillon, qui le traverse de part en
part, et qui est embrassé par l'œil de la bielle. MM. Roser et
Mazurier fixent la bielle au piston par un ajustement à rotule qui
permet d'obtenir une plus grande surface de frottement et donne
une très faible usure, supprimant le jeu. Dans tous les cas,
l'ajustage a besoin d'être parfait, comme d'ailleurs le graissage, si
on veut être à l'abri des grippages. Les bielles doivent être
d'autant plus légères que le moteur va plus vite.
83. — Mise en marche. — La mise en marche du moteur s'obtient
k l'aide d'une manivelle, qui permet d'imprimer quelques tours
k l'arbre moteur. A cet effet, certaines voitures sont munies d'un
dispositif pour ouvrir la soupape d'échappement, afin d'éviter la
compression des gaz se trouvant dans le moteur au repos. La
manivelle est montée, au moment voulu, sur un arbre auxiliaire
disposé à l'arrière de la voiture ; il faut donc, après chaque arrêt
du moteur, que le chauffeur descende de son siège, pour le
remettre en marche. L'inconvénient n'est pas bien grave, car
les arrêts de la voiture ne sont suivis de celui du moteur, que
quand on le veut bien, autrement dit quand les arrêts sont de
longue durée; aussi peut-on trouver que c'est une complication
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 137
inutile que celle imposée par certains constructeurs à leur
mécanisme pour permettre la mise en marche du moteur du siège
même de la voiture.
Pourtant une mise en marche du siège est précieuse par la facilité
qu'elle donne de supprimer les trépidations pendant les arrêts :
certaines voitures à moteurs peu puissants, entre autres la voi-
ture tte Decau ville, en sont munies.
84. — Bruit et odeur des moteurs à pétrole. — Qui dit bruit et odeur
dit vibrations parasites et combustion défectueuse du mélange,
par cela même mauvaise utilisation de l'énergie potentielle de
l'essence. A ces deux points de vue, les moteurs à pétrole
laissent à désirer. Nous reviendrons plus tard sur les trépida-
tions auxquelles ils donnent lieu ; nous ne nous occuperons pour
le moment que du bruit dû à l'échappement des gaz brûlés et
de l'odeur qu'ils exhalent.
Pour diminuer le bruit, et du même coup la poussière que le
jet de ces gaz soulèverait s'il venait librement rencontrer le sol,
on les envoie, au sortir du cylindre, dans un pot d'échappement
qu silencer, ordinairement formé par un cylindre horizontal,
communiquant avec l'air extérieur par un tube percé de petits
trous. Le mélange gazeux se détend dans la capacité relativement
considérable qui lui est offerte, et s'échappe en minces filets
par les. trous du tube. Pour bien amortir le bruit, il faut employer
un grand silencer, percé de beaucoup de petits trous, ou deux ou
trois silencers successifs. Évidemment, tout cela diminue un peu
la force du moteur, qui doit vaincre, pour refouler les gaz dans le
pot d'échappement, une pression supérieure à celle de l'atmo-
sphère ; mais il ne faut pas supprimer le pot, comme le font
certains chauffeurs, qui ne tiennent pas un assez juste compte de
l'effroi que le bruit de leurs moteurs peut causer aux chevaux.
Quant à l'odeur, on ne fait ordinairement rien pour la dimi-
nuer. Signalons cependant l'appareil qu'a proposé M. Chevalet,
pour atténuer du même coup l'odeur et le bruit. .11 doit être
monté à là suite du pot d'échappement ou simplement sur le
138 l'automobile sur route
tuyau de sortie du cylindre. Il est composé de quelques anneaux
scrubbers rationnels, semblables à ceux qui sont employés dans
les usines à gaz, munis à l'intérieur d'un plateau en fonte percé de
trous, et remplis de frisons de menuisier ou mieux de paille de
fer. Ces anneaux sont superposés et arrosés, pour arrêter le
pétrole non brûlé, cause de l'odeur en question, avec de
l'eau ou mieux avec de l'huile inodore. Cette huile peut, paraît-il,
être employée au graissage, quand elle a été débarrassée des
impuretés entraînées, par décantation ou mécaniquement.
85. — Consommation. — Il nous resterait, pour être complet, à
faire connaître la dépense des moteurs à pétrole. Mais, on n'a
pas fait d'expériences systématiques pour préciser ces consom-
mations. Les chiffres donnés par les constructeurs, sans l'indi-
cation de la qualité d'essence employée et des conditions dans
lesquelles le moteur a travaillé, ne sont pas comparables entre
eux. Ceux que nous reproduirons dans la suite ne devront être
admis que sous le bénéfice de ces observations. Pour le
moment nous nous bornerons à dire que la consommation par
cheval-heure peut varier de 0.450 1. à 0.800 et 0.900 1. d'essence.
Jusqu'à présent, on a surtout cherché à réaliser des moteurs
simples et d'un fonctionnement sûr ; on ne s'est guère préoc-
cupé de leur dépense. A mesure que la construction se perfec-
tionnera, on recherchera davantage l'économie du moteur. Nous
reviendrons à la fin de l'ouvrage (§ 335) sur ces questions.
86. — Description des principaux types. — I. Moteurs a quatre
temps. A) Moteurs pour voitures. — Moteur Daimlor. — Maintenant
que nous avons étudié en détail les divers organes dont se
composent les moteurs à pétrole, il nous sera facile de décrire
en quelques mots tel ou tel d'entre eux. Nous ne pouvons
songer à en faire une revue complète : ils sont légion et chaque
jour voit s'en accroître le nombre ! Mais il s'en faut que tous
méritent également l'attention : beaucoup n'ont de particulier
que le nom. Il nous sera donc possible, en décrivant quelques
types, de donner une idée suffisamment générale de l'ensemble.
CARBURATEURS ET MOTEURS À PÉTROLE
139
Nous commencerons cette description par le moteur Daimler,
bien qu'il ne soit plus employé sous sa forme primitive, mais
parce qu'il a ouvert la voie à tous les autres.
Il a été appliqué aux bicyclettes dès Tannée 1885, et aux'voi-
Goupe trantrenale. 1/2 élévation. 1/2 coupe longitudinale.
Fio. 61 et 62. — Moteur Daimler.
tures en 1886. Jusqu'en 1889, il n'a été construit qu'avec un
cylindre, de la force de 1/2, 1 et 2 chx ; à partir de cette époque,
on en a accouplé deux pour avoir une puissance de 1, 2 et 4 chx.
Comme ces deux formes ne diffèrent que par quelques détails,
nous décrirons seulement la seconde (fig. 61 et 62).
Elle est caractérisée par l'inclinaison des cylindres, À, A' qui
140 l'automobile sur route
convergent vers l'arbre de couche CC logé dans un bâti cylin-
drique B, qui communique librement avec les cylindres par
leurs bases, et renferme deux plateaux-manivelle D,D'. Dans
chaque cylindre, l'admission se fait au moyen d'une soupape
automatique K, contenue dans une boîte L, qui renferme aussi
la soupape d'échappement M. Le mélange explosif, préparé par
un carburateur à barbotage et niveau constant, que nous ne
décrirons pas, pénètre dans le cylindre par le conduit 0, servant
également à la sortie des gaz brûlés par l'ouverture de la sou-
pape M; celle-ci est soulevée au moment voulu parla tige Q
dont la partie inférieure porte un galet r jouant dans une
rainure s ménagée dans l'un des plateaux-manivelle. Cette
rainure fait deux fois le tour de l'arbre moteur avant de revenir à
son point de départ, de sorte que la tige Q n'agit sur la soupape
que tous les deux tours. L'allumage se fait par les tubes N.
Supposons le piston A dans la période de travail et l'autre A7
dans la phase d'admission : ils descendent de conserve, en
comprimant au-dessous d'eux l'air contenu dans le bâti. A la
fin de cette course, la soupape centrale H du piston A; qui a
aspiré le mélange explosif, se soulève en rencontrant la four-
chette I et laisse pénétrer dans le cylindre correspondant une
charge d'air comprimé qui rend le mélange inflammable. Dans
l'autre cylindre, la soupape d'échappement, sous l'action de la
tige Q et la soupape centrale H, sous l'action de la fourchette I,
se sont ouvertes à fin de course; il en résulte qu'une charge
d'air pur comprimé pénètre dans ce cylindre en chassant
devant elle les produits de la combustion qui s'échappent par un
tuyau recourbé relié à la boîte L.
Lorsque les pistons accomplissent leur course ascendante, la
pression diminue dans le bâti, de sorte que la soupape J s'ouvre
pour admettre une nouvelle provision d'air pur; pendant ce
temps le piston A' comprime les deux charges juxtaposées de
mélange carburé et d'air, et le piston A refoule dans l'atmo-
sphère les deux couches de gaz brûlés et d'air pur. Au moment
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 141
où les pistons arrivent à la fin de la course ascendante, il ne
reste plus que de l'air pur dans la chambre de compression du
cylindre A pour former un nouveau mélange explosif, tandis
qu'en A' l'explosion a lieu, projetant tout le système en avant.
Quant à la régulation, elle est obtenue par la suppression
totale de l'admission du mélange. Lorsque le moteur vient à
dépasser la vitesse normale, le régulateur S, logé dans la poulie
motrice T, rapproche des cylindres la branche supérieure du
balancier articulé U, terminée par le taquet U'. Au moment où
la tige Q monte pour ouvrir la soupape d'échappement, ce taquet
rencontre la branche horizontale R' d'une équerce articulée en t
de sorte que la branche R de cette dernière se trouvant écartée
de la verticale ne rencontre pas la tige i de la soupape d'échap-
pement M et celle-ci reste fermée. La présence des gaz brûlés
dans le cylindre empêche le soulèvement de la soupape d'admi-
sion et l'arrivée d'une nouvelle charge de gaz carbures.
La culasse seule du cylindre est refroidie par un courant d'eau
assuré par une pompe. La mise en marche est effectuée au
moyen d'une manivelle appliquée à l'extrémité G de l'arbre
moteur et se désembrayant quand la machine est lancée.
Le Daimler à deux cylindres marchait à 450,350, ou 700 tours
par minute, suivant que sa force était de 1, 2 ou 4 chx. Il
consommait 1 1. de gazoline à l'heure, pour actionner à la vitesse
de 13 kilom. le phaéton à deux places de la maison Panhard et
Levassor, modèle 1891 ; le graissage était alors évalué à 0 fr. 025
par heure. On n'a pas dépassé avec ce moteur la force de 4 chx
parce qu'au-dessus il eût été trop lourd.
87. — Moteur Phénix-Daimler. —Le modèle actuel, qui date de 1895,
a été combiné sous le nom de Phénix-Daimler par MM. Panhard
et Levassor, concessionnaires des brevets Daimler (fig. 63-65) : il
diffère notablement du type à deux cylindres qui vient d'être
décrit. On ne retrouve, en effet, dans ce dernier, ni l'inclinaison
des cylindres par rapport à la verticale, ni les soupapes placées
dans les pistons, ni ces chasses d'air qui constituaient dans Tes-
142
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
prit de l'inventeur, une des principales causes du succès de son
moteur et de sa faible dépense. Or, depuis qu'au profit de la
simplicité de l'ensemble, on a supprimé le mécanisme qui leur
était nécessaire, le moteur n'en marche que mieux et ne semble
pas dépenser davantage.
Le Phénix-Daimler, dont l'installation sur une automobile
est représentée par la figure 65, accompagnée d'une légende très
Vue longitudinale.
Vue tranirenele.
P£/C7
Fio. 63 et 64. — Moteur Daimler-Phénix.
explicite, se fait avec deux ou quatre cylindres verticaux,
accolés deux à deux ; dans le moteur à quatre cylindres, un seul
des groupes travaille dans les endroits faciles du parcours ; quand
toute la puissance devient utile, un dispositif très ingénieux vient
agir sur le régulateur et fait entrer en jeu le second groupe
Les pistons sont attelés deux à deux sur le même vilebrequin.
L'admission se fait par soupapes automatiques ; l'échappement
par soupapes qu'actionnent des leviers et des cames montées sur
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
143
un arbre tournant deux fois moinâ vite que l'arbre moteur.
L'une de ces soupapes peut être laissée sur son siège, par le jeu
du régulateur, quand le moteur marchant trop vite, il y a
intérêt à ne pas admettre une nouvelle charge d'air carburé
Fig. 65. — Moteur D&imler-Phénix installé sur une automobile.
Lboehdb. — À, cylindres; B, arbre moteur; C, engrenage de retard; D, arbre distributeur ; E, E*
cames commandant par let tiges S, S' les soupapes d'échappement ; F, rirole consistant en une partie
cylindrique suivie d'une came ; elle est montée sur l'arbre D et peut glisser le long de cet arbre, sous
1 action du régulateur à force centrifuge (également monté sur l'arbre D, mais non représenté par
la figure) ; quand la rirole F occupe sa position normale, les tiges S, S' sont actionnées par des talons
d'enclenchement à carnet et l'échappement se fait par le tuyau Z ; quand cette rirole est tirée par le
régulateur, la came de F se substitue à sa partie cylindrique et fait osciller R O P ; mais la soupape 8
est encore ouverte, parée que la bielle Pp a en P un jeu considérable; la soupape S', au contraire, est
maintenue fermée parce que sa tige, écartée de sa position habituelle, ne peut plus être enclenchée par
son talon, puis la came avançant toujours, la soupape S elle-même est fermée. J, petit réservoir
d'essence ; j, tuyau amenant l'essence aux brûleurs ; H, lanterne des brûleurs ; O, carburateur Daimler-
Phénix déjà décrit; m, tuyau amenant le mélange carburé aux cylindres; L, pompe centrifuge assurant
la circulation de l'eau; », galet, entraîné par le volant V et actionnant la pompe L; N, bouteille de
condensation de la vapeur après le pansage de l'eau autour des cylindres ; U, graifseurs ; u, godets pour
admettre quelques centimètres cubes d'eau ence dans les cylindres à la mise en train.
dans le cylindre correspondant. Un petit levier placé
sur le garde-crotte et relié d'une manière convenable avec le
régulateur, permet aussi au conducteur de ralentir par
les mêmes moyens la vitesse du moteur et même de l'arrêter
complètement pendant le stationnement de la voiture.
144 l'automobile sur route
La carburation est effectuée par l'appareil Daimler à pulvéri-
sation (§ 58) ; l'allumage se fait par brûleurs à tubes de platine.
Le refroidissement des cylindres est assuré par une circu-
lation d'eau, sous l'action d'une petite pompe centrifuge.
Le parallélisme des cylindres simplifie la construction du
moteur et permet d'en accoupler quatre tout en confiant leur distri-
bution à un seul arbre et à un régulateur unique, agissant succes-
sivement sur les quatre échappements.
L'un des gros avantages du Phénix-Daimler sur l'ancien
Daimler est encore la facile accessibilité de ses organes : dans
ce dernier, pour arriver aux soupapes, il fallait démonter la
lanterne des brûleurs, les brûleurs, et diverses pièces de
tuyauterie ; il ne fallait pas moins d'une heure. Avec le Phénix,
il suffit de dévisser un écrou. Celui-ci est aussi beaucoup plus
léger que l'ancien Daimler (moins de 22 kg. par cheval, au lieu
de 30 et 35).
Diamètre des cylindres 0.080 m.
Course des pistons 0.120 m.
PniH* I 2 cylindres» 4 chx 83 kS-
rom* } 4 cylindres, 8 chx 155 kg.
Nombre de tours par minute 850
Compression du mélange au point mort par cm2 2,8 kg.
Pression approximative après l'allumage par cm2 12 kg.
Rendement organique 75 0/o
Consommation par cheval-heure (essence à 0,700) 0,65 1.
C'est du Daimler anglais que la fig. 66 représente la coupe,
pour le modèle correspondant à celui de 6 chx de la maison
Panhard : le nombre de tours par minute en a été réduit à 650,
pareequ'on a trouvé exagérées les vitesses françaises ; aussi sa
puissance n'est-elle plus que de 5 (/4 chx. La chambre d'admission
du mélange carburé, que Ton voit au-dessus des soupapes est
assez grande pour que la quantité déjà admise dans cette chambre
remplisse un cylindre : le mélange a ainsi le temps de se faire
plus intime dans le carburateur. Si on ajoute à cela que le volant
est plus lourd que dans le modèle français, on aura les raisons
de la très grande régularité d'allure de ce moteur. Les deux mani-
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
.145
velles sont calées à 180°. La circulation d'eau est assurée,, non
par une pompe centrifuge comme d'habitude, mais par une
ompe à clapets, qui donne de très bons résultats quand elle
marche bien, mais qu'un rien peut empêcher de fonctionner. Un
Fig, 66. — Moteur Dnimler -Phénix anglais.
A, cylindre» ; B, enveloppe à circulation d'eau ; C, brûleur» ; D. E , soupape» d'admission et d'échappement ;
J, mécanisme de distribution ; M, carburateur.
seul réservoir d'essence, maintenu sous pression par une partie
des gaz de l'échappement, alimente les brûleurs d'abord et le
carburateur ensuite; au moment du départ quelques coups de
piston suffisent pour envoyer aux premiers le liquide nécessaire.
G. Utimw. — L'Automobile sur route. 10
146 l'automobile sur route
88. — Moteur Peugeot. — Le nouveau moteur horizontal Peugeot
Fio. 67. — Moteur A pétrole Peugeot.
Coupe longitudinale.
(%. 67-71) se compose de deux cylindres parallèles, dont les
Fio. 68. — Moteur A pétrole Peugeot.
Coupe horizontale.
pistons attaquent un même vilebrequin. L'admission se fait par
o <fc o
Fio. 69. — Commande de l'échappement Fio. 70. — Came de. distribution
du moteur Peugeot. du moteur Peugeot.
soupapes automatiques, l'échappement par soupapes mues méca?
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
147
niquement : au-dessous des cylindres, se trouve l'arbre A, sur
lequel agissent un levier et le coulisseau B, mobile dans la rai-
nure de la came C établie concentriquement sur l'arbre à mani-
velles (fig. 70). Un déplacement angulaire est ainsi communiqué
à l'arbre de distribution A et transmis à une pièce EF (fig. 69),
en forme de V renversé ; les petits leviers, qui terminent cette
148 l'automobile sur route
pièce, viennent alternativement soulever les soupapes d'échap-
pement.
Si la vitesse devient excessive, un régulateur centrifuge, logé
dans la chambre à manivelles surmonte la résistance du ressort
D et repousse, par l'action de leviers appropriés R, la douille
entourant l'arbre À. Ce mouvement fait avancer une pièce
spéciale, qui, venant agir sur les prolongements des leviers de
EF les fait basculer, en tendant les petits ressorts que Ton voit
par-dessous, et les empêche d'ouvrir les soupapes; la conser-
vation des gaz brûlés dans les cylindres empêche l'admission du
mélange frais au tour suivant.
L'allumage se fait par des tubes incandescents chauffés au
moyen de deux brûleurs logés dans la boîte qui prolonge la
culasse (fig. 71) et le refroidissement s'opère par courant d'eau.
Le moteur est renfermé dans un carter, muni de deux ori-
fices latéraux, livrant passage à l'air froid destiné à rafraîchir les
pistons et les cylindres, et d'une ouverture (normalement fermée
par une glissière) pour le graissage. En déboulonnant la partie
supérieure de ce carter, on a facilement accès aux organes de
la machine.
89. — Moteurs Boni, Àudibert-LaYirotte, Rochet-Schneider, Delahaye,
Hurtu-Diligeon, 6. Richard, Gambier. — Le premier moteur Benz
était monocylindrique, à double effet, seulement à deux temps. Sa
complication l'a fait rejeter pour l'usage automobile, *.~ - •» on
a d'abord appliqué un moteur à un cylindre comme le premier,
mais à quatre temps. Le mélange explosif, produit parle carbura-
teur K (sans niveau constant), à évapora tion aidée par la chaleur
empruntée à une partie des gaz brûlés, est envoyé au cylindre
à travers la valve de réglage R (il n'y a pas de régulateur
mécanique); il arrive en À dans la boîte de distribution où se
trouvent les soupapes et la bougie électrique e. Les engrenages
G actionnent par la bielle Cla soupape d'échappement; celui-ci
se fait parle tuyau E. Allumage électrique (§ 70). Refroidissement
par eau, sans pompe.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 149
Diamètre du cylindre 154 mm.
Course du piston 180 »
Nombre de tours par minute 480
Puissance effective 5 chx.
Dans un deuxième type à deux cylindres jumeaux, venus de
fonte dans la même enveloppe de circulation d'eau, les soupapes
Élévation. Plan.
Fio. 72 et 72 bis. — Moteur monocylindrique Ben*.
et les bougies sont placées dans les fonds des cylindres :
une interruption mécanique leur distribue le courant.
Dans un troisième type, deux cylindres, du premier modèle,
Fio. 73. — Moteur A pétrole DeUhaye.
b, boita à soupape d'admission et à soupape d'échappement ave* bouchon d'accès a, disposée derrière
chacun des cylindres ; l'enveloppe de ces derniers est divisée en denz compartiments, l'nn pour l'etn et
l'antre ponr chauffer l'air à carburer ; /", suspension du moteur ; o, cames commandant les soupapes
d'échappement.
sont opposés bout à bout, et réunis par un même bâti, qui porte
Tarbre-manivelle et le volant.
Le moteur Benz a eu beaucoup d'imitateurs, principalement
sous la forme à deux cylindres jumeaux; citons les moteurs Audi-
bert-Lavirotte, Rochet-Schneider, Delahaye, Hurtu-Diligeon,
G. Richard.
150 l'automobile sur route
Le moteur Audibert-Lavirotte se fait à un ou deux cylindres;
pour diminuer la compression, lors de la mise en route, une
soupape de décharge, manœuvrée par un levier et une came, peut
être ouverte au moment voulu.
MM. Rochet et Schneider se sont attachés à équilibrer toutes
les pièces; le type Benz a été modifié dans quelques détails.
M. Delahaye emploie (fig. 73) deux cylindres horizontaux
actionnant deux vilebrequins calés à 180°. Carburateur à barbo-
iage dont le niveau est constant. Les soupapes d'échappement sont
Fio. 74. — Moteur à pétrole Cambier à 2 cylindres.
commandées par deux cames : la plus grande fonctionne
pendant la marche normale ; la plus petite seulement lors de la
mise en route, de façon à donner un échappement anticipé
pendant la compression. Inflammation électrique ne nécessitant
qu'un seul accumulateur (qui peut, paraît-il, servir pendant
2.000 kilom), grâce à un appareil spécial pour la commande des
contacts. Pas de régulateur. Circulation d'eau assurée par une
pompe centrifuge dont la poulie de commande est calée sur
l'arbre intermédiaire > Puissance portée à 6 et 8 chx pour
la vitesse normale de 700 tours.
Le moteur Hurtu-Diligeon était préalablement caractérisé par
son mode de refroidissement, qui ne se faisait pas par un courant
d'eau, mais par le courant d'air, qu'un ventilateur dirigeait sur
les ailettes dont était muni le cylindre (§ 81). Ce mode ayant été
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
151
trouvé insuffisant, les constructeurs sont revenus au refroidis-
sement par eau.
Dans* le moteur de M. G. Richard, les manivelles des deux
pistons sont calées à 180°. Allumage électrique perfectionné,
qui sera décrit à propos de la voiture de ce constructeur (§ 270).
Coupe rerticale.
Fio. 75 et 76. — Moteur & pétrole Mors & 4 cylindres.
Régulateur spécial modifiable en cours de marche, qui agit sur
l'échappement pendant un temps proportionnel à l'énergie utile.
M. Cambier fait des moteurs à un, deux, trois ou quatre
cylindres, le plus communément à deux cylindres et deux
vilebrequins, faisant le même angle avec l'arbre moteur (fig. 74).
152 l'automobile sur route
Deux soupapes d'aspiration par cylindre, pour donner une
section d'introduction considérable tout en faisant chacune
d'elles légère et facile à refroidir. Soupapes d'échappement
mues non par cames bruyantes et brusques, mais par excen-
triques, bielles, leviers coudés et palettes: celles-ci commu-
niquent aux soupapes leur mouvement de montée et de descente.
Allumage par tube, mieux par étincelle électrique que donne une
machine magnéto-électrique. Un moteur de 8 chxpèse 132 kilog.
Un moteur de quatre cylindres,' atteint facilement la force de
12 chx.
90. — Moteur Amédée Bollée. — Deux cylindres horizontaux, à
course concomitante, donnant une explosion par tour, attaquent
l'arbre moteur sur un seul coude. Allumage par tubes incan-
descents.
La régulation se fait par un appareil à force centrifuge, com-
mandant une came, dans laquelle coulisse un bouton solidaire
de la pièce en V, chargée d'ouvrir par ses oscillations alterna-
tives les deux soupapes d'échappement : à chaque position de la
came correspondent une certaine course de la pièce en V et une
certaine ouverture des soupapes. Ce mode diffère de celui qui
est habituellement adopté et qui consiste à supprimer complè-
tement l'ouverture des soupapes; il est meilleur parce qu'il
gradue de lui-même son effet, et permet aussi au chauffeur de le
graduer par les positions diverses qu'il donne à l'accélérateur
dont est munie la voiture.
Le mécanisme de distribution et de régulation comme du reste
tout le moteur est très robuste et de fonctionnement très sûr;
les soupapes sont d'une visite très facile.
Refroidissement par eau, dont la circulation est assurée par
les seules différences de densité : le liquide arrive dans l'enve-
loppe du cylindre en vertu de la gravité ; un flotteur et un obtu-
rateur à pointe y maintiennent la hauteur constante.
91. — Moteurs Mors à quatre et à deux cylindres. — Le premier a
ses quatre cylindres, inclinés à 45°, disposés par paires au-dessus
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 153
et des deux côtés de l'arbre moteur. Les bielles des pistons
Fig. 77. — Moteur Mors A 2 cylindres.
Coupa verticale longitudinale.
154
L AUTOMOBILE «UR ROUTE
d'une même paire sont attelées à «les ihanivelles calées à 180°
(fig. 75-76).
Admission automati-
que. Échappement com-
mandé par cames. Le
régulateur fait varier la
'quantité et le dosage du
mélange admis. Carbu-
rateur décrit (§ 59). L'in-
flammation électrique le
sera plus tard (§ 273).
Refroidissement par ai-
lettes et, autour de la
chambre d'explosion, par
circulation d'eau qu'assure
une pompe spéciale. Le
moteur fait 800 tours à la
minute.
Dans le second type,
les deux pistons A A verti-
caux, accolés (fig. 77 et 78)
attaquent un même vile-
brequin muni de contre-
poids (parfois deux vile-
brequins calés à 1 80°). Les
soupapes d admission C
sont placées au-dessus
des soupapes d'échappe-
ment D. Par les pignons
b1, b2, l'arbre moteur B
actionne l'arbre tubulaire
E, sur lequel coulisse la douille d'un régulateur centrifuge (fig. 79) :
les deux boules F, F sont reliées par les bras /", f à une tige f{fl
(fig. 80) traversant de part en part l'arbre tubulaire et passant
Fio. 78. — Moteur Mors à 2 cylindres.
Coupe Y«rticale transversale.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROTE
155
dans un noyau Z*2, logé à l'intérieur de cet arbre et pouvant s'y
déplacer. Le noyau /2 est solidaire d'une tige /*, guidée à frotte-
ment doux dans le bouchon-écrou G ; un ressort g est placé
entre le noyau et le bouchon. La douille du régulateur constitue
Fio. 79. — Moteur à pétrole Mors à 2 cylindres.
Mécanisme de distribution et de régulation (conpe longitudinale).
la moitié d'un embrayage à griffes, dont l'autre partie est soli-
daire d'un arbre tubulaire H, concentrique à l'arbre E.
C'est sur l'arbre H que sont fixées les cames commandant les
.—- j
soupapes d'échappement et les organes
d'allumage. Normalement sous l'action du
ressort g, la douille est en prise avec la
deuxième partie de l'embrayage calée sur
l'arbre H, et les cames agissent sur les
soupapes d'échappement et les organes
d'allumage. Quand la vitesse de l'arbre
dépasse une certaine limite, le débrayage
se produit, l'arbre H n'est plus solidaire Fio. 80. — Moteur Mors
de E : les cames ne sont plus actionnées; M^nht\7^nL et de
l'échappement et l'allumage sont suspen- ré»ttl*tion <é,éT'Uo11 ■"■"•"■■•J-
dus. C'est un système différent de ceux que nous avons vus
jusqu'ici, laissant les cames fonctionner toujours, mais les empê-
chant, par des dispositifs plus ou moins, compliqués, culbuteurs
ou autres, d'agir sur les soupapes. Tout le mécanisme que nous
156
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
venons de décrire est enfermé dans la boîte M de l'arbre mani-
velle.
Le rôle du régulateur se borne d'ailleurs à maintenir automa-
Fio. 81. — Moteur Landry -Bey roux.
A, culasse à circulation d'eau emboîtant le cylindre B et contenant les trois soupapes d'échappement »,
d'admission automatique du mélange «' et d'arrivée d'air carburé i" ; k, arbre à cames à
réduite de moitié; a, galet qui, tourné de 90*, Tient en contact arec une came donnant une faible com-
pression a la mise en train. Un retard à l'allumage est également préru pour faciliter le démarrage.
Après la mise en marche la soupape s est actionnée par le galet (qu'on roit a gauche de a) et par la
eame ordinaire d'échappement.
F, conduite d'échappement débouchant dans le socle ; L, lerier coudé articulé au bâti et reposant
sur une came de la distribution ; À, disque relié à L par un ressort à boudin et portant deux pointes
». ff ; 1» première enclenche la tige s de la soupape à air carburé s", la seconde permet à la tige e
reliée au réirulateur de faire tourner le disque À dont la pointe i manque j, en cas d'excès de ritesse.
Un lerier a pédale sert à atténuer l'action du régulateur pour forcer l'allure.
tiquement le moteur à une allure déterminée : les diverses
vitesses s'obtiennent en faisant varier l'admission du mélange
tonnant, grâce à une lame qui obture plus ou moins, ou même
complètement les orifices des canaux d'admission.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
157
La réfrigération des cylindres est assurée par un courant
d'eau a', qui enveloppe chacun d'eux sur toute la partie qui
correspond à la course du piston et à la soupape d'échappement.
Dans un troisième type, de 4 chevaux environ, avec lequel
M. Mors équipe sa voiturette à 2 places, dont un spécimen
figurait aux Tuileries en 1899, les 2 cylindres sont horizontaux
t placés en face l'un de l'autre. Bien que l'allumage soit élec-
trique, il y a un régulateur de vitesse ;
celle-ci peut aussi varier sous l'influence
d'une valve qui commande l'introduction
du gaz carburé dans les cylindres. Le
refroidissement est assuré par un cou-
rant d'eau.
92. — Moteur Landry-Beyronx (fig. 81).
— Un seul cylindre vertical. Admission
dans le cylindre même par une soupape
automatique et dans la boîte, qui précède
cette dernière, par une soupape mue
mécaniquement. Régulateur à force cen-
trifuge supprimant ou simplement dimi-
nuant l'ouverture de cette dernière. Car-
buration par un vaporisateur, dans lequel
un compte-gouttes envoie au fur et à mesure des besoins la quan~
ité d'essence voulue. Allumage électrique. Refroidissement par
un courant d'eau que maintient en circulation une pompe rota-
tive actionnée par le volant. (Voir la légende.)
Force 2 à 8 chx; la société M.-L. B. qui construit ce moteur,
a aussi créé un modèle à deux cylindres de 16 chx pour les poids
lourds.
93. — Moteur Gautier- Wehrlé. — Deux cylindres horizontaux,
placés face à face, des deux côtés de l'arbre moteur (fig. 82),
ou quelquefois deux cylindres jumeaux. Manivelles à 180°.;Les
soupapes d'échappement sont actionnées par une seule came,
quj commande le régulateur, de manière à supprimer succes-
Fig. 82.
Moteur Gautier- Wehrlé.
158
l'automobile sur route
sivement, et suivant les besoins, l'échappement dans chacun
des cylindres. Carburateur déjà décrit (§ 59). Allumage par tubes
ou électrique. Refroidissement par courant d'eau*. Puissance de'
5 à 6 chx pour une voiture à quatre places ; la vitesse de régime est
de 800 tours à la minute, mais, quand la voiture est arrêtée, un
dispositif spécial permet de réduire ce nombre à 100.
Fio. 83. — Moteur à pétrole Lepape à 3 cylindres.
H. — Moteurs Lepape. — M. Lepape a successivement créé
plusieurs types de moteurs.
1er type. — Trois cylindres à 120° les uns des autres (fig. -83)
et cycle à quatre temps, trois explosions tous les deux tours;
les trois têtes de bielles sont reliées au même tourillon de l'arbre
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
159
moteur, comme dans le type Brotherhood. Admission automàJ-
tique par la soupape A. Allumage électrique en B. Échappe-
ment à travers la soupape J qui, après la course motrice, est
soulevée par un doigt I, que manœuvre Tune des cames G; ces
cames sont diamétralement opposées sur un tourteau en bronze,
commandé par l'arbre moteur, à une vitesse quatre fois moindre,
au moyen de quatre roues en acier à dents hélicoïdales. Régulas
teur spécial.
Carburateur à simple léchage et à niveau constant (par le dis*
Fig. 84. — Moteur à pétrole Lepàpe monocylindrique.
positif de l'abreuvoir des oiseaux), réchauffé par l'eau qui a servi
à refroidir les cylindres. L'eau refoulée par une pompe dans lés
enveloppes de ces derniers, remonte en haut d une bâche d'où elle
tombe en pluie fine au contact de l'air.
Pour une puissance de 6 chx, poids 245 kilog., plus celui du
volant 55 kilog; 400 tours à la minute; consommation 2/3 de
litre par cheval-heure. Ces chiffres se rapportent à un type déjà
vieux de trois ans. L'inventeur revendique pour ce moteur une
mise en train facile et une marche très régulière.
9e type. — Moteur à un cylindre, propre à actionner une
petite voiture (fig. 84). Admission automatique A. Échappement
mécanique E. Pas de régulateur. Carburation et allumage;
ItiO
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
comme pour le moteur à trois cylindres. Circulation d'eau sup-
orimée. Le cylindre à ailettes est entouré de canaux dans les-
quels l'air s'engouffre pendant la marche ; cet air sort à l'arrière
par un collecteur, dans lequel le tirage est activé par l'échappe-
ment des gaz brûlés. Au repos, quand il n'y a pas d'échappement,
le courant d'air s'établit en sens inverse par différence de niveaux
entre le cylindre chaud et le tuyau d'échappement.
Puissance : 3 chx ; le poids par cheval reste à peu près ce
qu'il était pour le précédent, parce que l'augmentation occasion-
née par les ailettes est contrebalancée par la suppression de l'eau
W
*£*,
nu
"k^iMU*^
Fio. 85. — Moteur à pétrole Lepape à 2 cylindres (type 18
Mécanisme de dûlribntion.
de refroidissement de la pompe et de la canalisation. Marche
normale : 300 tours, pouvant être poussée jusqu'au double.
3e type. — Dans le dernier type de voiture qui figurait à
l'Exposition internationale d'automobiles de 1898, M. Lepape est
revenu au moteur vertical : celui-ci est à deux cylindres et,
comme dans le précédent, le refroidissement s'effectue par l'air
dont la circulation autour des ailettes est forcée au moyen des
gaz brûlés.
Les soupapes d'admission sont automatiques ; les soupapes
d'échappement sont actionnées par les cames CC; (fig. 85),
situées, ainsi que les cames AA' d'allumage électrique, sur un
arbre intermédiaire, établi en haut du cylindre et commandé par
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
161
une chaîne, à une vitesse réduite de moitié. Un régulateur monté
sur cet arbre déplace, en cas de vitesse, la came C dont la sou-
pape d'échappement reste fermée, ce qui met hors d'action le
cylindre correspondant. Les touches AA' sont également suscep-
tibles d'être déplacées, de façon à changer l'avance à l'allumage
et à faire varier la vitesse de
400 à 1.200 tours. On voit
en N la commande d'un grais-
seur multiple Hamelle.
Ce moteur pèse 170 kilog.
et peut développer 8 chx avec
des cylindres de 0,110 m. de
diamètre.
95. — Moteurs P. Gautier
(fig. 86 à 88). — Quatre
cylindres verticaux, dont les
bielles sont accouplées par
paires avec deux vilebrequins
à 180° l'un de l'autre, disposés
sur deux arbres parallèles C
et C ; ces arbres dont un seul
est moteur à la fois, sont
reliés par deux pignons, de
manière à ce que leur mou-
vement soit solidaire et plus
régulier.
Les soupapes d'admission
et d'échappement de chaque
Fig. 86. — Moteur à pétrole P. Gautier.
Coupe rerticale.
cylindre sont accolées (fig. 87) et commandées mécaniquement
par des systèmes de leviers et des cames montées sur un tambour
E qui est mû par un engrenage à vitesse réduite de moitié.
Régulation par un appareil à boules, monté sur l'arbre moteur
C et dont le manchon (fig. 88) actionne, par un balancier mobile
autour d'un axe situé en son milieu, le tambour E sur lequel
G. Lunaire. — L'Automobile sur route, 11
162
L AUTOMOBILE SLR ROUTE
Sont montées les cames d'échappement et d'admission. Les pre-
mières sont assez larges pour que l'action du balancier ne les
empêche pas de provoquer l'ouverture des soupapes d'échappe-
ment; les secondes sont plus étroites, et quand le régulateur les
déplace, les soupapes d'admission restent .fermées.
Carburateur déjà décrit (§ 62). Inflammation par incan-
descence. Refroidissement par eau. Consommation 0,500 litre
par cheval-heure.
96. — Moteurs Vallée, Tenting, Pygmée, D. Auge, Gaillardet, Idéal,
Buchet. — Dans le moteur Vallée deux cylindres horizontaux
Appareil de rdgql«IÎDH
Soupape* d'admission et
d'échappement
Fig. 87 et 88. — Moteur à pétrole P. Gautier.
actionnent l'arbre moteur par deux manivelles à 180°. Le mélange
d'air pur et d'air carburé s'effectue dans une boîte spéciale.,
renfermant des disques de distribution, qui portent des ouvertures
convenablement disposées pour que le chauffeur puisse, à l'aide
de deux poignées, faire varier et le dosage du mélange et la
quantité admise; pas d'autre moyen de régulation. Carburateur
à niveau constant. Allumage électrique, le courant inducteur
ne passant que lorsque l'étincelle doit jaillir. Refroidissement
par eau circulant dans deux réservoirs formant thermo-siphon.
Puissance de 4 chx, pour 500 tours à la minute.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 163
. Dans lé motetir Tenting, deux cylindres sont conjugués, hori-
zontaux ou inclinés symétriquement de part et d'autre de l'hori-
zontale. L'âir carburé, appelé parle piston, ne reçoit son complé-
ment d'air pur qu'à son entrée dans la culasse. Régulation par
l'intermédiaire d'un levier, qui empêche la soupape d'échappe-
ment de se refermer. Allumage par incandescence.
Pour son omnibus, M. Tenting a construit un moteur à quatre
cylindres, de 140 mm. d'alésage et de 220. mm. de course, de la
puissance de 16 chx.
Les deux cylindres du moteur Pygmée sont verticaux, et ses
manivelles à 180°. L'air carburé, ordinairement préparé par le
•carburateur Longuemare, débouche dans les cylindres tangeiv-
tiellement à leur bord, de manière à produire une giration,
qui brasse le mélange. Régulateur à force centrifuge maintenant
ouverte d'abord une soupape d'échappement, puis la seconde, si
■c'est nécessaire. Vitesse de régime, 800 tours à la minute. Pour
une puissance de 2 chx, le moteur n'occupe qu'un cube de moins
-de 0 m. 45 de côté ; il est donc fort peu encombrant. Il peut
marcher au pétrole lampant.
Le moteur D. Auge est souvent appelé moteur Cyclope, parce
que les deux tubes d'allumage sont placés côte à côte, et chauf-
fés par un seul brûleur. Detux cylindres horizontaux parallèles,
un seul vilebrequin, entre deux plateaux. Carburateur pourvu
d'un régulateur micrométrique. Il y a aussi un régulateur méca-
nique constitué par un appareil centrifuge, placé dans le volant
et, qui tend à faire tourner un collier mobile sur le moyeu du
volant ; mais comme ce collier est muni de deux coulisses incli-
nées, guidées par deux goupilles fixées dans le même moyeu,
tout déplacement circulaire du collier se traduit par un déplace-
ment latéral, qui se transmet à une valve d'admission. La régula-
tion se fait ainsi par étranglement de l'admission du mélange.
Cette valve régulatrice est une sorte de robinet, dont le boisseau
est mobile autour de son axe (à la main) et le long de cet axe (par
le régulateur).
164 l'automobile sur route
Ce moteur pèse environ 20 kilog. par cheval, soit 100 kilog.
pour 5 chx ; il tourne à 600 tours.
Le moteur Gaillardet, de 10 chevaux, est muni des deux
modes d'allumage: les bougies sont placées entre les deux
tubes; ce sont elles qui normalement produisent l'inflammation.
Les brûleurs, genre Longuemare, avec tubes de platine, con-
stituent seulement un allumage de secours.
Le moteur Buchet, à 2 cylindres, a cela de particulier que
les soupapes d'admission sont montées directement sur le
cylindre : le constructeur trouve que le rendement est ainsi
amélioré. L'allumage est électrique, à avance variable : sur l'arbre
secondaire est fixé un disque en fibre qui porte une touche; le
courant primaire ne passe que quand cette touche arrive au
contact de la came, qui, elle, ne tourne pas avee l'arbre secon-
daire, mais peut avoir son angle de calage modifié.
Le moteur Idéal, construit par MM. Vincke, Roch-Brault et
Cie, à Malines, a une force de 8 chevaux, ses deux cylindres
verticaux, ses manivelles à 90°, un régulateur à force centrifuge,
qui empêche les tiges des cames de rencontrer celles des sou-
papes d'échappement, qui restent ainsi fermées. La circulation
d'eau est assurée par une pompe demi-rotative, que l'arbre du
moteur commande par engrenages et bielles.
97. — Moteur Henriod (fig. 89). — Deux cylindres horizontaux
opposés, dont les pistons agissent par des manivelles, calées à
180°, sur l'arbre moteur placé entre eux : les deux cylindres sont
animés de mouvements inverses qui s'équilibrent. Les soupapes
d'admission et d'échappement forment comme un organe
distinct du cylindre, de construction et d'entretien plus faciles.
Carburateur-distributeur décrit (§ 63) ; ce n'est qu'au moment de
la compression produite par le piston dans chaque cylindre que le
mélange carburé se parfait et devient réellement explosif. Si
nous en croyons un article de M. Sarrey (Locomotion automobile
du 20 juillet 1899, p. 458), c'est à cela que serait due (sans que
nous comprenions bien pourquoi) la possibilité de supprimer la
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
165
circulation d'eau autour du cylindre. Quoi qu'il en soit, le refroi-
dissement s'obtient simplement par des ailettes, d ailleurs
spéciales, qui régnent aussi sur le fond du cylindre ; les construc-
teurs le disent suffisant pour leurs divers moteurs, dont pourtant
la force varie de 2 à 8 et 10 chx. Une voiture Henriod de
8 chevaux a effectué en 19 heures 5 minutes le parcours de
565 kilomètres de la course de Paris à Bordeaux, en 1899. L'allu-
Demi-étéTmtJon tonçHudiiiftl*
JleuiM.'oujit' v mirai*
Fig. 89. — Moteur Henriod.
mage du moteur est électrique : la régulation se fait en mainte-
nant les soupapes d'échappement ouvertes, quand le moteur tend
à s'emballer.
98. — Moteurs Le Brun et Papillon. — Dans le premier, il y a
deux cylindres légèrement inclinés de part et d'autre de la verti-
cale, et dont les pistons sont attelés au même vilebrequin. Sou-
papes d'admission commandées mécaniquement. Régulation par
interruption de l'arrivée du mélange explosif.
Dans le second, il y a encore deux cylindres inclinés sur la ver-
166
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
ticale, boulonnés sur un carter cylindrique en alumiûium con-
tenant de l'huile : les deux bielles, articulées si^r Jes pistons ,
sont montées obliquement sur deux vilebrequins distincts, à 360,
environ l'un de l'autre. Carburateur décrit (§ 55). Allumage
électrique dont on peut faire varier l'avance pour les deux
cylindres à la fois. Refroidissement par ailettes en cuivre rouge'
formant frettes, dont sont munies, en même temps que les-
Fig. 90. — Moteur Ravel.
Coupe rerticale.
cylindres, les culasses et boîtes à soupapes. Force ordinaire
3 chx.
99. — Moteur Ravel. — Deux pistons verticaux concomitants
aspirent en remontant le mélange carburé, qu'en redescendant
ils refoulent à la partie supérieure de l'un des cylindres. A cet
effet, la partie inférieure des cylindres et le carter dans lequel se
meuvent les trois plateaux-manivelle qu'on voit sur la fig. 90
forment le corps d'une pompe aspirante et foulante, dont le
volume utile est le double de celui engendré, par un piston. Cette
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 167
pompe exerce son aspiration et son refoulement dans une cha-
pelle G, munie d'une soupape gr, par laquelle arrive le mélange
carburé, d'une autre h par laquelle ce mélange est renvoyé à la
boîte d'admission contenant les soupapes des deux cylindres, et
d'un robinet R, qui sert à régulariser l'arrivée des gaz aspirés;
p est un papillon manœuvré par un régulateur à force centrifuge.
La charge ainsi emmagasinée dans le cylindre est comprimée
par le piston qui remonte, et enflammée par étincelle ou par
tube. Il y a ainsi une explosion par tour. Les soupapes d'admis-
sion sont mues par des cames, comme celles d'échappement.
- Ce moteur est depuis longtemps inventé : il péchait jusqu'à
présent par son carburateur, qu'il fallait combiner pour qu'il
fonctionnât bien sous pression. M. Ravel vient d'en construire
un, qui lui donne toute satisfaction: il agit par laminage de
l'essence et par condensation des goutelettes, de sorte que l'air
carburé arrive sec aux cylindres ; en outre, comme il est toujours
plein d'air, sous la pression de 100 à 120 grammes par cen-
timètre carré, il y règne constamment une température de 30 à
35°, qui lui permet, hiver comme été, de marcher avec les
essences les plus lourdes qu'on rencontre dans le commerce,
c'est-à-dire de densité allant jusqu'à 0.735.
Ce carburateur était employé sur le moteur de 8 chevaux, que
M. Ravel avait exposé aux Tuileries, en 1899, et pour lequel
il revendique les avantages suivants :
1° Chaque cylindre reçoit pour chaque explosion une double
charge, de sorte que la puissance du moteur est pour un volume
déterminé, le double de ce qu'elle serait pour une simple charge;
de là le nom de moteur intensif qui lui a été donné ;
■ 2° Le mélange carburé arrive d'abord dans la boîte de distri-
bution où se fait l'allumage, passe ensuite dans le cylindre, et
de là dans la boîte d'échappement ; il s'ensuit que la boîte
de distribution ne contient jamais que du gaz carburé neuf, et
que l'explosion se produit toujours bien.
M. Ravel affirme que son moteur de 8 chevaux ne consomme
168 l'automobile sur route
que 300 gr. d'essence, à 0.700 ou 0.735 par cheval-heure
effectif: c'est évidemment fort peu.
100. — Moteurs Brouhot et 6. Bouché. — Le premier n'est autre
que le moteur industriel de la maison, à deux cylindres, cons-
truit avec des matériaux destinés à le rendre plus léger. On sait
que ce moteur se distingue par l'adjonction d'une chambre
auxiliaire, dans laquelle l'air et le gaz arrivent par des orifices,
calculés pour que le mélange soit fait dans les meilleures pro-
portions. Un cylindre conduit par une tige taraudée et un volant,
permet d'obturer plus ou moins les deux conduits d'air et de gaz,
de manière à réduire le volume du mélange admis, sans en chan-
ger le dosage. Allumage électrique. Le moteur peut marcher au
pétrole léger.
Celui de M. G. Bouché a deux cylindres horizontaux, avec
manivelles à 180°, un carburateur, basé sur le principe de la
membrane oscillante du baromètre anéroïde, pour assurer la con-
stance du niveau. Un volant avec régulateur agit sur la valve
d'admission et limite la vitesse du moteur à 500 ou 600 tours
par minute. Les soupapes d'échappement sont actionnées par un
levier oscillant, qui commande un excentrique. Allumage élec-
trique avec distribution qui règle l'avance. Pour la puissance de
4 */j °bx, le diamètre des cylindres est de 90 mm., la course de
160 mm.
101. — Moteur Gobron et Brillié. — Deux cylindres verticaux
accolés C, C, (fig. 91); dans chacun deux pistons pu pt, />,, /?4,
travaillant en sens inverse l'un de l'autre. Les tiges des pistons
inférieurs commandent le vilbrequin S ; celles des pistons supé-
rieurs, par l'intermédiaire du palonnier K et des bielles h% tt,
Ai /*, commandent les vilebrequins Nt, N2, calés à 180° du premier.
L'attelage des pistons supérieurs est ainsi plus lourd que celui des
pistons inférieurs, mais en revanche le rayon des vilebrequins
Ni, Nt est plus petit que celui du vilebrequin S, et la différence
est calculée pour que les efforts des deux groupes de pistons
s'équilibrent parfaitement. Toutes trépidations provenant du
moteur sont, paraît-il, supprimées.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
169
Les charges d'essence liquide, mesurées volumétriquement
par l'appareil décrit (§ 63), et qui est sous la commande du régu-
lateur, sont pulvérisées dans la conduite d'aspiration et addi-
tionnées d'air ; le mélange admis par la soupape automatique G,
pénètre, par le canal B, dans l'une des chambres d'explosion
g* ou <7*, et, après compression, est enflammé électriquement.
Un commutateur automatique est disposé sur le circuit secon-
Conpo Terticale en trmrer». Coupe rerticale en long.
Fio. 91. — Moteur Gobron-Brillé.
daire et provoque alternativement dans chaque cylindre l'étin-
celle, avec une seule bobine : l'avance à l'allumage est réglée
automatiquement par le levier de changement de vitesse ; celle-
ci varie de 250 à 1000 tours par minute. Le refroidissement se
fait par eau : l'emploi d'un radiateur limite, paraît-il, la quantité
nécessaire de ce liquide à 8 ou 10 litres.
102. — Moteurs Gladiator, Élan. — La maison Gladiator a réalisé
deux types : l'un à deux cylindres opposés de la force de 2 chx
pour tricycles et quadricycles ; l'autre à deux cylindres juxta-
470 l'automobile sur route.
posés, de la force de 4 chx, pour voiturettes ; le premier à
allumage électrique, le second à allumage par tubes; dans ce
dernier, les soupapes d admission sont actionnées mécanique-
ment *.
Le moteur Élan a 2 cylindres verticaux, équilibrés par un
accouplement spécial : leurs bielles actionnent deux vilebrequins^
que des roues dentées rendent solidaires.
Les cylindres portent une ouverture que les pistons découvrent
à fond de course, donnant ainsi un échappement anticipé et une
dépression qui refroidit les gaz ; la minime épaisseur du cylindre
que consolident des brides d'acier, et les ailettes dont il est
muni complètent le refroidissement. Allumage par étincelle de
rupture avec avance réglable à volonté. Mise en marche au
moyen d'un encliquetage spécial. Poids du moteur avec son
volant et son carburateur à niveau constant 52 kilog. ; vitesse
de 200 à 1200 tours par minute; la consommation annoncée,
(300 à 3,50 gr. d'essence par cheval-heure) nous paraît trop
faible.
102 bis. — Moteur Hautier (on Espérance). — Nous avons mis en
relief (§ 75) les avantages qu'il y avait à pouvoir faire varier le
moment de l'allumage. Cette faculté était jusqu'ici réservée à
l'étincelle électrique ; avec les brûleurs, l'explosion se produit au
moment précis où la compression amène au contact du tube les
gaz neufs, et on ne peut faire que cela arrive plus tôt ou plus
tard. En fait, on règle une fois pour toutes la compression, de
façon que l'explosion ne se produise pas avant que le piston soit
arrivé à fond de course, cela afin d'éviter les inconvénients qui
résulteraient d'une explosion anticipée, pour le mécanisme et
surtout pour le chauffeur, qui, tournant la manivelle de mise en
marche, recevrait de celle-ci, brusquement ramenée en sens
inverse, un choc dangereux. La sécurité de la mise en marche
est ainsi assurée; mais on n'a pas la faculté de faire varier le
- 1. Voir D. Farm an, Les Automobiles, p. 192 et suivantes*
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 171
moment de l'inflammation, comme il le faudrait pour assurer la
bonne utilisation des explosions successives. Avec une chambre
de compression de volume constant, cette faculté est impossible.
Si, au contraire, on pouvait faire varier son volume, on n'aurait
qu'à le restreindre pour .que la compression s'en trouvât aug-
mentée et qu'elle amenât, avant la fin de la course du piston,
le contact des gaz neufs et du tube, autrement dit l'explosion.
C'est justement le procédé que M. Hautier a mis en œuvre
pour assurer à son moteur à tubes incandescents le bénéfice de
l'avance à l'allumage. Dans ce but, les cylindres (fig. 92 et
92 bis), au lieu d'être boulonnés sur le carter, glissent chacun
dans un tube greffé sur lui, et leur position assurée par des vis
de 40 mm. de diamètre, peut être réglée du siège même de la
voiture par une vis sans fin. (Dans la disposition représentée par
la figure 92, le mouvement des cylindres est obtenu à l'aide de
bielles et de leviers). Le constructeur affirme qu'il obtient ainsi
une utilisation de son mélange aussi bonne à 800 tours qu'à
200 tours et que, pour une même dépense, il recueille jusqu'à
30 et 35 °/0 de puissance de plus.
Quoi qu'il en soit, le principe qu'il a mis en œuvre est sédui-
sant. Il nous l'a montré, à l'Exposition de 1899, appliqué à un
moteur de 16 chevaux, à 4 cylindres, qui offre quelques autres
particularités intéressantes (fig. 92 et 92 bis). Les soupapes
d'aspiration et d'échappement D sont, pour chaque cylindre,
maintenues sur la culasse C, par une fourchette G et un seul
écrou F ; l'échappement est desservi, ; pour chaque paire de
cylindres, par un seul raccord H, qu'un seul boulon I, muni d'un
contre-écrou, fixe à la culasse. Un seul tube J amène l'eau de
refroidissement aux 4 cylindres ; un seul tube J' assure son
départ.
Au centre du carter, qui est en aluminium, un palier Q sup-
porte le vilebrequin; le coussinet en bronze de ce palier porte, à
sa partie supérieure, un mamelon venu de fonte, dans lequel vient
pivoter sur une crapaudine l'arbre de distribution R, qui reçoit
Plan de» «niaises
Coupe rerlicale par les axes de» cylindres.
Fio. 92 ci 92 bis. — Moteur espérance de M. Hautier.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
173
son mouvement d'une couronne dentée S, engrenant avec une
denture pratiquée dans le congé du volant L'.
Cet arbre porte le régulateur U, qui tourne dans le carter,
toujours lubrifié : sa douille U' porte une gorge 17, qui, par une
fourchette et un levier, agit sur le clapet du carburateur et
règle l'arrivée d'essence. Une bague U", en tendant un ressort,
gène les mouvements du régulateur et sert .d'accélérateur1.
103. — Moteur Pétréano. — Il est caractérisé par remploi du
Coupe do robinet do dbtribntion placé pour faire
communiquai- le carburateur aree le cylindre
Conpe des soupapes
Fio. 93 et 94. — Moteur Pétréano.
carburateur que nous avons décrit (§ 57) et par le renversement
de marche dont il est doté (fig. 93 à 95).
« Deux soupapes A, B, disposées côte à côte, sont commandées
par les tiges a et b : la première reçoit le mélange tonnant par le
1. M. Hautiernous a aussi montré, à l'Exposition de 1899, un moteur de
Dion-Bouton de 1 */* chevaux muni d'un dispositif semblable et qu'il affirmé
en réaliser de ce chef 2 4/4. Une vis que Ton peut manœuvrer de la selle
permet de faire varier le volume de la cylindrée ; cette vis a pris la place du
robinet de décompression. Pour le départ, la vis est montée à son maximum
et découvre un orifice qui assure la décomposition. Il ne faut pas pousser,
par la réduction de la chambre, la compression jusqu'au point où l'allumage
se fait spontanément, car alors on ne serait plus maître du moment où
elle se produirait; mais il y a de la marge.
174
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
canal F G ; la seconde évacue les gaz brûlés par le chemin DEC
Mais E est un robinet à quatre voies, qui peut-être placé dans la
position de la fig. 94 pour desservir la distribution ainsi que nous
venons de le dire, mais qu'on peut aussi placer dans la position
de la fîg, 95 pour isoler les soupapes de leurs canalisations et
retourner pour faire de B la soupape d'admission et de A la
soupape de décharge. On renverse donc la marche par une simple
rotation dé robinet *. » Cet avantage, joint à l'absence de tout
courant d'eau destiné à refroidir le cy-
lindre, rend l'application de ce moteur
à l'automobilisme fort désirable.
Le moteur Pétréano peut marcher à
l'essence, au pétrole ou à l'alcool ; il
est, paraît-il, très économique ; on aurait
avec lui le cheval-heure effectif moyen-
nant 250 gr. de pétrole à 0. 85. Souhai-
tons que ces chilîres soient confirmés.
Le modèle, exposé aux Tuileries en 1898,
pesait 425 kilog. pour une force de 8 chx ;
son allumage était électrique.
104. — Moteur ^le la Société d'automobilisme (fig. 96 et 96 bis).
— A sa partie inférieure, est établi le carburateur c qui permet
au mélange explosif de se rendre par le tuyau m à la soupape
Fig. 95. — Moteur Pétréano.
Coupe dn robinet de distribution placé
Edot iioler lei soupapes de la eana-
salion.
I . « Un tour de main est nécessaire pour réussir à coup sûr cette opéra-
tion. On commence par placer le robinet dans la position de la fig. 95 pour
cesser d'alimenter le cylindre et ralentir la marche ; puis on provoque une
explosion prématurée, qui renvoie le piston en arrière. Il suffit alors de
tourner le robinet et de le mettre dans la position correspondante à ce
genre de rotation pour obtenir un mouvement continu. » (A. Witz, Les
Moteurs à gaz et à pétrole et Voitures automobiles, t. III, p. 534).
Si les moteurs à pétrole ou à gaz ordinaires ne peuvent, par un simple
changement de voies, comme celui qu'emploie M. Pétréano, avoir leur
marche inversée, c'est parce que leurs orifices d'admission et, d'échappement
ne sont ni de la même grandeur (celui d'admission est plus petit que l'autre)
ni de la même disposition (l'orifice d'admission est précédé de deux orifices,
l'un pour le gaz carburé, l'autre pour l'air). M. Pétréano les a faits égaux,
et le mélange leur arrive tout formé d'assez loin.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
175
Coupe rertieale.
automatique d'admission *. L'allumage s'effectue au moyen du
tube a dont la lampe chauffe un cylindre b percé en bout de
trous, garnis de toiles métalliques à travers lesquelles l'air est
aspiré ; celui-ci est conduit par le tuyau d dans le carburateur,
à l'endroit où le pétrole amené par le tube f et aspiré par le
tuyau m, jaillit d'un pointeau fixé à la soupape g soulevée par
l'aspiration.
Après l'explosion, se produit
un échappement anticipé des gaz
brûlés par la soupape latérale l
qui fonctionne automatique -
ment.
La soupape e à tfavers laquelle
s'effectue l'échappement final
ainsi facilité, est commandée
par une came tournant avec la
roue d'un engrenage à vitesse
réduite de moitié.
Coupe rertieale du carburateur.
Fig. 96 et 90 bis. — Moteur de la Société d'Aulomobilisme,
Lorsque la vitesse du moteur s'accélère, le régulateur disposé
dans le volant ouvre les fenêtres circonférencielles de la lanterne /i,
jde sorte que la soupape g reste fermée à l'aspiration ; de l'air
seul arrive alors par la conduite m à la soupape d'aspiration s du
moteur.
176
L AUTOMOBILE 8UR ROUTE
Par mesure de sécurité, on a fermé la lanterne avec un fond o
pourvu de ressorts qui cèdent dans le cas d'une explosion par
retour de flamme et évitent ainsi tout danger.
104 bis. — Moteur Canello-Dûrkopp. — C'est un moteur vertical
de 4, 6, 8, 12 chevaux ou même plus, à allumage par tubes, à
Fio. 97. — Dispositif Canello pour la commande des soupapes d'échappement et
la régulation du moteur.
refroidissement d'eau, circulant sous les seules différences de
densité ou par l'effet d'une pompe centrifuge, suivant la force
du moteur. Vitesse normale : 800 tours à la minute.
Le caractéristique de ce moteur réside dans la commande des
soupapes d'échappement et la régulation de son mouvement.
L'arbre-manivelle fait tourner le pignon M (fig. 97), assez large
pour engrener toujours avec la roue dentée L, montée sur Taxe A,
qui peut se déplacer longitudinalement sous l'action du régula-
teur à boules, que l'on voit à côté de la roue L. Pour que cet
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 177
axe ne s'use pas en glissant dans les coussinets 0, il est muni de
bagues P, auxquelles il est relié par des clavettes R. Ces clavettes
permettent à Taxe de glisser longitudinalement, mais forcent les
bagues à tourner avec lui, et l'usure se produit ainsi entre les
bagues et les coussinets.
Lorsque le moteur tend à s'emballer, le régulateur tire l'arbre
vers la gauche; les galets c, c', qui parles tiges D, D'
actionnent les soupapes d'échappement, quittent l'un après
l'autre les bossages 2>t, />', des cames B, B' et descendent sur les
portées cylindriques de ces cames ; alors ils n'ouvrent plus les
soupapes. Si on veut qu'ils continuent à le faire, le conducteur
n'a qu'à tirer vers le haut la tige H, ce qui paralyse l'action du
régulateur : le levier à sonnette G, mobile autour de l'axe y,
exerce, en effet, une traction sur le manchon à gorge FF7 soli-
daire de l'arbre A, et le tire dans un sens opposé à celui du
régulateur.
105. — Moteur Koch. — Nous arrivons avec lui aux moteurs
qui peuvent être alimentés au pétrole lampant.
Un cylindre horizontal (fig. 98 et 98 bis), dans lequel se
meuvent, en sens inverse et symétriquement, deux pistons,
qui, par l'intermédiaire de deux systèmes de bielles, actionnent
l'arbre moteur : ces bielles étant équilibrées, tout l'ensemble
l'est aussi. Le constructeur affirme que ce moteur, même mar-
chant à pleine vitesse, ne donne aucune trépidation. L'essence
(ou le pétrole lampant) arrive avec l'air comburant dans la
chambre à explosion où se fait le mélange sans carburateur.
L'admission est commandée mécaniquement, sous le contrôle
d'un régulateur qui la proportionne à la force à déployer. L'allu-
mage se fait par tubes (Voir la légende).
106. — Moteur Kane-Pennington Un ou deux cylindres verti-
caux, ou quatre cylindres disposés par paires et inclinés de part
et d'autre de la verticale, suivant la puissance qu'on veut obte-
nir. Admission automatique. Échappement mécanique. Pas de
régulateur. Carburation sans appareil spécial, par un procédé
O. LxrtMan. — L'Automobile sur route. 12
Coupe 1<
Fio. 98 et 98 bis. — Moteur Koch (au pétrole lampant).
PP, pittons (pouvant se rapprocher à 20 mm. l'an de l'antre) actionnant par le* bielle* F, L, E le
tilebreôuin V, calé »ur l'arbre moteur. — G, cylindre. S, chambre d'explosion, J, bougie d'allumage chauffée
tar le brûleur L. Dan* cette chambre arrivent le pétrole (envoyé par une pompe spéciale) et l'air.
.'admi«sion te fait par la soupape S r, commandée par le levier B, le butoir c, les tige» {, e et l'arbre A,
tournant deux fois moins vite que l'arbre moteur. Cette admission est d'ailleurs sous le contrôle du
régulateur R, dont le manchon m peut déplacer les tiges e, t, de façon que cette dernière n'attaque
plus le butoir c. Quand le pétrole est admis, il tombe en gouttes sur la paroi de la chambre d'explosion S
et s'y gazéifie : a la mise en train pour chauffer cette chambre, on fait glisser sous elle la lampe L,
qu'on ramène ensuite sous le tube J . — L'échappement se fait par la soupape S', commandée aussi pur
1 arbre A. H, circulation d'eau réservée aux parois du cylindre. — M, manivelle de mise en marche.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
179
déjà décrit (§ 65) qui, nous le rappelons, consiste à faire jaillir
une étincelle primaire au sein du mélange, avant sa compression
finale. Inflammation électrique par étincelle longue, dite secon-
daire. Refroidissement sans circulation d'eau, ni ailettes, assuré,
parait-il, par l'absorption de chaleur à laquelle donne lieu la
vaporisation de l'essence à l'intérieur même du cylindre, et par
l'air dont le contact est très efficace à cause de la faible épais-
seur de la paroi du cylindre.
Pour la mise en train dans l'emploi des pétroles lourds,
M. Kane-Pennington a imaginé les dispositions représentées
(fig. 99-100)-
Le pétrole est admis à une dose convenable par la soupape
automatique 0, sur une rondelle de pierre ponce R placée entre
les bornes S T d'un circuit électrique. Le courant porte cette
rondelle à une température suffisamment élevée pour que la
charge d'huile soit immédiatement vaporisée ; l'étincelle produite
Coupe transférable. Coupe longitudinale.
0|
Fio. 99 et 100. — Moteur Kane-Pennington à pétrole lampant.
par l'allumeur dont Tune des parties Q' est fixe, tandis que
l'autre Q est mobile avec le piston, enflamme ensuite le mélange
au moment de la compression finale. Une fois le cylindre conve-
nablement chaud, on ouvre le circuit en S T et le moteur fonc-
tionne comme avec l'essence. On voit en P la soupape d'échap-
pement des gaz brûlés.
Nous ne garantissons pas la réalité des qualités multiples que
les Américains semblent reconnaître à ce moteur, pas plus que
la légèreté accusée par les chiffres ci-dessous :
480 l'automobile sur route
Puissance 55 kgm. 1 cylindre, poids 13,500 kilog.
— 2 chx 2 cylindres — 18
— 4 chx 4 cylindres — 22,500
Quand on pense que le moteur imaginé par M. Maxim, pour
son aéroplane, pesait 150 kilog. pour une puissance de 12 chx, il
est permis de faire des réserves sur des chiffres, qui font, pour
le moteur de 4 chx, ressortir le poids du cheval à 5, 6 kilog.
107. — Moteur Gibbon, dit Britannia. — C'est un moteur anglais,*"
pouvant marcher au pétrole lampant, chose à laquelle nos voi-
sins d'Outre-Manche attachent, et en somme assez justement, un
grand prix.
Un seul cylindre vertical, auquel sont accolés une chambre de
combustion et un distributeur. L'admission et l'échappement sont
assurés par une soupape qualifiée d'unique, mais qui en réalité,
est compliquée d'un tiroir circulaire actionné mécaniquement.
Carburateur déjà décrit (§ 64) ; allumage par le prolongement du
tube formant carburateur, chauffé pendant la mise en train, par
une lampe extérieure, mais fonctionnant ensuite par la chaleur
des explosions successives. Pour que cet allumeur ne soit pas
refroidi par l'air frais, il est entouré d'une gaine toujours remplie
de gaz chauds.
Le refroidissement du cylindre est obtenu par le simple pas-
sage dans l'enveloppe, munie d'orifices d'appel, de l'air frais,
destiné au mélange carburé.
Son poids et son encombrement (175 kilog., 0.68 m. x 0.98 m.
pour une force d'un cheval) ne semble pas le rendre propre aux
emplois automobiles ; néanmoins il représente un effort intéres-
sant pour l'utilisation du pétrole lampant *, comme d'ailleurs les
trois moteurs que nous allons décrire maintenant.
108. — Moteur Fanre. — Deux cylindres verticaux, dont les pis-
tons du type à plongeur actionnent les manivelles à 1.80° (fig.
101 et 102).
Chacun d'eux est prolongé par une chambre d'explosion E,
1. Voir Revue Industrielle, 15 août 1896.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
181
contenant trois soupapes e, o, i respectivement affectées à l'ad-
mission, à l'échappement et à l'allumage ; la première fonctionne
Fio. 101. — Moteur Faure au pétrole lampant.
automatiquement, les deux autres sont commandées mécanique-
ment par des leviers et des cames, calées sur l'arbre intermé-
Fig. 102. — Moteur Faure.
Disposition des soupapes.
diairé H que l'arbre moteur G fait tourner à une vitesse réduite
de moitié par des engrenages et qui commande l'essieu C par une
transmission à chaîne.
182 l'automobile sur boute
Carburateur D à pétrole lampant déjà décrit (§ 64) ; allumage
par tubes incandescents disposés dans le brûleur F; pas de refroi-
dissement des cylindres.
Régulation par une corde de tirage accrochée au levier gr,
monté sur la tige d ; une traction sur cette corde force cette tige
à enclencher deux leviers c dont les talons ne se placent pas sur
le parcours des taquets b que portent les leviers a des soupapes
d'échappement, et celles-ci se ferment sous le rappel de leurs
ressorts. En donnant du mou à cette corde, on permet à des res-
sorts de relever les leviers c dont les talons portent sur les
butées b qui empêchent les soupapes d'échappement de se
fermer.
En vue d'éviter l'effet nuisible de la chaleur sur les joints, ils
sont placés dans les cylindres et constitués par des bagues
métalliques en quinconce serrées sur les pistons par des bour-
rages à l'amiante.
109. — Moteur Dawson (fig. 103-104). — Le cycle à quatre
temps est réalisé sans l'emploi de soupapes. Le piston détermine
les phases d'admission, d'explosion et d'échappement en tournant
sur lui-même pendant sa course ; ce mouvement est réalisé par
un engrenage hélicoïdal dont la roue fait corps avec la mani-
velle équilibrée par un contrepoids, tandis que le pignon est calé
sur la bielle, attelée par un joint universel avec le piston et gui-
dée en haut par une contre-bielle.
Le piston est prolongé par une longue gaine, percée de deux
orifices diamétralement opposés, jouant chacun devant une paire
de lumières ovales, ménagées dans le cylindre ; par une lumière
de chacune de ces parois se fait l'admission, et par l'autre l'échap-
pement.
L'inflammation est produite électriquement par une bougie a
disposée dans le fond du cylindre ; en e, est figuré un purgeur
destiné à faciliter la mise en train. L'explosion se fait à l'inté-
rieur de la gaine, dont le pourtour n'a pas de segments d'étan-
chéité.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
183
Jusqu'à trois chevaux, le cylindre porte des ailettes et le
refroidissement s'effectue par l'air ; au delà, il est pourvu d'une
enveloppe de circulation d'eau.
La manivelle barbote dans un bain d'huile du socle qui, pour
les petits types des tricycles, est construit en aluminium.
Coupe verticale.
Fio. 103.
Moteur Dawson au pétrole lampant.
Fio. 104.
Brûleur du moteur Dawson.
Pour l'emploi du pétrole, l'inventeur a construit le carbura-
teur que nous avons décrit (§ 64).
Dans les moteurs où l'inflammation s'effectue par un tube
incandescent, celui-ci est fixé au droit d'un orifice supplémen-
taire du cylindre (fig. 104), et chauffé par un brûleur m dardant
184
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
sa flamme sur les parois d une chambre garnie d'amiante. Cette
lampe est alimentée par la vapeur de pétrole engendrée dans un
serpentin, auquel l'huile arrive sous pression par le tube r
garni d une matière fibreuse. A cet effet, le robinet joint à ce
tube, porte non seulement les orifices a et g respectivement affec-
tés au passage du pétrole et de l'air nécessaires au carburateur,
Fio. 105. — Moteur Roser-Mazurier compound.
Conpe Terticale.
mais encore le premier est prolongé par une fente n qui admet
le pétrole dans l'inflammateur.
Les Usines Pocock, à Paris, qui construisent le moteur
Dawson, en avaient fait une installation intéressante à l'Exposi-
tion internationale d'automobiles de 1898, où le public pouvait
entendre la description qu'en faisait à haute voix un phono-
graphe.
110. — Moteur Roser et Mazurier (fig. 105-106). — Trois
cylindres verticaux, dont les pistons actionnent deux manivelles
calées à 180°. La caractéristique du système est que les deux
CARBURATEURS ET MOTEtRS A PÉTROLE *
185
cylindres A et B, à essence ou même à pétrole lampant, envoient
leurs gaz brûlés au troisième' cylindre C qui est d'un volume
environ double de chacun des autres et dans lequel ils réchauffent
une certaine quantité d'air, préalablement comprimé, pour évi-
ter la perte de travail qui résulterait de' la détente brusque des
gaz brûlés. Ce cylindre C travaille comme moteur à air chaud.
Inflammation par tube ou par électricité. Refroidissement par
l'eau autour des petits cylindres et par l'air autour du grand.
Les deux cylindres à pétrole fonctionnent à quatre temps, mais
avec une différence de deux temps, l'un par rapport à l'autre ; le
cylindre à air chaud fournit une course motrice par tour.
A la gauche de l'arbre moteur, se trouve un engrenage, com-
Fio. 106. — Moteur Roser-Mazurier.
Soupapes.
mandant à une vitesse réduite de moitié, un arbre intermédiaire
portant sept cames qui agissent sur autant de soupapes dispo-
sées en ligne à la partie supérieure des cylindres. On voit en a
et A, puis en a' et A', les soupapes d'admission et d'échappement
des cylindres A et B ; les gaz brûlés sont dirigés de A en c et de
A' en c' dans le gros cylindre qui échappe finalement les produit
brûlés par la grande soupape d\ cette évacuation ne se produit
que pendant une partie de la course de retour du piston en C :
la soupape d se ferme prématurément ; le reste des gaz est alors
comprimé dans le fond du cylindre G, puis réchauffé à ce
moment par les gaz brûlés, qu'admet l'une ou l'autre des sou-
papes A, A'.
Un régulateur à boules agit sur l'admission au moyen d'un
papillon. Le socle, hermétiquement clos, contient un bain d'huile
dans lequel plongent les manivelles.
186
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Des essais ont été faits par la Compagnie des moteurs Charon,
sur un moteur qui a donné au frein 4,17 chx en marchant au gaz,
et ^consommé 682 litres par cheval-heure; en fonctionnant à
l'essence de pétrole, il a développé 4,96 chx et dépensé 313 gr.
paf oheval- heure au frein.
111. — B) Moteurs pour motocycles et voiturettes. — Moteur
Fio. 107. — Moteur à pétrole Léon Bolide.
Coupe rerlicale.
Bollée. — H nous reste maintenant à décrire, pour en finir avec le
cycle à quatre temps, les petits moteurs réservés aux motocycles
et voiturettes, en général fort bien conçus et très intéressants.
Carburateur enclenché. Cexbaratenr déclenrhé.
Fio. 107 bis et 107 ter. — Moteur à pétrole Léon Bollée.
Le moteur Bollée a un seul cylindre, horizontal (fig. 107-107 ter),
dont les soupapes sont superposées dans une chambre adjointe
à la culasse : celle d'échappement b est commandée par des
leviers à sonnette et une came, sous le contrôle d'un régulateur à
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
187
boules logé dans le volant. Quand la vitesse s'accélère, l'écarté*
ment des boules produit le déplacement d'un levier et par lui le
décrochage d'un culbuteur, et la soupape ne s'ouvre plus. La fig.
R. R\
Fio. 108. — Schéma du moteur de Dion-Boa ton.
A, réservoir carburateur ; B, tube d'arrivée d'air; C, lame métallique; D, flotteur indica-
teur du niveau ; K, cylindre dn moteur ; G, came de la soupape d'échappement S' ; H, cylindre
de l'échappement ; J. serpentin ; Kf pignon moteur, calé sur l'arbre des volants L, engrenant avec
la roue dentée montée sur l'axe des roues d'arrière ; M, manette du guidon rompant le circuit
électrique d'allumage ; N, dispositif d'allumage du1 mélange explosif ; O, robinet d'évacuation d air ;
P, accumulateurs électriques ; R, robinet d'admission d'air, ou du mélange explosif; R\ robinet
d'admisaion au moteur ; S, S' roupape* de distribution et d'échappement ; T, bobine d'induction ;
U, trembleur mécanique de la bobine a induction.
107 bis représente le culbuteur enclenché, et la fig. 107 ter le
même déclenché : le décrochage est obtenu à l'aide de deux plans
inclinés, par lesquels se touchent le culbuteur (placé à gauche
des figures) et le levier (placé k droite). Ce levier est articulé
188
L AUTOMOBILE 8UR ROUTE
avec la tringle de commande de la soupape d'échappement, dont
on voit l'amorce.
Carburateur (§58). Allumage
par tube, qui chauffe le brûleur
de la fîg. 59. Refroidissement
par ailettes. Le bon fonction-
nement de ce moteur n'est plus
a prouver f.
112. — Moteur de Dion-Bouton.
— Il est représenté schémati-
quement par la fig. 108, qu'ac
compagne une légende très ex-
plicite. Dans le cylindre, qui
est vertical, se meut un long
piston à trois segments : la bielle
et les plateaux-manivelle for-
mant volant sont enfermés dans
un carter en aluminium conte-
nant de Thuile. Pas de régu-
lateur . Allumage électrique ,
avec la variante que nous avons donnée (§ 70). Refroidissement
par ailettes.
Pour le type del f/4 cheval, le cylindre a 58 mm. de diamètre,
70 mm. de course ; le nombre normal de tours par minute est de
1400. En portant l'alésage à 66 mm., la puissance s'est élevée
à 1 s/4 chx ; l'épaisseur du corps cylindrique n'est plus alors que de
3 mm. ; celui-ci est garni de 16 ailettes, de 0 m. 19 de saillie,
formant frettes 2.
Fig. 108 bis.
Cloche du moteur de Dion-Bouton.
(modèle 1898-1899).
1. Pour plus de détails, voir P. et Y. Guédon, Manuel pratique du con-
ducteur d'automobiles, p. 120.
2. Dans le modèle 1898-1899, la soupape d'admission n'est plus placée,
comme dans la fig. 108, à côté de la soupape d'échappement, mais au-des-
sus (fig. 108 bis). La soupape d'admission et son siège sont simplement posés
au-dessus du trou d'aspiration, sur une portée plane, avec interposition
d'une rondelle d'amiante non figurée. Ils sont recouverts par un tube coudé,
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 189
113. — Moteurs Decanville, Gaillardet, Aiter, Sphinx, Cyclone. —
Dans le premier, deux cylindres verticaux (genre de Dion 1 3/* ch.)
sont accolés : ces cylindres n'ont pas été fondus, mais façonnés
au tour, et leurs ailettes, dégagées de la masse à la fraise ;
aussi leurs parois ont-elles pu être amenées à l'épaisseur assuré-
ment minime de 2 mm. , évidemment très favorable au refroi-
dissement des cylindres. Les manivelles sont calées à 180°; le
volant est à l'extérieur du carter. Les explosions ne se pro-
duisent pas à intervalles réguliers : dans un seul tour, il y en a
deux, à un demi-tour Tune de l'autre, tandis qu'il n'y en a pas
pendant le tour suivant.
Les constructeurs ont cherché à équilibrer les masses en mou-
vement, plus que les chocs des explosions ; ils estiment avoir ainsi
réussi à diminuer les trépidations, surtout aux grandes vitesses.
Carburateur décrit (§ 55). Allumage électrique. Puissance nor-
male : 3 chx à 1200 tours.
Le moteur Gaillardet se distingue par la forme spéciale et le
développement de ses ailettes (fig. 109 et 109 bis). Son cons-
tructeur revendique pour lui, grâce, dit-il, à la disposition
rationnelle de ses organes et au choix sévère des matériaux, une
puissance et un rendement fort améliorés : 2 8/4 chevaux (pour
un alésage de 0 m. 080 et une course de 0 m. 080) et une consom-
mation de 10 à 15 centimes par heure (en comptant l'essence à
0 fr. 37 le litre, et le nombre de tours étant d'environ 1800 et
2400 par minute).
Le moteur Aster est muni autour de sa culasse et des sou-
par lequel arrive le gaz carburé. L'ensemble est maintenu par une pièce
en forme de clocbe (dont les parois sont ajourées), à l'aide d'un emmanche-
ment à baïonnette. Ce dispositif facilite beaucoup la visite des soupapes.
En outre la cloche, par suite du rayonnement auquel donne lieu sa soupape
relativement grande et du courant d'air qui passe par ses évidcments, favo-
rise le refroidissement de la soupape et de la tubulure d'admission : à
chaque aspiration, il entre dans l'appareil un poids de gaz plus grand,
puisque son volume reste le même et que sa température est moins élevée ;
de ce fait, la puissance du moteur est augmentée de quelques kilogram-
me très.
190
L AUTOMOBILE 8UR ROUTE
papes d'ailettes venues de fonte avec elles, et, autour du
cylindre, d'ailettes en cuivre rapportées : ces dernières sont
d'un métal trois fois plus conducteur que la fonte ; sa malléabi-
Vae longitudinale.
Vue tranarertale montrant le mécanisme
d'à Tance à l'allumage.
Fia. 109 et 109 bis. — Moteur Gaillardet.
lité permet de les faire aussi minces et aussi larges qu'on le
désire et de les onduler, de manière à augmenter leur surface de
refroidissement. Le moteur Aster a ordinairement la force de
2 3/i chevaux.
CARBURATEURS ET MOtEÛAS A PÉTROLE
191
Nous avons vu, à l'Exposition de 1899, une voiturette Phébé,
équipée avec un moteur Aster de 3 ljk chevaux , refroidi par une
circulation d'eau.
Le moteur « Le Sphinx », de 70 mm. d'alésage et 70 mm. de
Coupe verticale*
J
Came de commande de la distribution.
Fig. 110 et 111. — Moteur Cyclone.
course pèse 27 kilogrammes et marche normalement à 1200 tours;
à 1800, il peut donner 2 f/4 chevaux. Sa boîte à soupapes est
munie d'ailettes ; son carter est en bronze phosphoreux ; l'allumage
s'y fait par étincelle de rupture. On conjugue quelquefois deux
moteurs en les inclinant à 15°, et en articulant leurs tiges sur le
même vilebrequin.
192 l'automobile sur route
Le Cyclone (fig. 110 et 111) se fait à un cylindre, donnant
135 kilogrammètres garantis au frein, pour un poids de 30 kilo-
grammes ; ou à 2 cylindres juxtaposés, dont les cycles sont alter-
nés et dont les pistons attaquent de conserve le même vilebre-
quin, pesant 50 kilogrammes pour 200 kilogrammètres. Il faut
signaler : 1° l'existence à la partie supérieure de chaque cylindre
d'une cloison g, qui évite tout mélange des gaz neufs avec les
gaz brûlés dans le voisinage de la bougie, de manière à rendre plus
efficace et plus sûre l'inflammation; 2° la commande des sou-
papes d'échappement par la came G, dans laquelle est creusée
une rainure double, dont les voies se croisent en x. A la partie
supérieure de cette rainure est engagé le galet A', monté dans
un étrier solidaire du levier H, mobile autour de Taxe m", et
dont l'extrémité soulève en temps voulu l'une ou l'autre des
tiges j des soupapes. Ces soulèvements se produisent quand
le levier, amené en 1 ou 2 par le déplacement horizontal, que
lui vaut la forme en 8 de la rainure, est soulevé par le relief du
fond de cette dernière.
Le iqoteur ne marche qu'à 800 tours par minute, soit 400 explo-
sions par cylindre ; aussi n'est-il jamais très, chaud.
113 bii. — Moteur Noël. — Il est caractérisé par la présence de
2 soupapes d'échappement : l'une à la partie supérieure du moteur,
commandée par lui comme d'habitude ; l'autre à la partie inférieure
du cylindre, un peu au-dessus du point où s'arrête le piston dans
sa oourse descendante. Cette dernière évacue par anticipation
les gaz les plus chauds de la combustion; la soupape ordinaire,
ne livrant passage qu'à des gaz moins chauds, s'abîme moins par
le martelage et souffre moins de la corrosion. On peut, après
plusieurs heures de marche du moteur, maintenir la main sur le
cylindre, la culasse et les boîtes à soupapes.
La soupape d'admission est placée en un point diamétralement
opposé à celui de la soupape d'échappement, où elle ne s'échauffe
ni ne s'encrasse trop. L'inflammateur se trouve près de la sou-
pape d'admission : sa pointe ne s'encrasse pas non plus.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
193
114.. — Moteur Krebi. — Un cylindre que la fig. 112 représente
dans la position qu'il a sur la voiturette, où il est incliné pour
être plus. facile à loger, j Deux volants enfermés dans un carter
en aluminium. La régulation se fait par étranglement de l'admis-
sion,; à l'aide d'un robinet qu'ouvre plus ou moins un système de
leviers actionné par une came, montée sur l'arbre de distribu-
tion, avec le régulateur à boules. Cette came est formée de deux
■g
•s
s a
4*
K«gul*icur Purgeur hUU i» J'mj UtppMit AiiauUlMi
Fio. 112. — Moteur à pétrole Krebs.
parties d'inégal diajraètrç, reliées par une rampe hélicoïdale. Car-
burateur Phénix. Allumage par tube, chauffé par un brûleur, qui
est alimenté grâce à une simple différence de niveau. Refroidis-
sement par ailettes pour le cylindre et la culasse,; par. courant
d'eau pour la soupape d'échappement, la circulation du liquide
citant assurée par les différences de densité.
115. — Moteur de Riancey (fig. 113). — Deux cylindres hori-
zontaux placés bout à bout avec une culasse commune.
Deux pistons chassés en sens inverse par la même explosion
(dont les réactions s'équilibrent) agissent, par l'intermédiaire de
G. LAvmoiri. — L'Automobile sur route.
13
194
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
leviers articulés, qui oscillent autour des pointe fixes R, B, et
s'accrochent à des manivelles calées à .180° sur l'arbre moteur.
L'un de ces leviers est relié à une bielle, qui commande la sou-
pape d'échappement, sous l'action d'une came placée sur F arbre
intermédiaire N, dont la vitesse angulaire n'est que là moitié de
celle de l'arbre moteur.
Allumage par incandescence, ou mieux électrique, mais à
.A
Fig. 113. — Moteur de Riancey.
avance fixe : le point d'allumage peut seulement être légèrement
modifié lors de la mise en route pour éviter les explosions en
sens contraire. Les variations d'allure (300 à 1000 tours) sont
obtenues en changeant l'admission et la détente. Refroidisse-
ment par ailettes. Puissance normale 2 i/t chx;
116. — //. Moteurs à deux temps. — Moteun Loyal, Dateur,
Briggs. — Moteur Loyal (fig. 114. 114 bis). — Un seul cylindre.
Admission et échappement automatiques, la première par sou-
pape A placée dans le fond du cylindre, la seconde parla sou-
pape B établie vers son milieu.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
195
Pendant la course d'aller, il y a successivement : 1° explosion;
2° échappement partiel depuis le moment où le piston P a dépassé
la soupape d'échappement jusqu'à celui où la pression interne
n égale plus la pression atmosphérique augmentée de la charge
Fio. 114. — Moteur Loyal.
Voe perspective.
du ressort ; 3° aspiration des gaz neufs. A la fin de la course,
ceux-ci se trouvent vers la culasse et les gaz brûlés vers le
piston.
Pendant la course de retour, il y a d'abord compression jus-
Fio. lli bU. — Moteur Loyal.
Ceupe Tcrtictie.
qu'à ce que la résistance antagoniste de la soupape B soit vain-
cue, puis second échappement partiel des gaz brûlés seuls, à
cause de la simple juxtaposition, sans mélange, de ces derniers
et des gaz neufs, jusqu'au moment où le piston dépasse la sou-
pape d'échappement ; à partir de cet instant, a lieu la compres-
:196 l'automobile sur route
sion réelle. On «voit qu'il n'y a ni cames ni excentriques : les
soupapes fonctionnent par le simple jeu des pressions et dépres-
sions créées par le mouvement, du piston. Tout cela est assuré-
ment fort simple.
A la mise en train, on chauffe le tube de nickel T k l'aide
d'une lampe Longuemare; ensuite, l'allumage se fait automati-
quement par suite de l'élévation de la température due à la con-
servation d'une partie des gaz brûlés. Refroidissement du
cylindre par ses ailettes C^ Consommation annoncée : 300 gr.
d'essence par cheval-heure, avec un moteur de 3 chx.
Le moteur Loyal a été appliqué par son inventeur à un tri-
cycle d'essai, avec lequel il a donné de bons résultats. Il méri-
terait, nous semble-t-il, d'être essayé plus en grand, à cause de
sa simplicité.
Moteur Du four. — Un cylindre fermé aux deux bouts. Admis-
sion par soupape automatique. Échappement par tiroir circulaire
qui enveloppe le cylindre percé de trous circonférenciels et que
manct- uvre une came. L'arbre moteur placé à l'arrière du cylindre
est mû par deux bielles latérales en retour. Régulation par
appareil centrifuge empêchant, au moment voulu, la soupape
d'admission de s'ouvrir. Refroidissement par injection d'eau à
l'intérieur de la chambre motrice du cylindre : la pompe d'ali-
mentation est actionnée par une came montée sur le même arbre
que celle de l'échappement. Dans sa course vers l'avant, le pis-
ton comprime dans un réservoir latéral de l'air qui se carbure
avant de pénétrer sous pression dans le cylindre.
Nous ne croyons pas que ce moteur ait encore été appliqué en
automobilisme, pas plus d'ailleurs que le moteur Conrad, dans
lequel la distribution est faite à l'aide de longues lumières
pratiquées dans le piston et de deux orifices d'admission et
d'échappement se faisant face à mi-hauteur du cylindre.
Dans le moteur Briggs il y a deux cylindres parallèles, dont
les pistons actionnent des manivelles à 180°% Chacun donne une
explosion par tour, grâce à un dispositif spécial : une pompe
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
197
supplémentaire comprime le mélange et le fait pénétrer dans la
chambre d'explosion qui termine chaque cylindre, dont elle est
d'ailleurs séparée par une soupape l. i
117. — Ul. Moteurs divers. Moteur Goret à six temps (fig. 115
et H 6). — Les 5e et 6e temps servent, comme nous l'avons dit,
à effectuer, après chaque explosion, une chasse d'air pur, c'est-
Coape longitudinale.
Coap* tmnirerMle.
Fio. 115 et 116. — Moteur à pétrole Goret.
à-dire qu'aux quatre temps du cycle ordinaire, s'ajoutent une
aspiration puis une chasse d'air, ce qui procure l'expulsion com-
plète des gaz brûlés et un refroidissement efficace des cylindres.
Trois cylindres rayonnants, dont les pistons sont montés sur'
un même vilebrequin. Régulation par pointeau faisant varier l'en-
trée de l'essence dans le carburateur, qui vaporise totalement la
quantité admise. Allumage électrique par piles.
i. Voir Locomotion automobile, 12 août 1897, p. 376.
198 l'automobile sur route
Chaque cylindre est muni d'une came a commandant une
tige b qui soulève la soupape d'échappement. Comme à l'ordi-
naire, la soupape d'admission c fonctionne automatiquement.
Les soupapes d'échappement sont disposées sur le côté de
chacun des cylindres. La came de distribution a porte une rai-
nure d'un profil spécial dans laquelle roule un petit galet fixé au
cadre qui actionne la tige de distribution b portant plusieurs
touches latérales.
A l'extrémité de cette tige se trouve une bague conique qui
vient attaquer par l'intermédiaire d'un galet la soupape d'un
vaporisateur. De cette manière, la vaporisation n'est pas cons-
tante, mais se produit simplement et mécaniquement pour un
cylindre, chaque trois tours (six temps) de l'arbre moteur.
118. — Moteur Duryea a réservoir. — L'explosion s'effectue dans
un réservoir spécial qui joue le rôle de la chaudière dans les
machines à vapeur. L'essence arrive du récipient qui la contient,
par un tuyau, dans un gros tube, où elle se vaporise sous l'ac-
tion de la chaleur que lui fournit une lampe. La vapeur sort par
un ajutage cylindrique, avec une vitesse considérable, qui est
utilisée pour entraîner dans le réservoir la quantité d'air néces-
saire à l'explosion. Celle-ci produit une pression d'environ
8,5 kilog. par cm2. Un tuyau fait communiquer le réservoir avec
le récipient d'essence, pour que, malgré la pression qui règne
dans le premier, la gazoline continue à descendre. Une valve
placée sur le tube d'alimentation permet de faire varier la quan-
tité d'essence admise.
Le double effet, que l'on pourrait facilement réaliser avec un
moteur de ce genre, offrirait pour les applications automobiles
d'incontestables avantages.
119.— Moteur Diesel (fig. 117-121). — Ce moteur n'a pas
encore été appliqué à la locomotion automobile, mais comme il
repose sur des principes différents de ceux qui ont servi jusqu'ici
à la construction des moteurs usuels, et qu'il offrirait pour
l'automobilisme de grands avantages, nous croyons devoir le
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
199
décrire avec quelques détails, renvoyant pour de plus amples
renseignements à l'étude que nous en avons faite ailleurs !.
Fia. 117. — Schéma d'un moteur Diesel compound.
Ces principes ne sont autres que les conclusions auxquelles
M. Diesel a été conduit par une étude, publiée en 1893, et que
nous avons brièvement résumée ci-dessous *.
1. Bévue Industrielle, itr Janvier 1899, p. 3.
2. Dans toute combustion, il faut distinguer : 1° la température d'inflam-
mation, à laquelle on doit amener le combustible pour rallumer en pré-
sence de l'air; 2° la température de combustion, qui se produit pendant
l'action chimique même de la combustion.
. Si Ton étudie au point de vue de la température de combustion propre-
ment dite, les procédés employés dans nos machines thermiques, pour
donner naissance à un travail moteur, on trouve que cette température y
est toujours produite après l'allumage, par et pendant la combustion
même.
M. Diesel pose comme condition fondamentale d'un cycle moteur ration-
nel que la température de combustion doit être produite avant la combus-
tion et indépendamment d'elle, par conséquent avant l'allumage et unique-
ment par une ignition mécanique d'air pur. Il démontre que cette condi-
tion si imprévue n'est qu'une conséquence, jusqu'ici laissée dans l'ombre,
des principes mêmes qui ont servi à établir le cycle de Carnot.
Mais, si on veut, pour produire par simple compression cette tempéra-
ture de combustion, appliquer exactement le cycle classique, c'est-à-dire
comprimer l'air d'abord jusqu'à 2 ou 4 atm., ^suivant une isotherme, ensuite
200 l'automobile sur route
Cette étude se terminait par le schéma d'un moteur basé sur
ces principes tout nouveaux : deux cylindres de combustion C
(fig. 117), à pistons plongeurs P, sont reliés par les soupapes b à
un cylindre intermédiaire B d'un diamètre plus grand à piston
Q, et par les soupapes a au réservoir d'air L. Les manivelles des
pistons P sont parallèles et à 180° de celle du piston Q. Ce der-
nier aspire par la soupape rf, de l'air qu'il comprime, en redes-
cendant, à une pression de quelques atmosphères, et qu'il refoule
à travers la soupape e dans le réservoir L. Le piston P, en des-
cendant jusqu'à la position 1 , aspire l'air de ce réservoir ; en
remontant jusqu'à la position 2, il l'amène à sa pression défi-
nitive. Pendant qu'il redescend jusqu'à sa position 3, le charbon
pulvérisé, contenu dans l'entonnoir c, tombe dans le cylindre et
y brûle. Les gaz de la combustion se détendent et poussent le
piston jusqu'à sa position inférieure \ . A ce moment la soupape
b s'ouvre ; dès que P remonte, les gaz continuant à se détendre
remplissent le cylindre B, en dessus du piston Q qui descend.
Au moment où ce dernier va remonter, A se ferme et /"s'ouvre
pour permettre l'échappement du fluide qui a travaillé.
jusqu'à la pression correspondant à la température voulue, suivant une
ad iaba tique, on trouve que par celte voie, il ne faut pas moins de 100 à
200 atm. Si, au contraire, dès le début, on comprime suivant l'adiabatique,
30 à 50 atm. suffisent. La seconde condition du cycle cherché est donc
la modification du cycle de Carnot, par la suppression du premier temps
isothermique.
La troisième condition, c'est d'introduire, dans la masse d'air, compri-
mée suivant une adiabatique, le combustible graduellement, de façon que
la chaleur produite par cette combustion soit, à mesure qu'elle se déve-
loppe, transformée en un travail de détente équivalent. En d'autres termes,
et à l'inverse de ce qui a lieu jusqu'ici, où l'élévation de température est
exclusivement produite par la combustion, celle-ci doit être aussi isother-
mique que possible.
La quatrième condition est également en désaccord avec les idées reçues ;
c'est que la combustion s'effectue au contact d'un très grand excès d'air.
Nous n'avons pas besoin de dire qu'en pratique la compression ne se
fera pas rigoureusement suivant une adiabatique, et encore moins la détente
suivant une isotherme, mais cela n'altère pas l'essence même du procédé.
Il est évident aussi que la combustion exige, pour être spontanée, un com-
bustible amené sous un état particulier : gazeux, liquide ou pulvérisé.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 201
Le cycle de chaque cylindre C comprend ainsi quatre temps
ou deux tours ; à eux deux, ils donnent donc une course motrice
par tour.
Comme il eût été fort compliqué de construire tout de suite le
moteur compound, que nous avons décrit, on commença par
une machine monocylindrique, alimentée par du pétrole lampant.
Les fortes compressions, les hautes températures et les grandes
vitesses, mises en jeu par ce moteur, donnèrent lieu, dans la
réalisation de ses organes, à de très grandes difficultés. L'expé-
rience acquise en les surmontant, fut mise à profit pour construire
un second moteur de 12 chx, qui donna des résultats déjà fort
remarquables, et qui actionna, pendant plusieurs mois, l'atelier
de l'inventeur. A la fin de 1896, on entreprit la construction
d'un moteur du même genre, de la force de 20 chx, qui put être
essayé dès le commencement de 1897. Les figures 118 à 121,
qu'accompagne une légende fort explicite, représentent ce
nouveau moteur.
Elles montrent que le cylindre est entouré, pour son refroidis-
sement, d'une enveloppe d'eau. La machine de 1895 n'avait pas
semblable chemise, et elle a, par cela même, prouvé la possibi-
lité de la marche sans eau réfrigérante. Mais le refroidissement
présente certains avantages pratiques, notamment au point de
vue de la plus grande puissance qu'il permet d'obtenir avec
un cylindre de dimensions données ; ce sont ces avantages qui
l'ont fait adopter pour la machine de 1897.
Le pétrole est envoyé à l'ajutage D par une pompe qui n'est
pas représentée sur les figures.
Cette machine fonctionne de la façon la plus tranquille et la
plus sûre. Elle a été essayée très minutieusement par le profes-
seur Schrôter qui a rendu compte de ses ♦ essais devant la
même Société technique ; elle l'a aussi été par les professeurs
Gutermuth et Sauvage, et par des ingénieurs allemands et fran-
çais. Les résultats obtenus ont, paraît-il, été si concordants qu'on
peut les considérer comme définitifs.
Fio. 118. — Moteur à pétrole Diesel de 20 chevaux de 1897.
Coupe transversale.
C, Cylindre de compression* et de combustion de 250X 400 mm., à chemise refroidissante d'eau ; P, pis-
ton à simple effet h segments; a, gliisière; 6, bielle; d, exe moteur; g, arbre intermédiaire; W, arbre de
distribution, plaeé à la partie supérieure du cylindre ; 1, came commandant la soupape V, d'admission
d'air; II, came commandant la soupape Y. par laquelle l'air du récipient L arrive dans le cylindre pour
la mise en marche ; 111, came commandant l'aiguille d'injection du combustible dans l'ajustage D; IV,
V, cames comm andant la soupape Va d'expul*ion des gai brûlé*, la première, pendant la mise en marche,
la seconde, pendant le fonctionnement du moteur. C'est par le levier H, qui, pour la mise en marche,
est maintenu par la goupille d dans la position Ht, que les cames sont amenées d'une position à l'antre;
le ressort F les maintient dans la situation qu'elles doivent occuper pour la marche normale ; Z, X bielle
et levier actionnant la pompe Q, qui maintient la charge d'air comprimé du réservoir L a «ne pression
plus haute que celle qui règne dans le cylindre à la fin de la compression ; 8, conduite reliant le réservoir
au cylindre.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 203
Le rendement thermique indiqué a été trouvé égal à 34 ou
Fie 119. — Moteur à pétrole Diesel.
Coupe longitudinale.
35 °/o avec la charge normale, à 38 ou 40 % à demi-charge.
204 i/AL'TOftOBlLE SUR ROL'TE
Ces chiffres sont d'environ 50 °/0 plus élevés que lès meilleurs
résultats obtenus jusqu'ici pour le rendement indiqué des moteurs
à gaz qui, d'après Dugald Clerk, ne dépasse jamais 27 % et reste
bien souvent en dessous de ce chiffre, surtout quand ces moteurs
ne marchent pas à pleine charge.
Le rendement organique de la machine est, il est vrai, compris
entre 71 et 75 °/0, c'est-à-dire inférieur à celui des moteurs à
vapeur ou à explosion. Mais le rendement final n'en atteint pas
moins 0,266, ce qui veut dire que 26, 6 °/0 de la chaleur du
combustible est bel et bien transformée en travail effectif au frein.
L'élévation de ce rendement montre la supériorité du nouveau
système sur ceux qui l'ont précédé.
La consommation de pétrole par cheval-heure au frein n'a été
que de 210 gr. pour la pleine charge, de 277 gr. pour la demi-
charge. Le faible écart de ces deux chiffres met en évidence la
minime augmentation qu'amène, dans la dépense de com-
bustible, la diminution de la charge. Cette dépense est, pour ainsi
dire, constante, dans les limites ordinaires du fonctionnement
d'une machine. Le moteur Diesel doit cet avantage à l'augmen-
tation dont bénéficie le rendement thermique, quand la charge
devient moins forte, cette augmentation compensant la faiblesse
relative du rendement organique*
A égalité de nombre de tours, le moteur Diesel peut donner
la puissance ordinaire, en conservant des dimensions plus petites.
La mise en marche s'obtenant par rétablissement de la com-
munication du réservoir d'air avec le cylindre, le moteur est
toujours prêt à marcher, qu'il soit chaud ou froid, que l'inter-
ruption ait duré quelques secondes ou plusieurs jours. C'est un
avantage à considérer, notamment pour les applications à l'auto-
mobilisme, qui s'accommode mal des difficultés inhérentes à la
mise en train des moteurs à essence de pétrole qu'il emploie
d'habitude.
M. Diesel mentionne comme autre avantage de son moteur la
perfection de la combustion, qui se traduit par la double consé-
P de »e ^s encrai .
Diesel-
etiooàore»-
1er
dan»
yatt»090
,bèreq*e
des g»'
.presque
206
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Ceci serait encore très avantageux pour les voitures à pétrole.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que la suppression de tout
Fig. 122. — Moteur rotatif A pétrole A, Beetz*
Coupe longitudinale.
système de carburateur et d'allumeur est une cause de très grande
simplification.
120. — IV. Moteurs rotatifs : Moteurs A. Beets, Dodement, Vernet.
Fio. 123. — Moteur rotatif A pétrole A. Beets.
Coupe truurerule.
Gardner-Sanderson. — Moteur André Beetz (fig. 122, 123). — Deux
impulsions par tour. Le cylindre dans lequel travaille le piston
est un tore creux a b ; ce piston porte deux saillies diamétrale-
ment opposées V, V„ à joints étanches et le cylindre est pourvu
de deux palettes T, T, placées suivant un même diamètre.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
207
La charge préalablement comprimée par le moteur est admise
en A et allumée par I ; les produits brûlés s'échappent par la
lumière C.
Au passage de la palette T,, le piston comprime l'air qui a
été aspiré à travers l'orifice D et le refoule dans un réservoir
intermédiaire par la soupape B. Ce dernier communique avec la
partie supérieure de la boîte des soupapes A, l (fig. 122) dont la
dernière est reliée par un tuyau avec la soupape m, tandis
qu'entre k et n est interposée une tuyauterie sur l'entrée et la
sortie du carburateur. Un levier à sonnette actionné par une
Coupe trtnsrenale. Coupe longitudinale.
Fio. 124 et 125. — Moteur rotatif A pétrole Dodemènt..
came commande deux soupapes à la fois ; par A, arrive l'air au
carburateur qui, à son tour, l'envoie par n dans le cylindre, puis
celui-ci reçoit par l m de l'air pur comprimé.- Un régulateur agit
sur la came pour supprimer toute admission.
Moteur Dodemènt (fig. 124 et 125). — L'essence arrive à tra-
vers un filtre dans la chambre de vaporisation c, chauffée seule-
ment pour la mise en train par une lampe placée en l (fig. 124);
les vapeurs sont aspirées par une pompe p, et refoulées dans le
détonateur rf, où une autre pompe comprime de l'air. Le
mélange y est enflammé électriquement ; les gaz provenant de
l'explosion ouvrent la soupape à ressort s et arrivent à travers
208
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
un robinet r et des ajutages directeurs non. figurés, sur les aubes
d'un turbo-moteur. Une, soupape b actionnée par l'arbre moteur
au moyen d'un engrenage droit, d'un mécanisme à vis sans fin
et d'une came, permet l'entrée de l'air extérieur dans le détona-
teur, après chaque explosion. Ce moteur a été, paraît-il, appliqué
à l'avant-train Ponsard.,
Moteur Y émet (fig. 126 à 128). — Deux cylindres posés bout
Coupe transrer<«1«. Coupe longitudinale.- .
Vue en bout.
Fio. 126 à 128.
Moteur rotatif à pétrole Vernet.
à bout, avec au milieu une [chambre de combustion, qui les
dessert alternativement. Les gaz provenant de l'explosion
arrivent par une lumière, dans l'espace compris entre deux .lames
radialement disposées sur l'axe du cylindre; l'une de ces lames
ne pouvant reculer, parce qu'elle est maintenue par un; cliquet
extérieur, c'est l'autre qui avance, en entraînant l'arbre moteur,
et en tendant un ressort, également^ extérieur, qui a pour office
de ramener les lames l'une vers l'autre pour une nouvelle course
motrice qui est alternée dans les deux cylindres.
L'inventeur prétend avoir réussi, là où tant d'autres ont échoue,
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
209
parce que les joints sont étanches, sans jamais gripper : pour
l'une des ailes le contact n'a lieu, dit-il, que pendant l'explosion
des gaz ; pour l'autre, le contact se fait par de petits rouleaux
sur plan incliné ; donc, étanchéité sans frottements considérables.
Tout cela demande à être vérifié par l'expérience.
Carburation par pompe Greindel, mue par le moteur, qui
envoie un jet d'air comprimé à la rencontre d'un jet d'essence.
Fio. 129 et 130.
Moteur rotatif A pétrole
Gardner-Sanderson.
Coupe verticale.
Soupapes.
Distribution par soupapes, leviers et came ; celle-ci en forme de
V, est aussi régulatrice, parce que son profil lui permet de sup-
primer progressivement l'admission quand le moteur dépasse sa
vitesse normale. Inflammation par tube.
Moteur Gardner Sanderson (fig. 129, 130). — L'explosion
s'effectue dans une chambre a, d'où les gaz s'échappent en frap-
pant normalement les ailettes des aubes ménagées sur la couronne
mobile du moteur.
Il y a deux chambres symétriques a dans chacune desquelles
se produisent deux explosions par tour.
Des valves oscillantes actionnées par des cames (fig. 130)
O. Lavuoxi. — L'Automobile sur route. 14
210
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
servent à la formation gt à l'admission du mélange explosif qui
est comprimé en dehors du moteur; elles portent des contacts
Xi
o
o
pour l'allumage électrique. Circulation d'eau dans des chemises
latérales communiquant avec les cavités ondulées du tambour.
121. —Moteur Chaudun (Fig. 131 à 136). — Deux cylindres
égaux et parallèles BC se coupant de façon à présenter une
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE
211
section oblongue, forment le moteur proprement dit A et deux
autres B1 C1 disposés de la même manière, constituent une
pompe A* pour la formation et la compression du mélange explosif.
Chaque groupe contient deux secteurs ou pistons F, G et F1, G*,
Première coupe du moteur.
Première coape de la pompe.
Deuxième coupe du motecr.
Deuxième eoupe de la pompe.
calés par paires sur les arbres D et E, communs aux appareils A
et A1 et reliés entre eux par des pignons droits égaux. F est tou-
jours diamétralement opposé à F1 et G à G1 ; en tournant, ces
pistons prennent contact tantôt avec les parois de leurs cylindres
et tantôt avec des manchons fixes qui entourent les arbres D
etE.
Le mélange explosif formé par la pompe A est comprimé k
212 l'automobile sur route
une pression suffisante pour déterminer l'ouverture de la sou-
pape P, malgré la résistance de son ressort et s'introduire dans
la chambre d'explosion M où il est enflammé électriquement.
Sur la figure 133, l'action motrice se produit dans le haut du
cylindre B, sur le secteur F dont le bas communique avec
r échappement M1, en même temps que le cylindre C. La
chambre .motrice considérée augmente progressivement de
volume ; au bout d'un demi-tour, elle est presque à son maxi-
mum, tandis que la chambre du cylindre C d'abord unique, s'est
dédoublée en un compartiment supérieur où le secteur G va deve-
nir moteur (fig. 135) et en un compartiment inférieur encore
ouvert à l'échappement. Il se produit donc deux explosions par
tour.
A la pompe A1, est joint un tuyau 0 venant d'un carburateur
et réunie une prise d'air pur L, réglée au moyen d'un robinet.
Sur la figure 134, le cylindre B1 est rempli d'air carburé que
vient d'aspirer par le canal N le secteur F1 ; le haut du cylindre C1
commence une semblable aspiration et en bas le mélange, qui y a
été précédemment admis, est refoulé k travers l'ouverture N et
la canalisation N\ Ce mélange est ainsi comprimé au-dessus de
la soupape P, jusqu'au moment où le secteur G1 ferme la com-
munication de cette ouverture avec le cylindre C1. En même
temps, le piston F1 vient démasquer cette dernière et y refouler
à son tour ; vers la fin de la compression due à ce secteur, il
recommence à aspirer (fig. 136) tandis que le cylindre C1 est plein
d'air carburé.
Sur la tuyauterie N1 est disposé un robinet à deux voies R,
susceptible de la mettre directement en communication avec la
conduite d'air carburé 0, afin de pouvoir, à la mise en train du
moteur, supprimer la compression du mélange.
Lorsque ce robinet occupe la position de la figure 132, les pis-
tons F et G aspirent directement dans le carburateur la charge
explosive qui accomplit, en même temps, dans la pompe A1 un
cycle favorisant le mélange de ses éléments.
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 213
121 bis. — Ganses de mauvais fonctionnement des moteurs à pétrole.
— Les moteurs à pétrole sont sujets à des pannes fort variées,
dont il est parfois, à cause de cette diversité même, assez difficile
de déterminer les causes. On ne saurait, dans ces recherches,
procéder avec trop d'ordre et de méthode. On trouvera dans l'ou-
vrage de M. G. Knap (Les secrets de fabrication des moteurs à
essence, p. 182, 18S et 223), sous forme de tableaux destinés h
les faciliter, des répertoires assez complets de ces causes de non-
fonctionnement. Nous ne pouvons ici mentionner que les princi-
pales.
Dans un moteur à allumage électrique,, l'arrêt ou la mauvaise
marche sont le plus souvent imputables :
1° A un défaut de compression, par suite d'une fuite, provenant
elle-même d'une bougie mal fixée au cylindre, d'un joint défec-
tueux (les meilleurs joints sont ceux en amiante et cuivre ou toile
métallique), d'une soupape peu étanche (les soupapes, surtout
celles de l'échappement, doivent de temps à autre être rodées) ;
2° A un défaut de V allumage, le plus généralement dû à la
bougie ;
3° A un défaut de la carburation, assez facile à découvrir avec
le carburateur à barbotage ordinairement associé à l'allumage
électrique ;
4° A une fuite dans la canalisation reliant le carburateur au
moteur, qui trouble la composition du mélange.
Dans un moteur à allumage par brûleurs, on peut surtout
incriminer :
1° Le manque de compression, qui, on le sait, peut empêcher
radicalement le moteur de marcher ;
2° La trop faible intensité de V allumage : il est bon de se réser-
ver la faculté d'activer la combustion des brûleurs en leur insuf-
flant de l'air, avec un tube de caoutchoux et une poire ;
3° La façon dont se fait la carburation. Avec le carburateur à
pulvérisation, qui accompagne ordinairement l'allumage par
brûleurt», le défaut est assez délicat à trouver : il peut tenir à une
214 l'automobile slr route
arrivée insuffisante de l'essence (parce que le tube capillaire est
obstrué), ou à un excès de cette essence (parce que le flotteur
fonctionne mal ; il sort alors du silencer une fumée intense) ;
4° La tenue du régulateur : pour vérifier si c'est bien lui qui
est fautif, il y a lieu de l'isoler et de voir comment marche sans
lui le moteur (à faible carburation, pour qu'il ne s'emballe pas).
11 faut d'ailleurs savoir qu'un moteur neuf ne donne pas tout
de suite la force pour laquelle il a été construit, parce que le
cylindre n'est pas parfaitement alésé, que le piston est trop juste
ou trop petit, que les segments n'ont pas encore bien épousé la
forme du cylindre... Après un certain temps de fonctionnement
ces petits défauts disparaissent, et le moteur marche mieux.
122. — Considérations générales sur les moteurs à pétrole. Progrés à
espérer. — Le gros défaut du moteur à essence, que nous met-
trons en relief, quand nous le comparerons au moteur à vapeur
(§ 141 et 144), est de manquer d'élasticité. Cela oblige, quand
on veut avoir une puissance variable, à composer le moteur de
plusieurs cylindres, dont on met en action un nombre propor-
tionnel au travail à produire. Cette solution qui charge la voiture
d'organes qui ne sont utilisés que d'une façon intermittente, n'est
pas logique ; et il vaudrait beaucoup mieux doter le moteur à
pétrole de l'élasticité qu'il n'a pas.
Il faudrait, pour cela, faire varier la richesse et la compres-
sion du mélange ou au moins l'une des deux. Nous avons vu
comment M. Hautier modifiait la seconde. Pour ce qui est de
modifier la première, il semble que ce devrait être simplement
l'affaire du carburateur ; mais ce dernier n'agit le plus souvent
que par l'aspiration du piston, qui diminue avec la vitesse du
moteur, quand il rencontre une résistance plus grande, c'est-à-
dire au moment où l'alimentation du carburateur devrait être
activée. Le carburateur à pulvérisation est donc incapable de
proportionner dans d'assez larges limites la richesse du mélange
au travail à développer. Le distributeur , fondé sur l'introduc-
tion mécanique d'un volume déterminé d'essence, semble plus
CARBURATEURS ET MOTEURS A PÉTROLE 215
apte à ce service : le dosage du pétrole est facile à obtenir avec
un robinet compte-gouttes, en faisant tourner le boisseau por-
tant les cavités remplies d'essence une vitesse appropriée à
l'énergie que Ton veut obtenir. Mais le réglage de l'air et son
brassage avec l'essence sont difficiles dans ce dispositif, où
l'aspiration de l'air reste toujours sous la dépendance de la seule
dépression produite dans le cylindre par la fuite du piston. Peut-
être suffira-t-il, comme le remarque M. Forestier, pour obtenir
la variabilité de puissance du moteur à mélange tonnant de
combiner ce dispositif avec l'allumage électrique, qui permet, par
l'avance à l'explosion, d'augmenter le nombre de coups de
piston conservant, grâce à l'injection d'un même volume d'es-
sence, la même puissance.
La solution du problème, difficile avec l'explosion, qui exige
un dosage rigoureux de l'air carburé, semble plus facile avec la
combustion, qui se produit, quelle que soit la proportion trop
considérable de l'air, pourvu que la température soit suffisante.
Il faut donc espérer que les systèmes Duryea (§ 118) et Diesel
(§ 119) pourront, malgré la complication que leur impose la
nécessité d'un réservoir auxiliaire, être appliqués à l'automobi-
lisme.
Un autre inconvénient des moteurs à mélange tonnant consiste
dans les trépidations qu'ils impriment à la voiture, surtout quand
elle est arrêtée. Les constructeurs ont donc bien raison de cher-
cher à les équilibrer: il reste à savoir lequel, des divers procédés
que nous avons exposés, est le meilleur. Celui qui consiste à
disposer des masses faisant contre-poids aux têtes des bielles, à
leurs coudes d'assemblage avec l'arbre et aux pistons est le plus
simple; mais l'équilibrage n'est obtenu que pour la vitesse, en
vue de laquelle on a calculé la, distance des contre-poids à l'axe
de rotation. L'équilibrage par mouvements inverses de pistons
conjugués, qui est applicable même avec les moteurs à nombre
impair de cylindres, comme le moteur compound de MM. Roser
et Mazurier, parait assez recommandable. L'équilibrage par
216 l'automobile sur route
explosion entre deux pistons marchant en sens inverse semble
théoriquement le plus parfait : on peut se demander si la compli-
cation résultant de l'adjonction de bielles et palonnier et l'aug-
mentation de volume du carter ne compensent pas, et au delà,
l'avantage qu'il procure.
A l'inverse de ce que nous avons constaté pour le moteur à
vapeur, la date récente du moteur à pétrole peut nous faire
espérer qu'il sera l'objet de perfectionnements importants. On
pourra notamment rendre meilleurs la carburation et l'allumage,
plus précise la régulation; étudier l'influence du volume de la
cylindrée et du taux de la compression sur le rendement.
On améliorera ce dernier en diminuant les pertes de chaleur,
causées par le refroidissement qu'on fait subir aux cylindres et
qui s'élèvent parfois à 30 % des calories développées par l'ex-
plosion. Si on trouve un lubrifiant, qui ne se décompose pas,
comme les oléonaphtes employées jusqu'ici, à 350° ou 400°, on
pourra laisser les cylindres plus chauds, et ce sera autant de
gagné. Dès à présent, on pourrait s'attacher, comme le demande
M. R. Sorean, à avoir un refroidissement plus méthodique, soit
par un jeu de valves automatiques réglant le courant d'eau
d'après la température du cylindre, soit par un ventilateur
qu'actionnerait le moteur et qui injecterait entre les ailettes du
cylindre une quantité d'air variable (système Diligeon).
Il serait fort désirable de voir réaliser un moteur rotatif pra-
tique, mais sa construction nous paraît encore plus lointaine
avec le pétrole qu'avec la vapeur.
CHAPITRE III
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES
1° Les accumulateurs.
123. — L'accumulateur seul générateur électrique applicable aux
automobiles. — L'automobile, qui demande à l'électricité la force
nécessaire pour sa propulsion, doit, comme les autres voitures sur
route, emporter avec elle sa source d'énergie. Elle s'interdit par
là l'utilisation du trolley, courant le long d'un conducteur cons-
tamment relié aux dynamos de l'usine, c'est-à-dire le mode de
traction électrique que l'expérience a jusqu'ici consacré comme
le plus pratique *. Car, il faut bien reconnaître que si l'électricité
est devenue, dans ces deux dernières années, un des plus puis-
sants agents de transport, c'est presque exclusivement le procédé
par câble aérien ou souterrain qui est la base de ses applications :
les quelques tramways à accumulateurs, qui circulent dans nos
villes, ne le font encore que depuis trop peu de temps pour que
la question soit résolue de savoir s'ils donnent lieu à une exploi-
tation économique *.
Il ne reste donc à l'automobile que la ressource des piles pri-
maires ou secondaires.
!. On a bien proposé l'application de ce mode de traction aux automobile»
(voir notamment Génie civil, t. XXXII, p. 49), mais elle est pour longtemps
impossible.
2. 11 est cependant juste de reconnaître que l'accumulateur Tudor donne
de très bons résultats dans les exploitations de tramways de Hanovre,
Dresde, Hagen, Francfort, Paris, Berlin..., parmi lesquelles plusieurs sont,
dit-on, nettement rémunératrices. Avec lui, l'augmentation de poids que le
transport de l'accumulateur inflige à la voiture n'est plus que de 15 à 25 °/0
de son poids total, alors qu'elle était, il n'y a pas bien longtemps, de 50 0/o.
218 l'automobile sur route
Les premières, comme leur nom l'indique, font directement la
transformation de. l'énergie chimique en énergie électrique; elles
la font même dans des conditions de rendement très avanta-
geuses. On pourrait donc les croire capables de fournir l'électri-
cité à très bon compte. Il n'en est rien, parce que les substances
que consomment les piles : acides, sels, zinc (les tentatives qu'on
a faites pour substituer à ce métal un autre corps sont toutes
restées infructueuses) sont autrement coûteuses que le charbon
auquel la dynamo emprunte son énergie.
M. Hospitalier, qui s'est fait l'apôtre aussi fervent que judi-
cieux de l'automobile électrique, et auquel nous aurons l'occa-
sion de faire plus d'un emprunt *, a calculé qu'une pile au bichro-
mate de potasse ne consommant que les quantités strictement
nécessaires pour produire 1 kilowatt-heure, soit 1 kg. de zinc
amalgamé et 1.668 kg. de bichromate, dépensera (en comptant le
premier à 0.80 fr. le kilog. et le second à 1.20 fr.), 2.80 fr., soit
3 fr.avec l'acide sulfurique. Si on admet qu'une voiture électrique
doive emporter une provision d'énergie de 5 à 10 kilowatts-
heure, suivant le poids et la durée de parcours journalier qu'on
lui assigne, cela fait une dépense de 15 à 30 fr. pour les seuls
produits chimiques.
Mais, la pile n'est pas seulement un générateur coûteux ; elle
est aussi un générateur très lourd (par suite de la nécessité de
diluer l'acide et de dissoudre le sel dans une grande quantité
d'eau et de placer le tout dans des récipients solides) et de très
faible puissance (puisque sa force électro-motrice ne dépasse pas
2 volts, sur lesquels 0,2 volt sont absorbés par sa résistance
intérieure). Il en résulte que sa puissance spécifique (quotient de
sa puissance utile par sa masse) n'est que de 1 à 2 watts par
kilog., et que son énergie spécifique ne dépasse pas 4 à 5 watts-
heure par kilog. Or, nous n'avons pas besoin de faire remarquer
que, dans ses applications à la traction, le générateur électrique
i. Voir Notes clcclromobiles (Locomotion automobile du 13 janvier 1898
et n°* suivants).
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 219
doit présenter une grande puissance spécifique, pour pouvoir
développer à un moment donné (démarrage, forte rampe...) un
effort considérable, et une grande énergie spécifique, pour être,
sous un faible poids, capable d assurer pendant un temps suffi-
samment long la propulsion de la voiture.
L'emploi des piles primaires est donc inadmissible. Celui des
accumulateurs est-il plus pratique? Il y a peu d'années, il ne
Tétait pas, puisqu'en 1881, le type Faure ne donnait guère
comme puissance et énergie que 1 watt et 7 watts-heure, par
kilog. de poids total, chiffres se rapprochant beaucoup de ceux
que nous avons donnés pour la pile. Mais, actuellement, le type
Fulmen réalise une puissance spécifique de 8 à 10 wratts et une
énergie spécifique de 20 à 30 watts-heure. Suivant une marche
parallèle, le moteur électrique de 2 à 3 kilowatts, qui, en 1881,
pesait 30 à 40 kg. et ne rendait que 60 °/0, voyait dès 1897, son
poids s'abaisser à 15 ou 20 kg. par kilowatt, et son rendement
s'élever à 85 ou 90 %. Tout cela a changé l'état des choses pour
l'application de l'électricité à l'automobilisme, et, en fait, les
concours de fiacres de 1898 et 1899 ont prouvé qu'elle était d'ores
et déjà possible. Nous allons voir dans quelles conditions elle a
été jusqu'ici réalisée.
124. — L'accumulateur plomb-plomb jusqu'ici seul pratique. — Toute
pile, qui ne donne pas en quantité appréciable des produits vola-
tils, peut théoriquement constituer un accumulateur électrique.
Mais jusqu'à présent, on n'a obtenu des résultats qu'avec les trois
seules combinaisons suivantes :
1° Accumulateur plomb-plomb, eau acidulée sulfurique;
2° Accumulateur plomb-zinc, eau acidulée sulfurique ;
3° Accumulateur zinc-cuivre, solution de potasse ou de soude
caustique.
Cette dernière ne donne qu'une force électro-motrice minime :
0,8 volt par élément. La seconde donnerait, au contraire, une
force électro-motrice considérable (2,4 v.) et permettrait de faire
avec le zinc des plaques négatives bien plus légères qu avec le
220 l'automobile sur route
plomb ; mais, dans la charge, la constitution de l'élément se fait
mal, et cela a été considéré jusqu'ici comme un vice rédhibitoire.
Pourtant M. Riker, de Brooklyn, emploie des accumulateurs
plomb-zinc, sur lesquels nous donnerons quelques détails en
parlant de ses voitures.
Il ne faut d'ailleurs pas désespérer d'utiliser un corps plus
léger que le plomb, capable de constituer un accumulateur puis-
sant, entièrement régénérable. M. Pisca ne doute pas de la chose :
<( La théorie est faite ; il faut forcer les corps choisis à suivre la
voie que les difficultés d'exécution lui masquent, mais que le
calcul leur indique *. »
125 — Adaptation des accumulateurs plomb-plomb au service de trac-
tion. — En attendant cet avenir plein de promesses, l'accumu-
lateur plomb-plomb reste le seul pratique.
Il se compose comme on le sait, de lames négatives de plomb
réduit spongieux et de lames positives de plomb peroxyde, plon-
geant dans de F eau acidulée sulfurique. Le difficile est, dans tous
les cas, d'établir entre la matière active et son support une adhé-
rence suffisante pour résister aux variations de volume et de
cohésion, inséparables des transformations périodiques sur les-
quelles est fondé le jeu de l'accumulateur *. Lorsque celui-ci est
destiné à un service de traction, la difficulté est encore aggravée
par ce double fait qu'il faut réduire le plus, possible le poids du
support (afin d'obtenir une puissance et une énergie spécifiques
considérables) et que les vibrations tendent h en détacher la
matière active.
Quand cette dernière est formée aux dépens du support, l'élec-
trode est dite à formation autogène ou Planté. Le moyen est peu
employé, à cause de sa longueur. On a presque toujours recours
à la formation hétérogène, qui procède par voie électroly tique, à
1. Société des Ingénieurs civils. Bull, d'août 1898, p. 850.
2. En général, le support est formé par une grille dont le quadrillage
reçoit des pastilles de la matière active. Parfois, comme dans l'accumulateur
Phœbus, celle-ci est comprise entre deux grilles entre toisées : elle consti-
tue alors une masse continue plus solide qu'une réunion de pastilles isolées.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 221
peu près abandonnée, ou par dépôt mécanique. Celui-ci, qui est
dû à M. Faure, se prête aux formes les plus variées du quadril-
lage destiné à assurer le solide encastrement des pastilles de
matière active. Pour obtenir, comme c'est nécessaire en l'espèce,
un débit et une capacité spécifiques considérables, il faut éviter
les plaques trop épaisses et les alvéoles trop grandes, qui n'assu-
reraient pas à la matière active un contact suffisant avec le sup-
port et avec Télectrolyte.
Nous pouvons donc conclure, avec M. Hospitalier, que jusqu'à
nouvel ordre, les accumulateurs de traction sont tous, ou presque
tous- des accumulateurs plomb-plomb (plomb doux ordinaire
pour les lames négatives, plomb antimonié pour les lames posi-
tives) , àformation hétérogène, à oxydes rapportées mécaniquement.
Nous verrons cependant certains accumulateurs avoir leurs
positives à formation Planté. M. Wallace Jones croit que cette
solution mixte est appelée à prévaloir. M. Wythe Smith, allant
plus loin, estime qu'il faudra peut-être adopter l'élément Planté
plus ou moins modifié.
La connexion entre leurs diverses plaques est faite par des tra-
verses de même métal ou alliage que les plaques elles-mêmes,
c'est-à-dire en plomb doux et en plomb antimonié ; on visse les
traverses aux lames à l'aide d'écrous en plomb antimonié, si on
veut se réserver la faculté de démonter les éléments.
Pour empêcher tout contact entre les lames de noms contraires,
on entoure de jarretières, en caoutchouc rond de 5 à 8 mm. de
diamètre, les bords des plaques, verticalement pour qu'elles ne
facilitent pas les courts-circuits en arrêtant les parcelles de
matière active détachées. Pour les accumulateurs de traction, on
utilise souvent des feuilles d'ébonite ou de celluloïd, de quelques
dixièmes de millimètre d'épaisseur, percées de trous de 1 à 2 mm.
de diamètre, d'une section totale au moins égale au tiers de la
surface des feuilles. De cette façon, ces dernières n'opposent
qu'une résistance négligeable au passage du courant, tout en
étant de sûrs garants contre les courts-circuits.
222 l'automobile sur route
Bien qu'une solution riche en acide sulfurique soit peu favo-
rable à la conservation des électrodes, M. Hospitalier n'hésite
pas à la conseiller dans l'espèce : une densité de 1,32 (35° Baume)
lui paraît nécessaire pour avoir une force électro-motrice et un
débit suffisants, et réduire par suite le poids transporté.
C'est aussi pour cette dernière raison, qu'on fait les récipients
aussi légers que possible : on est en train de renoncer au cellu-
loïd, qui serait pourtant la substance de choix si elle n'était très
inflammable ; elle a effectivement causé plusieurs incendies. On
se rabat sur l'ébonite. Peut-être pourra-t-on un jour employer
l'ambroïne, un tissu pégamoïdé, la toile laquée à chaud, sous
pression, ou le carton comprimé, laqué ou caoutchouté.
Le couvercle doit être hermétique, pour empêcher toute pro-
jection de liquide en cours de route ; mais, un petit trou y est
ménagé pour permettre le départ des gaz pendant la charge.
Les dimensions des éléments peuvent varier ; mais leur nombre
reste fixé de façon presque constante, à 40 ou 44, par l'intérêt
qu'il y a à pouvoir, pour leur chargement, les disposer en tension
sur les distributions d'énergie électrique au potentiel ordinaire
de 110 volts, et, pour les changements de vitesse, les diviser en
quatre batteries égales.
Certains constructeurs, comme MM. Bouquet, GarcinetSchivre,
et M. Patin emploient des accumulateurs particuliers, sur lesquels
ils sont fort sobres de détails. La plupart des autres utilisent des
types, qui sont dans le commerce, et que leurs constructeurs
n'ont pas encore eu bien le temps d'approprier à leur nouveau
service. Citons, indépendamment de ceux que nous allons décrire,
les systèmes Gadot, Faure-King, Bristol.
126. — Accumulateur Lamina. — L'accumulateur Lamina (fig.
137), employé par M. Elieson, du type Planté, a ses plaques
formées chacune d'une série de feuilles de plomb perforées et
gaufrées, et les gaufrages sont alternativement horizontaux et
verticaux ; cette disposition assure aux plaques une grande sur-
face et k l'acide une libre circulation. Les plaques sont envelop-
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 223
pées dans une gaine en plomb perforé, qui, pendant la formation,
a été préservée de l'action électroly tique. L'inventeur affirme que
cette gaine maintient très bien la matière active, et que l'accu-
mulateur peut sans détérioration être mis en court-circuit ; ce der-
nier avantage serait précieux, s'il était bien confirmé. Le type
de 17, 5 cm. de longueur, 10 cm. d'épaisseur, 32,5 cm. de hau-
teur, fournissant 100 ampères-heure au régime de 20 ampères et
Fig. 137. — Accumulateur Lamina à bac cTébonite.
120 A-h. au régime de 10 A, pèse 12,23 kg. A ce taux, une batte-
rie de 40 éléments renfermant 8 kw.-h. disponibles, pèse 500 kg.
Cela fait ressortir à 62 kg. le poids du kw.h., au débit de 3 à 3,5
w. par kilog. : la légèreté de l'accumulateur est assez médiocre.
127. — Accumulateur Fulmen. — L'accumulateur Fulmen est de
beaucoup le plus employé jusqu'ici, au moins par nos construc-
teurs français. Les figures 138, 139 montrent, d'après une photo-
graphie, les deux parties d'une plaque, et la figure 140 l'aspect
qu'elle offre, après leur assemblage.
Les châssis très légers, sont coulés en plomb antimonié ; dans
le modèle représenté, ils sont divisés par des barrettes transver-
sales et longitudinales, en trente compartiments subdivisés cha-
224
L AUTOMOBILE SUK ROUTE
cun en douze alvéoles. L'un des châssis porte des tenons ronds
qui correspondent à des ouvertures ménagées de fonte dans
l'autre et qui y pénètrent lorsqu'on superpose ces châssis. Sur
les côtés, ceux-ci présentent une obliquité tournée vers le dedans ;
de plus, toutes les barrettes intérieures ont une section triangu-
laire dont le sommet est également dirigé en dedans, de sorte
que les évidements constitués entre ces châssis, ont un pourtour
en queue d'hironde où l'oxyde rapporté est emprisonné. En
A
ffMJ.JKIIC?
JJJ "•■■■«»■«
Fio. 138 et 139.
Accumulateur Fulmen.
Chàuis d'une plaque.
KlG. 140.
Accumulateur Fulmen.
Plaque complète.
même temps que la matière active est convenablement compri-
mée, les tenons d'un châssis sont écrasés dans les ouvertures de
l'autre et la plaque solidement assemblée contient, serties dans
les quadrillages, 360 pastilles, qui résistent, dans les meilleures
conditions possibles, aux causes de désagrégation.
Les plaques ainsi formées sont logées dans des bacs en ébonite,
présentant de hauts rebords et elles reposent par l'intermédiaire
de bourrelets souples, sur des traverses également en ébonite.
C'est aussi en cette matière qu'est fait un couvercle portant, res-
pectivement pour remplissage et la traversée des tiges de con-
nexion, une ouverture fermée par un bouchon et des rondelles en
caoutchouc pur.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES
225
M. Hospitalier, qui a pu expérimenter cet accumulateur dans
sou laboratoire, nous donne à son sujet les renseignements sui-
vants. L'élément B13, qu'il a plus particulièrement étudié, com-
prend 13 plaques * de 18,5 cm. de haut, 9,5 cm. de large, 4 mm.
d'épaisseur, formant un quadrillage à 24 alvéoles rectangulaires.
Avec ses lames séparatives et son bac de celluloïd, il pesait
7,5 kg.; avec rébonite, qui est maintenant exclusivement em-
ployée pour la confection des boîtes, à cause de la trop grande
inflammabilité du celluloïd, il faut compter sur une augmentation
de poids de 3°/0. 11 fournit normalement pendant cinq heures un
courant de 21 ampères, c'est-à-dire 1 A par dm2 de surface de
plaque positive; il peut d'ailleurs donner, aux dépens de sa capa-
cité, jusqu'à 50 A en décharge continue et 100 A pendant un
instant. A la décharge normale en cinq heures, la différence utile
de potentiel de l'élément est de 1,9 volt en moyenne, la capacité
de 105 ampères-heure, la puissance 21 A x 1,9 v. = 40 watts,
l'énergie disponible de 200 watts-heure.
Si on divise ces divers chiffres par le poids 7.5 kg. de l'élé-
ment, on arrive aux constantes spécifiques consignées dans le
tableau suivant :
Nombre de plaques de l'élément
ordinaire
Débit spécifique, en ampères par kg,
Puissance utile spécifique, en watts
par kilog
Capacité spécifique, en ampères-
heure par kilog ,
Énergie utile spécifique, en watts-
heure par kilog
Poids spécifique,. en kg. par k~w-h.
13.
3.»
5.3
14.6
26.»
37.5
F. S. V.
de
MM.Valls
etO
23.
1.6
3.»
8.>»
15.»
65 . »
Pl'LVIS
SoCIBTB
anonyme
pour
le travail
des métaux
7.
1.87
3.65
9.37
18.25
54.6
13.
2.17
4.1
7.76
14.7
68.»
3.»
5.3
21.»
27.6
36.2
13.
2.»
3.7
9.9
18.
54.0
13.
2.2
4.2
6.6
12.6
79.2
1. On sait qu'un élément a toujours un nombre impair de plaques, afin
d'encadrer les positives extrêmes par des négatives; sans cette précaution,
les positives, étant inégalement attaquées, se gondoleraient.
G. Latumsk. — V Automobile sur route. 15
226
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Si Ton porte le régime de décharge spécifique continue de
l'accumulateur Fulmen à 2.5 ou 10 w., c'est-à-dire si on le dimi-
nue de moitié ou si on le double, l'énergie spécifique devient 30
et 20 w.-h., c'est-à-dire augmente ou diminue d'environ 5 w.-h.
Cela prouve que l'on gagne en énergie ce que l'on perd en puis-
M*M4
1 l i 1
::-
JHii
■M
Fio. 141. — Accumulateur Valls.
Plaque négatire d'accumulateur ValU, type normal pour automobile*.
sance et inversement. Et il ne faut pas oublier, quand on fixe les
constantes spécifiques de la batterie à employer, que les accumu-
lateurs se conservent d'autant mieux qu'on les soumet à des
régimes de décharge plus modérés.
128. — Accumulateur F. S. Y. de MM. Valls et C". — L'accumula-
teur Faure-Sellon-Volckmar, fabriqué par MM. Valls et Cie, a ses
plaques négatives en plomb pur, à alvéoles très petites (fig. 141).
Les plaques positives (fig. 142), aussi en plomb pur (l'emploi du
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES
227
plomb doux est destiné à compenser la chute graduelle de la
matière active), sont constituées pour le type normal * par une
âme assez épaisse, sur laquelle sont ménagées des rainures
horizontales inclinées et des rainures verticales, ces rainure
^ÏÏQ
Fio. 142. — Accumulateur Va Us.
Plaque poiitire d'accumulateur Vall*, type normal pour automobiles.
étant disposées en quinconces sur les deux faces pour augmenter
la rigidité de l'ensemble. Une mince lame d'éboni te perforée,
placée sur les plaques, empêche la chute de leur matière active ;
une autre ondulée assure leur isolement. Les bacs, en ébonite,
sont ou fermés, ou simplement recouverts d'une plaque de la
même substance «'opposant aux projections du liquide.
i. Les types léger et extra-léger ont leurs positives identiques aux néga-
tives.
228 l'automobile sur route
L'élément normal est composé de 23 plaques carrées de 1 4 cm. S
de côté, et pèse 15 kg. 95 *. Il fournit,, pendant cinq, heures,
un courant de 35 ampères, soit 0,54 A par dm. * de surface posi-
tive développée : la différence utile de potentiel est de 1 ,9 volt en
moyenne, la capacité de 135 ampères-heure, la puissance de
48 watts, l'énergie disponible de 240 watts-heure. Les constantes
spécifiques en sont consignées au tableau de la page 225.
129. — Accumulateur Pulvis. — Dans l'accumulateur Pulvis, les
positives sont constituées par des lames de plomb, d'environ
9 mm. d'épaisseur, étirées à la presse hydraulique, portant sur
leurs deux faces des rainures horizontales très rapprochées, qui
sont ensuite remplies de poudre de plomb impalpable. Les néga-
tives sont analogues aux positives; mais les lames sont plus
minces et portent des nervures horizontales espacées de 4 à 5 mm.,
à profil en queue d'aronde, pour mieux maintenir la matière
active. Les queues des connexions sont soudées, par le procédé
autogène, à une barre cylindrique en plomb avec âme de cuivre.
Les plaques reposent sur deux prismes en ambroïne, destinés à
ménager un espace libre entre elles et le fond des bacs qui sont
aussi en ambroïne. Elles sont séparées par des feuilles d'ébonite
ondulées et perforées.
L'élément courant T7 est composé de 7 plaques, de 0 m. 15 x
0 m. 19, pèse 16 kilog., et fournit, pendant cinq heures, un courant
de 30 ampères, soit 0,156 A par d.-m. 2 de surface positive déve-
loppée; la différence utile de potentiel est de 1,95 volt, la capacité
de 150 ampères-heure, la puissance de 30 A x 1,95 v. = 58,5
watts, l'énergie disponible de 202 watts-heure.
130. — Accumulateur de la Société Anonyme pour le travail électrique
des métaux; — Dans l'élément de la Société Anonyme pour le
travail électrique des métaux, les négatives, dérivées du genre
Faure, sont constituées par un quadrillage de plomb servant de
support à du plomb spongieux provenant de la réduction de chlo-
. 1: Les éléments léger et extra-léger ont respectivement 19 et 13 plaques,
et pèsent 11,4 kilog. et 8 kilog.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 229
rare de plomb fondu et coulé en pastilles. Les positives du genre
Planté sont composées de bandelettes de plomb gaufré, superpo-
sées et réunies entre elles par des procédés spéciaux.
Les éléments, actuellement employés pour les fiacres de la O
générale des voitures à Paris, se composent de 13 plaques de
0 m. 210 X 0 m. 110, reposant sur un tasseau en ébonite, et
•séparées par des plaques ondulées et perforées en ébonite ; ils sont
enfermés dans des bacs aussi en ébonite, et pèsent au total 17 kilog.
Ils fournissent normalement, pendant trois heures et demie un
courant de 37,7 ampères, soit 1.3 A par dm.2 de surface positive
développée; la différence de potentiel utile est de 1,9 volt, la capa-
cité de 132 ampères-heure, la- puissance de 71 watts, l'énergie
disponible de 250 watts-heure. Les constantes spécifiques sont
données par le tableau de la page 225.
- 130 bis, — Accumulateurs Bouquet, Garcin etSchivre, Phœbus, Pisca,
Blot-Fulmen, W.-A Beaie, Phénix. — L'accumulateur B-G-S, à forma-
tion hétérogène, avec connexions à la soudure autogène, ne pré-
sente rien de bien particulier dans sa construction. Ses inventeurs
revendiquent cependant pour lui une capacité spécifique excep-
tionnelle (20 à 22 ampères-heures) : en service automobile, au
régime normal de décharge en 6 heures, la batterie à 15 plaques
donnerait le cheval-heure sous le poids de 26 kilogrammes envi-
ron. Un deuxième type plus récent aurait encore un rendement
spécifique plus considérable et un volume plus réduit. •
L'accumulateur Phœbus, construit par M. Kaindler, a sa matière
active comprise entre deux grillages en plomb antimonié paral-
lèles, solidement entretoisés'; cette matière forme ainsi, au lieu
de pastilles isolées, une masse consistante. L'élément ordinaire
comprend 13 plaques, de 0 m. 095 de large et de 0 m. 160 de
haut ; il pèse 7 kg. 850 et se décharge normalement en 8 heures.
L'Accumulateur Pisca, combiné en vue d une grande durée, plutôt
que d'une haute capacité spécifique, est à formation hétérogène :
les plaques ont des épaisseurs variant de 3 à 4 mm., les néga-
tives étant un peu plus minces que les positives ; leurs bords
230 l'automobile sur route
s'engagent dans les rainures verticales dont sont munies deux
parois opposées du bac, en caoutchouc durci. Le couvercle de
celui-ci, à double cloisonnement, s'oppose aux projections d'acide,
sans gêner le départ des gaz. La décharge normale a lieu en
trois heures : si on l'effectue en une heure et demie, la capacité
n'est plus que. les 92 °/0 de sa valeur normale ; si au contraire on
la fait durer six heures, la capacité devient 1 ,2 fois plus grande.
L'élément moyen à 13 plaques pèse 21 kilos.
L'accumulateur Blot-Fulmen est constitué par des plaques posi-
tives Blot à navette du sytème bien connu et par des négatives
Fulmen, les premières à formation autogène, genre Planté, les
secondes à formation hétérogène. Ces plaques reposent sur des
tasseaux placés au fond des bacs en ébonite et sont isolées par
des feuilles d'ébonite ondulées et perforées. Les connexions sont
en plomb antimonié. Les plaques positives de 8 mm. d'épais-
seur pèsent 0 kg. 560 ; les négatives de 4 mm. d'épaisseur 0 kg. 300 ;
l'élément de N plaques pèse, avec les accessoires, l'acide et le
bac (1 kg. 250 xN) + 0 kg. 400 ; sa capacité en ampères-heure
•est de 12 (N — 1). Le nombre des plaques- varie de 11 à 25;
l'élément de 21 plaques, employé par M. Jenatzy pour la voiture
de livraison des Magasins du Louvre, qui figurait à l'Exposition
de 1899, pèse 25 kg. et a les capacités de 250#, 230 et 200
ampères-heure, aux décharges respectives en 10, 5 et 3 heures.
Citons encore les accumulateurs W.-A. Bease, Phénix (brevets
G. Philippart), que nous avons vus aussi à l'Exposition sans que
nous puissions dire ce qu'ils donneront en service courant.
131 . — Concours d'accumulateurs de l' Automobile-Club de France (1899) .
— La simple lecture du tableau de la page 225 montre combien les
constantes spécifiques varient d'un système à un autre; mais
. comme il ne fait pas entrer en ligne de compte d'autres éléments
intéressants, tels que la durée, ses chiffres sont loin d'être compa-
rables. Leur diversité prouve seulement que les Caractères types de
• l'accumulateur de traction sont encore loin d'être bien définis. C'est
pour essayer de le faire que l'Automobile-Club ; de France a
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 231
organisé un concours1 qui se poursuit encore (novembre 1899),
parce qu'il doit durer tout ^le temps nécessaire pour mettre hors de
service les batteries engagées, sans dépasser pourtant le délai de
six mois.Ses enseignements seront utiles à écouter: ils ne manque-
ront pas d'être, pour les accumulateurs d'automobiles, la source
de progrès sensibles.
Même avec ceux, qui ont d'ores et déjà été réalisés, la locomo-
tion électrique est possible sur routes.
132. — L'accumobile est dès maintenant possible. — Reportons-nous,
en effet, aux chiffres du tableau (page 225), relatifs à l'accumulateur
Fulmen; bien qu'ils aient été déterminés par des emplois fixes de
ses éléments, ils peuvent être acceptés pour l'usage automobile,
parce que les repos qui coupent fréquemment la décharge des
accumulateurs de traction, et le mouvement de la marche favo-
risent la diffusion du liquide ; aussi, permettent-ils de calculer le
poids d'accumulateurs nécessaire pour actionner une automobile
d'une certaine masse, dans des conditions de vitesse et de profil
déterminées.
Pour assurer la propulsion d'une voiture pesant une tonne, à
la vitesse de 18 km. à l'heure (5 m. par seconde), bien suffisante
pour un service urbain, il faut, avec un coefficient de traction de
2.5 % (25 kg. par tonne), fournir à la jante des roues une puis-
sance de 25 X 5 = 125 kilogrammètres == 1.250 watts environ.
1. Aux termes de l'art. 3 du programme, il doit porter : a) sur la durée des
éléments; b) sur leur rendement industriel, c'est-à-dire sur le rapport entre
l'énergie fournie aux bornes pendant la charge et l'énergie débitée pendant la
décharge; c) sur la fréquence, l'importance et la facilité des opérations d'en-
tretien ; d) sur le poids des accumulateurs comparé à leur débit et à leur
capacité; le tout dans des conditions de trépidation et de variation de débit
aussi semblables que possible à celles que les accumulateurs auraient à
subir sur une automobile.
Chaque batterie présentée au concours, composée d'un nombre approprié
d'éléments et contenue dans une caisse de groupement, ne devra pas peser
plus de ilO kilos, non compris la caisse. Cette batterie devra pouvoir four-
nir 120 A. -h. pendant cinq heures, sans que la différence de potentiel s'abaisse
au-dessous de 815 v. (art. 8).
La charge sera faite en huit heures au maximum sur les batteries montées
en tension, avec un courant décroissant dont l'intensité initiale ne dépas-
sera pas 30 A et dont l'intensité finale sera d'environ 15 A. (art. 10).
232 l'automobile scr route
Si nous admettons des rendements de 0,8 pour le moteur électrique
et de 0,9 pour la transmission entre son arbre et l'essieu, les
1250
.accumulateurs devront fournir /r-^ ir^ = 1-800 w. Ils pour-
ront le faire, au régime de 5 w. par kilog., s'ils ont un poids de
— - — =360 kg. soit 36 % de celui de la voiture et, puisque en
o '
1 heure, ils dépenseront 18,000 w.-h. pour faire parcourir à là
voiture 18 km., cela équivaudra à une dépense de 100 w.-h. par
tonne-kilomètre *. Les accumulateurs renfermant 25 w.-h. par
kilog. pourront entretenir pendant cinq heures cette vitesse de 18
km., et faire parcourir à la voiture, sans être rechargés, la dis-
tance de 18 x 5 = 90 km.
M. Hospitalier avait cru devoir réduire ce chiffre d'un tiers pour
tenir compte des pertes par arrêts, démarrages, fausses manœuvres,
pentes. Ces dernières doivent être supposées modérées : il ne faut
pas, effectivement, oublier que l'élévation d'une tonne à 10 m.,
correspondant aux bornes des accumulateurs à —- — ^ t% =
F 0,9x0,8
143.000 kgm. =1 ^j!00 = 400 w.-h., réduit, à raison de
100 w.-h., par tonne-kilomètre, le parcours en palier de 4 km»
Or, ces prévisions ont été dépassées par les résultats du concours
de fiacres de juin 1898 : les voitures qui y ont pris part, ont
effectué, presque toutes, dés parcours notablement supérieurs
aux 60 km. qui leur étaient demandés ; lune d'elles a fait jusqu'à
105 km. Et pourtant dans aucune de ces voitures, le rapport du
poids des accumulateurs n'a atteint cette proportion de 36 °/0 du
poids total en charge, que nous avons supposée : il a varié de
1. Ce chiffre est un peu supérieur à ceux qu'ont trouvés MM. Morris et
Salom à Chicago et qui ont varié entre 84 et 92 w.-h. Mais, comme le fait
remarquer M. Hospitalier, les expériences des ingénieurs américains ontété
faites dans des conditions éminemment favorables, notamment sur route
très plate. Le concours de fiacres de 1898 a montré qu'on pouvait l'abaisser
à 80 w.-h.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 233
26 à 32 °/0. Avec une pareille valeur de ce rapport, la marge
reste assez grande pour le poids du moteur, des transmissions,
de la voiture et des voyageurs.
M. Hospitalier évalue aux taux suivants lés poids relatifs des
diverses parties composant une voiture à deux voyageurs, con-
ducteur non Compris.
Accumulateurs 300 à 350 kg.
Moteurs et transmissions 120 à 150 kg ]
Coupleur, connexions, accessoires, 50 h 80 kg I
Caisse, châssis, roues, 300 à 400 kg ( b/0 a 8oU k&;
Deux voyageurs et le conducteur 210 à 220 kg. . . . , )
970 à 1 .200 kg.
Les chiffres de la seconde série sont à peu près exactement
ceux des voitures à deux places qui ont pris part au concours de
fiacres : le drojki Jeantaud et la victoria Krieger, où les poids
d'accumulateurs sont de 340 kg. pour des poids totaux respectifs
de 1.050 et 1.180 kg. Pour les voitures à 4 places, ils s'élèvent
progressivement et deviennent 450 et 1 .770 pour le fiacre à gale-
rie de M. Krieger, 450 et 1.790 pour le landauletdeM.. Jeantaud.
Le rapport de ces poids s'abaisse notablement ; il n'est plus que
de 23 °/o, au "lieu de 33 et 30 %-
L'accumobile est donc possible, et les concours de fiacres de
1898 et 1899 Font prouvé d'une façon éclatante.
Nous ne partageons donc pas les avis émis dans les récentes
séances de Y Institute of Electricàl Engineersde Londres, notam-
ment par le professeur Ayrton, qui nie pour l'instant la possibilité
d'une exploitation économique, et qui semble même étendre sa
déclaration aux tramways à accumulateurs ; et par le professeur
R. Smith, qui ne promet aux accumulateurs la consécration de
la pratique automobile que pour le jour où ils se seront allégés de
60 °/0 de leurs poids.
L'accumobile nous paraît non seulement possible, mais encore
douée de qualités spéciales fort avantageuses. C'est ce que nous
allons prouver.
234 l'automobile sur route
2* Les Moteurs.
133. — Avantages du moteur électrique au point de nie de la
traction. — Les accumulateurs envoient leur courant au moteur
électrique chargé d'actionner la voiture ; le couple moteur fourni
par celui-ci a pour expression
W=SHI,
S, étant la surface d'enroulement du moteur, constante avec lui ;
H, l'intensité du champ magnétique donné par les électros;
I, l'intensité du courant.
On peut, comme nous allons l'expliquer, faire varier H et I, et
par suite le couple moteur : effectivement celui-ci peut prendre
des valeurs jusqu'à 8 fois supérieures à sa normale, offrant ainsi
une élasticité précieuse pour les démarrages et les coups de col-
lier *.
De plus, quand la vitesse diminue, la puissance du moteur
augmente ; et inversement quand la vitesse augmente , la puis-
sance diminue ; le moteur est donc autorégulateur. Même, dans
certaines conditions, elle peut devenir nulle, puis négative ; à ce
moment, il y a récupération, le moteur faisant frein, et fonction-
nant comme dynamo, susceptible dès lors d'être, utilisé pour
recharger les accumulateurs.
C'est à l'aide du combinateur qu'on donne à H et I, aux
intensités du champ magnétique et du courant, les variations qui
se traduisent par les variations correspondantes qu'on veut obte-
nir dans le couple moteur. C'est lui aussi qui permet d'obtenir la
mise en marche, les changements de vitesse, le freinage, l'arrêt,
la marche arrière de la voiture.
Pour assurer et faire varier l'excitation du moteur, il peut
mettre en jeu divers moyens^
1. Il n'y a rien d'analogue dans le moteur à pétrole, dont le couple est
constant : le seul moyen dont on dispose pour faire varier ce dernier est de
changer la vitesse (voir § 144).
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 235
L'excitation séparée, obtenue en envoyant dans les inducteurs
le courant emprunté à quelques accumulateurs, donne un champ
magnétique constant et une vitesse qui ne dépend guère que de
la différence de potentiel fournie aux bornes du moteur. Le com-
binateur règle cette vitesse en intercalant des résistances
variables dans le circuit de l'induit, ou mieux en couplant de
façons diverses les batteries de l'accumulateur. Le champ
magnétique étant constant, dès que la vitesse angulaire du
moteur dépasse une certaine valeur, il se met à fonctionner
comme dynamo, fait l'office de frein et peut servir à la récupé-
ration d'une partie du travail produit par la marche de la voiture.
Malgré ces avantages indiscutables, l'excitation séparée est
peu employée, par suite des complications qu'occasionne pour la
recharge, l'inégalité d'épuisement des accumulateurs affectés à
l'excitation : ceux-ci, qu'ils soient spécialement réservés à ce
rôle ou qu'ils soient constitués par quelques-uns des accumula-
teurs de travail, ne sont pas déchargés comme les autres. Cette
simple difficulté de rechargement mérite d'être prise en considé-
ration, car le renouvellement de l'énergie est une des grosses
complications de l'emploi des accumulateurs.
L'excitation en série, dans laquelle les inducteurs sont traver-
sés par le même courant que les induits, est la plus simple ; elle
est souvent employée, et combinée avec le couplage varié des
batteries. Mais elle ne permet pas la récupération; et, comme
elle rend la vitesse de la voiture sensible aux variations de profil
de la route, elle lui inflige une allure peu régulière.
L'excitation Shunt, obtenue en branchant les inducteurs
sur les bornes des accumulateurs qui alimentent l'induit, exige
au démarrage un dispositif spécial pour éviter la brûlure du
moteur; elle n'admet que le couplage des accumulateurs en ten-
sion. Mais, le moteur une fois parti, ce mode offre les avantagés
de l'excitation séparée.
Parfois l'induit est à deux enroulements, que le combina teur
couple en tension pour le démarrage, en quantité pour la marche
à grande vitesse.
'236 l'automobile sur route
On peut aussi utiliser deux moteurs, actionnant chacun une
roue, et permettant la suppression du différentiel ordinairement
nécessaire pour assurer l'indépendance des roues motrices dans
les virages. « Les couplages de ces deux moteurs et de leurs
excitations en série, en tension ou en quantité, joints aux cou-
plajges des batteries, permettent, dit M. Hospitalier, un grand
nombre de combinaisons graduant la vitesse, mais elles com-
pliquent le règle-marche.* »
Fio. 143. — Moteur Patin.
Vue de face
Les combinaisons les plus délicates parmi celles que nous
venons d'indiquer, sont d'ailleurs, grâce à cet appareil, assurées
par des manœuvres d'une simplicité extrême, ne demandant de la
part du conducteur que la notion du résultat qu'il veut obtenir.
Quant à la mise en marche, au recul, h l'arrêt, le combinateur
les donne bien aisément en admettant, inversant, supprimant le
courant dans l'induit.
Tout cela explique la grande souplesse et l'extrême facilité de
conduite de l'automobile électrique.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 237.
134. — Qualités à exiger d'un moteur électrique de traction. — Le.
moteur électrique, tel qu'on le construit couramment, réalise,
fort simplement ce système rotatif, qui s'adapte si bien à la loco-
motion automobile, parce qu'il supprime les vibrations inhé-
rentes a^i système alternatif, mais qu'on n'a pas jusqu'ici réussi à
rendre pratique avec la vapeur et encore moins avec le pétrole.
Fig. 144. — Moteur Patin.
Vue de profil
Comme il n'a reçu que peu d'applications automobiles, il n'a pu
jusqu'ici être doté de toutes les modifications qui le rendront
encore plus apte qu'il ne l'est naturellement à démarrer facile-r
ment, à être. aisément manœuvrable, à fonctionner avec des cou-
rants de faible tension comme ceux des distributions ordinaires.
On s'efforcera aussi de le. rendre plus robuste, et moins lourd :
c'est ainsi que M. Patin (fig. 143 et 144) a fait en aluminium
deux flasques de son moteur appelés à ne pas travailler beaucoup.
Une autre. qualité à pxiger d'un moteur de traction, c'est qu'il
288 l'automobile sur route
tourne à faible vitesse, de façon qu'ôrt puisse éviter ou du
moins simplifier beaucoup la transmission du mouvement de
l'arbre de l'induit à l'essieu moteur. Les engrenages réducteurs
de vitesse sont bruyants et coûteux : par eux-mêmes, car le prix
en est élevé et ils s'usent fort vite (surtout quand on ne les
enferme pas dans des carters), même quand on les fait, non pas
en bois, en cuir durci ou vert, en bronza mais en acier ; et par
la consommation de force, qu'ils entraînent en pure perte.
Une faible vitesse angulaire n'est d'ailleurs pas exclusive
d'une grande vitesse tangentielle, favorable au développement
de la force électro-motrice : on donnera donc à l'induit un dia-
mètre aussi grand que le permettront la place qu'on pourra lui
offrir et le danger qu'une force centrifuge excessive ferait courir
au frettage de ses fils ; la vitesse tangentielle a pu être impuné-
ment portée à 25 mètres par seconde.
Ces deux conditions, faible poids et faible vitesse angulaire,
doivent pourtant être combinées avec cette autre que le moteur
a besoin d'une puissance suffisante. Et il devient assez difficile de
les concilier tous les trois, car le moyen le plus naturel de donner
à un moteur léger une grande puissance serait de le faire tourner
vite. Il faut d'ailleurs se rappeler qu'un moteur léger n'est pas
toujours préférable à un moteur lourd , ni un moteur lent à un
moteur rapide : il se peut, par exemple, qu'une machine pesant
quelques kilos de moins qu'une autre, mais n'ayant pas un aussi
bon rendement, exige dans le poids des accumulateurs une
majoration bien supérieure au gain réalisé par sa construction
trop légère. La considération de rendement doit au fond primer
toutes les autres, car le problème consiste à transporter une
charge donnée avec le minimum d'énergie dépensée.
135. — Construction d'un moteur d'automobile. — Dans la construc-
tion des moteurs automobiles, il faut se servir de matériaux de
tout premier choix, pour les inducteurs d'acier doux, qu'on sature
à pleine charge, afin de bien utiliser le métal. Pour la même rai-
son, souvent on les fait k plusieurs pôles, alors quatre, attendu
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 239
qu'il serait difficile d'en loger davantage avec les bobines d'induc-
tion qu'ils nécessiteraient.
On ménage à l'entrefer une valeur aussi minime que possible,
sans descendre pourtant au-dessous des 3 mm., qui semblent
indispensables au jeu de l'induit.
A celui-ci on donne une section telle que la densité du courant
y soit de 5 ou 6 ampères par mm2 : dans ces conditions, la tem-
pérature des bobines ne dépasse pas 50°, Il faut pourtant prévoir
une majoration d'intensité de 50 °/0 pendant une heure (sans parler
des 10 ou 12 A qu'elle atteint au démarrage) ; la température
des enroulements s'élève alors à 90°.
De là résultent , et la nécessité d'employer des isolants très
efficaces, et la préférence donnée à l'excitation en série, avec
laquelle il n'existe qu'une différence de potentiel très faible
(10 volts au plus) entre deux points quelconques de l'enroulement
inducteur, et la défaveur qui pèse sur l'excitation en dérivation,
avec laquelle la différence de potentiel peut devenir presqu'aussi
forte qu'entre les deux bornes de la batterie, et occasionner des
étincelles.
Pour éviter celles-ci aux balais du collecteur, sans avoir
recours au décalage de ces derniers, impossible avec un moteur
qui doit tourner dans les deux sens , on fait les balais en char-
bon (d'environ 15 mm.2 de section par ampère). On s'efforce
aussi de réduire la réaction d'induit, qui, on le sait, fait varier
la position de la ligne neutre. On diminue cette réaction en don-
nant à l'inducteur un grand nombre d'ampères-tour, ce qui
revient à saturer ce dernier, comme nous avons déjà dit qu'on
devait le faire pour bien utiliser le métal. On est encore conduit
par là à augmenter le nombre des pôles de l'inducteur, car on
sait que la réaction d'induit diminue à mesure qu'augmente ce
nombre.
Le moteur tétrapolaire a, en outre, l'avantage d'avoir une
forme très ramassée, permettant pour l'induit un grand diamètre,
et se prêtant fort bien au cuirassement. Quand l'enveloppe reste
240 , L AUTOMOBILE SUR. ROUTE
ouverte aux deux bouts, elle ne fait que protéger les bobines
contre les chocs, ce qui est déjà quelque chose; quand on la
ferme, elle les protège en outre contre l'humidité, les poussières
et les petites masses métalliques qui, attirées par les électro-
aimants, pourraient venir se. loger entre eux et l'armature.
L'étanchéité de la cuirasse n'a qu'un défaut, soustraire les
bobines à tout courant d'air et les soumettre, dès lors, à un
échauffement considérable; parfois, pour le combattre, on pra-
tique à l'enveloppe quelques ouvertures aux points par lesquels
l'entrée des poussières et des masses métalliques est la plus dif-
ficile.
Tous ces avantages font que le moteur tétrapolaire est presque
exclusivement utilisé pour les tramways, et souvent aussi dans
les automobiles.
En général, on ne conserve pas les quatre balais qui corres-
pondent aux quatre pôles ; on en supprime deux, en faisant les
couplages à l'intérieur même de l'induit, par un ensemble de fils
qu'on nomme connecteur. Par ce dispositif, en même temps
qu'on simplifie le moteur, on diminue les chances de mauvais
contact, et on rend sa surveillance plus facile.
Quelquefois cependant il a bien quatre balais, mais parce que
l'armature de l'induit comprend deux bobinages, aboutissant cha-
cun à un collecteur, et constituant les deux circuits indépendants
■dont nous avons déjà parlé, pouvant être couplés en série ou en
parallèle.
136. — Moyens employés pour faire varier la vitesse du moteur et de la
voiture. — Le moyen presque exclusivement employé pour chan-
ger la vitesse de la voiture consiste à modifier celle du moteur.
On peut le faire de trois manières : en agissant sur le voltage aux
bornes du moteur; en modifiant le flux inducteur; en couplant
diversement les enroulements de l'induit. Et ces trois manières
peuvent même recevoir plusieurs variantes.
La première est commode à réaliser par lintercalatiop dans le
circuit de l'induit d'un . rhéostat, dont on peut faire varier la
résistance.
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 241
Mais ce procédé a l'inconvénient d'entraîner la perte de l'éner-
.gie ainsi employée à échauffer le rhéostat et de porter celui-ci à
une température élevée •; pour ces deux raisons, il faut, si on
l'emploie, borner son intervention au démarrage et à quelques
autres cas ne la nécessitant que pendant peu de temps.
Un meilleur moyen consiste à coupler, comme nous l'avons
-déjà dit, de façons diverses, les batteries de l'accumulateur. Si,
par exemple, celui-ci est composé de 40 éléments, ayant chacun
-une force électro-motrice de 20 volts, et répartis en 4 batteries, le
couplage des 4 en dérivation, donne une force électro-motrice de
20 volts, suffisante pour la petite vitesse; le couplage en quan-
tité de 2 paires de batteries disposées en tension, donne 40 volts
pour la vitesse moyenne ; le couplage en tension des 4 batteries
donne 80 volts pour la grande vitesse. Si Ton veut obtenir des
•vitesses intermédiaires, il n'y a qu'à faire varier le nombre des
■ accumulateurs produisant l'excitation, bu introduire une résis-
tance variable dans le circuit d'excitation.
On peut modifier le flux inducteur de deux façons :
1° En intercalant entre les bornes des inducteurs une dériva-
tion de résistance variable : plus cette résistance sera faible, plus
notable sera la portion du courant qui y passera,. et plus faible
celle qui passera dans les inducteurs, plus faible dès lors la
vitesse de la voiture. La plus grande valeur de cette dernière
• correspondra dès lors au cas où aucune partie du courant ne sera
dérivée. C'est le procédé par shuntage.
2° En faisant varier le nombre d'ampères-tour de l'excitation.
- Et cette variation peut s'obtenir en agissant sur le nombre d'am-
pères (intensité du courant) ou sur le nombre de tours (longueur
• de l'enroulement) : dans le premier cas, on relie en série ou en
quantité les diverses sections de l'inducteur; dans le second, on
fait varier le nombre des sections d'enroulement intercalées dans
le circuit, mais on s'abstient de le faire, parce que de la sorte
l'enroulement inducteur est mal utilisé aux forts régimes.
Enfin le couplage des enroulements de l'induit se pratique
G. Layuukib. — V Automobile ntr route. 16
242 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
avec les moteurs tétrapolaires à deux collecteurs : on couple en
tension pour le démarrage, en quantité pour la grande vitesse.
Lorsque la voiture est actionnée par 2 moteurs, on peut, en les
couplant en série ou en quantité, « faire varier du simple au
double, à vitesse égale, la force contre-électromotrice opposée ; à
couple égal, la vitesse obtenue dans le premier cas sera donc
sensiblement double de celle obtenue dans le second. Au démar-
rage, les deux moteurs étant en série, produisent le même couple
total avec un courant moitié moindre que celui qu'ils absor-
beraient s'ils étaient en parallèle '. »
On voit combien les procédés employés pour faire varier la
vitesse d'une accumobile différent de ceux en usage avec une
automobile à pétrole, et quelle simplification en résulte pour la
transmission du mouvement. Disons cependant que quelques
constructeurs ont recours à un jeu d'engrenages pouvant donner
mécaniquement deux vitesses, jamais davantage : ce dispositif,
en doublant le nombre des vitesses obtenues électriquement,
donne une gamme des plus étendues, mais qui n'est pas, à notre
avis, nécessaire pour avoir une voiture très souple.
Naturellement les procédés que nous venons de décrire sont
très souvent combinés dans une même voiture, au gré du
constructeur. Quels sont les meilleurs? La réponse est fort diffi-
cile. M. D. Dujon * proscrit le couplage des batteries et des
induits, et veut seulement agir sur les inducteurs, non par sec-
tionnement, mais par shuntage. Comme il le reconnaît d'ailleurs
lui-même, la solution est certainement beaucoup moins simple et
doit varier avec les circonstances. En tout cas , nous ne parta-
geons pas son avis sur celle qu'il regarde comme devant être la
meilleure : un moteur tournant à une vitesse uniforme avec une
transmission à rapports de vitesses variables ; ce serait tirer un
bien mauvais parti de la souplesse du moteur électrique que de
1. Petites Annales du cycle et de f automobile, 21 janvier 1899, p. 21.
2. France automobile, 26 mars 1899, p. 149.
ACCUMULATEURS FT MOTEURS ÉLECTRIQUES 243
revenir aux systèmes mécaniques qu'on trouve si peu satisfai-
sants pour le pétrole.
137. — Récupération du courant. — Ce moteur, avons-nous dit
dans l'exposé général que nous avons fait de ses avantages, peut
récupérer une partie du travail produit par la marche de la voi-
ture. Il y a récupération lorsque, dans une descente, le moteur ne
recevant plus le courant de la batterie, est actionné comme une
dynamo et fournit un courant qui est envoyé aux accumulateurs.
La récupération est logique : elle n'est malheureusement pos-
sible qu'avec les machines tournant toujours dans le même sens,
qu'elles fonctionnent comme moteurs ou comme dynamos, c'est-
à-dire quand, la machine passant d'un rôle à l'autre, le courant
n'y change de sens que dans l'un des organes, inducteur ou
induit. Il n'en est ainsi qu'avec les moteurs à excitation par déri-
vation, dans lesquels la dérivation est faite entre les pôles. Or,
nous savons que beaucoup de moteurs de traction sont à excitation
par série *.
Tous les accumulateurs ne se prêtent pas non plus à la récupé-
ration, notamment ceux avec lesquels l'intensité de charge ne
doit pas dépasser une certaine limite assez basse.
138. — Freinage électrique. — Si , au lieu d'utiliser la force vive
de la voiture, pour faire tourner le moteur comme dynamo char-
geant les accumulateurs, on l'emploie seulement à créer un cou-
rant que l'on transforme en chaleur par son passage dans une
résistance appropriée, le moteur fait l'office d'un frein, dont la
puissance varie en raison inverse de la résistance interposée.
Lorsque celle-ci devient minime, qu'on met presque le moteur en
•court-circuit , on obtient un arrêt quasiment instantané ; mais on
ne doit faire cela, quand la voiture va à grande vitesse, qu'en
cas de danger imminent, parce qu'on s'expose à griller l'induit.
Le freinage électrique convient très bien au moteur série ; il
faut seulement prendre avec lui la précaution de changer, au
i. Si on veut les employer à la récupération, il faut prendre la précau-
tion stipulée pour le freinage (§ 138), qui complique leur construction.
244
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
-moment'du freinage, le sens de l'enroulement de l'inducteur ou
de l'induit, pour qu'il puisse devenir générateur, tout en tournant
dans le même sens que quand il était ïrioteur. Il convient^moins
au moteur en dérivation, à cause de la difficulté de l'amorçage.
KK H[ auii
Fig/145. — Coupe d'un combinateur à l'endroit d*un balai.
139. -l— Combinateur. — L'appareil, qui commande les nom-
breuses manœuvres que nous venons d'énumérer, est le combina-
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-Fio. 145 bis. — Plots de contact sur la surface développée d'un cylindre.
teur, appelé aussi coupleur, contrôleur ou règle-marche. Il le fait
en établissant des couplages variés entre les divers organes du
mécanisme électrique : bornes de l'accumulateur, balais du moteur,
bobines de l'inducteur, de l'induit, rhéostats... A cet effet, les
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES 245.
organes sont reliés par des conducteurs, chacun à une borne du
commutateur, et les bornes communiquent elles-mêmes avec des
balais,, frottant sur des touches, qui forment les jeux, nécessaires
pour assurer les couplages voulus..
Les 6g. 145, 146 l représentent schématiquement un moyen
commode de réaliser cet appareil : les bornes du commutateur sont,
disposées suivant une ligne parallèle à un cylindre, sur lequel
sont placés les jeux de touches; les balais, fixés aux extrémités
de ressorts métalliques, communiquant avec les bornes,
affleurent le cylindre, suivant une de ses génératrices. Chaque
jeu de, touches est aussi disposé suivant une génératrice, leurs»
touches étant reliées d'une façon convenable par des conducteurs»
métalliques, incrustés comme elles dans le cylindre isolant. Une.
manette permet de faire tourner le cylindre autour de son axe,
de manière à amener sous les balais le jeu de touches correspon-
dant à la manœuvre qu'on veut effectuer*
140. — Rechargement des accumulateurs. — C'est une très grosse
question, dont la solution doit, à notre avis, dépendre du rôle
joué par la voiture.
Si elle appartient à une. compagnie de fiacres, le remplacement
des batteries épuisées par des batteries similaires chargées, tel
qu'il a été adopté notamment par la Compagnie Française des
Voitures électro-mobiles, nous paraît être la meilleure solution.
Il est concentré dans une ou plusieurs usines appartenant à la
Société, qui, nous n'avons pas besoin de le dire, a tout intérêt,
si les fournisseurs ordinaires de la localité ne lui consentent pas
des prix biens inférieurs à ceux qu'ils appliquent couramment, à
fabriquer elle-même son électricité ; et il a le grand avantage de
ne pas immobiliser les voitures pendant le chargement toujours
long des batteries.
La charge rapide aux points terminus, admise pour certains
tramways à air comprimé, à eau chaude ou même à accumula-
1. Ces figures sont empruntées aux Petites Annales du cycle et de l'auto-
mobile, 14 janvier 1899, p. 13.
246 l'automobile sur route
teurs ne saurait être de mise pour une voiture à parcours libre ;
d'autre part, on aurait beau multiplier à grands frais, en ville,,
les stations de chargement, que cette solution ne serait pas pra-
tique, car les accumulateurs à charge rapide comme ceux du sys-
tème Tudor, dont l'emploi serait indispensable pour ramener
dans des limites acceptables la durée du chargement, n'ont ici
qu'une très faible capacité spécifique (2 à 3 ampères-heure par kg.),
inadmissible avec des accumobiles devant faire un assez long
parcours sans se ravitailler.
A la rigueur on pourrait appliquer aux fiacres la charge au
dépôt des accumulateurs fixés à demeure sur le véhicule, mais
cela les immobiliserait longtemps et demanderait l'installation de
dépôts de chargement très considérables.
En revanche, cette solution est indiquée pour la voiture de
maître, surtout quand ce dernier a sa maison déjà reliée pour
l'éclairage à un réseau urbain : le rechargement pourra se faire,
principalement pendant la nuit, sans devenir une gêne pour per-
sonne.
Dans tous les cas, les accumulateurs seront, pour la recharge y
groupés en série. Si le courant qui les alimente est alternatif, la
transformation en courant continu s'imposera et deviendra une
complication réelle.
CHAPITRE IV
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ
Maintenant que nous savons de quelles manières sont
appliqués à la locomotion automobile les trois agents, auxquels
elle demande l'énergie qui lui est nécessaire, la vapeur, le
pétrole et l'électricité, il va nous être facile de mettre en relief
leurs caractères spéciaux et par suite leurs avantages relatifs : du
même coup, nous déterminerons le rôle auquel chacun d'eux est
appelé dans l'œuvre commune.
141. — Avantages de la vapeur. — C'est le moteur alternatif,
qui est le seul employé jusqu'ici. Bien qu'avec lui la vapeur n'ait
pas cette continuité d'action qui caractérise le moteur rotatif et
ferait de 'ce dernier le moteur type pour la propulsion d'une
voiture, il n'en est pas moins un engin très approprié à cet
usage : nous n'en voulons d'autre preuve que son bon fonction-
nement dans la locomotive. C'est que, tout rectiligne et alterna-
tif qu'il est, son mouvement se transforme très simplement, à
l'aide d'une bielle et d'une manivelle, en mouvement circulaire
et continu, comme aussi, la vapeur n'exerce sa pression sur le
piston que de façon fort douce, exempte de toute secousse.
Nous savons qu'il en est tout autrement avec le moteur à
pétrole.
Le moteur à vapeur, tel qu'il est et qu'il doit rester, dans ses
applications automobiles, est dune très grande simplicité,
composé d'organes robustes. Aussi est-il d'un fonctionnement
très sûr, et, s'il se dérange, il ne donne guère lieu qu'à des
réparations faciles.
Abstraction faite de sa chaudière, il est à égalité de vitesse et
248 l'automobile sur route
de puissance, plus léger que le moteur à pétrole. Il y a à cela
deux raisons : tandis que dans le moteur à gazoline à quatre
temps, il n'y a qu'une course motrice sur quatre, dans le moteur
à vapeur à double effet, chaque course est motrice, de sorte que
le mécanisme est utilisé de façon plus intense; en outre, le
volume d'air nécessaire pour brûler complètement le mélange
carburé est, à cause de la présence dans le cylindre de gaz déjà
brûlés par l'explosion précédente, beaucoup plus grand que ne
l'indique la théorie, de sorte qu'il faut, pour mettre en œuvre ce
mélange dilué, lui offrir un espace supérieur à celui que néces-
siterait la stricte élaboration du mélange théorique.
Même cette légèreté relative s'accentue à mesure que s'ac-
croît la puissance du moteur. Comme d'ailleurs rien ne s'oppose
à ce qu'on amène à un taux fort élevé cette puissance, on
peut faire des automobiles à vapeur aussi fortes qu'on le désirey
et nous entrevoyons déjà que leur emploi conviendra essentielle-
ment aux poids lourds.
Mais l'avantage principal du moteur à vapeur est son élasti-
cité. Sa chaudière peut, à un moment donné, augmenter beau-
coup sa production ; si elle est tubûlaire, grâce au volant de
chaleur constituée par sa masse d'eau chaude soùs pression ; si
elle est à vaporisation instantanée, . genre Serpollet à tubes
épais, grâce au volant de chaleur constitué par la masse métal-
lique; et si elle est du genre Serpollet à alimentation concomi-
tante d'eau et de pétrole, grâce à sa très grande rapidité de
vaporisation. Dans tous les cas, les coups de colliers que la
chaudière permet facilitent singulièrement le parcours des profils
accidentés. Le fonctionnement du moteur est lui-même fort
élastique, par suite de la facilité avec laquelle on fait varier
l'admission.
Pour les démarrages, on peut, dès les premières courses du
piston, obtenir la puissance maximum, en se mettant au cran
de la plus faible détente, et, si le moteur est compound, et muni
d une valve qui permette la communication directe entre le gêné-
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 249
rateur et le grand cylindre, en faisant travailler ce dernier à
pleine pression.
Quand, en cours de route, on veut faire varier la vitesse ou
la puissance, il suffit de modifier la détente. Et cela permet de
simplifier beaucoup le mécanisme chargé de transmettre, dans
des conditions variées, le mouvement du moteur aux roues de la
voiture. On se contente ordinairement de deux changements
mécaniques de vitesse, alors qu'avec les moteurs à pétrole, on
en met couramment trois et quatre.
La marche arrière s'obtient par le simple changement du sens,
dans lequel on fait agir la vapeur ; l'arrêt de la voiture, en fer-
mant le régulateur, et dès lors en arrêtant le moteur, de sorte
que pendant les stationnements, il n'y a pas d'inutile consomma-
tion d'énergie.
Et toutes ces manœuvres, si bien appropriées à la bonne marche
de la voiture, s'obtiennent le plus aisément du monde, à l'aide
d'une valve et d'un levier de changement de marche.
En outre, comme la dépense de vapeur, et dès lors de com-
bustible, se règle à chaque instant sur la puissance exigée par
la propulsion du véhicule, l'utilisation économique du travail
fourni par le moteur est par là assurée.
Effectivement, la vapeur effectue la traction dans des condi-
tions très avantageuses. Il suffit, pour s'en rendre compte, de
rappeler les judicieuses considérations qu'a exposées M. Marcel
Deprez.
L'expérience de tous les jours montre qu'une chaudière de
tocomotive consomme 1 kg. de charbon pour fournir 8 kg. de
vapeur. D'autre part, les essais de la Çic de l'Est/ ont montré que
le cheval-heure peut être obtenu à la jante des roues motrices,
c'est-à-dire avec la déperdition de force qu'occasionnent les
frottements du mécanisme, moyennant une consommation de
H kg. de vapeur. Cela équivaut, puisque le cheval-heure
représente 270.000 kilogrammètres, à une production d'environ
25.000 kgm par kg. de vapeur.
250 l'automobile sur route
Admettons avec M. Deprez que la chaudière de l'automobile
donne 7 kg. de vapeur par kg. de charbon, et que le rendement
de son moteur soit d'un tiers inférieur à celui de la locomotive :
le kilogramme de vapeur ne produirait alors que 16.500 kgm;
M. Deprez estime, fort justement, croyons-nous, qu'en surchauf-
fant convenablement la vapeur, on pourrait certainement
dépasser ce chiffre.
Calculons, en partant de ces données et en comptant sur
un coefficient de traction de 0,03 en palier, ce qu'il faudrait de
charbon pour faire parcourir à une automobile pesant une
tonne un trajet de 100 km. avec différence d'altitude de 500 m.
entre les points d'arrivée et de départ. Le travail à développer
serait de 0.03 X 1.000 X 100.000 = 3.000.000 kgm., pour le
parcours horizontal, et de 500 X 1.000 =500.000 kgm. pour
l'élévation verticale, de 3.500.000 kgm. au total. La quantité de
vapeur nécessaire pour fournir ce travail serait de ' „' » =
212 kg. et la quantité de charbon pour produire cette vapeur
212
-— = 30 kg. soit 300 gr. de charbon par tonne-kilomètre. Avec
du coke acheté au détail à Paris, à raison de 40 fr. la tonne, cela
équivaudrait à une dépense kilométrique de 0,0120 fr.
Si on admet, ce qui n'a rien d'irréalisable, que l'automobile
donne les mêmes résultats économiques que la locomotive, soit
8 kg. d'eau vaporisée par kilogramme de combustible, et
25.000 kgm. disponibles aux jantes des roues par kilogramme de
vapeur, la consommation se réduit à 175 gr. de coke par tonne-
kilomètre ; si on le compte au prix du gros, à Paris (25 fr. la
tonne), la dépense s'abaisse à 0,0041 fr. par tonne-kilomètre,
ce qui est assurément minime.
142. — Inconvénients de la vapeur. — Le plus gros est d'exiger
l'emploi d'un générateur, dont le premier défaut est d'occa-
sionner le transport d'un poids considérable, constitué par la
chaudière elle-même et par ses approvisionnements en eau et
combustible.
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 251
Pour nous en faire une idée, reprenons avec M. Deprez les
hypothèses ci-dessus, en les complétant par ces autres, que la
chaudière, comme celle d'une locomotive, peut produire 90 kg.
de vapeur et pèse 120 kg., par mètre carré de surface de chauffe;
qu'enfin l'automobile doit marcher à 30 km. par heure, quand
les pentes n'excèdent pas 0,030 m. par mètre.
Pour soutenir cette vitesse avec cette déclivité maximum, le
moteur doit fournir par seconde un travail égal (0.030 -}■-
0.030) 1.000 x o^a = 300 kgm: il consommera par heure
500 x 3.600
16500
= environ 110 kg. de vapeur. La chaudière devra,
pour cela, avoir une surface de chauffe de 1 , 25 m*, et pèsera
1,25X120 = 158 kg.
Pour ce qui est des approvisionnements, si Ton veut que
l'automobile parcoure 100 km. sans se ravitailler, elle devra
emporter, pour fournir les 3.500.000 kgm., que nous avons
trouvés nécessaires :
3.500.000 _ , „ . 212
16.500 =212 k*' ^ et — =
30 kg. de coke, c'est-à-dire un poids de 242 kg. Chaudière et
approvisionnements représentent donc un poids d'environ
400 kg., soit 40 °/0 de celui de l'automobile. La proportion est
évidemment énorme.
Elle n'est cependant pas de nature à rendre impossible la
construction de la voiture. En évaluant à 50 kg. le poids du
moteur à deux cylindres avec son mécanisme de distribution, et
à 200 kg. le poids des deux voyageurs avec leurs menus
lyigages, il reste un peu plus de 350 kg. pour le poids du véhi-
cule seul. Avec les hypothèses plus favorables que nous avons
admises en second lieu, le poids des approvisionnements se
réduirait à 140-j- 17,5 = environ 160 kg. Si on réalise pour
l'automobile un générateur donnant un rendement analogue à
celui des chaudières de torpilleur, qui, à surface de chauffe
égale, ne pèsent plus que les 0,60 du poids des chaudières de
252 l'automobile sur route
locomotives, Je générateur ne pèsera plus que 0,6 X 150 =
90 kg. Chaudière et approvisionnements ne représenteront
guère que 250 kg. soit le quart du poids de l'automobile.
Enfin, il ne faut pas oublier que nous avons implicitement
supposé, dans le calcul de l'eau à prendre, que le moteur n'était
pas à condensation. Si on trouve le moyen de le doter, par des
moyens assez simples, de ce perfectionnement, la provision de
liquide s'en trouvera fort diminuée ; c'est ce qui existe déjà dans
plusieurs voitures, notamment dans les voitures Serpollet.
On peut d'ailleurs admettre des ravitaillements moins espacés
que ceux que nous ayons supposés, et qu'on fera de l'eau tous
les 50 km. par exemple, et non pas tous les 1 00.
A côté de cette augmentation du poids mort transporté, la
chaudière présente d'autres inconvénients, qui ne sont pas négli-
geables :
1 ° Il est difficile de lui trouver sur le véhicule une place où
elle soit facile à servir et où elle n'incommode pas les voyageurs;
2° Elle nécessite le service d'un chauffeur compétent, qui la
conduise de manière à éviter l'explosion si elle n'est pas impos-
sible, qui affranchisse le conducteur de toute préoccupation
relative à son alimentation et du maniement du coke toujours
malpropre (sans le mettre d'ailleurs à l'abri de la poussière
inhérente à l'emploi de ce combustible) ;
3° Elle donne lieu à des projections d'escarbilles, et à un
dégagement de fumée et de vapeur, qui peuvent devenir un
sujet d'effroi pour les chevaux et de gêne pour les piétons. A
vrai dire, le concours des poids lourds de 1897 a prouvé qu'on
pouvait supprimer à peu près ces inconvénients, en munissant
la cheminée d'une grille destinée à arrêter les projections
sérieuses, et en surchauffant la vapeur d'échappement et la
mélangeant aux gaz chauds de la combustion, qui la rendent
invisible ;
4° La mise en pression exige un certain laps de temps, qu'il
n'est pas exagéré d'évaluer à une demi-heure.
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 253
Il faut remarquer que tous ces inconvénients s'atténuent
beaucoup, dès qu'il s agit des automobiles de grosses dimensions
(parfois remorqueuses), comme celles qui sont destinées aux
transports en commun des voyageurs ou des marchandises : le
logement et le transport de la chaudière et de ses approvisionne-
ments, la présence du chauffeur, la longueur de la mise en
train ne constituent plus une gêne. D'un autre côté, la puis-
sance et l'élasticité du moteur à vapeur restent avec tous leurs
avantages, et rendent son emploi parfaitement approprié à cet
usage.
Pour les automobiles légères, destinées au tourisme, le chan-
gement de combustible s'impose. C'est ce qu'a parfaitement
compris M. Serpollet, et, avec le pétrole lampant qu'il emploie,
la situation change : l'emmagasinement d'une énergie consi-
dérable devient plus facile (le pétrole lampant donnant plus
de 10.000 calories par kilogramme, au lieu de 8.000 comme le
coke, et un liquide se logeant très commodément dans des
récipients de forme quelconque, qui permettent d'utiliser les
moindres recoins) ; la nécessité du chauffeur disparaît : la con-
duite du feu se réduit à la manœuvre d'un robinet; l'allumage
est instantané, la mise en pression rapide. Le jour où l'on
utilisera couramment les huiles lourdes, d'un prix plus bas que
le pétrole lampant, ce mode de chauffage deviendra par surcroît
presque économique. Comme avec lui les avantages ordinaires
de la vapeur subsistent, c'est à se demander vraiment si, dans
ce domaine du grand tourisme qui semble jusqu'ici réservé à
l'essence de pétrole, elle ne deviendra pas pour cette dernière un
concurrent sérieux.
143. — Avantages du pétrole. — Le moteur à pétrole a sur le
moteur à vapeur la supériorité de donner un plus gros rendement.
Nous le verrons plus tard (§ 335).
Mais le plus sérieux avantage du pétrole est d'emmagasiner,
sous un faible poids et un petit volume, une grande quantité
d'énergie. En reprenant les hypothèses précédentes, calculons ce
254 l'automobile sur route
qu'il faut en emporter pour faire effectuer à l'automobile d'une
tonne le même parcours de 100 km: le kilogramme d'essence
correspond au moins à 10.000 calories ou 4.250.000 kilogram-
mètres qui équivalent, d'après M. Deprez (§ 16) à environ
750.000 kgm. disponibles à la jante des roues. Les 3.500.000
kgm. nécessaires pour faire parcourir 100 km. à la voiture,
exigeront dès lors un poids de ' * n =4,66 kg. d'essence.
Avec le nombre de 250.000 kgm. que nous avons admis, comme
représentant actuellement le travail recueilli aux jantes par kilo-
gramme d'essence consommé dans le moteur, . on arrive à un
poids de 13,98 kg. d'essence. Même en tenant compte du poids
du réservoir contenant cette esssence et du carburateur qui la
transforme en mélange gazeux, explosible, ces poids sont minimes,
en comparaison des 400 kg., nécessités parla vapeur pour les
poids de la chaudière et de ses approvisionnements.
Le moteur lui-même a beau, pour les raisons que nous avons
données, être plus lourd (celui de 500 kgm., un peu plus de
6 chxl/2, est évalué par M. Deprez à 150 kg., au lieu des
50 kg. qu'il avait admis pour le moteur à vapeur de la même
force); les transmissions ont beau, comme nous allons le voir,
être plus compliquées, l'ensemble du moteur et de ses appro-
visionnements ne dépasse pas 200 kg., alors qu'avec la vapeur
il atteignait 450. La différence est énorme; bien qu'il faille la
réduire un peu pour tenir compte du poids de l'eau de réfrigé-
ration du moteur, elle reste très considérable, et le poids est
augmenté d'autant qui reste libre pour la carrosserie : on a
toutes facilités de la faire solide (ce qui est essentiel avec les
vitesses que la voiture peut atteindre et les efforts qu'elle peut
être amenée à supporter) et confortable.
Un autre avantage des voitures à pétrole est la presque instan-
tanéité de leur mise en marche : tourner le commutateur de
l'allumage électrique ou allumer les brûleurs, si l'inflammation
se fait par tubes, c'est tout ce qu'il y a à faire pour l'assurer.
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 255
144. — Inconvénients du moteur à pétrole. — A côté de ces avan-
tages précieux, il faut mentionner des inconvénients multiples.
Le principal réside dans le manque absolu d'élasticité du
moteur. Comme le dit M. Soreau {Mémoire de la Société des
Ingénieurs Civils, juin 1898, p. 1017): « La quantité d'air car-
buré est réglée par le volume du cylindre; d'autre part, la
richesse de ce mélange ne peut notablement varier, puisque
l'explosion ne se produit plus, dès qu'on s'éloigne un peu, en
plus ou en moins, des proportions qui correspondent à la com-
bustion complète. La quantité et la richesse . du mélange
explosif étant à peu près invariable, il en résulte qu'on ne peut
augmenter sensiblement la puissance. » Le moteur ne donne
(Tailleurs la puissance pour laquelle il a été construit et un
rendement avantageux que s'il tourne à sa vitesse normale de
régime. Pour peu qu'il s'en écarte, l'utilisation du combustible
se fait moins bien et l'effort moteur est réduit. Comme il faut
cependant faire varier la vitesse et le travail de la voiture, il
devient nécessaire d'interposer entre l'arbre du moteur et les
roues motrices, des engrenages, des poulies différentielles avec
courroies,... qui absorbent une partie de la force utile et com-
pliquent beaucoup le mécanisme. Il arrive même souvent, dans
la pratique, que les dimensions de ces organes sont mal cal-
culées ; quand, par exemple, la voiture a une rampe à gravir,
elle doit le faire à sa petite vitesse ; comme elle a alors besoin
de développer son effort maximum, le moteur ne devrait pas
cesser de tourner à sa vitesse de régime, qui, nous le savons
est celle à laquelle il donne sa plus grande puissance ; or, bien
souvent, les transmissions sont ainsi établies qu'avec elles le
moteur ne peut pas conserver cette vitesse de régime. C'est un
pur défaut de construction, mais avec lequel il faut trop souvent
compter.
Le moteur à pétrole se refusant à tout coup de collier, on est
obligé de lui donner une puissance qui lui permette d'assurer le
démarrage du véhicule et sa propulsion sur les côtes les plus
256 l'automobile sur route
raides qu'il ait à gravir. Si oh là calcule largement, on augmente
les frais de premier établissement, on impose au véhicule une
surcharge permanente, et une marche peu économique, parce que
presque tout le temps on n'utilise qu'une partie de la puissance
de son moteur. Si on : la calcule un peu juste, on restreint
beaucoup l'échelle dès rampes accessibles à la voiture.
La force motrice, étant due à l'explosion du mélange carburé,
n'a rien de la douceur qui caractérise la pression de la vapeur :
elle se produit par secousses, destructives du matériel et peu
favorables'à, l'uniformité du mouvements De plus, avec le cycle
à quatre temps, qui est presque universellement employé, le
moteur ne fournissant qu'une course motrice pour deux tours de
l'arbre, il faut, pour régulariser le mouvement, avoir recours à
un volant. Celui-ci doit être assez lourd pour emmagasiner la
force explosive qui jaillit pendant la course utile et la restituer
pendant les trois autres. Trop de constructeurs ont tendance à
alléger cet organe, qui, incapable de recueillir toute là force, la
laisse se perdre en effets destructeurs, et le moteur est mis par
ce fait ' dans l'impossibilité de donner le travail pour lequel il a
- été calculé.
Ajoutons cependant que. les énormes • vitesses auxquelles
• marchent couramment les moteurs tendent à atténuer beaucoup
ces variations de Teffort moteur. • i
Effectivement, quand la voiture va vite, elle . se sert à elle-
même de volant -et les trépidations en sont bien diminuées. Mais,
aux faibles vitesses et plus encore pendant les stationnements
de la voiture, ces trépidations constituent une gène réelle pour
les passagers.
Or, les arrêts de la voiture, pendant lesquels on laisse marcher
le moteur, sont assez fréquents : il faut, en effet, pour le démar-
rage, l'effort maximum, qui ne peut être développé que par le
moteur .marchant à sa vitesse de régime, et celle-ci ne serait
atteinte qu'au bout d'un certain temps si le moteur partait du repos.
Il faudrait, en outre, pour remettre celui-ci .en marche, donner à
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 257
l'arbre quelques tours de manivelle, ce qui, dans presque toutes
les voitures, exigerait que le chauffeur descendît de son siège.
La marche du moteur, pendant les arrêts de la voiture, entraîne
en pure perte une consommation de gazoline qui peut devenir
assez onéreuse.
Un gros inconvénient du moteur à pétrole est d'exiger le
refroidissement des cylindres. Dès qu'il devient impossible de
l'assurer par des ailettes, c'est-à-dire quand la force du moteur
dépasse 2 ou 3 chx (quelques rares constructeurs croient la chose
encore pçssible au-delà), il faut avoir recours à un courant d'eau.
Pour que cette eau ne s'échauffe pas trop (elle ne devrait pas
dépasser 70° C), même quand on la fait circuler dans des tubes
refroidisseurs, il faut en prendre une assez grande quantité et la
renouveler de temps à autre. La précaution est d'autant plus
nécessaire qu'il y a plus de côtes ; si on la néglige, le rendement
du moteur diminue rapidement.
Le moteur à pétrole a encore le défaut, tomme l'effort moteur
se produit toujours du même côté du piston, de ne pas se prêter
à un changement de marche; aussi faut-il pour assurer la
marche arrière* de la voiture avoir recours à un dispositif sup-
plémentaire (engrenages ou poulies à courroie dont lés brins
sont croisés) qui manque à quelques véhicules, mais que le
Règlement du 10 mars 1899 sur la circulation des automobiles
en France impose à tous ceux dont le poids à vide excède
250 kilogrammes.
La carburation, assez capricieuse par elle-même, variable
notamment avec le degré d'humidité de l'air, la température
extérieure..., est souvent une source d'ennuis, surtout pour le
chauffeur inexpérimenté.
Les gaz de l'échappement exhalent une odeur dont ne souffrent
pas les personnes occupant l'automobile, mais fort incommo-
dante pour celles qui se trouvent dans son sillage.
L'essence très inflammahle est d'un maniement dangereux,
surtout la nuit; pour certaines réparations, exigeant Tinterven-
G. Lumen. — L'Automobile sur route. 17
258 l'automobile sur route
tion d'une flamme, il devient nécessaire de vider les réservoirs
et les carburateurs. En fait, les incendies d'automobiles à
pétrole ne sont pas rares.
Le prix de revient de la traction est plus élevé qu'avec le
coke. L'essence est vendue environ 0,45 fr. le litre de 700 gr.,
soit 0,64 fr. le kilog. Les 4,66 kg. nécessaires, dans l'hypothèse
de M. Deprez [ou les 13,98 kg. nécessaires dans la nôtre (§ 143)1
pour un trajet de 100 km. coûteraient donc 3 fr. (ou 9 fr.), ce
qui ferait ressortir les frais de combustible pour la tonne kilo-
métrique à 0,03 fr. (ou 0,09 fr.) au lieu de 0,0120 fr, ou même
de 0,0044 fr. avec le coke.
Afin de ne pas exagérer la plupart des inconvénients que nous
venons d'énoncer, notamment pour ne pas multiplier les carbu-
rateurs, les cylindres, les quantités d'eau à emporter, les
organes de refroidissement de cette eau, les difficultés de la mise
en marche, (on n'ignore pas qu'avec les moteurs fixes, dès
que leur force atteint 25 ou 30 chevaux, cette mise en marche exige
l'intervention d'un servo-moteur, c'est-à-dire d'un moteur à
pétrole plus petit) on ne peut pas, si l'on veut que son emploi
reste commode, augmenter indéfiniment la puissance du moteur
à pétrole.
Cela semble devoir réduire le champ d'action de ce moteur et
lui interdire le transport des marchandises sur une échelle un
peu large, au-dessus de 1500 kg. par exemple. Cette marge
lui permet cependant un service de livraison en ville ou dans la
banlieue, par voiture automobile, et non par tracteur; l'absence
de chaudière et la légèreté des approvisionnements du moteur à
pétrole, priveraient, en effet, le tracteur d'un poids qui lui est
indispensable pour la réalisation d'une adhérence suffisante.
En revanche, la double facilité d'emporter une énergie consi-
dérable et de se ravitailler en cours de route, l'inutilité de tout
aide pour le conducteur font de la voiture à pétrole l'agent indis-
cuté du grand tourisme.
Pour ce qui est du pétrole lampant, sa moindre inflammabi-
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 259
lité, qui atténue sérieusement les dangers d'incendie, son coût un
peu moins élevé que celui de l'essence le recommanderaient
plutôt que cette dernière à l'usage automobile * ; mais les diffi-
cultés de la carburation l'y ont rendu jusqu'ici assez impropre.
Ces difficultés n'ont d'ailleurs rien d'insurmontable, et peuvent
«tre vaincues. Les moteurs fixes au pétrole ont fait, dans ces
dernières années, des progrès considérables. Déjà quelques auto-
mobiles, celle de M. Koch, par exemple, marchent au pétrole
lampant.
M5.— Avantages de l'électricité. — La continuité du mouvement
rotatif, l'élasticité du moteur électrique,- chez lequel, nous
1 avons vu, le couple peut prendre une valeur jusqu'à huit fois
supérieure à sa normale, le privilège .d'auto régulation dont il
jouit, font de ce moteur la machine automobile par excellence.
La facilité avec laquelle il se laisse conduire, sa docilité cons-
tituent un gage précieux de sécurité pour la voiture qu'il
actionne et pour celles que cette dernière rencontre. Sa marche
presque silencieuse lui donne un peu de ce charme, qui était
jusqu'ici resté l'apanage de la bicyclette.
La simplicité du montage de la dynamo est aussi un avantage
pratique à considérer.
Indépendamment de tous ceux que nous venons de signaler,
par lesquels Taccumobile l'emporte à la fois sur les voitures à
pétrole et sur celles à chevaux, il en est d'autres qui constituent
pour elle une supériorité sur l'un ou sur l'autre de ces deux
modes de locomotion.
Sur les voitures à pétrole, elle offre les avantages d'une
I. Alors, en effet, que l'essence émet des vapeurs inflammables à 5°,
souvent même à 0°, le pétrole lampant est tel qu'on peut, sans qu'il prenne
feu, le chauffer à 35° et approcher de lui une allumette en ignition.
Pour ce qui est de l'économie, en estimant avec M. Witz à 57 centilitres
d'essence et à 54 centilitres d'huile lampante, les consommations corres-
pondant au cheval-heure effectif et en comptant le litre de la première à
0 fr. 45 et le litre de la seconde à 24 centimes, le cheval-heure revient à
26 centimes avec l'essence et à 13 centimes avec le pétrole. C'est une
différence du simple au double.
260 l'automobile sur route
mise en marche plus facile, d'une propreté plus grande, d'une
réduction des frais d'entretien. Avec l'accumobile, il n'y a plus
de trépidations, plus de mauvaise odeur, plus dé consommation
d'énergie pendant les stationnements de la voiture, plus de
crainte d'incendie. Ce n'est pas à dire pour cela que des voi-
tures électriques ne puissent brûler: nous avons à l'esprit
plusieurs accidents du genre, mais tous dus, croyons-nous, à
l'inflammation du celluloïd, qui constituait les bacs des accumu-
lateurs. Un court circuit peut, en effet, suffire pour mettre le feu
à cette matière éminemment combustible : on a bien vu un
carter en celluloïd entourant la chaîne d'une bicyclette s'en-
flammer, probablement par simple frottement. Mais en proscri-
vant l'emploi du celluloïd, en faisant par exemple les bacs en
ébonite, on écarte toute chance sérieuse d'incendie.
Sur les voitures à chevaux, les véhicules électriques l'em-
portent par l'augmentation delà vitesse moyenne, la réduction de
l'espace occupé dans la rue, la suppression des dépôts de four-
rages, des écuries, des fosses à fumiers dans les maisons, des
déjections dans la rue. Les Parisiens savent à quelles fermenta-
tions putrides donnent lieu ces dernières, en été, sur les pavés
de bois !
146. — Inconvénients de l'Électricité. — Nous les connaissons :
l'augmentation du poids mort transporté ; l'entretien et le renou-
vellement des accumulateurs, dont la durée reste encore incer-
taine; la nécessité des ravitaillements, qui entraîne la construction
d'usines et de postes de chargement, et des pertes de temps
répétées.
Ils ont leur gravité. Cependant, comme nous l'avons fait
remarquer, et comme nous le verrons mieux plus tard, ils s'atté-
nuent singulièrement pour les voitures destinées a un service de
ville.
147. — Rôle réservé à chacun de ces agents. — En résumé, à la
vapeur, les poids lourds ; au pétrole, le grand tourisme ; à l'élec-
tricité, les services urbains: telle est la trilogie qu'admettent
VAPEUR, PÉTROLE, ÉLECTRICITÉ 261
aujourd'hui les chauffeurs compétents. Nous y souscrivons pour
notre part, en faisant nos réserves pour l'importance du rôle que
la vapeur peut prendre dans le domaine jusqu'ici réservé au
pétrole, et qu'il est, croyons-nous, désirable de voir se dévelop-
per.
On ne doit d'ailleurs pas prendre ces conclusions à la lettre ; il
faut, au contraire, dans chaque cas, combiner les considérations
générales que nous venons de mettre en relief avec les conditions
spéciales de l'espèce, notamment avec les facilités du ravitaille-
ments en énergie et en eau, la rapidité requise pour la mise en
marche, la régularité du service, le profil des routes, le nombre
et surtout la longueur des arrêts (au point de vue de la consom-
mation en pure perte), les vitesses à réaliser, l'économie à cher-
cher.
1° Ravitaillements en énergie et en eau. C'est l'essence qu'il
est ordinairement le plus aisé de se procurer, et l'électricité qu'il
est le plus difficile d'avoir : si pourtant un hôtel a fait une instal-
lation électrique pour son éclairage, il aura une occasion toute
naturelle d'utiliser pendant le jour cette installation pour la
recharge des accumulateurs de ses omnibus et voitures.
Si l'eau qu'on trouve dans le pays est trop incrustante pour
les chaudières, ce sera une raison pour ne pas employer la vapeur.
2° Rapidité de la mise en marche. Le moteur à pétrole est
toujours prêt à partir ; mais le moteur électrique, si ses accumu-
lateurs sont chargés, est plus vite mis en mouvement.
3° Régularité du service. La vapeur s'en accommode très bien ;
mais l'électricité y trouve aussi l'avantage d'une périodicité favo-
rable à ses ravitaillements.
4° Profil des routes. La vapeur semble la plus indiquée pour
les pays accidentés ; mais l'électricité donne un très bon service
en montagne, où elle peut utiliser, pour sa production, des
chutes d'eau sans emploi et même faire de la récupération en
marche.
5° Nombre et longueur des arrêts. L'électricité ne consomme
262 l'automobile sur route
rien pendant que la voiture est au repos; mais le pétrole, avec
l'allumage électrique ne consomme pas davantage.
6° Vitesse à réaliser. L'essence de pétrole semble se prêter
mieux que la vapeur et l'électricité aux grandes vitesses ; mais,
en pays de montagne, la supériorité peut rester à ces deux der-
nières.
7° Économie à chercher. Elle dépend beaucoup des conditions
du trafic et du tonnage, et semble appartenir à la vapeur, mais
des circonstances particulières (par exemple la difficulté de se
procurer du coke) peuvent rendre moins cher l'emploi du pétrole.
Les groupements de ces conditions et d'autres encore, pour
ainsi dire variables avec chaque cas, peuvent amener à des con-
clusions différentes de celles que nous avons posées en principe.
C'est ainsi qu'aux Concours des poids lourds de 1897 et 1898, le
moteur à essence a donné pour le voyageur-kilomètre des résul-
tats économiques comparables à ceux de la vapeur, et que la
raffinerie Say estime avantageux de faire une partie de son tran-
sport par un camion électrique, capable de recevoir 10 tonnes de
charge utile.
CHAPITRE V
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE.
ÉVALUATION DE LA PUISSANCE D'UN MOTEUR EXISTANT.
1° Puissance à donner an moteur.
14$. — Résistances que doit vaincre le moteur d'une voiture en
marche. — Supposons que nous ayons fait choix du moteur que
nous voulons appliquer à notre automobile : comment allons-nous
calculer la puissance qu'il faudra lui donner pour que la voiture
soit capable de fournir la marche qu'on veut lui imposer?
La première chose à faire, pour y parvenir, est de calculer
l'effort utile que le moteur est appelé à développer aux jantes
des roues motrices. Cet effort aura, en cours de route, à vaincre
les résistances dues :
1° Au roulement de la voiture sur la chaussée supposée en
palier;
2° Au frottement des fusées contre les boîtes d'essieux ;
3° A la pente de la route, dont l'effet s'ajoute à celui du roule-
ment en palier, ou s'en retranche, suivant que la voiture monte
ou descend;
4° Aux courbes, dont l'influence doit être inversement pro-
portionnelle à leurs rayons ;
5° A l'action retardatrice de l'air traversé.
Nous allons étudier successivement ces divers facteurs.
149. — 1° et 2°. Résistances provenant du roulement de la voiture
sur palier, et du frottement des fusées. — Coefficient de traction. —
La première dépend, cela va sans dire, de la nature du sol sur
lequel roule la voiture et des bandages par lesquels elle porte sur
264 l'automobile sur route
lui. Elle dépend aussi de l'étendue des surfaces en contact et des
déformations qu'elles s'impriment réciproquement, par consé-
quent de la largeur et de la plasticité des bandages.
11 semble évident qu'une roue de grand diamètre doit franchir
un obstacle plus facilement qu'une autre de petit rayon : tandis,
en effet, que pour cette dernière le passage de l'obstacle constituera
une véritable ascension, la grande roue le dominant de toute sa
hauteur roulera sur lui tout naturellement. Les expériences
d'Edgeworth, puis de Coulomb ont d'ailleurs prouvé le fait : les
dernières reprises par Morin l'ont amené à conclure (peut-être pas
très exactement, comme nous le dirons plus tard, § 154), que la
résistance au roulement d'un cylindre en bois sur un plan hori-
zontal, en même temps qu'elle était ordinairement proportionnelle
à la pression (ici au poids de la roue et de la charge qu'elle sup-
porte), était toujours en raison inverse du rayon.
L'action de la vitesse de la voiture n'est pas non plus négli-
geable. On comprend, en effet, que la fraction de cette vitesse,
absorbée par les chocs que subissent les roues, dépend de sa
valeur absolue.
Il va de soi aussi, qu'un choc donné fait perdre une portion
plus considérable de sa force vive à une voiture non suspendue
qu'à une voiture suspendue, dont toute la masse n'est pas impres-
sionnée par le choc, et dont les ressorts peuvent emmagasiner
une partie de la force vive mise en jeu, pour la restituer ulté-
rieurement, au véhicule.
Il y a donc à considérer :
1° L'état de la chaussée;
2° La largeur et la nature des bandages ;
3° Le diamètre des roues ;
4° La vitesse de la voiture;
5° La suspension de la caisse.
Pour ce qui est du frottement des fusées contre leurs boites, il
peut être influencé par le rayon de ces fusées et par le coefficient
de frottement, dépendant lui-même de la nature des métaux en
contact et des conditions du graissage.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 265
Morin a, dans des expériences classiques, étudié ces influences
diverses (sauf celle de la nature des bandages, parce qu'à l'époque
le fer était exclusivement employé), et il a trouvé que l'effort de
traction Rt, appliqué aux jantes des roues, pouvait être exprimé
en fonction de ces éléments par la formule suivante :
B.-(A + „)(5+Ç)+A(£ + f)
dans laquelle :
A représente un coefficient dépendant de l'état de la chaussée
et de la nature du véhicule ;
fy le coflicient de frottement des fusées contre leurs boîtes,
dont la valeur oscille entre 0,030 et 0,054, suivant la nature des
métaux en contact (fonte, fer, bronze) et le mode de graissage
employé; quand ce dernier est bien assuré, on peut prendre
0,040 comme valeur moyenne;
p, le diamètre des 4 fusées ;
P', P* les charges des essieux d avant et d'arrière;
/>', p" les poids et r', r! les rayons des roues d'avant et d'ar-
rière.
Cette formule met bien en relief l'influence des diamètres des
roues, du rayon des fusées et de leur frottement sur les boîtes.
Celle de la nature de la chaussée, de la largeur des bandages, de
la vitesse de la voiture, de la suspension de la caisse sont impli-
citement renfermées dans A, dont la valeur varie avec elles. Ces
variations sont consignées dans les tableaux par lesquels Morin
a résumé les résultats de ses expériences f. On y voit toujours,
en regard des chiffres donnés, la nature et l'état de la chaussée à
laquelle ils se rapportent.
L'influence de la largeur des bandages, qui étaient toujours en
1. Les principaux, ont été reproduits par MM. Milandre et Bouquet, dans
leur ouvrage sur les Voilures automobiles, t. I, p. 05 et suivantes. E. Bernard,
Paris, 1898.
266 l'automobile sur route
fer, est mise en relief par trois tableaux * : l'examen du premier
montre qu'avec une chaussée compressible, en sable ou terre
molle, la valeur de A (par suite de l'effort moteur à développer)
diminue à mesure qu'augmente la largeur de la jante. Les deux
derniers prpuvent, au contraire, qu'avec un sol incompressible,
la valeur de A augmente en même temps que la largeur de la
jante. Donc, il y a intérêt à faire, dans le premier cas, des ban-
dages larges, dans le second, des bandages étroits. Morin con-
seille au point de vue de la bonne conservation des routes
0,150 m. pour les terrains mous et compressibles, 0,120 m. à
0,100 m. pour les routes solidement macadamisées et les pavés;
ces largeurs sont encore trop fortes pour les automobiles légères,
qui du reste étant munies de caoutchouc pleins ou de pneuma-
tiques ne sont pas pour les routes une cause de dégradation.
L'influence de la vitesse est consignée dans un tableau *, qui
montre très clairement l'augmentation de la valeur de A avec celle
de la vitesse, qu'il s'agisse d'une route pavée ou d'une route em-
pierrée en bon ou mauvais état, mais l'augmentation proportion-
nelle s'accentue à mesure que diminue le bon entretien de la
chaussée, ce qui s'explique fort naturellement par cette considé-
ration que l'effet retardateur des chocs augmente avec la fré-
quence et l'importance des obstacles et des trous.
Un tableau 3 donne les valeurs de 8, coefficient numérique
variable avec l'état de la route, qui entre dans l'expression
B (V — V), par laquelle peut être représentée l'augmentation que
prend la valeur de A, quand la vitesse passe de V à V. Il montre
que cette valeur de 8, et par suite de A, est toujours beaucoup
moins élevée pour une voiture suspendue que pour un véhicule
sans ressorts.
Grâce à un de ces tableaux, on peut déterminer, dans chaque cas,
la valeur de A qu'il convient de prendre. A vrai dire, on ne l'y trou-
1. Milandre et Bouquet, Voitures automobiles, t. I, p. 67 et 68.
2. Ibid., p. 70.
3. Ibid., p. 69
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 267
vera pas toujours consignée; alors on interpolera, mais le plus
souvent c'est une extrapolation qu'on sera amené à faire, parce
que depuis la renaissance de la locomotion automobile, qui
remonte à quelques années seulement, les conditions de la trac-
tion des véhicules ont dépassé de beaucoup le cadre étroit dans
lequel elles étaient enserrées au moment où Morin faisait ses
expériences : ainsi, pour la vitesse, le tableau s'arrête à celle de
12,6 km. à l'heure, tandis qu'aujourd'hui celle de 30 km. est
devenue courante. Il serait désirable que des expériences nou-
velles fussent systématiquement entreprises pour faire face à tous
les cas de la pratique actuelle.
En portant dans la formule la valeur ainsi déterminée, concur-
remment avec celles des autres éléments, on en déduit la
résistance due, en l'espèce, au roulement des roues et au frotte-
ment des fusées.
En divisant cette résistance, exprimée en kilogrammes, par la
charge totale ou poids (P' -f- P") du véhicule, on aura le coefficient
de traction (correspondant au roulement et au frottement des
fusées), qui est l'élément commode à considérer.
Assez souvent il sera directement donné par le tableau 1 sur
lequel Morin a consigné ses valeurs pour les applications les plus
usuelles qu'il ait expérimentées.
Des essais beaucoup plus récents, faits par la Compagnie Géné-
rale des Voitures et la Compagnie Générale des Omnibus, à Paris,
ont donné pour le coefficient de traction, à la vitesse de 8 km. :
0,025 sur pavé assez régulier ;
0,020 sur bon macadam.
Ces chiffres se rapprochent beaucoup de ceux de Morin pour
les conditions supposées; en adoptant celui de 0,025, on ne
s'écartera guère, croyons-nous, de la valeur moyenne de ce
coefficient.
Morin, avons-nous dit, ne s'était pas préoccupé de la nature
1. Milandre et Bouquet, Voilures automobiles, t. I, p. 65.
an trot
•a trot •oeéléré
0,0300
0,0239
0,0368
0,0339
268 l'automobile sur route
des bandages. Le fer, qui était la règle, est, depuis quelques
années devenu l'exception, au moins pour les voitures légères,
qui sont toujours munies de caoutchoucs pleins ou de pneuma-
tiques. Il y avait là une lacune regrettable, que M. Michelin a
comblée par des expériences que nous avons eu l'occasion de
rapporter1*: celles qu'il a faites avec un break de promenade bien
suspendu, pesant à vide 570 kg., et ayant comme diamètres de
roues 1 ,12 m. à l'arrière et 0,92 m. à l'avant, lui ont donné pour
le coefficient de traction :
an pat
Avec les bandages de fer 0,0242
Avec les pneumatiques 0,0228
Les dernières, effectuées en 1897 avec un coupé de la Compa-
gnie Générale, que remorquait, par l'intermédiaire de la voiture
dynamométrique de la même Compagnie, un tracteur à vapeur de
MM. de Dion et Bouton ont établi que le caoutchouc plein et le
pneumatique étaient toujours supérieurs au fer (sauf peut-être le
caoutchouc plein sur pavé boueux, aux grandes vitesses). Pour le
pneumatique, le bénéfice n'est jamais inférieur à 10 °/0 de l'ef-
fort de traction et peut atteindre jusqu'à 30 et 35 °/0 sur mau-
vais terrain.
La conclusion, c'est qu'il faut employer des bandages en
caoutchouc plein ou même mieux des pneumatiques, pour réduire
l'effort de traction : si, malgré cela, on calcule cet effort en se
basant sur les chiffres de Morin, on est assuré de le faire assez
largement.
150. — 3° Résistance provenant de la pente. — Si on désigne par et
l'angle que fait le profil de la route avec l'horizontale, on peut
décomposer les charges P', P" de chaque essieu, chacune en deux
composantes, les unes perpendiculaires au sol, égales à P' cos a,
P" cos a, les autres parallèles à la chaussée, égales à P' sin a, P*
sin a.
i. Génie civil, t. XXIX, n° 16, p. 251.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 269
Les premières sont celles qui produisent sur le sol la pression
du véhicule : en bonne règle, on devrait dans le cas d'une pente
les substituer aux charges P' et P" dans la formule; mais, comme
a n'est jamais très grand, ces composantes ont des valeurs très
voisines de celles de P' et P", et on conserve ces dernières :
on ne risque d'ailleurs que de compter trop largement l'effort
moteur.
Quant aux autres, dont la somme (P' -f- P") sin a = P sin a,
(P étant le poids de l'automobile), elles sont dirigées dans le sens
même de l'effort moteur, et s'ajoutent à lui, si la voiture monte,
s'en retranchent si elle descend. En pratique, les pentes a se
N
comptent en millimètres par mètre et ce nombre .ftftft de mil-
lièmes représente précisément le sinus de l'angle d'inclinaison;
on peut donc prendre pour mesure de la résistance provenant de
N
la pente, P . ftft^ Rapportée à la tonne, cette résistance sechiffrepar
autant de kilogrammes qu'il y a de millimètres dans la pente ; autre-
ment dit, la part dans le coefficient de traction relative à la pente,
Ri N
? ^ j/wwv , est égale au nombre de millimètres qui mesure cette
pente.
151 4° Résistance due aux courbes. — Elle est assez intense dans
les locomotives, dont les roues calées deux à deux sur un même
essieu, tournant dès lors à la même vitesse, roulent de conserve,
quand la voie est droite, mais ne peuvent continuer à le faire,
quand la ligne devient courbe : il en résulte, pour les roues
internes un glissement qui ne se fait pas sans perte d'énergie,
dépensée en usure du bandage et du rail.
Mais avec les automobiles, munies d'un engrenage différentiel,
qui assure aux roues motrices leur indépendance, la roue interne
tourne moins vite que l'autre, quand le chemin cesse d'être rec-
tiligne : il n'y a donc pas de résistance appréciable du fait des
courbes. ..
270 l'automobile sur route
152. — 5° Résistance due à l'air traversé. — Celle-là n'est point
négligeable : il suffit, pour s'en convaincre, de jeter les yeux sur
le tableau, qui résume les dernières expériences de M. Michelin1 :
sur bon macadam, dur, sec et poussiéreux, avec des bandages en
fer, les coefficients de traction, sont respectivement égaux à
0,0253 et 0,0272 à la vitesse de 11,700 m. à l'heure et 0,0276 et
0,0344 à la vitesse de 19,700 m., suivant que la voiture a le vent
arrière ou debout.
Un lieutenant de vaisseau, M. Thibault, a trouvé que la résis-
tance de l'air contre la base d'un prisme droit, à section carrée,
dont les arêtes sont placées dans la direction du mouvement,
rapportée à Tunité'de chemin horizontal parcouru par le prisme,
a pour valeur
R3 = 0,0623 e S V*
V étant la vitesse du prisme en mètres par seconde.
S la surface du prisme en mètres carrés ;
e, un coefficient dépendant du rapport de la longueur l du
prisme au côté a de sa base, et égal à
1,10 pour — = 3
• Si
1,17 pour — = 1
a
1,43 pour — . < 1
a
Comme le remarquent MM. Milandre et Bouquet, on peut,
pour la plupart des automobiles, prendre e = 1,10..
M. Thibault a aussi trouvé que, pour la seconde de deux sur-
faces carrées de même étendue, cheminant Tune derrière l'autre,
i. Page 74 du volume de MM. Milandre et Bouquet précité.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 271
de façon que la première masque la seconde, la résistance de l'air
est fort diminuée : elle est des sept dixièmes de celle éprouvée
par la première (déterminée par la formule précédente), quand
l'écartement des deux surfaces est égal au côté des carrés. Ce
chiffre permet d'évaluer approximativement la résistance éprou-
vée par une voiture remorquée.
M. Bourlet estime que la résistance de l'air est suffisamment
exprimée parla formule plus simple R3 = 0,005 SV? dans laquelle
V représente la vitesse en kilomètres à l'heure.
Nous adopterons cette formule.
153. — Résistance au démarrage. — Nous en avons fini avec les
résistances éprouvées par une voiture en marche ; mais chacun
sait que l'effort moteur nécessaire au démarrage est supérieur à
celui qui est suffisant en cours de route.
Pendant les stationnements de la voiture, la matière qui graisse
les essieux se fige plus ou moins ; les fusées se collent à leurs
boîtes. En outre, sous les roues le sol s'affaisse, de sorte que
celles-ci ont véritablement une pente à gravir pour se mettre en
branle, pente d'autant plus raide que le sol est plus susceptible
de se tasser et le poids de la voiture plus lourd. L augmentation
de résistance qui en résulte est à peu près nulle sur asphalte et
sur pavé de bois. Sur macadam en parfait état, très sec, elle
est peu sensible. Sur macadam et sur pavé en assez bon état
d'entretien, on estime que la résistance au démarrage est de i/o
supérieure à celle en cours de route ; aussi, pour lui faire face,
a-t-on l'habitude de majorer d'autant cette dernière. Mais il ne
faut pas oublier que, sur une chaussée mal entretenue, l'effort
au démarrage peut être notablement plus élevé.
Le moteur doit aussi, pour se mettre en train, vaincre les
résistances qui s'opposent au jeu de ses diverses pièces, l'inertie
de toute la masse; mais il n'y a pas là de résistance spéciale,
dont il faille tenir compte : le moteur aura seulement besoin de
plus ou moins de temps pour amener la voiture à sa vitesse de
marche normale .
272
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
L'expression de la résistance, en fonction des éléments que
nous venons de considérer, est donc :
±» + °-005 s H
154. — Expériences récentes de M. de Mauni. Leur influence sur le
calcul de la puissance du moteur. — Nous avons été conduit à cette
expression en appliquant la formule de Morin. Or, tout dernière-
ment, M. de Mauni, dans un livre intéressant que nous avons eu
l'occasion d'analyser ailleurs *, a relaté des expériences auxquelles
il venait de se livrer, et qui frappent de suspicion partielle les
principes sur lesquels Morin avait basé cette formule.
Sans entrer dans de longs détails, précisons les différences
pour deux types de routes bien définis, répondant aux conditions
les plus ordinaires du roulage dans notre pays :
1° Sur chaussée empierrée, peu compressible, la résistance est :
D'après Morin
D'après
M. de Mauni
proportionnelle
À la
pression
proportionnelle
à la
pression
inversement
proportionnelle
au
rayon des roues
inversement
proportionnelle
à la racine
carrée du rayon
peu influencée
par
la vitesse
peu influencée
par
la vitesse
à peu près
indépendante
delà
largeur des
bandages
indépendante
delà
largeur
des bandages
En somme, dans ce cas, la seule différence bien tranchée est
celle qui a trait à l'influence du rayon des roues.
Si on s'en rapporte aux résultats annoncés par M. de Mauni,
1 . Baron de Mauni. Les bandages pneumatiques et la résistance au roule-
ment, Paris, Dunod, 1899, ouvrage analysé dans la Revue industrielle,
18 mars 1899 et n08 suivants.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D UNE VOITURE
273
la valeur de la résistance trouvée avec la formule de Morin est
plus petite que la valeur réelle.
2° Sur chaussée pavée, la résistance est :
D'après Morin
proportionnelle
A la
pression
inversement
proportionnelle
au
rayon des roues
proportionnelle
A la vitesse
proportion-
nelle A la
largeur des
bandages
D'après
M. de Mauni
plus que
proportionnelle
A la
pression
plus
qu'in versement
proportionnelle
au rayon
proportionnelle
A la vitesse.
inversement
proportion-
nelle A la
largeur des
bandages
Si nous faisons abstraction de l'influence de la largeur des ban-
dages, à laquelle les deux expérimentateurs attribuent un sens
opposé, la valeur de la résistance calculée avec la formule de
Morin doit, pour deux raisons, être inférieure à sa valeur réelle.
L'application de la formule de Morin ne nous donnera donc que
des résultats assez peu exacts.
D'un autre côté, nous avons eu l'occasion de constater que les
résultats trouvés par Dupuit se rapprochaient de ceux de M. de
Mauni plus que ceux de Morin. Pouvons-nous en conclure qu'il
vaut mieux, pour évaluer la résistance au roulement, substituer
à la formule de Morin celle de Dupuit ? Ces dernières sont * :
Pour les chaussées empierrées a
0,04
rf,
et pour les chausssées pavées, au pas
0,0118 + _°'0209-
T = —
V'D
k±^P + 0,12(P-^
1. Essai et expériences sur le tirage des voitures et sur le frottement de
seconde espèce, par J.-M. Dupuit. Paris, Carilian-Gaury, 4837, p. 135.
G. Lato»». — L'Automobile sur route. 18
274 l'automobile sur route
D, d, diamètres des roues et des fusées;
P, pression totale exercée par la voiture sur la route;
/), poids des roues;
L, largeur des jantes.
Mais, ces formules ont été établies pour des voitures à deux
roues, les seules sur lesquelles les expériences aient été assez
nombreuses et variées. Pour les deux voitures à quatre roues que
Dupuit a brièvement expérimentées (une diligence de la 0e
Laflitte et Caillard, et un char-à-bancs ayant à l'arrière des roues
de 1,50 m. de diamètre et à l'avant des roues de 0,86 m.), il a
bien démontré que les roues de derrière éprouvaient beaucoup
moins de résistance que si elles n'étaient pas précédées d'autres
roues ; et cela s'explique assez naturellement par ce fait, que ces
roues, entrant dans le frayé des roues d'avant (les deux essieux
étaient d'égale longueur), trouvent une partie du travail fait et
en profitent, pour ainsi dire. Mais Dupuit ne manque pas d'ajou-
ter : « C'est la seule conséquence que nous croyons devoir faire
ressortir du petit nombre d'expériences que nous ayons faites sur
les voitures à quatre roues. » Et cette remarque fort sage nous
prive môme de la seule ressource que nous aurions eue d'appli-
quer successivement la formule aux roues d'arrière et d'avant
d'une voiture à deux essieux, pour évaluer sa résistance totale au
tirage. La locomotion automobile n'employant que de semblables
véhicules, l'application des formules de Dupuit ne lui est aucu-
nement indiquée.
Sans compter que les valeurs attribuées par cet ingénieur aux
coefficients de traction, diffèrent très notablement de celles que
nous avons acceptées sur la foi d'expériences faites, beaucoup
plus récemment, avec une voiture dynamométrique perfectionnée,
c'est-à-dire avec des appareils de mesure autrement précis que la
romaine à cadran de Dupuit et dans des conditions de traction
et autres bien plus voisines de celles qui président à notre rou-
lage actuel. Nous avons, en effet, admis pour ce coefficient 0,025
sur pavé assez régulier, 0,020 sur bon macadam, tandis que
PUISSANCE À DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 275
Dupuit donne comme moyenne 0,020 sur chaussée pavée et 0,030
sur empierrement ; non seulement leurs valeurs absolues diffèrent,
niais encore leurs grandeurs relatives se trouvent inversées.
Nous ne comprenons pas non plus comment le coefficient de
traction est plus considérable pour une voiture de luxe que pour
une diligence et qu'une voiture de roulage (autrement dit une
charrette à deux roues), ainsi qu'il résulte du tableau suivant,.
qui donne les valeurs de ce coefficient :
sur macadam bot pavé
Voiture de roulage 0,030 0,017
Diligence 0,030 0,020
Voiture de luxe 0,036 0,034 à 0,037
Ce qui nous frappe surtout, ce sont les différences énormes de
ces valeurs pour le pavé, sur lequel elles passent du simple au
double et même plus. Nous ne nous permettrons pas d'incriminer,
sans preuve irrécusable, les chiffres donnés par un expérimenta-
teur aussi consciencieux que Dupuit, mais il nous sera bien per-
mis de conclure de ce qui précède que les circonstances dans les-
quelles ses expériences ont eu lieu devaient être assez différentes.
des conditions actuelles de la locomotion automobile, pour qu'on
ne puisse lui appliquer les formules auxquelles les expériences.
ont abouti.
Que conclure pour la question qui nous intéresse? On doit, à
notre avis, faute d'une formule meilleure, appliquer celle de
Morin, comme nous l'avons fait, mais en ne lui accordant que le
degré de confiance qu'elle mérite, et en se rappelant qu'elle
donne des valeurs trop faibles pour la résistance au roulement.
Mais il faut souhaiter que M. de Mauni, ou d'autres expérimenta-
teurs, auxquels il a ouvert la voie, reprennent la question et
l'étudient dans des conditions qui leur permettent de nous fixer
pour les applications que réclame la locomotion nouvelle. L'affaire
incontestablement vaut la peine qu'on s'en occupe.
155. — Effort utile maximum à demander au moteur. — Quoi qu'il en
soit, et jusqu'à ce moment, la formule que nous avons établie, don-
276 l'automobile sur route
nera approximativement, pour chaque cas particulier, la valeur de la
résistance à vaincre, et dès lors celle de l'effort utile à développer
aux jantes des roues. Parmi ces valeurs, il est essentiel de connaître
celle qui correspond à la marche du véhicule, dans les conditions
les plus défavorables qu'il ait à subir. Une fois donc qu'on aura
déterminé le genre et le poids de la voiture qu'il s'agit de munir
d'un moteur et la vitesse à laquelle on veut qu'elle parcoure la
plus forte rampe qu'elle devra aborder, dans les conditions de
chaussée et de vent les plus défavorables, en remplaçant dans la
formule les lettres par les valeurs correspondantes, on trouvera le
plus grand effort utile que le moteur aura à développer. Il n'est
cependant pas a priori impossible que l'effort maximum corres-
ponde à d'autres conditions, par exemple à une pente moins forte
gravie avec une vitesse relativement plus considérable, ou même
à la marche en palier à une vitesse très grande : il sera donc
quelquefois prudent de calculer les valeurs de l'effort moteur
correspondant aux diverses conditions de marche, et on verra sur
quel effort maximum on doit compter.
Ce maximum une fois déterminé, il faudra vérifier qu'il ne
dépasse pas la limite compatible avec la voiture. On ne doit
effectivement pas oublier que c'est grâce à l'adhérence, qui se
développe entre les bandages des roues et le sol, que l'entraîne-
ment du véhicule se produit.
156. — Adhérence. — Les premiers constructeurs d'automobiles
étaient fort préoccupés par cette question de l'adhérence : ils
avaient muni les jantes de leurs roues de dents ou saillies, des-
tinées à l'augmenter. Leurs craintes étaient chimériques : l'expé-
rience journalière du chemin de fer le prouve surabondamment ;
et l'adhérence entre les bandages d'une automobile et le sol est
autrement considérable que celle qui s'exerce entre l'acier des
roues de la locomotive et celui des rails. Pour si forte qu'elle soit,
elle a pourtant une limite, qu'il est sage de ne pas oublier. Il faut
donc vérifier que l'effort maximum trouvé est inférieur au
travail de frottement développé entre la roue et le sol. Si cette
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 277
condition n'était pas remplie, les roues patineraient, absorbant
de la force motrice en pure perte, détériorant les bandages, impri-
mant aux pièces du mécanisme une vitesse exagérée, pouvant
occasionner de graves désordres.
Or, l'adhérence a pour mesure le produit de la charge des roues
motrices par le coefficient de frottement des bandages sur le sol ;
ce dernier, variable, cela va sans dire, avec l'état de la chaussée,
est assez mal connu. Il fallait, jusqu'à ces dernières années, s'en
rapporter à des chiffres déterminés par Morin, et qu'on ne pouvait
guère étendre aux pavés de bois et de grès :
Fer sur chêne sans enduit , 0,62
— mouillé 0,26
Fer sur calcaire 0,49
M. Jeantaud a trouvé des chiffres très notablement différents
de ceux-là :
Sur pavé de bois sec adhérence = 20 °/0 de la charge.
— humide — = 25 °/0 —
Sur bon pavé de grès sec — = 30 °/0 —
— humide — s 35 °/0 —
(25 °/0 p. voitures légères •
40 °/0 p. voitures lourdes
pénétrantes.
— humide — = 42 °/0 p. voitures lourdes
pénétrantes.
Ces chiffres, qui ont été établis pour les chaussées de Paris, ne
pourraient être appliqués à des chaussées quelconques : ainsi il
est tel sol argileux, pour lequel l'adhérence diminuerait avec
l'humidité, à l'inverse de ce qui se passe avec les matériaux
expérimentés par M. Jeantaud. Aussi est-il désirable que des
expériences plus variées soient entreprises. Il semble pourtant,
jusqu'à nouvel ordre, qu'on puisse compter sur une adhérence
moyenne de 25 à 30 °/0 ( sauf sur le pavé de bois sec).
Cette marge est, dans la plupart des cas, assez grande pour
278 l'automobile sur route
qu'on n'ait pas à craindre le patinage; cependant, on le voit
quelquefois se produire aux: démarrages sur pavé gras ou asphalte.
Si l'effort maximum est reconnu inférieur à l'adhérence, on peut
l'accepter.
157 Pertes par les transmissions. Effort moteur total. — Mais cet
effort n'est pas encore celui que doit développer le moteur sur
son arbre, car il faut tenir compte des pertes occasionnées par sa
transmission de ce dernier aux jantes des roues. Pour les moteurs
à vapeur et pour les moteurs à pétrole, il est prudent (§ 335)
■d'évaluer ces pertes respectivement à 40 et 50 °/0> ce qui donne
€0 et 50 °/0 pour rendements des transmissions ; il faut donc
multiplier par 5/3 ou par 2 la valeur trouvée pour l'effort moteur.
Pour les moteurs électriques, la simplification des transmissions
réduit notablement les pertes d'énergie entre l'arbre du moteur
•et les jantes.
Dans le calcul que nous avons fait de l'énergie qui devait
•être fournie par les accumulateurs, nous avons admis avec
M. Hospitalier, pour rendement de la transmission le chiffre de
0,90, trop élevé, nous semble-t-il, quand il n'y a pas un moteur
<lirectement monté sur chaque roue et qu'il faut dès lors compter
avec les pertes de charge occasionnées par le différentiel et les
-chaînes Galle. En comptant, pour plus de sûreté, avec MM. Morris
-et Salom, d'après les essais qu'ils ont effectués après la course de
Chicago (§ 312), sur une valeur de 0,70 pour le rendement de
cette transmission, il suffit, dans la voiture électrique, de
10
multiplier par -=- l'effort moteur utile, pour avoir celui que doit
•développer normalement le moteur, autrement dit la puissance
«de ce dernier.
La méthode que nous venons d'esquisser pour le calcul de
-cette puissance est, croyons-nous, la plus logique. Il ne faudrait
pas en conclure qu'elle est toujours employée. Elle pourrait
«cependant.rêtre, puisque, dans l'état actuel, l'industrie automo-
bile, toujours débordée, ne travaille guère que sur commande.
PUISSANXE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 279
Elle aurait l'avantage de proportionner la force de la voiture au
travail qui doit lui être imposé, et d'éviter de très fâcheux
mécomptes. Que de chauffeurs sont déçus lorsque leur machine
est impuissante à gravir une rampe, parce qu'elle n'a pas été
calculée pour le faire ! Que d'autres gémissent sur la lenteur de
marche que leur impose, surtout dans le Midi, où le vent
souffle parfois avec rage, une résistance, qu'on n'a pas fait inter-
venir dans le calcul du moteur !
II ne faudrait cependant pas pousser jusqu'à l'extrême l'appli-
cation de la méthode, parce qu'elle aurait l'inconvénient de
diversifier à l'infini les types de voitures. La construction écono-
mique des automobiles, que nous appelons de nos vœux et que
finira bien par nous donner la concurrence, n'est possible pour
une maison qu'autant qu'elle se contente de quelques types,
jouissant chacun de cette interchangeabilité des pièces, qui est
la principale cause du bon marché des produits américains,
autres que les automobiles; mais le choix judicieux de quelques
types bien définis suffira pour faire face, dans des conditions bien
suffisantes, aux besoins les plus usuels. Et la méthode que nous
avons donnée servira, dans chaque cas, à déterminer nettement
quel type lui convient : ainsi appliquée, elle évitera les déceptions
dont nous avons parlé.
Quelle que soit la méthode employée pour calculer la puis-
sance à donner au moteur, le nombre de chevaux-vapeur trouvé
sera toujours très notablement supérieur à celui des chevaux
qu'il serait raisonnable d'atteler à la voiture en question, même
en tenant compte de l'accroissement de poids que lui inflige
l'adjonction du mécanisme automobile. Un cheval n'est cepen-
dant, on le sait, capable de fournir qu'un travail de 50 kgm.
par seconde, pendant six heures par jour, alors qu'un moteur
d'un cheval peut fournir pendant les 24 heures ses 75 kgm.,
soit 6.i80.000 kgm., ou six fois plus que les 1.080.000 kgm.
que donne le cheval. Mais, alors que ce dernier peut facilement
doubler pendant assez longtemps son effort musculaire, et, dans
280 l'automobile sur route
un passage difficile, le quintupler, le décupler même, le moteur
mécanique, le type à pétrole principalement, est loin d'avoir une
semblahle élasticité. On est donc obligé de lui donner la force
qui lui est nécessaire, pour le travail maximum qu'il a à effec-
tuer, bien supérieure à celle qu'il utilisera normalement. Aussi
les puissances de six chevaux, de huit même et plus, sont-elles
devenues courantes pour des voitures, qui ne demanderaient
guère à être attelées que de 2 ou 3 chevaux. Quand elles utilise-
ront intégralement de pareilles forces, il ne faudra pas s'étonner
qu'elles prennent des vitesses de 40 et 60 km. à l'heure et même
plus, laissant bien loin derrière elles celles de la traction cheva-
line. Mais quand elles ne marcheront pas à ces allures vertigi-
neuses, leur rendement économique sera certainement mauvais.
2° Évaluation de la puissance d'un moteur existant.
158. — Méthodes d'évaluation. — Nous avons appris à calculer
la puissance du moteur avec lequel nous devons équiper une
automobile, pour la rendre capable de fournir une marche déter-
minée.
Nous allons résoudre le problème inverse. Le moteur existe :
il s'agit pour le constructeur, avant de le monter sur une voi-
ture, de mesurer le travail qu'il donne sur son arbre ; pour
l'acheteur de vérifier qu'il donne bien, à la jante des roues
motrices, la puissance annoncée par le vendeur.
159 — I. Puissance disponible sur l'arbre. — Plusieurs méthodes
sont applicables pour déterminer la puissance disponible sur
l'arbre : les premières la calculent en se basant sur des données
théoriques ou empiriques ; les secondes la mesurent en soumet-
tant le moteur à certains essais.
i° Calculée d'après des données théoriques. — Procédé
Ringelmann. — M. Ringelmann estime que pratiquement la corn-
PUISSANCE A DONNER. AU MOTEUR D'UNE VOITURE 28 1
bustion d'un gramme d'essence nécessite 16,3 litres d'air. Si V
représente le volume en litres d'une cylindrée, le poids d'essence
V
consommée pour remplir d'air carburé le cylindre sera jtt-z =
0 gv. 06135 V. Soit n le nombre de tours que fait par minute le
moteur; celui-ci étant supposé à 4 temps, il donnera 0, 50 n explo-
sions par minute; M. Ringelmann admet que, pour éviter un
échauffement exagéré, il ne s'en produit que 0.45 n par minute, et
dès lors — ^ — = 0,0075 n par seconde. Le poids d'essence
consommé par seconde sera donc 0,06135 V X 0,0075 n =
0,00046 n V.
Quel travail représente cette essence ? Théoriquement le
gramme de ce combustible équivaut à 11 calories: M. Ringel-
mann admet que sur ces H calories 0,15 X 11 seulement = 1 .65
sont effectivement transformées en travail *. On ne doit donc
recueillir que 1,65 X 425 = 700 kilogrammètres environ; par
suite la puissance en chevaux du moteur est :
^ 700x0.00046 v nnn.Q v
™ - n V= 0.0043 n V.
75
L'emploi de cette formule ne nécessite que la connaissance des
dimensions du cylindre et du nombre de tours du moteur par
seconde. Appliquée par M. Witz à un moteur monocylindrique
de 12 chx, cette méthode a donné une puissance un peu supé-
rieure à ce chiffre *.
160. — Procédé Wits. — Si nous supposons connus la pression
moyenne p exercée par l'explosion du gaz sur le piston pendant
sa course motrice, et le rendement organique K du moteur ; et
si nous appelons S la section du piston, C sa course, n le nombre
1. En d'autres termes, il prend comme rendement thermique (§ 335) 0,15,
2. Moteurs à gaz et à pétrole et Voitures automobiles, par M. A. Witz.
t. III, p. 582.
282 l'automobile sur route
de tours par minute, P le travail effectif en chevaux, nous
pouvons poser :
75 P
K =
SpC n
d'où nous tirons :
2x60
K S Cnp
~ 9.000
K peut être pris égal à 0,75; p est évaluée par M. Witz à
4 kg. 25.
Appliquée par M. Witz à 3 moteurs ', cette méthode a donné
une estimation de leur puissance un peu inférieure à celle
annoncée par les constructeurs.
161. — 2° Calculée d'après des données empiriques. — Pro-
cédé Hospitalier. — « En étudiant les principaux éléments de
construction et de fonctionnement d'un certain nombre de
moteurs à essence, et en comparant certains facteurs spécifiques
qui auraient dû être théoriquement identiques pour des moteurs
fonctionnant dans les mêmes conditions de richesse de mélange,
de compression, d'allumage et de rendement, nous avons, dit
M. Hospitalier, remarqué que l'un de ces facteurs spécifiques
était constant, à 20°/o près environ, malgré les différences de pro-
portions, de système, d'allumage, de puissance * » . Ce facteur
n'est autre que le rapport du déplacement des pistons (en litres
par seconde) à la puissance du moteur (en poncelets), et il est
sensiblement égal à 10.
Il suffit donc d'évaluer ce déplacement en litres par seconde,
en multipliant le double du volume du cylindre par le nombre de
tours à la seconde et de le diviser par 10 pour avoir la puis-
sance en poncelets. Comme le poncelet vaut 100 kilogrammètres,
1. Loc. cit., p. 580.
2. Locomotion automobile, 2 décembre 1897, p. 562.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 283
alors que le cheval-vapeur n'en vaut que 75, il faut diviser le
nombre trouvé par 0,75 pour avoir la puissance en chevaux. Si
nous appelons n le nombre de tours par minute, R le rayon du
cylindre et C sa course en centimètres, il n'y a qu'à appliquer la
formule :
F— 0,75 X 100 X 10 X 60 X 10
ou, très approximativement :
nR'C
75.000
Cette formule donne la puissance avec une erreur probable
de 1/5.
Les méthodes de calcul, que nous venons de décrire, ont
l'avantage de ne nécessiter que la mesure de quelques dimen-
sions du cylindre et du nombre de tours du moteur; mais, par
suite de l'incertitude qui règne sur les valeurs admises pour les
coefficients qui y figurent, elles ne méritent qu'une confiance
limitée. Si on veut évaluer de façon plus exacte la puissance du
moteur, il faut avoir recours à un véritable essai de ce dernier.
On peut y procéder de diverses façons !.
162. — 3° Déterminée par des essais au frein. — Frein de Prony.
— Le principe de cet appareil bien connu consiste à faire
tourner l'arbre A du moteur (fig. 146), à l'intérieur de deux
mâchoires serrées contre lui par les vis B, B', et à charger un
levier C solidaire de ces mâchoires d'un poids p suffisant pour
les empêcher d'être entraînées par la rotation de l'arbre. La
puissance en chevaux est donnée par la formule :
P = 0,00U/)in
p étant exprimé en kilogrammes, i, distance du point d'applica-
i. M. Brachet a donné un exposé fort explicite de ces méthodes (Loco-
motion Automobile, 10 février 4898 et n0B suivants).
284 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
tion du poids p à Taxe de l'arbre, en mètres, n étant le nombre
de tours par minute.
Pour réaliser pratiquement un essai, il faut d'abord bien
immobiliser le moteur, par exemple en le tirefonnant sur un
châssis en bois. Au lieu des mâchoires de bois que représente la
gravure schématique, on emploie souvent une bande de fer plat
garnie de tasseaux en bois dur, fixée au levier, d'un côté par un
écrou fixe, de l'autre par un écrou dont on fait varier le
serrage. Cette bande entoure ordinairement le volant de l'arbre :
il faut la disposer, comme le représente la figure, le levier au-
dessous du diamètre horizontal de la poulie, pour être sûr que
* * J
.Fie. 146. — Schéma du frein de Prony.
l'indication donnée par le poids soulevé est bien exacte ; avec la
disposition barre en dessus, lorsque le levier s'écarte sensible-
ment de la position horizontale, l'indication peut être fort
inexacte.
Pour obtenir pendant l'expérience un frottement constant, il
est souvent besoin de modifier le serrage des boulons : on peut
atténuer les à-çoups, en disposant sous les écrous des rondelles
de caoutchouc séparées par des disques de tôle ; comme on n'est
jamais sûr de les éviter, il est prudent de disposer des taquets,
capables d'arrêter, le cas échéant, le levier. Pour éviter le grip-
page du frein, il est indispensable de le graisser continuellement
avec du suif ou de l'eau contenant environ 10°/o de savon. Un
essai, pour être concluant, doit durer 10 minutes.
La formule donnée s'applique à un frein se tenant de lui-même
en équilibre, sur l'arête horizontale d'un couteau, située dans le
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D UNE VOITURE
285
plan de l'axe de l'arbre du moteur. S'il fallait, pour établir cet
équilibre, placer à l'autre extrémité du levier un poids p', il
faudrait retrancher ce poids p' de la valeur de p dans la formule.
Le frein de Prony est d'un emploi classique pour mesurer la
puissance d'une machine à vapeur. Il ne conviendrait plus pour
un moteur à pétrole, dans lequel les brusques variations du
Fio. 146 bis. — Schéma du frein à corde.
travail demanderaient à ce qu'on fit varier concurremment le
serrage du frein, ce qui serait impossible.
M. Ringelmann a imaginé un frein réalisant un réglage auto-
matique de ce serrage : son application aux moteurs à pétrole est
relativement facile ' ; mais il est plus simple d'utiliser le frein à
corde.
163 Prain à corde (fig. 146 bis). — Le volant A du moteur est
embrassé par une corde, dont une extrémité est attachée au point
1. Locomotion automobile, 3 mars 1898, p. 141.
286 l'automobile sur route
fixe B, par l'intermédiaire du dynamomètre D, et dont l'autre
reçoit le poids p : le dynanomètre facilite le réglage en imprimant
à la corde une tension pf, qu'on fait varier à l'aide d'une vis de
serrage à double effet. La formule appliquée est :
2*(R+r)n
V ~ 60x75 toP >
R, r, rayons de la poulie et de la corde, étant exprimés en
mètres ; p et p en kilogrammes ; n étant le nombre de tours par
minute. Pour un moteur, dont la force ne dépasse pas 8 chx, il
suffit de prendre une corde de 6 à 8 mm. de diamètre ; un
diamètre de 20 à 30 cm. suffit à la poulie pour un nombre de
1700 tours. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'on a besoin de
mettre sur la corde quelques gouttes d'eau savonneuse ou un peu
de plombagine; en tout cas, un graissage continu, avec ses pro-
jections et ses ennuis, est toujours inutile.
164. — 4° Déterminée par un essai électrique. — Si on dispose
d'une dynamo, dont le rendement R est connu, il suffit de lui
atteler le moteur et de noter le nombre de volts E et d'ampères I,
accusés par un voltmètre et un ampèremètre, intercalés dans le
circuit de cette dynamo, pour en déduire la puissance en chevaux
de la forinule :
P=736EIR'.
On peut prolonger l'essai aussi longtemps qu'on le désire,
(ce qui n'est pas toujours facile avec le frein de Prony, à cause
de réchauffement) et le rendre plus précis. Le procédé est surtout
de mise pour un constructeur, qui attelle successivement à sa
dynamo les divers moteurs qu'il veut essayer ; il est d'ailleurs
plus coûteux que les précédents.
165. — II. Puissance disponible a la jante des roues motrices.
— Le travail, donné par le moteur sur son arbre, doit être
1. Locomotion automobile, 21 avril 1898, p. 251.
PUISSANCE A DONNER AU MOTEUR D'UNE VOITURE 287
multiplié par le rendement des transmissions, intercalées entre
cet arbre et celui des roues motrices, pour avoir finalement le
travail disponible à la jante de ces dernières, que le chauffeur a
le plus d'intérêt à connaître. Ce rendement peut être en moyenne
regardé comme égal à 50, 60 ou 70 %, suivant qu'il s'agit d'un
moteur à pétrole, à vapeur ou électrique (§ 157) ; mais l'incerti-
tude qui règne sur cette valeur se répercute sur le résultat trouvé *.
On peut assez simplement procéder à un essai direct : après
avoir mesuré, en kilogrammes, le poids p de la voiture,
voyageurs compris, on lui fait gravir une côte, dont on connaît
l'inclinaison I en centimètres et la longueur L en mètres, et on
note le nombre de secondes N qu'elle met à la gravir ; si ï est
le coefficient de traction en centièmes, la puissance en chevaux
est donnée par la formule :
/>L(I + T)
75 N
1. MM. Boramé et Julien ont établi des tableaux et graphiques, reproduits
parla plupart des journaux spéciaux, d'un usage commode pour déterminer :
\° les travaux développés pendant la marche des automobiles, suivant la
charge (poids du véhicule compris), la montée et la vitesse, indépendamment
des résistances passives engendrées par le système de transmission adopté;
2° les efforts exercés tangenliellement aux roues motrices, suivant la
charge, la montée et la vitesse.
Nous renvoyons le lecteur, pour ce qui touche aux questions traitées dans
ce chapitre, à ce que nous disons du concours de moteurs organisé par la
Locomotion automobile (§ 330).
DEUXIEME SECTION
LES TRANSMISSIONS
CHAPITRE VI
TRANSMISSION DU MOUVEMENT DU MOTEUR AUX ROUES MOTRICES
166. — Nécessité des transmissions. Leurs organes principaux. —
Nous avons choisi le genre de notre moteur, calculé sa puissance :
il s'agit de l'appliquer à la propulsion du véhicule.
Dans le fardier de Cugnot, le mouvement des pistons de la
machine à vapeur était transmis à l'essieu, porteur de Tunique
roue motrice du chariot, par l'intermédiaire de bras munis de
cliquets, qui s'engageaient dans les encoches de roues à rochets
montées sur cet essieu. Dans une voiture beaucoup plus récente,
puisqu'elle ne date que de 1868, mais qui n'en est pas moins
encore un ancêtre des véhicules actuels, le tilbury-tricycle de
M. Ravel,le moteur à vapeur attaquait directement, par ses deux
cylindres oscillants, l'essieu d'arrière. Et, comme pour montrer
•une fois de plus- que souvent les extrêmes se touchent, M. Jenatzy,
le constructeur de ce 16000, qui aura été le premier fiacre
automobile parisien, a récemment construit une voiture élec-
trique dont les roues, formées simplement d'un énorme pneuma-
tique entourant le moyeu, sont calées sur l'induit même du
moteur (§ 300).
Peut-être cette simplicité de la commande, que nous avons vue
poindre à l'aurore de la locomotion automobile et qui vient de
réapparaître dans un cas tout exceptionnel de la construction
moderne, lui sera-t-elle un jour rendue par le progrès, dont l'es-
sence même est d'être simpliste! Nous ne devons pas oublier
G. Latooms. — L'Automobile sur route, 19
290 l'automobile sur route
qu'elle fonctionne, sur certains tramways électriques, dans des
conditions assez semblables à celles de la locomotion automobile,
avec pourtant cette différence que les rails évitent au moteur la
fâcheuse répercussion des chocs qu'une chaussée ordinaire inflige-
rait à nos voitures malgré leurs pneus. Et nous savons que pour
les locomotives, elle est d un emploi constant, grâce à ce double
fait que ces machines circulent sur des rails, et que les vitesses
en usage sur nos voies ferrées permettent aux roues de suivre
l'impulsion directe des pistons. Mais si la chose semble possible,
à échéance d'ailleurs lointaine, pour l'électricité et la vapeur, il
semble qu'elle ne le sera jamais pour le pétrole.
Plusieurs causes s'ajoutent en effet, pour rendre nécessaire
l'interposition entre l'arbre moteur et les roues, d'organes inter-
médiaires.
1° La nécessité de réduire la vitesse du moteur. — Le fardier
de Cugnot marchait à 5 km. à l'heure; le moteur de M. Ravel ne
faisait que 100 tours à la minute. Cette lenteurde marche rendait
facile la liaison directe des pistons aux roues. Les conditions
sont bien changées avec les moteurs actuels, qui, pour la
vapeur, tournent couramment à 400 tours comme celui de
M. Scotte, à 500 comme celui de M. Serpollet, d'ailleurs capable
de marcher beaucoup plus vite, à 600 comme celui de MM. de
Dion et Bouton. Parmi les moteurs à pétrole, le Benz marche à
raison de 480 révolutions par minute, le Gautier- Wehrlé de 600,
FAmédée Bollée de 600, le Mors de 800, le Phénix de
MM. Panhard et Levassor de 800 à 850, le de Dion-Bouton de
1400 et plus. Les moteurs électriques tournent encore bien plus
vite : celui que M. Postel-Vinay construit pour les voitures Mildé-
Mondos fait 1.800 tours, quand ces dernières marchent à 15 km.
à l'heure. Cet autre, avec lequel M. Jenatzy a équipé la voiture à
transmission directe avec laquelle il a battu le record du kilo-
mètre, a dû faire 900 tours à la minute pour imprimer aux roues
une vitesse linéaire de 105 km. à l'heure. Mais, comme nous ne
nous proposons pas, avec celui que nous étudions, de briguer le
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 291
moindre record, nous conclurons plus sagement qu'avec les
vitesses pratiques ci-dessus, considérées comme avantageuses
pour les divers moteurs auxquels elles s'appliquent, une réduction
s'impose avant de les transmettre aux roues.
2° La nécessité d'avoir plusieurs vitesses de marche. — La voi-
ture ne saurait, en effet, se contenter dune allure uniforme. En
ville, elle doit pouvoir marcher vite, si la chaussée est libre,
même accélérer encore sa vitesse pour profiter d'un vide qui va se
fermer, au contraire ralentir, si la voie est encombrée. En pleine
route, elle doit filer promptement en palier, se lancer sur les
pentes légères, modérer son allure sur les pentes raides, aborder
les côtes à faible vitesse : si, en effet, elle n'avait pas le moyen
de diminuer le travail absorbé par sa propulsion dans le sens
horizontal pour consacrer à sa progression verticale la majeure
partie de la force dont elle dispose, elle s'exposerait à rester en
panne au bas de côtes insignifiantes. Or, si le moteur électrique
a en lui-même une élasticité assez grande pour faire face à ces
exigences multiples ; si le moteur à vapeur pourrait à la rigueur
y suffire, bien qu'il soit préférable de l'y aider par un ou deux
changements mécaniques de vitesse ; en revanche, le moteur à
pétrole, qui ne peut modifier sa force qu'en changeant sa vitesse,
«t toujours au détriment de son rendement, y serait radicalement
impuissant, si on n'augmentait son élasticité par des dispositifs
capables d'assurer aux roues motrices trois ou quatre vitesses
différentes.
3° La nécessité de faire reculer la voiture. — Les moteurs
électrique et à vapeur permettent ce recul par un simple renver-
sement dans la distribution du fluide qui les actionne ; mais le
moteur à pétrole n'admet pas le renversement de sa marche. On
«st encore obligé, pour l'en doter, de recourir à un dispositif
mécanique.
4° La nécessité de débrayer le moteur. — Pour arrêter brus-
quement la voiture et la rendre docile à l'action des freins, il faut
pouvoir supprimer instantanément l'action propulsive du moteur.
2&2 l'automobile sur route
Quand on ne peut y arriver par le renversement de la marche,
ce qui est, comme nous venons de le dire, le cas du moteur à
pétrole, il est nécessaire de débrayer ce dernier.
Il faut aussi, par une singulière antithèse, le faire quand on
veut aller très vite, en se laissant sur une pente emporter par la
gravité. Si, en effet, on conservait la liaison des roues et du
moteur, les premières ne pourraient pas aller plus vite que le
second : il n'y aurait là que moitié mal, car la descente à toute
vitesse d'une côte n'est pas sans danger; mais on risquerait fort,
par le surmenage, que la gravité réussirait à infliger au moteur,
malgré sa liaison avec la voiture, de provoquer la rupture de
quelque pièce du mécanisme, d'une bielle notamment, ou tout au
moins d'amener la soudure de la tête de bielle et de la tige du
piston.
Il faut enfin, dans les fréquents et courts stoppages, auxquels,
une voiture est soumise, éviter l'arrêt du moteur à pétrole, quir
comme on le sait, entraînerait chaque fois une remise en train
ennuyeuse.
Comme aussi la présence d'un embrayage progressif facilite
beaucoup la douceur des démarrages.
5° La nécessité d'assurer V indépendance des roues motrices dm*
les virages. — Si, en effet, comme c'est le cas général, il n'y a pas
un moteur pour actionner chacune des roues montées sur un
même essieu, il faut que les deux roues tributaires d'un même
moteur, ne soient pas assujetties à tourner toujours de conserve.
Nous l'expliquerons plus tard avec plus de détails, en décrivant
le dispositif qui assure d'ordinaire cette indépendance, le diffé-
rentiel (§ 176).
Nous venons de voir quels organes essentiels doivent composer
les transmissions dans une voiture à pétrole. La combinaison la
plus généralement employée est la suivante : l'arbre moteur en
actionne un autre ordinairement placé dans son prolongement, et
que nous appellerons arbre principal, par un embrayage, qui
permet de relier le moteur au reste du mécanisme ou de l'en
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUE» MOTRICES 293
séparer, et qui parfois aussi est utilisé, pour produire les marches
avant et arrière et très accessoirement pour donner des change-
ments de vitesse. De l'arbre principal, le mouvement est trans-
mis à un arbre intermédiaire par engrenages, courroies ou pla-
teau de friction, ces organes étant chargés de produire les chan-
gements de vitesse, et les changements de marche, quand ils ne
sont pas donnés par l'embrayage. Cet arbre intermédiaire porte le
différentiel ou actionne un autre arbre qui en est muni. Enfin,
l'arbre différentiel conduit par chaînes Galle, engrenages ou
essieux articulés, les roues de la voiture.
Nous allons étudier successivement ces divers organes. Nous
décrirons ensuite les systèmes classiques de transmissions, qui les
mettent en œuvre, et enfin quelques autres beaucoup moins
employés que les précédents ordinairement basés sur l'emploi
d'organes assez compliqués, mais que leur ingéniosité rend par-
fois intéressants et même aptes à passer dans une pratique plus
courante.
167. — Embrayages. — Nous distinguerons les systèmes à
griffes, à friction (par cônes droits oiftenversés, à ruban), et les
systèmes divers : magnétique, hydraulique
1° Embrayages a griffes. — Us sont bien connus, avec leurs
deux manchons clavetés chacun sur l'un des arbres à relier, le
premier fixe, l'autre mobile longitudinalement, et munis de sail-
lants et de rentrants, qui s'emboîtent les uns dans les autres.
Pour les rendre propres aux changements de marche, on peut
employer le dispositif suivant : à l'extrémité de l'arbre moteur
est calée une roue dentée-, qui engrène constamment avec deux
roues d'angle faisant corps chacune avec une douille montée à
l'extrémité d'un arbre perpendiculaire au premier ; sur chacun de
ces arbres, se trouve un manchon d'embrayage à coulisse. Quand
les deux manchons sont éloignés des griffes qui leur correspondent,
les deux roues dentées tournent avec leurs douilles folles sur
leurs arbres, qui demeurent au repos. Quand on veut produire la
marche en avant, on pousse, vers les griffes de sa douille, le
294 l'automobile sur route
manchon calé sur l'arbre de la marche avant : la douille est ren-
due solidaire de ce dernier, qu'elle entraîne dans son mouve-
ment. Pour la marche en arrière, on embraie l'autre manchon.
L'embrayage à griffes a l'inconvénient de n'être ni progressif
ni élastique, par suite de ne pas adoucir les démarrages et d'éta-
blir entre le mécanisme et le moteur une liaison absolue, de sorte
que les efforts subis par la voiture se transmettent intégralement
jusqu'au moteur, risquant d'amener des ruptures dans les pièces
ou de produire le calage du moteur avec ses conséquences plus
ou moins graves : déréglage des soupapes... Pour cette raison,
on lui préfère d'ordinaire un des suivants.
168. — 2° Embrayages a friction. — A) A cônes droits. — Sur
chacun des deux arbres à conjuguer est calé un cône, lun fixe,
l'autre capable de se déplacer longitudinalement sous l'action
d'une fourchette, mue par des leviers et une pédale, pour péné-
trer dans le premier. La disposition la plus couramment em-
ployée est la suivante : l'arbre moteur porte le cône femelle>
l'autre le cône mâle, qu'un ressort maintient normalement appli-
qué à l'intérieur du premier. Un levier, mû par une pédale, per-
met au chauffeur de supprimer momentanément l'action du
ressort pour débrayer.
B) A cônes renversés. — Dans cette disposition, l'inclinaison
des génératrices est telle que le cône mâle ne peut être introduit
dans le cône femelle qu'en deux pièces, la dernière étant constiuée
par une bague conique qu'on commence par disposer à l'intérieur
du cône femelle, et qu'on relie ensuite par une vis au cône mâle
dont elle forme la surface extérieure. Le serrage s'obtient en
éloignant le fond du cône mâle de celui du cône femelle, par
traction, et non plus en rapprochant ces deux fonds par pression v
comme dans l'embrayage à cônes droits. Mais qu'on emploie lun
ou l'autre de ces systèmes, on exerce une poussée fâcheuse sur
l'un des paliers qui encadrent l'embrayage ; cette poussée est évi-
tée avec les systèmes suivants.
169. — C) A ruban. — Villard et Bonnafous. — L'un des em-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
295
brayages à ruban les plus employés est celui de MM. Villa rd et
Bonnafous (fig. 147-147 ter). X est l'arbre moteur à l'extrémité
Fig. 147. — Embrayage Bonnafous.
Vue d'ensemble.
duquel est calée la cuvette de friction B; Y l'arbre principal sur
Coupe et vue longitudinale*. Voe de face.
Fig. 147 bis et 147 1er. — Embrayage Bonnnfous.
lequel est clavetée la pièce C, dont on* voit (fig. 147 ter)la forme
assez particulière d'un bras radial à chape fondu avec un demi-
296 l'automobile sur route
disque. Autour de cette pièce, est enroulé le ruban A en acier
doublé de cuir : c'est un cercle non. fermé, qui porte à ses deux j
extrémités les manetons D, articulés, celui de gauche sur le
bras de la pièce C, celui de droite à l'extrémité du levier à
chape E, dont l'autre extrémité est, à la fois, attelée en G sur
la pièce C, et articulée à rotule avec le bout supérieur de la
bielle extensible J. EnGn, cette dernière est aussi articulée,
toujours par un joint à rotule, avec le bras du manchon d'em-
brayage I qui coulisse le long de l'arbre Y.
Dans la position de la fig. 147 bis, il n'y a pas contact entre la
surface intérieure de la cuvette B et le ruban A : l'appareil est
débrayé. Pour l'embrayer, il suffit de déplacer de droite à gauche
sur l'axe Y le manchon I ; le bras de ce manchon, guidé par le
roulement du galet L, sur la console P, force la bielle J à se
redresser, ce qu'elle ne peut faire qu'en agissant de bas en haut
sur l'extrémité gauche du levier E. Son extrémité droite applique
alors le ruban A contre la cuvette B, et de proche en proche,
celui-ci se colle contre la cuvette. Un réglage de l'appareil (facile
à obtenir en agissant sur la longueur delà bielle parles vis dont
elle est munie), permet de le disposer pour que l'application, tout
le temps progressive, du ruban contre la cuvette, ait fini de
s'opérer, quand le manchon à gorge a parcouru les deux tiers de
sa course : la compression donnée pendant l'autre tiers met en
jeu la plasticité et l'élasticité du cuir. Si on ajoute à cela qu'à
mesure que la bielle se rapproche de la verticale, à des éléments
égaux du chemin parcouru par le manchon correspondent des
éléments de plus en plus petits parcourus par le levier E, on
comprendra combien le serrage est progressif.
Quand le manchon à gorge I est à fond de course, la bielle J
a dépassé vers la gauche la verticale : elle tend alors à serrer
le galet L et le manchon I contre la pièce C, de sorte que l'em-
brayage se maintient sans aucune poussée de la fourchette, qui a
seulement servi à rapprocher le manchon.
- Mais, il ne se maintient que pour le sens de la rotation de
TRANSMISSION BU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 297
l'arbre X, qui tend à ouvrir le ruban;, dans l'autre sens, ou la
friction tend à le fermer, la grande branche du levier E céderait
et l'appareil glisserait. Cette propriété est précieuse pour amortir
les chocs dans la transmission : ceux-ci se produisent, en effet,
quand la roue conductrice de l'engrenage devient la roue con-
duite ; dans l'espèce, le glissement inséparable du changement de
sens dans la rotation de l'arbre moteur produit le desserrage, qui
empêche le renversement des rôles dans les roues en prise.
170. — Embrayages Gautier- Wehrlé et Julien. — La Société con-
tinentale d'automobiles emploie, pour ses voitures, l'embrayage à
ruban Gautier-Wehrlé, que représentent les fig. 148 et 148 bisy
accompagnées d'une légende suffisamment explicite.
Les flg. 149 et 149 bis montrent l'embrayage combiné par M.
Julien, et construit par la maison Benoit, type pour motocycles
et voiturettes, soit pour transmettre une puissance de 3/ 10e de
cheval à 100 tours.
Sur l'arbre moteur, est calé le manchon d'entraînement B
entouré par un ressort ouvert en acier trempé G semblable à un
segment de piston, sur lequel est fixée, par des rivets en cuivre,
une bande de cuir sec H, enveloppée à son tour par la cuvette
folle C dont le moyeu est claveté avec la roue de l'engrenage de
commande. Le ressort ouvert G tend à produire l'embrayage par
son élasticité même et conséquemment, avec une énergie maxi-
mum limitée par construction. A l'une de ses extrémités, est
fixée la plaque de butée J qui s'engage dans un évidement du
manchon B, et à l'autre, la plaque de desserrage I appuyée
continuellement sur le levier L qui est articulé dans une chape
du manchon. B. Perpendiculairement à son axe, ce levier porte
le tourillon d'un galet fou N que le coin P attenant au manchon
du levier ordinaire à fourchette, élève ou laisse descendre sui-
vant le sens de la manœuvre.
On se rend compte qu'au fur et à mesure du rappel de ce coin,
le galet N s'abaisse et permet au levier L d'osciller sous la réac-
tion du ressort G qui s'applique progressivement sur la paroi
298
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
intérieure de la cuvette C. Lorsque la pointe du coin P a dégagé
le galet N, l'appareil est complètement embrayé^et la transmis-
Élévation.
Coup? par l'axe moteur.
Fie. 148 et 148 bis. — Embrayage Gautier- Wehrlé.
a, arbre moteur ; 6, volant ; c, couronne saillante solidaire do volant ; d, ruban métallique garni de cuir e9
dont les extrémités sont munies de vis, pour régler la longueur du ruban et le relier aux branches n, n,
mobiles autour des axes o, o. Entre les branches n, n, coulisse, sous l'action de la fourchette visible sur
la 6g. 148, le manchon m, relié à l'axe g, par la clavette L Normalement le manchon tient les branche»
assez écartées pour que le ruban d soit appliqué contre la couronne c; alors le mouvement de l'arbre n
se transmet au manchon m et à l'arbre g. Quand le manchon est tiré dans le sens de la flèche s (par la
pédale de débrayage et un système de leviers qui exerce une traction sur la fourchette), les branches n ,«.
n'étant plus maintenues écartées, les extrémités «, t du ruban d s 'éloignant, le ruban n'adhère phi» à la
courroie et la transmission du mouvement ne se fait plus de l'arbre a a l'arbre g.
sion du mouvement s'effectue sans glissement, ni réaction laté-
rale sur les paliers.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
299
Comme le ressort G s'applique sur la cuvette en raison de son
énergie propre d'expansion, il n'est pas besoin de recourir à un
artifice de coincement, ce qui conduit à une grande douceur au
démarrage, du reste progressif, et évite l'emploi d'un organe de
réglage. L'élasticité donnée au ressort et l'amplitude ménagée à
l'oscillation du levier L sont toujours suffisantes pour que le cuir
s'use de toute l'épaisseur maximum prévue, c'est-à-dire jusqu'à
ce que les têtes encastrées de ses rivets viennent à être mises à
Vue en boni. Coupe longitudinale.
Fig. 149 et 149 bis. — Embrayage Julien. Type pour motocycle et voiturette.
nu. Le remplacement de ce cuir est, d'ailleurs, facile et écono-
mique.
Cet embrayage a, en somme, un très petit nombre d'organes,
simples et robustes, bien appropriés à Tautomobilisme.
Pour éviter que le ressort se déboîte, il est pourvu de quelques
ergots rivés, susceptibles de glisser librement dans des gorges
ménagées autour du manchon G. Enfin, il n'est pas sans intérêt
de remarquer que les projections d'huile susceptibles de jaillir sur
le cuir et de gêner l'action de l'embrayage en lubrifiant les sur-
faces en contact sont captées auparavant par le bord intérieur
d'une cavité ménagée autour du moyeu de la cuvette ; des trous
permettent l'échappement de cette huile.
300
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Dans l'embrayage Julien combiné avec une poulie de com-
mande et applicable aux voitures (fig. 150), des moyens spéciaux
dégraissage sont appliqués. L'un des bras de cette poulie forme,
à cet effet, un cylindre C contenant un piston P qui est soumis à
Faction de la force centrifuge et dont la face inférieure est mise,
par un trou 0 de 0,003 m., percé dans le cylindre, en communi-
cation avec l'atmosphère afin d'éviter la formation du vide.
Fig. 150. — Embrayage Julien,
Type à poulie pour voiture.
Fig. 151. — Embrayage Julien,
Transmissions à deux vitesses pour motocvcle.
L'huile est versée dans ce cylindre par l'ouverture que dégage
un bouchon à vis. Un ergot fixé dans le ressort à lame R, em-
pêche ce bouchon de se dévisser pendant le fonctionnement. Sous
la poussée du piston, l'huile tend à s'écouler sur l'arbre à travers
le tuyau en cuivre T. Ce système de graissage est, à la fois,
abondant et économique.
Sous cette forme, cet embrayage a été souvent combiné direc-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
301
tement avec un moteur à pétrole ; sa cuvette est alors fixée sur
le volant du moteur ou venue de fonte avec ce dernier, tandis que
le manchon à ressort est claveté sur le premier arbre du change-
ment de vitesse.
302 l'automobile sur route
Voici quelques données sur les types d'embrayage Julien :
Diamètre intérieur de la cuvette : 110 120 150 200 250 mm.
Puissance à 100 tours par minute : 1/5 1/3 1/2 1 2 chx.
La figure 151 représente le mécanisme d'un changement de
vitesse pour un motocycle ou une voiturette ne pesant pas plus
de 250 kg. Deux embrayages Julien, disposés symétriquement et
Fio. 153. — Embrayage à friction Piat.
Vue en bout.
manœuvres par un manchon commun à fourchette, permettent
de marcher à deux vitesses et de débrayer le moteur. Lorsque le
manchon est poussé vers la gauche, l'embrayage de droite qui
commande la petite vitesse, est accouplé et vice versa.
Dans les applications aux voitures où trois vitesses sont exigées
pour la marche avant et une pour la marche arrière, on adopte les
dispositions représentées dans la figure 152. Deux paires d era-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
303
brayages Julien disposés comme dans le cas précédent sont mises
enjeu et actionnées de la même manière; toutefois, leurs leviers
peuvent être rendus* solidaires d'une came de forme convenable,
manœuvrée par une seule tige ou par un volant.
*7* - — Embrayage Piat. — > Le système d'embrayage à friction
imaginé et breveté par la maison Piat, en vue des applications
aux automobiles, est représenté dans les figures ci-dessous. Use
~-r _-:^L- t — lIi
—*±
Fig. 153 bis. — Embrayage à friction Piat.
Coupe suivant l'axe.
compose de deux parties, la cuvette A et la poulie de friction
B, qui peuvent être combinées de deux manières : elles sont
respectivement calées sur deux arbres en prolongement l'un de
l'autre pour les accoupler, ou bien l'une est folle et l'autre fixe
sur un arbre commun, lorsqu'il s'agit d'embrayer et de débrayer
des poulies ou des engrenages, sans perte de vitesse par le glis-
sement, (fig 153 et 153 bis).
'304 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
La jante de la poulie de friction présente deux solutions de
continuité, diamétralement opposées; chaque moitié constitue
,une branche flexible, d'épaisseur décroissant à partir 'd'une
extrémité rigidement reliée au moyeu, jusqu'à l'autre, qu'un
mécanisme à vis tend à ouvrir ou laisse se refermer. Autour de
cette poulie, se trouve une garniture en cuir qui a pour objet
d'augmenter le coefficient de frottement et d'éviter le graissage.
Comme on \e voit, les deux vis dont les filets sont inclinés à
45°, et qui servent à l'extension des branches flexibles de la
poulie, sont commandées par des manivelles articulées au moyen
de petites bielles, de part et d'autre du manchon classique qui
participe à la rotation de l'un des arbres et peut y être déplacé
sous l'action d une fourche à levier.
L'axe de chacune des manivelles porte en prolongement une
de ces vis et tourne dans le bras radial de sa demi-branche
flexible ; cette vis agit dans un écrou tourillonné librement dans
une chape, articulée à une extrémité avec la partie mince de
l'autre demi-branche flexible.
Ces dispositions permettent à l'embrayage de s'effectuer d'une
façon progressive et sans choc, tout en se prêtant au débrayage
instantané. On voit, d'ailleurs, que l'appareil est complètement
équilibré; de plus, comme l'entraînement n'est produit que par
des pressions normales, à l'exclusion de toute poussée latérale,
il n'y a aucune résultante de translation dans le couple de rota-
tion.
Toutes les pièces de cet embrayage sont en acier coulé ; l'em-
ploi de ce métal a permis de réduire le poids au minimum et de
donner aux organes une grande élasticité avec une résistance
élevée; il en résulte, au surplus, une augmentation dans le coef-
ficient de frottement.
172. — 3° Embrayages divers. — Plusieurs autres embrayages à
friction sont appliqués encore à l'automobile, notamment le
système Mégy, que nous avons vu à l'exposition. des Tuileries.
Dans cet embrayage, le ruban circulaire est appliqué, par
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 305
l'intermédiaire de ressorts à boudin disposés suivant une corde,
contre la cuvette de friction; normalement, ces ressorts ne
pressent pas contre le ruban, mais exercent sur lui une poussée
quand on introduit une pointe entre eux. L'appareil est réver-
sible, il peut, avec un dispositif spécial, être utilisé pour les
changements de vitesse.
M. le commandant Krebs, ingénieur en chef des Établisse-
ments Panhard, a imaginé un embrayage magnétique, sur
lequel nous n'avons pas de renseignements, mais qui doit être
fondé sur un principe analogue à celui de M. de Bovet, dans
lequel, on le sait, l'adhérence est produite par l'aimantation
d'un électro, sous l'influence d'un courant.
M. Herschmann a combiné un embrayage hydraulique, où
^adhérence du ressort et de la cuvette de friction est produite
par l'huile, grâce au jeu d'une soupape u
M* Hall a aussi imaginé un embrayage hydraulique, pouvant
donner une vitesse variable, qui, d'après YEngineer, a fonc-
tionné sur une voiture, et dont l'exécution est d'ailleurs fort
compliquée *.
173. — Plateaux de friction. — L'arbre principal porte ou, en tout
cas, actionne un plateau (c'est ordinairement le volant qu? est
utilisé) contre lequel frotte un galet, dont le mouvement
entraîne l'arbre intermédiaire. Le galet peut coulisser le long de
l'arbre, de façon à produire la marche avant (quand il se trouve
d'un certain côté du plateau), l'arrêt (quand il arrive au centre),
la marche arrière (quand il passe de l'autre côté).
Le système est séduisant et simple, il se prête à des change-
ments insensibles de vitesse. Cependant on l'emploie peu, parce
qu'il offre de sérieux inconvénients: pour éviter le patinage ou
glissement du galet sur le plateau, qui occasionnerait une déper-
dition considérable dans la force transmise, on est conduit à
augmenter l'adhérence (qui est surtout faible près du centre) en
d. Revue industrielle, 10 septembre 4898.
2. Locomotion automobile, 2 février 1899, p. 67.
G. LAvnoNi. — L'Automobile sur roule. 20
306 l'automobile sur route
collant énçrgiquement le galet contre le plateau ; mais, alors cette
pression, par la poussée à laquelle elle donne lieu entre l'arbre
du plateau et l'un des paliers, par la résistance qu'elle oppose à
la rotation du plateau, absorbe de la puissance, et produit de
l'usure. On est enfermé dans un dilemme embarrassant. Le sys-
tème a cependant quelques protagonistes ardents, notamment
MM. Lepape et Ringelmann,
174. — Courroies. — Pour chaque vitesse, l'arbre principal
porte une large poulie fixée à demeure, et l'arbre intermédiaire
deux poulies juxtaposées, l'une calée, l'autre folle ; une courroie
dessert ce groupe de poulies. En la faisant passer, à l'aide d'une
fourche chargée d'assurer ses déplacements latéraux, de la
poulie folle à la poulie fixe, on produit l'embrayage.
Quelquefois, les jeux de poulies et de courroies sont remplacés
par une courroie unique et deux cônes à axes parallèles, disposés
de manière que la grande base de l'un soit en face de la petite
base de l'autre. Ces cônes sont à gradins, ou à jante lisse pour
permettre des variations progressives de vitesse. Avec eux, un
tendeur est indispensable pour embrayer.
On peut, au lieu de cônes, employer deux poulies extensibles : la
courroie ne chemine plus transversalement ; ce sont les diamètres
des poulies qui changent sous elle, pour la maintenir tou-
jours tendue et lui communiquer des vitesses variables (§ 183).
Le défaut d'adhérence est le gros inconvénient des courroies,
parce qu'il donne lieu à une notable déperdition de force. Pour
augmenter cette adhérence, on emploie quelquefois des courroies
de caoutchouc sur poulies garnies de cuir. Les autres défauts
consistent dans la nécessité de retendre souvent les courroies
et dans le grand espace occupé par le système. En revanche >
ses avantages sont précieux : il est simple, économique, assez
silencieux ; son élasticité écarte tout danger de rupture d'une
pièce quelconque, par un changement brusque de vitesse ou
autrement ; il permet d'utiliser comme frein la marche arrière ;
il n'en est pas de même avec les engrenages qui pourraient être
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES ' 307
brisés, si la voiture continuait à marcher en avant, après que les
engrenages auraient été mis en prise pour la marche arrière.
Avec les courroies, la marche arrière s '.obtient par un jeu de
poulies, que relie une courroie à brins croisés.
475. — Engrenages. — Sur lferbre principal sont fixés à
demeure, clavetés ou vissés et brasés, autant de pignons que l'où
veut de vitesses différentes. Sur l'arbre intermédiaire un nombre
Fig. 154. — Transmission à engrenages Rossel.
égal de roues sont aussi montées, qui restent libres de coulisser
longitudinalement, de manière à ce que, successivement,
chacune puisse être amenée en prise avec le pignon qui lui
correspond ; le plus souvent, elles sont portées par un manchon
qui glisse le long de l'arbre; parfois, comme dans la voiturette
Bollée, c'est l'arbre lui-même qui est mobile suivant son axe.
Les engrenages peuvent aussi s'attaquer non plus par le flanc,
mais par la circonférence (fig. 154): on établit alors la commu-
nication entre la roue calée sur l'arbre moteur et la roue montée
sur l'arbre intermédiaire, parallèle au premier, par un jeu de
pignons doubles formés de deux parties inégales, engrenant
Tune avec la la roue, l'autre avec la 2e. Les diamètres de ces
doubles pignons varient de façon telle qu'une même vitesse de
308 ' l'automobile sur route
F arbre moteur transmette k l'arbre intermédiaire des vitesses
différentes. Tous ces pignons sont montés sur un plateau tour-
nant autour de Taxe moteur, de manière à être amenés successi-
vement en prise avec la roue de l'arbre intermédiaire. Cette dis-
positon, imaginée par M. Rossel, de Lille, et appliquée par lui
à la voiture qu'il construisit en 1895, est encore utilisée par les
voitures Rochet, de la. Compagnie Générale des Cycles f. Elle
évite les chocs sur les joues des roues, mais n'en donne- t-elle pas
sur les dents elles-mêmes, plus graves que les précédents ?
Quelquefois ce sont les pignons montés sur l'arbre principal
qui coulissent le long de cet arbre, et non les roues dentées,
qui sont alors calées sur l'arbre intermédiaire. Ces dernières, au
lieu d'être juxtaposées sur cet arbre, peuvent être concentriques:
Taxe sur lequel sont montés les pignons occupe alors la position
du diamètre horizontal de la circonférence commune (6g. 283,
transmission Henriod).
Les rayons respectifs de ces engrenages sont calculés de
manière à réduire le nombre de tours de l'arbre principal dans
les proportions qui conviennent aux vitesses à obtenir pour la
voiture*. Ils devraient aussi l'être, de manière à laisser le moteur
1. A. Witz., Moteurs à gaz et a pétrole et Voitures automobiles, t. III,
p. 565.
2. La plus forte réduction que nous ayons eu l'occasion de voir appliquer
est celle de 18 à 1, employée par M. Kricger dans son avant-train moteur
électrique (§ 299). Or nous avons vu à l'Exposition de 1899 un appareil à
engrenages hélicoïdaux pour changements de vitesse et embrayages pro-
gressifs, sur lequel nous croyons utile d'attirer l'attention.
Cet appareil (fig. 154 bis et 154 ter), dû à M. Humpage, est placé dans le
carter M, et relie bout à bout les deux arbres : sur celui de grande vitesse
est monté le pignon B, qui engrène avec la roue dentée E, engrenant elle-
même avec la roue H, que nous supposerons pour le moment fixée au
carter M ; avec la roue E tourne la roue F, de diamètre plus petit, qui
entraîne le pignon G calé sur l'arbre de petite vitesse. Si nous appelons B,.
E, F, G, H, les nombres de dents des roues désignées par ces mêmes
lettres, le rapport de réduction du nombre de tours est
N=E.G(H + B)
B (EG — Fil)*
En* faisant varier les nombres de dents, on peut donner à N des valeurs
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 309
marcher à sa vitesse de régime (à laquelle il donne les meilleurs
fort diverses, même sans changer les dimensions des engrenages ni le
Fio. 154 bis. — Engrenages épicycloïdaux Hampage. Vue perspective.
Fio. 154 ter. — Engrenages épicycloïdaux Hampage. Demi-coupe longitudinale.
nombre total des dents. L'appareil exposé donnait, sous un petit volume,
un rapport de réduction égal à 100.
Si, au lieu de solidariser H avec le carter M, on l'en rend indépendant,
340
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
rendements économiques), quelle que soit la vitesse de la voi-
ture, qui, elle, doit être basée sur le profil de la route. Cette
seconde condition n'est pas toujours remplie: il n'est pas rare
de voir la vitesse du moteur diminuer quand on met la voiture à
sa petite vitesse, comme cela est
nécessaire pour lui faire gravir
une rampe; et il est assurément
peu logique que le moteur ne
développe pas son effort maxi-
mum, au moment où le travail
à produire est lui-même le plus
grand.
La marche arrière, qui ne se fait
d'habitude qu'avec la petite vi-
tesse, s'obtient par l'interposition,
dans le harnais d'engrenage cor-
respondant, d'un pignon supplé-
mentaire.
La transmission par engrenages a le double avantage de
réduire à leur minimum remplacement nécessaire et la déper-
dition de force, si les dents sont bien taillées. Mais elle est
Fig. 155. — Roue à calage pour
clavette mobile (Dispositif Lang).
tant que cet engrenage sera libre, il tournera fou autour de l'axe G, et le
mouvement du pignon B ne se transmettra pas a cet arbre. Mais si, avec
un frein entourant la poulie N, on immobilise le pignon H, la transmission
du mouvement se fait. Ainsi modifié, l'appareil permet les débrayages et
embrayages progressifs.
Indépendamment des grandes réductions de vitesse qu'il rend possibles
cet appareil a d'autres avantages :
1° Sous une forme 1res ramassée, dans un carter qui met ses organes à
l'abri de la poussière et de l'usure, il assure les deux services d'embrayages
et de changements de vitesse;
2° Son rendement est très élevé : 3 kilowatts ont pu être transmis d'un
arbre tournant à 800 tours à un autre n'en faisant que 100, avec un rende-
ment moyen de 90 %.
3° Par suite de l'emploi de deux équipages satellites diamétralement
opposés, le moment de rotation est remplacé par un couple, et les réactions
sur les paliers sont supprimées. En outre, le travail étant réparti entre
ces deux équipages, les dents fatiguent beaucoup moins.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 311
coûteuse, sans élasticité, bruyante (si on n'emploie pas des
engrenages en cuir vert ou si on ne peut utiliser des engre-
nages à chevrons). Elle ne permet pas de faire graduellement
passer le véhicule d'une vitesse à une autre. Pour changer de
vitesse, il faut débrayer et changer les engrenages en prise ; or,
que ce changement s'opère par glissement des roues parallèle-
ment aux pignons, comme nous le croyons préférable, ou par
rapprochement des arbres, s'il n'est pas effectué avec adresse, les
dents sont faciles à détériorer.
Pour éviter ce dernier inconvénient, on peut employer le dis-
positif Lang, représenté ci-contre (fig. 155), qui laisse toujours
en prise les pignons et les roues, celles-ci étant folles et leur
calage étant successivement obtenu par le déplacement, à l'in-
térieur de l'arbre intermédiaire creux, d'un autre arbre a
porteur d'une clavette Z>, ne calant qu'une roue à la fois. Le
calage des roues folles peut aussi être obtenu par des manchons
d'embrayage, comme dans les systèmes Julien (fig. 151 et 152)
et Duryea (fig. 292 bis).
176. — Engrenages différentiels et encliqnetage. — Supposons que
les deux roues motrices d'une voiture soient calées sur leur
essieu, de façon à être obligées de faire constamment à une
vitesse commune le même nombre de tours: sur une route
droite, en l'absence d'obstacles retardant inégalement les deux
roues, celles-ci tourneront de conserve sans glisser : mais dès
qu'elles auront à opérer le moindre virage, la roue intérieure,
ayant moins de chemin à parcourir, patinera, engendrant un
travail de frottement, qui se traduira par une usure du bandage,
une mobilité moins grande du véhicule, pouvant jusqu'à un
certain point compromettre sa sécurité. Le différentiel a juste-
ment pour but de faire cesser la solidarité des deux roues.
L'essieu, au lieu d'être d'une seule pièce est coupé en deux
moitiés a, a' (fig. 156), sur chacune d'elles sont montés, d'un
coté une des roues /\r', de l'autre un pignon b, b' engrenant
avec les pignons c c' ; ces derniers sont mobiles autour de leurs
312
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
axes, dirigés suivant deux rayons de la couronne dentée d et
solidaires de cette dernière qui est actionnée par l'arbre moteur,
Fv
T
k
'/■-
■%
JiL
r\
Fig. 156. — Schéma d'un différentiel à pignons coniques.
grâce au pignon qu'on voit au-dessus d'elle. Avec ce dispositif ,
Fig. 157. — Différentiel à pignons plats.
les roues proportionnent leurs vitesses respectives aux chemins
qu'elles ont à parcourir.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 313
Àu lieu d'être constitué par des engrenages coniques, le dif-
férentiel peut l'être avec des engrenages plats, moins encom-
brants (fig. 157).: Coniques ou plats, ils sont ordinairement
renfermés dans un carter à huile, qui les préserve contre la
poussière et leur assure un graissage parfait.
Dans ce que nous avons dit, nous avons supposé que les roues
étaient calées sur l'essieu; or, en général, comme nous allons le
voir, elles sont folles sur lui, mais actionnées par des chaînes
Galle engrenant avec des pignons calés sur l'arbre intermé-
diaire. Cette liaison les rend aussi solidaires que dans l'hypo-
thèse admise, et rend le différentiel aussi nécessaire qu'avec
cette dernière.
Il peut être remplacé par un encliquetagé.
Encliquetage. — MM.. Brouhot et Cie adaptent au moyeu de
chaque roue une couronne dentée (fig. 285), et à chaque extrémité
de l'essieu un plateau porteur d'un axe autour duquel est arti-
culé un cliquet à trois branches, celle du bas étant engagée dans
une cavité de l'essieu. Quand celui-ci tourne, le cliquet oscille
autour de son axe et l'une ou l'autre 'de ses branches supé-
rieures, suivant le sens de la marche, s'engage dans Tune des
encoches de la roue dentée et entraîne la roue du véhicule. Dans
un virage, la roue extérieure, pour prendre une vitesse plus
grande que l'autre, n'a qu'à fuir devant le cliquet; celui-ci
revient au contact de la roue dentée, quand les vitesses sont
redevenues les mêmes.
177. — Chaînes Galle. — L'arbre intermédiaire porte deux
pignons, qui sont reliés à deux roues dentées (montées chacune
sur les rais ou sur le moyeu d'une roue motrice du véhicule) par
des chaînes Galle. Les chaînes employées en automobilisme
sont analogues à celles que l'on fait pour les bicyclettes, à blocs
ou à rouleaux.
Les chaînes à blocs sont composées de maillons allongés, qui
servent de logements aux dents des roues, et que des rivets en
acier durci relient à d'autres maillons plus courts et pleins.
314
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Dans les chaînes à rouleaux, tous les maillons sont allongés,
mais les uns portent à l'intérieur, faisant corps avec eux, des
douilles traversées par des rivets, qui relient les maillons et
forment un tourillon, autour duquel peut tourner librement le
rouleau. Le glissement des maillons pleins du premier système
sur les dents des engrenages est remplacé, dans le second, par
le roulement des rouleaux, et il doit y avoir de ce fait moins de
Fig. 158. — Chaîne à blocs Benoit.
force utile absorbée ; il n'y a en somme qu'un axe au lieu de
deux. Il resterait à savoir si la solidité est la même. En fait,
c'est la chaîne sans rouleaux qui est la plus employée.
M. Benoit (ancienne maison Galle) construit la chaîne sans
rouleaux que représente la figure 158, combinée pour faire porter
Fig. 159. — Chaîne à simples rouleaux Benoit.
le frottement et l'usure sur deux surfaces trempées, formant
l'une l'intérieur des maillons pleins à deux œilletons, l'autre
l'extérieur des douilles entourant les axes ; le rivetage de ces
derniers assure la fixité de ces douilles qui, d'ailleurs, sont
encastrées dans les maillons plats au tiers de leur épaisseur.
L'usure est, en effet, le grand ennemi de la chaîne, car en
allongeant son pas, elle empêche l'exact emboîtement des
dents par les maillons, et le jeu qui en résulte, occasionne des
pertes dans la transmission de la force.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
315
M. Benoit s'est aussi préoccupé de remplacer les chaînes à
blocs par des chaînes à doubles rouleaux; les dimensions en
sont calculées de telle sorte qu'on puisse les substituer aux
premières sans rien changer aux roues dentées. Relativement
aux premières, ces chaînes procurent une plus grande douceur
de roulement ; elles sont un peu plus délicates, mais en revanche,
moins sujettes aux ruptures que les chaînes à blocs.
Un troisième type de chaîne a été mis en usage; la figure 159
montre comment la maison Benoit l'établit. On voit que le même
intervalle est ménagé entre tous les rouleaux et qu'il y en a un
seul dans chaque dent. Cette chaîne présente les avantages du
deuxième type, tout en étant plus légère et moins chère1.
178. — Chaîne Renolds. — La chaîne Renolds, dite Varietur, a
été conçue pour éviter les inconvénients dûs à rallongement du
pas (fig. 160): les maillons dont elle est formée, sont reliés par
1. 11 est évidemment désirable d'arriver à l'unification des chaînes, en
traçant des règles qui puissent guider les constructeurs, sans leur imposer
d'entraves gênantes. Le Touring-Club a organisé une Commission, qui
a proposé les dimensions suivantes, qui semblent devoir faire face à tous
les besoins :
CHAIXES A BLOCS ET A DOUBLES ROULEAUX
CHAINES A SIMPLES R(
3ULEAUX
plein
(mm.)
pas
(mm.)
largeur
(mm.)
plein
(mm.)
pas
(mm.)
largeur
(mm.)
35
20
24
25
13
11
40
20
28
30
15
13
45
20
32
35
20
16
50
20
36
. 40
20
18
60
25
42
50
25
22
70
30
48
60
30
27
85
35
60
75
35
33
100
40
70
Par plein on doit entendre la longueur des parties pleines ; par largeur,
la largeur intérieure du vide ; le pas est égala la longueur du plein et du
vide.
316
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
des axes autour desquels ils peuvent tourner ; ils ont leur partie
supérieure légèrement courbe et leur partie inférieure constituée
par deux dents triangulaires raccordées par un demi-cercle*
Lorsque la chaîne s'enroule sur un engrenage, dont la denture
a été taillée au profil convenable, les deux séries de maillons
articulés sur le même axe (car, ainsi que le montre la figure,
plusieurs rangées de maillons sont juxtaposées pour donner à
l'ensemble la résistance que Ton désire) s'enfoncent comme des
Fig. 160. — Chaîne Benolds. (Varietur.)
coins entre les dents qu'ils embrassent énergiquement. Que le
pas vienne à changer par un allongement éventuel de la chaîne,
les coins triangulaires s'enfoncent moins entre les dents, mais
l'engrènement reste aussi étroit. On revendique aussi comme
avantages de la chaîne varietur la forme de sa partie supérieure
assez semblable à celle d'une courroie et qui empêche plus ou
moins la poussière de s'introduire dans les dents des roues
dentées ; les dents de la chaîne l'en chassent d'ailleurs un peu.
Dans le but d'obvier aux ruptures de maillons, en somme
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 317
assez fréquentes pour nécessiter la présence dans la voiture
d'une chaîne de rechange, certains constructeurs, notamment
MM. Jacquet et Bordet, ont cherché à faire des chaînes à
maillons assez facilement démontables, pour que le remplace-
ment d'un maillon rompu soit possible en cours déroute1.
Quel que soit son système, la chaîne établit entre l'arbre diffé-
rentiel et l'essieu, dont la distance varie avec la flexion des res-
sorts, la connexion flexible qui leur est nécessaire : pour que la
distance varie le moins possible, entre ces deux organes, on les
relie par une bielle, articulée à ses- deux extrémités, qui force
l'essieu à décrire une portion de cylindre circulaire autour de
l'arbre*. Pour le lui permettre, on emploie des ressorts à extré-
mités arrondies assez flexibles et on les relie au châssis par des
jumelles, qui leur permettent un certain jeu; si on a recours
aux ressorts à pincette, on ménage aux pièces qui relient les
ressorts au châssis la possibilité de glisser dans des goussets.
La rupture d'une chaîne qui ne laisse plus qu'une roue
motrice à la voiture, peut faire verser cette dernière, si elle
marche à grande vitesse; en tout cas, elle l'empêche de conti-
nuer sa marche, parce que la roue qui est restée motrice décrit
un cercle autour de l'autre devenue inerte. Si on pouvait, en
bloquant le différentiel, donner aux roues la solidarité qui leur
manque, on pourrait- avec une seule chaîne, regagner le gîte;
c'est ce qui a lieu dans la voiture Orient-Express : une bague
glisse sur une douille et, en s'enfonçant dans une griffe, bloque
le différentiel.
Le principal avantage de la chaîne est la flexibilité qu'elle
assure à la transmission : cette flexibilité est fort précieuse avec
le moteur à pétrole dont le couple varie à chaque instant; avec
1. Voir (§ 313) la chaîne-courroie Elieson.
2. On réduit la composante horizontale de ce mouvement en disposant
l'arbre et l'essieu à peu près dans le même plan horizontal, ou en inclinant
les ressorts à pincette, de manière que le déplacement relatif se fasse sui-
vant une tangente à la courbe-de flexion des sommets des ressorts.
318
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
le moteur électrique, qui donne un couple constant, on peut
facilement se passer de la chaîne et confier la transmission à
des engrenages, qui ont l'avantage de pouvoir être renfermés
dans un carter et de permettre le lavage de la voiture à la lance.
179 Systèmes acatdnss. — Malgré leurs défauts, mais à cause
de leur simplicité, les chaînes, dont on a tant médit, restent,
avec les automobiles, comme avec les bicyclettes, l'organe de
transmission le plus généralement employé pour relier à l'arbre
intermédiaire les roues motrices. Cependant, toujours comme
pour les bicyclettes, on a essayé de s'en passer dans certains
Fto. 161. — Essieu articulé de Dion-Bouton.
systèmes dits acatènes, qui remplacent les chaînes par des
organes plus faciles à vérifier et moins sujets à se rompre.
Système A. Bollée Dans les voitures A. Bollée, l'arbre du
différentiel se termine, à chacune de ses extrémités, par un
pignon d'angle engrenant avec un autre pignon, calé sur un
arbre dirigé suivant la longueur du véhicule, et qui porte à son
autre bout un deuxième pignon d'angle, en prise avec une
couronne dentée fixée sur la roue correspondante du véhicule.
Chacun de ces arbres longitudinaux est brisé deux fois, par des
joints à la Cardan, qui lui permettent de prendre toutes les
inclinaisons nécessaires pour suivre les déplacements relatifs
de la caisse (fig. 275 et 276).
Essieux articulés de Dion-Bouton st Gautier- Wehrlé. — Il est enfin
un dernier mode de transmission du mouvement aux roues.
TRANSMISSION DL" MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
319
•motrices, celui des essieux articulés, qu'emploie la plus ancienne
maison de construction automobile, celle de MM. de Dion et
Bouton. Ce système d'essieux articulés a, comme d'ailleurs les
systèmes acatènes en général, l'avantage de permettre pour les
roues motrices le carrossage (inclinaison de la fusée sur l'hori-
zontale), qui est presque inapplicable avec la commande ordinaire
par les chaînes, à cause de la nécessité pour les roues de se
mouvoir dans le même plan vertical que les chaînes. Il est
représenté par la figure 161 : le mouvement du différentiel est
Fio. 162. —Essieu articulé Gaatier-Wehrlé.
A, arbre reeerant le mourement de l'arbre de* changement! de Titesse ; B, pignon monté rar l'arbre
A ; C, couronne du différentiel monté sur l'arbre DD. E, E joints universels transmettant le mouTement
de Taxe D D aux arbres F, F ; H, H joints universels transmettant le monrement des arbres F, F aux
fusées, sur lesquelles sont ealées les roues L, L. K, K ressorts supportant le châssis. Quand l'une des
roues s'éléTe ou s'abaisse plus que l'autre, l'inclinaison des arbres F, F se module en conséquence. Le*
eboses sont calculées pour qu'à pleine charge, l'essieu soit au plus boriaontal. Les roues sont carrossées.
transmis aux jantes en bois des roues motrices par des axes
articulés et des rais métalliques indépendants des rais en bois :
les joints, à la Cardan, permettent aux axes de se plier aux iné-
galités du sol, sans imposer la fatigue aux ressorts de la suspen-
sion, et les rais métalliques évitent la fatigue de la commande
aux rais en bois, qui ont simplement à supporter la charge du
véhicule.
MM. Gautier etWehrlé relient .l'arbre intermédiaire, par des
axes à rotules, aux fusées sur lesquelles sont calées les roues
motrices (fig. 162 avec légende).
180. — Transmissions dans les voitures à vapeur. — La progressi-
vité de l'action de la vapeur, qui rend inutile l'intervention d'un
320 l'automobile sur route
embrayage pour adoucir les démarrages ; l'élasticité du moteur,
qui permet de réduire beaucoup le nombre des changements
mécaniques de vitesse ; la facilité de la marche arrière, qui se
fait toujours par renversement de la vapeur, facilement obtenu
à l'aide de coulisses et d'excentriques, simplifient beaucoup ces
transmissions.
Omnibus de Dion-Bouton. — L'arbre moteur actionne, par
l'un des deux jeux d'engrenages, de grande ou de petite vitesse,
l'arbre différentiel, dont le mouvement est communiqué aux
roues motrices par essieu articulé.
Omnibus Scotte. — L'arbre manivelle commande encore par
deux couples de pignons, un premier arbre intermédiaire,
qu'une chaîne Galle relie à l'arbre différentiel, qui à son tour
actionne, par deux chaînes semblables, les roues d'arrière du
véhicule.
Omnibus Weidkneckt. — Le mouvement est transmis à l'arbre
différentiel par engrenages et aux roues par chaînes Galle.
Omnibus de la Cie Gl° des Automobiles. — 11 est actionné par
un moteur rotatif, dont l'axe est muni d'un embrayage à
friction ; des engrenages entraînent l'arbre différentiel, que des
chaînes relient aux roues motrices.
Voitures Serpollet. — L'arbre manivelle commande par un
pignon la roue du différentiel, dont l'arbre en deux parties mène
les roues d'arrière; les changements de vitesse sont assurés,
dans des conditions, paraît-il, fort satisfaisantes, par le seul
moteur.
Le système des engrenages étant dans les voitures à vapeur,
•fort simplifié, et pouvant d'un autre côté, transmettre mieux
qu'un autre aux roues l'effort moteur considérable mis en œuvre
dans ces véhicules, il n'y avait aucune raison d'appliquer -à ceux-
ci les systèmes par courroies ou plateau de friction; aussi nous ne
sachons pas que semblable application ait jamais été faite.
181» — Transmissions dans les voitures à pétrole. — C'est, nous
l'avons dit, pour ces voitures que la transmission est la plus coin-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
321
plexe; aussi allons-nous y voir figurer, d'ailleurs diversement
groupés, les divers organes que nous avons étudiés.
1° Systèmes a engrenages. — Tricycle de Dion-Bouton. — 11
I cr
s
'3
*> P
2 &
c 2
U S
c
s
O
&
6
n'y a pas d'embrayage, ni de marche arrière. L'axe moteur
commande simplement les roues par un petit pignon, qui
engrène avec une roue montée sur la boîte même du différentiel.
La fixité de cette démultiplication qui n'a d'autre cause que la
G. Lati
■ L'Automobile sur route.
21
322 l'automobile sur route
simplicité indispensable à un motocycle, n'est, cela va sans
dire, qu'assez peu favorable à la bonne utilisation du moteur,
parce qu elle lui impose souvent une vitesse autre que celle de
son régime. On y remédie autant que possible en faisant varier
la composition du mélange carburé, et même l'avance à l'allu-
mage. Mais, pour monter les côtes un peu raides, surtout quand
le tricycle remorque une voiturette ou est transformé en quadri-
cycle par l'adjonction d'un avant-train, il est de toute nécessite
de pouvoir réduire encore la vitesse.
On a pour cela recours à un démultiplicateur, qui atteint son
but par l'adjonction d'un nouveau train d'engrenages. Les
démultiplicateurs ont un autre avantage, celui de permettre
le débrayage du moteur; cette faculté est précieuse, quand le
tricycle doit être actionné par les seules pédales ou même poussé
à la main , car, en supprimant le travail dû à la compression
de l'air dans le moteur, elle diminue beaucoup la fatigue impo-
sée au motocycliste.
Nous décrirons plusieurs démultiplicateurs (§ 253). Nous nous
contenterons de donner ici l'appareil de changement de vitesse,
de M. R. de Metz, applicable aux voitures légères, en même
temps qu'aux motocycles (fig. 163 à 163 ter).
Système R. de Metz. — L'arbre moteur A porte vissée à son
extrémité la partie B, munie de canaux qui distribuent aux
points à lubrifier l'huile du graisseur H. Sur B est claveté un
manchon d'embrayage G, que la fourche R, actionnée par le
chauffeur, permet d'isoler pour le débrayage et d'amener succes-
sivement en prise avec les pignons D et E pour les petite et
grande vitesses. Quant il engrène avec E, le mouvement de
l'arbre A est transmis directement au pignon K, monté sur le
même arbre creux que le pignon E. Quand, au contraire, le
manchon C est solidaire du pignon D, celui-ci, par le grand
pignon marqué aussi D placé au-dessous et le pignon Q, calés
l'un et l'autre sur l'arbre M, actionne le pignon E et dès lors le
pignon K; mais le mouvement n'est transmis qu'après avoir
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 323
subi deux démultiplications. La figure 163 ter représente le col-
lier, à l'aide duquel on fixe le démultiplicateur sur le gros tube
arrière du tricycle, au point voulu dans le sens transversal;
le réglage en hauteur se fait au moyen d'une pièce en queue
d'aronde, commandée par la vis que l'on voit au bas de la
figure1.
Voitures Panhard et Levassor (fig. 262 et 263). — L arbre moteur,
dirigé horizontalement dans le plan longitudinal médian de la
voiture, est relié, par un embrayage à friction normalement en
prise, avec l'arbre principal porteur de 4 pignons. Les 4 roues
dentées, destinées à venir au contact de ces pignons (par le
coulissage d'un manchon) sont montées sur un arbre placé au-
dessus de l'arbre principal et qui se termine par un pignon
d'angle, avec lequel un levier spécial permet d'amener en prise
l'un ou l'autre de deux pignons montés sur le différentiel, pour
donner les marches avant et arrière; en isolant les pignons lçs
uns des autres, on produit l'arrêt.
L'embrayage à friction ne sert donc pas normalement pour ce
dernier; il est cependant employé pour rompre la communica-
tion entre le moteur et la transmission, quand on veut, en cours
de route, annuler brusquement la force vive de la voiture; il est
surtout destiné à assurer la douceur des démarrages et des
passages d'une vitesse à une autre. L'arbre différentiel porte les
pignons des chaînes qui actionnent les roues motrices.
Citons encore comme transmissions à engrenages celles des
maisons Peugeot (§ 268), Landry-Beyroux, Gauthier-Wehrlé, qui
seront décrites en même temps que leurs voitures (§ 274 et 275),
et comme transmissions à engrenages avec roues toujours en
prise, celles des voitures David, Brouhot (§ 277 et 278).
i. Nous citerons l'appareil Jametel, que nous avons vu à l'Exposition de
4899 : il esta deux vitesses, et le passage de l'un à l'autre se fait à l'aide
d'embrayages à friction. 11 permet de mettre le moteur en route, le moto-
cycle restant à l'arrêt, et, paraît-il, de démarrer (à la petite vitesse) sans
pédaler, même sur rampes de 6 à 8 °/0. Quand le motocycle marche à sa
vitesse normale, aucun pignon supplémentaire ne tourne.
324
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Voitures Gaillardet. — Dans le système de la Société Française
d'Automobiles à moteurs Gaillardet, les roues dentées font
partie intégrante de la boîte du différentiel. Elles sont embravées
Fia. 161. — Changement de vitesses Gaillardet pour voitures.
Coupe verticale de l'ensemble.
A, arbre du moteur; B, bâti-carter do moteur; C, embrayage; D, arbre de l'embrayage; E, pignon de
commande; F, entraineur élastique; G, différentiel du changement de marche; H, H , pignons cônes du
changement de marche; 1, manchon de la marche avant; J, arbre intermédiaire; K, L, M, N, pignons
des vitesses sur l'intermédiaire; K1, L1, M1, N1, roues des vitesses sur le différentiel; O. différentiel;
P, arbres du différentiel; P1, arbres articulés commandant les roues; Q, croix de l'entraîneur élastique ;
Et, mue de commande de l'arbre intermédiaire; S, rondelles Belleville de l'entraîneur; T, fourchette* de
l'embrayage de vile«!*e; U, came des fourchettes; V, arbre des cames; X, ressort des cames; Y, douilles
des report?.
avec les pignons portés par l'arbre principal, à l'aide de man-
chons, mus par des cames montées sur un arbre spécial, en
même temps qu une autre came destinée à interrompre l'arrivée
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
325
dans le cylindre des gaz tonnants, de manière à ralentir l'allure
du moteur lors de chaque passage d'une vitesse à une autre.
Le système de transmission Gaillardet, que représentent les
figures 164 à 165 bis, accompagnées d'une légende, offre des
particularités intéressantes :
1° La marche arrière se fait par un différentiel spécial, indé-
pendant du différentiel ordinaire, et sur lequel on freine pour
le mettre en action au moment voulu. On y trouve l'avantage
Coupe horizontale montrant l'arbre des cames
Kiilrctltirtur eIa*li(jg#T
Fio. 165 et 165 bis. — Transmission Gaillardet pour voitures.
de pouvoir marcher en arrière à toute vitesse, et surtout de
passer très vite de la marche avant à la marche arrière (sans
avoir à changer préalablement de vitesse).
2° Le mouvement de l'embrayage est transmis à l'arbre inter-
médiaire du pignon de vitesse par un entraîneur élastique avec
rondelles Belleville : ce dispositif assure la douceur de l'entraî-
nement.
3° La transmission du mouvement de l'arbre différentiel aux
roues se fait par un arbre à la cardan, analogue â celui de
MM. de Dion et Bouton, mais agissant directement sur les
fusées solidaires des roues et ayant l'un de ses assemblages un
peu modifié.
326
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Bloc-Transmission Montanban-Marchandier (fig. 166). — Il a,
comme son nom l'indique, l'avantage de former un bloc qui
facilite le montage de la voiture.
L'arbre B porte deux engrenages coniques a et b, qui
peuvent, à tour de rôle, l'entraîner dans le sens des marches
avant et arrière, quand le manchon placé entre eux les solida-
rise l'un ou l'autre de l'arbre B. On reconnaît sur l'arbre B les
pignons 1, 3, S, 7 et sur l'arbre G les roues 2, 4, 6, 8 des
changements de vitesse, et entre ces dernières, le différentiel.
Fio. 166. — Bloc-transmission Montnuban-Marchandier.
Pignons calés et roues folles engrènent toujours ensemble, et
celles-ci sont rendues, au moment voulu, solidaires de l'arbre
C par des manchons qui sont commandés, comme celui des
changements de marche, par des fourchettes, dont les talons
coulissent dans les rainures portées par le cylindre D. Celui-ci
est actionné par le chauffeur de son siège, à l'aide d'un volant
de deux petites roues et d'un bout de chaîne de bicyclette.
182. — Avant-train automoteur Prétot. — Avec l'avant-train
automoteur Prétot, nous arrivons à un système tout différent des
transmissions ordinaires par engrenages, et qui, sous sa compli-
cation peut-être encore plus apparente que réelle, cache de réels
avantages.
L'arbre a est ou l'arbre moteur, ou plus rarement, un arbre
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
327
secondaire relié à ce dernier par un engrenage ou une courroie
donnant une première réduction de vitesse, d'ailleurs constante.
Sur lui, est calée la roue A, qui est représentée dentée, pour le
cas où elle communiquerait le mouvement de l'arbre moteur à
l'arbre a qui serait secondaire. Cette roue porte 4 moyeux, des-
tinés à recevoir chacun un axe Z>, parallèle à l'arbre a et solidaire
d'un pignon planétaire B, engrenant avec le moyeu denté c, fou
sur Taxe central. Ce moyeu fait corps avec un pignon, sur lequel
Vue en bout.
Coupe.
Fig. 167 et 168. — Transmission à engrenages pour avant-moteur Prétot.
est montée la chaîne Galle, destinée à communiquer au diffé-
rentiel, le mouvement de la couronne A .
Pour le faire dans les conditions de vitesse qu'on veut
réaliser, on a calé sur chaque axe b un groupe de pignons,
venus tous ensemble de fonte 1, 2,3,4, engrenant respective-
ment avec des roues folles sur l'arbre # , mais pouvant à tour de
rôle être immobilisées par des rubans, formant freins autour
des disques D respectivement solidaires des roues.
Quatre cames E sont respectivement établies en face de chacun
«des disques D et montées sur un arbre latéral susceptible d'être
tourné au moyen d'un pignon denté et d'une crémaillère. Ce
sont ces cames qui produisent le serrage des freins, par le dispo-
sitif visible sur la gauche de la figure 167. Qu'une des roues soit
328 l'automobile suk kolte
ainsi rendue fixe, pendant que le plateau A tourne en entraînant
les axes Z>, les pignons en prise avec cette roue tourneront aussi
et feront tourner les pignons B, le moyeu c et le pignon de la
chaîne Galle.
Supposons que l'engrenage 3 soit en prise ; ainsi que le repré-
sente la figure 167, comme sa roue est plus grande que le moyeu c,
et que par suite son pignon est plus petit que les pignons B, si
la roue A tourne dans le sens de la flèche, le moyeu c sera
entraîné dans le même sens, avec une vitesse proportionnelle à
la différence des nombres de dents des roues montées sur les
mêmes axes; c'est le sens de la marche avant.
Le même résultat se produit, si l'engrenage 4 est mis en jeu :
la voiture marche encore en avant, mais avec une vitesse supé-
rieure à celle de tout à l'heure .
Avec l'engrenage #, dont la roue et le pignon ont respective-
ment le même diamètre que c et B, il n'y a plus de différence
entre les nombres des dents des roues montées sur les mêmes
axes ; le moyeu c ne reçoit aucun mouvement : la voiture est au
repos.
Quand enfin la roue / est en prise, comme elle a un diamètre
inférieur à celui de c, la roue A continuant à tourner dans le
sens de la flèche, le moyeu c est entraîné en sens inverse ; c'est
le cas de la marche arrière.
Le simple déplacement de la crémaillère, qui fait tourner
l'arbre des cames E, donne donc les changements de vitesse,
l'arrêt et le changement de marche.
183. — 2° Systèmes a courroœs. — Voitures Benz. — Dans le
type Roger, tel que le construit actuellement la Compagnie
Anglo-Française, sur l'arbre manivelle sont montées deux larges
poulies, d'inégaux diamètres, et sur l'arbre intermédiaire, deux
couples de poulies l'une fixe, l'autre folle, ayant à elles deux la
largeur d'une des poulies de l'arbre manivelle. Il y a donc deux
vitesses. Un autre jeu de poulies donne la marche arrière, avec
une courroie à brins croisés. L'arbre intermédiaire porte deux
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
329
pignons qui actionnent par chaînes l'essieu moteur, muni du
différentiel, et sur les deux parties duquel sont calées les roues
motrices. Cette transmission est rustique et peu coûteuse.
Fio. 169. — Marche arrière Roc het- Schneider.
Ensemble.
Les maisons Delahaye, Audibert-Lavirotte , et bien d'autres
remploient aussi.
Voitures Rochet-Schneider. — H y a pour la marche avant deux
vitesses, assurées chacune par une
courroie dont les brins croisés
donnent une meilleure adhérence
que les brins droits. Un dispositif
spécial (fig. 169-170) donne la
marche arrière : M est l'arbre
moteur, dont une courroie à brins
croisés actionne l'arbre intermé-
diaire I sur lequel sont montées
deux poulies P, P', Tune fixe,
l'autre folle. G, G', sont deux
galets, tournant autour du même axe, en sens inverse l'un de
l'autre, G moins vite que G7. A cet effet, le galet G' est solidaire
Fig. 170. — Détail de la marche
arrière Rochet-Schneider.
330 l'automobile sur route
de Taxe A (fig. 170), qui porte une partie dentée, engrenant avec
le pignon R, engrenant lui-même avec une denture intérieure au
pignon G. Celui-ci, comme d'ailleurs G', est entouré de cuir ou
de caoutchouc.
Pendant la marche avant, les galets sont mis hors de contact
avec les poulies. Pour la marche arrière, la courroie donnant la
petite vitesse étant sur la poulie folle, à l'aide du levier L on
colle le galet G sur la poulie fixe P, le galet G' sur la poulie folle
P'; P' entraîne G', qui, à son tour, entraîne G en sens inverse,
et dès lors, P tourne dans le sens de la marche arrière.
Si on approchait les galets des poulies P et P', alors que la
courroie est sur la poulie fi*e, pour la marche avant, cela ne
produirait d'autre résultat que de faire tourner la poulie folle.
Voitures Buchet. — Certaines d'entre elles sont munies d'une
transmission à courroie unique avec poulies extensibles (fig. 171).
Ces poulies sont constituées par des secteurs appelés sabots ou
chiens, qui d'un côté glissent dans des rainures, dirigées sui-
vant les rayons d'un disque fixe, et de l'autre sont plus ou moins
soulevés par les génératrices d'un cône dont l'angle au sommet
est variable. La figure montre bien la poulie de gauche, fermée
autant qu'elle peut l'être, entre le disque et le cône correspon-
dants; la poulie de droite est, au contraire, ouverte.
Pour embrayer, il faut amener la poulie de gauche à un dia-
mètre tel que la courroie soit tendue. A cet effet, on fait tour-
ner autour du petit secteur denté, que l'on voit en haut de la
figure, la manette qui commande un arbre intérieur; cet arbre
vertical fait tourner le pignon denté calé à son extrémité infé-
rieure, et par lui un secteur denté monté sur un arbre horizontal;
sur ce dernier est aussi monté un pignon qui engrène avec une
crémaillère transversale solidaire d'un manchon, qui est lui-
même solidaire du cône de la poulie de gauche. Ce manchon en
glissant le long de son axe, sur lequel il est claveté, fait glisser
aussi le cône, et les chiens sont par celui-ci soulevés jusqu'au
moment où la courroie est tendue.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
331
Une fois l'embrayage produit, on abandonne la manette du
petit secteur au cran correspondant, et on prend la manette du
grand secteur : celle-ci fait solidairement mouvoir les cônes des
deux poulies extensibles, de façon telle que, quand le diamètre
de Tune augmente, celui de l'autre diminue assez pour que la
courroie reste tendue.
Le changement de marche se fait ou par deux pignons dentés,
Fig. 171. — Transmission à poulies extensibles Buchet.
commandant l'un ou l'autre l'arbre moteur, comme dans les
Panhard (d'une façon indépendante des poulies extensibles), ou
par pignons satellites à l'intérieur d'un tambour solidaire du
premier disque, et autour duquel on applique une lame de frein
pour faire tourner l'arbre en sens inverse.
L'ensemble est ingénieux, mais coûteux.
184. — 3° Systèmes mixtes a engrenages et courroies. — Voiturette
Bollée. — L'axe moteur porte 3 pignons, l'axe intermédiaire 3
332 l'automobile sur route
roues dentées fixées sur lui à demeure, et sur une portée carrée
un tambour qui, sans être entraîné, permet à cet axe de glisser
sur lui-même et qu'une courroie relie à une poulie solidaire de
Tunique roue motrice du véhicule.
En éloignant peu à peu cette dernière des roues d'avant, la
courroie est tendue et l'embrayage se fait progressivement. En
faisant glisser l'arbre intermédiaire sur lui-même, on amène en
prise la paire de roues, capable de donner la vitesse que Ton
désire, tout en laissant le tambour et la poulie dans le même
plan. Ces mouvements s'obtiennent à l'aide d'un levier unique,
constitué par un fourreau cylindrique, dont l'oscillation dans un
plan vertical produit l'avancement ou le recul de la roue motrice
montée sur le châssis, et à l'intérieur duquel tourne un axe qui,
par pignon et crémaillère, fait glisser sur lui-même l'arbre inter-
médiaire. Chaque fois qu'on change de vitesse, il est nécessaire
de débrayer; pour aller de la petite à la grande, il faut passer par
la moyenne vitesse.
Cet embrayage par déplacement de l'essieu moteur est assez
rare ; nous le retrouvons pourtant dans la voiture Morisse, dont
la transmission est aussi du système mixte à courroies et engre-
nages.
Voitures de Dietrich. — L'arbre moteur, placé à l'avant, trans-
met son mouvement à un arbre intermédiaire placé à l'arrière,
par une longue courroie en caoutchouc, qui est animée d'une
vitesse à peu près constante, et sert à produire l'embrayage et le
débrayage du moteur avec le reste de la transmission. Les chan-
gements de vitesse et la marche arrière sont obtenus par des
engrenages, reliant l'arbre intermédiaire à l'arbre différentiel. Ce
dernier, comme nous l'avons dit, transmet son mouvement aux
roues par un système acatène.
Voitures Diligeon. — Les changements de vitesse s'effectuent à
laide d'une courroie, que l'on déplace le long de deux poulies-
cônes. L'arbre intermédiaire est relié à l'arbre différentiel par des
pignons dentés.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 333
Toitures Léo (fig. 172-173). — Le moteur Z, qui est horizontal,
Fig. 172. — Transmission par courroie et engrenages Léo.
Ensemble .
a son arbre disposé transversalement a la voiture, et porteur
Fig. 173. — Détail de la transmission Léo.
Boite de* changements de ritease et de marche.
d'une poulie pr qu'une courroie relie à une autre />, montée sur
l'arbre différentiel (Gg. 172). Cette courroie est munie d'un rou-
334 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
leau tendeur U monté à l'extrémité d'un levier et appliqué nor-
malement par un ressort contre la courroie pour produire
l'embrayage ; on débraie, en appuyant sur la pédale V, qui, par
une chaînette, agit sur le levier ; un verrou fixe, quand on le veut,
la pédale dans la position de débrayage.
L'arbre différentiel a, mené par la poulie p (fig. 173) traverse
la boîte des changements de vitesse et de marche arrière. Il porte
folles : 1° la douille d solidaire de la poulie/) et du pignon e qui
engrène avec la roue c montée sur Taxe J>; de la sorte le mouve-
ment de la poulie p est toujours transmis à l'arbre b\ 2° la
douille f qui prolonge la boîte du différentiel, et sur laquelle est
monté fou le pignon g, engrenant avec la roue h\ 3° la douille i
solidaire aussi de la boîte du différentiel, et sur laquelle sont
montés fous le pignon jy engrenant avec A, et le pignon Z, relié
par une chaîne Galle à m.
Pour produire la marche avant, aux diverses vitesses, à l'aide
de l'un ou l'autre des manchons n, n, on rend e, g ou j solidaire
de f ou de i, c'est-à-dire de la boîte du différentiel.
Pour produire la marche arrière à l'aide du manchon de gauche
n, on rend l solidaire de i : c'est alors la chaîne de m l, qui mène
le différentiel.
Système Webb (fig. 174). — L'axe moteur porte un large
tambour Y, le long duquel se déplace la courroie, dont la vitesse
linéaire est ainsi constante, et d'ailleurs convenablement grande
quand le moteur tourne à sa vitesse de régime; cette double
condition, on le sait, est favorable à la transmission de la force.
La figure 174 représente la courroie sur la poulie F de l'arbre
intermédiaire, dans la position correspondant au débrayage. Elle
peut être amenée sur Tune quelconque des poulies portées par cet
arbre, respectivement solidaires de roues dentées engrenant
constamment avec d'autres montées sur l'arbre du différentiel, et
donnant chacune une vitesse particulière : Gg la grande, Mm la
moyenne, et P/> la petite. La dernière poulie R procure la manche
arrière, par l'interposition du pignon S qui, engrenant constam-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
335
ment avec un pignon solidaire du moyeu de cette poulie, est
amené à engrener avec une roue calée sur l'arbre différentiel,
lorsque la courroie attaque cette poulie.
1S4. — 4° Systèmes a plateau de friction. — Voitures Tenting,
Lepape. Système Ringelmann. — L'arbre manivelle porte un volant
profilé en cône de friction, commandant deux roues coniques
Fig. 174. — Transmissions par courroie et engrenages Webb.
disposées aux deux extrémités du diamètre horizontal du volant.
Entre ces deux roues formant plateaux de friction se déplace un
grand disque, constamment en contact avec elles, et dont l'arbre
porte un pignon commandant par une chaîne le différentiel placé
sur l'essieu aux deux extrémités duquel sont scellées les roues
motrices. En faisant passer le disque à droite ou à gauche du
centre des pignons et plus ou moins loin de ce dernier, on obtient
la marche dans les deux sens à différentes allures.
Une transmission analogue est employée dans les voitures
américaines de M. Bird.
336
L AUTOMOBILE SUR ROLTE
Dans ses premières voitures, M. Lepape employait le dispo-
sitif des figures 175, 176 : le volant A horizontal servait de
Piisnon» et roaet à fuseaux.
Ensemble.
Fio. 175 et 176. — Transmission Lepape à plateau.
plateau de friction ou galet lisse B, qui coulissait le long de
l'arbre C, pour donner les vitesses avant ou arrière, et le stop-
Fio. 177. — Transmission Lepape à courroie (sans différentiel).
page. L'arbre C, supporté par deux paliers à rotule, était
terminé à chaque extrémité par un pignon D, engrenant avec
une roue à fuseaux E, fixée aux rais de chaque roue motrice.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 337
Pour assurer toujours l'engrènement des pignons et des fuseaux,
les paliers à rotule étaient montés aux extrémités de bras, pou-
vant osciller autour de l'essieu F; les leviers G permettaient
d'appliquer le galet B contre le plateau F ou de l'en écarter. En
outre, le sens du mouvement avait été choisi de façon que, une
fois le galet B amené au contact du plateau A, les pignons D
tendaient à s'élever dans les roues à fuseaux, augmentant ainsi
la pression du galet contre ce plateau, afin d'amener une bonne
transmission du mouvement.
Dans ses nouvelles voitures, M. Lepape a recours à une
disposition un peu différente de la précédente, mais qui, pas plus
que cette dernière, n'emploie de chaînes, et qui, en outre,, se
passe du différentiel. Sur Tarbre intermédiaire I (fig. 177), qui
reçoit le mouvement du moteur par des poulies à gorge et une
corde sans fin à boyaux, est monté un cône à poulies éta-
gées. Ce cône actionne par une courroie une autre cône, disposé
parallèlement au premier, comme à l'ordinaire. On voit dans
notre croquis le train de leviers G H que l'inventeur emploie
pour faire passer la courroie sur les différents gradins des cônes
et aussi pour l'y maintenir.
L'arbre A du second cône porte, à l'une de ses extrémités, un
levier qui se termine par le pignon P, engrenant avec la roue à
fuseaux R solidaire d'une des roues de la voiture. Cet axe est,
comme dans la première disposition, monté sur deux paliers
mobiles autour de l'essieu, pour que ses déplacements laissent le
pignon en prise avec la roue à fuseaux. Il est facile de voir que
le mouvement de Taxe A dans le sens de la flèche tracée sur la
figure de détail tend la courroie et produit l'embrayage du
moteur avec la transmission.
L'autre extrémité de cet axe porte un levier et un galet garni
de cuir, chargé d'entraîner par friction (et c'est ainsi que cette
dernière intervient encore dans ce nouveau dispositif), un anneau
dont le diamètre est égal à celui de la roue à fuseaux, et qui
communique son mouvement à la seconde roue de la voiture,'
G. Laviboiib. — L'Automobile sur route. 22
338
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
tout en lui permettant de glisser par rapport à lui, sans le secours
d'un différentiel.
M. Ringelmann estime que la médiocrité des résultats donnés
en pratique par les systèmes à
plateaux tient à ce que la pression
exercée par le galet est constante,
alors qu'elle devrait varier avec
la position de celui-ci, et croître
à mesure qu'il se rapproche du
centre. Pour obvier à cet inconvé-
nient, il propose le dispositif de
la figure 177 bis: A et B sont deux
plateaux de friction, qui pour com-
muniquer au galet C des mouvements concordants, reçoivent
des engrenages D et D' des vitesses identiques, mais de sens
inverses. Au lieu d'être plates, leurs surfaces intérieures sont
Fig. 177 bis.
Transmission à double plateaux
(système Ringelmann).
Coup* horizontale.
Coupe Tertieale.
Fig. 178 et 179. — Transmission Elliset Steward.
coniques, et leur inclinaison est combinée avec la puissance
des ressorts E, de façon que la pression entre le galet et les
plateaux varie automatiquement suivant la proportion voulue,
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 339
quand le galet passe du centre, où la pression doit être maxi-
mum, à la circonférence où elle doit, au contraire, être la plus
petite.
186. — Systèmes divers. — Système Ellis et Steward. — L'arbre
manivelle actionne, par pignons et chaînes, l'arbre différentiel,
absolument comme celui-ci commande les roues motrices. La
caractéristique du système est fournie par le mécanisme des
figures 178, 179, logé dans la calotte C, située au bout de
l'arbre moteur et fixée au châssis.
A est l'arbre manivelle sur lequel sont montés : 1° fixe, le pignon
a ; 2° claveté mais mobile longitudinalementà l'aide du levier arti-
culé L, le disque femelle D, portant les axes rf, autour desquels
tournent les pignons A, placés de part et d'autre de a, avec
lequel ils engrènent ; 3° fou, le disque mâle M, qui est muni
intérieurement d'une denture engrenant avec les pignons h et
qui porte latéralement le pignon m autour duquel passe la chaîne
du différentiel.
En amenant le levier L dans la position symétrique à celle
qui est représentée, on applique la couronne du disque D contre
la calotte C qui l'immobilise ; au moyen des pignons Z>, le pignon
a entraîne le*disque M et son pignon de chaîne m en sens inverse
de A. C'est la marche arrière, à une vitesse trois fois moindre
que celle de l'arbre moteur.
Quand on fait reprendre au levier L la position figurée, le
disque D retrouve sa liberté dans la calotte C, et devient soli-
daire du disque M, les pignons b restent en repos, et A entraîne
M dans le même sens que lui et avec sa vitesse de rotation. C'est
la marche avant à grande vitesse ; pour amoindrir cette dernière,
il suffît de diminuer la pression de D contre M.
Pour arrêter la voiture, on manœuvre le levier L de façon à
placer le disque D entre C et M, sans qu'il les touche.
Ce système assez simple et peu encombrant donne bien la
progressivité de l'embrayage. Il faudra voir si l'adhérence et la
friction, sur lesquelles le jeu de l'appareil est basé, donneront en
pratique de bons résultats.
340
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Voiture Lufbery. — L'arbre manivelle transmet son mouve-
ment à un arbre intermédiaire, transversal comme lui, à l'aide de
deux cônes à poulies étagées, avec courroie et tendeur. A Tinté-
rieur du cône de l'arbre intermédiaire se trouve le dispositif à
engrenages représenté ci-contre (fig. 180). I est l'arbre intermé-
diaire creux traversé par Taxe D du différentiel ; C un côn* poulie,
en fonte ou en aluminium, fou sur I et portant à l'intérieur deux
couronnes circulaires A B dentées Tune extérieurement, l'autre
intérieurement. G est une douille montée sur clavette longue
Fig. 180. — Transmission système Lufbery.
Coupe.
pour coulisser le long de I, et munie de deux bras portant cha-
cun un axe mobile, solidaire des deux pignons E et F, pouvant
engrener le premier avec la couronne B, le second avec une roue
venue de fonte au bout du manchon H qui est relié rigidement au
cône mâle M d'un accouplement ; ce manchon peut tourner sur
sa portée, et il est entourée par un frein o à ruban capable de
l'immobiliser.
Normalement, un ressort à boudin, enroulé autour de l'arbre
central, maintient l'embrayage du cône femelle N qui est soli-
daire de la boîte du différentiel calée à demeure sur l'arbre I.
Mais, le collier m, tournant sur des billes, permet avec une
fourchette h levier, de faire coulisser l'ensemble des pièces G H M
vers la gauche et de détruire l'accouplement.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 341
Dans la position représentée, l'accouplement est embrayé et le
frein o du manchon H desserré ; tout roulement des pignons étant
impossible, le mouvement de la poulie C se transmet intégrale-
ment à l'arbre I comme si la poulie était calée sur l'arbre. La
voiture marche en avant, à celle des trois vitesses qui correspond
à la position que la courroie occupe sur les cônes.
Si on déplace, de quelques millimètres vers la gauche, le cône
M, avec les pièces qui en sont solidaires et qu'on serre le frein o
celui-ci immobilise le manchon H, et par suite la couronne
dentée B. La poulie C en tournant entraine E et dès lors F;
comme ceux-ci ne peuvent pas faire tourner la roue du manchon
H, ils roulent sur cette dernière entraînant la douille G, qui
entraîne à son tour l'arbre I sur lequel elle est clavetée ; mais, il
ne l'entraîne qu'à une vitesse moitié de celle de C (par suite des
nombres de dents donnés aux engrenages en prise). La voiture
marche à une vitesse égale à la moitié de celle qui correspond à
la position de la courroie sur les cônes.
Si on déplace encore le groupe M H G vers la gauche, F
reste toujours en prise avec la roue du manchon H, mais E aban-
donne B ; c'est le débrayage.
Si on amène enfin E en prise avec A, le frein étant toujours
serré, G entraîne l'arbre I par l'intermédiaire du manchon G, à
une vitesse moitié de la sienne, mais de sens inverse ; c'est la
marche arrière.
Les mouvements du manchon et du frein sont obtenus à l'aide
d'un seul organe, consistant en une douille creuse traversée par
un levier à poignée. Normalement, on se sert du tendeur et de
la courroie ; les engrenages intérieurs n'entrent en jeu que pour
produire la marche arrière et gravir certaines rampes.
L'appareil a l'avantage de donner une gamme de vitesses plus
étendues que celle dont on dispose ordinairement ; il est peu
encombrant et léger : pour une force de 4 à 6 chx, il ne pèse
que 50 kg., et l'inventeur espère pouvoir en réduire le poids à
35 kg. Mais sa construction est compliquée, il s'agit de savoir si
342 l'automobile sur route
cet inconvénient n'est pas hors de proportion avec le but atteint
et si en pratique le fonctionnement est satisfaisant.
Système de la Steam Carriage and Wagon Company. — Le moteur
transmet son mouvement aux pignons de chaîne, par l'intermé-
diaire d'une courroie que supportent, sur l'arbre moteur, une
poulie unique, sur l'arbre des pignons deux poulies jumelles*
transmettant chacune son mouvement à l'un des pignons. La
courroie est à cheval sur les deux poulies, également, quand la
voiture marche en ligne droite et davantage sur la poulie exté-
rieure, de façon à permettre à la roue intérieure de glisser facile-
ment, quand la voiture tourne. La position de la courroie est
assurée par une fourchette que commande une vis mobile dans
un écrou : celui-ci, qui est fixé dans le sens du déplacement de
la vis, peut tourner sur lui-même lorsque la tige et le levier qui
la sollicitent se déplacent dans les tournants de la route.
Cette transmission se passe donc de différentiel. Elle a ce
point de commun avec plusieurs autres que nous avons décrites
comme celles de M. Brouhot ou de M. Lepape, ou que nous nous
contenterons de citer, comme celle de M. Lesage, dans laquelle
le différentiel est remplacé par deux embrayages et le mécanisme
disposé pour que la roue du côté où Ton tourne soit automati-
quement débrayée.
Quelques constructeurs estiment qu'il est avantageux de ne
pas avoir recours à un organe aussi sensible que le différentiel,,
qui n'agit pas seulement lorsque son intervention est utile, mais,
souvent hors de propos quand, par exemple, l'une des roues,
rencontre un obstacle, si léger soit-il, que l'autre ne trouve pas
sur son chemin : la première s'arrête ou du moins ne va pas
aussi vite que la seconde, elle exerce sur sa chaîne un à-coup
nuisible, et la chaîne de l'autre roue est seule à travailler. C'est
notamment l'opinion de M. Lepape; toutefois la majorité des.
constructeurs ne parait pas la partager.
Syctème Auble. — Citons encore le principe proposé par
M. Auble, pour produire la progression de la vitesse de la voi-
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 343
tare par la rotation d'un écrou dans lequel passe une chaîne de
Galle de forme particulière. Et terminons cette revue des divers
systèmes applicables aux voitures à pétrole par la suivante que
préconise M. Hospitalier.
Transmission électro-élastique de M . W. Morrison. — Elle a pour
principe d'interposer entre l'arbre manivelle et l'arbre différentiel
une dynamo motrice, constituée par un inducteur (que commande
le moteur à pétrole, tournant toujours à sa vitesse de régime) et
un induit en anneau Gramme, qui actionne par engrenages l'arbre
du différentiel.
Les avantages que semble devoir assurer le système sont : la
suppression des organes d'embrayage et de changement de
vitesse, des leviers de manœuvre ; une grande souplesse ; l'auto-
maticité, ayec laquelle, lorsque les résistances, ont été mises par
le rhéostat hors circuit, le véhicule prend la vitesse maxima
correspondant à la puissance maxima du moteur.
Le seul organe de manœuvre est un rhéostat qui sert de démar-
reur et de modérateur de vitesse; le débrayage, s'obtient naturel-
lement par la simple rupture du circuit, l'embrayage progressif
par sa fermeture en passant sur les diverses touches du rhéostat.
L'addition de la dynamo n'augmente pas le poids du méca-
nisme, car, indépendamment des organes de transmission, le
volant aussi est supprimé.
187. — Transmissions dans les voitures électriques. — Le
moteur électrique permet d'assurer très simplement la marche
arrière et les changements de vitesses ; aussi, n'y a-t-il que rare-
ment des changements mécaniques'de vitesse. Et cela donne à ces
transmissions un grand caractère de simplicité. Elles sont
d'ailleurs toutes basées sur l'emploi des engrenages.
Voitures Jéantaud. — Dans la plupart de celles qui ont pris
part au Concours des fiacres, en juin 1898, le moteur commande
par engrenages l'arbre différentiel, qui actionne par chaînes les
roues arrière.
Dans le coupé trois-quarts, où les roues d'avant sont à la fois
344
L AUTOMOBILE SUR ROL'TE
motrices et directrices (fig. 181, 182), l'arbre de l'induit
commande par engrenages (l'embrayage magnétique placé à
gauche de l'induit a été supprimé) l'arbre différentiel, dont les
Fio. 181. — Avant-train moteur électrique Jeanlaud.
Plan.
deux parties portent chacune à son extrémité un pignon d'angle,
engrenant avec un autre dont l'axe vertical est précisément le
Fio. 182. — Avant-train moteur-directeur Jeantaud.
Élévation.
pivot de la roue. Cet autre engrène à son tour avec un pignon
monté sur Taxe de la roue motrice. Grâce à cette disposition, les
roues peuvent prendre toutes les directions sans cesser de rece-
voir leur mouvement.
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 345
La Cie Générale des Transports automobiles, dont le coupé du
système Jenatzy constitua, sous le numéro 16000, le premier
fiacre automobile de Paris, la O française de Voitures électromo-
Jbiles et MM. Mildé et Mondos emploient la même transmission
que M. Jeantaud (première manière).
Toitures Kriéger (fig. 183). — Elles sont munies d'un avant-
train moteur et directeur, à deux pivots : chacun d'eux sert de
support à un moteur électrique, attaquant directement par un
pignon à denture hélicoïdale une roue dentée montée sur la roue.
Fig. 183. — Avant-train moteur électrique Kriéger.
Transmission directe do mouvement.
Il est impossible d'avoir une transmission plus directe ; mais ces
deux dynamos alourdissent l'aspect de l'avant-train et font perdre
à la voiture cette légèreté que le système électrique permet
mieux que d'autres de lui conserver ; de plus, en raison de la
force contre-électromotrice qui s'oppose d'autant plus au passage
du courant que le moteur marche plus vite, il en résulte dans les
courbes un peu accentuées, que le moteur de la roue intérieure
allant moins vite que l'autre, est l'objet d'un flux de courant qui
tend à lui faire rattraper la vitesse du moteur de la roue exté-
rieure et à faire dévier la direction que la main a imprimée au
guidon.
346
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Voitures Doré (fig. 184) — L'avant-train est aussi moteur et
directeur. La dynamo est sur le siège, aux pieds du conducteur
Pour transmettre son mouvement aux roues malgré la flexion des
ressorts qui fait varier la distance de l'essieu et du moteur, celui-
ci actionne un cylindre vertical creux (formant la cheville
ouvrière, autour de laquelle tourne tout L'avant-train), à Tinté-
rieur duquel peut monter et descendre une tige composée de
Fig. 184. — Avant-lrain mo leur-directeur G. Doré.
deux parties reliées par un double joint à la Cardan : la partie
inférieure porte un pignon d'angle qui entraîne la couronne du
différentiel ; sur les deux parties de l'essieu sont calées les roues.
Une clavette force la tige à suivre le mouvement de rotation du
cylindre *.
Voitures Columbia, de la Pope Manufacturing C°, de Hartford
(Connecticut). — Le moteur est supporté directement par l'essieu
d'arrière, et son arbre est concentrique à celui des roues qu'il
commande par engrenages et différentiel. Il n'y a donc pas de
chaînes, ni d arbre intermédiaire : cette simplicité permet de
conserver aux voitures leur bel aspect de carrosserie.
1. Cet avant-train peut aussi être employé avec un moteur à pétrole (§293)
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES
347
Voitures Patin (fig. 185, 186). — Le moteur a, directement fixé
sur l'essieu A, incurvé en son milieu et s'élargissant, à un point
donné, en ovale pour lais-
ser passer le différentiel
et sa couronne, a Taxe de
son induit horizontal, et
muni d'une poulie q recou-
verte de cuir. Dans le
plan de cette poulie se
meut, perpendiculaire -
ment à l'essieu, sous l'ac-
tion du levier e, le secteur
triangulaire n n, porteur
des poulies s s\ de diamè-
tres inégaux, mais tous
les deux plus grands que
celui de la poulie q.
Lorsque l'une ou l'autre
des poulies s sf est amenée
au contact de cette der-
nière, elle se met à tour-
ner entraînant son axe et
avec lui un pignon denté
v qui en est solidaire et
qui constamment engrène
avec la roue dentée l du
différentiel. Les pignons
de ce dernier entraînent
les deux parties c c, qui
passent à l'intérieur des
fusées de l'essieu, sans
frotter contre elles. Par
les écrous extrêmes, les manchons à griffes p entraînent les
moyeux p' des roues.
348
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Il suffit de changer la poulie au contact de y, pour faire varier
instantanément la vitesse en pleine marche, sans avoir à craindre
Fig. 186. — Transmission Patin.
Détail de l'embrayage.
des chocs et des ruptures de dents, comme avec les transmissions
à engrenages.
Élévation tnuurewale.
Élévation longitudinale.
Fig. 187 et 188. — Transmission électrique Mildé-Montos.
Le débrayage s'obtient en rompant tout contact entre les
poulies q d'une part et s s' de l'autre ; l'embrayage en rétablissant
TRANSMISSION DU MOUVEMENT AUX ROUES MOTRICES 349
le contact. Ce dispositif permet d'embrayer le moteur préalable-
ment lancé à toute vitesse, et de développer ainsi des coups de
collier puissants pour le démarrage.
Il est certes très ingénieux : que donnera-t-il dans une
longue pratique? On l'ignore encore. La faculté de changer
mécaniquement de vitesses, en pleine marche, instantanément,
est moins intéressante avec un moteur auquel son combinateur
électrique procure déjà le moyen d'obtenir vivement le même
résultat. Cette transmission, fort peu encombrante, ne charge
pas le dessous de la voiture.
Transmission Mildé-Mondos à différentiel électrique (fig. 187, 488). —
Le différentiel mécanique est remplacé par le dispositif suivant : a
et a! sont les deux anneaux induits du moteur comportant cha-
cun un enroulement spécial ; l'un a est calé sur l'arbre plein b%
l'autre a sur l'arbre creux b1 concentrique au premier, dont il
n'entoure du reste qu'une partie de la longueur. Chaque arbre
porte à son extrémité un pignon engrenant respectivement avec
les roues c c'. Celles-ci, par transmission flexible ou autre,
actionnent à leur tour tous les pignons d d' , engrenant avec les
couronnes dentées r rf, fixées sur les roues motrices du véhicule.
Ces roues ont ainsi la faculté de se déplacer l'une par rapport à
l'autre, parce que les induits peuvent prendre des vitesses diffé-
rentes, l'action motrice devenant d'ailleurs la plus puissante dans
l'anneau qui correspond à la roue recevant l'effort maximum.
_l
TROISIÈME SECTION
LE VÉHICULE
CHAPITRE VII
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
1° Les Essieux.
188. — Essieux moteurs et essieux directeurs. — Les essieux sont
de deux sortes, moteurs ou directeurs : moteurs, quand ils portent
les roues motrices, calées sur eux, (ou du moins sur leurs deux par-
ties réunies par le différentiel), ou folles avec les couronnes qu'at-
taquent les chaînes Galle ; directeurs, quand ils portent les roues,
chargées d'assurer à chaque instant l'orientation de la voiture.
D'une façon générale, l'essieu d'arrière est moteur, et l'essieu
d'avant directeur. La disposition inverse n'est cependant pas
sans exemple : on la trouve notamment dans l'omnibus Weid-
knecht, dans celui de la Compagnie générale des automobiles,
dans la voiture tte Morisse. L'essieu directeur à l'arrière assure
même très bien le pilotage de la voiture, avec une grande dou-
ceur, avec beaucoup de stabilité dans les virages courts; mais,
on lui reproche de rendre difficiles les démarrages quand la voi-
ture est arrêtée au contact d'un trottoir.
M. Forestier estime que le mieux est de mettre l'essieu moteur
à l'avant, la direction se faisant par l'arrière ou même par l'avant.
Certains essieux sont, en effet, moteurs et directeurs, et sont
alors toujours disposés à l'avant.
188 bis. — Freingalage, dérapage, tête-à-queue. — On attribue quel-
3S2 l'automobile sur route
quefois aux essieux moteurs-directeurs placés à l'avant la pro-
priété d'empêcher le dérapage. Le freingalage ou dérapage, qui
est un gros inconvénient pour les automobiles, car il peut aller
jusqu'au tête-à-queue, quand elles vont vite, se produit, d'après
M. Forestier1, quand les roues de l'avant-train rencontrent une
résistance qui ralentit leur mouvement, et que les roues arrière,
plus ou moins obliques par rapport aux premières, se trouvent
sur un rail de tramway, sur de l'asphalte humide, sur un pavé
gras, ou toute autre partie de chaussée sur laquelle le frottement
de glissement est trop faible pour s'opposer à la translation laté-
rale de ces roues. L'influence de l'essieu moteur-directeur est
assurément bonne à cet égard, mais elle n'est pas toujours suffi-
sante : au concours des fiacres de 1898, on a vu un véhicule,
qui en était muni, faire un tête-à-queue complet de 360°.
Le moyen d'éviter cet inconvénient est, dit M. Forestier, de
charger l'avant-train, de façon que la force vive des "roues sur-
monte la résistance que celles-ci rencontrent, sans faire descendre
leur vitesse sensiblement au-dessous de celle des roues d'arrière.
Si on charge l'avant-train, il faut augmenter le diamètre de ses
roues. Dans ces conditions, faut-il les laisser directrices ? Cette
question n'est pas encore résolue.
Mais il n'est pas nécessaire poui* qu'il y ait tête-à-queue que
le mouvement des roues de l'avant-train soit retardé par une
résistance. Il peut, en l'absence de cette dernière, se produire,
quand l'une des roues motrices ne parcourt pas le même chemin
que l'autre (la voiture tourne alors du côté de la roue qui parcourt
le moins de chemin) : cela arrive notamment quand une roue se
trouve sur une partie de la chaussée où l'adhérence est diminuée
(rail de tramway, pavé ou asphalte particulièrement gras), et
patine plus ou moins, ou quand l'effort qu'elle doit vaincre pour
tourner est augmenté (les freins des deux roues serrent inégale-
ment). Dans ces conditions, l'augmentation de la charge de
\. Génie civil, il septembre 1898, p. 324.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
353
l'avant-train ne saurait supprimer le tête-à-queue ; le remède
serait, semble-t-il, de forcer les roues à tourner de conserve, en
supprimant l'action du différentiel, qui, ordinairement salutaire
par l'indépendance qu'elle assure aux deux roues, est nuisible en
l'espèce.
189. — Fabrication des essieux. — Que l'essieu d'avant soit moteur
ou directeur, il est avantageux, pour que, dans un encombrement,
le chauffeur juge aisément si la place libre est suffisante pour
que la voiture puisse passer, de lui donner la largeur de l'essieu
d'arrière ; la stabilité de la voiture ne fait d'ailleurs qu'y gagner.
Les essieux ayant, d'une part, à supporter la caisse et le
mécanisme, c'est-à-dire un ensemble plus lourd que celui d'une
voiture ordinaire, étant, d'autre part, soumis aux chocs de
route, qui lui sont transmis par les roues et qu'aggravent les
vitesses rendues courantes par le nouveau mode de locomo-
tion, ont besoin, pour les voitures automobiles, plus encore que
pour les autres, d'être solides. Aussi est-il nécessaire de les faire
en métal de toute première qualité.
L'acier qui offrirait pour cette fabrication, certains avantages,
entre autres celui de faciliter la trempe des fusées, doit être rejeté
à cause- de sa tendance à devenir cassant sous l'influence des
vibrations. En tout cas, l'acier doux pourrait seul être toléré.
C'est le fer qui est presque exclusivement utilisé, et on le
choisit doux et nerveux, donnant autant que possible 26 à 27 °/0
d'allongement, sous une charge de rupture de 35 à 36 kg. par
millimètre carré de sa section primitive.
Le corps de l'essieu peut être droit ou coudé, avec ou sans
patins, avec ou sans rondelles, soudées ou enlevées dans la
masse.
Les essieux droits sans patins se font d'une seule pièce, lami-
née ou forgée au pilon.
Les essieux droits à patins se fabriquent, au contraire, le plus
souvent en deux morceaux qu'on soude ensuite. Les patins
peuvent être obtenus par encollage et amorces ; mais il est pré-
G. LAvnexE. — L'Automobile sur route. 23
"t
1
VI
3oi l'automobile sur route
férable, et même nécessaire pour les essieux de fort calibre, de
ménager, pendant le forgeage, aux endroits que doivent occuper
les patins, des masses de métal qu'on chauffe ultérieurement au
blanc soudant et qu'on matrice d'un seul coup.
Les essieux coudés sans patins se font généralement cintrés :
il faut réserver h l'étirage un bossage suffisant pour qu'après
ployage le coude ait la même section que le reste du corps.
Pour les essieux coudés avec patins, l'enlevage de ceux-ci dans
la masse est de rigueur. Il est aussi recommandé pour les ron-
delles ; cependant le soudage peut être employé, mais seulement
s'il est bien exécuté.
Les fusées sont estampées aussi près que possible de leurs
dimensions définitives, pour éviter tout façonnage ultérieur impor-
tant. Elles sont ensuite cémentées, au moins sur une épaisseur
de deux dixièmes de millimètre, et trempées. Après la trempe,
on recuit les filets de la fusée ; sans cela, ils seraient trop cassants.
Enfin les fusées sont rectifiées comme les organes les plus déli-
cats des pièces d'armes, pour qu'elles ne prennent à l'usage ni
usure ni déformation sensibles.
Dans les voitures ordinaires, les fusées sont inclinées vers le
bas, afin que, malgré Técuanteur de la roue, le rais qui supporte
le poids de la voiture soit perpendiculaire au sol et dès lors chargé
d'aplomb. En automobilisme, les roues motrices étant solidaires
des couronnes dentées, qui, elles, doivent tourner dans les plans
verticaux des chaînes Galle qui les actionnent, il ne saurait être
question de carrossage important pour les fusées de leurs essieux,
si on n'a pas recours à certains dispositifs en général peu employés.
La même raison n'existe pas pour les fusées des essieux direc-
teurs; parfois pourtant, il n'y a ni carrossage h ces essieux, ni
écuage sensible aux roues qu'ils portent.
Les boites dans lesquelles tournent les fusées sont à graisse
(ordinaires ou patent), à huile (demi-patent ou patent), à billes
ou rouleaux.
Les boîtes à graisse ne sont employées que pour les voitures
lourdes.
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES 355
Les boites patent à huile se construisent à peu près sous la
forme que leur donna leur inventeur J. Collinge, en 1787.
M. Lemoine supprime pourtant la rainure que comporte à sa
partie supérieure la fusée, dont l'utilité n'a jamais été prouvée et
dont la présence peut nuire à la bonne exécution de la fusée au
moment du rodage. Elles se font en bronze, ou plus souvent en
fer cémenté et trempé, jamais en fonte qui serait trop cassante.
Le bronze donne un frottement meilleur et élimine toutes chances
d'enrayage ; mais il s'use plus vite que le fer, et cette usure occa-
sionne du bruit quand la roue tourne. Les bagues, au contraire,
se font plus souvent en bronze qu'en fer, pour qu'elles coûtent
moins cher. Il en est de même des écrous ; pour les véhicules
lourds, le fer vaut peut-être mieux : alors on peut n'en employer
qu'un seul, à entailles.
L'essieu demi-patent, sans bague ni écrous, la boîte étant
reliée à la roue par des rondelles et des boulons, présente une
grande sécurité, parce qu'il est à l'abri d'un dévissage d'écrou,
et que, si la fusée se rompt, la roue est cependant retenue ; mais
son démontage est difficile.
Les essieux patent et demi-patent doivent être tenus dans un
état parfait de propreté, et graissés avec des produits d'excellente
qualité (huiles de pied de mouton, de pied de bœuf, certaines
qualités minérales moins chères). Il ne faut pas oublier, en effet,
que les essieux patent qui d'ordinaire fournissent un service
excellent, peuvent au contraire, et notamment par manque d'huile
comme par mauvais réglage ou détachement d'un grain de
métal de la botte, donner lieu à de graves ennuis, à l'enrayage,
au grippement de la fusée, même au collage de cette dernière et
de la boite par suite de réchauffement. Normalement, une roue
bien graissée doit faire 800 à 1.000 km. sans qu'on ait à y retou-
cher.
Les roulements à billes semblent assez indiqués pour les auto-
mobiles, puisque, d'après M. G. Richard, ils réduisent à 1/10 de
sa valeur normale le frottement des fusées, et que, d'un autre
356 l'automobile sur route
côté, quand les billes sont bien fabriquées en acier dur ou en
acier doux Bessemer à 0,10 °/0 de carbone, bien trempées, polies
au rouge, elles offrent une grande résistance à l'écrasement :
26 kg. par millimètre carré pour billes de 10 mm., qui peuvent
sans altération de roulement, supporter entre des surfaces planes
en acier Bessemer cémenté, jusqu'à 1.100 kg. par bille. Et il est
facile d'augmenter cette résistance en mettant plusieurs rangées
de billes, ou en substituant à ces dernières des rouleaux cylin-
driques.
M. Forestier * admet que le coefficient de frottement des fusées
peut-être pris égal à 10 kg. par tonne, avec les boîtes patent, à
5 kg. avec les roulements à billes, à 2.5 kg., si, entre les billes
supportant les essieux ou en interpose d'autres plus petites, de
manière à faire disparaître tout frottement de glissement entre
les premières.
Aux Etats-Unis9, la comparaison des efforts nécessités par la
traction de deux wagons semblables, mais munis l'un d'une boîte
à rouleaux, l'autre d une boîte à graisse, a donné
pour la charge de 3.300 kg., la proportion de 1 à 2.90
— 8.300 — 1 à 3.67
— 10.000 — 1 à 3.98
Sur nos chemins de fer de l'Ouest français, des essais faits sur
un train entier ont semblé prouver que la substitution des rou-
leaux aux boîtes ordinaires réduisait beaucoup la résistance au
roulement : la résistance au démarrage notamment serait abais-
sée de 35 à 40 %.
Ces avantages seraient fort précieux en automobiHsme *, et font
1. Génie civil, n° du 3 juin 1899, p. 74.
2. D'après la Bail Boad Gazette, citée par la Locomotion Automobile du
11 mai 1899, p. 298.
3. Il serait surtout avantageux de réduire la résistance au démarrage,
principalement causée par l'absence d'huile entre les fusées et leurs boites,
quand on ne graisse pas abondamment. Si, pour éviter cet inconvénient, on
graisse beaucoup, le coefficient de frottement, au lieu de diminuer, quand
la vitesse du déplacement relatif de la fusée et de la boîte augmente, croit
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 357
désirer qu'on lui applique ces nouveaux roulements (§ 336). Mal-
heureusement il est à craindre que les essais ne réussissent pas
complètement, tant que la consommation de billes ou rouleaux
pour automobiles ne sera pas assez grande pour permettre de les
fabriquer en quantité telle qu'il soit possible de réserver au même
essieu des billes ou rouleaux rigoureusement de même diamètre.
Ce ne sont d'ailleurs pas les modèles qui manqueraient pour
ces essais : essieux Belvalette, Vermot (à deux rangs de billes,
un de chaque côté de la fusée), Hannoyer (à 4 rangs), Simonds
(à 8 rangs), Gondefer, Gros et Pichard (roulements à billes ou à
rouleaux, dans lesquels les billes ou les rouleaux principaux sont
maintenus écartés par une deuxième couronne de billes ou de
rouleaux, logés dans des gorges spéciales ; cette disposition sup-
prime, comme nous l'avons dit, tout glissement).
En fait, les roulements à billes ne sont employés que pour
les motocycles et voiturettes. La presque universalité des con-
structeurs estiment que l'essieu patent donne un très bon service.
Ils reprochent aux systèmes à billes d'être plus coûteux, moins
solides (la rupture d'une seule bille provoque le grippage de la
fusée ; la simple usure doit suffire pour donner un mauvais ser-
vice) ; de présenter une complication qui est hors de proportion
avec leur utilité (le frottement des fusées ne représentant qu'une
faible part dans le total des résistances au roulement).
190. — Essieux moteurs. — Les essieux moteurs sont susceptibles
de recevoir en pratique des formes assez variées : notamment,
leurs moyeux peuvent ou non porter la poulie de frein et le disque
destiné à recevoir la roue dentée qui engrène avec la chaîne de
en fonction du carre de cette vitesse. M. Forestier se demande s'il n'y aurait
pas lieu d'imiter le dispositif de graissage aujourd'hui fort employé par les
compagnies de chemins de fer, et qui consiste à faire déposer par une
mèche sur la fusée la quantité de lubrifiant juste suffisante pour éviter le
grippage ; mais celui-ci est plus à redouter avec les automobiles qu'avec les
wagons, de sorte que le nouveau procédé, au lieu de rendre inutiles les billes
ou rouleaux, semblerait indiquer encore leur emploi pour supprimer le grip-
page.
358
I. AUTOMOBILE SLR ROUTE
1
Galle. Les fig. 189 et 189 bis, qu accompagnent des légendes fort
explicit3s, montrent deux genres construits par M. Lemoine.
Fig. 189.
Vue extérieure d'an essieu-moteur pelenl buile, norps surbaissé portant œil pour recevoir la pièce d at-
tache de la bielle de poussée, rondelle enlevée dan* la masse, monté avec moyen métallique à manchon
à fretle portant un disque pour fixer la roue dentée.
191. — Direction par essieu brisé à deux pivots. — La direction
des voitures automobiles, à cause des dangers que présenterait,
>■
z^_
Fig. 189 bis.
Coupe d'un esrieu -moteur patent huile, corps surbaissé e*. cintré portant de* attacher Tenue* de forge
pour le* bielles de poussée, rondelles enlevées dans la mine, monté aveu moy« n métallique sur lequel »ool
fixées la roue dentée et la poulie de frein.
surtout aux grandes allures, son défaut de précision, méritait
de lixer tout particulièrement l'attention des constructeurs.
La monture en tricycle, qui était celle du fardier de Cugnot,
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 359
en aurait constitué la solution la plus simple, mais aussi la plus
déplorable au point de vue de la sécurité, parce qu'elle aurait
réduit à un triangle le polygone de sustentation.
L'avant-train ordinaire, à cheville ouvrière, aurait offert le
même inconvénient que Tunique roue directrice pour les virages
à 90° ; à la vérité, ceux-ci sont rares et on aurait pu, en tout cas,
les faire doucement. Mais, Tavant-train aurait présenté, pour les
voitures automobiles, le défaut suivant, dont la manœuvre par
timon ou brancards le met à l'abri pour les voitures ordinaires :
tout obstacle rencontré par une roue offre à son avancement une
résistance, qui tend h la faire tourner autour de la cheville
ouvrière ; comme cette résistance agit avec un bras de levier
égal à la distance horizontale, qui sépare le point de contact de
la roue sur le sol de Taxe de rotation, on est obligé, pour main-
tenir la voiture dans la direction rectiligne, de contrebalancer un
effort puissant. Il ne fallait pas espérer le faire aisément à l'aide
d'un levier directement relié à l'essieu : ce levier, d'un manie-
ment presque toujours pénible, aurait pu être arraché des mains
du conducteur. On aurait pu avoir recours à une commande par
vis sans fin et engrenages irréversible, et c'est ce qu'ont fait
quelques rares constructeurs, notamment M. Pouchain, M. Le
Blant (§ 237) et M. Doré (§ 187). Mais cette solution aurait exposé
les organes de la direction aux mêmes efforts, qui eussent été
capables de les disloquer.
Le remède aux deux maux, que nous venons de signaler,
semble se trouver dans la solution suivante, qui est presque
universellement adoptée, bien que la direction par avant-train à
cheville ouvrière ait toujours ses partisans très chauds : immobi-
liser l'essieu directeur parallèlement à l'essieu moteur *, et rendre
chaque roue mobile autour d'un pivot situé tout près de Textré-
1. Quelquefois, au lieu d'être complètement immobilisé, il demeure libre
de se mouvoir autour d'un pivot qui lui est perpendiculaire ; mais il reste
toujours dans un plan vertical parallèle à celui de l'essieu moteur, et le
polygone de sustentation ne s'en trouve pas changé (Voiture Duryea).
360 l'automobile sur route
mité correspondante de l'essieu ; la longueur du bras de levier
est alors réduite à la distance qui sépare le plan moyen de la
roue de ce pivot; elle peut même être nulle, comme sur la voi-
ture Duryea, dans laquelle l'axe du pivot prolongé coupe le sol
au point où la roue prend contact avec lui.
Le principe de l'avant-train à deux pivots a été inventé par un
mécanicien de Munich, Lankensperger, et importé en France,
par brevet du 27 janvier 1818, par M. J. Akermann, de Londres*
qui Ta présenté à la Société d'encouragement le 7 avril 1819.
Mais tel qu'il avait été conçu, il présentait le grave défaut
d'exposer les roues à des ripements sur le sol, parce que les axes
des fusées des roues directrices ne convergeaient pas, dans les
virages, en un seul point et que les quatre roues n'avaient pas
dès lors un axe commun de rotation.
En 1873, M. Bollée père appliqua à sa voiture à vapeur
T Obéissante le principe des deux pivots, avec cames précisément
destinées à assurer la rencontre des prolongements des fusées en
un même point du plan vertical de l'essieu d'arrière.
Direction Akerman-Jeantaud. — En 1878, M. Jeantaud a imaginé
une modiBcation de la disposition Akerman, qui permet les
virages faciles, parce que, en projection horizontale, les axes des
fusées se rencontrent toujours sur le prolongement (ou du moins
très près du prolongement) de Taxe de l'essieu d'arrière. C'est
celle de la fig. 190 : r, r, sont les projections horizontales des
roues directrices; 0, Ot celles de leurs pivots respectifs; en joi-
gnant ces deux derniers points à l'intersection A de Taxe médian
de la voiture et de l'axe de l'essieu d'arrière M, on forme un
triangle isocèle, dont les côtés sont pris comme direction des
bielles OL, OJ^, qu'on relie d'une façon invariable aux fusées
des deux roues; ces deux bielles sont enfin articulées avec la
traverse LL,, chargée de leur transmettre solidairement les mou-
vements de la barre de direction ou mieux du volant. Quand ce
dernier, pour un virage, amène la roue r dans la position r', la
roue r, est forcée de venir dans une position r/, telle que les
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
361
normales OA' et 0,A; aux plans des roues se coupent en un
point A', situé très approximativement sur le prolongement de
l'axe de l'essieu d'arrière l.
La traverse LLt peut être plus ou moins rapprochée de l'essieu
00,, et d'un côté ou de l'autre de cet essieu; mais, plus elle en
sera près, et plus grand sera le champ d'action des roues, sans
qu'on puisse d'ailleurs, à cause de l'amplitude limitée des arcs
illlllllH
l\ 1.1V i.
--^
mnnm
Fig. 190. — Avantrtrain A deux pivots (dispositif Akerman-JeanUud) .
décrits par les bielles, faire pivoter la voiture sur Taxe d'une des
roues d'arrière.
Le dispositif Jeantaud est aujourd'hui fort employé. Pourtant
il ne donne de bons résultats que pour des angles de braquage
ne dépassant pas 30°. Le dernier mot n'est donc pas dit sur la
question.
Pour la tirer au clair, M. Bourlet en a fait une très intéressante
étude *, que nous ne saurions mieux faire que de résumer. Avec
lui nous distinguerons :
1° Le svstème de liaison des deux roues ;
2° Le mécanisme de commande de ce système.
i. Le lieu des points A' est rigoureusement une courbe, dont la ligne
AA' est une tangente, avec laquelle on peut en pratique la confondre.
2. Génie Civil, 2 et 9 septembre 1899.
862 L.UTOMOBILE SUR uolte
192. — Système de liaison des roues. — I. Liaisons par nielles.
— Ce sont les plus faciles à exécuter et les moins sujettes à
prendre du jeu. Mais est-il possible de réaliser avec elle la con-
dition indispensable pour que, dans les virages, aucune roue ne
soit traînée latéralement, ne ripe, à savoir que, dans toute posi-
tion du système, les quatre roues tournent autour d'un axe
instantané de rotation situé dans le plan vertical de l'essieu
d'arrière? Théoriquement, oui ; pratiquement non, parce que la
réalisation du système, qui assurerait cette condition, nécessi-
terait l'emploi d'un nombre trop considérable de bielles, au
minimum 18, d'après les dispositions qui ont été jusqu'ici pro-
posées.
Mais si une solution mathématiquement exacte n'est pas prati-
cable, on peut se proposer de trouver une solution approchée,
puisqu'il suffit d'assurer aux véhicules un angle de braquage
maximum d'environ 40°; effectivement, ceux qui ont leurs roues
motrices à l'arrière ne virent plus, lorsqu'on braque leurs roues
d'avant au-delà de 45°; celles-ci, sous la poussée qu'elles
reçoivent des premières, tendent à déraper, et le font, si Tavant-
train ne se brise pas. M. Bourlet attribue cette impossibilité des
virages sous les petits rayons, d'une part à la défectuosité des
directions actuelles sous les grands angles de braquage, d'autre
part à la cessation de fonctionnement du différentiel. Quoi qu'il
en soit, il n'y a que les voitures à roues motrices d'avant qui
puissent utiliser un braquage sous tous les angles !.
Les liaisons par bielles se différencient les unes des autres par
la forme des polygones qu'elles constituent.
a) Liaisons par bielles à simple quadrilatère. Le quadri-
latère peut d'ailleurs être intérieur aux essieux, comme dans le
dispositif A kcrman-Jeantaud (fig. 190), ou extérieur aux essieux,
comme dans le dispositif Panhard et Levassor.
1. Comme un pareil braquage sérail fort utile aux fiacres automobiles
pour leur permettre de sortir facilement d'une Ole, nous voyons en ceci une
très bonne raison de les munir d'un avant-train moteur-directeur.
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES
363
Le premier, comme nous lavons [dit, ne donne une direction
acceptable que pour des angles de braquage ne dépassant pas
30°; au-delà, elle devient franchement mauvaise. Du reste, c'est
un fait à peu près général pour tous les quadrilatères intérieurs :
dès que l'inexactitude commence à se manifester, elle devient
très vite considérable.
Le quadrilatère extérieur vaut mieux que l'autre: 1° parce
qu'à identité de châssis, il permet un plus grand angle de
braquage maximum ; 2° parce que les chocs de route sur les
roues directrices produisent sur la bielle LLj (fig. If 0) une com-
pression dans le quadrilatère intérieur, une traction dans le
A*
ï
B#
Fio. 190 biê. — Direction Jenalzy à
double quadrilatère (avec axe de
rotation du secteur sur l'essieu).
E F
Fig. 190 1er. — Direction Bollée à
double quadrilatère .avec axe de
rotation du secteur hors de l'essieu v..
quadrilatère extérieur, et qu'il vaut mieux que cette bielle
travaille à la traction.
M. Bourlet a recherché quelle était, parmi toutes les liaisons
à quadrilatère articulé, la meilleure possible. Le calcul l'a
amené à une condition, qu'il n'est possible de réaliser qu'avec
une voiture longue et étroite; si celle-ci est courte et large,
l'angle maximum de braquage est trop petit. Il faut alors
renoncer aux systèmes à quadrilatère simple.
b) Liaisons par bielles à double quadrilatère. — En dédou-
blant le quadrilatère simple, on réduit en quelque sorte de
moitié la largeur de la voiture, et on améliore la solution. Pour
la réaliser pratiquement, il faut relier l'une à l'autre les bielles
voisines des deux quadrilatères, de façon à former un secteur
tournant autour du milieu de l'essieu directeur.
C'est le cas de presque tous les systèmes à bielles actuels,
364
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
notamment des directions Roger, Lepape, Jenalzy (fig. 190 bis),
dans lesquelles les quadrilatères sont deux trapèzes rectangles.
Dans les directions Benz et Bollée (fig. 190 ter), l'axe de rota-
tion du secteur n'est plus sur l'essieu directeur : on se donne
un paramètre variable de plus.
c) Liaisons par pentagone concave. — En fait il y a plus
de paramètres qu'il n'en faut, et
M. Bourlet montre qu'on peut étar c • D
blir une liaison presque parfaite, !o ' J
dans laquelle le secteur est rem- !
placé par une bielle unique. En
suivant la marche indiquée par lui,
M. La venir a déterminé un système
iv^Ni
Fia. 191. — Direclion Lavenir
à pentagone concave.
Fio. 191 bis. — Schéma de la
Direction Bourlet.
h pentagone concave (fig. 191), qui est sans contredit la liaison
par bielle la plus exacte de toutes celles imaginées jusqu'à ce
jour : elle l'est rigoureusement de 0° à 60°; à 90°, l'erreur n'est
que d'environ 3°.
II. — Liaisons a cames et glissières. — Il est presque évident
qu'on peut concevoir une liaison à cames fournissant entre les
directions des roues telle relation que l'on voudra. Effective-
ment on a imaginé plusieurs dispositifs de ce genre, notam-
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
365
ment celui de MM. Sydenham et Walkinson ; tous ont l'incon-
vénient de prendre très vite du jeu.
M. Bourlet a combiné un mécanisme à glissières, faisant
rigoureusement converger, dans toute position, les fusées des
roues directrices vers le même point de l'essieu d'arrière.
Il est fondé sur ce fait, démontré géométriquement par l'in-
venteur, que si on relie aux deux fusées A A' et BB' (fig. 191
bis) deux bras Aat et B bu dont le point d'intersection M est,
Fig. 191 ter. — Direction Bourlet à glissières.
dans la position normale, le symétrique du milieu 0 de l'essieu
d'arrière CD par rapport à l'essieu d'avant AB, le point M
décrit une droite A parallèle k AB, et qu'inversement si ce point
.M décrit la droite A, la condition susindiquée de convergence
est remplie.
Le problème revient donc à ceci: relier les deux bras Aa,
B Z>, par un mécanisme tel que M décrive la droite A. Pour cela
M. Bourlet munit les deux bras de deux glissières aat et bbu
366 l'automobile sur rolte
dans lesquelles roulent deux galets placés aux extrémités d'une
tige gk assujettie à glisser dans deux, manchons U, U', qui le
maintiennent à une distance constante h de AB '.
La figure 191 ter montre comment on peut réaliser cette direc-
tion. On a d'ailleurs la faculté d'agir sur la tige T par l'un
quelconque des mécanismes de commande que nous décrirons
plus loin.
, Ce mode de liaison est presqu'aussi simple que le quadri-
latère articulé Al^erman, sur lequel il a une supérioté incon-
testable. Les chocs des aspérités de la route sur les roues font
travailler la tige T en traction, comme dans la direction Panhard
et Levassor; mais, outre la supériorité théorique de l'exactitude
rigoureuse, la direction Bourlet a» sur cette dernière l'avantage
de ne pas avoir des bras Aax et BAt divergents, qui obligent à
un fâcheux allongement des fusées, dès que- la largeur de la voie
est grande par rapport à l'empattement*.
III. — Liaisons a chaînes et engrenages. — On 1©$ abandonne
parce qu'elles prennent très rapidement du jeu.
L'ancienne direction Bollée (fig. 192) était à chaînes : les
deux roues directrices étaient installées chacune dans une fourche
verticale, comme une roue directrice de tricycle. A leur partie
supérieure, les axes A et B de ces fourches étaient munis de
deux pignons circulaires reliés par des chaînes C et D à deux
pignons elliptiformes excentrés, E et F, solidaires, tournant
1. Le point M décrit bien ainsi la droite A, car les deux triangles MAB
et Mgrft restent semblables et dans un rapport constant, qui est celui de
leurs bases AB et gk ; d étant la hauteur du triangle MAB, celle du triangle
Mgk est (d-h). A cause de la similitude des triangles, on
d AB
— — = — r = constante,
d-h gk
et comme h est constante, d Test aussi.
2. Tandis que M. Bourlet imaginait ce dispositif en France, un Anglais,
M. Davis en combinait un autre tout semblable, en différant seulement par
l'exécution : les deux bras Aai, BZ>i, au lieu d'être munis de glissières, sont
pleins ci coulissent dans deux manchons articulés aux extrémités de la
tige gk.
BSSIEL'X, R01K8, BANDAGES
367
autour d'un axe I placé au milieu de AB. Le choix de la forme
des pignons E et F permet d'avoir théoriquement une liaison
exacte. Pratiquement, la variabilité des tensions des chaînes C
et D donne une direction qui obéit très mal.
Fie 192. — Ancienne Direction Bollêe à chaînes.
La direction Delahaye (fig. 492 bis), employée aussi quelquefois
par la maison Peugeot, est une combinaison de chaînes et de
bielles. Pour elle aussi, la flexibilité de la chaîne donne un jeu
Fig. 192 bis. — Direction Delahaye à chaînes et bielles.
considérable, qui fait de ce système un des moins recomman-
da blés.
Enfin la direction Priestmann et Wright, représentée par là
figure 192 ter, qu'accompagne une légende fort explicite, est
d'un système à engrenages.
193. — Mécanisme de commande des essieux directenrs. — Le
mécanisme de commande du système de liaison des roues, et par
368
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
suite des roues elles-mêmes, doit avoir le moins de jeu possible;
être facile à manier, tout en ayant une action prompte ; être assez
flexible pour se prêter aux déplacements relatifs de la caisse et
de l'avant-train (car l'arbre de commande avec son levier, son
guidon ou son volant de manœuvre ' est fixé à la caisse et le
système de liaison des roues n'est solidaire de cette dernière que
par l'intermédiaire des ressorts).
I. — Commandes a sonnette. — Ce sont les plus simples :
Fio. 192 ter. — Direction Priestmann et Wright
La manette de direction est montée à l'extrémité supérieure d'an arbre vertical dont l'extrémité
inférieure poile un pignon, engrenant arec un secteur denté. Le secteur porte l'arbre vertical G, sur
lequel est calé le double recteur H excentriquement placé. Lei deux parties de ee double secteur
engrènent avec d'autres secteurs, également excentriques, portant venant de fonte des bras articulé» avec
les bielles K. qui s'articulent à leur tour avec les leviers fixés aux fourches M des roue* N. La forme et
l'excentricité des secteurs G et H sont calculées pour qu'il» transmettent aux roues des i
différentiels et appropriés à un bon virage.
elles se composent uniquement de bielles articulées, dont la dis-
position peut d'ailleurs varier beaucoup.
Dans l'une d'elles assez fréquemment employée, l'un des bras
tels que OL (fig. 190) est prolongé de façon à former le tirant de
la sonnette, que l'arbre de commande actionne par un bras de
1. Le volant incliné est aujourd'hui l'organe de manœuvre le plus en
faveur ; on renonce au levier, qui n'est acceptable que pour les automobiles
à faible vitesse, comme les accumobiles.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
369
levier et un tirant; pour permettre au mécanisme de suivre les
déplacements relatifs de la caisse et de l'essieu, les extrémités
Fi<*. 193. — Commandes Panhnrd
(à sonnette et secteur, avec pignon ou vis sans fin).
du tirant portent chacune une double articulation à axes verti-
caux et horizontaux.
Dans les mécanismes adoptés récemment par la maison
Panhard et Levassor, le tirant de sonnette, au lieu d'être
actionné par un bras de levier, est mû par un secteur denté :
l'arbre du volant porte à sa partie inférieure un pignon ou une
G. Latihqm. — L'Automobile sur route, 24
370 l'automobile sur route
vis sans fin, qui engrène avec un secteur denté situé dans un
plan vertical. Ce secteur porte un bras de levier dont l'extrémité
se déplace quand on agit sur le volant. C'est ce bras de levier
qui tire ou pousse sur le tirant a de la sonnette.
M. Jeantaud se sert, pour mouvoir le tirant, d'une crémaillère
qui le prolonge, et qui engrène avec le pignon placé à la partie
inférieure de l'arbre de commande : le tirant lui-même est arti-
culé en un point de la bielle LLj (fig. 190).
II. — Commandes a chaînes et engrenages. — Les maisons
qui ont adopté la liaison à double quadrilatère effectuent fré-
quemment la commande par une simple transmission à chaînes.
Fig. 193 bis. — Commande à chaîne.
Le secteur EIF (fig. 193 bis) porte un pignon Q concentrique
relié par une chaîne sans fin C au pignon P calé à la partie
inférieure de l'arbre de commande 0. D'ordinaire le pignon P
est plus petit que Q, de manière à obtenir une démultiplication,
qui a pour effet de rendre la direction plus douce et plus sen-
sible, mais aussi plus lente.
III. — Commandes irréversibles. — Tous les mécanismes que
nous venons de décrire (sauf la commande Panhard h vis sans
fin) ont un défaut, qui occasionne une grande fatigue au con-
ducteur: il ne peut abandonner la direction sans risquer de
rouler dans le fossé voisin.
Ces systèmes ont pu suffire aux vitesses jusqu'ici usuelles;
avec celles qui menacent de le devenir, qui le sont déjà en
course, le conducteur n'a plus le temps de remédier aux dévia-
tions que les chocs de route peuvent imprimer à sa voiture. Il
ESSIEUX, HOUES, BANDAGES 371
est, en effet, facile de calculer qu'une automobile marchant à la
vitesse de 60 km. à l'heure (d'à peu près 17 mètres à la seconde),
au milieu d'une route de 8 m. de largeur, sera en moins de 1/5
de seconde dans le fossé, si son conducteur n'a pas rectifié à
temps la fausse direction, qui lui est imprimée par un obstacle.
Il est donc prudent de disposer le mécanisme de façon que les
chocs de route ne puissent pas modifier la direction donnée à la
voiture par le chauffeur; en d'autres termes que son mouvement,
normalement produit par la main du conducteur, ne soit pas
réversible*.
Déjà les directions, qui utilisent la vis sans fin, jouissent du
privilège de la non-réversibilité car le mouvement de cette der-
nière n'est pas réversible ; mais la vis sans fin a l'inconvénient
d'absorber beaucoup de travail et de ne pas donner une com-
mande rapide.
M, Jeantaud vient de faire breveter un système irréversible,
qu'il ne tardera probablement pas à appliquer; M. de Coninck a
aussi combiné un mécanisme à mouvement épicycloïdal, qu'il
faut souhaiter de voir réaliser '.
M. Brillié a imaginé une commande épicycloïdale qui est
déjà appliquée dans les automobiles Gobron, et qui, indépen-
damment de sa non-réversibilité, a l'avantage de réaliser une
démultiplication variable.
Si, en effet, l'on se demande dans quelle proportion doit être
démultiplié le mouvement de l'appareil de direction, on trouve
qu'avec une faible réduction les virages sont plus faciles, mais la
conduite plus fatigante, tandis qu'avec une forte réduction la
conduite est aisée, mais les virages sont lents. Le seul moyen
1. Sans doute, comme le remarque très judicieusement M. Baudry de
Saunier, la non-réversibilité ne doit pas être absolue : autrement les roues,
n'ayant pas la latitude de se dévier le moins du monde, pourront se briser
contre l'obstacle. Le mieux serait, d'après lui, de ne conserver qu'une
réversibilité minime et d'amortir par des ressorts les chocs latéraux que
reçoivent les roues.
2. France Automobile, nM du 9 avril 1899, p. 178 et du o mars 1899, p. 66.
372
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
d'éviter ces deux inconvénients, liés l'un à l'autre, est de faire
varier le taux de la réduction ; c'est ce qui a lieu dans le système
Brillié, dont nous empruntons la description à M. P. Sarrey1.
Un volant de direction V (fig. 194, 194 bis) est calé à la
partie supérieure de Taxe de direction AA', lequel est guidé
Fie 19 i. — Commande épicycloïdale Brillié.
Éldration.
dans un tube T, sur lequel est fixé un pignon denté K ; la partie
inférieure du même axe AA' porte un bras ou levier L terminé
par une douille, qui livre passage à un axe DD' parallèle à AA'.
A la partie supérieure de DD' est fixé un secteur denté S, qui
1. Locomotion Automobile, 5 janvier 1899, p. 8.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
373
engrène avec le pignon K; à sa partie inférieure, est un bras de
manivelle M, qui commande la bielle de direction, montée sur
le tourillon C, normalement au plan de la figure. Le ressort R
tend à ramener sans cesse dans un même plan vertical les axes
A,C,D.
Ceci posé, si Ton imprime un mouvement de rotation au
volant V, Taxe D va décrire un cylindre circulaire autour de
Taxe A, et le secteur circulaire S engrenant avec le pignon fixe
Fig. 194 bis. — Commande ëpicycloïdale Brillié.
K va rouler sur ce pignon : tout point solidaire de ce secteur
(et en particulier tout point du tourillon C) va décrire une épi-
cycloïde1. Suivant que Ton tournera le volant V pour virer à
gauche ou à droite, tout point de C décrira une courbe analogue
àCQou C0C9 (fig. 194 bis).
Or i résulte des propriétés géométriques de Tépicycloïde que
si nous faisons occuper à la manivelle du volant V des positions
équidistantes 1, 2, 3 9, le point C occupera des positions
1. On appelle, en effet, épicycloïde la courbe décrite par un point d'un
cercle roulant sur un autre cercle.
374
L AUTOMOBILE SU II ROUTK
correspondantes C0, C,, C, , C9, de plus en plus espacées *«
unes des autres. Si donc nous relions le point C aux bielles de
direction par la tige Q, cette dernière imprimera aux bielles et
celles-ci aux roues, pour des déplacements égaux du volant, des
angles de déviation de plus en plus grands, à mesure qu'on
s'écartera de la marche en alignement droit. C'est ce que met
bien en évidence la figure 194 bis.
Il en résulte que : 1° pour opérer une déviation sensible dans
la marche en ligne droite, il faut imprimer au volant un déplace-
ment très appréciable : un mouvement involontaire imprimé à la
direction ne peut donc provoquer que des écarts insignifiants ;
F[Q. 195.
Coupe d'an essieu directeur à chape, levier de direction venu de forge avec la futée, monté avec
moyen métallique demi pair ni huile pour rayons boit, corp* méplat. (Lemoine.)
2° pour opérer un virage à petit rayon, il suf&t d'imprimer au
volant 1/3 ou 1/4 de tour.
D'ailleurs, grâce à l'action du ressort R et en raison de la
répartition des forces qui entrent en jeu, le manneton C, et par
suite le volant V, ne tendent pas à être déviés par les efforts
anormaux, qui viennent sur les roues dans la marche en ligne
droite, tels que ceux résultant d'un obstacle quelconque : pierre,
caniveau traversé en biais... La direction est donc stable et irré-
versible, dans la marche en ligne droite.
194. — Essieux directeurs. — Les essieux à deux pivots peuvent
recevoir des formes assez variées ; ils sont à chape (fig. 195) et
h cheville (fig. 196 et 197); celle-ci peut être verticale ou ren-
versée, à pivot ou à billes.
L'essieu directeur à deux pivots est, comme nous l'avons dit.
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES
375
d'un emploi à peu près universel. C'est encore lui qui est utilisé
dans le système Lanchester *. Pourtant on a parfois recours à
d'autres moyens. Nous avons dit que Tavant-train à cheville
Kio. 196.
Coupe d'an essieu directeur à cheville verticale à double bain d'boile et à billes, corpi cintré, fusée
encastrée pour diminuer le porte-k-fau*, monté avec moyen métallique patent huile à contredirque «ans
frette pourrais bois. (Lemoine.)
ouvrière était aussi employé : il Test notamment par M. Doré,
par la Gic des Voitures Électromobiles... Il y a encore quelques
Fio. 197.
Vue extérieure d'un essieu directeur à cheville renversée avec billes et pivot, patin surbaissé, corps»
cintré, monté avec moyeu métallique ; le boisseau de la cheville porte un levier venu de forge pour la
direction. (Lemoine.)
autres systèmes qui ne sont du reste appliqués que par leurs
inventeurs. Citons pour mémoire la solution admise par M. Le
1. Locomotion Automobile, 1er juillet 1897, p. 30">.
376 l'automobile sur route
Blant, qui monte ses voitures sur deux essieux à cheville ouvrière,
pour faciliter ses virages en avant et pour pouvoir tourner en
arrière (§ 237); le dispositif de M. Bird qui consiste, en principe,
en un avant-train à cheville ouvrière, avec roues jumelles très
rapprochées: les inconvénients du grand avant-train sont réduits,
mais au détriment de la stabilité; celui de M. Duchâtelet ', qui
a pour but d'obliger le conducteur, avant de tournera serrer pro-
gressivement le frein et d'autant plus qu'il tournera plus court.
2° Les roues.
195. — Solidité. — La première condition à leur demander, à
elles comme aux essieux, c'est une grande solidité : leur rupture
occasionnerait, en effet, aux fortes allures, des accidents d'une
extrême gravité. Et elles ont à effectuer un dur labeur : 1° c'est
par leur intermédiaire que normalement l'impulsion du moteur se
transmet à la voiture ; 2° quand celle-ci doit s'arrêter brusque-
ment, l'effort que les roues ont à supporter accidentellement est
fort augmenté ; 3° elles subissent en cours de route, des chocs
destructeurs. Ceux-ci sont, en effet proportionnels à la force vive
de la voiture : si on admet que la charge de l'essieu est seule-
ment double de ce qu'elle est dans une voiture ordinaire et la
vitesse triple, et qu'on prenne comme unité la résistance d'une
roue de voiture ordinaire, celle d'une roue d'automobile devra,
pour présenter la même sécurité, être dix-huit fois plus grande.
Cette condition primordiale de la solidité des roues n'est pas tou-
jours bien remplie. Nous n'en voulons d'autre preuve que les
conclusions qu'à données le jury du Concours des poids lourds de
Liverpool, en 1898 : l'une d'elles constate l'insuffisance notoire
des roues motrices.
196. — Diamètre. — Il est en carrosserie ordinaire une règle
presque constamment suivie, c'est de proportionner le diamètre
\. Chauffeur, 25 avril 1897, p. 133.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 377
des roues à leur charge. Y a-t-il lieu de la suivre en automobi-
lisme ?
Les grandes roues ont les avantages suivants :
1° Augmenter le bras de levier pour vaincre la résistance
opposée par le frottement de la fusée dans la boîte, et diminuer
la résistance au roulement. Morin regardait cette dernière comme
inversement proportionnelle au diamètre ; Dupuit, et, tout récem-
ment, M. de Mauni (§ 154), la déclarent seulement en raison
inverse de la racine carrée du diamètre ;
2° Faciliter à la voiture le passage des obstacles semés sur sa
route 1 ;
3° Être plus douces aux chaussées ; les petites roues lourde-
ment chargées et tournant vite ont, en effet, sur ces dernières,
des effets funestes;
4° Soulever moins de poussière, pour la double raison qu'à
vitesse tangentielle égale, elles tournent moins vite que les petites
roues et qu elles suspendent la caisse et le moteur à une plus
grande hauteur au-dessus du sol. Cet avantage n'est pas négli-
geable : la poussière est, en effet, un gros inconvénient de la
locomotion automobile, aussi bien pour le confort des chauffeurs
que pour la bonne tenue du mécanisme.
i . La relation, qui donne la traction T à exercer pour faire passer une
roue de poids P et de rayon R par-dessus un obstacle de hauteur h est :
-w>.
2R
Le grand diamètre est encore plus efficace, s'il s'agit, pour faire sortir la
roue d'une flache, de la faire passer non pas sur un simple caillou de hau-
teur h, mais sur un pavé de surface arrondie.
Quelques incidents du Concours des poids lourds ont amené M. Forestier
à penser « que si la tangente commune à la roue et au pavé fait avec l'hori-
zontale un angle égal ou supérieur à l'angle de frottement de glissement, la
roue motrice, quelle que soit la puissance qu'on leur appliquera, patinera
sans pouvoir se déplacer, si on ne projette pas du sable augmentant le
coefficient de frottement de glissement. Or ce cas se présentera d'autant
plus fréquemment que le rayon de la roue sera plus petit. » (Génie civil du
3 juin 1899, p. 76).
378 l'automobile scr route
Les inconvénients des grandes roues sont les suivants :
1° Leur poids croît très vite avec leur diamètre, surtout à
cause de la plus grande force qu'il faut donner à leurs jantes ;
2° La puissance étant appliquée à leur moyeu et la résistance
à leur jante, entre les deux le rai fléchit et d'autant plus qu'il
est plus long '. Cet inconvénient peut être supprimé par l'emploi
d'un dispositif analogue à celui de MM. de Dion et Bouton, qui
applique la puissance aux jantes, comme la résistance;
3° La transmission par chaînes ayant amené à adopter des
fusées sans carrossage (p. 319) et par suite des roues sans écuan-
teur on craint pour ces roues le voilement, dès qu'il s'agit pour
elles d'un grand diamètre. Mais on admet aujourd'hui qu'on
peut appliquer les chaînes à des roues montées sur des fusées
légèrement carrossées ;
4° Elles sont plus difficiles à loger : elles forcent à augmenter
l'empattement, et les virages demandent plus de place ;
5° Les voitures sont avec elles plus hautes, dès lors moins
stables. Mais on peut employer des essieux coudés ; et puis l'aug-
mentation de l'empattement se traduit par un accroissement d«k
la stabilité, de sorte que ces deux inconvénients successifs s'atté-
nuent l'un l'autre ;
6° Tournant, à égalité de vitesse linéaire, moins vite que les
roues basses, elles ont besoin d'une plus grande réduction de
la vitesse du moteur, partant d'une transmission plus compli-
quée.
Les trois derniers défauts n'ont pas une grande importance ;
c'est la sécurité qui mérite surtout d'être prise en considération.
Notre conclusion sera donc qu'il faut avant tout assurer la soli-
dité ; à mesure qu'on apprendra à faire des roues plus résistantes,
on pourra en augmenter le diamètre.
1 . On regarde en général la résistance d'une roue comme en raison inverse
du carré du rayon, vis-à-vis des efforts qui s'exercent normalement dans le
plan de la roue, et comme en raison inverse du cube de ce rayon, vis-à-vis
des efforts transversaux qu'elle a plus accidentellement à subir.
i
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES 379
En fait jusqu'ici les roues d'automobiles sont plutôt basses,
surtout pour les véhicules destinés aux transports en commun :
dans l'omnibus Scotte (type du concours des Poids lourds de
1897), les roues d'avant ont un diamètre de 0,770 mètre pour
une charge de 1.280 kg., et celles d arrière un diamètre de
0,900 mètre pour une charge de 1.945 kg. Dans l'omnibus de
Dion-Bouton (type dû même concours), les diamètres sont res-
pectivement de 0,800 m. et de 1 m. pour des charges de 980 et
de 2.100 kg. Cependant, dans l'omnibus Weidknecht, les roues
directrices qui sont à l'arrière ont un diamètre de 1,10 m. pour
une charge de 1 .750 kg. ; pour la même charge, les roues motrices
ont un diamètre de 1,40 m., et donnent, paraît-il, un bon ser-
vice ; ce sont les plus hautes que nous connaissions. Elles sont
assez notablement inférieures aux plus grandes roues employées
en carrosserie ordinaire, où elles atteignent : 1 m. 52 à l'arrière
des anciennes diligences, 1 m. 70 à l'arrière des omnibus de
30 places de la Compagnie générale à Paris, 2 m. dans les cha-
rettes de roulage.
M. Forestier croit qu'il y aurait intérêt à donner aux roues
d'avant même diamètre qu'aux roues d'arrière, de manière à pou-
voir leur imposer une charge égale ou même supérieure à celle
des roues d'arrière, afin de diminuer les chances du tête-à-queue
(§ 188 bis), quitte à augmenter la longueur de l'essieu de manière
à pouvoir permettre le même braquage sans réduire la largeur du
châssis et de la caisse.
197. — Largeur des jantes. — Dans les voitures de luxe, on donne
assez souvent aux jantes 1 mm. de largeur par 5 kg. de charge ;
dans les diligences. 1 mm. par 10 kg.; dans les omnibus de
Paris, qui ne roulent guère que sur pavés, pour lesquels le frayé
est presque nul, 1 mm. par 20 kg. Si on adoptait le second chiffre
les roues motrices de l'omnibus Scotte auraient 0,194 m. de lar-
geur (au lieu de 0,100 m.) ; celles de l'omnibus de Dion 0,210 m.
(au lieu de 0,100 m.) ; celles de l'omnibus Weidknecht 0,175 m.
fau Heu de 0,100 m.). Il faut presque appliquer le taux des omni-
380 l'automobile sur route
bus parisiens, pour arriver aux largeurs de jante usitées, et
comme les voitures lourdes dont nous parlons sont plutôt faites
pour circuler sur les routes macadamisées que sur le pavé, il est
permis de se demander si ce taux n'est pas exagéré. Quoi qu'il
en soit, on compte comme largeur courante 0,050 m. pour une
voiture dune tonne, 0,075 m. pour deux tonnes, 0,10 m. pour
trois tonnes et au-dessus. Ces chiffres s'appliquent aux roues
motrices; les roues simplement porteuses ont d'ordinaire une
jante un peu moins large ; pour ces dernières, les omnibus Scotte,
de Dion et Weidknecht ont respectivement des jantes de
0,070 m., 0,090 m., 0,095 m.
La théorie ne donne pas sur l'influence de la largeur des jantes
des indications bien nettes. Morin déclarait que les bandages
larges augmentaient la résistance au roulement sur une chaussée
incompressible, la diminuaient sur une chaussée compressible.
Pour Dupuit, ils étaient sans influence sur une route empierrée,
en avaient une favorable sur le pavé. Pour M. de Mauni * la lar-
geur de la jante est profitable sur les routes sablonneuses, très
poussiéreuses ou fortement boueuses ; elle est nuisible avec la
boue peu profonde et gluante ; elle Test aussi par son essence,
en tant que contraire à la condition que cet auteur assigne à
la réduction du tirage : assurer au contact de la roue sur le sol
une surface longue et étroite.
L'efficacité d'une semblable condition est facile à prouver :
afin d'éviter une trop grande profondeur du frayé, assurément
pernicieuse pour le tirage, il faut augmenter la surface par
laquelle la roue porte sur le sol, et, à étendue égale, le contact
le moins large sera le meilleur parce qu'avec lui les parties mou-
lues seront minima. Mais le seul moyen d'allonger le contact,
c'est, du moins pour les bandages rigides, d'augmenter le
diamètre de la roue, et nous avons vu que cette augmentation
avait des limites étroites ; on sera donc assez souvent réduit,
1. Do Mauni. Les bandages pneumatiques et la résistance au roulement,
p. ï>6 et suivantes.
ESSIEUX, HOUES, BANDAGES 381
pour réaliser autant que possible la condition du tirage minimum,
à faire les jantes assez larges.
La contradiction des résultats que nous venons de rappeler,
est certainement plus apparente que réelle, car elle dépend beau-
coup de l'état des voies expérimentées, fort difficile à bien pré-
ciser. Pour ne citer qu'un exemple, sur voie compressible, il y a
intérêt, comme nous venons de le remarquer, à élargir la jante ;
mais, si la route est en même temps parsemée de cailloux, une
jante large aura l'inconvénient d'augmenter le nombre des
obstacles rencontrés. Il serait désirable que des expériences
méthodiques fixent un peu mieux la question, et déterminent la
largeur qui a le plus de chances d'être la meilleure pour un
ensemble de conditions plus ou moins complexe.
Les remarques que nous avons faîtes sur les jantes des trocs
omnibus précités, nous amènent à craindre que la largeur admise
puisse être trop faible.
Il est, en effet, une question qu'il ne faut pas perdre de vue,
du moins pour le transport des poids lourds : la nécessité d'une
bonne route. Le concours d'octobre 1898 semble avoir mis ce
fait en lumière, et nous le trouvons nettement formulé dans les
conclusions données- par le jury du Concours des Poids lourds,
qui a eu lieu à Liverpool au mois dd mai 1898 : « Les
imperfections des chaussées des routes ordinaires sont les prin-
cipaux facteurs du taux élevé des dépenses d'entretien et d'amor-
tissement, ainsi que l'élément principal de l'aléa dont, pour le
moment, se trouve frappé tout service assuré par des voitures à
traction mécanique. Sur des routes bien macadamisées, à faibles
déclivités, tous les véhicules auquels des prix ont été attribués,
feraient un bon service avec les charges respectives qu'ils trans-
portaient pendant les épreuves, mais pas un ne pourrait être uti-
lisé pour un service régulier, sur des routes telles que celles choi-
sies pour le concours. » Nous n'avons pas besoin de faire remar-
quer combien les jantes larges sont moins destructives que les
autres pour les chaussées.
382
L AUTOMOBILE SUK ROUTE
On peut diviser les roues en trois classes principales : 1° roues
à rayons de bois ; 2° roues à rais métalliques ; 3° roues métal-
liques pleines.
198. — Roues à rayons de bois. — Le moyeu se fait en orme tor-
tillard, pour éviter les fentes. Mais on lui préfère presque uni-
versellement le moyeu métallique en bronze, fer cémenté et
trempé, ou acier coulé. Les fig. 198 et 199 représentent deux
moyeux en bronze, tels que les construit M. L. Hannoyer, lun
monté sur boite en fer, l'autre formant boîte d'une seule pièce.
Fig. 198. — Moyeu bronze monté sur boite en fer.
Les rais se font en acacia, ou en chêne pour les véhicules lourds.
L'acacia prend mieux le poli que le chêne et il a plus de liant ;
c'est ce qui le fait préférer pour la carrosserie fine ; mais il est
difficile de le trouver gros et, en tout cas, il n'a pas la solidité du
chêne.
Les jantes se font en frêne, plus rarement en orme, quelque-
fois en métal.
Gomme nous l'avons dit en parlant des fusées (§ 196), l'impos-
sibilité de donner à celles-ci le carrossage ordinaire entraîne pour
les roues la suppression de l'écuanteur ; parfois, cependant, on
leur en donne une légère. Il faut bien reconnaître que si l'écuage
diminue un peu la solidité de la roue, il a le gros avantage de la
rendre plus élastique. C'est d'ailleurs un fait reconnu que le
carrossage de l'essieu et l'écuanteur de la roue, rendent les voi-
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES
383
tures plus roulantes et peut-être faut-il regretter l'ostracisme
dont parfois ils sont frappés, même pour les roues directrices,
qui n'ont pas, pour en être privées, des raisons analogues à celles
des roues motrices.
Quand on emploie des jantes en bois, ce qui est le cas presque
général, le nombre des rais est toujours double de celui des
jantes, qui, elles, sont en nombre impair (7 ou 9) et réunies au
moyen de chevilles en bois. Ils sont disposés de façon que le
grand axe de leur section, qui est elliptique, soit placé transver-
salement. Lorsqu'ils doivent servir d appuis à la couronne den-
Fig. 199. — Moyeu bronze formant boîte d'une seule pièce.
tée de la chaîne, ils sont renforcés par des bossages, auxquels
cette dernière est boulonnée. Les rayons s'assemblent avec les
jantes en bois par tenons à embase et mortaises ; avec les jantes
métalliques, par des douilles de métal, dans lesquelles s'engagent
les extrémités des rais, et qui sont boulonnées à la jante
(fig. 200).
L'assemblage avec le moyeu en bois se fait par tenons et
mortaises; avec le moyeu métallique, les rais sont en général
serrés les uns contre les autres, entre deux plateaux, reliés par
des boulons placés entre les joints des rais.
Les roues en bois donnent un très bon service, et sont beau-
coup plus employées que les roues à rais métalliques. Elles
ont le défaut d'avoir besoin de temps à autre d'être châtrées,
384
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
pour remédier au jeu que l'usure et les variations hygroscopiques
font prendre aux rayons dans le moyeu et dans la jante.
M. Gérard a imaginé, pour éviter la nécessité du chat rage, un
dispositif, sur lequel l'expérience n'a pas encore eu le temps de
se prononcer1. Plus récemment, les Etablissements du Creusot
ont fait breveter un système nouveau *.
Nous n'exposerons pas les artifices employés pour permettre
de donner aux voitures automobiles le carrossage et l'écuan-
Fio. 200. — Rayon à douille, type allemand.
teur ordinaires, presque tous basés sur l'emploi d'engrenages
faisant entre eux un angle convenable ; nous citerons seulement
celui de MM. Foucher et Delachanal 3. Nous rappellerons que
les dispositifs employés par MM. de Dion et Bouton et Gautier-
Wehrlé, déjà décrits à propos des transmissions, permettent
aussi de donner le carrossage et l'écuanteur, et procurent de très
bons résultats.
199. — Roues à rais métalliques. — C'est en acier qu'on fait ces
rais, toujours de minime section ; ils ne peuvent, comme ceux de
1. Milandre et Bouquet, Voitures automobiles, 1er vol., p. 168.
2. Hevue industrielle du 18 mars 1899.
3. Locomotion automobile, 21 octobre 1897, p. 494.
ESSIEUX, R0UE6, BANDAGES
385
bois, travailler à la compression, mais seulement à la traction ;
l'essieu n'étant pas soutenu par le rayon placé au-dessous du
moyeu, parce qu'il fléchit sous son poids, est porté par celui de
dessus et se trouve ainsi suspendu à la partie supérieure de la
roue. La section des rais augmente du moyeu à la jante.
Les rayons sont toujours disposés, de manière à donner à la
roue la forme de deux cônes aplatis, soudés par leur base. Ce
double écuage donne aux roues l'avantage de résister, dans les
deux sens, aux chocs latéraux si fréquents contre les trottoirs, les
rails sans contre-rails. Les rais peuvent être directs ou tangents.
W-W'-^^ft
a^J
'.-nSs^fflîïSt
Fig. 201. — Boite pour rais métalliques Fig. 202. — Botte pour rais métalliques
type patent (Lemoine). type demi-patent {Lemoine).
Les premiers sont disposés radiale ment : pour les mettre en
place, on les fait passer dans un trou de la jante, contre laquelle
ils portent par une partie renflée et on visse leur extrémité dans
le moyeu ; un écrou permet d'en régler la longueur utile. L'effort
tangentiel qu'ils éprouvent les fait fléchir dans le sens du dépla-
cement du véhicule.
Les seconds se détachent du moyeu, tangentiellement à une
circonférence qui lui est concentrique; ils sont fixés au moyeu
par leur tête, et vissés dans la jante. Ils sont dirigés moitié dans
un sens, moitié dans l'autre, pour que l'entraînement puisse se
faire vers l'arrière comme vers lavant. Les rayons tangents
résistent mieux que les autres au moment de torsion qui tend à
se produire du moyeu à la jante, quand celle-ci est brusquement
arrêtée par un obstacle.
G. Layuoxic. — V Automobile sur route. 25
386
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Les fîg. 201 et 202 représentent deux types de moyeux pour
rais métalliques, construits par M. Lemoine ; la fig. 203 donne
l'élévation et la coupe d'un moyeu et la section de la jante d une
roue à rais métalliques de la maison Peugeot, qui a été la pre-
mière à appliquer aux voitures les rais métalliques réservés
jusque-là aux motocycles et aux voiture ttes ; les rayons sont en
Fia. 203. — Moyeu de roue motrice et attache des rais &Ja jante {Peugeot).
acier demi-dur, résistant à 100 kg. par millimètre carré de section ;
les roulements sont à billes.
Les roues à rais métalliques sont plus légères que les roues en
bois ; mais leur construction ne souffre pas la médiocrité.
Roues métalliques pleines. — Elles sont d'une création toute
récente. Dans celles des fiacres de l' Electric Vehicle G0 de New-
York , les rayons sont remplacés par des segments pleins , en
acier de 4 mm. d'épaisseur, disposés suivant les mêmes sur-
faces tronconiques que les rais ordinaires, de façon à laisser entre
eux un intervalle plus grand près du moyeu que près de la péri-
phérie, où ils sont séparés par une jante en bois, dont la section
affecte la forme d'un croissant pour recevoir le pneumatique.
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES 387
3° Les bandages.
200. — Bandages métalliques. — Les voitures légères sont exclu*
sivement munies de bandages élastiques indispensables, aux
grandes allures, pour le confort des voyageurs et la bonne con-
servation des mécanismes. Les voitures lourdes, qui vont moins
vite, sont ordinairement armées de bandages métalliques; et
cependant le concours d'octobre 1898 a révélé chez elles une ten-
dance manifeste à se munir de bandages en caoutchouc.
Les lames, en fer fin de première qualité, sont cintrées à froid,
quand le diamètre de la roue est très grand par rapport à la sec-
tion du bandage, à chaud dans le cas contraire. Leurs extrémités
sont ensuite soudées, de façon que le bandage ait exactement
comme diamètre intérieur le diamètre extérieur des jantes qu'il
doit recouvrir. La pose se fait à chaud.
Le martelage auquel le bandage est soumis, principalement
sur le pavé, exerce sur le fer des effets destructeurs, particulière-
ment quand les roues sont fortement chargées. M. Maurice Le
Blant a successivement muni les roues de ses tracteurs et de ses
breaks, de 75 mm. de largeur à la jante, de bandages : 1° de fer
d'épaisseur courante, qui se rompit fort vite ; 2° de fer de
40 mm. d'épaisseur qui s'écrasa suivant les mises du lami-
nage; enfin 3° d'acier de 40 mm. qui, au bout de peu de temps,
devint le siège d'un écrasement considérable : le bandage avait
pris à sa circonférence extérieure une largeur de 90 mm., alors
qu'il avait conservé celle de 75 mm. à la circonférence intérieure.
Mais il faut dire que, pour pouvoir être soudé ainsi que nous
l'avons expliqué, cet acier avait été ehoisi extra-doux ; de l'acier
dur aurait beaucoup mieux résisté. M. G. Brabant n'hésite pas à
conseiller l'emploi d'un métal présentant à la rupture une résis-
tance de 65 à 70 kg. par mm2, quitte à le fabriquer au laminoir
comme un bandage de wagon ; mais , nous ne sachons pas que
ce conseil ait été suivi.
388
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
201. — Bandages en caoutchouc plein. — Il est nécessaire de les
fixer solidement à la jante pour éviter un arrachement, qui rendrait
la voiture indisponible et pourrait même occasionner des accidents
fort graves. On doit les faire assez larges pour qu'ils ne puissent
pénétrer dans les rails de tramways. On les fixe à la jante par
forcement, par soudage, ou par rubans circulaires avec ou sans
boulons.
1° Forcement. — La jante métallique a la forme d'un U, dont
les branches forment chacune un redan, de manière à emprison-
Fio. 204.
Bandage plein Vinet à forcement.
Fig. 205.
Bandage plein à forcement.
ner le caoutchouc dans un logement à section de queue d'hironde,
qui le retient une fois qu'il y a été forcé.
Les avantages du système sont la possibilité d'employer du
caoutchouc non vulcanisé, dès lors ayant toute sa souplesse, et
celle de permettre le démontage et le remontage d'un bandage
sans envoyer la roue à l'usine.
Les inconvénients sont que la partie étranglée est à peu près
perdue pour l'élasticité, du moins celle qui forme les oreilles de
la queue d'hironde. On doit se garder de faire déborder autour
du fer le caoutchouc, qui travaillerait alors dans le vide. Il faut
éviter dans le profil de la jante les parties anguleuses, sur les-
quelles la pression du caoutchouc risquerait de provoquer à la
longue le déchirement du bandage.
Entre autres bandages à caoutchouc plein et à fixation par for-
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 389
cément, le profil de la jante Vinet (fig. 204) nous paraît bien
conçu, parce que la pression du caoutchouc s'exerce normalement
sur les divers points, et que l'encastrement du caoutchouc règne
sur une profondeur assez grande pour bien maintenir le bandage,
qui est d'ailleurs par précaution collé à la jante h chaud, avec une
colle à base de gutta-percha. Le Clincher, certains Hannoyer,
sont aussi des bandages à forcement (fig. 205). Dans le système
de M. Loubière (fig. 200), la partie encastrée est peu épaisse,
Fig. 206. — Bandage plein LouLi}re à forcement, ave? goupilles.
alors il n'y a pas d'élasticité perdue ; comme elle serait insuffi-
sante pour maintenir le caoutchouc, on a recours à des goupilles
transversales.
2° Soudage. La jante, à section en II à branches droites, préa-
lablement enduite d'une dissolution de caoutchouc vulcanisé,
reçoit une première bande de caoutchouc fortement vulcanisé,
puis une seconde bande moins vulcanisée, enfin le bandage ; on
chauffe le tout dans une chaudière, ordinairement h 140° pendant
deux heures, pour lui donner la cohésion voulue.
On a reproché à ce système de ne pas laisser au caoutchouc sa
390
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
flexibilité naturelle ; cela est vrai pour les deux lames vulcani-
sées, mais k un degré beaucoup moindre pour le bandage propre-
ment dit, qui est seulement chauffé ; — de nécessiter pour le
changement du bandage ou simplement
ses réparations l'envoi de la roue à
l'usine ; — de former un tout peu homo-
gène, sujet à se désagréger et même à
se décoller de la jante. Mais ces arra-
chements ne se produisent plus, et, en
fait, les caoutchoucs soudés donnent,
quand ils sont bien préparés, un bon
service, suffisant, disent leurs fabricants,
pour 5.000 ou 8.000 km.
M. Torrilhon, M. Hannoyer (fig. 207 et 208). emploient le sou-
dage. Ce dernier a parfois recours, pour assurer l'adhérence de
Fig. 207.
Bandage Torrilhon soudé.
Fio. 208. — Bandage Hannoyer à
vis pour jante métallique.
Fig. 209. — Bandage Hannoyer
à vis pour jante en bois.
la première bande de caoutchouc à la jante, à des vis dont les
larges têtes sont noyées dans la seconde bande vulcanisée (fig.
208). C'est le procédé qu'il a combiné avec M. Bouquillon, direc-
teur des usines Edeline à Puteaux, et qu'il applique aux jantes de
bois : sur ces dernières sont alors attachées par de longues vis
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
391
les jantes métalliques, auxquelles adhère le bandage (fîg. 209).
Gomme le chauffage nécessaire à la vulcanisation sur le fer abîme-
rait le bois, il faut, une fois la jante métallique placée à chaud,
la retirer pour ne la remettre qu'après le chauffage.
3° Par rubans circulaires sans boulons. La jante a la forme
d'un U évasé, dans lequel est maintenu le caoutchouc par deux
Fio. 210. — Bandage plein Kelly à rubans soudes.
tiges d'acier, qui en forment l'âme et font comme lui le tour de
la roue. L'évasement de la jante fait que le caoutchouc n'est jamais
pris entre le bord de la jante et le sol et ne risque pas d'être
Fio. 211. — Bandage plein Hannoyer à rubans fermés par torsion.
coupé. Comme on emploie une longueur de caoutchouc plus
grande que la circonférence de la roue, il suffit d'enlever la par-
tie détériorée sans la remplacer; si elle est trop longue, on lui en
substitue une autre, mais tout le reste du bandage ressert. Cette
disposition semble devoir assurer l'inarrachabilité des bandages.
Ce procédé est employé par M. Kelly, dont les rubans sont for-
més par des fils d'acier doux soudés électriquement ; et par
M. Hannoyer, dont les fils d'acier sont tordus mécaniquement au
lieu d'être soudés : cette torsion empêche le glissement du caout-
392
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
chouc le long du fil, comme d'ailleurs les saillies transversales
dont est muni le fond de la jante métallique (fig. 210 et 211).
4° Par rubans circulaires avec boulons. C'est le cas du ban-
dage Ducasble, à l'intérieur duquel (fig. 212) est ménagé un
évidement de section triangulaire qui reçoit un tube creux de
même forme. Ce tube porte, au milieu de sa base, une rainure
par laquelle on introduit les têtes des boulons, auxquels on
donne ensuite un quart de tour pour amener leurs oreilles à faire
Fig. 212. — Bandage plein Ducasble à rubans et boulons.
un angle droit avec les lèvres de la rainure. Les tiges de ces
boulons traversent la jante en acier, en forme d'U, qui reçoit le
bandage, et, s'il y a lieu, la jante en bois de la roue ; un petit
écrou vissé sur la queue de chaque boulon en produit le serrage.
On s'arrange de façon que le joint du tube tombe entre deux bou-
lons plus rapprochés que les autres, et pas à l'aplomb du joint du
bandage, dont les deux extrémités sont d'ailleurs soudées à l'aide
d'une dissolution de caoutchouc.
L'inventeur revendique pour son système : 1° l'impossibilité
de l'arrachage ; 2° la faculté d'employer un caoutchouc très souple
simplement emprisonné dans une toile, donnant un plus long et
un meilleur service que le caoutchouc vulcanisé ; 3° la facilité du
ESSIEUX, ROLES, BANDAGES
393
démontage, du remontage et du replacement des parties usées,
toutes les autres resservant indéfiniment. Ce bandage est en ce
moment expérimenté par plusieurs maisons, auxquelles l'usage
révélera sa véritable valeur.
5° Bandages compound. Ce sont encore des bandages pleins,
mais dont l'intérieur est formé par une matière plus souple que
celle qui l'entoure, de façon à donner à l'ensemble à peu près la
résistance d'un plein et la souplesse d'un creux.
Le bandage (fig. 212 bis) est un anneau sans joint, moulé à
Fio. 212 bis. — Bandage compound.
part, à âme de gomme Para pure, à enveloppe de caoutchouc
moins souple et plus résistant. Il est fixé, par des talons très
prononcés et des boulons de sécurité, à la jante d'acier, qui lui
sert de repos double (repos permanent et repos de déformation).
Cette jante est à ailes très larges, pour protéger le caoutchouc
et, s'il y a lieu, le bois de la jante des chocs et frottements laté-
raux, et pourtant s'accommoder d'une base de jante assez étroite.
Pour recevoir les boulons, à l'intérieur de l'anneau, au-dessous
du plan des repos de l'acier, des plaques métalliques sont noyées
et soudées, au moment même de la vulcanisation du caoutchouc.
394
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
202. — Bandages en caoutchouc creux. — Leur raison d'être est
d'offrir une élasticité plus grande que les pleins ; mais ils semblent
condamnés par ce fait que, sous la grande pression que leur
impose le poids de la voiture, la résistance de l'air emmagasiné
dans l'évidement à la pression atmosphérique est impuissante à
maintenir un vide suffisant, et que, dans ces conditions, ils fonc-
tionnent simplement à l'instar de pleins de section réduite.
Pour leur donner une résistance suffisante, MM. Torrilhon
Fin. 213. — Bandage creux Ducasble a ruban et boulons.
constituent la chambre à air par une série de cellules, que séparent
les unes des autres des cloisons radiales ; cette chambre à air est
soudée à l'autre partie du bandage qui l'enveloppe, et cette autre
partie est soudée elle-même a la jante métallique.
M. Ducasble a essayé d'assurer à ses bandages l'élasticité de
<reux véritables en ménageant au-dessus du tube métallique
(fig. 213), auquel il donne une section rectangulaire (dans laquelle
le côté supérieur est quelquefois supprimé), un vide assez étendu
de forme circulaire ou mieux ogivale. 11 compte que les deux
côtés de cette chambre se comporteront comme les voussoirs
ESSIEUX, ROUES, RANDAGES
395
d'une voûte. Cette idée ne nous semble appuyée sur aucune rai-
son théorique sérieuse ; il faudra voir ce que donne en pratique
le système.
A notre estime, le caoutchouc creux, qui pour la bicyclette n'a
été qu une transition entre le plein et le pneu, ne saurait conve-
nir à une automobile ; tout au plus
pourrait-il donner de bons résul-
tats avec un motocycle ou une
voiturette qui s'accomoderont tou-
jours mieux de pneumatiques.
203. — Bandages pneumatiques. —
lue plus employé est sans contredit
le pneu démontable Michelin, dont
les figures 214 et 214 bis repré-
sentent la coupe, en même temps
que celle de la valve. Il est main-
tenu dans la jante en acier : 1° par
deux bourrelets, qui se coincent
sous les crochets de la jante ;
2° par quatre boulons de sûreté,
analogues à celui de la fig. 214 A/s,
qui se termine à l'intérieur par un
V, dont les deux branches pincent
les bourrelets entre elles et la
jante. Ainsi se trouve parfaite-
ment réalisée l'adhérence si néces-
saire du bandage et de la roue.
Il existe beaucoup de systèmes
de pneumatiques, qui se disputent la clientèle des chauffeurs.
Le pneu Gallus, fabriqué par la Société des anciens Etablisse-
ments Edeline, n'a pas de croissant de protection, qui n'est jamais
bien collé, disent ses constructeurs. L'enveloppe est, h la place
ordinaire du protecteur, épaissie à l'aide d'une deuxième couche
de toiles noyées dans le caoutchouc. Ce pneu est muni de la
Fig. 214. — Pneumatique Michelin.
B, croissant de protection ; C, bandage
C\ DourreleU; D, chambre à air; A, corps
de la valve ; E, crochet* de la jante ; 1, plaque
et ècrou ; G, rondelle» en caoutchouc ; H, cha-
peau ; J, rondelle en cuivre; K, goupille trans-
versale ; ï, aiguille ; O, obus; S, capuchon.
398 l'automobile sur route
valve système Sclaverand. Le pneu Englebert lui est analogue,
moins la valve.
Les pneus Talbot et Continental sont aussi sans croissants et
ont leurs roulements en para.
Les pneus Vital et Clincher sont, au contraire, à croissant. Le
pneu Eole a son enveloppe en toile et cuir combinés.
La maison Dunlop commence à faire des pneus pour automo-
biles : leur chambre à air est en gomme
para sans soudure ; la jonction est vulca-
nisée, ainsi que la plaquette reliant la valve
à la chambre à air. Un ruban protège la
chambre à air contre les têtes des rayons.
L'enveloppe est composée de 7 à 8 toiles
fortes, avec plusieurs toiles supplémentai-
Fig. 214 bis.— Boulon . . . ,
d'attache du bandage à la res à la Partie roulante, noyées dans un
jante- caoutchouc spécialement fabriqué pour
P. boulon do eé<-urité ; G, ron- -, , . . . » • , 1 r •
dftiii» en eaoatchouc; j, rondelle cela. Le tout est vulcanise une seule lois,
sans croissant, sans toile collée après la
vulcanisation. Quatre ou six boulons de sécurité fixent l'enve-
loppe à une jante en acier, qui peut être montée indistinctement
sur des rais métalliques ou sur jantes en bois avec rais en bois.
La pression de l'air, dans la chambre d'un pneu, est d'environ
4 kg. pour les automobiles légères, de 5 ou 6 kg. pour les voi-
tures lourdes. On augmente chaque jour le diamètre des pneus;
ceux de 90 mm. étaient, jusqu'à ces derniers temps, les plus gros;
M. Michelin en fait aujourd'hui de 120 mm. ; les anciens établis-
sements Edeline en fabriquent de 430 mm. pour voitures de
2 tonnes ; et le dernier mot n'est certainement pas dit.
Dans les roues à rais métalliques, ceux-ci sont fixés à la jante
même du pneumatique. Dans les roues à rayons de bois, la jante
métallique du pneu se pose à chaud sur la jante de bois, à laquelle
on la relie par des vis à tête plate; quelquefois cependant, la
jante de bois est supprimée, et la jante métallique s'applique à
chaud sur les douilles métalliques, dont on coiffe les extrémités
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 397
des rayons, et auxquelles on la fixe à l'aide de vis à tête plate ou
de rivets.
Les pneumatiques donnent, cela est incontestable, indépen-
damment d'un amortissement des trépidations, une diminution
du tirage. Les expériences de M. Michelin, dont nous avons
parlé (§ 149), ont mis le fait en pleine évidence, et il n'y a là rien
pour nous surprendre, si nous nous rappelons ce qui s'est passé
pour la bicyclette : on l'avait munie de caoutchoucs pour atté-
nuer les cahots, qui fatiguaient le cavalier malgré les ressorts de
la selle, et on s'est aperçu que l'effort de propulsion s'en trouvait
fortement diminué, que la résistance au roulement était bien
amoindrie.
Les expériences de M. Michelin lui ont aussi prouvé que les
caoutchoucs pleins donnaient, par rapport aux bandages de fer,
une diminution de tirage assez sensible, quand le sol était boueux
ou couvert de neige, c'est-à-dire dénué par lui-même de toute
élasticité. La résistance était, au contraire, plus petite avec le
fer, sur bon pavé et sur macadam bien sec. Le caoutchouc plein,
meilleur que le fer au trot, s'est montré moins bon que lui au
pas. D'une façon générale, il n'y a jamais eu un grand écart entre
les résultats donnés par ces deux bandages ; tandis que le pneu
s'est toujours montré bien supérieur au fer.
Si le fait est facile à constater, il est plus difficile à expliquer.
On a dit : le pneumatique boit l'obstacle. Il y a du vrai dans
cette image : les cailloux s'encastrent momentanément dans la
matière plastique du bandage ; le véhicule n'est pas soulevé, ou,
en tout cas, l'est moins qu'il ne le serait avec un handage rigide; sa
force vive est donc moins diminuée. Mais il y a autre chose dans
le jeu du pneumatique, puisqu'il diminue le tirage sur route unie.
Avec les théories jusqu'ici admises de la résistance au roule-
ment, une explication rationnelle n'était guère possible. Elle
devient plus facile, si on adopte la manière de voir de M. de
Mauni. Cet auteur, ainsi que nous l'avons déjà dit, a montré
que de deux roues également chargées en poids et ayant des sur-
398 l'automobile sur route
faces de contact équivalentes, celle dont le contact avait la forme
la plus allongée était celle qui roulait le mieux. Avec la roue à
bandages rigides, cet allongement ne pouvait s'obtenir que par
une augmentation du diamètre, toujours fort limitée, de sorte
que la roue frayait et s'enfonçait, à proportion de la charge du
véhicule. « Avec le bandage en caoutchouc, au contraire, on
demande l'allongement du contact non plus au diamètre, mais à
l'élasticité de la circonférence roulante : ici, au lieu de frayer et
de s'enfoncer, d'imprimer sa forme, le bandage cède et s'étale et
ce jusqu'à ce que l'aire de contact soit suffisante pour que la
somme des pressions qu'elle rend, fasse équilibre au poids du
système * ». S'il en est bien ainsi, on comprend pourquoi le ban-
dage élastique diminue la résistance au roulement.
On comprend aussi la supériorité du pneu sur le plein : sous la
charge de la roue, le premier s'allonge autrement que le second;
dans le plein, l'élasticité borne ses effets à la partie qui avoisine
le sol, et qui est momentanément comprimée ; avec le pneu, les
effets de cette compression s'étendent instantanément sur tout le
pourtour du bandage, parce que le siège de cette élasticité est ici
une masse d'air sous pression, dont les actions et réactions molé-
culaires se propagent sans travail sensible. Et à ce sujet, M. de
Mauni condamne le blindage des pneus, qui consiste à les garnir
extérieurement de segments métalliques, destinés à remplacer le
protecteur ordinaire et à se montrer plus efficaces que lui contre
l'usure. Il estime qu'il faut laisser à ^a bande protectrice le plus
de souplesse possible.
Mais le pneu, indépendamment des perforations dont il est très
souvent le siège, a un défaut inhérent à son système. Il faut,
avons-nous dit, pour diminuer la résistance au roulement, donner
à la surface de contact la forme la plus allongée possible, ou,
pour mieux dire, une forme aussi longue et aussi étroite que faire
se peut. Or, si le pneu s'allonge sous la pression de la voiture, il
1. Les bandages pneumatiques 9 p. 136.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES 399
s'étale aussi en largeur, ce qui est mauvais et nous fait com-
prendre pourquoi, à un moment donné, une augmentation de
tirage peut être le résultat d'une augmentation d'élasticité, et
pourquoi dès lors, lorsque la route est passable, le cycliste qui
veut aller vite, gonfle à bloc son pneu. La question du meilleur
gonflement est donc fort complexe, parce qu'elle est liée avec
l'état variable de la chaussée : elle n'est probablement pas suscep-
tible de recevoir une solution bien nette. Il est pourtant dési-
rable qu'elle donne lieu à des expériences méthodiques, qui ne
manqueraient pas d'éclaircir nos idées à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, les bandages pneumatiques sont de plus en
plus employés !, malgré leurs crevaisons fréquentes, et leur
entretien fort coûteux. Pour diminuer l'usure des bandages en
caoutchouc, on a cherché à remplacer le croissant en caoutchouc,
ordinairement chargé de les protéger, par un protecteur métal-
lique.
204. — Bandages protégés. — Le bandage Chameroy est en caout-
chouc plein, à la périphérie duquel on a creusé, dans le plan
médian, une rainure qui reçoit une tringle à section en U (en
plusieurs morceaux pour la pose) ; sur cette tringle sont enfilés
des segments métallique creux 2.
Le constructeur affirme que ce protecteur assure une très grande
durée aux bandages, sans en diminuer sérieusement la souplesse,
et qu'il évite aussi les dérapages. Des essais récents 3 auraient
parfaitement réussi.
i. La statistique des bandages, à l'Exposition de 1899, bien que ne cor-
respondant peut-être pas fort exactement, comme proportions des divers
systèmes, à celle des voitures actuellement en service, est pourtant intéres-
sante à cet égard. Sur les 1272 véhicules exposés, on comptait :
Jantes avec bandages en fer 36
— avec bandages en caoutchouc plein 124
— — creux 104
— — pneumatiques.... 1008
Près de 80 °/0 des voitures étaient donc munies de pneumatiques.
2. Locomotion automobile, 26 janvier 4899, p. 58.
3. Locomotion automobile, 17 août 1899, p. 526.
400 l'automobile sur route
Le teuf-teuf est un pneumatique protégé : à l'intérieur d'une
jante métallique se trouve la chambre à air, sur laquelle s appuie
un caoutchouc plein à base courbe, qui sort de la jante par une
rainure qui en fait le tour. Ce caoutchouc plein entre et sort sui-
vant la pression qu'il supporte, toujours protégé du frottement
contre les lèvres de la rainure par un corset métallique. Si malgré
tout la chambre crève, on en est quitte pour rouler sur le plein.
Dans le protecteur L. N., une courroie est cousue à la surface
roulante du pneu et sur elle on enfile des lamelles métalliques à
profil cintré ; entre les lamelles et le pneumatique, on interpose
une bande de feutre ou de caoutchouc mince.
. Tout en rendant hommage aux efforts de ces inventeurs, qui
poursuivent, ordinairement par des moyens assez compliqués, un
but assurément utile, nous devons constater qu'ils manqnent
encore de la sanction que peut seule leur donner une expérience
un peu longue.
205. — Roues élastiques. — L'élasticité des roues que nous avons
décrites réside toute à l'extérieur de la jante. On a essayé de la
placer ailleurs.
Dans une roue américaine, probablement réservée aux bicy-
clettes, chaque rayon était un fleuret d acier, ayant sa pointe
articulée avec la jante : celle-ci présentait une suite de charnières,
qui lui permettaient de s'infléchir et de s'aplatir sur le sol. M. de
Mauni a fabriqué, dès 187S, plusieurs roues de ce genre, qui
n'ont d'ailleurs pas été appliquées à un usage courant : indé-
pendamment des difficultés très grandes que présente leur con-
struction, leur flexibilité fait subir à leur centre de gravité des
déplacements latéraux fort nuisibles.
C'est dans le moyeu lui-même que d'autres inventeurs ont
placé l'élasticité de la roue. M. Ballin intercale entre la boîte de
l'essieu et la partie supérieure du moyeu, des rondelles de caout-
chouc 1. Dans un autre système, au centre de la roue se trouve
1. Locomotion automobile, 17 mars 1898, p. 169.
ESSIEUX, ROUES, BANDAGES
401
une pièce métallique, ayant une forme extérieure étoilée, et
recouverte exactement par un véritable bandage élastique ; sur le
moyeu ainsi constitué se monte la roue proprement dite, dont
les rais à section en forme de croix, sont métalliques et dont la
jante comprend une âme en bois, entre deux parties en m.Ual,
Tune sur laquelle se fixent les extrémités des rais, l'autre qui
roule sur le sol f. M. Béguin, dans une roue complètement métal-
lique, d'ailleurs fort ingénieusement comprise, dispose des pièces
de caoutchouc en divers endroits, notamment un manchon, autour
275%
Houe de Sûreté
Place pour roue dentée
de transmission
Essieu
Fig. 215. — Roue pneumatique Hall.
de la boîte du moyeu, entre les disques qui maintiennent les rais,
et des fourrures, dans les V que forment ceux-ci à leur jonction
sur le moyeu.
Mais, dans aucune de ces roues, le caoutchouc ne boit l'ob-
stacle ; dans la plupart, il n'allonge pas la surface de contact : il
se borne à diminuer les trépidations, si bien que, pour plusieurs
1. France automobile, 10 septembre 1898, p. 317.
G. Lavmosi. — L Automobile sur route.
402 l'automobile sur route
d'entre elles, on a assez normalement recours au pneumatique
pour diminuer le tirage. Quant à celles, qui par elles-mêmes,
sans l'adjonction d'un bandage élastique, atténueraient la résis-
tance au roulement, leur construction est jusqu'ici impossible.
Concluons donc que si on peut concevoir l'élasticité d'une
roue autrement qu'à sa périphérie, et que s'il est désirable de
s'affranchir des incidents fréquents et de l'usure coûteuse auxquels
les pneumatiques soumettent jusqu'ici la locomotion automobile,
c'est pour le moment une nécessité contingente de faire résider
l'élasticité de la roue à la jante. 11 y a pourtant un moyen de la
faire résider a l'intérieur de la roue : c'est celui qu'emploie
M. Hall.
205 bis. — Roue pneumatique Hall. — Elle n'a ni jante, ni rayons;
elle se compose simplement d'un moyeu entouré d'un énorme
pneumatique (fig. 215), qui se compose d'une chambre à air,
d'une toile et d'une enveloppe. Cette roue, à cause de sa largeur,
sans que la pression par centimètre carré dépasse celle des pneus
de bicyclettes, supporte, paraît-il, un poids de 500 kg.; cela
évite les inconvénients des hautes pressions, qui nécessitent des
pneus épais, lourds et coûteux.
Cette roue est employée sur certains omnibus de Londres ; il
convient d'attendre, pour se prononcer sur elle les résultats de
l'expérience en cours. Mais on peut, dès à présent, se demander
si elle se prêtera aux grands diamètres, que nous avons recon-
nus si avantageux.
CHAPITRE VIII
RESSORTS. CHASSIS. CAISSE
1° Les ressorte.
206. — Fabrication des ressorts. — Les ressorts, par l' intermé-
diaire desquels le châssis repose sur les essieux, doivent remplir
trois conditions : 1 ° offrir une résistance et une élasticité suffisantes
pour supporter leur charge sans subir de déformations perma-
nentes ; 2° présenter une grande flexibilité, pour amortir l'influence,
sur la voiture et ses passagers, des chocs de route : plus l'ampli-
tude des oscillations que prennent, sous l'effet de ces derniers, les
ressorts, est grande, plus les ressorts sont doux ; 3° diminuer la
résistance au roulement. Il est évident qu'en affranchissant tout
ce qui est au-dessus d'eux, de la nécessité de sauter, à chaque
cahot, aussi haut que les roues, les ressorts diminuent la perte
de force vive produite par les inégalités de la route, et, par là
même, l'effort nécessaire pour le tirage de la voiture ; cette dimi-
nution est d'autant plus sensible que la chaussée est plus mau-
vaise.
La qualité de l'acier est un facteur considérable dans la valeur
du ressort ; on le choisit le meilleur possible et on le soumet à des
opérations de trempe et de recuit fort délicates à conduire, comme
d'ailleurs toutes les phases de la fabrication des ressorts, qui
demandent à être confiées à des spécialistes.
Il ne faut accepter qu'un acier capable de donner, sans défor-
mation permanente, un allongement de 0 m. 007 par mètre; et,
dans le calcul de la résistance du ressort, on s'arrange de façon
404 l'automobile sur route
que la fibre, qui travaille le plus ne subisse pas un allongement
de plus de 0 m. 005.
Les lames, d'épaisseur et de longueur d'ailleurs variables (5 à
10 mm. et 0,80 à 1,10 m., pour les maîtresses-feuilles des res-
sorts les plus courants) sont cintrées, suivant des surfaces cylin-
driques de profils appropriés. Les rayons de courbure diminuent
depuis la maîtresse-lame jusqu'à la plus petite : si on veut que
l'allongement et la fatigue restent les mêmes dans toutes les
lames, il faut que leur épaisseur aille aussi en diminuant ; on
s'attache souvent en pratique à remplir cette condition.
Pour comparer entre elle les flexibilités de plusieurs ressorts,
on les rapporte à l'unité de charge, 100 kg. par exemple, et
Fio. 216. — Ressort à rouleaux en dessus (Hannoyer).
on les mesure par la diminution de flèche subie sous cette
charge. Dans les limites des poids courants en automobilisme, ou
peut considérer cette diminution par unité comme constante,
pour un même ressort et dès lors la flexion de ce ressort
comme proportionnelle à la charge.
207. — Genres principanx de ressorts. — On emploie cinq espèces
principales de ressorts :
1° ressorts droits; ils sont à rouleaux : en dessus, comme ceux
de la fig. 216 ; en dessous, quand les rouleaux sont disposés en
sens inverses par rapport à la surface supérieure du ressort;
opposés, quand l'un des rouleaux est en dessus, l'autre en des-
sous. Ces rouleaux, quelquefois soudés sont ordinairement con-
stitués par les extrémités de la maîtresse-lame roulées convena-
blement. Rarement, ces extrémités, ou seulement l'une d'elles,
sont laissées droites, de manière à être introduites dans des glis-
sières ménagées dans le châssis : les ressorts sont alors dits à
glissoirs.
J
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE
405
Ces ressorts sont ordinairement formés de 5 feuilles ; pour les
poids lourds, on en met jusqu'à 8 (fig. 217) : effectivement ces
ressorts droits conviennent fort bien au support des grandes
charges. A l'arrière des voitures ils se prêtent mieux que les sui-
vants, au fonctionnement des freins sur les bandages.
Fig. 217. — Ressort à 8 lames pour poids lourds (Bail et Pozzi).
2° Ressorts à pincette. Deux ressorts droits, opposés et articu-
lés ensemble, constituent un ressort à pincette : suivant la forme
de leurs articulations, ces ressorts sont à charnières ou à mains
anglaises, quelquefois à crosse.
3° Ressorts demi-pincette. .La partie supérieure n'est plus, par
Fig. 218. — Ressort en C à articulation (Bail et Pozzi).
rapport à celle du précédent, constituée que par la moitié d'un
ressort droit.
4° Ressorts en C. Ainsi nommés parce qu'ils affectent la forme
d'un G. La caisse de la voiture est soutenue à l'arrière par des
soupentes en cuir, suspendues a l'extrémité du C. Ils amortissent
les chocs dans le sens longitudinal aussi bien que dans le sens
406 l'automobile sur route
vertical. Ils offrent un grand cachet d'élégance, mais coûtent
fort cher ; aussi sont ils réservés aux voitures de grand luxe et
Fig. 219. — Ressort en C avec œil encastré formant rouleau.
à certaines voiturettes : le coupé électrique Darracq, les voi-
tures Auge, Lepape en sont munies.
La fig. 218 représente un [ressort en C à articulation, et la
L.
Fia. 220. — Ressort en C à cric (Hannoyer).
fig. 219 un ressort sans articulation, dans lequel les lames exté-
rieures vont d'une extrémité à l'autre. Ils sont tous les deux de
la maison Bail et Pozzi. La fig. 220 montre le ressort en C, de la
maison Hannoyer, qui a été appliqué au coupé Darracq : il est
muni d'un cric, sur lequel vient s'enrouler la soupente en cuir.
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE 407
On combine quelquefois la pincette et le C, comme l'ont fait
MM. Bail et Pozzi dans le modèle de la iig. 221 .
5° Ressorts en spirale. Ce sont des ressorts à enroulement, dont
la forme diffère complètement de celles des précédents. La fig. 222
Fio. 221. — Ressort à pincette en C à articulation {Bail et Pozzi),
représente l'un des types fabriqués par la Ci0 des Hauts-fourneaux,
forges et aciéries de la marine. Ils supportent des charges con-
Fio. 222.
Ressort en spirale (O des Hauts-fourneaux, forges et aciéries de la marine).
sidérables : il en est qui ne s'aplatissent que sous une pression de
8000 kg. et qui ne pèsent que 16 kg. ; aussi sont-ils souvent
appliqués pour les poids lourds. M. Brabant estime que l'emploi
de ces ressorts à torsion devrait être généralisé, qu'il permet-
trait d'économiser à peu près la moitié du poids sur celui des
ressorts à lames.
408 l'automobile sur route
208. — Suspension. — La suspension est l'ensemble des ressorts
par l'intermédiaire desquels les essieux supportent le châssis
avec le moteur et les transmissions qui en sont solidaires) et la
caisse.
Dans le système le plus employé, le châssis est suspendu
au-dessus des essieux et la caisse lui est rigidement fixée : alors
la transmission (chaînes Galle, essieu articulé...) doit avoir la
souplesse suffisante pour permettre au moteur de suivre les
déplacements relatifs de l'essieu, quand la flexion des ressorts
change. Ce système soustrait le moteur aux chocs de route, mais
en fait subir les trépidations aux passagers.
Dans un second système, le châssis repose sur les essieux sans
l'interposition de ressorts : alors la transmission entre le moteur
et l'essieu peut être rigide et la caisse est suspendue au-dessus
, de lui ; elle est ainsi à l'abri des trépidations du moteur, mais
celui-ci reste soumis aux chocs de route.
Dans un troisième système, le châssis est suspendu au-dessus
des essieux avec le moteur et la transmission qui en sont tou-
jours solidaires et la caisse est suspendue au-dessus du châssis :
de la sorte le moteur est soustrait aux chocs de route, et les
voyageurs aux trépidations. La double suspension complique évi-
demment la voiture, mais ses effets bienfaisants ne sont pas dou-
teux. Avec elle, la transmission doit être souple ; pourtant si on
ne suspend le châssis qu'à l'avant, on peut établir à l'arrière une
transmission rigide.
Le but de la suspension est d'empêcher l'inertie de la voiture
d'intervenir dans le choc de cette dernière contre un obstacle.
Pour le remplir, elle doit permettre au véhicule d osciller dans
tous les sens : vertical, longitudinal, transversal. (Il ne faut pour-
tant pas, quand la transmission du mouvement utilise des chaînes,
trop faciliter les oscillations transversales ; ou, si on le fait, il faut
avoir soin de munir de joues les roues qui engrènent avec
elles).
Les ressorts à pincette permettent bien les déplacements ver-
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE 409
ticaux, mal les déplacements longitudinaux, presque pas les
déplacements transversaux. Quand la voiture est munie d'un
avant-train à cheville-ouvrière, ils ne peuvent lui convenir que
si elle est légère; c'est seulement à cette condition qu'ils sont
capables d'assurer le maintien dans un plan de la couronne de
cet avant-train.
Les ressorts à une seule lame se prêtent bien aux oscillations
transversales, parce que la lame se tord pour les faciliter. Afin
de permettre les variations qui résultent de cette torsion, dans
l'écartement horizontal des deux extrémités de la lame, on a
recours à des jumelles reliant chacune de ces extrémités à une
pièce métallique solidaire du châssis. Quelquefois on réunit les
extrémités des ressorts, des deux côtés, par une lame transversale,
qui en son milieu soutient le châssis ' .
On peut se demander si, avec l'essieu directeur à deux pivots
et l'essieu moteur sur lequel les roues sont montées folles (ou
qui est coupé en deux parties par le différentiel), c'est-à-dire avec
des dispositifs qui rendent inutile la liaison que, dans les voi-
tures ordinaires, les essieux établissent entre les roues, on ne
pourrait pas supprimer ces derniers dans les voitures automobiles.
M. Forestier estime que, quand le véhicule est muni de pneus
(et on a vu ces derniers appliqués à des voitures pesant une tonne
par essieu), il vaudrait peut-être mieux fixer directement les
fusées des roues ou leurs pivots au châssis, et interposer entre
celui-ci et la caisse des ressorts transversaux : la transmission
entre le moteur et les roues serait, à cause- de leur solidarité,
bien plus facile. Si les roues ne sont munies que de bandages
t. 11 est essentiel que, dans la transmission du mouvement que les res-
sorts font à la caisse et à l'essieu non moteur, leurs lames travaillent à
l'extension. Pour que cette condition soit remplie, quand les roues motrices
sont à l'arrière (ce qui est le cas presque général), « il faut attacher au
châssis par des rouleaux la lame arrière du ressort fixé à l'essieu moteur,
et, au contraire, la lame antérieure du ressort fixé à l'essieu d'avant. Les
jumelles doivent de même être placées à l'extrémité antérieure du ressort
arrière et à l'extrémité postérieure du ressort avant ».
410 l'automobile sur route
métalliques, la nécessité du maintien des essieux et des ressorts
ne semble pas douteuse.
Dans certaines voitures américaines, les essieux subsistent,
mais les moteurs ne sont pas suspendus, la caisse seule Test ;
dans le principe, les ressorts transversaux qui formaient cette
suspension n'étaient pas combinés pour permettre la variabilité
de longueur des lames fléchissantes, et c'était un grave défaut,
qui a été corrigé, notamment par M. Clément dans les voitures
Columbia qu'il construit à Paris.
209. — Suspensions simples. — Ce sont à peu près les mêmes
que celles des voitures ordinaires : quatre ressorts à pincette
pour les voitures légères ; assez souvent cinq ressorts, deux pin-
cettes à l'avant, trois droits à l'arrière, pour les voitures un peu
plus lourdes (voitures de livraison, omnibus).
Les ressorts d'arrière peuvent être fixés sous une traverse en
fer, mobile longitudinale ment, au moyen de vis de réglage, pour
compenser l'allongement des chaînes. Il nous semble plus simple
de ramener la longueur de cette dernière au taux voulu. Quelque-
fois, comme dans le type de 1898 de la Cie générale automobile,
les ressorts d'arrière sont droits, ayant une menotte à l'extrémité
d'avant et à celle d'arrière une tige filetée pour régler la longueur
des chaînes.
Les ressorts à menottes renversées, comme ceux dont M. Féraud
a recommandé l'emploi pour les voitures de chemins de fer, ont
été employés par M. Jeantaud, dans une voiture à pétrole qu'il a
réalisée dès 1894 : ils assurent, paraît-il, à la suspension une
grande douceur.
Le même constructeur vient de faire breveter un nouveau dis-
positif pour la suspension de l'avant-train qui ne réduit pas
l'angle de braquage des roues et assure, sans glissières ni cou-
lisses, la rigidité de la translation en avant du véhicule (fig. 223
à 225) : il se compose de deux ressorts f, f disposés parallèle-
ment à l'essieu d'avant A, à une distance suffisante pour former
un parallélogramme d'appui dont les grands côtés ne se déforment
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE
411
pas. Les ressorts sont reliés à l'essieu par des ferrures c, c, pla-
cées tout près des points d'appui de l'essieu sur les roues, de
manière à réduire le porte-à-faux, et dont les menottes laissent
aux ressorts toute leur élasticité, mais sans permettre les dépla-
cements latéraux, malgré l'absence de guidages. La caisse du
véhicule repose sur le milieu des ressorts /", /, par l'intermédiaire
de supports, autour des axes desquels elle peut osciller.
Élévation longitudinale.
Élévation transversale.
PImd.
fef
dfe:
'Hf
*
^
Fig. 223 à 225. — Nouvelle suspension Jeantaud.
m
^h
4
210. — Suspensions doubles. — Dans quelques voitures de la
Compagnie Générale des Automobiles, qui semble du reste avoir
renoncé à ce dispositif, le châssis, suspendu au-dessus des essieux
à la façon ordinaire, soutient la caisse au moyen d'autres ressorts.
Il en est de même, dans la voiture Lepape, dont la caisse est
supportée par le châssis (à lavant duquel est disposé le moteur) v
ordinairement par des ressorts en C.
412
L AUTOMOBILE SLR ROUTE
Dans la voiture à pétrole, dont nous avons déjà parlé,
M. Jeantaud a placé, directement au-dessus de l'essieu d'arrière
et soutenu par lui, un ressort transversal à menottes renversées,
qui supporte l'arrière et la plus grande partie du poids du moteur
et des transmissions : l'avant, très léger, est soutenu par un
arbre portant à chacune de ses extrémités un pignon qui attaque
les roues motrices au moyen de chaînes Galle.
Dans cette voiture, comme dans celle que nous allons décrire,
Fig. 226. — Double suspension Lanty, Hommen, Dumas.
Élévation.
la transmission entre le moteur et l'essieu se fait par engrenages;
donc elle est rigide.
Dans la voiturette de livraison Lanty, Hommen et Dumas
(fig. 226 et 227), le châssis G est soutenu au-dessus de l'essieu
d'avant par les ressorts pincettes R, R, et au-dessus de celui
d'arrière E par les chandelles rigides B qui s'ajustent sur des
portées de cet essieu. On voit en D le moteur, dont l'arbre porte
des poulies actionnant par courroies celles dont est muni l'arbre
intermédiaire I. Gelui-ci tourne dans des coussinets portés par
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE
413
des bras L solidaires des chandelles B, et entraîne, par l'inter-
médiaire d'un pignon la couronne du différentiel monté sur l'essieu
moteur. Tout le système du moteur et de la transmission peut,
pour ainsi dire, tourillonner autour de l'essieu pour le suivre dans
les déplacements relatifs que lui occasionne la flexion des res-
sorts R, R. Quant à la caisse, elle est suspendue au-dessus du
châssis, à l'arrière par les ressorts M, à lavant par le ressort N.
Fig. 227. — Double suspension Lanty, Hommen et Damas.
Vue en plut.
2° Le Châssis.
211. — Diverses sortes de châssis. — Le châssis, avons-nous dit,
est ce cadre, qui, reposant sur les essieux, supporte le moteur
avec ses transmissions, et la caisse.
Il est presque toujours formé par deux longerons, réunis à
lavant et à l'arrière par deux traverses et solidement entretoisés
dans l'intervalle. On le faisait, dans le principe, au moins pour
les voitures légères, en bois de frêne; maintenant on substitue le
plus souvent au bois l'acier, qu'on emploie profilé (d'ordinaire
sous forme de C), ou étiré en tubes. Les profilés minces et les
414 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
ronds creux rompent avec les habitudes de la carrosserie, qui
jusqu'ici a utilisé assez peu judicieusement le métal : les fers
plats, ronds pleins, ou profilés épais, dont elle se contentait,
avaient, pour leur poids, des sections à moments d'inertie très
faibles, fort peu avantageuses. Les tubes sont plus légers, mais
demandent à être b rasés avec beaucoup de soin. Les profilés sont
d'une solidité plus facile à obtenir, et ils permettent une fixation
plus commode du moteur et des organes de transmission : quel-
quefois on en garnit l'intérieur avec du bois, qui augmente la
résistance sans accroître sérieusement le poids.
L'entretoisement des longerons doit être particulièrement
solide, pour empêcher la dislocation de l'ensemble sous l'in-
fluence des trépidations et des efforts supportés. Aux efforts
statiques s'ajoutent les réactions des pièces en mouvement; aussi
n'est-il pas prudent de se fier aux formules de la résistance des
matériaux, pour calculer les dimensions des diverses pièces : il
faut les compter très largement.
Le châssis doit, autant que possible, se prêter à recevoir plu-
sieurs caisses interchangeables, sans d'autre liaison que quelques
points de support, qu'il est avantageux de munir de tampons
caoutchoutés.
On a d'abord fait le châssis rectihgne, probablement parce
qu'avec lui on trouvait plus facile d'obtenir l'interchangeabilité
et la rigidité; mais il n'était pas gracieux.
Pour simuler la caisse descendant entre les essieux, on a mis
parfois un marchepied entre deux garde-crotte et on a peint en
noir la partie supérieure du châssis comprise entre ceux-ci.
Quand le moteur et les roues motrices sont à l'arrière, comme
dans les voitures Peugeot et dans la plupart des voitures Jean-
teaud, ou à l'avant, comme dans les voitures Kriéger, le décro-
chement est facile à obtenir. Quand le moteur est à l'avant, au-
dessus du châssis et les roues motrices à l'arrière, comme dans
les voitures Panhard, il faudrait, pour avoir du décrochement,
ménager dans l'intérieur de la caisse, pour les transmissions, un
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE
415
couloir central clos, qui serait gênant. Quand le moteur est au-
dessous du châssis, comme dans certaines voitures Janteaud,
l'axe de transmission passe seul sous le plancher de la caisse, et
on peut donner du décrochement, mais on perd le coffret d'avant,
•qui est bien automobile.
212. — Châssis de motocy clés et voiture ttes. — H est presque tou-
jours tubulaire. C'est le cas de celui de la voiturette Bollée, que
représente la fig. 228, constitué par deux longerons A, A, de 38 mm.
Fig. 228. — Châssis de la Voiturette L. Bollée.
de diamètre et de 4 mm. d'épaisseur, réunis par trois traverses :
à celle d'avant sont fixés les roues et le mécanisme de direction ;
k celle du milieu, les transmissions intermédiaires. Ce châssis
pèse environ 35 kg., pour un poids total de 210 kg. Dans les
châssis plus anciens, les longerons étaient renforcés vers leur
milieu par une contre-fiche et deux tirants; c'est maintenant
inutile, grâce à l'augmentation de la section.
Cependant le tube n'est pas toujours employé. Quelques voi-
turettes, exposées au Salon du Cycle et de l'automobile, en
décembre 1898, n'en avaient pas : telles la mylorette Lombard
et la voiturette Farman; cette dernière avait un châssis en acier
profilé.
213. — Châssis de voitures. — A l'inverse de ce qui se passe pour
les motocycles et voiturettes, le châssis à acier profilé est la règle
et le châssis tubulaire l'exception, mais une exception qui tend
416
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
à devenir assez fréquente. Il est d'application constante dans les
voitures Peugeot, dont le bâti est en tubes d'acier étiré à froid,
sans soudure : tous les assemblages du cadre proprement dit
sont faits par brasures, tandis que tout ce qui lui est fixé Test au
moyen de brides boulonnées enserrant les tubes sans qu'ils
aient à subir la moindre perforation : leur intérieur est d'ailleurs
utilisé pour refroidir l'eau qui circule autour du moteur et
qu'une petite pompe centrifuge envoie dans tout le réseau.
Les essieux eux-mêmes sont creux. Tout cela concourt, avec la
nature métallique des roues à alléger la voiture, qui pèse environ
Elévation.
Vue
i bout.
Fig. 229 et 229 bis. — Châssis tabulaire de la voiture à pétrole Gobron elBrillir.
(avec moteur au milieu).
830 kg. pour quatre places; mais nous n'avons pas besoin de
dire que la construction n'en souffrirait pas la médiocrité.
Le coupé électrique Darracq a aussi un châssis tubulaire, très
élégant en même temps que très résistant : il est constitué par
deux longerons, en forme de solides d'égale résistance, composés
de tubes de 35 et 40 mm. de diamètre et de 3 et 4 mm. d'épais-
seur; il ne pèse que 58 kg. pour une charge de 1.100 kg. en ordre
de marche.
La maison Rossel emploie un cadre tubulaire assez analogue à
celui de la maison Peugeot.
On a pu voir, au Salon du Cycle, une wagonnette Gobron et
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE " 417
Brillié montée sur châssis tubulaire, composé de deux longe-
rons polygonaux, réunis par des tubes entretoisés, le tout formant
un ensemble bien rigide (iig. 229 et 229 bis). La ligure repré-
sente un châssis avec moteur au milieu; celui-ci peut aussi être
placé à l'avant de la voiture. Mais au châssis tiennent toujours
les organes de direction, de freinage..., qui n ont aucune liaison
avec la caisse, qui, elle, est interchangeable ; il suffît de desserrer
quatre boulons et de l'enlever de ses supports munis de tampons
caoutchoutés. La voiture à vapeur Kécheur a aussi un châssis
tubulaire.
Comme châssis à aciers profilés, nous citerons celui de la
maison Panhard, dans lequel l'intérieur du métal est garni de
bois (voirfig. 263); celui de la maison Brouhot (fig. 285); celui
des voitures Diétrich , et tous ceux des voitures lourdes.
MM. Milandre et Bouquet1 donnent comme type de châssis de
voitures lourdes celui de l'omnibus Weidknecht, qui à l'arrière
repose directement sur l'essieu directeur et est suspendu sur
celui d'avant au moyen de ressorts. Pour éviter que l'entraîne-
ment du véhicule se fasse par l'intermédiaire de celui-ci, deux
barres de traction relient l'essieu d'avant au châssis. Les fers
à C entrant dans la composition de ces châssis ont 0 m. 10 de
haut pour les omnibus h 30 placesr et 0 m. 08 pour ceux à 16
places.
3° La Caisse.
214. — Qualités que l'ingénieur doit demander à une caisse d'auto-
mobile. — L'ingénieur doit demander à la caisse d'être avant tout
solide, et autant que possible légère et interchangeable. Cette
dernière condition sera un gage de développement pour l'auto-
mohilisme: il faut pouvoir se servir d'un véhicule qui coûte
aussi cher qu'une voiture mécanique, aussi bien en hiver qu'en
été, et on doit reconnaître que si une automobile découverte est
1. Voitures Automobiles, t. 1, p. 222.
G. LAviar.ici. — L 'Automobile sur route. 27
418 l'automobile sur route
agréable quand il fait chaud, elle manque totalement de confort,
quand la température extérieure, rendue plus sensible par la
vitesse, est froide. Le chauffeur devrait pouvoir installer sur un
même châssis, une caisse appropriée à chaque saison. L'ingénieur
doit établir ce dernier en conséquence, et il y trouvera lui-même
un avantage évident pour la facile construction des divers types
de voitures qui peuvent lui être demandés. C'est au carrossier
qu'il appartient de réaliser la caisse avec les qualités qui lui
sont demandées, et d'en assurer du même coup le confort et l'élé-
gance.
L'ingénieur et le carrossier doivent, en effet, participer chacun
selon ses connaissances, à l'œuvre commune. Il se formera
probablement dans l'avenir des constructeurs, également experts
en mécanique et en carrosserie, qui pourront concevoir et exé-
cuter d'un seul jet un ensemble aussi compliqué que celui d'une
automobile. Actuellement ce constructeur synthétique n'existe
pas, et il faut associer les efforts de deux spécialistes bien diffé-
rents. Le meilleur moyen de le faire, c'est de déterminer nette-
ment leurs domaines respectifs et de laisser à chacun, dans le
sien, une indépendance complète. Le châssis plat, n'ayant avec
la caisse pour liaison que quelques points de support, est le
meilleur pour assurer cette indépendance.
215. — Comment le carrossier doit comprendre sa mission. —
D'aucuns disent qu'il faut à un véhicule nouveau une forme
nouvelle; que tant qu'on n'aura pas changé la forme de la
voiture, l'œil cherchera le cheval. Il y a sans doute une part de
vérité dans cette opinion ; mais, à notre estime, on aurait tort de
renoncer aux formes actuelles des voitures. Elles sont le fruit
d'études et d'expériences accumulées, qui les ont déterminées de
façon fort étroite : nous n'en voulons d'autre preuve que la
légèreté des différences qui suffisent à faire d'une jolie voiture
un vilain véhicule.
Le carrossier devra donc adapter les formes existantes aux
exigences de la nouvelle locomotion. Il le pourra assez facile-
ment.
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE 419
Il doit faire solide et léger. C'est par l'emploi de matériaux
appropriés qu'il remplira ce double but; il fera du bois, de la
tôle, des alliages d'aluminium un usage judicieux : le partinium
notamment commence à être largement mis à contribution. On a
réalisé avec lui des caisses très légères : telle une caisse de course
pour phaéton Panhard de 6 chevaux, qui ne pèse que 22 kg., et
en l'appliquant à la confection de celle de l'omnibus à 20 places
de Dion-Bouton, qui a pris part au concours des poids lourds
de 1899, on a économisé 400 kg. sur le poids d'une caisse ordi-
naire1.
Un principe, dont l'application devient pour la nouvelle loco-
motion, beaucoup plus pressante que pour l'ancienne, est celui
d'éviter les larges surfaces transversales, qui accroîtraient si
vite le travail imposé au moteur pour la propulsion rapide du
véhicule. La solution de ce problème sera peut-être fournie par
la disposition en biseau de ces glaces qu'on commence à mettre
sur lavant des voitures, et qui ont un elfet si heureux sur le
confort du chauffeur, mais qu'on a jusqu'ici presque toujours
disposées suivant un plan unique perpendiculaire à Taxe de la
voiture.
Qui sait si cette disposition en proue ne sera pas par surcroît
le moven de terminer à l'avant la voiture, comme doit l'être un
véhicule sans chevaux? Elle est absolument logique, au point
de vue de l'atténuation si désirable de la résistance de l'air; or,
une forme rationnelle a bien des chances de se trouver con-
1. Le partinium est un alliage d'aluminium et de tungstène. Laminé, il
offre une résistance à la traction de 32 à 37 kg. par mm2 et un allongement
<le 8 à 0 °/0, suivant la proportion de tungstène : il sert à fabriquer des
caisses de voitures, qui, à solidité égale, pèsent environ moitié moins que
celles en bois ; il n'a sur celui-ci que l'infériorité d'être plus délicat à
peindre ; il faut, pour effectuer cette opération, un tour de main spécial des-
tiné à éviter la production ultérieure, aux points de jonction du métal avec
les cornières d'une matière grisâtre, qui donne lieu à un foisonnement. Fondu,
le partinium offre une résistance à la traction de 12 à 17 kg. par mm*, et un
allongement de 12 à 6 °/0 ; il sert à fabriquer des carters de moteurs, même
pour des machines à vapeur de 30 à 40 chevaux, comme celles de MM. de
Dion et Bouton.
420 l'automobile sur route
forme à la véritable esthétique. A vrai dire, les voitures, dont
nous avons vu l'avant disposé de la sorte, n'avaient pas toutes un
aspect des plus heureux ; cela ne prouve pas qu'il soit impossible
de le leur donner ; comme nous l'avons dit, il suffît de bien peu
de chose pour gâter ou pour arranger la silhouette dune voiture.
Et puis toutes les voitures automobiles ne sont pas aussi laides
qu'on se plaît à le dire, ou forcément aussi disgracieuses qu'on s'est
parfois plu à les faire. Jusqu'à ces derniers temps, on n'avait que
fort peu soigné la carrosserie ; on ne s'était pas donné la peine
de la rehausser par une garniture élégante, par une jolie pein-
ture point trop criarde. On commence à entrer dans cette voie et
les heureux résultats s'en font déjà sentir.
Certaines voitures offrant par elles-mêmes une masse assez
considérable, comme un omnibus, conservent facilement leur bel
aspect de carosserie, parce que l'addition du mécanisme n'en
change guère l'ensemble. Avec les phaétons et autres voitures
légères, il est plus difficile, à cause de l'importance de la partie
mécanique par rapport à la masse peu considérable du véhicule,
de faire passer la première inaperçue ; et encore la chose est-
elle aisée pour les voitures électriques, chez lesquelles le moteur
et les transmissions sont réduits à leur strict minimum. Si la
plupart des voitures qui ont pris part au concours de fiacres de
1898 avaient un aspect lourd et disgracieux, cela provenait du
peu de soin qu'avaient mis les constructeurs soit à choisir les
voitures qu'ils avaient utilisées, soit à dissimuler leurs moteurs;
dans ce concours même, les voitures de M. Jeantaud, dont la
carrosserie était fort soignée, au concours de 1899, plusieurs des
véhicules engagés, dans les deux expositions des Tuileries, les
voitures Doré-Bouyssou, Bouquet, Garcin et Schivre, Columbia,
Cleveland-Riker, ont montré qu'on pouvait avec l'électricité,
faire joli en voitures légères.
Avec le pétrole, la chose est beaucoup moins commode : le
moteur avec ses accessoires (carburateur et refroidisseur), les
transmissions constituent un ensemble compliqué, qu'il n'est
RESSORTS, CHASSIS, CAISSE 421
facile ni de dépouiller de son aspect lourd et peu flatteur ni de
dissimuler.
Certains trouvent qu'au lieu de chercher à cacher le
mécanisme, il faudrait, au contraire, bien mettre en relief ses
caractères principaux; faire pour les voitures automobiles ce
qu'on fait pour les locomotives, assurément fort belles à contem-
pler, et dans lesquelles les cylindres, avec leurs bielles et
manivelles, la distribution avec ses excentriques et ses coulisses
étalent au regard de tous le fonctionnement de l'ensemble. Nous ne
partageons par leur avis, pour cette double raison qu un moteur
à pétrole est autrement compliqué qu'une machine à vapeur,
que ses transmissions surtout sont beaucoup plus complexes,
beaucoup plus dépourvues de cette simplicité qui fait la beauté
d'une machine; et que leur bon fonctionnement, en exigeant
leur mise à l'abri de l'eau, de la poussière et un graissage de
tous les instants, fait presque une nécessité de les emprisonner
dans des carters peu jolis à voir.
Mais pour si difficile que soit le problème, la solution n'en est
pas impossible : l'œil, en s'habituant à l'absence du cheval (il
n'en est plus à la regretter devant les tramways mécaniques)
ne manquera d'ailleurs pas de la faciliter. Comme aussi il faut
bien se dire qu un véhicule, destiné à emporter ses passagers à
de grandes vitesses, doit, pour leur inspirer confiance, affirmer
des qualités d'endurance par un aspect suffisamment robuste.
CHAPITRE IX
FREINS
216. — Freins réglementaires. — Il n'est pas besoin de démon-
trer l'absolue nécessité pour les automobiles d'avoir de bons
freins. Au point de vue administratif, le Règlement sur la Cir-
culation du 10 mars 1899 dispose, dans ses articles 6 et 18, que
« le véhicule devra être pourvu de deux systèmes de freinage
suffisamment efficaces, dont chacun sera capable de supprimer
automatiquement l'action motrice du moteur ou de la maîtriser.
L'un au moins de ces systèmes agira directement sur les roues
ou sur des couronnes immédiatement solidaires de celles-ci et
sera capable de caler instantanément les roues. L'un de ces sys-
tèmes ou un dispositif spécial permettra d'arrêter toute dérive en
arrière. Dans le cas d'un véhicule à avant-train moteur à bogie
l'un des systèmes de freinage à la disposition du mécanicien
devra pouvoir agir sur les roues arrière du véhicule Chaque
véhicule remorqué sera muni d'un système de freins suffisam-
ment efficace et rapide, susceptible d'être actionné soit par le
mécanicien à son poste sur l'automobile, soit par un conducteur
spécial * ».
1. Ces articles ne spécifient pas, comme le faisait le projet de règlement
soumis au Conseil d'État que l'un des systèmes de freins peut être rem-
placé par un dispositif permettant l'emploi du moteur pour obtenir rapi-
dement l'arrêt de la voiture. Mais cela va sans dire : la contre-vapeur, le
freinage électrique peuvent certainement être comptés comme l'un des
freins. Pour ce qui est du pétrole, quand, dans le moteur, le régulateur
empêche l'échappement de se faire, les gaz sont comprimés par le jeu ulté-
rieur du piston, et, si celui-ci reste solidaire des transmissions et de la
voiture, l'ensemble supporte un travail résistant qui lui sert de frein. Même
quand l'échappement fonctionne, le moteur peut encore faire frein : lorsque
424 l'.ALTOMOBILE SUR ROUTE
Les freins éteignent la force vive de la voiture en la trans-
formant en chaleur, par le frottement qu'ils produisent sur Tune
de ses parties : bandages des roues motrices ou poulies, soli-
daires, soit de ces dernières soit de l'un des arbres de transmis-
sion. De là deux catégories de freins.
217. — lre catégorie. Freins agissant sur les bandages. — Ces
freins agissent par l'application l'un contre l'autre d'un patin
et du bandage 1 ; et cette application est presque toujours obte-
nue par le mouvement du premier vers le second ; parfois,
cependant, comme dans les voiturettes Bollée et Morisse, c'est
le patin qui est fixe.
On sait que la première est actionnée par son unique roue d ar-
rière, que Ton déplace de manière à tendre ou détendre la cour-
roie, qui transmet le mouvement du moteur à une poulie soli-
daire de la roue. En amenant cette dernière à sa position extrême
vers l'avant, on établit un contact, non pas entre son bandage,
mais entre la poulie et un patin de caoutchouc fixé au bâti.
Dans les voiturettes Morisse, l'essieu d'arrière moteur, le
pont qui le supporte et les ressorts sont mobiles autour d'un
par exemple, à une descente, les roues marchent plus vite qu'elles ne le
feraient si elles étaient seulement actionnées par le moteur, celui-ci, s'il
est embrayé, produit sur elles un effet retardateur. Mais ces effets retar-
dateurs ne sauraient remplacer l'un des freins réglementaires. En tout cas,
nous ne parlerons, dans ce chapitre, que des freins indépendants du
moteur.
1. M. Lagard en a proposé un, fondé sur le jeu d'un sabot d'enrayage,
analogue à celui qui est employé dans les voitures d'artillerie, et qui l'a été
jusqu'à ces dernières années pour réduire le recul des affûts pendant le
tir. Quand on veut que le frein agisse, ou laisse retomber les sabots,
devant les roues; celles-ci en continuant à tourner passent sur lui. Comme
la longueur des cordes ou chaînes qui relient les sabots à la voiture est
calculée de façon que les sabots ne puissent être franchis par les roues, ils
se placent entre celles-ci et la chaussée ; les roues cessent alors de tourner
et glissent avec les sabots sur cette dernière. L'inventeur revendique comme
avantage de son système que, les bandages ne portant pas sur le sol, le
caoutchouc ne se détériore pas. En revanche, la route souffrirait de ce
glissement; et au point de vue de la voiture, ce frein aurait le tort de ne
pas être progressif et de nécessiter, pour dégager les sabots, après leur
action, un léger recul de la voiture.
FREINS 425
axe de suspension. Un levier permet de faire mouvoir tout cet
ensemble : quand c est vers l'avant, le moteur est progressive-
ment embrayé et la voiture marche en avant ; quand c'est vers
l'arrière, le moteur est débrayé et les bandages des roues sont
appliqués contre les patins solidaires du châssis de la voiture.
Lorsque le patin est mobile, il est appliqué contre le bandage
par le jeu de leviers ou par celui d'une vis, le long de laquelle
se déplace un écrou, solidaire d'une tige, qui agit sur une extré-
mité d'un levier portant, à son autre bout, le sabot. 11 est
recommandé de faire en sorte que la tige agisse par traction et
non par compression. C'est en somme le dispositif, qui est d'un
emploi courant sur les voitures ordinaires. Pour les bandages
métalliques, le patin se fait en fonte, bois (orme tortillard,
buis, on a proposé d'employer le gaïac) ou caoutchouc : la fonte
dure plus longtemps; le caoutchouc et le bois donnent un serrage
moins bruyant et plus énergique, sans pourtant user les ban-
dages. Pour les bandages en caoutchouc, les patins se font en
acier poli.
Les freins agissant sur les bandages ont des inconvénients :
1° Ils ne sont pas instantanés surtout s'ils sont à vis, car plu-
sieurs tours de cette dernière sont nécessaires pour le bloquage;
cela est assurément avantageux au point de vue de la bonne
conservation de la voiture, mais peut les rendre insuffisants
dans les cas assez fréquents où un arrêt immédiat devient
nécessaire. 2° Les patins des deux roues ne serrent pas toujours
également, et peuvent sur les chaussées glissantes produire des
tête-à-queue J. 3° Ils provoquent une assez grande usure des ban-
dages, surtout quand les roues calées glissent sur le sol : ce
calage peut fort vite produire l'arrachement des caoutchoucs, par
le décollage des pleins et le cisaillement des boulons de sûreté
i. MM. de Dion et Bouton ont proposé d'appliquer un train d'engrenage
différentiel au milieu de l'arbre unique dont la rotation produit le serrage,
des deux patins ; mais ce serait compliquer beaucoup le mécanisme.
426 l'automobile sur route
des pneus. Aussi la plupart des roues caoutchoutées ne sont-
elles pas munies de freins sur leurs bandages; ils doivent sur-
tout être proscrits avec les pneumatiques.
Et pourtant les freins à sabots offrent de sérieux avantages :
1° Ils agissent avec un bras de levier égal au rayon des roues,
donc le plus grand possible; 2° ils sont d'un mécanisme simple
et d'un fonctionnement sûr; 3° aux descentes, ils produisent un
serrage gradué, qui peut être continu sans demander au chauf-
feur aucun effort ; 4° aux montées , ils empêchent la voiture de
reculer.
En somme, ils constituent par essence des freins de régime
plutôt que d'arrêt rapide; et, dans l'espèce, on ne peut les uti-
liser comme tels, à cause de la grande usure qu'ils produisent
sur les bandages. Puisqu'ils doivent être considérés comme freins
de secours, il semble préférable de les manœuvrer à l'aide d'un
levier, qui paraît seul capable de leur donner un peu de cette
rapidité qui est la raison d'être des freins de secours.
218. — 2e catégorie. Freins agissant sur des poulies. — Cette
catégorie est celle des freins à enroulement : le bras de levier
par lequel ils agissent a beau être moins grand qu'avec les freins
à patins, le frottement croît fort vite avec l'angle d'enroulement
et au demeurant le serrage est très intense : il peut l'être assez
pour que l'arrêt devienne instantané. Ces freins utilisent soit une
lame en métal flexible, soit une corde.
a) Freins à lames. — L'enroulement n'est en général que des
trois quarts de la circonférence. La lame est recouverte d'une
courroie de cuir ou de poil de chameau ou garnie de taquets de
bois pour augmenter l'adhérence; à l'aide d'un jeu de leviers1
on applique la lame contre la poulie ; la rotation de la roue tend
à augmenter cette application et précipite le serrage. La poulie
1. Ordinairement un bout de la lame est attaché à un axe fixe, autour
duquel tourne un levier, dont une extrémité est articulée à l'autre bout
de la lame et la seconde avec une barre de traction, commandée par le
chauffeur.
FREINS 427
est, en général montée sur l'un des arbres secondaires de la
transmission1.
219. — b) Freins à cordes. — L'enroulement peut être d'un
nombre arbitraire de tours ; la puissance est pour ainsi dire sans
limite, l'instantanéité presque complète.
Le prototype et le représentant presque universellement
employé de cette classe est le frein du capitaine Lemoine, bien
connu puisqu'il est d'usage constant sur les omnibus de Paris,
chez lesquels il produit à la fois le serrage du câble sur une
frette du moyeu et l'application du patin sur les bandages. Pour
les automobiles, il offrirait deux inconvénients, celui de caler les
roues et de produire des méplats sur les bandages par frotte-
ment de ceux-ci sur le sol, et celui d'user les bandages par
l'application des sabots. Aussi l'a-t-on modifié : on Ta rendu
modérable et on a supprimé les patins. A la corde de chanvre
conique, garnie de taquets de bois, qui avait le défaut de varier
de longueur sous les influences atmosphériques et de s'user trop
vite, on continue à substituer comme le fait l'inventeur, un câble
plat et souple, en fils d'acier dont le nombre est proportionné
à la section qui doit être variable, et garni de taquets de bois,
de cuir ou de linoléum, parfois de cuivre ou de fer.
Les avantages des freins à enroulement, leur puissance et
leur quasi-instantanéité, en font les accessoires presque obligés
d'une automobile. Mais ils ont aussi des inconvénients : 1° il
faut exercer une pression sur une pédale pendant tout le temps
4. Il est pourtant un freina lame, monté sur le moyeu des roues, celui
de M. Lehut et même un autre, celui de MM. Cloos et Schmaltzer, appli-
qué sur une couronne, 5 l'intérieur de ce moyeu. Les avantages de ce der-
nier système (qu'on trouve décrit dans Milandreel Bouquet, Voitures auto-
mobiles, t. I, p. 202) sont d'être dissimulé dans le moyeu, et protégé contre
la boue, la poussière et les matières grasses d'usage constant en automobi-
lisme, qui en supprimant le frottement paralysent plus d'une fois l'action
des freins. Les inconvénients sont d'èlre délicat à construire, difficile a
visiter et d'agir sur une poulie de diamètre inférieur à celui^des poulies
ordinaires de freins, partant d'être moins puissant. Avantages et inconvé-
nients réduisent l'application du système aux voitures légères de luxe.
428 l'automobile sur route
qu'on veut les faire agir, à moins qu'on n'ait recours, comme
dans les voitures Landry-Beyroux (§ 274) à un dispositif spécial
pour les maintenir serrés; 2° réchauffement qui résulte du frot-
tement des taquets contre la poulie, lorsque le serrage se pro-
longe, pourrait produire l'inflammation du bois, si on n'avait
soin de ne serrer le frein que par intervalles ; pour les voitures
destinées à circuler en montagne, on remplace les taquets de
bois par des taquets de métal, qui durent plus longtemps mais
ne donnent qu'un frottement moins énergique; 3° ils ne serrent
que dans le sens de la marche avant, qui seule produit l'appli-
cation du câble sur le tambour ; la marche arrière rompt, au
contraire, toute adhérence entre le câble et la poulie.
*Les avantages et les inconvénients des freins à enroulement
en font les freins intermittents et instantanés par excellence, à
l'inverse de ce qui a lieu pour les freins à patins. Les deux sys-
tèmes se complètent donc fort heureusement l'un l'autre. Aussi
les trouve-t-on pour ainsi dire toujours associés sur les auto-
mobiles à bandages métalliques, assez souvent conjugués comme
dans l'omnibus Weidknecht où ils peuvent être mis en action
ensemble ou séparément. Dans les voitures à bandages de caout-
chouc, où le patin n'est guère de mise, on dispose habituelle-
ment un frein à lame sur l'arbre différentiel et un frein à corde
sur chacune des roues motrices. Ces Ireins sont commandés par
des pédales, qui commencent avant de les actionner par suppri-
mer l'action du moteur, comme le demande l'article 6 du Règle-
ment.
Le défaut que nous avons signalé pour les freins à enroule-
ment de ne serrer que dans la marche avant est grave, parce
qu'il touche à la sécurité de la voiture. Mais on peut, à
l'aide de dispositifs variés assurer aux freins la faculté de serrer
dans les deux sens. Nous allons donner quelques exemples de
freins à double effet.
220. — •Frein Jeantaud. — H est muni de deux câbles enroulés
en sens inverse, de manière à correspondre l'un à la marche
Fio. 230 — Frein Jeantaud.
Élévation transversale.
Fig. 230 bis. — Frein Jeantaud.
Élévation longitudinale.
130
L AUTOMOBILE SU» ROLÏE
avant, l'autre à la marche arrière (fig. 230 à 230 ter). Ces câbles
sont fixés, d'une part à une pièce S, reliée rigidement à l'es-
sieu E du véhicule, d'autre part à deux chapes 0 et P, montées
sur un axe X, qui peut pivoter dans le support A, fixé lui-
même sur le ressort de suspension. Le câble C, partant de la
pièce d'attache S, s'enroule de droite à gauche. Lorsque l'on veut
enrayer : 1° la voiture marchant en avant, on amène le levier
D enD'; ce dernier entraîne l'axe X et les chapes 0, P, et cette
p
Fig. 230 ter. — Frein Jeantaud.
Plan.
dernière applique les taquets du câble C contre le tambour,
dont la rotation achève le freinage; 2° la voiture marchant en
arrière, le même mouvement de levier serre les taquets du cable
C. Dans les deux cas, le câble inutilisé applique néanmoins ses
taquets sur le tambour, supprimant ainsi tout jeu.
221. — Frein Hantier. — Les extrémités de la corde d'enrou-
lement sont fixées aux deux palonniers AH, BG (fig. 231).
Quand on tire le levier bc, de façon que l'extrémité b vienne
en avant, les diverses pièces se meuvent dans les sens indiqués
par les flèches, les palonniers sont appliqués contre les bords
antérieurs de leurs glissières; H sert de point d'appui, et le frein
serre pour la marche avant. Il serre pour la marche arrière,
quand c'est l'extrémité c du levier bc qui est tirée vers l'avant.
FREINS
431
221 bis. — Frein Renault (fig. 231 bis). — La lame en acier,
recouverte intérieurement d'une courroie en poil de chameau,
Fig. 231. — Frein à double effet Haulier.
entoure 1 2/3 fois le tambour en acier; elle est représentée par la
ligure de détail dont les points marqués a f ne sont autres que
Fie 231 bis. — Frein Renault.
B et C de la grande ligure. Les chaînes BA, CA relient les
extrémités de la lame au point A (solidaire de l'essieu S) sur
432 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
lequel s'exercent tous les efforts du freinage; les bielles BD,
CE relient les mêmes extrémités aux biellettes JD, KE. Tous
les organes que nous venons <Ténumérer existent sur les deux
côtés du châssis; les biellettes JD, KE sont reliées avec leurs
analogues par les barres de fer plat D, E, dont les milieux sont
réunis par des ressorts puissants F, G, à un collier entourant
l'essieu. Ces ressorts rappellent les bielles BD, CE vers l'arrière
et par cela même éloignent les lames des tambours, de façon
que ces lames n'exercent sur eux aucun frottement, quand on
ne veut pas serrer les freins. Pour les en rapprocher, on n'a
qu'à appuyer sur la pédale Q ; par le jeu des leviers que montre
la figure, les lames sont collées sur les tambours et le serrage
se produit. Si la voiture marche en avant, les roues tournent
dans le sens des flèches f il se développe entre les lames et leurs
tambours une composante de frottement telle que <p, la chaîne
BA se distend, le levier HI prend la position H' 1', la chaîne CA
se tend et l'effort du freinage se produit en A. Inversement, si
la voiture marche en arrière, c'est la chaîne CA qui se distend
et la chaîne BA qui se tend, reportant toujours l'effort du frei-
nage sur le point A. On voit donc que le frein serre automati-
quement dans le sens voulu f.
222. — Frein Krebs. — C'est aussi un frein à double effet,
mais ne fonctionnant pas, comme ceux que nous venons de décrire,
par enroulement. Il agit, comme les freins de notre première caté-
gorie, par simple application de ses mâchoires, et, comme ceux
de la seconde, il est monté sur un tambour qu'il embrasse com-
plètement.
1. M. A. Bolléc munit aussi ses voitures d'un frein à double cflet.
M. Juhel construit son frein d'entraînement circulaire automatique, qui
pourrait être employé par les automobiles, mais qui ne l'a été, croyons-
nous que pour les bicyclettes (Locomotion automobile, décembre 1895,
p. 271).
La Société Gondefer, Gros et Pichard a fait breveter un frein pour moto-
cycles et automobiles, logé à l'intérieur de l'enveloppe du différentiel
et agissant directement sur sa roue de commande (France automobile,
26 février 1899, p. 105).
FREINS
433
La figure 232 en montre le principe : quand on tire la tige T
dans le sens de la flèche, les deux mâchoires B, G, articulées
en a sur une pièce A solidaire du châssis, sont serrées contre
Fig. 232. — Frein Krebs a double effet.
le tambour. Dès que la traction cesse sur la tige T, le ressort R
les en écarte.
222 bis. — Cliquet et Béquille. — Quand les voitures ne sont
pas pourvues d'un frein serrant dans la marche arrière (ce qui
est le cas de beaucoup d'entre elles), il faut avoir recours à un
dispositif spécial pour empêcher le recul : soit un cliquet, que
le chauffeur amène au moment voulu au contact d'une roue à
rochet disposée sur le moyeu d'une roue motrice * et qui empê-
cherait cette dernière d'aller en arrière ; soit une béquille, qu'on
laisse traîner dès que commence la côte, et qui, en s'arc-boutant
sur le sol, s'opposerait à tout recul 2.
{. Parfois le rochet est placé sur la boite du différentiel ; celte disposi-
tion est mauvaise, car la rupture ou la chute des chaînes prive la voilure
de tout moyen d'arrêter une dérive en arrière.
2. Le baron A. de Rothschild a imaginé un dispositif assez commode pourlais-
ser tomber et relever la béquille. (France aulomohi'.c, 1er octobre 1806, p. 341).
G. Lavuomb. — V Aulomob le sur voulc. 28
434 l'automobile sur route
Mais, comme ou peut oublier, au bas d'une côte qu'il faut
gravir, de laisser retomber le cliquet ou la béquille, ou, comme
ces organes, dont on ne se sert dans les pays plats que rarement,
peuvent au moment voulu refuser tout service (surtout par
l'effet d'un dérangement dans le dispositif, qui permet de les
abaisser), nous ne saurions trop engager les chauffeurs à exiger de
leur constructeur un frein à enroulement agissant dans les deux
sens de la marche ; c'est l'organe de sécurité par excellence.
QUATRIÈME SECTION
GRAISSAGE
CHAPITRE X
APPAREILS DE GRAISSAGE
223. — Matières diverses employées pour le graissage. — Dans les
automobiles, le graissage est d'extrême importance pour éviter
les grippages aux grandes vitesses. Il est difficile, parce qu'il
doit s'exercer en maints endroits, pour la plupart hors de la sur-
veillance directe du chauffeur, tout au moins en cours de route.
Multiples sont, en effet, les pièces à graisser: bâti du moteur,
cylindres, mécanismes de distribution et de régulation, engre-
nages des changements de marche, de vitesse, du différentiel,
pignons et roues, chaînes, paliers et en général toutes pièces
frottantes (butées des tiges de soupape, godets des plateaux
d'embrayage, articulations des leviers, organes de la direction...).
Les matières employées sont assez diverses, pour être appro-
priées aux buts qu'on leur assigne: ainsi leur viscosité doit être
en rapport avec l'intensité des pressions supportées par les.
pièces, avec la façon dont elles sont amenées au contact des
surfaces à lubrifier. Elles ne doivent bouillir et s'enflammer qu'à
un degré d'autant plus élevé qu'elles sont appelées à graisser des
organes plus chauds, comme ceux des moteurs à vapeur sur-
chauffée ou à pétrole : cette condition est des plus impérieuses,
car, si les huiles brûlaient et se décomposaient, elles pourraient
436 l'automobile sur route
produire le calage du moteur. Celles qui sont destinées à être
employées en hiver doivent ne pas se congeler1.
Il est avantageux qu'elles soient aussi stables que possible, et
cette stabilité est liée de façon étroite à leurs qualités chimiques
(acidité, oxydabilité....) : ainsi les huiles végétales plus ou
moins siccatives ne sont pas d'un emploi recommandable ; les
huiles minérales sont plus neutres que d'autres et n'attaquent pas
les métaux qu'elles lubrifient. Le pouvoir réducteur du frotte-
ment lui-même doit être prpportionné à l'importance qu'il y a
d'assurer le jeu facile des pièces2.
On se sert principalement: de suif fondu, pour les chaînes;
de graisse consistante ou caoutchoutée, pour les pignons et
roues déchaînes, les paliers; d'huile animale, autant que possible
de pied de bœuf ou de mouton, pour les boîtes de roue patent;
d'huiles concrètes pour les cylindres à vapeur; d'huiles fluides
pour les cylindres à pétrole. On emploie beaucoup pour ces
derniers des huiles minérales ou oléonaphtes 3, ne commençant à
bouillir qu'au-dessus de 300°. On n'utilise qu'elles pour le grais-
1. Un moyen pratique de retarder le point de congélation consiste à
ajouter à l'huile un peu de pétrole lampant, 1/1 0e quand le thermomètre est
voisin de 0°, un peu plus si la température est notablement plus basse.
2. Nous n'avons pas besoin de faire remarquer quel intérêt il y aurait
à être exactement renseigné sur les qualités de ces produits si variés,
de manière à employer toujours pour un même usage celui qui lui convient
le mieux. Or, si un examen superficiel permet à un praticien d'apprécier
assez bien à froid la consistance d'une huile, il ne peut déterminer ce
qu'elle deviendra aux températures diverses des organes qu'elle lubrifie.
M. A. Chenevier, chef de laboratoire aux Chemins de fer du Midi, a
imaginé un appareil, qui permet d'établir le diagramme des fluidités
d'une huile à divers degrés jusqu'aux températures maxima qu'elle est
appelée à subir dans un cylindre à vapeur à haute pression, soit 200°.
Pour les moteurs à pétrole ce serait insulïisant. 11 serait désirable, tant la
question de graissage est importante, au point de vue du bon fonctionne-
ment et de la dépense qu'on fit, pour les huiles destinéesà Tautomobilisme,
ce que M. Chenevier a fait pour celles en usage dans les chemins de fer.
Voir Bévue Industrielle, 7 janvier 1899, p. 8.
3. On fabrique actuellement des oléonaphtes d'aspects et de propriétés
les plus divers, depuis les huiles fluides comme de l'eau jusqu'aux graisses
consistantes comme du suif.
APPAREILS DE GRAISSAGE 437
sage du bâti et des cylindres ; afin de simplifier, on peut aussi
les employer pour les mécanismes de distribution, les engre-
nages ? les articulation»...
224. — Procédés de graissage. — Les procédés pour mettre en
œuvre ces diverses matières sont eux-mêmes fort variés : pour
les chaînes on les trempe dans le suif fondu et on les remet en
place quand le suif est refroidi ; certains les graissent sur place
à l'huile, avec un pinceau ou même une burette. Pour les pignons,
les roues de chaînes, les engrenages découverts, on les enduit
de graisse consistante avec une brosse, quelquefois de graisse
caoutchoutée chaude avec un pinceau. Pour les paliers, les
engrenages d'angle, les articulations, on emploie surtout des
trous graisseurs, alimentés à la burette. Dans les boîtes de
roue patent, on met une ou deux cuillerées d'huile. Pour les
pièces enfermées dans des carters (manivelles, engrenages de
changement de vitesse, différentiel), le graissage se fait de lui-
même par simple barbotage dans l'huile : il suffît de renouveler
de temps à autre la provision du liquide. Ces modes de graissage
sont, le dernier surtout, très efficaces ; mais leur simplicité est
telle qu'il suffit de les indiquer sans s'y arrêter.
En général, les chauffeurs inexpérimentés graissent beaucoup
trop le moteur: il suffit, pour s'en rendre compte, de remarquer
qu'une machine à vapeur de 500 chevaux est suffisamment
graissée par une goutte d'huile à la minute ; un moteur à essence
comme ceux qu'utilise l'automobilisme doit se contenter de 6 à
8 gouttes par minute. Une faut pas oublier qu'un excès de
graissage est nuisible, parce qu'il trouble la composition du
mélange carburé et fait perdre à l'explosion une partie de sa
force.
225. — Appareils graisseurs. Conditions qu'ils doivent remplir. —
Les modes de graissage qui doivent attirer un peu plus longue-
ment notre attention, parce qu'ils sont d'un fonctionnement plus
délicat, sont ceux qui au lieu de mettre une fois pour toutes
l'organe en prince de l:i quantité de lubrifiant qui lui est
438 l'automobile sur route
nécessaire pour une course plus ou moins longue, lui envoient,
pour ainsi dire à chaque instant la parcelle qui lui est indispen-
sable pour son fonctionnement actuel. Les graisseurs de ce
genre devraient satisfaire aux conditions suivantes :
1° Être sûrs, malgré les trépidations de la voiture, les varia-
tions atmosphériques, le plus ou moins de fluidité de l'huile;
2° N'être pas exagérés, afin d'éviter les projections de matières;
3° Quand ils s'adressent à divers points soumis à des pressions
<et à des frottements inégaux, permettre de régler le débit de
chacun indépendamment de celui des voisins ;
4° Etre faciles à arrêter et à remettre en marche en même
temps que le moteur, ou tout au moins que la voiture, ou mieux
s'arrêter et repartir automatiquement avec eux.
Ces conditions multiples sont rarement réunies dans un même
-appareil.
Les graisseurs peuvent être divisés en deux grandes classes»
suivant qu'ils sont basés sur le jeu naturel de phénomènes
physiques (gravité, condensation de la vapeur, aspiration des
pistons, pression), ou qu'ils sont actionnés mécaniquement.
226. — 1° Graisseurs physiques. — a). A gouttes descendantes.
— En général, ils sont peu sûrs ; si leur fonctionnement n'est
pas à chaque instant vérifiable par la chute de la goutte dans un
tube de verre, il faut les rejeter.
Oléopolymôtre Hochgesand. — Exploité, en France, par la mai-
son R. Henry (fig. 233, 234) : il est constitué par une boîte en
bronze de 10 cm. X 5 cm., dont la longueur varie suivant le
nombre de débits demandés, de façon à contenir 150 gr. d'huile
par débit. Chacun d'eux est réglé séparément par une tige»
conique à son extrémité, reposant sur un écrou molette, par
l'intermédiaire d'un bouton articulé. Quand le bouton articulé
■est couché, tout débit est arrêté; quand il est relevé, l'huile
«'échappe dans la proportion réglée par la position de l'écrou
molette ; quand la tige est soulevée, l'huile coule à flot, de
manière à remplir vite la tuyauterie au moment de la mise en
marche.
APPAREILS DE GRAISSAGE
439
L'écrou molette se prolonge par un tube plongeur dans lequel
se trouve logé le ressort qui maintient la tige régulatrice. « L'air
ne pouvant rentrer dans la boîte que par l'espace compris entre
la tige régulatrice et le tube plongeur, l'écoulement de l'huile
est maintenu constant, quel que soit le niveau de l'huile dans la
boîte: en effet, cet écoulement ne dépend que de la hauteur
ÉléralioD transrereale.
Élévation longitudinale.
Fio. 233 et 234. — Oléopolymètre Hochgesand.
comprise entre le bout inférieur du tube et l'extrémité du bec
compte-gouttes. »
Chaque départ d'huile est muni d'une soupape très légère
empêchant le refoulement vers l'appareil. Pour éviter que les
fuites de gaz autour des pistons créent dans la chambre des
manivelles une contre-pression empêchant le fonctionnement de
ces soupapes, on applique sur cette chambre des soupapes de
décharge s'ouvrant de dedans en dehors.
Graisseur Holt. — Graisseur automatique pour cylindres (fig. 235),
fondé sur le jeu d'un diaphragme A : lorsque le piston du moteur
aspire le mélange carburé, le diaphragme se soulève, et la sou-
pape S laisse passer une certaine quantité d'huile, qui va au
4i0
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
cylindre. Cette quantité est d'ailleurs toujours la même, parce
que le vase communique avec l'atmosphère par le trou o et que
le cylindre C est maintenu plein, grâce au tube |T, par lequel
le liquide est aspiré, quand le diaphragme se soulève ; le liquide
retombe dans le cylindre par la rainure R.
Graisseur Brûnler. — Graisseur continu pour cylindre. Le piston
creux P (fig. 236) est muni des canaux a, b dans lesquels passe
le tuyau /, par lequel l'huile ou la graisse sous pression arrive
dans la rainure r, recouverte par la bande de métal />, perforée
Fig. 235. — Graisseur Holt.
de trous; ces trous [distribuent l'huile sur tout le pourtour du
piston. Un courant d'eau pénètre, par les canaux a et b, à l'inté-
rieur du piston, et, après avoir refroidi celui-ci ainsi que le
lubrifiant, s'échappe par le canal d. Ce graisseur est assurément
combiné pour amener la matière aux points où elle est néces-
saire; mais n'y a-t-il pas à craindre avec lui l'obstruction du
tube / ?
b) A g outtes ascendantes. — Graisseur Consolin. — Il est spécial
à la vapeur, et basé sur la condensation de cette dernière au-
dessous de l'huile, qui est ainsi chassée vers le haut !.
\. D. Farman, Les Automobiles, p. 27"
APPAREILS DE GRAISSAGE
441
La plupart des graisseurs physiques ont l'inconvénient de ne
pas s'arrêter avec le moteur : si on oublie d'interrompre leur
marche, l'huile continue à couler inutilement.
227. — 2° Graisseurs mécaniques. — A, non automatiques. —
Graisseur Coup de poing. — Le plus simple de tous : il est disposé
Fig. 236. — Graisseur Brùnler.
à portée du chauffeur, qui, en route, l'actionne de temps k autre
Il a un fonctionnement très sûr; beaucoup de très bons construc-
teurs l'emploient pour graisser le cylindre.
B, automatiques. — a) à compression. — Graisseur Mollerup. —
Employé pour les cylindres k vapeur; nous ne le décrirons pas :
il ne diffère du graisseur Terminus ci-après que par la substitution
442
L AUTOMOBILE SLR ROUTE
au rochet et au cliquet qui s'usent trop vite et qui font du bruit
d'un autre organe ; on lui préfère ce graisseur, parce qu'il est
moins lourd et qu'il se prête à un réglage plus précis de la
quantité d'huile injectée.
Graisseur Terminas Drevdal (fig. 237). — A est un cylindre
plein d'huile, dans lequel se meut le piston D, monté en écrou
mobile sur la vis E; cette vis tourne sous l'action de la roue
Fio. 237. — Graisseur Terminus Drevdal.
hélicoïdale G, que commande une vis sans fin, sur l'axe de
laquelle est calée la roue d'entraînement I. Cette roue, qui rem-
place le rochet de Mollerup, porte sur chaque face un cordon en
saillie, sur lequel mord le chien L. K est une tige formant
l'extrémité d'une chape montée sur le rayon de la roue; 0 un
curseur qu'on attelle à une petite bielle, qui reçoit de la
machine un mouvement de faible amplitude (2 à 3 cm). L'huile
APPAREILS DE GRAISSAGE
413
chassée par la descente du piston est amenée au point à graisser
par un petit tube de cuivre, avec soupape de retenue pour le
maintenir plein pendant les arrêts de l'appareil1.
229. — b) aspirants et foulants. — Dans cette classe se rangent
d'abord toutes les pompes reliées directement à un organe de la
machine, sans réduction de mouvement, ce qui limite leur usage
Fin. 238. — Oléopompc Drevdal.
aux machines de faible vitesse ; ensuite, quelques appareils un
peu plus compliqués.
Oléopompe Drevdal (fig. 238). — Dans le corps de pompe A,
toujours plein d'huile, parce qu'il communique avec le récipient
H, se meut le piston B ; ce piston s'abaisse sous l'action de la
1. Le type de 300 gr. d'huile est employé par les voitures Scotte : il
permet d'effectuer 130 km. sans nouveau remplissage. Pour les voitures
plus légères, il existe des appareils en aluminium d'une contenance de
100 à 50 gr.
444
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
came double C, montée sur l'arbre D, et se relève poussé par le
ressort qu'on voit au-dessous de lui. Ce mouvement vers le haut,
qui produit l'aspiration de l'huile, a lieu deux fois par tour,
brusquement; le mouvement de descente, qui produit le refoule-
Fkï. 239. — Graisseur multiple Bourdon.
ment se produit dune façon presque continue. Le cône G joue le
rôle de tiroir de distribution, faisant communiquer alternative-
ment le corps de pompe avec le réservoir d'huile et avec le
tuyau distributeur de l'huile.
L'arbre D est entraîné par un rochet, sous l'action du cliquet
F, porté par le levier I, qui participe à un mouvement de faible
amplitude du moteur.
APPAREILS DE GRAISSAGE
4i5
L/oléopompe sert pour le graissage des cylindres à pétrole ;
on peut le construire à plusieurs tuyaux de refoulement.
Graisseur multiple Bourdon (fig. 239). — Le récipient R est
traversé à sa partie supérieure par l'arbre M, qui reçoit son
mouvement par un rochet, un cliquet et un levier, non repré-
sentés sur la figure, mais tout à fait semblables à ceux de l'oléo-
Fig. 2 iO. — Graisseur à départs multiples H. H a me lie.
pompe Drevdal. Cet arbre porte un excentrique, qu'embrasse la
fourchette F, animée par suite d'un mouvement vertical alter-
natif. Sur la branche inférieure de cette fourchette sont vissés
autant de pistons T, qu'il y a de pièces à graisser. Chacun deux
se meut dans un corps de pompe C, percé d'un trou pour l'aspi-
ration de l'huile du réservoir par le piston ; chacun est aussi
muni d'une chemise, chargée, lorsque le piston descend, d'em-
416 l'automobile sur route
pêcher tout retour de l'huile au réservoir. Comme l'effet utile
commence au moment où cette chemise recouvre l'orifice, on
comprend qu'en vissant plus ou moins la tige T dans la fourche F
on fait varier le débit de la pompe. L'huile refoulée est conduite
par le tuyau h au point à graisser. H est un clapet de retenue,
qui empêche la vidange du tuyau.
Graisseur à départs multiples Henry Hamelle (fig. 2i0). — Le
mécanisme en est renfermé dans une caisse rectangulaire, qui
porte, à sa partie inférieure, les conduites de départ d'huile.
Chacun de ces départs est desservi par une pompe NK, dont
le corps N reçoit, à sa partie supérieure, un cuir embouti, et à
sa partie inférieure, le clapet de refoulement P. Le piston K
porte une traverse, poussée par un ressort, et qui limite sa
course ascendante. L'huile pénètre dans la pompe par la crépine
en toile métallique, qui entoure la pièce K. Le piston est poussé
vers le bas, pour le refoulement de l'huile, par le levier H
qu'actionne la manivelle E montée sur l'arbre D; celui-ci est lui-
même commandé par le moteur, grâce à la roue dentée C, à la
vis sans fin B et à la poulie A, dans la gorge de laquelle on
place une corde sans fin. Le débit de chaque pompe est réglé par
la vis qui traverse le levier H, et dont le vissage à fond cor-
respond au débit maximum : une ingénieuse disposition permet
de régler la position de cette vis à un sixième de tour.
TROISIEME PARTIE
LES VOITURES
CHAPITRE PREMIER
VÉHICULES A VAPEUR
230. — Schéma d'une Toiture à vapeur. — Il est, après ce que nous
avons dit, facile à esquisser et doit comprendre :
Un générateur et le moteur qu'il alimente, ordinairement pla-
cés l'un près de l'autre , à l'avant du véhicule, sous la surveillance
directe de l'unique mécanicien qui suffit à leur service ; parfois
séparés, et alors le générateur placé à l'arrière, avec le chauffeur
qui lui est affecté.
Des réservoirs à coke et à eau, les premiers à portée du chauf-
feur, les seconds dissimulés sous les banquettes des voyageurs
ou placés sous le châssis de la voiture.
Un condenseur à air le plus généralement disposé sur le toit.
Une transmission par engrenages, avec un changement de
vitesse, deux au plus ; l'élasticité du moteur suppriée aux organes
mécaniques.
Un différentiel pour assurer l'indépendance des roues motrices
dans les virages.
Des chaînes Galle ou un essieu articulé pour transmettre le
mouvement aux roues.
Aucun organe de marche arrière : cette dernière est assurée par
le renversement de marche du moteur.
Un frein, agissant directement sur les roues (il peut suffire,
448 l'actomobile sur boute
parce que la contre-vapeur est comptée comme l'un des freins
réglementaires.) Pas d'organe spécial contre le recul.
Deux essieux, l'un à deux pivots ou à cheville-ouvrière pour
assurer la direction.
Un châssis.
Une caisse.
Des appareils de commande et de graissage.
1° Omnibus, camions et tracteurs.
231. — Omnibus d'Amédée Bollée père. — M. Amédée Bollée père,
dont nous avons plus d'une fois prononcé le nom, à propos des
ingénieuses découvertes dont l'automobilisme lui est redevable,
est certainement le premier qui ait réalisé chez nous une voiture
pratique. Dès 1873, il circulait avec Y Obéissante, en somme fort
peu différente de La Nouvelle, qui. construite en 1880, prenait
en 1895 à la course de Paris-Bordeaux une part honorable, se
classant 9e à l'arrivée, où elle représentait seule la vapeur.
La Nouvelle est un omnibus de forme ordinaire, à l'avant duquel
se trouve une assez large plate-forme destinée à recevoir la chau-
dière Field et le moteur à cylindres inclinés déjà décrits (§ 27 et
42). Celui-ci attaque par chaînes Galle l'essieu d'arrière moteur
muni du différentiel. La direction s'opère par l'essieu d'avant
du système A. Bollée. Avec le chauffeur, le mécanicien et ses
8 voyageurs, iipèse 4.600 kgr et fait normalement 28, exception-
nellement 45 km. à l'heure. Depuis 1883, la maison Bollée ne
construit plus de véhicules à vapeur.
232. — Omnibus de Dion-Bouton. — C'est un omnibus (fig. 2 H) à
caisse fermée ', pour 12 ou 1 4 voyageurs assis, ayant à l'avant
une plate-forme pour la chaudière, le moteur et leurs deux ser-
vants, à l'arrière une plate-forme pour 4 voyageurs debout,
1. Voir pour plus de détails Génie civil, 20 novembre 1897, Rapport de h
Commission du concours des poids lourds de 4H97 .
VÉHICULES A VAPEUR
449
au-dessus une galerie pour recevoir 40 kg. de bagages par
place.
Nous en avons décrit la chaudière (§ 28) et le moteur de
25 chevaux (§ 47.) Les têtes de bielles des pistons sont reliées
aux boutons des manivelles des deux volants, dont l'arbre porte
G. Larmoint. — L'Automobile sur route. 29
450 l'automobile sur route
deux pignons de changement de vitesse. Ces pignons peuvent
être successivement amenés en prise avec ceux montés sur un
2e arbre, qui porte en outre une roue dentée engrenant avec celle
du différentiel. Ce dernier est situé sur un 36 arbre1, dont les
deux extrémités portent des boîtes en acier forgé le reliant aux
tiges à la Cardan de l'essieu articulé, qui commande les roues
motrices par le dispositif que nous connaissons (§ 179).
Ces roues, folles autour de leurs fusées, qui font un angle de
5° avec l'horizontale, sont à moyeu métallique, avec rais de bois
disposés suivant les génératrices d'un cône dont l'angle au som-
met est de 170°; elles ont 1 m. de diamètre extérieur. Les roues
d'avant, qui n'ont que 0 m. 80 de diamètre sont montées sur
pivots et commandées par tiges articulées et guidon droit. Les
unes et les autres ont des bandages eu fer.
Un frein Lemoine à corde d'acier est monté sur les moyeux des
roues motrices, un frein à enroulement sur l'arbre à la Cardan.
Le châssis, en fer cornière, soutient au-dessous de lui, entre
les deux essieux, la caisse du moteur. Les caisses à eau sont
cachées sous les banquettes d'intérieur ; le dessous du siège est
occupé par un tiroir pour les accessoires et par l'appareil de grais-
sage automatique des cylindres ; la soute à coke et le réservoir à
huile sont à l'avant de la voiture.
Largeur (toutes saillies comprises) 2 m., empattement 3 m. 10,
longueur totale 6 m. 35, poids en ordre de marche 6.640 kg. s,
dont 1.600 kg. de charge utile. Vitesses 14 et 18 km. à l'heure
(20 km. en palier) pour 600 tours du moteur. D'après les construc-
teurs, les consommations pour la vitesse de 18 km. sont :
par kilomètre : 2 kg. coke, 12 1. d'eau
par cheval-heure : 1,5 kg. coke, 9 1. d'eau
i. Les pièces de cette transmission sont enfermées dans un carter qui
sert en même temps de bâti et qui assure leur lubrification par simple bar-
botage.
2. Pendant le concours de 1897, 6.160 kg. seulement, la charge utile ayant
été réduite à 1.120 kg.
VÉHICULES A VAPEUR
451
A ce taux l'omnibus peut parcourir 40 km. sans se ravitailler '.
233. — Tracteur de Dion-Bouton (fig. 242). — Même chaudière
que l'omnibus, moteur de 35 chx (§ 47). Le système de trans-
mission est aussi celui que nous venons de décrire, mais avec un
seul rapport de vitesse. Frein à enroulement sur les volants du
moteur ; freins à vis avec sabots sur les bandages des roues.
Largeur 2 m., empattement 2 m. 10, longueur 3 m. 80, poids
Fia. 242. — Schéma du tracteur à vapeur de Dion et Bouton.
lv machine ; 2, chaudière; 3, caisse à eau formant siège ; 4, caisse à coke ; 5, robinet de prise de
Tapeur ; 6, direction ; 7, changement de marche ; 8, frein à main ; 9, manette de mise en route ; 10,
commande de la pompe i eau; 11, frein à pédale; 12, roues motrices; 13, roues directrices ; 14, châssis.
en ordre de marche 4.140 kg. A l'arrière du tracteur se trouve la
couronne d'attache du véhicule remorqué, qui peut-être quel-
conque, mais sans avoir jamais qu'un seul essieu, pour que son
poids soit en partie utilisé pour l'adhérence. Au concours de
1897, ce véhicule était un break, du type Pauline, pour 24 voya-
geurs, pesant 5.770 kg. ; la distance de l'essieu d'arrière du break
à la cheville ouvrière était de 4 m. 25 2.
1. Pour ce véhicule, comme pour les suivants, les résultats donnés au
concours des poids lourds de 1897 seront indiqués dans le compte rendu
que nous ferons de ce concours (§ 327).
2. Le mode d'attache de l'arrière-train au tracteur doit permettre de
régler convenablement le report sur le second d'une partie de la charge
du premier. Tandis que, dans le tracteur de Dion-Bouton, la couronne et la
cheville-ouvrière sont à l'arrière portées par des ressorts, dans certains
tracteurs anglais, la couronne est placée directement au-dessus de l'essieu
452 l'automobile sur route
La consommation du tracteur en coke et eau sont, à la vitesse
de 14 km. à l'heure :
'eau
par kilomètre 4 kg. coke, 20 1. d\
par cheval-heure 1 kg. 500 — 7 —
A ce taux on peut faire 25 km. sans se réapprovisionner.
234. — Omnibus Scotte (fig. 243 à 243 ter). — Pour 10 voya-
geurs d'intérieur, 2 de plate-forme et leurs bagages sur le toit de
la caisse.
Chaudière et moteur décrits (§ 27 et 43) placés à lavant de
la voiture. L'arbre moteur communique son mouvement à un
arbre auxiliaire placé au-dessous, à l'aide de l'un ou l'autre de
2 systèmes de pignons de changement de vitesse. L'arbre auxi-
liaire actionne par une chaîne celui du différentiel, qui, à son
tour, par deux chaînes, commande les roues d'arrière. Les roues
en bois, à moyeux et bandages métalliques, ont 900 mm. de dia-
mètre à l'arrière, 770 mm. à l'avant, et respectivement 100 et
70 mm. de largeur de jante. Les roues d'avant à pivot ont leurs
fusées solidaires de bras que relie une bielle horizontale : celle-ci
reçoit son mouvement de deux tiges articulées, d'une part sur
cette bielle, d'autre part sur un écrou mobile le long dune vis
horizontale, fixée à l'essieu d'avant. Cette vis tourne sous l'action
d'un arbre vertical formé de deux parties coulissant l'une dans
l'autre ; le mouvement est donné par un volant de direction à
arbre incliné. La voiture peut tourner suivant un cercle de 3 m. 50
de rayon.
Frein à enroulement, mû par une pédale, sur l'arbre du diffé-
d'arrière du tracteur, et une articulation permet les oscillations verticales
qui se combinent avec les déplacements horizontaux autour de la cheviile-
ouvriore, afin d'assurer aux deux parties du véhicule une indépendance suffi-
sante.
Pour ce qui est du rôle réservé au tracteur, il est bon de remarquer que
son emploi s'impose au-dessus d'une certaine charge, pour augmenter le
nombre des essieux et diminuer la charge de chacun d'eux.
VÉHICULES A VAPEUR
453
rentiel. Frein à vis, mû à la main, agissant par des sabots sur
les bandages.
Une enveloppe en métal, très facile à enlever pour la visite du
BP
©
3
o
I
mécanisme, protège un peu le moteur contre les poussières et
empêche les projections d'huile : le graissage est assuré par un
oléomètre à départ multiples. Les arbres et organes de transmis-
sion sont fixés au-dessous du châssis. Les caisses à eau sont sous
454 l'automobile sur route
les banquettes, le tiroir à accessoires sous le siège du mécanicien,
la soute à coke dans l'avant-bec de la plateforme.
Largeur 1 m. 70, empattement 2 m. 85, longueur 5 m. 20.
Poids en ordre de marche 6.450 kg. (y compris 1.200 kg. de
charge utile). Vitesses 14 km. à l'heure en palier, 7 km. sur
fortes rampes. Avec les 100 kg. de coke ordinairement emportés,
on peut marcher environ deux heures.
Au concours de Versailles, en 1897, cet omnibus, à la vitesse
commerciale de 10,5 à 11 kilomètres, a consommé, par tonne
kilométrique utile, 3 kg. 1 de coke et i 7,05 litres d'eau (voir § 327).
235. — Voiture remorqueuse Scotte. — Elle est semblable à la pré-
cédente, avec ces différences qu'elle ne peut recevoir que
11 voyageurs, que la chaudière est du grand modèle (§ 27), que
le moteur a 115 mm. d'alésage, 120 mm. de course, que sa force
est de 16 chx à 400 tours et son poids de 300 kg., que les lon-
gueurs, largeurs, poids sont un peu plus grands. Elle porte à
l'arrière une fourche, dans les deux bras de laquelle passe une
tige verticale, qui vient embrasser l'anneau fixé à l'avant du
timon de la voiture remorquée. Celle-ci, dont Tavant-train est
du système ordinaire à cheville ouvrière, offre deux comparti-
ments : l'un pour les messageries, l'autre à l'arrière pour 15 voya-
geurs. Sa longueur est de 4 m. 75, dont 1 m. 15 de porte-à-faux
hors des essieux. Elle pèse 3,000 kg. y compris 1 .300 kg. de
charge utile.
La vitesse du train est de 12 km. en palier, 6 km. sur fortes
rampes. Les approvisionnements emportés (200 kg. de coke,
600 1. d'eau) permettent une marche de 4 heures.
Le fourgon remorqueur de M. Scotte est établi pour transpor-
ter 2.500 kg. et remorquer un camion, qui en porte lui-même
1.700. Il diffère de la voiture-remorqueuse par sa partie posté-
rieure, un tombereau à ridelles, sous le plancher duquel sont
placées les caisses à eau qui sont très vastes. La longueur totale
et les diamètres des roues sont un peu plus petits ; le poids est
plus grand, soit de 8.220 kg. Il marche à 10 km. en palier, à
5 km. sur fortes rampes.
VEHICULES A VAPEUR
455
Le camion remorqué peut affecter la forme que l'on veut.
236. — Omnibus Weidknecht (fig. 244, 245). — Pour 12 places
d'intérieur, 4 de plateforme et 500 kg. de bagages sur le toit.
Fig. 24-4. — Omnibus à vapeur* Weidknecht.
Élération.
Nous en connaissons la chaudière et le moteur (§ 29 et 43). Le
graissage est assuré pour les cylindres par un appareil Molle-
rnes
-£3=
Jifc
Fio. 245. — Omnibus à vapeur Weidknecht.
Plan du châssis.
rup, pour les arbres et parties frottantes par un graisseur à*
8 départs.
L'arbre moteur porte, fous sur lui, deux pignons qui peuvent
à tour de rôle être embrayés avec la roue dentée du différentiel
456 l'automobile sur route
De cet arbre intermédiaire le mouvement est transmis aux roues
par chaînes Galle.
Les roues en bois, à moyeu en bronze et boîtes Patent, ont
1 m. 40 de diamètre à l'avant où elles sont motrices, 1 m. 10 à
l'arrière où elles sont directrices ; ce sont de grands diamètres,
avantageux pour diminuer la résistance à la traction et la gêne
de la poussière. Les bandages sont en métal, de 95 et 90 mm. de
large. Les fusées des roues directrices, qui seules ont du carros-
sage, sont venues de forge, chacune avec un axe vertical guidé
dans les chapes de l'essieu, et reliées par une bielle ; sur celle-ci
agit un levier, dont Taxe vertical est commandé par une crémail-
lère, manœuvrée elle-même par un volant horizontal. Les roues
motrices à l'avant ont une surcharge à peu près constante, que la
voiture soit vide ou non. Les roues directrices à l'arrière assurent,
paraît-il, une direction facile, tout en rendant assez peu aisés les
démarrages près des trottoirs.
Un frein à collier genre Lemoine agit sur une poulie solidaire
de l'essieu des roues motrices ; il est commandé par une pédale.
Un frein à vis, mû à la main, serre des sabots sur les bandages
des mêmes roues. Ces deux freins sont conjugués de manière à
pouvoir les faire agir ensemble ou séparément.
Le châssis de la voiture est formé par un fer à u placé de
champ, solidement entretoisé, reposant à Tanière sur l'essieu et
coudé pour permettre le jeu des roues directrices. La chaudière,
la caisse à eau et tout le mécanisme lui sont fixés ; l'essieu d'avant
lui est suspendu au moyen de chandelles réglables ; la caisse repose
à l'arrière sur trois ressorts à lames (2 longitudinaux sur l'essieu
et un transversal relié aux premiers par des menottes), à l'avant
sur des ressorts en spirale ; elle est ainsi mise à l'abri des trépi-
dations dues au mécanisme et peut facilement être changée. Le
plancher en est garni d'une chaufferette qui reçoit de la vapeur
prélevée à la chaudière.
Largeur de la voiture 2 m. 26, empattement 2 m. 40, longueur
5 m. 52. Poids total 7.000 kg., dont 410 kg. d'eau, 60 kg.de
VÉHICULES A VAPEUR 457
combustible, 1.600 kg. de charge utile. A 350 tours du moteur,
la vitesse est de 7,5 km. ou 15 km. à l'heure : on peut, en faisant
varier la pression de la vapeur admise au tiroir et la détente,
obtenir toutes vitesses comprises entre 4 et 20 km. A pleine
charge, on a consommé par kilomètre-voiture :
sur mauvaise route 3,75 kg. de coke, 26 1. d'eau
sur bonne route 3 — 20 —
ce qui équivaut à des parcours sans ravitaillement de 16 et
20 km. Le mécanicien peut suffire pour la conduite de la voiture,
à condition qu'il mette une boîte de coke dans le chargeur auto-
matique tous les 4 km. environ.
Cette voiture porte à l'arrière une chape d'attelage pour faire
de la remorque.
237. — Tracteur et break Le Blant. — Le tracteur est destiné à
remorquer un omnibus de 15 à 20 voyageurs ou un fourgon por-
teur de 5 à 6.000 kg. (fig. 246).
Il est muni d'une chaudière de 15 m2 de chauffe (§ 35) et d'un
moteur de 20 à 30 chx (§ 43). Celui-ci est placé horizontalement
au-dessous du châssis, entre les deux essieux et actionne celui
d'arrière par l'intermédiaire d'un pignon monté sur l'arbre des
manivelles, d'une chaîne Galle et d'une roue dentée faisant corps
avec le différentiel. La direction se fait par avant train à che-
ville ouvrière, dont le cercle inférieur est denté sur un tiers de
tour et commandé par une vis sans fin.
Le châssis est en acier U, assemblé à l'aide d'équerres et de
goussets rivés à chaud. Il repose sur les essieux par l'intermé-
diaire de ressorts placés en dehors des roues, comme cela se
fait pour les wagons; le petit diamètre des roues et tout l'en-
semble donnent à l'œil l'impression d'un fourgon à marchan-
dises. La tare du tracteur en ordre de marche est de 7.500 kg.,
y compris 650 kg. d'eau et 250 kg. de coke ; il était nécessaire
qu'elle fût considérable, car une partie du poids du tracteur est
seule utilisée pour l'adhérence.
458 l'automobile sur route
La voiture remorquée n'est pas, en effet, à un seul essieu
H
I
comme celle qu'on attelle au tracteur de Dion : elle a, suivant
les cas, la forme d'un tramway ou d'un fourgon à marchandises.
VÉHICULES A VAPEUR
459
Elle pèse pour 20 voyageurs 4.700 kg. Le tracteur la remorque
à raison de 10 à 30 km. à l'heure.
M. Le Blant a construit aussi un tracteur moins fort que le
précédent, pesant 4.000 kg. en ordre de marche, actionné par un
moteur de 15 à 20 chx, qui a gravi la rampe du Grand- Jonc à
Issy, à la vitesse d'environ 15 km. à l'heure, en remorquant un
omnibus de 15 places.
É lé-ration.
Fig. 247 et 248. — Omnibus à vapeur Serpollet.
o, guidon de direction ; 6, lerier des changements de marche et de l'arrêt; j, pédale du frein; /,
I crier de la pompe d'alimentation en eau pour le démarrage;,;, petit cheral d'alimentation en eau; A,
réservoir renfermant le pétrole (ou huile lourde) bous pression, pour l'alimentation des brûleurs.
Il construit enfin des voitures automotrices en forme de char
à bancs : une de 10 places, du poids total de 4.330 kg., a eu le
3e prix au Concours du Petit Journal (Paris-Rouen, 1894) ; un
type de break plus récent est à 20 places et pèse à vide 7.000 kg.
M. Le Blant a imaginé de munir ces lourdes voitures automo-
460 l'automobile sur route
trices d'un arrière-train directeur analogue à l'avant-train, pour
faciliter les virages, ou même les éviter aux points terminus,
comme certains tramways.
238. — Omnibus Serpollet. — L'omnibus à 15 voyageurs, qui a
pris part au concours des Poids lourds, en 1898 (fîg. 247 et 248).
est muni d'un générateur (placé sur le châssis, derrière le siège
du conducteur) de 8 m* de surface de chauffe et 900 kg. de poids,
chauffé au pétrole lampant ou aux huiles lourdes (§ 34) . Le moteur,
à 2 cylindres de 0. m. 12 de diamètre et 0 m. 10 de course, du
poids de 270 kg., développe normalement 25 chvx, exception-
nellement 40 (§ 43) ; il est placé au-dessous du châssis en arrière
des roues motrices. Un condenseur est disposé sur le toit du
véhicule. La transmission se fait par un arbre intermédiaire, avec
deux changements de vitesse à engrenages. La vitesse du véhi-
cule, de 16 km. et plus, ne diminue guère sur les rampes même
assez fortes, grâce à l'élasticité du moteur.
239. — Omnibus de la Compagnie générale des Automobiles. —
L'omnibus adapté par cette Compagnie à la traction automo-
bile est du modèle à 30 places de la Compagnie générale de
Paris. Il est muni d une chaudière Valentin (§ 37) et d'un
moteur rotatif épicyclôïdai (§ 49). L'arbre moteur, tournant
normalement à 600 tours par minute, porte un embrayage à
friction et entraîne par engrenages l'arbre différentiel, qui, à
son tour, commande par chaînes les roues motrices de 1 m. 50
de diamètre. Les roues d'arrière directrices n'ont quun mètre.
La chaudière et le moteur sont placés à lavant sur une plate-
forme; la longueur totale de la voiture est 6 m. 60. Nous ne
savons pas quels résultats a donnés cet essai, intéressant par
l'application du moteur rotatif.
240. — Camion Nègre (fig. 249 et 249 bis). — Il est destiné à
porter une charge utile dune tonne ; il a une chaudière multitu-
bulaire (§ 30) et deux moteurs du système Nègre (§ 45), de dimen-
sions différentes, de manière à pouvoir marcher soit en com-
pound soit séparément, et à développer ainsi 10 ou 16 chevaux.
Chaudière et moteurs sont installés à l'avant du camion.
/
VÉHICULES A VAPEUR
461
Larbre moteur, qui tourne à 400 ou S00 tours, entraîne par
deux jeux de chaînes et de pignons, donnant les deux vitesses
>
<a à
Ô
de 8 ou 16 km. à l'heure, l'arbre différentiel, qui actionne les
roues d'arrière motrices par des chaînes, dont on peut régler la
462
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
tension par le déplacement angulaire d'un appareil que Ton voit
à l'arrière des roues d'avant. Celles-ci sont directrices.
Frein Lemoine à enroulement sur l'essieu d'arrière ou sur
l'arbre différentiel mû par une pédale. Un autre pédale actionne
un frein à sabots, qu'une vis permet aussi de maintenir serré.
VÉHICULES A VAPEUR
463
464 l'automobile sur route
Le châssis en fer cornière se relève à l'arrière de la plate-
forme des moteurs et de la chaudière, pour recevoir le plancher
du camion. L'eau est contenue dans une bâche de 600 1. ; un
seul homme suffit à la rigueur pour conduire le camion.
241. — Chariot à vapeur Piat (fig. 250). — Il est fait pour trans-
porter un poids utile de 5 ou 6 tonnes. Il est d'une construction
entièrement métallique, et sépare complètement le mécanisme
de direction, situé à l'avant, du mécanisme de propulsion relégué
à l'arrière avec le chauffeur qui lui est indispensable.
La chaudière, à faisceaux tubulaires curvilignes, timbrée à
10 kg., a 10, 95 m2 de surface de chauffe et peut vaporiser
jusqu'à 685 kg. d'eau à l'heure, en brûlant du coke ou du char-
bon, même du bois, paraît-il. L'eau est contenue dans des réser-
voirs cylindriques de 1.300 1. qu'on voit sous le châssis.
Le moteur à vapeur, dont les cylindres inclinés à 45° ont
0 m. 160 de diamètre, 0 m. 150 de course, a une distribution
avec avance constante, par un seul excentrique. Son arbre, dis-
posé suivant l'axe du véhicule, porte deux volants et transmet
son mouvement par pignons d'angle à un arbre intermédiaire,
qui actionne par engrenages la couronne du différentiel. De
celui-ci partent deux arbres creux, qui sont reliés aux bouts
d'essieu solidaires des roues, au moyen d'un dispositif spéciale-
ment créé par MM. Bardet et Denis, en s'inspirant du joint
de Oldham. Ce mode d'entraînement diminue, paraît-il, les
frottements et laisse à l'essieu toute latitude pour suivre les iné-
galités de la route 1 .
Les roues directrices à pivots indépendants sont commandées
par une vis sans fin. Les freins agissent à la partie supérieure
des roues motrices, au moyen d'un balancier prenant son point
d'appui sur l'axe des roues, pour que le freinage ne gène pas le
jeu des ressorts. La vitesse est de 10 à 12 km. en palier. Des
4. Pour de plus amples renseignements, voir dans la France automobile,
30 avril 1899, p. 211 la description qu'en a donnée M. L. Périsse.
VÉHICULES A VAPEUR
465
essais faits récemment à Joinville-le-Pont, auraient, paraît-il, bien
réussi.
242. — Fourgon de la Lancaahire Steam Motor C° (de Leylànd). —
Son fourgon (fig. 251 ), pour 4 tonnes de charge utile, a un moteur
pilon compound, dont les cylindres ont respectivement 75 et
125 mm. et une course commune de 150 mm. ; quand il tourne à
500 tours par minute, il donne 14 chx; il n'est pas réversible.
Les marches avant et arrière du véhicule s'obtiennent à l'aide
*^-,^k
Fio. 251. — Camion à vapeur de la Lancashire Steam Motor C°.
d'un embrayage. Sur certains camions, au lieu d'une seule trans-
mission par engrenages de l'arbre moteur au premier arbre inter-
médiaire, il en existe deux : l'une par engrenages, l'autre par
chaîne, et on se sert de l'une pour la marche avant, de l'autre pour
la marche arrière. Qu'on ait recours à l'embrayage ou aux deux
transmissions, nous ne voyons pas pourquoi on n'aime pas mieux
avoir recours à un moteur réversible. Des chaînes Renolds relient
le premier arbre intermédiaire à l'arbre différentiel, et celui-ci
aux roues d'arrière motrices. Les rapports de réduction entre
l'arbre moteur et l'essieu sont de 8, 13 J/i et 28 à 1.
Deux freins puissants peuvent arrêter la voiture sur un par-
O. Layuwm. — L'Automobile *ur route.
30
466 l'automobile sur route
cours égal à la moitié de sa longueur, chacun d eux suffisant à la
retenir sur une pente de 145 mm. par mètre.
Le châssis est en acier, les roues en bois. Le plancher offre une
surface disponible de 7,25 ms ; le poids à vide est de 2.910 kg. Ce
fourgon a figuré au concours des Poids lourds de Liverpool en
mai 1898 '.
La même compagnie fait des omnibus, notamment un type à
6 voyageurs et 500 kg. de bagages sur le toit, qui est actionné
par un moteur de 6 chx, et qui parcourt environ 65 km., en con-
sommant 31 .801 litres de pétrole lampant et sans faire de l'eau.
243. — Camion de la Liquid Fuel Engineering C° (de Cowes). — Son
camion, de 2 tonnes utiles, est muni d'une chaudière et d'un
moteur de 25 chx (§ 32 et 47), disposés l'un et l'autre à lavant.
Un premier arbre longitudinal, incliné et télescopique pour
permettre la compensation des déplacements dus à la suspension
de la machine, reçoit et transmet le mouvement par des engre-
nages coniques. Un deuxième arbre transversal porte des pignons
dentés, qui engrènent intérieurement avec les roues. Un seul
rapport de réduction, de 8 à 1. Deux boites à sable facilitent les
démarrages sur les pavés glissants. Un frein à pédale agit sur les
roues d'arrière.
Le châssis en acier doux, à roues de bois et moyeux en bronze,
supporte 2 réservoirs à pétrole chacun de 90 litres, et 2 réser-
voirs à eau de 270 et 340 litres. Le véhicule pèse à vide 2425 kg.
A 600 tours, le moteur donne une vitesse de 13 km. à l'heure en
palier, une vitesse de 6 km. sur rampe de 10 °/0. Ce camion
figurait au concours de Liverpool en 1898.
La Liquid Fuel Engineering C° construit des omnibus de forme
assez spéciale (fig. 252), destinés à un service belge. Ils com-
prennent à l'arrière un compartiment fermé à 12 places, au milieu
un compartiment ouvert à 8 places, à l'avant un siège pour le
chauffeur et 2 voyageurs, au total 22 places plus celles du mica-
1. Les résultats donnés par ce véhicule, comme par tous ceux engagés
au concours, sont consignés plus loin (§ 328).
VÉHICULES A VAPEUR
467
nicien et du chauffeur. La chaudière et la machine sont les mêmes
que pour le camion. La vitesse atteint 19 km. 308 à l'heure en
palier, et ne dépasse pas 6 km. 136 sur rampe de 1/10.
Os
Os
e:
fi
•3
3
o
I
244. — Tracteur de la Steam Carnage and wagon C° (de Chiswick). —
Le tracteur de cette compagnie (Gg. 253), destiné à remorquer un
camion de 5 tonnes, a la chaudière Thornycroft et le moteur que
nous connaissons (§31 et 47). Deux pignons à dents hélicoïdales,
468
l'automobile sur route
portés par l'arbre du moteur, peuvent engrener Tune ou Vautre
avec la roue du différentiel, donnant ainsi les rapports de réduc-
tion de 12 ou de 9 à 1. De l'arbre différentiel aux couronnes des
roues d'arrière, qui sont motrices, la transmission se fait par
chaînes Renolds. Frein à vapeur exerçant une pression de 2. 280 kg.
sur les moyeux des roues motrices. Frein à vis avec sabots sur
les bandages de ces mêmes roues.
Le châssis est en acier dur ; du reste l'acier est exclusivement
Fio. 253. — Tracteur et camion de la Steam Carriage and wagon O.
employé pour la construction de ce tracteur, si on en excepte la
cabine-abri du mécanicien, qui est en chêne.
Le camion remorqué, dont la plate-forme est en acier ou en
bois (l'acier est préféré parce qu'il donne un plancher plus léger,
sans qu'il soit trop bruyant en marche) n'a que deux roues : son
avant repose sur l'arrière du tracteur, par un cercle de virage
articulé permettant les oscillations dans deux plans perpendicu-
laires. Les roues de ce camion sont munies d'un frein à vis. Sa
plate-forme a 10 m2; le poids du tracteur et du camion vides est
de 3.910 kg. ; avec l'eau et le combustible, il atteint 4.320 kg. Le
camion chargé est remorqué à la vitesse de 8 km. en palier; la
grande vitesse n'est possible qu'avec le camion vide.
La même compagnie avait engagé à Liverpool un camion auto-
moteur, de 2.5 tonnes de charge utile, offrant une surface dispo-
nible de 5,5 ms, pesant 2.810 kg. à vide.
245. — Tracteur Toward et Philipson (de Newcastle). — lie tracteur
VÉHICULES A VAPEUR 469
a sa chaudière en tubes d acier étiré très épais : placés dans une
caisse également en acier, cylindrique, à section rectangulaire et
à ciel courbe, ils forment trois serpentins, dans lesquels succes-
sivement l'eau se réchauffe, se vaporise et se surchauffe (aussi
l'échappement est-il invisible). Cette chaudière, alimentée auto-
matiquement au coke ou au pétrole, a été essayée à 28 kg. et
donne de la vapeur à 1 4 kg.
La machine horizontale est à 2 cylindres, de 0 m. 10 et 0 m. 20
de diamètre et 0 m. 15 de course ; elle donne 25 chx à 400 tours.
L'arbre moteur conduit par engrenages l'arbre différentiel, qui
transmet par chaînes son mouvement aux roues d'arrière motrices :
les rapports de réduction, de 6 et de 3 à 1, donnent des vitesses
de 6,5 km. et 13 km. à l'heure. Deux freins, un à bande mû par
une pédale, l'autre à sabots mû à la main, agissant l'un sur les
moyeux, l'autre sur les bandages des roues motrices. Direction
par vis et roue dentée. Le tracteur emporte la quantité d'eau qui
lui suffit pour 32 km. et du coke pour 96 km *.
A ce tracteur on attelle un arrière-train à un seul essieu, qui
peut être quelconque : un omnibus avec impériale à 30 places,
comme celui qui fait un service régulier de Newscastle à Shef-
field, ou un camion portant 4 tonnes.
246. — Omnibus du « Motor Omnibus Syndicats » C'est un omni-
bus avec impériale à 25 places (10 d'intérieur, 15 d'extérieur),
du système Gillett, avec la chaudière et le moteur de cet ingé-
nieur (§ 33 et 47). Le mouvement est transmis de l'arbre moteur
à l'arbre différentiel, par des chaînes Renolds qui donnent deux
vitesses, et de ce dernier aux roues également par chaînes. Le
bronze phosphoreux a été employé, dans la construction de cet
omnibus, pour les moyeux des roues, paliers, coussinets. La pro-
vision d'eau est suffisante pour un parcours de 40 km. Cette voi-
ture a soutenu, toute une journée durant, une vitesse de
i 7,69 km. à l'heure.
i. Voir Industries and Irony 25 nov. 1898, p. 454.
470 l'automobile sur route
2° Voitures légères.
247. — Voitures Serpollet. — Jusqu'ici, nous n'avons décrit que
des véhicules puissants, disposés pour le transport des voyageurs
en commun ou des marchandises. Nous savons du reste que c'est
pour la traction des poids lourds que la vapeur est surtout qua-
lifiée. En substituant au coke le pétrole et en imaginant son
remarquable générateur (§ 34), M. Serpollet est arrivé à suppri-
mer du même coup la poussière inhérente aux combustibles
solides et la nécessité d'un chauffeur ; il a ainsi rendu possible
l'application de la vapeur aux voitures légères. C'est ce que va
nous montrer l'étude de la remarquable voiture qu'il a exposée
aux Tuileries en 1898.
Ce phaéton, du poids de 500 kg (dont la fig. 254 donne le
schéma), est muni d'un moteur de 5 chx (§ 45). Moteur et géné-
rateur sont disposés à l'arrière de la voiture, le moteur reposant
directement sur l'essieu1. Son arbre, qui n'est pas muni d'un
volant (la voiture lui en tient lieu), actionne par un pignon la
roue du différentiel, dont l'arbre en deux parties mène les roues
d'arrière. Il est impossible de concevoir une transmission plus
simple : les changements de vitesse sont assurés par le seul
moteur, qui s'acquitte parfaitement de ce rôle.
Le chauffeur n'a à manœuvrer que la manette M de la direction*
assurée par un essieu à deux pivots; la pédale P du curseur
chargé de régler les débits des pompes à eau et à pétrole (§3l)%
celle du frein à ruban du différentiel P'; la manivelle M' du frein
à sabots.
i. Dans certaines voitures, le moteur est suspendu, pour le soustraire
aux vibrations.
M. Forestier critique la position du générateur à l'arrière de la voiture :
îi lui reproche de chauffer la caisse, et il l'aimerait mieux a l'avant, à condi-
tion toutefois qu'il y fût établi sans porte à faux. Mais est-il bien sûr qu ainsi
placé il n'incommoderait pas davantage le voyageur?
VÉHICULES A VAPEUR
471
La voiture porte avec elle un réservoir de 25 litres pour le
pétrole, un autre de 35 1. pour l'eau. La vapeur d'échappement,
après avoir abandonné l'huile entraînée dans un pot spécial, va au
condenseur pour être réemployée. La vitesse sur profil peu acci-
denté est de 20 à 30 km. à l'heure; elle peut monter jusqu'à 40
.* &
Fig. 254. — Voiture légère à vapeur, système Serpollet.
Voiture à vapeur Sertwllet (chaude au pétrole lampant) (schéma). — On voit à l'arrière le
générateur et ses pompes d'alimentation en pétrole et en eau, le moteur a 4 cylindres horizontaux, le
Ingnon et la roue dentée transmettant le mouvement du moteur au dillèrentiel monté *ur l'essieu. -Les
évier* de manœuvres «ont indiqués par leurs axes. A, A, cylindres du moteur ; C chaudière; E appareil
d'alimentation de la chaudière en pétrole et eau. commandé par la pédale P; D, différentiel; M, guidon
de direction; M', manivelle de commande du frein à sabots agissant sur les bandage* des roues motrices ;
P, pédale du frein à rubans agissant sur la poulie R, montée sur l'arbre différentiel.
et 50. Les côtes sont facilement gravies. La consommation n'est
que de 3/4 de litre de pétrole par cheval-heure : l'absence de toute
odeur dénote la bonne utilisation du combustible.
M. Serpollet vient de s'associer avec M. Gardner pour construire
trois types de voitures à vapeur.
Les deux premiers, analogues à celui que nous venons de
décrire, sont caractérisés par les données numériques suivantes:
472
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Type de 6 chx
Type de 10 à 12 chx.
POIDS
du
générateur
DISTANCE
à parcourir m
sans se
réapprovisionner
POIDS
en ordre
de marche
DURÉE
de la mise
en route
100 kg.
150 kg.
150 kilom.
150 kilom.
850 kg.
1100 kg.
6 min.
6 min.
La détente de la vapeur peut être faite pendant les 85 °/0 de
la course. Les brûleurs, qui consomment du pétrole lampant
ordinaire, peuvent fournir un service de 4.500 km, sans net-
toyage, et, au bout de ce temps, peuvent facilement être remis
en état. Un graisseur spécial à départs multiples conduit par
refoulement l'huile à tous les points à graisser, aussi bien à l'air
libre que dans la tuyauterie de vapeur pour le graissage du
moteur. Ce graisseur se met de lui-même en marche avec la voi-
ture et s'arrête avec elle.
Le troisième type que fabriquent MM. Serpollet et Gardner est
une voiturette, qui a été exposée aux Tuileries en 1899. Elle ne
pèse, avec l'approvisionnement d'eau et de pétrole nécessaire pour
parcourir environ 60 km., que 250 kg., ce qui lui permet, d'après
le Règlement du 10 mars 1899, de ne pas avoir de marche
arrière. Le moteur a pu être réduit au poids de 29 kg. pour
3 chx. Comme les moteurs plus puissants du même inven-
teur, il est à soupapes, sans tiges de pistons, glissières ni cou-
lisses ; mais il entraîne le différentiel, non plus par engrenages,
mais par une chaîne, allant d'ailleurs directement du moteur
au différentiel, qui est placé sur l'essieu d'arrière. Cet essieu,
en deux pièces, est monté à bielles et rendu rigide par un pont
en tube. Tout le châssis est d'ailleurs tubulaire, et suspendu
sur ressorts avec tous les organes mécaniques. L'eau et le pétrole
sont à l'avant, dans des réservoirs de 8 et 15 1. Un petit conden-
seur permet de récupérer en partie l'eau provenant de l'échap-
pement et atténue le bruit de ce dernier ; aussi la marche est-elle
VÉHICULES A VAPEUR 473
silencieuse. La dépense kilométrique est, paraît-il, de 1/8 à 1/10
de litre de pétrole ; la vitesse moyenne, de 25 km. à l'heure ; les
rampes sont aisément gravies.
248. — Victoria à vapeur Nègre. — M. Nègre a construit une
Victoria à 4 places (dont deux situées tout à fait à lavant de
la voiture), avec sa chaudière à vaporisation instantanée (§ 36)
et son moteur à 4 cylindres en croix, de la force de 8 chx (§ 45) ;
l'un et l'autre sont logés derrière les sièges d'avant. L'arbre
moteur actionne un arbre intermédiaire, qui lui-même commande
par chaînes les deux roues d'arrière.
249. — Voiture Kécheur. — La voiture à 4 places, qui était
exposée au Salon du cycle et de l'automobile de décembre 4898,
a une chaudière (§ 38) de 24 éléments : 12 minutes suffisent pour
porter la chaudière à 500° ; en injectant, à l'aide de la pompe à
main 150 cent, cube d'eau on démarre; l'alimentation se fait
ensuite parla pompe automatique, qui permet de faire varier de
0 à 8 1/2 chx la force du moteur (§ 44). 40 1, d'eau et 25 1. d'es-
sence 1 suffisent, paraît-il, pour 10 heures de marche.
La couronne dentée, calée sur l'arbre moteur, a un diamètre
3 fois plus grand que celui des pignons actionnés par les tiges
des pistons ; cela permet au moteur l'attaque directe de l'arbre
différentiel. Celui-ci porte à ses extrémités un pignon, qui com-
mande le moyeu de l'une des roues d'arrière seule motrice. Il
n'y a pas d'organe mécanique de changement de vitesse, celle-ci
variant avec l'alimentation de la chaudière.
Le châssis, en tubes solidement entretoisés, porte la chaudière
à l'arrière, le moteur et le radiateur à l'avant. Les roues sont à
rayons métalliques tangents et à pneus. La direction est com-
mandée par un guidon à deux poignées.
250. — Voitures du Clarkson-Capel Steam car syndicats. — Le lan-
dau de ces constructeurs (fig. 255) est équipé avec une chaudière,
système Thornycroft modifié, chauffée au pétrole (les brûleurs
i . La densité peut varier de 0,700 à 0,780.
474 l'automobile sur route
sont alimentés sous pression d'air et sous le contrôle d'un régu-
lateur spécial), et le moteur à 6 cylindres que nous avons décrit
(§ 46). Les parties frottantes des cylindres et des pistons sont en
bronze phosphoreux pour éviter la corrosion, quand la voiture
est abandonnée longtemps dans une remise humide ; les tiges
des pistons et les arbres manivelles sont en acier nickelé , il y a
partout des coussinets à billes. Le mouvement est transmis de
l'arbre moteur à l'arbre différentiel, par des engrenages de chan-
gement de vitesse, ensuite aux roues arrière motrices par chaînes.
Le châssis et le mécanisme qu'il supporte reposent sur les
essieux par des ressorts courbes ; la caisse est suspendue au-des-
sus du châssis par d'autres ressorts et des courroies ; elle jouit
en somme d'une double suspension qui doit être fort douce.
La chaudière, la machine et le mécanisme sont situés à l'arrière
sous le siège du conducteur; le condenseur est à l'avant de la
voiture, qui emporte avec elle 45 1. d'eau, suffisants, paraît-il,
pour parcourir 63 km.
Les mêmes constructeurs font une Victoria à vapeur. Citons
enfin, parmi les voitures légères à vapeur anglaises, le break-
wagonnette à 6 places de MM. Toward et Philippson * et le lan-
dau à vapeur de la « Motor car C° s.
251. — Voiture Stanley (de Waltham-Masachussets). — Voici un
véhicule, d'un type, bien spécial qui ne pèse que 215 kg. à vide,
275 en ordre de marche. La chaudière, qui en constitue la carac-
téristique, appartient au type ignitubulaire, que nous avons dit
être fort peu employé en automobilisme (§ 25) : elle est formée
par un corps cylindrique, en tôle d'acier de 6 mm., autour duquel
sont enroulés, pour augmenter sa résistance, deux rangs de fils
d'acier de 9/1 0e de mm. Les plaques de fond de ce cylindre sont
percées, chacune de 300 trous, reliés deux à deux par autant de
tubes de cuivre verticaux, de H mm. de diamètre intérieur et
1. Locomotion automobile, 24 juin 1897.
2. Locomotion automobile, 24 mars 1898.
VÉHICULES A VAPEUR
475
i mm. 5 d'épaisseur, formant cheminées pour les gaz chauds
provenant de la combustion des brûleurs placés au-dessous.
Le corps de ces brûleurs est constitué par un cylindre en tôle
e
$
C
de même diamètre que la chaudière, à laquelle il est relié par
des supports en équerre : un second cylindre, concentrique au
premier, reçoit et brasse l'essence déjà vaporisée par son passage
476 l'automobile sur route
dans le tuyau d'amenée, dont une partie est entourée par l'eau
de la chaudière. Ce second cylindre est traversé par H 4 tubes
en cuivre, verticaux et ouverts aux deux bouts, de manière à
former appels d'air : autour des débouchés de chacun de ces
tubes sur la plaque supérieure du cylindre, cette dernière est per-
cée d'une vingtaine d'orifices capillaires, par lesquels arrive l'es-
sence, qui s'enflamme au contact de l'air. Pour la mise en train,
on a recours à un tube réchauffeur, que l'on porte à une tempé-
rature suffisante et que l'on branche, d'une part sur la tubulure
d'amenée de l'essence, de l'autre sur le brûleur. Au bout, dit-
on, de 4 à 5 minutes, l'eau de la chaudière a atteint une tempé-
rature suffisante pour que l'essence se vaporise en la traversant,
et on enlève le tube-réchauffeur. La chaudière, essayée à 24 kg.,
est maintenue à sa pression normale de 1 0 kg. par un régulateur
fort ingénieux.
Cet appareil se compose essentiellement d'un diaphragme
métallique, maintenu entre les deux brides d'un joint, et dont la
paroi droite est soumise à la pression de la chaudière, tandis que
la paroi gauche agit sur le pointeau de l'admission d'essence,
pour étrangler cette dernière dès que la pression dépasse 9 kg.,
de sorte que les brûleurs sont mis automatiquement en veilleuse.
Si la pression atteint 10 kg., le pointeau ferme presque complète-
ment l'orifice d'admission.
L'alimentation de la chaudière est assurée par une petite
pompe, que commande l'une des têtes de bielle du moteur, et
réglée au moyen d'un robinet, que le chauffeur ouvre ou ferme à
volonté : quand il est fermé, l'eau refoulée par la pompe fait
retour à la bâche.
La vapeur produite par la chaudière est envoyée au moteur
type pilon, qui se composé de deux cylindres verticaux, de
63,5 mm. d'alésage et de 90 mm. de course; la distribution s'y
fait par tiroirs, excentriques et coulisses. Les vilebrequins et les
colliers d'excentriques sont montés sur billes, et ont un fonction-
nement silencieux. Ce moteur, dont la hauteur ne dépasse pas
VÉHICULES A VAPEUR 477
iiO mm., développe en moyenne 5 chevaux, en faisant 300 tours
par minute.
La chaudière, entourée de la bâche à eau, et le moteur sont
placés à l'arrière de la voiture, dans une grande caisse à per-
siennes, située au-dessus de l'essieu, et dont l'avant supporte le
siège, qui peut recevoir deux personnes. Les gaz brûlés
s'échappent par un orifice disposé à l'arrière, comme d'ailleurs la
vapeur d'échappement, mais cette dernière seulement après s'être
détendue dans un silencer et avoir traversé la bâche à eau et lui
avoir cédé une partiede son calorique.
Le moteur porte calé sur son arbre un pignon à 12 dents, qui,
à l'aide d'une chaîne, actionne une couronne de diamètre double,
fixée sur le différentiel qui occupe le milieu de l'essieu d'arrière.
Les roues, de petit diamètre, d'ailleurs le même à l'avant et à
l'arrière, sont à rais métalliques tangents et garnies de pneus.
Sur les deux essieux repose, par l'intermédiaire de tubes cin-
trés, placés au-dessus d'eux, le châssis formé de deux longerons
tubulaires, de 32 mm. de diamètre, articulés avec les tubes
cintrés. Ce châssis porte les appareils de direction (une barre
franche ou un volant agissant sur une bielle centrale, qui, par
l'intermédiaire de deux tringles de renvoi, actionne les biellettes
de braquage des roues d'avant), et soutient la caisse, par un
ressort à pincettes transversal à l'avant et deux ressorts longi-
tudinaux à l'arrière.
La voiture est munie de deux freins, un à pédale agissant
sur le différentiel, l'autre à levier actionnant des colliers qui
enserrent les moyeux des roues motrices.
Indépendamment de cette pédale et de ce levier, le chauffeur
dispose de trois leviers de commande : lé premier manœuvre la
soupape d'admission de la vapeur dans les cylindres , et fait
varier la vitesse de la voiture ; le second agit sur les coulisses
de distribution du moteur, pour produire la marche arrière et
freiner par la contre-vapeur; le troisième ouvre ou ferme le
robinet d'alimentation de la chaudière. Ces trois leviers agissent
478 l'automobile sur route
par des tiges creuses concentriques, qui tiennent le moins de
place possible.
Une petite pompe à main permet de comprimer, à \ ou 2 kg.,
de l'air dans le réservoir d'essence, placé sous le plancher du
siège, pour envoyer cette essence aux brûleurs. Un manomètre,
accroché au tablier, indique la pression qui règne dans ce réser-
voir ; un autre, disposé de la même façon, indique celle de la
chaudière. Au-dessous de ce dernier, une glace reflète le niveau
d'eau de la chaudière, placé sur le côté de la voiture, et renseigne
à chaque instant le conducteur sur la hauteur du liquide. Douze
litres d'essence et 135 litres d'eau permettent à la voiture de
couvrir une centaine de kilomètres.
Telle est cette voiture, dont on parle beaucoup depuis son
importation en France. Une plus longue expérience nous dira ce
qu'elle vaut. On ne peut lui refuser une réelle originalité. Pour
notre part, nous n'aimons pas en elle la contenance relativement
considérable (20 litres, croyons-nous) de sa chaudière; nous
sommes loin de la quantité insignifiante de liquide, qui se trouve
à un moment donné dans le générateur à vaporisation instanta-
née de M. Serpollet ; cette masse d'eau chaude occasionnerait,
en cas d'explosion, de graves accidents. Et puis il ne faut pas
oublier que si l'emploi du pétrole lampant, pour chauffer un
générateur, est plus onéreux que son utilisation dans le cylindre
même d'un moteur à mélange tonnant, cela est plus vrai encore
pour l'essence que pour le pétrole, et la voiture Stanley nous
semble plutôt faite pour brûler de la première que du second1.
4° Avant- trains moteurs.
251 bis. — Avant-train TurganetFoy. — En étudiant les véhicules
à pétrole et électriques, nous décrirons quelques avant-trains
moteurs, et ferons à ce sujet remarquer leurs avantages (§ 289).
1. Pour de plus amples renseignements, voir Locomotion automobile,
2 novembre 1899, p. 698.
VÉHICULES A VAPEUR 479
Nous ne croyons pas que jusqu'ici on ait construit des avant-
trains à vapeur et nous ne songions pas à nous en étonner, car
il semble a priori assez difficile de loger sur un seul essieu une
chaudière, un moteur, et tous les organes de transmission et de
direction. C'est pourtant ce que sont en train de faire MM. Turgan
et Foy, si nous en croyons une notice qu'ils distribuaient à
l'Exposition de 4899.
Cet avant-train est muni du générateur Turgan (§ 30 bis).
I/arbre du moteur est horizontal et porte un pignon d'angle, qui
engrène directement avec un deuxième pignon claveté sur un
arbre vertical passant par l'axe de la cheville-ouvrière, formée
par un tube creux. Cet arbre porte à sa partie inférieure un autre
pignon d'angle directement en prise avec la boîte du différentiel
de l'essieu sur lequel sont calées les roues et, pour racheter les
variations de la distance qui, à cause des ressorts de la suspen-
sion, séparent le châssis de l'essieu, il est en deux parties
réunies par un ressort à pincette : M. Turgan préfère ce dernier
aux joints à la Cardan ordinairement employés pour cet usage,
mais qu'il accuse de consommer plus de force.
CHAPITRE II
VÉHICULES A PÉTROLE
252. — Schéma d'une voiture à pétrole. — Une voiture à pétrole
doit comprendre :
Le réservoir d'essence, le carburateur qui transforme cette
dernière en mélange gazeux carburé ;
L'appareil d'allumage, qui produit l'explosion par l'électricité
{avec le concours d'un générateur électrique, d'une bobine, d'un
circuit, d'un commutateur), ou par tubes incandescents (chauffés
par des brûleurs qu'alimentent un petit réservoir d'essence, dans
lequel on établit une pression convenable, à l'aide d'une pompe
à main) ;
Le moteur, qui recueille la force explosive du mélange, avec
ses appareils de distribution et de régulation, quelquefois un accé-
lérateur, destiné à paralyser momentanément le régulateur ;
Le refroidisseur, parfois simplement basé sur les différences de
densité du liquide, le plus souvent mettant en œuvre un radia-
teur et une pompe chargée d'assurer la circulation de l'eau dans
tout le circuit ;
Le silencer, qui amortit le bruit des gaz brûlés avant qu'ils
«'échappent à l'air libre ;
Les transmissions, de composition assez variable, mais com-
prenant en général un embrayage, des engrenages de change-
ment de vitesse (plus rarement un jeu de poulies et de courroies),
un arbre secondaire sur lequel est monté le différentiel, des
«haines Galle actionnant les roues motrices (exceptionnellement
*ui essieu articulé), un dispositif de marche arrière ;
G. LAYoramt. — L Automobile sur route. 31
482 l'automobile sur route
Deux freins supprimant automatiquement la liaison du moteur
et des transmissions, agissant, l'un sur l'arbre différentiel, l'autre
sur les roues motrices ;
Une béquille ou un cliquet, contre le recul ;
Deux essieux, l'un moteur, l'autre directeur ;
Le châssis ;
La caisse ;
Les appareils de commande et de graissage.
Tout cet ensemble constitue un appareil compliqué, dans lequel
nous ne retrouvons plus la simplicité des véhicules à vapeur,
encore moins celle que nous nous plairons à constater sur les
véhicules électriques.
Disons pourtant que tous les véhicules à pétrole n'offrent pas
la multiplicité d'organes que nous venons d'énumérer. Dans les
voiturettes, le refroidissement est assuré par l'air extérieur^ou
tout au moins par une circulation d'eau fort simplifiée ; dans celles
qui pèsent moins de 250 kg. à vide, le dispositif de marche
arrière peut ne pas exister. Dans les tricycles et quadricycles, qui
ne sont pas de véritables voitures, la simplification est beaucoup
plus grande ; c'est par eux que nous allons commencer l'étude
des véhicules à pétrole.
1° Tricycles et quadricycles.
Nous comprenons sous la dénomination de tricycles et qua-
dricycles les véhicules à 3 et 4 roues, de construction analogue
à celle des cycles, n'offrant au cavalier qui les monte qu'une selle
plus ou moins semblable à celle des bicyclettes, n'ayant ni sus-
pension à ressorts ni marche arrière !.
1. Ces véhicules rentrent dans la catégorie des motoiycles qui peut en
outre comprendre qnelques voiturettes. La définition des motocycles était
jusqu'ici restée assez indécise ; il convient d'adopter celle qu'a consacrée le
Règlement sur la Circulation des automobiles du 10 mars 1899 : est moto-
cycle tout véhicule à truction mécanique ne pesant pas plus de 150 kg. à
vide, c'est-à-dire sans voyageurs, combustible, eau, pièces de rechange...
VÉHICULES A PÉTROLE 483
153. — Tricycle do Dion-Bouton. — Il est universellement connu ;
nous ne pouvons cependant nous dispenser d'en dire quelques
mots.
* Sa forme est celle d'un tricycle ordinaire dont le bâti, en tubes
d'acier, donne sous un poids minime (il pèse au total 75 kg.) une
grande rigidité : la fourche comporte 4 tubes, constituant une
véritable poutre armée. Le moteur (§ 112) qui se fait mainte-
nant de 1,75 chx, peut tourner jusqu'à 3000 tours par minute,
et donne en palier une vitesse normale de 30 km. à l'heure, qui
peut être considérablement dépassée. Son arbre porte deux
pignons : l'un qui actionne, le tricycle, l'autre qui engrène avec
une roue de diamètre double, calée sur l'arbre de distribution qui
porte les cames d'échappement et d'allumage '.
Le pignon moteur actionne la couronne dentée montée sur le
différentiel, qui conduit les roues d'arrière motrices :■ il est
i. L'allumage est, en effet, électrique : comme nous l'avons dit (§ 70),
c'est le moteur lui-même qui est chargé de produire l'interruption du cou-
rant inducteur. Celui-ci part du pôle positif de là pile sèche, suspendue au
côté horizontal du cadre, va à la poignée gauche du guidon (qui l'arrête ou
le rétablit), longe le côté horizontal du cadre, où il rencontre une fiche
inlerruptrice (que le cavalier retire quand il abandonne son tricycle sur la
voie publique), parcourt le gros fil de la bobine, va au trembleur actionné
par le moteur, qui, tous les deux tours, le laisse passer et le coupe aussi-
tôt, produisant au moment voulu l'étincelle dans le circuit secondaire, enfin
retourne à la bobine. Le courant induit part du petit fil de la bobine, va à
la bougie et retourne à la bobine par la masse même du tricycle.
Le trembleur est constitué par une tige métallique, portant une touche,
qui peut arriver au contact d'une pointe formant l'extrémité du courant
inducteur, et à son extrémité une masse qui frotte sur la came d'allumage.
Normalement la touche est écartée de la pointe, mais, lorsque la masse
s'enfonce dans l'encoche dont est munie la came, le contact s'établit, puis
se rompt et l'étincelle jaillit. On comprend qu'en faisant varier le moment
où la masse s'enfonce dans l'encoche, on change le moment où jaillit Tétin-
eelle, en d'autres termes on modifie V avance à l'allumage (§ 75). Dans l'une
des positions extrêmes du dispositif, l'allumage ne se produit qu'au moment
où le piston est tout en haut de sa course ; le moteur marche alors à sa
petite allure. La position opposée pour laquelle l'allumage se produit très
sensiblement avant que le piston ait atteint le haut du cylindre correspond
à la grande allure. Les positions intermédiaires correspondent aux allures
moyennes.
484 l'automobile sua boute
enfermé avec elle dans un carier en aluminium. Avec le moteur
de 1,25 chx, le pignon avait 12 dents, la couronne 84, cela don-
nait une réduction de vitesse de 7 *.
Les modèles de 1 ,75 chx se livrent avec les nombres de dents
suivants :
touriste : 11 et 106, réduction 9,6
moyen: 13 et 104, — 8
course : 45 et 102, — 6,8
Naturellement la puissance du moteur pour gravir les côtes
varie comme le rapport de réduction.
253 bis. — Démultiplicataurs Couget, Delbruck, Didier, Peugeot. —
Pour modifier ce rapport en cours de route et donner ainsi plus
de souplesse au véhicule, on peut le munir de certains méca-
nismes.
Celui de. M. Couget se compose de deux platines en alumi-
nium, formant carter, dans lequel coulisse le pignon du moteur
qui, au lieu de transmettre directement son énergie à la roue
dentée du différentiel, la lui communique par un engrenage inter-
médiaire de deux pignons dans le rapport de 1 à 3, 4 ou 5. Cet
appareil a en outre, comme les suivants, l'avantage de débrayer,
par un simple déplacement du levier, le moteur, ce qui est pré-
cieux dans les pannes et dans les arrêts brusques *.
L'appareil Delbruck 3 met en face de la couronne dentée de
l'essieu moteur deux engrenages de diamètres inégaux, pouvant
l'un ou l'autre lui transmettre le mouvement du moteur, quand,
à l'aide d une tige on le fait osciller. Dans l'appareil Didier \
1. Avec les roues de 0 m. 65 il fallait, pour couvrir le kilomètre, 490 tours
de roue, soit 3.430 tours du moteur. Quand le kilomètre était couvert en
1 minute 20 secondes (ce qui correspondait à 45 km. à l'heure), le moteur
faisait 2.572 tours par minute ; quand le tricycle marchait à 30 km. le moteur
en faisait 1.713; quand celui-ci faisait 3.000 tours, la vitesse atteignait
52 km.
2. Locomotion automobile, 19 janvier 1899, p. 42.
3. France automobile, 5 novembre 1898, p. 378.
4. France automobile, 26 novembre 1898, p. 402.
VÉHICULES A PÉTROLE
485
l'arbre et l'essieu moteurs peuvent être reliés par l'un ou l'autre
dé deux trains d'engrenage, qu'un levier à double fourche per-
met d'embrayer.
Lçs tricycles Peugeot sont pourvus de l'appareil de changement
de vitesse que représentent les fig. 256 et 256 bis Par le pignon
B, 1 arbe moteur attaque la roue dentée A, mobile sur une cou-
ronne de billes et munie de la denture intérieure C, engrenant avec
Fio. 256. — Appareil de changement de vitesse du tricycle Peugeot.
Coupa longitudinale.
les pignons satellites E, qui sont eux-mêmes en prise avec le
pignon central G. Les pignons E sont portés par des axes faisant
porps avec la boîte du différentiel D7 et le pignon G peut, à l'aide
de la fourchette I, actionnée par le levier de manœuvre agissant
sur la tringle H, glisser le long de Taxe K.
Lorsque ce levier est au milieu de s.on secteur denté, le pignon
G est dans la position représentée par la figure 256, il .se trouve
1. Petites Annales du cycle et de r automobile, 8 juillet 1899, p. 211.
486
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
sur le bloc en bronze à section hexagonale J, lui-même emboîté à
frottement doux sur l'arbre K ; si le moteur est en marche, les
engrenages B, A, C, E, G tournent, le dernier en sens inverse
de A et fou sur l'arbre K ; c'est la position de débrayage, qui
permet de laisser fonctionner le moteur pendant un arrêt du tri-*
cycle et d'actionner celui-ci avec les pédales sans entraîner le
moteur.
Quand on amène le levier des changements de vitesse au cran
Fio. 256 bis. — Changement de vitesse du tricycle Peugeot.
Élévation transversale des engrenage*.
arrière de son secteur, le pignon G s'engage sur le bloc à section
hexagonale L, qui est solidaire du différentiel D ; alors les pignons
E et G faisant corps avec ce différentiel ne peuvent plus tourner
les uns par rapport aux autres (la denture G est ainsi calée) :
tout l'ensemble est entraîné par la roue A et tourne autour de
Taxe K, absolument comme si cette roue était directement fixée
sur la boîte du différentiel.
Quand, au contraire, on amène le levier au cran avant dû
secteur, le pignon G s'engage sur le bloc à section hexagonale L',
solidaire de la pièce S, et par elle du pont du tricycle, et est
VEHICULES A PÉTROLE
487
immobilisé par lui. Sur ce pignon ainsi au repos les satellites E
roulent, entraînés par la denture G et entraînant à leur tour la
boîte du différentiel, mais à une vitesse angulaire réduite. Si nous
désignons par N, N' les nombres de dents de C et de G, la
N
vitesse est à la précédente dans le rapport ^ N,. Si N = 56
et N' = 26, la petite vitesse est égale aux 2/3 de la grande.
Dans le cas où la roue A a 100 dents et les roues du tricycle
0 m. 65 de diamètre, on peut établir le tableau suivant :
KILOMÈTRES
NOMBRE DE DENTS
du
parcourus par heure
RAMPES MAXIMA
pouvant être gravies
pignon du moteur
à la
à la
sans pédales
grande vitesse
24
petite vitesse
il
16
*2%
12
26.5
17.5
10
13
39
19
8
14
31
20.5
6
15
33.5
22
4
16
36
24
3
Pour passer de la petite à la grande vitesse, ou inversement,
il faut suspendre l'allumage ; après l'avoir suspendu, pour se
mettre à la petite vitesse, il faut amener le tricycle, s'il n'y est
déjà, à une vitesse modérée de 15 à 20 km., de manière à éviter
les chocs d'engrenages.
Le tricycle de Dion-Bouton a eu beaucoup d'imitateurs utili-
sant presque tous le même moteur que lui ou des moteurs ana-
logues.
254. — Tricycles Loyal et de la Société continentale d'automobiles. —
Le premier est resté à l'état d'appareil d'essai ; nous tenons pour-
tant à le mentionner, parce qu'il a marché avec le moteur à deux
temps de ce constructeur (§ 116) *.
1. Locomotion automobile du 11 mars 1897, p. 110.
488 l'automobile sur route
; Le second est muni d'un moteur à 2 cylindres opposés, per-
pendiculaires aux plans des roues, faisant de 800 à 2.000 tours
par minute. Carburateur à palettes actionné mécaniquement par
une petite courroie montée sur l'arbre de transmission du moteur".
Allumage électrique par accumulateurs. Changement de vitesse
mécanique V
Tous les tricycles peuvent être utilisés pour le remorquage
d un arrière-train à deux roues, qui porte à S le nombre des roues
de l'ensemble, ou être transformés en quadricycles par la substi-
tution d'un avant-train à 2 roues à la roue directrice.
255. — Quadricycles Gladiator, Morel et Gérard. — Le quadricycle
Gladiator a un moteur à 2 cylindres, de 2 chx (§ 102). Roues
d'arrière motrices, menées par engrenages. Roues d'avant direc-
trices, commandées par le guidon du cavalier d'arrière, à la façon
de celle d'un tricycle. Quand on pousse le quadricycle à bras, on
peut, pour diminuer la résistance, supprimer la compression *.
Le quadricycle Morel et Gérard est composé de 2 bicyclettes
parallèles, solidement entretoisées par 2 traverses et par un
arbre reliant les axes des roues d'arrière et constituant l'essieu
moteur 3.
2° Les voiture ttes.
• Nous comprenons tsous cette dénomination les véhicules à 3 et
4 roues, de construction plus ou moins analogue à celle d'une
voiture, offrant comme cette dernière à ses passagers un siège
véritable, mais pouvant en différer par l'absence de suspension, et
s'en distinguant assez souvent par le manque de refroidisseur à
eau. et de marche arrière 4.
1. Locomotion automobile, du 24 mars 1898, p. 188.
2. D. Farman, Les automobiles, p. 194.
3. Locomotion automobile, 16 septembre 1897, p. 435.
4. L'article 5 du Règlement sur la circulation des automobiles exige une
marche arrière pour toutes celles dont le poid6 excède 250 kg. à vide.
VÉHICULES A PÉTROLE
489
25G. — Voiturette Bollée. — Elle comporte 3* roues' : deux à
l'avant à pivot direptrices, une à l'arrière motrice ; ces roues
supportent le bâti en tubes d'acier étiré à froid (§ 212), sur lequel
sont brasées leà pièces, qui soutiennent les deux sièges et le
mécanisme.
Le nioteur (§ 111) transmet, par trois paires d'engrenages
donnant chacune une vitesse, son mouvement à la roue motrice,
par le système que nous avons décrit (§ 173).
Lé frein le plus usuel est constitué par un sabot de caoutchouc
«• Fig. 256 ter. — Voiturctte L. Bollée suspendue.
(§ 217), solidaire du bâti et au contact duquel on amène la poulie,
qui fait corps avec la roue motrice, quand on pousse celle-ci vers
l'avant par un mouvement, qui, nous le savons, produit le
débrayage du moteur. Un frein de secours permet de caler le
volant du moteur ; si, à ce moment, la courroie est tendue à fond,
la roue motrice ne pourra pas tourner sans entraîner avec elle
le moteur, qui, lui résistant, fera frein !.
Cette voiturette a récemment été munie d'une suspension que
représente la fig. 256 ter : le cadre repose sur les roues d'avant,
non plus directement, mais par l'intermédiaire d'un ressort à
1. Pour plus de détails voir P. et Y. Guédon. Manuel pratique du conduc-
teur d'automobiles, p. 1^0. . ; .
490 l'automobile sur koute
lames, qui est lui-même supporté par un tube formant essieu et
reliant entre elles les deux roues directrices.
Ce dispositif atténue notablement le dérapage de la roue arrière :
ce dernier est produit par une force qui, en principe, aurait dû
être absorbée par la progression du véhicule ou par le frottement
du frein, et qui, ne Tétant pas, chasse le véhicule de côté* Dans
la voiturette suspendue, le déplacement latéral brusque amène
une inclinaison de la roue arrière et une compression du ressort
avant ; dans cette compression la force en question s'annihile et
ne produit plus l'effet parasite redouté.
La voiturette Bollée se fait aussi à 2 cylindres, chacun placé
d'un côté et muni d'un carburateur. La mise en marche s'y
fait par une manivelle montée non plus sur l'arbre moteur, mais
sur l'arbre intermédiaire. Le volant et le régulateur sont pro-
tégés par la tôlerie. Il y a deux sabots de frein au lieu d'un.
256 bis. — Voiturette Serin. — La voiturette Bollée a eu quelques
imitatrices : celle de M. Serin * en est visiblement la copie, pour-
tant assez modifiée. Le moteur, de 4 chx, à un cylindre horizon-
tal, allumage électrique et refroidissement par une circulation
d'eau à thermo-siphon (le réservoir forme pare-crotte autour de
la roue motrice), est placé immédiatement après l'essieu d'avant,
dans l'axe du véhicule : le constructeur compte beaucoup sur
cette position très basse, à l'intérieur du triangle de sustentation,
pour donner à la voiture de la stabilité et supprimer le dérapage
que l'on reproche souvent aux véhicules à unique roue d'arrière
motrice. La transmission se fait à cette roue par une longue cour-
roie latérale, qui par deux jeux de poulies et d'engrenages donne
deux vitesses (15 et 30 km.). La direction est à barre droite ou à
guidon. La voiturette, à 2 places, pèse 238 kg.
257. — Tri-voitnrette Hurtu et voiturettes Farman, de la Compagnie
française des Cycles et automobiles et Kane-Pennington. — Le tri-voi-
turette Hurtu est actionné par un moteur de Dion-Bouton de
1. Locomotion automobile, 13 juillet 1899, p. 447.
VÉHICULES A PÉTROLE 491
1,75 chx, placé près de Tunique roue d'avant, motrice en même
temps que directrice, d'une façon assez originale. A l'aide d'une
chaîne il commande un arbre, dont le mouvement est transmis par
un jeu de poulies et une courroie (que tend automatiquement un
ressort) à l'axe de la roue. Sur cet axe et dans le moyeu de la
roue est calée une sphère portant 4 glissières, dans chacune des-
quelles se trouve une bille placée au fond d'une encoche spéciale ;
la transmission du mouvement à la roue se fait ainsi par roule-
ment, avec une très grande douceur.
Un frein à pédale détend la courroie et bloque une des poulies
de transmission, pendant que des patins agissent sur les roues
arrière.
Poids 115 kg ; deux vitesses : 12 et 15 km.f
La voiturette Farman a l'aspect de la Bollée ; la transmission
s'y fait par courroie et chaînes. Quatre vitesses *.
La voiturette de la Compagnie française des Cycles et automo-
biles est du genre de la voiturette Bollée, mais à deux places
côte à côte. Changement de vitesse, à embrayage progressif et
débrayage instantané par poulies extensibles. Deux vitesses : 12
et 24 km ; vitesses intermédiaires par l'avance à l'allumage. Poids
310 kg. «.
La voiturette Kane-Pennington est aussi à trois roues, deux à
l'avant directrices, celle d'arrière actionnée par un moteur de
l'inventeur (§ 106) \
Nous arrivons maintenant aux voiturettes à 4 roues.
258. — Voiturette Decauville. — Le moteur (§ 113) est placé à
l'arrière, les deux cylindres verticalement, l'un derrière l'autre,
dans le plan médian de la voiture. Le mouvement est transmis
de l'arbre moteur longitudinal à un autre situé dans son prolon-
gement par un embrayage (logé dans le volant), et de celui-là à
un arbre secondaire, longitudinal comme les premiers, par deux
1. France automobile, 20 décembre 4898, p. 438.
2. France automobile, 24 septembre 1898, p. 329.
3. Locomotion automobile, 28 octobre 1897, p. 506.
492 l'automobile sur route
harnais d'engrenages donnant deux "vitesses, enfin à l'essieu des
roues d'arrière qui est moteur par deux pignons d'angle. Pas de
marche arrière. Allumage électrique 1.
Mise en marche du siège très ingénieuse ?..
Le châssis en tubes creux porte, à l'arrière directement sur
Taxe des roues par 4 paliers à billes, à lavant sur l'essieu briséy
par un grand ressort à lames perpendiculaire à Taxe de la voi-
ture et. par deux ressorts à boudin agissant sur les pivots des
fusées. La commande de la direction se fait comme dans la
Bol lé e, mais avec un guidon.
259. — Voiturette Elan, — Le moteur (§ 102) est placé verticale-
ment un peu avant l'essieu d'arrière. Le volant porte un embrayage.
Quatre paires d'engrenages donnant 4 vitesses. Marche arrière.
Tout ce mécanisme et le différentiel sont enfermés dans un carter.
Transmission aux roues d'arrière motrices par chaînes Galle à
rouleaux et tendeurs. Direction par essieu brisé et guidon. Roues
à rayons tangents et pneumatiques, sur grosses billes. Châssis,
essieux et autres pièces en tubes d'acier. Deux freins agissant
sur- l'arbre différentiel et sur les deux roues motrices. On peut
aussi arrêter en interrompant l'allumage par le guidon.- Poids en
ordre de marche (avec 10 1. d'essence dans le réservoir) 310 kg.
Quatre vitesses de fr à 25 km., avec vitesses intermédiaires
obtenues mécaniquement par l'avance à l'allumage. Le construc-
teur prétend que la dépense kilométrique n'excède pas 5 centimes,
graissage et entretien compris ; ce chiffre nous paraît bien bas.
Le modèle 1899 a été doté d'un double échappement à fond de
1. Le circuit primaire part des accumulateurs pour aller à la bobine double
munie d'un trembleur, puis à la came d'allumage montée sur l'arbre de dis-
tribution, en passant par une borne isolée, qui établit et interrompt le cou-
rant, de façon à lui faire desservir les deux cylindres ; de la came, il se rend
par la masse au «guidon, où est logé un interrupteur, et enfin retourne aux
accumulateurs. Un circuit secondaire va de chaque bobine à la bougie cor-
respondante et revient à la bobine par la masse. L'avance à l'allumage est
modifiée à la fois pour les deux cylindres. *
2. Voir Petites Annales du cycle et de l'automobile, 24 décembre, 1898»
p. 410.
VÉHICULES A PÉTROLE 493
course. Le refroidissement a été amélioré par l'accroissement des
ailettes et par 1 adjonction d'une hélice, mise en mouvement par
le moteur et qui envoie au cylindre un courant d'air frais d'autant
plus intense que le véhicule marche plus vite.
260. — Votturette Taurin. — Moteur Papillon (§ 98) disposé ver-
ticalement derrière l'essieu d'avant. L'arbre moteur règne tout
le long du véhicule, portant l'embrayage, les pignons d'angle des
changements de marche, les pignons des changements de vitesse
(9, 17 et 28 km.)t engrenant toujours avec les roues dentées
montées sur l'arbre différentiel, qui porte les roues motrices, et
rendues successivement solidaires de cet arbre par une clavette
mobile coulissant à l'intérieur. Châssis tubulaire renforcé par
«entre toises, sur roues métalliques à pneus : le mécanisme est fixé
sur le châssis, qui supporte la caisse, par de grands ressorts en C
à l'arrière et des ressorts à boudins à l'avant !.
261. — Voiturette Barisien. — Deux moteurs de Dion-Bouton de
1 cheval 3/4 sont placés verticalement à l'avant du châssis
(fig. 257). Cette position facilite leur refroidissement, encore aidé
par le courant d'air que rabat sur eux le panneau à 45°, qu'on
voit au-dessus. Pour les cas exceptionnels, un petit ventilateur
placé entre les deux cylindres est entraîné, quand on le veut, au
moyen d'une poulie de friction ; enfin, au centre de ce ventilateur
débouche un tuyau amenant l'eau d'un réservoir compte-gouttes
d'une contenance de 200 gr. : cette eau pulvérisée augmente
l'absorption de la chaleur par l'air ambiant.
Les moteurs actionnent par engrenages un arbre longitudinal,
qui passe entre eux, et dont le mouvement est transmis par des
pignons d'angle à l'arbre différentiel, que des chaînes relient aux
roues motrices. A signaler l'existence en divers points de cette
transmission de rotules, qui évitent tout coincement des arbres
dans leurs coussinets, quand les inégalités du sol impriment au
bâti quelque déformation. Marche arrière et 3 vitesses : les
4. Locomotion automobile, 15 décembre 1898, p. 788.
494
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
organes de changement sont enfermés avec le différentiel dans
un même carter en aluminium. Freins serrant en arrière aussi
bien qu'en avant, et dont le serrage n'est pas modifié par la
flexion des ressorts. La caisse est, en effet, complètement sus-
pendue. Poids 230 kg.
262. — Voiturette Cyrano. — Moteur Klaus à 2 cylindres horizon-
Fig. 257. — Voiturette à pétrole Barisien.
taux, un de chaque côté du châssis (fig. 258), à ailettes, à culasses
refroidies par un courant d'eau qu'une pompe centrifuge fait
passer dans un radiateur. Allumage électrique par bobine sans
trembleur (genre de Dion-Bouton, § 70).
Transmission par cônes en aluminium (à 4 étages, donnant
chacun une vitesse) jusqu'à l'arbre secondaire, par engrenages de
ce dernier à l'essieu d'arrière moteur. Changement de marche par
VÉHICULES A PÉTROLE 495
engrenages avec position de débrayage. Mise en marche du siège.
Freins à tambour sur les roues motrices, à sabots sur les pneu-
matiques. On peut aussi arrêter la voiture par bloquage des sou-
papes d'échappement.
Fio. 258. — Châssis et mécanisme de la voiturette Cyrano.
AA, moteur»; BB, cônes en aluminium ; C, came d'avance à l'allumage; D, liège du conducteur;
EE, eau de refroidissement ; FF, frein» A tambour; G, radiateur ; H pédale ; 1, direction ; KK. tiges des
soupapes d'échappement ; L. réservoir d'eau ; M, levier d'embrayage ; N, réservoir d'essence ; O, sou-
papes d'aspiration; P, accumulateurs; (J. bobine; R, levier de "mise en route; SS, soupapes d'échap-
pement ; TT, bougies ; U, manette du carburateur ; V, chaînette commandant la fourchette des courroies ;
\V, easieu; X, tuyauterie; YY, graissage de* cylindres ; Z, va-et-vient du courant primaire.
Les cylindres ont 100 mm. de diamètre, 180 mm. de course ;
à la vitesse de 300 tours, le moteur développe 5 chx *. Vitesses :
8, 16, 24 et 32 km. à l'heure. Poids 380 kg. en ordre de marche.
4. M. Poppfait aussi des voitures à moteur Klaus de 3 chx.
496
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le poids seul permet de classer ce véhicule dans la catégorie des
voiturettes, car il est en somme muni de tous les organes dune
nr
voiture ordinaire. La silhouette en est élégante. L'expérience
nous dira ce que vaut l'ensemble.
263. — Voiturette Krebs (Panhard et Levassor). — Moteur Krebs
(§H4), qui forme avec les organes de transmission un bloc corn-
VÉHICULES A PÉTROLE
497
pact installé dans un châssis en fer, à l'arrière de la voiture. Son
axe moteur, qui est transversal se prolonge, au-delà d'un
embrayage à cônes, par trois pignons engrenant constamment
avec trois roues dentées, calées sur l'arbre différentiel. Les trois
pignons peuvent être, successivement rendus solidaires de leur
arbre qui est creux, par un linguet placé à l'intérieur, et cela
sous l'action du levier des changements de vitesse. Le pignon
Fig. 260. — Voiturette à pétrole des Anciens établissements Panhard et Levassor.
Vue perspective.
.ainsi calé entraîne la roue qui lui correspond par un enclique-
tage; mais comme ceux-ci ne permettent pas à l'arbre d'entraî-
■ner les roues, celles qui né sont pas menées par le pignon utile
jae prennent qu'une rotation relativement faible, résultant simple-
ment de la friction des moyeux sur l'arbre : une usure considé-
rable est ainsi évitée. La marche arrière, commandée par le levier
des changements de vitesse, est assurée par des galets de friction,
non représentés sur la figure.
Direction par avant-train à cheville-ouvrière, commandée par
un volant. Les roues (en bois, à pneus) tournent sous la voiture ;
c'est ce qui nécessite le grand empattement de cette dernière,
d'ailleurs favorable à la stabilité. Frein à levier manœuvrant les
G. LATEBcmi. — L'Automobile sur route.
3*
498 l'automobile sur route
sabots des pneus, et frein à mâchoires (§ â22) agissant sur l'arbre
différentiel.
Le moteur tourne normalement à 800 tours, et donne une allure
moyenne de 25 km. à l'heure ; la voiture peut faire 125 km. sans
renouveler ses approvisiennements. Poids : 350 kg.
Exposée pour la première fois au salon du Cycle et de l'auto-
mobile de 1898. Le moteur, de 4 chx, placé à lavant se compose
de 2 cylindres horizontaux opposés, dont les bielles sont reliées
au même bouton de manivelle, de manière que les pièces mobiles
occupent toujours des positions symétriques et s'équilibrent ; les
trépidations sont ainsi fortement atténuées. Allumage électrique.
Refroidissement par courant d'eau, avec pompe et radiateur.
Transmission par engrenages : 3 vitesses et marche arrière. Un
accélérateur.
264. — Voiturette de Dion-Bouton. — Moteur analogue à celui du
tricycle du même constructeur, mais plus grand de façon à déve-
lopper 3 chx, placé verticalement sous le siège d'arrière. Refroi-
dissement par ailettes et par courant d'eau, qu une pompe fait
circuler autour de la culasse et qui se rafraîchit dans un radiateur
placé à l'avant de la voiture : il suffit de remplacer l'eau évapo-
rée (un verre tous les 100 km. environ). Carburateur d'un nou-
veau système, à pulvérisation, mais permettant la fermeture
presque complète du robinet d'admission, comme dans les carbu-
rateurs à simple léchage.
Embrayage à cônes de friction baignant dans l'huile. Trans-
mission par engrenages donnant les deux vitesses de 12 et 30 km.
-à l'heure (les vitesses intermédiaires sont obtenues en faisant
varier l'avance à l'allumage). Sur le modèle d'essai, l'entraîne-
ment des roues motrices se faisait, comme dans le tricycle, par
un essieu muni du différentiel. Sur le modèle définitif, il doit se
faire par essieu brisé à la Cardan, du système des constructeurs.
Marche arrière et mise en marche du siège. Suspension à l'arrière
sur des ressorts à pincettes, à l'avant par deux demi-ressorts en
C reposant sur un ressort transversal. Quatre roues métalliques.
VÉHICULES A PÉTROLE 499
à pneus, de diamètres égaux. Deux freins à lames. L'embrayage
et les changements de vitesse sont commandés par un volant.
Poids : 250 kg.
265. — Voiturettes Peugeot, Delahaye, Morisse, Foucher et Delacha-
nal, Goret, Faugére, Pittsburg, Walker et Hutton. — La maison Peu-
geot a exposé aux Tuileries en 4899 une voiturette d'un modèle
fort élégant, qui est, comme châssis et mécanismes, la réduction
de ses grandes voitures. Le moteur de 3 chevaux, à allumage
par brûleurs ou par bougies, peut lui imprimer une vitesse de
25 km. en palier; il y a deux vitesses intermédiaires (8 et 16 km.)
et une marche arrière. La voiture pèse en ordre de marche
350 kg. Citons encore la voiturette Delahaye à moteur de 4 chx,
capable de faire de 25 à 30 km. à l'heure, d'un système tout
analogue à celui des voitures du même constructeur, que nous
décrirons plus loin, à cette différence près qu'elle n'a qu'une
courroie de transmission; la voiturette Morisse *, à transmission
par engrenages et courroie, à essieu moteur d'avant qu'un levier
permet de déplacer pour embrayer et débrayer en tendant ou
détendant la courroie, à roues d'arrière directrices ; la voiturette
Foucher et Delachanal a, à transmission par poulies coniques, à
engrenages inclinés permettant de donner de l'écuage aux roues ;
la voiturette Goret 3, qui n'a guère circulé, croyons-nous, mais
qui était intéressante par son moteur à 6 temps (§ 117) disposé
verticalement entre les deux essieux et sa transmission à plateau ;
la voiturette Faugère, à moteur à deux cylindres horizontaux, à
transmission par courroies, engrenages toujours en prise et cônes
de friction, à 3 vitesses et mise en marche du siège, mais qui
pourrait presque être classée parmi les voitures ordinaires.
Comme exemples de voiturettes étrangères, nous citerons la
voiturette Pittsburg, qui est plutôt un quadricycle, car le chauf-
feur est placé à l'arrière sur une selle; il offre à l'avant une place
i. Locomotion automobile, 4 août 1898, p. 486.
2. Locomotion automobile, 21 octobre 1897, p. 494*
3» Locomotion automobile, 31 mars 1898, p. 200.
500
L AUTOMOBILE, SLR ROUTE
assise * ; lô yoiturette Walker et Hutton, de Scarborougb
(Yorkshire), à moteur de 4 chxt à transmission par courroies, à
châssis tubulaire reposant sur les essieux par l'intermédiaire de
ressorts à pincettes, à caisse suspendue sur le châssis; cette
double suspension, comme son poids en font plutôt une voiture *.
3° Tricycles et voiturettes de livraison.
Le tricycle et la voiturette commencent, et méritent parfaite-
ment d'être exploités pour la livraison des petits poids ; le con-
' Fio. 261. — Tricycle de livraison à pétrole Columbia.
cours de juin 1899, à l'instigation de la France automobile.
prévoyait une classe pour ces voiturettes capables de porter au
moins 50 kg. de charge utile.
1. France automobile, 20 août 1898, p. 290.
2. Locomotion automobile, 9 mars 1899, p. 148.
VÉHICULES A PÉTROLE 501
, 266. — Voïturette de livraison Lanty, Hommen et Dumas,' et tricycle
Colnmbia. — La première a un moteur à un cylindre horizontal,
de 2 1/2 chx à la vitesse de 600 tours, à allumage électrique, à
refroidissement par ailettes, disposé entre les deux essieux sur le
■châssis suspendu à l'avant, que nous avons décrit (§ 210). Trans-
mission par courroies, avec marche arrière. Une caisse de 1 m.
de long, sur 0 m. 83 de large et 0 m. 88 de haut, est suspendue
-au-dessus du châssis, derrière le siège du conducteur. La voiture
pèse 450 kg., porte 150 kg. de marchandises et peut Caire 8 à
15 km. à l'heure.
Le tricycle Columbia (fig. 261) fabriqué par les établissements
Pope de Hartford (E. U.) a un moteur cylindrique, genre de
Dion, mais plus grand (il donne, parait-il, 2 chx à 1.500 tours),
et dont la soupape d'admission, comme celle d'échappement, est
mue mécaniquement. Il est situé à l'arrière, à la droite du con-
ducteur. Par engrenages, il actionne l'essieu moteur, aux vitesses
de 6 à 8, ou de 20 à 25 km. à l'heure. La mise en train se fait à
la pédale, moteur débrayé. Quand celui-ci est parti, l'embrayage
se fait par la prise graduelle qu'un bec d'acier, tournant sur
l'arbre du moteur, vient exercer sur un cône de métal, porté par
le même arbre que les engrenages. Le châssis en tubes, de forme
' rectangulaire, porte la caisse. La direction se fait par la roue
unique d'avant, comme celle d'un tricycle. Poids total i à 500 kg.
4° Voitures.
367. — Voitures Panhard et Levassor. — Le moteur Phénix (§ 87)
le plus ordinairement placé à l'avant, mais pouvant l'être aussi
à l'arrière où au milieu, suivant le genre de la voiture, est tou-
jours vertical (fig. 262, 263). La position à l'avant le rend facilé-
merit visita Me, le met autant que possible à l'abri de la poussière,
sans * qu'il y ait inconvénient à charger . l'essieu directeur à
502
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
deux pivots. Soft axe moteur, longitudinal, est relié bout à bout,
par un embrayage à friction, à un autre axe, longitudinal comme
lui, et qui porte trois ou quatre pignons donnant chacun une
vitesse particulière (par exemple 4, 8, 15 et 30 km. à l'heure),
quand ils sont mis successivement en prise avec les roues den-
tées calées sur un arbre intermédiaire, disposé horizontalement
au-dessus du premier. Cet arbre porte un pignon , qui actionne
par deux autres pignons d'angle (donnant à volonté les
marches avant ou arrière), un deuxième arbre intermédiaire,
Fig. 262. — Voiture à pétrole des Établissements Panhard et Levassor.
Plan du ebàssis et des mécanismes.
transversal celui-là, porteur du différentiel, et dont le mouvement
est transmis par chaînes Galle aux roues dentées, fixées aux rais
des roues d'arrière. Comme le moteur, les bielles et vilebrequins,
les harnais d'engrenages sont enfermés dans un carter à huile ;
cette disposition water-proof complique la construction, mais en
supprimant la poussière, en assurant le graissage, elle met les
mécanismes dans d'excellentes conditions de fonctionnement.
Le châssis, rectangulaire, en aciers profilés, quelquefois gar-
nis intérieurement de bois, toujours solidement assemblés et
entretoisées, constitue un ensemble robuste et offrant à la caisse
un support commode. Les roues, à moyeux de bois ou .métallique,
VÉHICULES A PÉTROLE
503
ont toujours leurs rais en bois; les jantes sont recouvertes de
bandages en caoutchouc pleins ou pneumatiques.
-*oaf
. Deux freins : un à sabots agissant sur les roues d'arrière ;
l'autre à tambour, monté sur l'arbre du différentiel. Ce dernier,
504 L'AUTOMOBILE SUR ROUTE
parfois les deux, sont actionnés par des mécanismes, qui com-
mencent par débrayer le moteur.
Sur la caisse se trouvent le réservoir d'eau de refroidissement
et le cylindre amortisseur de l'échappement. A l'avant sont les
graisseurs, le robinet de réglage de l'air du mélange carburé, le
réservoir d'essence.
Le chauffeur dirige de la main gauche (à l'aide d'une barre qui
agit sur l'essieu à deux pivots, et qui sur les modèles récents a,
justement à notre avis, fait place à un volant de direction) (Voir
le système de direction, § 192 et 193). Il a, sous la main droite,
Fio. 26 i.
Voiture à pétrole Panh&rd et Levassor (n° 5 de la course Paris-Bordeaux).
le levier des changements de vitesse, celui des marches avant,
arrière et de l'arrêt, enfin le levier du frein à sabots. Il manœuvre
du pied l'embrayage et le frein à ruban.
La maison Panhard, qui a fait faire à l'industrie nouvelle de si
remarquables progrès, auxquels doit rester attaché le nom du
regretté Levassor, construisait dès 1890, des voitures à deux
places, munies de moteurs Daimler à 2 cylindres d'une puissance
de 1 cheval 1/2, marchant à 5, 10 et 16 km. à l'heure. En 1892,
elle a commencé à munir les bandages de ses roues de caoutchoucs
pleins. Son premier succès public date du concours du Petit
Journal (Paris-Rouen, 1894). L'année suivante, «lie arrive pre-
mière dans la course Paris-Bordeaux et retour,. avec son phaétoa
VÉHICULES A PÉTROLE
505
n°5 (fig. 261), dont la performance fut une véritable révélation
1190 km. en 48 h. 47 m.). Il était muni d'un Phénix de 4 chx.
Fig. 265.
Voiture à pétrole Panhard et Levassor (n° 5 de la course Paris-Marseille).
A partir de cette date, ce nouveau moteur supplante l'ancien
Daimler. La fig. 265 représente la voiture n° 5 arrivée 3e dans la
Fio. 266. — Voiture à pétrole Panhard et Levassor (de la course Paris-Dieppe).
course Paris-Marseille, d'ailleurs gagnée par la maison avec une
autre voiture : son moteur était de 6 chx; sa vitesse fut de
506
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
23,94 km. à l'heure en moyenne. En 1897, Paris-Dieppe fut
gagnée par M. Gilles-Hourgière avec une voiture (fig. 266)
semblable à celle qui, Tannée suivante, devait gagner Paris-
Amsterdam (§ 321).
La maison Panhard construit maintenant toutes sortes de voi-
tures avec moteur de 6, 8, 10, 12 et 16 chx * (§ 323).
Elle a présenté, au concours des poids lourds de 1897, un
Fio. 267.
Omnibus à pétrole de la Société des anciens Établissements Panhard et Levassor.
omnibus à pétrole destiné à recevoir 14 voyageurs et leurs
bagages (fig. 267), ceux-ci sur le toit du véhicule. Le moteur (un
1. Une voiture à deux places a un réservoir capable de loger la quantité
d'essence nécessaire à un parcours d'au moins 100 km. ; on peut facilement
emporter la provision nécessaire pour en faire 300 sans se réapprovisionner.
Le rendement de la voiture est d'environ 62 °/0 du travail indiqué aux
cylindres. La dépense en pétrole est approximativement, sur une route
moyennement accidentée, par kilomètre de 0 fr. 05 pour une voiture à 4
places (moteur de 6 chx).
VÉHICULES A PÉTROLE 507
Phénix de 12 chx, à 4 cylindres de 0 m. 090 d'alésage et 0 m. 135
de course, faisant 750 tours à la minute) était placé au-dessous
du châssis entre les roues d'avant : les bielles des moteurs atta-
quaient, deux par deux, un des coudes de l'arbre, de manière
qu'une explosion eût lieu à chaque demi-tour. Quatre vitesses :
4, 7, H, 16 km. à l'heure. Marche arrière. Châssis formé par
cadre métallique. L'essence dans deux réservoirs placés contre
le garde-crotte antérieur; Veau dans une caisse sous la voiture.
Poids à vide 2095 kg. ; en ordre démarche, avec seulement les
1.000 kg. de charge utile stipulés par les conditions du concours
3.400 kg. (les constructeurs avaient prévu une charge utile de
1.400 kg.). Rapports de la charge utile au poids mort 0,415, au
poids total 0,294. Roues, avant 0 m. 800 de diamètre, arrière
1 m. 020. Bandages, largeur commune 0 m. 080. Empattement,
1 m. 90. Longueur totale, 4 m. 50. Largeur (toutes saillies com-
prises) 2 m. 10. D'après les constructeurs, consommation d'es-
sence à 0,7000 1. 55 par km., à la vitesse moyenne de 10 à 12 km.
consommation d'eau 2 1. 50. L'omnibus est approvisionné pour
100 km. Il s'est parfaitement comporté : les arrêts et démarrages,
qui avec le pétrole constituent souvent les points faibles, ont été
remarquables *. Au concours de Versailles de 1899, la maison
Panhard a engagé un omnibus-salon, sur lequel nous donnerons
quelques indications en rendant compte de ce concours (§ 327).
268. — Voitures Peugeot. — Les voitures Peugeot étaient autrefois
munies du moteur Daimler disposé verticalement à l'arrière.
Elles sont maintenant actionnées (fig. 268 et 269) par le moteur
horizontal de la maison (§ 88), dont la puissance (4, 5, 6 et 7 chx
et au-dessus) est ordinairement calculée pour leur assurer, sur
route en bon état, une vitesse de 25 à 35 km. en palier et de 5 à
6 km. sur rampes de 8 à 10 °/0. Le moteur est placé entre les
deux roues d'arrière, un peu au-dessus de l'essieu, dans le plan
médian de la voiture. L'arbre moteur est donc transversal. Il est
1. Pour les résultats, voir le tableau récapitulatif (§ 327).
508
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
relié par un embrayage à friction à un autre placé dans son prolon-
gement, qui actionne par engrenages l'arbre porteur de 4 pignons
de changement de vitesse, engrenant avec 4 roues dentées,
Fio. 268. — Schéma du plan d'une voiture à pétrole Peugeot.
Fig. 269. — Schéma de l'élévation d'une voilure à pétrole Peugeot.
C, c, cylindres et culs«se* da moteur. Le carburateur, qui n'est pa» représenté, est ordinairement placé
à droite «les cylindres. L'arbre moteur porte une poulie-volant h l'intérieur de laquelle se trouve 1 "em-
brayage à friction, actionné par une pédale ; un pignon et une roue dentée transmettent le mouvement
de l'arbre moteur à un arbre intermédiaire. Cet arbre porte les pignons de changement de vitesse,
engrenant avec les roues dentées talées sur l'arbre différentiel ; il porte aussi à son extrémité une pou-
lie, qui, sous Faction du levier 1 (mobile sur le secteur à cran s), fait coulisser les pignons le long de
l'arbre et change les engrenages en prise. A cet effet la poulie est munie d'une gorge asses large, dans
le fond de laquelle est creusée une rainure sinueuse : un doigt cylindrique, relié 4 la barre qui commande
le chariot des pignons, est déplacé transversalement à la voiture, quand la poulie tourne sous l'action do
levier I ; dans une position déterminée, il intercale entre les deux roues le pignon de la marche arrière;
deux pignons, montés aux extrémités de l'arbre différentiel, conduisent par des chaînes les couronne*
montées sur les moyeux des roues motrices R ; deux freins à lame solidaires des mêmes moyeux sont
manœuvré* par le levier t ; un frein à lame monté sur l'arbre différentiel est actionné par une pédale oui
commence par débraver le moteur ; 8, roues directrices à pivots, manœuvrées par le guidon h ; K,
réservoir d'essence ; É, réservoir d'eau.
calées sur l'arbre différentiel. La marche arrière est obtenue par
Tintercalation d'un pignon entre les deux roues d'une des paires
d'engrenages (voir la légende).
VÉHICULES A PÉTROLE
509
Le châssis est celui que nous avons décrit (§ 213), dont les
tubes sont utilisés pour la circulation de l'eau, assurée par une
pompe centrifuge jusque dans le radiateur fixé à l'ayant du véhi-
cule, pour recevoir de première main l'air frais. Les roues, à rais
directs de 6 mm., travaillent à la traction, sont munies de roule-
ments à billes (une rangée pour les voitures légères, deux et
même trois pour les voitures lourdes). L'essieu d'avant étant très
!"
Fig. 270. — Victoria à pétrole Peugeot.
peu chargé, tout au moins dans les voitures qui n'ont pas de
radiateur, la manœuvre de la direction est très douce,
r La maison Peugeot fabrique les divers modèles de voitures de
luxe,. tous très élégants : la fig. 270 représente leur Victoria du
dernier genre. Comme voitures lourdes, elle fait l'omnibus et le
break à 8 places. La dépense en pétrole est, paraît-il, de 6 à
9 cent, par km., pour un moteur de 4 à 6 chevaux; l'entretien
es.t évalué; à 5 cent., en y comprenant celui des pneumatique^.
510
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le coupé à deux voyageurs, qu'elle a engagé au concours de
fiacres de 1898, où il a été le seul représentant du pétrole, a fourni
un excellent service, à une vitesse supérieure à celle des fiacres
électriques, mais au prix, comme nous le dirons plus tard (§ 329)
•d'une forte dépense. Pour réduire celle-ci, la maison Peugeot a
cherché à supprimer la consommation continue des brûleurs en
substituant à l'allumage par incandescence l'allumage électrique ;
elle a imaginé le dispositif suivant '.
Sur l'arbre du moteur est montée une came disposée pour don-
ftlt Sans 7e cofïrt
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sur h culasse dn moteur
Arbre du moteur ponant
la. came
Arbre des cxûtntem
Fig. 271. — Schéma de l'allumage électrique Peugeot,
ner (fig. 271) l'avance et le retard à l'allumage, par la manœuvre
du levier où était auparavant fixé le ralentisseur. On a de la
sorte, à chaque tour de l'arbre,. une source d'étincelles, que le
séparateur est chargé de distribuer aux deux cylindres : celui-ci,
monté sur la culasse à la place de la lanterne des brûleurs, con-
siste simplement en une aiguille oscillante, montée à frottement
1. France automobile, 15 janvier 1899. Ce journal a donné, sous la signa-
ture de M. Baudry de Saunier, dans une série d'articles, à partir du 4 juin
1839, une description fort détaillée et fort claire des voitures Peugeot.
VÉHICULES A PÉTROLE 5H
dur Sur Taxe de commande des culbuteurs, et qui reçoit le cou-
rant induit de la bobine ; dans ses excursions à droite et à gauche,
cette aiguille touche deux contacts reliés chacun à une bougie. Le
système offre ceci de particulier qu'on peut limiter la course de
l'aiguille, indépendamment de celle de son axe, bien que
tous leurs mouvements commencent en même temps. Le réglage
consiste en ceci : les contacts de l'aiguille doivent durer plus
longtemps que ceux de la came, c'est-à-dire commencer avant
et finir après. De cette façon, le courant induit ne passe que
quand il a sa route établie, et on évite toute étincelle extérieure.
Un interrupteur permet de couper le courant lorsque le moteur
ne fonctionne pas, par exemple dans une descente. Avec une
pile sèche type VSH de 75 ampères-heure, de la société Le Car-
bone, et une bpbine Rossel consommant en ordre de marche,
sur route, entre 5 et 7 centièmes d'ampère-heure on peut compter
sur une durée de fonctionnement de 800 à 1.000 heures.
- 269. — Voitures Benz : Compagnie Anglo-française, Maison Parisienne
Audibertet Lavirotte, Rochet et Schneider . — La Société A nglo- fran-
çaise place son moteur Benz horizontal (§ 89) longitudinalement
au-dessus et en arrière de l'essieu moteur. Allumage électrique
(§ 70) : généralement, le conducteur ne peut de son siège en modi-
fier l'avance ; lors de la mise en route, il a déterminé le point où
l'allumage semblait donner le meilleur résultat. Transmission par
deux courroies (donnant chacune une vitesse) à un axe secondaire
portant le. différentiel, et de ce dernier aux roues motrices par
chaînes Galle. Marche arrière par courroie à brins croisés. Direc-
tion par essieu brisé d'avant, commandé à l'aide d'un guidon ou
d'un volant, par la main droite du conducteur, qui occupe le siège
de gauche de la voiture. Frein à pédale agissant à la fois sur
l'arbre différentiel par une corde, et sur les jantes des roues par
des sabots. On peut aussi arrêter la voiture en fermant l'admis-
sion des gaz. Les voitures Benz sont légères : un phaéton à
2 places, actionné par un moteur de 3 chx, tournant à 300 tours,
ne pèse guère plus de 3 ou 400 kg.
512 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le premier brevet de Benz pour ses voitures date du
25 mars 1886. Roger les introduisit en France vers 1888. La
Compagnie Anglo-française, qui a pris la suite de ce dernier,
équipe maintenant ses véhicules avec des moteurs à 2 cylindres :
elle fait beaucoup la voiture de livraison (§ 287),
La Maison Parisienne qui a actuellement pour la France la
licence des moteurs Benz, fabrique, en même temps que le type
que nous avons décrit, des modèles variés, notamment une voi-
ture munie d'un moteur à 2 cylindres de 5 chx, marchant à
900 tours, avec carburateur à pulvérisation. La transmission est
mixte : deux courroies donnant chacune, par un dispositif d'en*
grenages, deux vitesses.
Les deux maisons lyonnaises (Audibert-Lavirotte , Rocket*
Schneider) font aussi la voiture Benz à un ou à deux cylindres.
La seconde emploie la marche arrière que nous avons décrite
(§ 183)..
270. — Voitures Delahaye, Hurtu-Diligeon, G. Richard. — La pre-
mière a un moteur (§ 89), avec pompe et radiateur, disposé en
H (%. 272), sur le châssis, dont une légende fort explicite indique
l'agencement, et qui peut recevoir toutes sortes de caisses. Trans-
mission par courroies donnant grande et moyenne vitesse, avec
l'adjonction d'engrenages pour la petite vitesse et la marche
arrière. Un moteur de 6 chx donne à une voiture de 6 places les
vitesses de 8, 18 et 30 km. à l'heure ; un moteur de 8 chx, celles
de 10, 21, 36. M. Delahaye emploie les roues en bois.
Dans la voiture Hurtu-Diligeon, à 2 ou 3 places, le moteur de
4 chevaux (§ 89) est horizontal ; la mise en marche se fait facile-
ment, par suite d'un dispositif supprimant la compression* Aucun
retour en arrière du piston n'est à craindre, l'allumage ayant été
retardé et ne se produisant que dans le sens de l'impulsion don-
née après le passage du point mort. L'arbre de transmission est
monté sur billçs ; les roues, à rayons métalliques, sur. moyeux
lisses à bain d'huile.
Dans la voiture G. Richar.d, le moteur (§ 89) est à allumage
VÉHICULES A PÉTROLE
513
électrique, par pile sèche, perfectionné: dans le système Benz
ordinaire, une touche bonne conductrice est en contact avec un
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disque de fibre de bois isolant portant sur une portion de sa
circonférence du cuivre bon conducteur ; quand le cuivre arrive
sous la touche, le courant passe. Pour assurer un passage plus
G. Laykroxs. — V Automobile sur route. 33
514
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
certain, M. Richard établit le contact entre une vis de cuivre,
terminée'par une pointe de platine iridié, et une goutte du même
métal placée sur une lame formant ressort. Quand la came montée
sur l'arbre de distribution soulève la lame, le contact s'établit
entre les deux gouttes de platine. En même temps, il se produit,
par suite de la torsion de la lame, un déplacement relatif entre
les deux gouttes, qui sont ainsi nettoyées et se prêtent mieux au
passage du courant.
Transmission par courroie donnant deux vitesses; une seule
y
Fio. 273. — Marche arrière système G. Richard.
manette (au lieu de deux comme dans la voiture Benz) suffit
pour déplacer les courroies de la grande et de la moyenne
vitesse. Les poulies folles sont utilisées pour produire la petite
vitesse et la marche arrière.
A cet effet, chacune d'elles renferme un différentiel analogue a
celui que représente la fîg. 273, composé d'une roue A calée sur
l'arbre différentiel de la voiture, d'une roue C folle sur cet axe,
mais solidaire du tambour D, et de deux pignons B, composés
chacun de deux parties de diamètres inégaux, engrenant respec-
tivement avec les roues A et C.
VÉHICULES A PÉTROLE 515
Supposons la voiture arrêtée et la courroie M placée sur la
poulie folle; celle-ci tourne entraînant les pignons B qui
tournent autour de la roue A, immobile avec Taxe E, et
entraînent à leur tour la roue C et le tambour D, auxquels ils
impriment un mouvement proportionnel à la différence du dia-
mètre des roues A et C.
Supposons maintenant qu'à l'aide de la corde XY, on immo-
bilise le tambour D, et par suite la roue C ; le mouvement relatif
des roues C et A reste le même, avec cette différence que c'est
maintenant la roue A qui tourne, entraînant avec elle l'arbre
différentiel E et la voiture. Si A a un diamètre plus grand que C,
comme c'est le cas de la figure, la voiture recule. Si A a un dia-
mètre plus petit que C, la voiture avance, mais à faible vitesse.
Or la poulie folle de la grande vitesse a la roue A d'un diamètre
plus grand que la roue C, et la poulie folle de la moyenne vitesse
a sa roue A d'un diamètre plus petit que la roue C ; donc la
première produit la marche arrière, et la seconde la marche
avant à petite vitesse *.
La fig. 274 représente un châssis à caisse interchangeable,
dont la légende indique les divers organes.
271. — Voitures Cambier. — Cette maison construit trois types de
voitures : le premier, à moteur d'un ou deux cylindres, dont la
force varie de 4 à 12 chevaux pour 2 à 20 places, disposé à
l'arrière . Deux changements de vitesse par engrenages; marche
arrière par courroie. Une pompe assure la circulation de l'eau,
qui traverse un réfrigérant à ailettes, de façon qu'il ne faut en
renouveler la provision que tous les 1 50 kilom.
Le second a le même moteur que le précédent, mais placé à
à l'avant, commandant par courroies une transmission placée à
l'arrière, qui donne trois vitesses par engrenages et marche
arrière par courroie. Le châssis peut recevoir tous les modèles
de caisse.
1 . Baudry de Saunier. L'automobile théorique et pratique. — Motocycles
et voit uret tes, p. 365.
516
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le troisième emploie un moteur à 2 cylindres de 6, 8, 10
VÉHICULES A PÉTROLE 517
ou 12 chx, qui attaque l'arbre des changements dé vitesse par
un engrenage en bronze taillé dans la masse et un pignon en cuir
vert. Le harnais des changements de vitesse et de marche
arrière se compose d'engrenages en acier forgé taillés mécanique-
ment.
M. Cambier construit aussi des omnibus pouvant transporter
3 tonnes utiles : le moteur horizontal à 3 cylindres peut déve-
lopper 30 chx, à 450 tours. Il est muni de 2 systèmes d'allumage,
électrique pour la mise en train (parce que l'étincelle, à cause
de sa haute température, n'a pas besoin pour faire exploser le
mélange qu'il soit fortement comprimé), par tubes en cours de
route. Embrayage Bonnafous. Transmission par engrenages.
On démarre à 4 km. à l'heure; on marche moyennement à 17.
272 Voitures deDietrich (système A. Bollée). — Le moteur,
du système A. Bollée, de 6 */t ou 9 chx, est placé horizontalement
au-dessus de l'essieu d'avant (fig. 275 et 276). Son arbre, qui
est normal à l'axe du véhicule, actionne par poulies et courroie
un arbre parallèle, placé à l'arrière du véhicule ; cette courroie,
qui est ordinairement en caoutchouc, et qui reste animée d'une
vitesse à peu près constante, sert à produire l'embrayage et le
débrayage du moteur avec le reste de la transmission. Les
4 vitesses et la marche arrière sont obtenues par des harnais
d'engrenages, reliant l'arbre de la courroie à l'arbre du différen-
tiel. Le mouvement de ce dernier est transmis aux roues
motrices par le système acatène, que nous avons décrit (§ 179);
ce système permet, on le sait, le carrossage des roues, qui sont
en bois avec moyeu métallique. Le châssis est un cadre métal-
lique rectangulaire reposant sur les essieux par des ressorts à
lames très longs; tout le mécanisme étant au-dessous, il peut
recevoir des caisses variées. Frein à lame serrant dans les deux
sens.
La maison Dietrich ne fabrique que depuis peu et a, du
premier coup, livré des voitures très remarquables, en exploi-
tant d'ailleurs les brevets de M. Amédée Bollée. Ce dernier n'a
5f&
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
construit lui-même que fort peu de voitures, véhicules de
course auxquelles il a donné la forme de torpilleur, très avan-
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tageuse au point de vue de la diminution de la résistance de
l'air, mais assez ingrate au point de vue de l'élégance et du
VÉHICULES A PÉTROLE
519
confort nécessaires à une voiture de ville ou de tourisme. D'une
façon générale, la position à l'arrière des arbres de changement
de vitesse rendra toujours difficile, dans la voiture Bollée, la
tâche du carrossier. Mais il faut louer sans réserve la facile
accessibilité des mécanismes, à l'arrière pour les transmissions,
520
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
à l'avant pour le moteur. En ce qui concerne le système aca-
tène, nous ne croyons pas qu'il soit préférable à la chaîne, et
il est plus bruyant qu'elle.
273. — Voitures Mors. — M. Mors a, en fort peu de temps,
combiné plusieurs types de voitures.
1° Type avec moteur à S cylindres opposés. — C'était une
voiture légère, à changement de vitesse par cônes étages et
courroie, à changement de marche par engrenages, que le cons-
g m
Fio. 277. — Marche arrière Mors.
tructeur paraît avoir abandonnée ou du moins qu'il a modifiée
pour en faire son type n° 4 f .
2° Type avec moteur à 4 cylindres, du modèle que nous avons
décrit (§ 91). L'inclinaison à 45° des cylindres a pour but de
leur faire tenir moins de place (un moteur de 6 à 7 chx. con-
tient facilement dans un cube de 0 m. 50 de côté) et de les faire
participer, au point de vue du graissage, des avantages des
1. A. Witz. Moteurs à gaz et à pétrole et voitures automobiles, t. IH»
p. 572.
VÉHICULES A PÉTROLE 521
cylindres verticaux. Ce moteur est placé à l'arrière de la voiture:
son arbre, qui est disposé transversalement, à peu près au-
dessus de l'essieu d'arrière, attaque par 2 jeux de poulies et de
courroies l'arbre secondaire J, muni d'un embrayage et du diffé-
rentiel et attaquant par chaînes les roues d'arrière motrices.
Les vitesses intermédiaires, entre les deux qui sont assurées
mécaniquement, sont obtenues à l'aide du modérateur, que com-
mande un petit levier placé sur le côté de la voiture, et qui fait
varier la quantité du mélange carburé admis aux cylindres. Ces
voitures permettent d'obtenir de grandes vitesses et beaucoup de
souplesse dans la marche.
La marche arrière se fait, dans les grandes voitures par engre-
nages, dans les petites par pignon satellite à l'aide du dispositif
de la figure 277 ».
4. On tend les courroies, en faisant glisser les paliers de l'arbre secon-
daire sur les longerons de la voiture. Une manivelle, à portée du conduc-
teur, permet, à l'aide d'engrenages, d'opérer ce glissement de façon iden-
tique pour les deux côtés. Normalement la courroie de petite vitesse doit
être légèrement plus tendue que celle de la grande vitesse, parce qu'elle
transmet un effort plus grand et qu'elle est obligée d'entraîner une poulie
de diamètre plus petit.
2. XX est l'arbre secondaire, sur lequel est calée la poulie de petite
vitesse P, qui porte intérieurement la couronne dentée C. Cette couronne
engrène constamment avec les pignons satellites S, S, montés sur un
arbre creux solidaire de la poulie de frein F. De l'autre côté, ces mêmes
pignons sont en prise avec la couronne dentée C C, montée sur un autre
arbre creux, portant à son autre extrémité la griffe d'embrayage G'G'.
Cette dernière peut être amenée en prise avec la griffe GG, solidaire de
la poulie folle de petite vitesse Q, lorsque par D on exerce une traction
dans le sens de la flèche sur le levier BA, oscillant autour de A.
Pendant la marche de la voiture, tant que les griffes sont hors de
contact, la couronne dentée C entraine dans son mouvement les satellites
S, S et ceux-ci la roue dentée C et la griffe G' ; mais ce mouvement ne
produit aucun effet utile.
Quand, au contraire, les griffes sont embrayées, et que la courroie de
petite vitesse est sur la poulie folle Q, le mouvement de celle-ci se trans-
met, par l'embrayage, à la couronne C, aux satellites S, qui tournent fous
sûr leurs axes et entraînent plus ou moins la poulie de frein. Mais si, en
même temps, on immobilise celle-ci (en tirant la corde dans le sens de
la flèche), et par suite les pignons S, le mouvement de la couronne C se
transmet par leur intermédiaire à la couronne dentée C, mais en sens
522
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
: Le dispositif d'allumage électrique (§ 70) visible en partie sur
la fig. 75 est représenté à plus grande échelle par la fig. 278,
qu'accompagne une légende. Normalement le courant qui a tra-
r~
mmimm
Fie. 278. — Schéma de l'allumage électrique des voitures Mors.
• S, bobine de self-induction ; F, fil électrique fiié à U tige I ; I, inflanunttrur ; m, platée» de ftnflam*
mateur ; C, garniture isolante en mica ; B, paroi supérieure do cylindre ; A, pirot de la palette ; r, dis-
tance le 2 mm. entre le haut de la tige et la palette ; PP', palette (P' bras de levier empriaonné dans le
le cylindre, P bras de levier extérieur ; x ressort de rappel de la palette ; ft, tige d'allumage actionnée par
la came.
versé la bobine de self S passe de l'inflammateur I au levier P'
(parce que le plateau m et le levier sont en contact, et de là, .par
le pivot a, à la masse du moteur, qui est en communication avec
la borne négative de la source électrique. Mais lorque la came
d'allumage montée sur l'arbre de distribution (fig. 80) soulève la
tige ti et par elle l'extrémité P du levier PP', le contact est rompu
entre le plateau et le bras P' et il se produit une étincelle de
rupture qui enflamme le mélange. Elle se produit au moment où
le piston a encore 18 mm. à parcourir pour arriver au point
mort. Le courant reste ouvert pendant un certain temps (1/5 de
la durée du cycle), parce que la came a une certaine longueur,
inverse du mouvement de C. Cette couronne entraîne la poulie P, et dès
lors la voiture, vers l'arrière. Les deux mouvements d'embrayage des
griffes G, G' et de serrage du frein F sont produits successivement par un
même levier.
VÉHICULES A PÉTROLE 523
puis est fermé parce que la palette PP' est rappelée par le ressort
x. Il passe donc, pour les 4 cylindres, pendant les 4/5 de la
durée du cycle ou de deux tours du moteur. Pendant la marche
de ce dernier, le courant a une intensité de 0,9 ampère sous
20 volts, tandis qu'au repos le débit est de 7 ampères : il ne faut
donc jamais le laisser passer pendant le repos du moteur.
Le courant est fourni au début par des accumulateurs, et, dès
que le moteur est en marche par une dynamo, qui prend son
mouvement sur le volant de friction1. Celle-ci débite 2 ampères
sous 20 à 25 volts, quand le moteur est à sa vitesse normale : le
surplus de sa production est employé à recharger les accumula-
teurs; pour ce chargement, on divise ceux-ci en deux batteries,
afin que, si la dynamo ne garde pas sa vitesse, les accumula-
teurs ne se déchargent pas tous dans cette dernière. Pour établir
les connexions nécessaires, M. Mors a imaginé un commutateur
fort ingénieux, toujours placé sous les yeux du chauffeur, au
milieu du guidon. Un interrupteur permet de couper le circuit.
Sur le châssis, muni des mécanismes que nous venons de
décrire, on peut monter des caisses diverses : dog-cart, coupé,
phaéton... Ce type, qui date de 1896, se fabrique par séries,
tantôt avec des roues métalliques, tantôt avec des roues en bois.
3° Type avec moteur à 2 cylindres verticaux. — C'est celui du
phaéton qui a été exposé pour la première fois en 1898. Le
moteur (§ 91) de 8 chx disposé à l'avant comme dans les Panhard,
tourne à une vitesse très réduite; les organes en sont très
robustes. Allumage électrique, régulateur de vitesse, et modéra-
teur. Quatre vitesses et une marche arrière.
4° Type avec moteur à S cylindres horizontaux. — C'est celui
de la voiturette à 2 places, qui a été exposée aux Tuileries en
1899. Le moteur, de 4 chx environ, à régulateur, quoiqu'il soit
muni d'un allumage électrique, est refroidi par un courant
1. Le moteur commande aussi la pompe de circulation d'eau et le grais-
seur automatique des cylindres.
524
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Élévation.
Plan.
Fio. 279 et 279 bis. — Châssis de la voiture à pëtrole Landry-Beyroux.
B4, arbre du moteur ; J, cylindre creux calé rar BA ; L, L, demi» disques en bob, reliée par lee ressorts
M et produisant l'embrayage, quand on les eoince à l'intérieur du cylindre J, en faisant pénétrer enlre
eux le coin N, solidaire du manchon Q, a clavette R ; celui-ci peut glisser le long de l'arbre PT quand on
agit sur le levier U, commandé par le levier S. Un ressort V maintient le levier S dans la position de
débrayage. Pour embrayer, on pousse ee levier dans le sens de la flèche jusqu'à ce que son extrémité S*
soit engagée dans le cran porté par le ressort X. Pour débrayer, on pousse dans le même sens le levier T
dont la butée Y appuie sur le ressort X et dégage l'extrémité S" : le levier S, rappelé par le ressort V,
revient dans sa position première, entraînant avec lui le coin N. Le levier T porte en b une saillie reliés
au frein à sabot, de telle sorte qu'en continuant à agir sur le levier T, après avoir débrayé le moteur, cm
applique les sabots du frein sur les bandages des roues, à l'aide de la corde g% du tambour h et du levier
f. Le frein peut d'ailleurs être serré par la vis e, manœuvrée à l'aide du volant dont elle est muni*.
VÉHICULES A PÉTROLE
525
d'eau, qui traverse un radiateur. Le graissage est assuré par un
appareil à départs multiples, qui envoie à chaque organe le lubri-
fiant ; il n'y a donc pas d'huile dans le carter ; le constructeur y
Fig. 280. — Détail de l'embrayage.
trouve cet avantagé que les cylindres ne se remplissent pas de
liquide et que les soupapes ne s'encrassent pas. La transmission
se fait par engrenages ; il y a trois vitesses et la marche arrière.
Fig. 280 bis, — Mécanisme de commande de l'embrayage et du frein.
274. — Voiture Landry-Beyroux. — Actuellement fabriquée par
la Compagnie des moteurs et automobiles M.-L.-B. Moteur à un
526 l'automobile sur route
seul cylindre vertical (§ 92), placé en B (fig. 279 à 280 bis) à
l'arrière du châssis A, susceptible de recevoir diverses caisses.
L'arbre moteur B1 est disposé longitudinalement dans le milieu de
la voiture ; il porte un volant K de gros diamètre, constitué par
une couronne comme les volants ordinaires des moteurs fixes et
à la différence des moteurs d'automobiles, auxquels la place est
mesurée et qui, pour cette seule raison sont ordinairement consti-
tués par des disques massifs. Au volant est accolée la partie
mâle d'un embrayage I.
L'arbre principal porte, après l'embrayage, 3 pignons donnant
chacun une vitesse, quand ils sont amenés en prise avec 3 roues
dentées calées sur un arbre secondaire, parallèle à l'arbre princi-
pal. Cet arbre secondaire engrène avec l'arbre différentiel D par
les pignons i, y ou k donnant les marches avant et arrière. L'arbre
différentiel commande les roues motrices d par les pignons F et
des chaînes Galle.
La direction se fait par guidon u, pignon, crémaillère et
bielles.
275. — Voitures Gautier- Wehrlé et de la Compagnie générale des
automobiles. — Les premières sont fabriquées par la Société con-
tinentale d'automobiles. Moteur à deux cylindres horizontaux
opposés (§ 93), placés transversalement entre les deux essieux
sur le châssis (fig. 281), dont une légende indique suffisamment
la disposition. Cette voiture est munie de l'embrayage (§ 170) et
de l'essieu articulé (§ 179), spéciaux à la maison. Roues en bois.
Dans un autre type, le moteur est placé à l'avant du véhicule,
où il est plus facile à surveiller ; la longueur de l'arbre principal
s'en trouve augmentée.
Les premières voitures de la Compagnie générale des automo-
biles avaient pour moteur un Benz, une transmission à courroies,
un châssis courbe (de fabrication délicate et coûteuse) avec double
suspension i.
1. Locomotion automobile, 10 décembre 1896, p. 336.
VÉHICULES A PÉTROLE 527
Les dernières ont un moteur à 2 cylindres parallèles, avec
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allumage électrique à avance variable, refroidissement par
courant d'eau qu'assure une pompe rotative, graissage automa-
528 l'automobile sur route
tique ; sa force varie de 4 à 6 chx ; pour 6 chx il pèse 120 kg. Ce
moteur, qui pourrait d ailleurs fonctionner dans la position ver-
ticale, est disposé horizontalement sous le châssis, un peu en
avant et au-dessus de l'essieu d'arrière moteur. La transmission
se fait de l'arbre principal à l'arbre secondaire portant les organes
de changement de vitesse par une courroie que l'on tend pro-
gressivement : un ingénieux système de changement de vitesse,
dû au directeur des ateliers de la Compagnie, M. G. Valentin,
basé sur l'emploi de roues différentielles, permet de passer sans
à-coup à la vitesse maximum et donne aussi la marche arrière.
L'arrêt de la voiture s'obtient normalement en détendant la cour-
roie ; la même manœuvre ralentit le moteur et serre les freins
d'enroulement qui portent les moyeux des roues motrices. Si
l'arrêt doit se prolonger, on interrompt la marche du moteur en
supprimant l'allumage électrique. Sa remise en train se fait du
siège par volant, chaîne et pignon commandant un embrayage à
dents de loup, monté sur l'arbre-manivelle du moteur et se
débrayant de lui-même après avoir produit son effet.
Le châssis droit est constitué, de façon fort rigide, par des fers
cornières et en U. Deux types fort peu dissemblables peuvent
recevoir toutes caisses, par l'intermédiare de ressorts donnant
double suspension.
276. — Voitures Lepape. — M. Lepape a réalisé plusieurs types,
d'abord un locomoteur destiné à remorquer un arrière-train quel-
conque *, actionné par le moteur à 3 cylindres du § 94, placé der-
rière l'essieu d'avant moteur. Transmission à plateau, donnant un
service suffisant jusqu'à la vitesse de 18 km. à l'heure, mais pas
au-dessus. Ce locomoteur, qui ne pouvait circuler dans Paris, où
les véhicules remorqués ne sont pas autorisés, à cause des diffi-
cultés de leur direction, a été vite abandonné.
Est ensuite venue une voiturette pesant 300 kg. en ordre de
marche, mais sans voyageurs, actionnée par le moteur à un
1. Locomotion automobile, novembre 1895, p. 238.
VÉHICULES A PÉTROLE . 529
cylindre du § 94, disposé horizontalement au-dessus de l'essieu
d'avant1 toujours moteur. Transmission par plateau, avec mode
i. Locomotion automobile, 1er août 1896, p. 192.
G. Lateroke. — L'Automobile sur route.
34
530 l'automobile sur route
de conduite des roues motrices par pignons et roues à fuseaux
(fig. 175, 176), dont l'inconvénient était de tenir beaucoup de
place.
Enfin M. Lepape a exposé aux Tuileries, en 1898, la voiture que
représente la fig. 282, dont le moteur de 8 chx vertical (§ 94) est
placé à l'avant du châssis, au-dessus de l'essieu directeur, dans
un coffre à volets de verre mobiles permettant l'accès de toutes les
pièces, facile à enlever en défaisant deux crochets et deux bou-
lons. L'allumage électrique comporte une pile et une bobine
pour chacun des cylindres, ce qui permet de marcher avec un
seul d'entre eux. Le mouvement est transmis aux roues d'arrière
par le mécanisme fort spécial de la fig. 177 : 4 vitesses de 6 à
28 km.
La caisse interchangeable, est montée sur le châssis par l'inter-
médiaire de ressorts en C ou à pincettes ; cette double suspension
lui assure une grande douceur de transport. Son plancher est
traversé par une colonne de direction, solidaire du châssis et sur
laquelle sont groupés tous les organes de manœuvre. Le conduc-
teur règle de sa place la carburation et l'allumage. La voiture est
munie de deux freins, un à sabot et l'autre à lame, celui-ci agis-
sant sur des couronnes circulaires fixées aux roues motrices, et
d'un graisseur multiple système Hamelle, qui débite proportion-
nellement à la vitesse.
277. — Voitures David, Vallée, Tenting, Léo. — Les voitures David
sont munies d'un moteur P. Gautier à 4 cylindres verticaux, placé
à l'avant de la voiture dans un coffre, où il est fort accessible.
Transmission par engrenages toujours en prise à 3 vitesses et
marche arrière. Châssis métallique sur lequel on boulonne telle
caisse que Ton veut. Le moteur a une puissance de 6 chx pour 2 et
4 places, une puissance de 8 chx pour 6 à 8 places ; il ne consom-
merait, assure-t-on, que 1/2 litre d'essence par cheval-heure1.
Dans les voitures Vallée, le moteur est à 2 cylindres horizon-
1. Locomotion automobile, 24 décembre 1896, p. 350.
VÉHICULES A PÉTROLE 531
taux (§ 96), placé en avant et au-dessus de l'essieu des roues
d'arrière motrices. Les manivelles sont calées à 180°. La trans-
mission se fait à l'arbre différentiel par courroies donnant
•3 vitesses : 7, 15 et 25 km.
Dans une voiture toute récente !, il n'y a plus qu'une courroie,
qui constitue, à elle seule, toute la transmission : elle transmet
directement le mouvement de l'arbre du moteur à un tambour,
porté par l'essieu d arrière, et qui contient le différentiel, le dis-
positif de marche arrière et un frein à lame intérieur. Cette cour-
roie unique a pu être faite très large ; cette largeur, jointe à la
forte tension qu'on peut lui donner, par un dispositif qui permet
d'éloigner l'essieu d'arrière de celui d'avant, lui assure, paraît-il,
une adhérence suffisante pour que le patinage ne soit jamais à
craindre. M. Vallée n'a pu ainsi simplifier jusqu'à l'extrême limite
sa transmission qu'en dotant son moteur d'une grande sou-
plesse : pour cela, il l'a formé de 4 cylindres horizontaux (dispo-
sés sous le châssis près de l'essieu d'avant), et lui a donné, en
même temps que l'allumage électrique un régulateur mécanique
de vitesse.
Cet essai est intéressant ; mais, bien que la voiture ait fourni
honorablement, en course, des parcours de 322 et 370 km., il
faut attendre, pour se prononcer à son sujet, les résultats d'une
plus longue expérience. Ce n'est pas de gaité de cœur que les
constructeurs ont jusqu'ici muni leurs voitures d'organes de trans-
mission lourds, compliqués et coûteux ; il faut leur démontrer de
façon péremptoire qu'ils pourraient s'en passer en dotant le
moteur à pétrole d'une souplesse suffisante, à l'aide de dispositifs
en somme assez simples, bien que la présence de 4 cylindres ne
«oit pas une complication négligeable.
Dans les premières voitures de M. Tenting* le moteur à
2 cylindres horizontaux (§ 96) étaii placé au-dessus de l'essieu
4. Locomotion automobile, 14 septembre 1899, p. 588.
2. Lockert, Voitures à pétrole, p. 177.
532 l'automobile sur route
d'arrière, perpendiculairement à lui. La transmission se faisait
par plateaux, comme nous l'avons dit au § 185 ; un même levier
permettait d'embrayer et d'obtenir les marches avant et arrière à
toutes les allures, sans chocs. La direction se faisait par avant-
train à cheville-ouvrière.
Dans le second type *, le moteur avait ses deux cylindres incli-
nés, l'un au-dessus de l'autre, symétriquement par rapport à un
plan horizontal, et parallèlement au plan médian de la voiture,
au-dessus de l'essieu d'arrière moteur. Le mouvement du plateau
était transmis au différentiel non plus par chaîne Galle, mais,
par un système d'engrenages qui nous paraît beaucoup plus com-
pliqué. La direction se faisait par essieu brisé.
Plus récemment, M. Tenting a construit un omnibus, dont le
moteur de 16 chx, à 4 cylindres inclinés placés au-dessus de
l'essieu d'avant, attaque deux vilebrequins calés à 180° l'un de
l'autre. La transmission s'y fait toujours par friction, mais deux
paires d'engrenages donnent deux vitesses. Cet omnibus, qui pèse
6 tonnes, peut emporter 18 voyageurs à la vitesse de 18 km. à
l'heure.
La voiture Léo est actionnée par un moteur Pygmée (§ 96) à
2 cylindres horizontaux, placés en dessus de l'essieu d'arrière
moteur. Transmission par engrenages et par courroie (§ 184) avec
tendeur-embrayeur à ressort, manœuvré par une chaînette et une
pédale, qui normalement produit l'embrayage ; à l'aide d'un ver-
rou, on peut fixer la pédale dans la position de débrayage. Cette
courroie commande une poulie folle sur l'arbre différentiel;
celui-ci, porteur des roues de changement de vitesse et de marche
arrière, est contenu dans une boîte close avec un arbre secondaire
porteur des autres roues8; il commande les roues motrices par
chaînes Galle.
277 bis. — Voitures de la Société française d'automobiles i moteurs
1. Loc. cit., p. 182.
2. P. et Y. Guédon, Manuel pratique du conducteur d'automobiles, p. 19i.
VÉHICL'LES A PÉTROLE
533
Gaillardet. — M. Gaillardet a commencé par faire une voiturette
à 3 roues, à moteur de 5 chevaux, pesant 250 kilogrammes à
vide, qu'il a abandonnée.
La Société française d'automobiles équipe ses voitures avec un
Fio. 283. — Plan du châssis de la voiture à pétrole Henriod.
moteur Gaillardet de 8 à 10 chx (§ 96). La transmission du mou-
vement s'y fait par un système à engrenages avec arbres à la
Fio. 284. — Vue en bout du châssis de la voiture à pétrole Henriod.
Cardan et marche arrière par un second différentiel, que nous
avons décrit (§ 181).
Le châssis tubulaire, portant le moteur et la caisse, est sus-
pendu au-dessus des essieux par deux pincettes longitudinales à
l'arrière et trois demi-pincettes à l'avant.
Un tambour solidaire du moyeu des roues motrices porte
534
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
extérieurement un frein à corde et intérieurement un frein à lame,
serrant dans la marche arrière comme dans la marche avant.
Fig. 285. — Châssis et mécanisme de la voiture à pétrole Brouhot.
Moteur horizontal à 2 cylindres ; V volant titué dans le plan médian de la Toiture ; E, F, piçnoa*
transmettant le mouvement du moteur A l'arbre A ; celui-ci, A son tour, par quatre paires d'engrenage*,
constamment en prise, mais fo-us sur leurs axes, dont on peut les rendre successivement solidaires, com-
mande l'arbre B ; J, J', engrenage*, pour la marche arrière; D, manchon d'embrayage ; G, G' pigeon*
coniques actionnant l'arbre S; T, T\ pignons droits transmettant le mouvement à l'essieu W, auquel
T' est relié par un joint à la Cardan, qui permet A l'essieu de prendre toutes les positions sans que T'
change du plan. Les axes S et W sont reliés par deux bielles X, articulées autour de S, et ntuaie» a
leur autre extrémité d'un œil supportant un coussinet par deux tourillons horizontaux ; de celte façon.
sans que la distance de S et de W varie, l'essieu peut prendre toutes les positions qui lui sont imposée»
Sar la route. Les freins sont placé» sur une couronne de bronze venue de fonte avec le moyeu : il y a
eux freins sur chaque couronne, les uns commandés par la manette du manchon d'embrayage, le*
autres par une pédale.
278. — Voitures Henri od, Le Brun, Brouhot — Le moteur Henriod
(§ 97) de la force de 4, 6, 7, 8 ou 10 chx, suivant le genre de la
VÉHICULES A PÉTROLE
535
voiture, est disposé transversalement à l'avant du véhicule, sous
la caisse, très accessible (fig. 283 et 284). L'axe moteur longitu-
dinal porte un embrayage et des pignons (§ 175), engrenant d'un
côté, avec des roues d'angle de diamètres divers, pour les chan-
gements de vitesse, et, de l'autre, avec l'unique roue de marche
arrière. Les roues d'arrière sont montées sur l'arbre différentiel >
qui les conduit à l'aide de chaînes. Le châssis est constitué par
deux longerons en fer à U reliés par 4 entretoises en fer forgé.
^3T
i
^
Fio. 286. — Voiture Gobron et Brillié (avec moteur à l'avant).
Le moteur Le Brun, à carburateur spécial, est du type Daimler
à 2 cylindres inclinés ; les soupapes en sont très accessibles ;
allumage par brûleurs, disposés de manière à rendre leur extinc-
tion presque impossible. Le conducteur peut, à chaque instant,
régler la quantité d'air ajoutée au mélange carburé. Le châssis
est disposé pour recevoir une caisse interchangeable.
Le moteur Brouhot est de 4 à 12 chx (§ 100). Transmission par
engrenages. Pas de différentiel, mais l'encliquetage déjà décrit
(§ 176). Dispositif pour assurer le libre mouvement des essieux.
La fig. 285 représente le châssis et les mécanismes avec une
légende très explicite.
279. — Voitures Gobron et Brillié. — Moteur à 2 cylindres verti-
caux (§ 101) pouvant être disposé à l'avant (fig. 286), à l'arrière
536 l'automobile sur route
ou au milieu (fig. 229) du châssis. Celui-ci, en tubes d'acier
solidement entretoisés, repose sur les essieux par des ressorts à
pincettes ; il supporte une caisse interchangeable, par l'intermé-
diaire de tampons caoutchoutés ; on n'a pour enlever cette der-
nière, qu'à desserrer 4 boulons.
La transmission se fait par engrenages, renfermés dans un
carter en aluminium, donnant 3 ou 4 vitesses, selon le type de
la voiture ; avec les variations de vitesse que permet le moteur,
on peut imprimer à la voiture toutes allures entre 3 et 25 ou
40 km. à l'heure. La direction se fait par le système épicycloïdal
que nous avons décrit (§ 193).
279 bis. — Omnibus Roser-Mazurier. — Celui qui a pris part aux
épreuves des Poids lourds en 1898, au cours desquelles il a été
mis hors de combat par un accident attribué à la mauvaise dis-
position de ses organes directeurs, est actionné par un moteur
Compound semblable à celui que nous avons décrit (§ 110), de
la force de 9,5 chevaux. Il peut recevoir 14 voyageurs, dont 12
à l'intérieur et 2 sur le siège d'avant, et leurs bagages sur sa
toiture munie d'une galerie. La caisse est supportée par un châs-
sis en bois, reposant sur les essieux, à l'avant par des ressorts à
pincettes, à l'arrière par des ressorts longitudinaux formés d'une
seule lame et reliés au châssis par des boulons à l'arrière, par
une jumelle à l'avant. Le moteur est fixé entre les roues d'avant
qui sont directrices. Son mouvement est transmis (par un
embrayage à friction, et par deux jeux d'engrenages spéciaux
permettant d'obtenir cinq vitesses : 2 km. 5, 4, 12, 21 km. à
l'heure, et la marche arrière à la plus petite d'entre elles) à un
pignon denté qu'une chaîne Galle, située dans l'axe de la
voiture, relie à la couronne du différentiel placé sur l'essieu.
La direction se fait au moyen d'un volant actionnant un
secteur denté, qui commande les bielle tt es de transmission. Toutes
ces biellettes sont à rotules et donnent un mouvement de direc-
tion très doux, qui permet de faire tourner la voiture dans un
cercle dont le rayon intérieur est d'environ 1 m. 50. Mais le grand
VÉHICULES A PÉTROLE 537
nombre des articulations des pièces qui rendent les roues soli-
daires ne permet pas de compter sur une absolue concordance de
leurs mouvements.
Les roues ont 1 m. de diamètre à l'avant, 1 m. 20 à l'arrière ;
la largeur des bandages est de 70 mm. La voiture pèse en ordre
de marche (avec son conducteur, 100 kg. d'eau et 40 kg. d'es-
sence) 2.610 kg., et peut recevoir une charge utile de 980 kg. Sa
longeur totale est de 4 m. 20, sa largeur hors moyeux de 1 m. 80.
D'après les constructeurs, la consommation d'essence de pétrole
du commerce à 720° serait, en palier, de 0 lit. 166 par km. pour
une vitesse de 20 km. à l'heure. Avec son approvisionnement
de 55 lit., elle pourrait parcourir environ 300 km. sans ravi-
taillement d'aucune sorte. La consommation par cheval-heure
d'essence commune serait de 0 kg. 300*
280. — Voiture Bolide de M. L. Lefebvre. — Elle est actionnée
par un moteur à 2 cylindres jumeaux horizontaux, ayant 0 m. 15
de diamètre intérieur et de course, et dont les bielles sont calées
à 180° l'une de l'autre1. Le carburateur est à pulvérisation, et le
conducteur peut en modifier le réglage, en cours de route, à
l'aide d'une vis micrométrique. L'échappement se fait par 2 forts
tuyaux de cuivre, s'ouvrant à l'arrière de la voiture. L'allumage
électrique est assuré par une seule bobine, grâce à 2 cames
calées à angle droit sur l'arbre secondaire, et qui, en venant au
contact d'une touche à ressort, ferment le courant primaire au
moment voulu ; à ce même moment, une came ferme le courant
secondaire, sur l'une ou l'autre des bougies. Une vis micromé-
trique, à portée du conducteur, permet de faire tourner un peu
cet ensemble autour de son centre pour changer l'avance à l'allu-
mage, suivant l'allure du moteur, qui peut varier de 150 à
1000 tours. A celle de 700, il développe 15 chevaux: il pèse
242 kg.
Le refroidissement se fait par radiateur directement greffé sur
i. Les têtes de ces bielles sont graissées par une canalisation pratiquée
dans les coudes du vilebrequin.
538
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
le moteur, sans pompe (il est, paraît-il, très efficace, avec un
réservoir de 23 litres seulement) : le moteur est placé à l'avant
de la voiture, les bougies face à la route, le radiateur devant le
tablier.
Le volant du moteur porte une courroie, qui va à deux poulies
VÉHICULES A PÉTROLE 539
de 0 m. 50 de diamètre, Tune calée, l'autre folle, sur l'arbre
différentiel : le passage de la courroie d'une poulie sur l'autre
produit l'embrayage et le débrayage. Si on appuie à fond sur la
pédale de débrayage, un sabot est appliqué contre la poulie fixe
pour faciliter l'engrènement des dents. Des engrenages, portés
par deux douilles, folles sur des axes fixes, permettent, par un
dispositif spécial, d'obtenir trois vitesses.
Le châssis, en fers à cornière, suspendu par des ressorts sur
les essieux, reçoit une caisse interchangeable. L'empattement très
fort (2 m.) donne une grande stabilité. La voiture pèse 1050 kg.
en ordre de marche, sans voyageurs.
La direction se fait par guidon ou volant, barre verticale,
pignon et crémaillère commandant l'essieu directeur, au moyen
de bielles reliées par des assemblages à la Cardan (Fig. 286 bis).
280 bis. — Voiture Raouval. — Elle est construite par la Société
Anonyme de Mécanique industrielle d'Anzin. Les fig. 287 et
287 bis qui représentent le châssis avec ses mécanismes, sont
accompagnées d'une légende très détaillée, qu'il nous suffira de
compléter par quelques explications.
Le moteur vertical, du type Pygmée, à deux cylindres de
HO X 150 mm., développe 6 à 8 chevaux, de 650 à 800 tours.
Son arbre porte le manchon d'embrayage 11, composé d'un
volant constituant la femelle du cône de friction et d'un plateau
fou sur l'arbre formant le cône mâle. Ce plateau est relié, par
l'intermédiaire d'un manchon d'accouplement articulé, à l'arbre
13 des changements de vitesse. L'appareil de ces changements
est enfermé dans un carter en fonte 14, fixé à deux traverses du
châssis: l'arbre 13 porte trois roues dentées pouvant engrener
avec trois autres placées sur un arbre intermédiaire situé au-
dessus, qui transmet à l'arbre différentiel 15, transversal à la
voiture, un mouvement avant ou arrière, au moyen d'un pignon
d'angle calé à son extrémité et engrenant à volonté avec l'un ou
l'autre de9 deux pignons du manchon de changement de marche,
qui renferme le différentiel.
540
, AUTOMOBILE SUR ROUTE
La boîte des changements de vitesse contient aussi, calé sur
l'arbre intermédiaire, un rochet de coincement, destiné à inter-
dire toute marche inverse de celle qu'on veut obtenir. La figure
287 ter, qui est une coupe de cette boîte par un plan perpendi-
VÉHICULES A PÉTROLE
541
culaire à Taxe de la voiture, montre bien que l'arbre intérieur
n'entraîne l'arbre annulaire que lorsque les billes interposées
r
igg£g\
sont coincées, par son mouvement de droite à gauche, contre les
plans inclinés ; quand cet arbre tourne en sens inverse, les
billes le suivent, sans exercer aucune action sur l'arbre exté-
rieur.
S42 l'automobile sur route
Le châssis, composé d'un cadre en féru, de 75 X 35 mm.,
Fig. 287 ter. ■— Voiture Raoaval.
Rochet de coincement pour interdire toute marche de sens inverse à celle qn'on vent troir.
contreventé par des goussets et entretoisés par 5 traverses en
Fio. 288. — Voiture Raouval.
Élévation du mécanisme de direction progressif.
fer u, repose par l'intermédiaire de 4 ressorts sur 2 essieux,
l'un, celui d'avant, à fusées de 3S mm., brisé pour la direction,
VÉHICULES A PÉTROLE 513
l'autre, celui d'arrière, à fusées de 43 mm. Les roues ont 1 m. de
diamètre à l'arrière, 0 m. 80 à l'a vaut.
La direction, entièrement montée sur un support en fer coulé,
fixé sur deux traverses du châssis est à pivot incliné k (fig. 288
et 288 bis), présentant au conducteur le volant m dans une posi-
tion très commode pour sa manœuvré. Ce volant transmet, par
l'intermédiaire du pignon i et du secteur parabolique A, des
déplacements angulaires progressifs à un second axe gr, à l'extré-
mité duquel est une manivelle /", dont le bouton est relié par
une biellette e, à la tige reliant les deux manivelles c, calées sur
Fig. 288 bis. — Voiture Raouval.
Plan da pignon excentré et dn tectear parabolique.
les pivots des roues. Ce dispotif ingénieux a pour but de per-
mettre, grâce à la progression, des virages rapides, tout en
nécessitant de grands mouvements angulaires pour les corrections
de direction en ligne droite.
281. — Voiture Ducroiset. — Les automobiles Ducroiset (système
Berret) sont actionnées par un moteur à deux cylindres donnant
une explosion par tour, dont les bielles sont calées sur le même
vilebrequin. Ces cylindres, formés par deux tubes d'acier avec
enveloppe réfrigérante en tôle, sont remarquablement légers.
L'allumage électrique, à avance variable, se fait à l'aide d'un
accumulateur, d'une bobine et de deux trembleurs actionnés par
des cames à rainure hélicoïdale, montées sur l'arbre de distribu-
tion. La vitesse du moteur peut varier de 150 à 600 tours. La
-transmission est assurée par des courroies, dont les brins con-
duits sont tendus au moyen de galets en aluminium, commandés
544
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
chacun par un levier, qu une crémaillère F (fig. 289 et 289 bis)
permet de maintenir, pendant la marche, au cran voulu. Le
dégagement de ces leviers est obtenu automatiquement en pres-
sant sur la pédale 0, qui, par l'intermédiaire du levier coudé g,
Plan.
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\v'-tr. E
Fig. 289 et 289 bis. — Voiture Ducroiset.
Appareil de débrayage automatique des leviers de changement de vitesse.
de la tige t, de l'arbre p et de la came y, fait glisser transversa-
lement la plaque E sous la crémaillère F; cette plaque décroche
le levier, qui revient à sa position de débrayage.
A la même pédale 0 est fixée une tige qui commande le frein
du différentiel, constitué par un feuillard d'acier, garni intérieu-
rement d'une courroie en poil de chameau. Quand elle a débrayé,
VÉHICULES A PÉTROLE 545
si on continue à presser sur elle, on provoque le serrage de ce
frein.
La caisse est fixée au châssis à l'aide de 6 vis romaines; elle
est donc très facilement cbangeable.
281 bis. — Voiture Léon Bollée. — Elle est construite par M. Dar-
racq. Le moteur, à un cylindre horizontal, alimenté par un car-
burateur à pulvérisation, à allumage par incandescence, n'est
pas, malgré sa puissance relativement considérable — 5 chevaux
— refroidi par un courant d'eau : il est simplement muni d'ai-
lettes, et placé à l'avant de la voiture, pour être bien exposé à
l'air qu'il reçoit de première main et rabattu sur lui par le pan
coupé, qui termine la caisse. Le brûleur et les soupapes sont
placés aussi à lavant, très facilement accessibles. L'action du
régulateur à force centrifuge peut être paralysée par un accélé-
rateur.
La transmission du mouvement aux roues se fait par une cour-
roie, deux cônes à cinq poulies étagées et un train d'engrenages,
qui relie l'arbre intermédiaire à l'essieu d'arrière muni du diffé-
rentiel.
L'arbre du moteur, transversal à la voiture, se termine par
un volant, qui se trouve sur le côté, extérieurement au châssis,
et au centre duquel s'emmanche la manivelle de mise en train
du moteur.
Le 1er cône est monté sur cet arbre, mais sans faire corps avec
lui. de manière à n'être entraîné que pour la marche en avant, par
un toc qui le laisse libre d'être actionné en sens inverse pour la
marche arrière, quand le mouvement de l'arbre du moteur ne lui
est transmis que par des engrenages intermédiaires.
Le 2e cône est, au contraire, calé sur son arbre, ou du moins
sur la partie tubulaire, qui forme lune des moitiés de cet arbre,
et qui porte aussi le cône mâle de l'embrayage l. Le cône femelle
i. On peut se demander pourquoi il y a un embrayage dans cette trans-
mission, alors que dans les systèmes kà courroie, celle-ci est pour ainsi
dire toujours, chargée du soin d'embrayer et de débrayer. C'est parce
G. Lavrkqki. — L'Automobile sur route. 35
546 l'automobile sur route
est monté sur la 2e moitié de l'arbre intermédiaire, qui, elle, est
pleine et porte le pignon commandant la couronne du différen-
tiel. Normalement le cône femelle est pressé par un ressort sur
le cône mâle et produit l'embrayage ; il faut pour débrayer para-
lyser l'action de ce ressort et éloigner le cône femelle du cône-
mâle.
La courroie, qui relie les deux jeux de poulies, est animée
d'une vitesse linéaire très grande, puisqu'elle est directement
actionnée par les poulies montées sur l'arbre moteur, qui fait
800 tours environ par minute. On sait que plus une courroie
marche vite, plus elle adhère aux poulies et mieux elle transmet
à l'une l'effort de l'autre. Pour lui rendre tout patinage impos-
sible, on peut, quand il en est besoin, augmenter sa tension à
l'aide d'un tendeur : il paraît que la couronne peut subir, sans
qu'on soit obligé de la raccourcir, un allongement de 8 centi-
mètres; la marge, on le voit, est assez considérable.
Pour faire passer la courroie d'un étage de poulies sur le
voisin, dont les arêtes sont d'ailleurs arrondies, une pièce, ayant
la forme d'un S muni à chaque extrémité d'un V fermé, de manière
à embrasser chacun un brin de la courroie, court le long des
cônes. Ce mouvement transversal lui est donné par une cré-
maillère que le chauffeur fait glisser sur elle-même, en impri-
mant à un arbre vertical placé devant lui un mouvement de
rotation, qui est transmis par des pignons et une chaîne, au
pignon qui engrène avec la crémaillère.
Le différentiel, qui est plat (§ 176), relie les deux parties de
l'essieu, sur lesquelles sont montés les moyeux des roues métal-
liques avec roulements à billes et les tambours d'un frein à
lame. Un 2e frein à lame est placé sur le cône femelle de l'em-
brayage.
La direction est assurée par un volant monté à la partie supé-
que dans l'espèce, la courroie allant fort vite, comme nous le dirons plus
loin, adhère très fortement et ne donnerait pas, au moment de l'em-
brayage, la progressivité voulue.
VÉHICULES A PÉTROLE 547
rieure d'une tige verticale, dont le bas porte un pignon, engre-
nant avec une crémaillère horizontale, taillée dans la tige qui
commande le mouvement de sonnette ; les bielles sont montées
à rotules.
Les organes de manœuvre sont les suivants :
1° Un volant de direction placé sur une tige pleine, devant le
chauffeur;
2° Un volant de changement de vitesse à boules, placé immé-
diatement au-dessous du précédent, à l'extrémité d un tube qui
actionne la tige de direction ; le volant fait tourner le tube en le
soulevant de manière à le fixer dans Tune des encoches au-dessus
duquel il est placé ;
3° Une poignée de changement de marche, mettant en jeu,
par la rotation de sa tige, les engrenages intermédiaires de la
marche arrière ;
4° Un tendeur de courroie ;
5° Une pédale de débrayage ;
6° Une pédale de débrayage et de frein sur l'embrayage ;
7° Un levier de frein sur les moyeux; un secteur permet d'im-
mobiliser au point voulu ce frein, qui serre dans la marche
arrière aussi bien que dans la marche avant ;
8° Un accélérateur.
La voiture, à 3 places, pèse 500 kg. à vide, et marche moyen-
nement à 30 kilomètres ; on peut la pousser jusqu'à 45.
282. — Voiture Daimler allemande. — En Allemagne, c'est sur-
tout la voiture Benz, telle que nous l'avons décrite, qui est
répandue.
La « Daimler Motoren Gesellschaft » de Cannstadt (Wurtem-
berg) fabrique la voiture Daimler, dans laquelle le moteur, au lieu
d'être placé, comme en France et en Angleterre, à l'avant, est
enfermé dans une caisse à l'arrière. Dans la voiture que la Compa-
gnie avait exposée aux Tuileries en 1898, le moteur était de 4 chx.
et donnait 4 vitesses atteignant au plus 24 km. à l'heure ; il y avait
une marche arrière. La direction se faisait, sous la commande d'un
548 l'automobile sur route
volant, d'un pignon et d'un secteur denté, par un avant-train à
cheville-ouvrière, sur lequel la voiture reposait par un ressort
transversal. Cet avant-train était relié à l'essieu d'arrière par une
tige longitudinale, portant à son extrémité avant un collier dans
lequel tournait la cheville-ouvrière.
M. Daimler emploie une transmission assez originale : le
moteur est à l'arrière et son arbre porte de chaque côté, deux
poulies formant volants. Chacune de ces poulies reçoit une cour-
roie, ordinairement flottante, qui les relie à une autre placée sur
l'arbre différentiel. Chaque courroie est tendue au moment où
l'on veut imprimer à la voiture la vitesse qui lui correspond.
L'arbre différentiel porte des pignons qui engrènent avec des cou-
ronnes dentées solidaires des roues motrices. La suspension est
assurée à l'arrière par de gros ressorts à boudins pour que les
pignons oscillent autour de l'essieu sans s'écarter des couronnes
dentées. Le résultat est-il bien atteint?
282 bis. — Voitures Canello-Durkopp. — Elles sont construites en
Allemagne et en Autriche par la Bieleferder Maschinen Fabrik,
vormals Dùrkopp, et en France par la Société anonyme des auto-
mobiles Canello-Durkopp. Elles sont munies du moteur, que nous
avons décrit (§ 104 bis), de 4, 6 ou 8 chx, disposé à l'avant comme
dans les voitures Panhard, et refroidi par un thermo-siphon pour
les faibles puissances, et, pour les autres, par une pompe (que
commande soit le volant soit un engrenage calé sur l'arbre du
régulateur) et un radiateur placé sous la caisse. Les diverses
vitesses (15, 22 et 35 km) sont assurées par engrenages toujours
en prise, comme la marche arrière pour laquelle on a recours à
un pignon supplémentaire. Le débrayage est obtenu en exerçant,
soit par une pédale, soit par les leviers des freins, une traction
sur l'arbre de transmission que l'embrayage relie à celui du
moteur. Les roues directrices à pivot sont commandées par une
barre franche (ou un arbre à volant), mais avec interposition d'une
vis sans fin, qui l'empêche d'être déviée par les obstacles de la
route : à cet effet, la barre commande un secteur, engrenant avec
VÉHICULES A PÉTUOLE 519
un pignon solidaire de la vis ; le long de cette vis monte et des-
cend un écrou, qui entraîne un levier qu'un autre relie à l'entre-
toise des bielles des roues. Le second levier est muni à ses extré-
mités de chapes à pivot, qui annulent déjà les soubresauts des
roues dues aux simples inégalités du terrain. Si Tune des roues
rencontre un obstacle, qui la renvoie brusquement d'un côté ou
de l'autre, ce mouvement ne produit d'autre effet que de faire
monter et descendre le pignon dans les dents du secteur, sans
faire tourner celui-ci, ni par conséquent la barre franche.
Ces voitures sont ordinairement munies de trois freins : à collier
sur l'arbre différentiel et sur les roues motrices, à sabots sur les
bandages; le premier est commandé par une pédale, les deux
autres chacun par une manivelle.
283. — Voiture Daimler anglaise. — Cette voiture construite par
la « Motor Car C° » de Londres, sur les dessins des Établisse-
ments Panhard, est fort semblable à la voiture française. Elle
est cependant d'ordinaire un peu plus lourde que cette dernière
(900 à 1.000 kg. pour 4 places). Les fig. 290 et 290 bis per-
mettent de se rendre compte des autres différences. Elle est munie
d'un phénix anglais de 5 1/i chx (§ 87), on la dit d'un fonction-
nement très régulier, silencieux, exempt de trépidations.
283 bis. — Victoria de la « Motor Manufacturing C° » (fig. 291 et
291 bis). — Moteur à 2 cylindres horizontaux, dont les mani-
velles sont enfermées dans un carter A, duquel sort transversa-
lement à la voiture l'arbre moteur O. Il porte le volant C (à l'inté-
rieur duquel est logé l'embrayage) et une vis sans fin, enfermée dans
un carter à huile avec les roues de changements de vitesse F, Ff,
F,, F, ; celles-ci sont montées sur un arbre carré longitudinal, qui
transmet le mouvement de l'arbre moteur à l'arbre transversal P
par les pignons H, I, J donnant les marches avant et arrière. B est
le tambour d'un frein à lame. Une chaîne (qu'on peut tendre avec
un hérisson) transmet le mouvement de P au différentiel de l'es-
sieu d'arrière moteur. Les roues F, F, sont amenées successive-
ment en prise avec la vis G, à l'aide d'un dispositif qui les fait
550
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
glisser, avec l'arbre E, suivant un plan incliné et osciller vertica-
lement avec la boite d'engrenages autour de Taxe P.
VÉHICULES Â PÉTROLE
551
Direction par essieu brisé : la tringle qui réunit les bielles des
pivots est munie d'un écrou, mobile le long d'une vis longitudi-
nale. Châssis en fer cornière suspendu au-dessus des essieux par
Fio. 2S0 bis. — Voiture à pétrole Daimler anglaise.
Vue en bout.
4 ressorts pincettes ; ce châssis porte tout le mécanisme, et sou-
tient la caisse par l'intermédiaire de ressorts à boudin à l'arrière,
«de tampons caoutchoutés à l'avant.
S52
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
284. — Voiture Vincke et Roch-Brault (fig. 292). — C'est une voi-
ture belge, qui se construit à Malines, sur un type fort voisin de
celui des Panhard. Le moteur « Idéal (§ 96), de 8 chx, à
2 cylindres verticaux est disposé à l'avant. Le dernier arbre de
la transmission porte un pignon transversal, engrenant avec l'un
VÉHICULES A PÉTROLE
553
ou l'autre de deux pignons longitudinaux, pour les marches avant
et arrière; entre les deux pignons se trouve un différentiel, qui
permet de retirer les deux parties de l'arbre sur lequel il est
Fio. 291 bis. — Voiture à pétrole de « The motnr mnnufncturin^ C° ».
monté : cette disposition est précieuse, parce que si, dans un acci-
dent, l'arbre est faussé, on peut le dégager fort vite, en laissant
le différentiel en place. La voiture est munie de 4 vitesses, de 10
à 45 km.
554
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le moteur et les mécanismes sont montés sur un petit châssis,
placé à 0 m. 30 au-dessous du grand ; cet abaissement du centre
de gravité donne à l'ensemble plus de stabilité : c'est avec rai-
son qu'on s'applique à avoir des voitures basses et que, pour les
courses notamment, on les fait ramper sur le sol. Ce petit châssis
s'accroche au grand, qui est lui-même soutenu par les essieux
Fig. 292. — Châssis de voiture à pétrole Vincke et Roch-Brauli.
par deux pincettes à l'avant et deux demi-pincettes à l'arrière, et
peut recevoir telle caisse que l'on désire.
La direction se fait par un volant incliné, comme dans les
Panhard, mais par crémaillère.
285. — Voitures américaines Duryea. — Elles sont de types variés
les uns munis du moteur (§ 118) h réservoir et à cylindre hori-
zontal, les autres d'un cylindre à explosion directe, placé au-des-
sus et en avant de l'essieu d'arrière moteur.
Dans la voiture qui est arrivée première dans la course de
Chicago1, le moteur est à réservoir, la transmission se fait par
4. Lockert, Voitures à pétrole, p. 224.
VÉHICULES A PÉTROLE 555
courroies, donnant 3 vitesses et marche arrière ; la commande de
ces 3 vitesses est effectuée par une cordelette faisant tourner une
poulie, sur l'arbre de laquelle sont 4 cames, qui, suivant la posi-
tion de l'arbre, agissent sur les tendeurs de courroie. L'arbre
intermédiaire mené par ces courroies porte un pignon qui engrène
avec une roue dentée, entourant le différentiel.
La direction se fait par essieu brisé ; les pivots des roues sont
inclinés par rapport à la verticale, de façon à venir couper le sol
aux points où les roues prennent contact avec lui ; cela facilite la
direction en empêchant les déviations brusques que pourrait
amener un obstacle quelconque.
Le châssis est suspendu au-dessus des essieux par deux ressorts
longitudinaux à l'arrière et à l'avant ; par un ressort transversal ;
ce dernier est relié au châssis par une articulation à axe horizon-
tal, qui permet à l'essieu de s'incliner sur un terrain inégal sans
faire pencher la voiture. Celle-ci a l'aspect des voitures améri-
caines, à grandes roues même à l'avant, elle pèse 320 kg. et a un
moteur de 4 chx, à un seul cylindre, du poids de 54 kg. (ce qui
nous paraît bien peu). Elle a, dit-on, couvert en 9 heures 90 km.
en ne dépensant que 16 1. de gazoline, malgré l'épaisse couche
de neige qui recouvrait les routes. Elle peut faire jusqu'à 32 km.
en bonne route.
Dans un type plus récent1, le moteur est à explosion directe,
la transmission se fait par engrenages (Gg. 292 bis). L'arbre
vilebrequin transversal commande par pignons d'angle, donnant
soit la marche avant, soit la marche arrière, un arbre longitudi-
nal K, qui, par trois paires d'engrenages de changement de vitesse
II*, mm*, nri*, actionne l'arbre L. Celui-ci, par le pignon M,
commande la roue G, montée sur l'essieu D moteur. Toutes ces
roues sont continuellement en prise les unes avec les autres, mais
les pignons /, m, n sont fous sur l'arbre K', et ne sont que successi-
vement rendus solidaires de lui, à l'aide des embrayages l\ m1,
1. Locomotion automobile, 15 juillet J896, p. 170.
550
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
n1, qu'on voit à côté de leurs moyeux *. Ces embrayages sont
actionnés en temps voulu par les équerres qu'on voit au-dessus,
quand la tringle R, mobile longitudinalement, agit, par ses bos-
sages x et z sur les galets qui terminent ces équerres. L'em-
brayage 0', qu'on voit à gauche du pignon 0, dessert ce pignon :
quand en glissant sur la douille de la roue Z, il rend ce pignon
solidaire de la roue, celle-ci tourne entraînant l'axe L et l'essieu
moteur dans le sens de la marche arrière.
Le châssis tubulaire repose sur l'essieu d'arrière par des cous-
TT
f
Fi6. 292 bis. — Changement de vitesse Duryea.
sineis, sur celui d'avant par un boulon transversal, qui permet
à cet essieu de se déplacer dans un plan vertical. La caisse repose
sur le châssis par 2 ressorts transversaux. Le système de direc-
tion est le même que dans le premier type.
Citons pour mémoire les voitures Bird (de Buffalo) et Mercu-
rey (de Chicago).
Dans la première le moteur est quelconque, la transmission se
fait par plateau et galet ; la direction par un avant-train à che-
ville-ouvrière de très petite largeur *.
1. Ce dispositif est de construction coûteuse; les roues non embrayées
tournent, entraînées par les autres, et s'usent vite ; nous préférons celui du
commandant Krebs (JS 263).
2. Locomotion automobile, 2 décembre 1897, p. 566.
VÉHICULES A PÉTROLE
557
Dans la seconde le moteur de 4 chx équilibré est à allumage
électrique. Trois vitesses (3 à 20 milles à l'heure) et marche
arrière. Roues en bois, à pneus, avec roulement à billes f.
5° Voitures de livraison. Camions.
Nous avons dit (§ 144) que la voiture à pétrole pouvait se prê-
ter à une exploitation commerciale, telle que la livraison dans
Fig. 293. — Camion à pétrole Peugeot.
une ville et sa banlieue de marchandises légères. Déjà plusieurs
modèles ont été réalisés dans ce but, ne différant guère de
ceux que les mêmes maisons construisent pour le tourisme que
par la forme de la caisse : le châssis et le mécanisme sont peu
modifiés. Cela nous dispensera d'entrer à leur sujet dans de long
développements.
286. — Voitures de livraison Panhard. — Les Etablissements
1. Locomotion automobile, 10 juin 1897, p. 266.
558 l'automobile sur route
Panhard ont engagé aux Poids lourds de 1898 une voiture de
livraison, à caisse fermée, à moteur de 8 chx, qui ne diffère
guère, comme dispositions mécaniques, de l'omnibus qui a pris
part au concours de 1897, que par l'application du graissage auto-
matique. Cette application a permis de supprimer bien des tubu-
lures : le graisseur coup de poing a cependant été conservé pour
envoyer du pétrole, à l'arrêt final, dans le moteur, afin de purger
ses cylindres.
287. — Voitures de livraison et camions Peugeot. Camions de Dietrich,
Cambier. Voitures de livraison de la Compagnie française. — La maison
Peugeot a construit, pour quelques grands établissements com-
merciaux de Paris et de la province, des voitures de livraison ;
elle fait aussi un camion (fig. 293), capable de porter 1000 kg.
de charge utile. Le châssis reste tubulaire comme dans les voi-
tures légères, les roues métalliques.
Les fig. 294 à 294 ter représentent le camion de la maison
Dietrich, établi pour transporter 1200 kg. de marchandises (même
1500 kg. sur bonne chaussée empierrée sèche). Il est doté de
4 vitesses : 4, 7, 12 et 16 km., et d'une marche arrière. Le rap-
port de la charge utile au poids mort est 0,923, de cette charge
au poids total 0,480. Les roues, en bois à moyeu métallique, ont
comme diamètre extérieur 0 m. 780 ; leurs bandages d acier ont
0,060 de largeur à l'avant, 0 m. 075 à l'arrière. La voie, d'axe
en axe, est de 1 m. 20 ; la largeur, toutes saillies comprises, est
de 1 m. 48 ; la longueur totale de 3 m. 28. D'après les construc-
teurs, la consommation est de 0 1, 25 d'essence (de 0,700 à 0,710)
par kilomètre, et de 1 1. d'eau ; les approvisionnements suffisent
pour 130 km. Ce camion a pris part au Concours des Poids
lourds de 1897 (voir le tableau § 327).
La maison Cambier fait un camion à pétrole, qu'elle équipe
avec le moteur de 30 chx, dont nous avons parlé à propos de son
omnibus susceptible de transporter 3000 kg. *. Pour ces puis-
sances nous préférerions voir appliquer la vapeur.
1. Locomotion automobile, 19 janvier 1899, p. 41.
Vue .de devant
-* r
Fig. 294 à 294 ter.
Camion à pétrole de Dietrich.
560 l'automobile sur route
La Compagnie anglo-française fait beaucoup la voiture de
livraison système Benz.
288. — Camion Daimler. — M. Daimler avait exposé aux Tuile-
ries en 1898, un camion à moteur Phénix de 10 chx., pesant à
vide 3000 kg., chargé 5000 kg., capable de transporter ses deux
tonnes utiles sur rampé de 12 °/0 à la vitesse de 4 à 12 km.
Trois autres vitesses de 4 à 12 km. L'arbre différentiel transver-
sal est muni de pignons engrenant avec les couronnes dentées
des roues motrices. Le châssis est supporté à l'avant par des
ressorts à boudin, à l'arrière par des ressorts à lames longitudi-
naux. Quinze de ces camions étaient, paraît-il, en service en Alle-
magne il y a un an ; trois étaient commandés pour le Soudan
français.
Mentionnons pour mémoire le tracteur à pétrole Daniel Best \
de la Clarke's Crank and Forge (Lincoln) * (genre de Dion),
Lawson et Pennington 3.
6° Avant- trains moteurs.
289. — Avantages de r avant-train automoteur. — Un avant-train
moteur, facilement attelable à une voiture quelconque, offrirait
des avantages précieux: 1° utiliser les voitures existantes, en
leur laissant la faculté d'être traînées par des chevaux ; 2° tirer la
voiture au lieu de la pousser, et lui faciliter le passage des
obstacles semés sur sa route ; 3° permettre un isolement facile du
moteur et de la caisse, qui se trouve par là soustraite aux tré-
pidations *.
1. Locomotion automobile, 14 juillet 1898, p. 444.
2. Industries and Iran, 25 novembre 1898, p. 45.
3. Chauffeur, 2o août 1897, p. 297.
4. À côté de ces avantages incontestables, des partisans de la traction
par avant-train font valoir les suivants :
1° Les transmissions peuvent être simplifiées;
VÉHICULES A PÉTROLE 561
Un pareil avant-train n'aura besoin d'être conçu pour faire
du 40 à l'heure, que s'il remorque un arrière-train construit
pour cette vitesse, que la sécurité semble jusqu'à nouvel ordre
interdire aux voitures ordinaires.
290. — Avant-train Prétot. — Le premier du genre : il a figuré
au Salon du Cycle et de l'Automobile de 1896. Tout le méca-
nisme, moteur et transmission, est enfermé dans une boîte, sus-
pendue par des ressorts au-dessus de l'essieu, et baigne dans
Thuile. Cette boîte porte un chemin de roulement identique à
celui de l'avant-train, qu'on a détaché de la voiture, avec
laquelle l'assemblage se fait par la cheville-ouvrière ordinaire.
Les changements de vitesse se font par le dispositif que nous
avons décrit (§ 182), malheureusement d'exécution délicate et de
graissage difficile. Un levier unique permet d'obtenir les marches
avant et arrière, de faire varier l'allure, de serrer le frein monté
sur le différentiel, d'arrêter. Tout cet ensemble est fort ingé-
nieux, mais l'avant-train ne donne pas un bon service, en partie
parce que la traction se fait (pour décharger la cheville-ouvrière)
par les ressorts d'avant, qu'elle fatigue beaucoup f.
291. — Avant-train Amiot-Pénean. — Moteur Daniel Auge (§96),
mais modifié pour cet usage ; il pourrait d'ailleurs être d'un autre
système, à pétrole ou électrique. Il est placé en C (fig. 295 à
295 ter) soutenu par les ressorts T, qui reposent sur l'essieu A.
C représente, en même temps que le moteur U, le volant V, le
carter des changements de vitesse 0 et le différentiel Q de la
fig. 295 bis.
Comme les roues de l'avant-train sont à la fois motrices et
directrices, le mouvement doit leur être transmis quelle que soit
leur orientation. A cet effet, l'arbre moteur commande par les
2° Tout le poids du moteur est utilisé pour l'adhérence ;
3° Dans les descentes, le poids de l'avant-train empêche l'arrière d'os-
ciller sur le sol gras et humide ;
4° Au moment d'un arrêt brusque, la possibilité de bloquer les roues
d'avant, empêche la voiture de faire un tête-à-queue.
1. Chauffeur, 25 décembre 1898, p. 470.
G. Lavcrghr. — V Automobile sur route. 36
562
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
flexibles P, P, les arbres H, à l'extrémité desquels sont montés
les pignons I, qui engrènent avec les roues dentées E, faisant
i
Fi >. 233. — Avant-train moteur à pétrole Amiot et Pêne an.
(Schéma de l'élération).
corps avec les moyeux des roues motrices. D'autre part, les
chapes F de celles-ci portent les paliers G des axes H, de sorte
-h — " » m ■ *■■ " "
T> Li 1. il '
Fio. 295 bis. — Avant-train moteur à pétrole Amiot et Pénem.
(Schéma du plan.)
que tout l'ensemble DEFGHI tourne autour* du pivot commun,
en recevant toujours, par le flexible P, le mouvement du moteur.
VÉHICULES A PÉTROLE
563
La fig. 295 ter représente une vue de Ta vant-train : le moteur
«st ordinairement enfermé dans une enveloppe, qui a été retirée;
les boites que Ton voit à l'arrière reçoivent l'essence et l'eau de
refroidissement.
Cet avant-train est relié à l'essieu d'arrière par une solide tige
de fer, et constitue avec lui la partie motrice et résistante de
Fio. 295 ter. — Avant-train à pétrole Amiot et Péneau.
(Vue du mécanitme découvert.)
l'ensemble, sur laquelle repose la caisse (à l'avant par l'intermé-
diaire de deux patins visibles sur la figure 295 ter), qui n'a à
supporter aucun effort de traction. C'est indispensable pour la
durée et la sécurité.
La substitution de l'avant-train Amiot à un avant-train ordi-
naire ne nécessite que le serrage de quelques boulons pour lixer
le plancher du siège aux deux patins et la tige de liaison à
564
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
l'essieu d'arrière; ce planchera d'ailleurs été percé de deux1 trous
pour laisser passer la tige de commande et la pédale du frein.
Un quart d'heure suffit pour ce remplacement.
L'avant-train en question a été essayé avec succès, notam-
ment sur un omnibus de famille. Les inventeurs le destinent
spécialement à la traction des véhicules lourds à vitesse modérée
Fig. 296. — Avant-train Ponsard-Ansaloni.
(Détails de la transmission)
(omnibus, camions, balayeuses de rue, tonneaux d'arrosage...);
il paraît capable de remplir ce but.
292. — Avant-train Ponsard-Ànsaloni (fig. 296 à 299). — Le
moteur M (du système Roser-Mazurier de 4 1/2 chx) et ses
engrenages de transmission T reposent sur un bâti, constitué
par 2 fers cornières E, E', supporté par la couronne circulaire B,
qui repose elle-même sur l'essieu différentiel A (donc le moteur
et le mécanisme ne sont pas suspendus).
La couronne B supporte, par l'intermédiaire de billes, la cou-
VÉHICULES A PÉTROLE
565
ronne d'égal diamètre C, qui elle-même, parles ressorts longitu-
dinaux et transversaux FF, soutient la charge d'avant de la voi-
ra*
Fio. 297. — Avant-train moteur à ptHrole Ponsard-Ansaloni.
(Détails de la direction).
ture. De distance en distance, des étriers maintiennent la liaison
des deux couronnes.
Fio. 298.
Vue par bout.
La couronne C est fixe, mais la couronne B peut tourner, avec
toute la partie basse de l'avant-train, de manière à assurer la
566
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
direction de la voiture. Cette rotation s'effectue autour de la
cheville-ouvrière L, fixée au châssis EE' par les arceaux KK.
Cette cheville-ouvrière, constituée par un cylindre creux, qui
donne passage aux différents organes de commande, peut coulisr
Fio. 299. — Avant-train Ponsard- An salon i, monté sur un coupé.
ser (pour suivre les oscillations verticales de la voiture) et tour-
ner librement dans la douille S, sous Faction du levier Q, des
pignons P et 0, et du secteur denté N, qui est boulonné sur
elle.
La douille S transmet à la caisse de la voiture l'effort de trac-
tion du moteur: à cet effet, elle est rattachée, par deux branches,
à un cadre constitué: 1° par les quatre cornières longitudinales.
VÉHICULES A PÉTROLE 567
U, boulonnées deux à deux sur les brancards de caisse du véhi-
cule, et prolongées à l'avant pour soutenir l'appareil refroidisseur
R (composé d'un réservoir d'eau et d'un serpentin) ; 2° par les
cornières transversales V, qui servent d'appui aux ressorts trans-
versaux F et à l'arbre vertical qui commande la direction. La
robustesse de cet ensemble et le gros diamètre de la cheville-
ouvrière sont les garants d'une transmission sûre de l'effort,
mais celle-ci se fait ensuite par la caisse; nous préférons le
système Àmiot qui en affranchit cette dernière.
L'avant- train Ansaloni était exposé aux Tuileries en 1898,
attelé à un cab de la Compagnie Générale des Voitures. La
dépense est, paraît-il, de 1/2 litre d'essence par cheval-heure
effectif; sur parcours moyennement accidenté, on peut estimer
la puissance nécessaire à 2 chevaux ; la dépense horaire serait
dans ces conditions de moins d'un litre.
293. — Avant-train Doré. — Il peut être actionné par un moteur
à pétrole ou électrique. La fig. 184 le représente disposé pour la
commande électrique ; mais il reste presque identiquement le
même pour la commande par le pétrole. Dans ce cas, le moteur
employé est du système J. Bouché (§ 100) de 4 1/2 chevaux: il
est disposé longitudinalement dans l'axe de la voiture, entre deux
brancards, et occupe une superficie de 70 X 80 cm. Sur son
arbre vilebrequin, qui est transversal, se trouve un embrayage
Bonnafous, dont l'extérieur porte une couronne dentée, engre-
nant avec la roue d'un premier arbre intermédiaire. Celui-ci trans-
met son mouvement à un second arbre intermédiaire, en engre-
nant avec lui, directement pour la marche avant, par l'intermé-
diaire d'un autre pignon pour la marche arrière. Ce second arbre
intermédiaire porte les pignons de changement de vitesse, enfer-
més dans un carter avec les roues correspondantes. Enfin l'arbre
de ces roues, par un pignon d'angle, commande la cheville
ouvrière de l'avant-train.
Le volant de direction est claveté sur un tube, percé d'une
rainure, dans lequel passe un arbre plein, muni d'une clé cou-
568
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
lissant dans la rainure. En poussant le volant contre la voiture,
on embraie le moteur ; en le tournant vers la droite ou vers la
gauche, on dirige la voiture à sa guise. Veut-on arrêter, on
Fig. 300. — Avant-train à pétrole de Riancey.
retire vers soi le volant, le moteur est débrayé, et l'arbre appuie
sur un ergot, qui commande les freins à ruban sur les moyeux
des roues d'arrière. L'inventeur remarque que le chauffeur repro-
duit ainsi tous les mouvements de la conduite d'un cheval.
VÉHICULES A PÉTROLE 569
294. —Avant-train de Riancey. — Dans le système de Riancey,
destiné à remorquer un arrière-train de voiture tte (Gg. 300), le
moteur (§115) est disposé devant Tunique essieu de l'avant-train.
L'arbre de ce moteur attaque, par un engrenage d'angle, un arbre
transversal qui porte les changements de vitesse et de marche,
et par ceux-ci actionne l'arbre différentiel sur lequel sont calées
les roues.
Les têtes de bielles et les engrenages barbotent dans l'huile
d'un carter étanche, sous lequel sont placés le réservoir à essence
et le silencer. Les accumulateurs et la bobine de l'éclairage élec-
trique sont situés derrière l'avant-train. Celui-ci est relié à
l'arrière-train, au moyen d'une douille autour de laquelle il peut
tourner (pour assurer la direction), et dans laquelle il peut mon-
ter et descendre (pour assurer toujours le contact des quatre roues
avec le sol). Deux freins agissent sur une jante plate, adaptée
aux roues d'arrière: le freina pédale sur l'intérieur, le frein à
main sur l'extérieur. Un seul levier avec ses accessoires assure
la commande de la direction, le débrayage, les changements de
vitesse et de marche.
294 bis. — Avant-trains divers. — Citons encore quelques sys-
tèmes, d'ailleurs restés à l'état de projets : les avant-trains
Lockert\ à transmission par courroie et plateaux de friction et
chaînes sans lin (pouvant être remplacées par des engrenages) ;
Emile Salles *, dans lequel le moteur actionne un essieu flexible,
qui transmet le mouvement aux roues, montées dans des chapes,
pour tourner; Iiingelmann 3,qui comporte à l'avant de la voiture
une roue directrice, qu'un bâti triangulaire relie aux ressorts de
l'avant-train ; ce bâti porte le moteur, dont le mouvement est
transmis par des chaînes à des roues dentées calées sur l'essieu.
Nous retrouvons cette cinquième roue dans l'avant-train
Johnson *. qui comporte, comme les voitures pétroléo électriques
1. Lockcrt, Voitures électriques y p. 282.
2. Chauffeur, 25 mars 1898, p. 116.
3. Lockcrt, Voitures électriques, p. 278.
4. Locomotion automobile, 2 février 1899, p. 69.
570 l'automobile sur route
dont nous parlerons dans le § 215, un moteur à pétrole à deux
cylindres, une dynamo génératrice, une dynamo réceptrice, et
même une batterie d'accumulateurs, destinée à recevoir le cou-
rant, quand la réceptrice ne le consomme pas tout : le pétrole
actionne la génératrice par courroie, et la réceptrice les roues
motrices par engrenages, arbre intermédiaire et chaînes. Nous
la retrouvons aussi dans certain attelage mécanique *, qui ne nous
paraît pas plus recommandable que les deux systèmes précédents.
Mentionnons enfin le bogie, que vient de construire M. Heil-
mann : ce bogie à quatre roues constitue un véritable tracteur,
pouvant remorquer telle voiture qu'on veut bien lui atteler, après
avoir supprimé son avant-train : il a ainsi traîné pendant plusieurs
mois le landau de son inventeur. M. Heilmann est en train
d'en modifier le volume, le poids et la silhouette peu élégante,
et d'étudier la substitution au moteur électrique, dont il a été jus-
qu'ici muni, d'un moteur à pétrole avec changements de vitesse
par embrayage magnétique.
1. Locomotion automobile, 22 septembre 1898, p. 600.
CHAPITRE III
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
295. — Schéma d'une voiture électrique. — Le schéma d'une voi-
ture électrique est facile à faire :
1° Des accumulateurs divisés en plusieurs batteries, ordinaire-
ment dissimulées dans les caissons, quelquefois groupées dans un
cadre au-dessous du châssis ;
2° Un moteur, parfois calé sur un arbre concentrique à l'arbre
différentiel porteur des roues, le plus souvent sur un arbre action-
nant par engrenages cet arbre différentiel, qui lui attaque par
chaînes Galle les roues folles sur l'essieu. Ce n'est que fort rare-
ment qu'on a recours pour les changements de vitesse à des dis-
positifs mécaniques;
3° Un combinateur, pour distribuer le courant et établir les
couplages appropriés à la manœuvre que nécessite à chaque ins-
tant la conduite de la voiture.
Un rhéostat à résistances graduées, un ampèremètre monté en
tension sur le circuit, un voltmètre placé en dérivation, parfois
un compteur d'énergie qui fait connaître à chaque instant la
quantité emmagasinée dans les accumulateurs, deux coupe-cir-
cuits fusibles disposés sur les fils venant de ces derniers avant
leur pénétration dans le mécanisme, et, pour protéger celui-ci
contre un courant accidentellement trop fort, un interrupteur,
espèce de clef que le conducteur emporte avec lui quand il aban-
donne sa voiture, complètent cet ensemble en somme fort simple.
Nous l'étudierons en détail dans quelques systèmes choisis
parmi ceux qui ont déjà fait leurs preuves, et nous marquerons
572 l'automobile sur route
les points par lesquels quelques autres s'en distinguent. Mais
avant cela, il est juste de dire quelques mots des premiers véhi-
cules qui aient été mus par l'électricité.
296. — Premiers véhicules électriques : Raifard, Ponchain, Bogard,
Darracq. — Dès 1881, M. Raffard, voulant obtenir de la Compa-
gnie générale des Omnibus de Paris la libre disposition d'une de
ses voitures pour la transformer en automobile, lui prouva la
possibilité de la chose en actionnant un tricycle par un moteur
électrique de la force de 7 kgm., alimenté par 12 petits accumu-
lateurs Faure : le véhicule ne pesait au total que 80 kg. L'omni-
bus qu'il transforma, destiné à circuler sur rails, pouvait aussi
marcher sur route 1.
Le phaéton à six places de M. Pouchain (1893) était muni
de 4 bacs d'aluminium doublés de celluloïd, contenant chacun
13 éléments Dujardin, pesant au total 500 kilos, environ le tiers
de la voiture complète, qui était actionnée par un moteur
Hechniewski *.
Le dog-cart à deux places de M. Bogard, dont le poids attei-
gnait 2.300 kg. en charge, était équipé de façon à près analogue.
En 1896, M. Darracq a exposé, au Salon du Cycle, un coupé
électrique fort intéressant, qui a été décrit en détail par MM. P. et
Y. Guédon 3.
297. — Voitures ayant pris part au Concours de fiacres de 1898. —
Arrivons tout de suite aux voitures électriques ayant pris part
au Concours de fiacres qui a eu lieu en juin 1898, sous la féconde
direction de Y Automobile Club de France 4. Disons une fois pour
toutes que ces voitures étaient équipées avec des accumulateurs
Fulmen type B, dont les éléments étaient ceux du tableau ci-des-
sous 5, et que leurs roues, sauf celles d'arrière de deux voitures
1. (Ihau/feur, 10 septembre 1897, p. 311.
2. Lockert, Voitures électriques, p. 175.
3. P. et Y. Guédon, Manuel pratique du conducteur d'automobiles, p. 211.
4. Les résultats de ce concours sont consignés dans le § 329.
5. Ce tableau et la plupart des renseignements qui concernent ces voi-
tures, sont extraits de l'article de M. Hospitalier (Industrie électrique,
lOjuillet 1898).
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
573
Kriéger qui portaient des caoutchoucs pleins, étaient munies de
pneumatiques Michelin. Les moyeux des roues étaient en bronze,
TABLEAU I
ACCUMULATEURS FULMEN. TYPE B
ÉLÉMENTS
Longueur, en cm
Largeur, en cm
Hauteur d'encombrement, en cm . .
Poids total, en kg
Capacité en ampères -heure (dé-
charge en 5 heures)
Énergie en watts-heure (décharge en
5 heures)
NOMBRE DE PLAQUES
11
8
11
30
5,3
70
133
9,5
11
30
6,5
85
160
13
11
M
30
105
200
17
14,5
H
30
10
140
266
21
18
11
30
12,4
175
333
sauf ceux des voitures Jeantaud qui étaient en acier; les roule-
ments lisses, excepté ceux du coupé trois-quarts Jeanteaud, qui
étaient à billes ; les rais en bois, sauf ceux du même véhicule qui
étaient en acier. L'empattement était de 1 m. 70 pour les voitures
Kriéger, 1 m. 90 pour le coupé Jenatzy, i m. 90 à 2 m. pour
les voitures Jeantaud.
298. — Voitures Jeantaud. — Elles appartiennent à deux types
bien distincts : 1° à essieu d'arrière moteur (landaulet, cab) ;
2° à avant-train moteur directeur (coupé trois-quarts). Le drojki,
espèce de mylord à une seule place sur le siège d'avant, était
d'un type fort voisin du premier.
1° Type à essieu d'arrière-moteur. — Les accumulateurs
(2 groupes de 22 éléments à 1 5 plaques) sont logés dans les caissons
d'avant et d'arrière, sauf pour le cab(iig. 301), où ils sont placés
dans un coffre porté par l'essieu d'avant, faisant ainsi équilibre au
poids du conducteur. Le moteur, dont la puissance normale est
consignée sur le tableau II, en même temps que d'autres éléments
574 l'automobile sur route
relatifs aux diverses voitures du Concours, a son induit en tam-
1
(/ WÊkm
^SÊÊÊÊt
Hgp
Fio. 301. — Cab électrique Jeantaud.
bour, et son inducteur, à 2 pôles, porte deux enroulements, l'un
TABLEAU II
ÉLÉMENTS DES DIVERSES VOITCRES
ELEMENTS
Nombre de place*
Charge roues avant en kg
Charge roue* arrière en kj;
Poids à vide avec conducteur en k£
Charge utile en kg
Poid» en charge en kg •.
Nombre d'accumulateur»
Nombre de plaques (type B)
Poids d'un élément complet en ky..
Poids d'accumulateur* en kç
Rapport du poid* d'accumulateurs ru
poids total en charge, en p. 100.
Puissance de moteur en \vatt< ....
KRIÉGER
(Arant- train
moteur-dire«-tour. )
••
o.
s
ô
'*?
M
1
>
t *»
ce ~£
4»
4
i
4
8'0
850
876
496
470
510
1360
1310
1370
2S0
2*0
100
1640
1590
1770
44
41
j7
41
17
1 i
10,1
10,1
10.4
i:»h
458
458
27,9
28.8
25,8
3000
3000
3000
Coupé
2
810
866
1662
140
1800
44
21
12,8
56i
31,3
JEANTAUD
(A r. train (Roues
mol.-dir.) arrière motrice*.»
.3
5 o*
3
920
690
1590
210
1800
50
17
10,4
520
28,9
3500
o
m
-3
O
J3
a
J
2
2
2
770
610
4W
760
670
5 m
1520
1270
!6U
140
140
\¥)
1660
1410
IU«>
41
44
41
17
15
n
10,4
9,2
s
458
105
»
27,6. 28,7. 32, 3
1500 3000 !»«'
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
575
série, l'autre "shunt. Il commande par engrenages un arbre inter-
médiaire porteur du différentiel et qui, par chaînes Galle, actionne
les roues d'arrière. Le tableau III détaille les diverses fonctions
du combinateur.
TABLEAU III
COMBINATEUR DES VOITURES JEANTAUD A ESSIEU d' ARRIÈRE MOTEUR
POSITIONS
du
COMBIAATBX'ft
ROLES
ACCUMULATEURS
•
EXCITATION
SSHIE
EXCITATION
8HUST
INDUIT
RHÉOSTAT
— 1
Marche arrière.
En quantité.
En eircuit.
En circuit.
En circuit.
En circuit.
0
Arrét-freinage.
En tension ouverts.
En eircuit
et sur induit.
Hors circuit.
En circuit et inversé.
En circuit,
pour freinage.
1
Petite TÎtesee.
En quantité.
En circuit.
En circuit.
En circuit.
En circuit1.
2
Vitesse moyenne.
En tension.
En circuit,
shuntée
—
—
Hors circuit.
3
Vitesse accélérée.
_
—
—
sur deux résistances.
En circuit,
1 shuntée
4
Grande vitesse.
1
—
—
' sur une résistance.
1
Le conducteur a, indépendamment du combinateur, pour la
manœuvre du véhicule :
1° Un volant de direction horizontal agissant sur les roues de
l'essieu d'avant directeur (§191 à 193) ;
2° Un levier pour le frein à corde coupant le circuit et agissant
sur les roues arrière dans les deux sens ;
3° Une pédale commandant le rhéostat de démarrage ;
4° Une manivelle actionnant un frein à ruban, qui frotte contre
les bandages et ne doit servir qu'exceptionnellement.
2° Type à avant-train-moteur directeur . — Lesfîg. 181, 182, en
montrent la disposition, et nous en avons expliqué le mécanisme
à propos des transmissions (§ 187). Cinquante éléments B17.
1. Un bloquage mécanique ne permet pas au combinateur de passer de
la position 1 à la position 2 sans que Ton ait, au préalable, intercalé dans
le circuit la résistance de démarrage commandée par une pédale placée
sous le pied droit du conducteur.
576
L AUTOMOBILE SDR ROUTE
Moteurs à double enroulement, soumis à des couplages variés
pour obtenir 4 vitesses et l'arrêt, comme le montre le tableau IV.
La marche arrière s'obtient, à toutes les vitesses, par un inver-
seur spécial.
TABLEAU IV
COMBINATEUR DES VOITURES JEANTAUD A AVANT-TRAIN MOTEUR-DIRECTEUR
POSITIONS
du
COMBI1CATKUB
ROLES
BATTERIES
INDUCTEUR
SfolB
INDUCTEGft
BHUKT
INDUIT
FREINAGE
ÉLECTIUQCI
0
l
2
3
1
Arrêt.
Petite vitesse.
Moyenne vitesse.
Viteaite accélérée.
Grande vitesse.
En tension et
isolées.
En quantité.
En tension.
OuTert.
En circuit.
En court-circuit.
En circuit.
En court-circuit.
Ouvert.
En circuit .
En court-circuit.
En circuit.
Bouton mtUint
exeiutioa àm\
sur une battent
Néant.
Freiwee.
Néant
Freina^*.
299. — Voitures Kriéger. — Ce type est en somme, plus com-
Fio. 302. — Victoria électrique Kriéger transformable en coupé.
pliqué que le précédent. Le coupé, le vis-à-vis et le fiacre à gale-
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
577
rie ne diffèrent que par la caisse, dont la fig. 302 montre la pré-
cieuse interchangeabilité. Effectivement, le châssis supporté par
des roues en bois, en bois lui-même et acier, est droit et peut
recevoir, par l'intermédiaire de ressorts, une caisse quelconque.
Il supporte aussi, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière, deux cais-
sons recevant chacun une batterie, facilement visitable ou chan-
geante, sans qu'il soit nécessaire de faire ou de défaire aucune
connexion.
TABLEAU V
• COMBINATEUR DES VOITURES KRIÉGER
Cfi c
53
O 5
S s
r* a
ROLE
DBIX BATTIMES
EXCITATIONS
DEUX INDUITS
il
— 1
Marche arrière.
En dérivation.
Shunt et série.
En tension
et inversés.
oo !
Freinage
sans récupération.
Shunt.
En
court-circuit.
0
Arrêt.
En tension.
Ouvertes.
Ouverts.
1
Démarrage.
En dérivation.
Shunt et série.
En tension. ;
2
2° vitesse
—
Série.
_
3
3« —
En tension.
Shunt et série.
— î
4
4e —
—
Série.
—
5
5e —
—
Shunt et série.
En dérivation.
6
6« —
—
Série.
~~ 1
22 éléments B17, toujours couplés en tension, composent cha-
cune de ces batteries, et alimentent deux moteurs tétra polaires,
à «t bobines d'excitation, 2 en série à gros fil, 2 en dérivation à
fil fin, à induit en tambour faisant 2.000 à 2.G00 tours par minute.
Chacun est monté sur un pivot de l'essieu d'avant, qui est à la
fois moteur et directeur (§ 187), et attaque, par un pignon à
denture hélicoïdale la couronne montée sur la roue correspondante.
Le rapport de ces engrenages est de 4 à 17 ou même 18 ; c'est,
croyons-nous, le plus grand qui ait été employé (§ 173), et on
G. Latumuuc. — L'Automobile sur route. 37
578 l'automobile sur route
peut se demander s'il n'est pas pour le pignon la cause d une
fatigue excessive et d'une usure rapide.
Six vitesses, ainsi qu'on le voit sur le tableau V ; ajoutons qu'à
certaines vitesses les positions 4 et 3 produisent un freinage
relatif, que Ton peut d'ailleurs obtenir à toutes les autres, en
appuyant avec le pied sur un bouton qui assure l'excitation
shunt, et met l'excitation en court circuit.
Le conducteur dispose, sans compter le combinateur, d'un
volant de direction (remplacé dans les dernières voitures par un
guidon à poignées verticales), d'un frein à lame agissant sur les
roues d'arrière et actionné par une pédale, d'un bouton de récu-
pération commandé aussi au pied.
Dans les créations les plus récentes de M. Kriéger, le combina-
teur est réduit de dimensions et pourvu de deux positions nou-
velles ; les deux moteurs électriques sont horizontaux et suspen-
dus.
300. — Voiture Jenatzy de la Compagnie internationale des Transports
automobiles. — Elle est représentée par la fig. 303. 44 éléments
Bfl, dans deux coffres, à l'avant et à l'arrière de la caisse. Moteur
série à deux pôles, à induit en tambour, actionnant l'arbre diffé-
rentiel qui, par chaînes et pignons, conduit les roues d'arrière.
On peut faire varier la vitesse : 1° en groupant en quantité
(pour la petite vitesse) ou en tension (pour la grande) les deux
batteries ; 2° en intercalant dans le circuit des résistances variables ;
3° en interposant dans la transmission une paire d'engrenages,
réduisant les vitesses données par les dispositifs précédents dans
le rapport de 100 à 67. La combinaison de ces trois moyens donne
une gamme d'allures très variée. Pour simplifier le combinateur,
on ne lui demande ni freinage, ni récupération. Une manette sert
à intercaler le moteur dans le circuit, et à interposer les résis-
tances ; mue en sens inverse, elle donne la marche arrière aux
mêmes vitesses que la marche avant. La voiture est fort simple.
Le conducteur a devant lui le combinateur ; à sa gauche, le
levier du changement de vitesse mécanique ; à sa droite, le
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
579
levier de direction ; à ses pieds, la pédale du frein à lames monté
sur l'arbre différentiel ; une manivelle lui permet d'opérer le ser-
rage des sabots disposés sur les pneus d'arrière. M. Hospitalier
remarque que cette manivelle devrait, du même coup, interrompre
le courant, pour que le conducteur ne remette pas la voiture en
marche tant que les freins sont serrés.
Les voitures que nous venons de décrire sont les seules élec-
triques ayant pris part au Concours de fiacres de 4898. Nous
Trfet
Fio. 303. — Coupé électrique de la Compagnie internationale des Transports
automobiles (système Jenatzy).
allons maintenant décrire les autres accumobiles, qui ont par-
ticipé au Concours de 1899 ou qui ont figuré aux Expositions
des Tuileries en 1898 ou 1899.
Sans quitter les voitures de M. Jenatzy, nous avons à signa-
ler un fiacre et une voiture de livraison, qui présentent des dis-
positions nouvelles : il n'y a plus de changement de vitesse
mécanique, et le moteur unique a été remplacé par deux moteurs
attaquant chacun une des roues d'arrière par engrenages ;
chaînes et différentiel sont donc supprimés. Le combinateur
unique a été remplacé par un rhéostat à manette intercalé dans
580
L ALT0M0MLE SUR ROUTE
le circuit général, et trois boutons permettant de coupler en
tension ou en dérivation les deux moitiés de la batterie, les
deux inducteurs et les deux induits, suivant les combinaisons du
tableau VI.
Le levier de manœuvre du rhéostat comporte dix positions dif-
férentes.
TABLEAU VI
COMB1NATEUR DES VOITURES JENATZY A DEUX MOTEURS
8
en
en
W
H
>
1
2
3
4
5
6
ACCUMULATEURS
ENROULEMENTS
INDUCTEURS
DE CHAQUE MOTEUR
MOTEURS
SERIE
En dérivation.
En tension.
En série.
En dérivation.
En série.
En dérivation.
En série.
En dérivation.
En série.
En dérivation.
M. Hospitalier craint que, dans les cas difficiles, la manipula-
tion du rhéostat et des boutons ne donne lieu à des erreurs,
impossibles avec la manivelle d'un combinateur ordinaire.
Signalons enfin, à titre curieux, la voiture-torpille avec laquelle
M. Jenatzy s'est adjugé le record du kilomètre (§ 324). Elle a la
forme d'un obus à double pointe, monté sur 4 roues de 0,65 m.
de diamètre (fig. 304) : les deux d'arrière sont solidaires chacune
de l'induit d'un moteur. A la vitesse de près de 106 kilomètres
à l'heure, qui a été réalisée ' pendant une minute, les induits
tournaient à 900 tours par minute : eu égard à la puissance
dépensée au démarrage (50 kilowatts pour 200 volts et 250 am-
pères), il aurait été difficile de faire absorber cette puissance à un
moteur tournant plus vite sans compliquer la transmission et
sans diminuer le rendement.
vÉiur.iLEs Éi.i:crisi;ti:ns
584
582 l'automobile sur route
301. — Compagnie Française des Voitures électromobiles. —
44 accumulateurs Faure-King dans une caisse suspendue par
quatre ressorts à boudin au châssis, supporté lui-même, comme
toujours, par des ressorts : cette double suspension atténue
beaucoup les vibrations que la batterie doit supporter. Cette
caisse peut être changée en deux ou trois minutes, de sorte que
la voiture n'est pas immobilisée pendant le chargement des
accumulateurs.
Ceux-ci, toujours couplés en série, alimentent un moteur
Fig. 305.
Victoria électrique de la Compagnie française des Voitures électromobiles.
Lundell, à deux collecteurs, qui, sans Tintercalation d'aucune
résistance pendant la marche, permet de donner des vitesses
variant de 4 à 18 kilomètres à l'heure.
Transmission à l'arbre différentiel par engrenages avec pignon
en cuir, aux roues par chaînes Renolds (fig. 160), facilement
réglables par la simple manœuvre de deux vis, grâce au montage
du mécanisme sur le châssis.
Le tableau VII donne le fonctionnement du combinateur : en
poussant la manette plus ou moins vers l'avant, on obtient une
vitesse graduée; en la ramenant vers l'arrière, on obtient le
freinage, l'arrêt, la marche arrière.
La direction se fait par un avant-train à un seul pivot, mobile
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
583
à l'aide d'une couronne dentée sur laquelle agit un pignon porté
par un axe vertical (placé dans la colonne qu'on voit sur le siège),
actionné lui-même par une vis sans fin et un volant. L'effort
assez considérable, qui est nécessaire pour faire tourner l'avant-
train est ainsi facilement obtenu, mais moins vite qu'avec le
système ordinaire, et, la vis n'étant pas réversible, on peut
abandonner le volant, quand la route est en ligne droite.
TABLEAU VII
COMBINATEU R DE LA COMPAGNIE FRANÇAISE DE VOITURES ÉLECTROMOBILES
POSITIONS
ROLE
INDUCTEURS
INDUITS
RÉSISTANCE
ACCIMCLATTCM
— 3
Marche arrière.
En circuit.
En circuit inversé.
En circuit.
En circuit.
000
Second frein.
En circuit sur moteur.
—
Hors circuit.
Hors circuit.
00
Premier frein.
—
_
En circuit sur moteur.
—
0
Arrêt.
Circuit ouvert.
Circuit ouvert.
Hors circuit.
Ouverts.
1
Démarrage.
En tension.
En tension.
En circuit
En circuit.
2
Vilett e 5 km : U.
—
—
Hors circuit.
—
3
Vitewe 11 km :b.
— *
En dérivation.
-
—
4
Vitesse 14,5 km : h.
En dérivation.
—
—
—
Le châssis en acier porte fixé à demeure le siège du conduc-
teur, et reçoit une caisse interchangeable : coupé, victoria,
coffre de livraison si on veut. Le mécanisme moteur repose sur
un petit châssis articulé, porté par un arbre en acier et soutenu
par des ressorts à boudin. Indépendamment du frein électrique,
la voiture est munie d'un frein à lames et d'un autre à sabots '.
1. On ne nous dit pas les poids des accumulateurs et de la voiture ; nous
croyons qu'ils sont l'un et l'autre assez élevés, comme le rapport du pre-
mier au second. Nous savons seulement que lorsqu'on ne désire pas par-
courir plus de 50 ou 60 km. sans rechargement, les batteries employées
sont du type Planté, dont la Compagnie évalue le prix d'entretien à 1 fr.
par charge. Quand on veut pouvoir faire 70 ou 80 km., on emploie des bat-
teries à oxydes rapportés, dont le prix d'entretien atteint 3 à 4 fr. L'énergie
à fournir à la batterie est évaluée par les constructeurs à 300 w.-h. par
km., soit 2.8 A.-h. à H0 v., ce qui est l'équivalent de la consommation de
6 lampes (16 bougies) pendant une heure. Les frais de traction, comprenant
la fourniture d'énergie, le graissage, l'entretien des accumulateurs et de la
carrosserie, seraient de Ofr. 10 à 0 fr. 18 par km. suivant le type de batte-
rie employé et le prix de revient de l'hectowat.
584 l'automobile sur route
Cette voiture est, en somme, du système Bersey (§ 314), qui a
été adopté par une Compagnie de fiacres de Londres, et qui Ta
été aussi, pour une partie de ses véhicules, par la Compagnie
générale des Voitures à Paris.
302. — Compagnie générale des Voitures à Paris. — Elle figurait, en
effet, dans l'Exposition de cette Compagnie, en 1898, avec deux
autres voitures, à caisse interchangeable, comme elle.
La première était constituée par un châssis tubulaire, une
direction à levier et à essieu brisé, et un moteur agissant sur les
roues arrière par engrenages, les accumulateurs étant logés dans
deux caisses, disposées à l'avant et a l'arrière.
La seconde, analogue à la précédente comme ensemble, était
munie d'un guidon, à la fois directeur (par ses mouvements
autour d'un axe vertical) et combinateur (par ses déplacements
autour d'une horizontale). Le conducteur n'avait plus de la sorte
qu'un levier et une pédale à commander.
Les voitures jusqu'ici mises en circulation à Paris, d'abord
comme fiacres, ensuite comme voitures de remise, sont des lan-
daulets de la Compagnie Française des Voitures électromobiles,
à bandages de caoutchouc plein. Leur exploitation est pour la
Compagnie l'occasion d'études, qui se poursuivent encore, et
dont les résultats ne manqueront pas d'être intéressants.
C'est principalement sur les accumulateurs qu'ont jusqu'ici
porté les essais, notamment sur ceux de « VElectrical porter
storage », les types Dujardin, Blot-Fulmen, Julien, et sur les
accumulateurs de la Société pour le travail électrique des métaux.
Les deux premiers sont à oxydes rapportés ; le troisième a été
décrit par nous (§ 130 bis). Les batteries Julien sont du type
mono-bloc, qui tire son nom de la forme de leurs électrodes
positives : ces électrodes sont de véritables blocs, ayant les
dimensions des bacs dans lesquels ils sont enfermés, formés par
la superposition de feuilles gaufrées de 0,5 mm. d'épaisseur;
elles reçoivent la formation Planté et sont percées chacune de
15 cheminées verticales, qui servent de logement aux chandelles
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 585
des électrodes négatives, celles-ci au chlorure de plomb. Cette
forme particulière donne aux éléments une solidité exceptionnelle,
qui semble les désigner pour un service de traction : un élément
complet pèse 18 kg. ; sa capacité est de 135 ampères-heure au
régime de décharge de 35 ampères. Ils sont chargés à un régime
de 20 ampères au début, et de 15 à la (in, jusqu'à ce que le
voltage se soit élevé à 2,5 volts; leur résistance intérieure est
très faible.
Mais la presque totalité des voitures est équipée avec des
accumulateurs de la Société pour le travail électrique des métaux,
dont nous avons donné la description (§ 130). Les 44 éléments
pèsent 750 kg. pour un coupé, qui en ordre de marche, avec son
conducteur et ses quatre passagers, atteint le poids de 2.310 kg.
C'est à peu près le double de ce que pèserait une batterie d'ac-
cumulateurs Fulmen. Cette augmentation de poids n'empêche pas
l'ingénieur de la Compagnie Générale, M. de Clausonne, de
donner nettement la préférence pour la traction aux accumula-
teurs lourds sur les accumulateurs légers. Il fait remarquer que
le transport de 375 kg. de plus ne nécessite qu'une dépense
insignifiante, surtout quand le kilowat coûte seulement 10 cen-
times, comme c'est le cas pour la Compagnie. En revanche, si
on en croit l'expérience acquise avec les tramways élec-
triques :
1° L'entretien d un accumulateur lourd est beaucoup moins
onéreux que celui d'un accumulateur léger ! ;
2° Sa capacité diminue beaucoup moins vite que celle d'un
accumulateur léger, quand le régime de décharge est aussi variable
que celui d'un service de traction.
1. Alors qu'il faut compter pour les accumulateurs légers de 15 à 20 cent,
par tramway-kilomètre, on ne compte guère que 5 à 6 cent, avec les accu-
mulateurs lourds, comme ceux du système Tudor à formation Planté. Cela
provient de ce qu'un accumulateur léger ne peut supporter qu'un nombre
de charges réduit : tandis que le Fulmen ne tolère, d'après son construc-
teur, que 100 charges, et peut-être moins en service, l'accumulateur de la
Société Electrique des métaux, qui en avait déjà subi 150, à l'époque où
M. de Clausonne nous donnait ces renseignements, semblait devoir en sup-
porter encore beaucoup d'autres.
586 l'automobile sur route
Et on peut être certain que ces avantages ne feront que s'ac-
centuer avec les trépidations beaucoup plus dures que les voitures
sur routes infligeront à leurs batteries.
M. de Clausonne est partisan, pour les voitures lourdes, du
double moteur, qui permet de supprimer le différentiel, et de la
transmission du mouvement aux roues motrices par engrenages,
sans chaînes sujettes à s'allonger. Il estime que la récupération,
à laquelle on a renoncé pour les tramways, n'est pas davantage
de mise sur les voitures, où elle ne donnerait qu'un bénéfice
illusoire, au prix d'une complication qu'il faut éviter. Le freinage
électrique est, au contraire, excellent : il présente sur le freinage
mécanique l'avantage de donner sur les deux roues un serrage
plus égal, et par là d'atténuer le freingalage. La suspension
actuelle par demi-pincettes à l'avant et pincettes à l'arrière sera
avantageusement remplacée par une autre, pincettes à l'avant et
pincettes avec crosse et manettes à l'arrière. La direction par
avant-train à un seul pivot (§ 301) donne de très bons résultats;
la cheville-ouvrière des voitures actuelles demande seulement
à être un peu abaissée, pour donner à l'ensemble plus de solidité.
Les caoutchoucs pleins, dont la compagnie a presque exclusive-
ment garni les bandages de ses roues, ont donné lieu à des
décollages et à des ruptures de l'âme métallique fréquents;
comme leur prix est presque aussi élevé que celui des pneuma-
tiques, elle arrivera peut-être à donner la préférence à ces der-
niers.
La charge des batteries sur la voiture même, à laquelle on
commence à renoncer pour les voitures de maître (à cause des
projections de liquides corrosifs, des dégagements de gaz plus
ou moins explosibles), est impossible à admettre pour un fiacre.
L'usine d'Aubervilliers a été pourvue d'un outillage fort bien
conçu, pour assurer le rapide remplacement d'une batterie épui-
sée par une batterie fraîche : la voiture est amenée par deux
plans inclinés, l'un pour les roues d'avant, l'autre pour les roues
d'arrière à voie plus grande, à quelques centimètres au-dessus du
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 587
plateau d'un monte-charge hydraulique ; on amène sur ce pla-
teau un chariot, que le monte-charge soulève et applique contre
la batterie : les ressorts à boudin qui suspendent cette dernière
sont comprimés, et les chaînes peuvent être décrochées ; on fait
redescendre le plateau, et le chariot amène, par des voies ferrées
et des transbordeurs, la batterie à la place où elle doit être rechar-
gée. Une manœuvre inverse ramène à la voiture une batterie
fraîche *.
303. — Voitures Mildé-Mondos. — 40 éléments Bristol à oxydes
rapportés et boîtes en ébonite, pesant chacun 15 kg. (ce qui
donne au total 600 kg., soit le tiers du poids de la voiture en
charge), ayant une capacité spécifique de 8,8 ampères-heure. Ces
éléments, toujours groupés en série, donnent une force électro-
motrice utile à la décharge de 76 volts et une énergie disponible
de 10.000 watts-heure 2. Ils sont répartis en 4 bacs interchan-
geables, placés 2 à l'avant et 2 à l'arrière dans des coffres bou-
lonnés sur le châssis avec interposition de tampons de caout-
chouc.
Le moteur, construit par la maison Postel-Vinay, est constitué
par un inducteur fermé à 4 pôles et à 2 enroulements série et
par un induit à tambour; à \ .800 tours sa puissance normale est
de 2250 watts; il pèse 200 kg. avec son enveloppe.
Transmission par engrenages de l'arbre de l'induit à un arbre
intermédiaire, porteur du différentiel, qui actionne les roues
motrices par pignons et chaînes Galle. Le rapport de cette trans-
mission est de 1/22, donnant 15 km. à l'heure pour 1800 tours
du moteur.
4. Une description détaillée des voitures de la Compagnie générale et de
l'Usine de chargement du Pilier a paru dans les Annales du Cycle et de
l'Automobile. Noa du 13 mai 1899 et suivants.
2. La voiture peut donc fournir à la vitesse maximum de 15 km. à l'heure,
avec un coefficient de traction de 3 °/0 et un rendement de 72 % pour le
moteur et la transmission, un parcours de 50 km. pendant 3 h. 20, ou bien,
à la vitesse moyenne de 12 km., avec un coefficient de traction de 2.5 °/0
un parcours de 60 km. en 5 h.
588 l'automobile sur route
Le combinateur est essentiellement constitué par 2 paires de
secteurs concentriques placés verticalement sur une plaque en
marbre isolatrice portant des plots que Ton réunit par une double
manette qu'actionne un volant, dont l'aiguille indique sur un
cadran les différentes combinaisons. Le courant de la batterie
toujours en tension étant à potentiel constant et le moteur étant
excité en série, le couple moteur varie en raison inverse de la
vitesse angulaire de l'induit, que Ton fait varier en modifiant
l'excitation du champ inducteur. Au démarrage, qui exige un
couple moteur puissant, on ferme le circuit sur un premier plot
correspondant à un rhéostat en série avec le moteur. La lre
vitesse s'obtient par le couplage des 2 enroulements de l'induc-
teur en série, la 2e par le couplage en quantité, la 3e et la 4e par
deux shuntages successifs sur l'inducteur.
Pour obvier à une inattention du conducteur et éviter de brû-
ler le moteur, le freinage et la marche arrière ne peuvent se
produire que quand le combinateur a passé par la position d'arrêt.
Le freinage en descente s'obtient par la mise en court circuit du
moteur devenu générateur sur une résistance ; le freinage en
rampe, par la rupture du courant et l'action des 2 freins méca-
niques ; la marche arrière, par l'inversion du courant dans l'in-
duit.
Le châssis est formé de 2 solives en acier en U assemblées
par des traverses : il est suspendu au-dessus du train par 3 res-
sorts à angle droit à l'avant et 2 ressorts parallèles à l'arrière
avec interposition de tampons amortisseurs ; aussi les roues sont-
elles simplement munies de caoutchoucs pleins. Il supporte à
son tour, avec interposition de taquets en caoutchouc, les coffres
d'accumulateurs dont nous avons parlé, le siège du conducteur
et la caisse, d'ailleurs interchangeable (aux Tuileries, c'était celle
d'unmylord à 4 places).
Les essieux sont maintenus parallèles par des plaques de
garde ; celui d'avant est à deux pivots.
Les mêmes constructeurs ont exposé, en 1898, une voiture de
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 389
livraison pesant 2.800 kg. à vide, 3.500 kg. en charge, alimentée
par 30 éléments Faure-Sellon-Volkmar, d'une capacité spécifique
de 7.3 ampères-heure, pesant 33 kg. (soit au total 29 °/0 du
poids de la voiture), qui peuvent lui faire parcourir S0 km. en
5 heures.
Moteur de 4.400 watts, tournant à 1.600 tours, pesant 280 kg.
Transmission à l'arbre intermédiaire par engrenages (rapport
1/30) ; cet arbre actionne par une chaîne le différentiel monté sur
l'essieu moteur d'arrière. Le rendement du moteur et de la
transmission est de 75 °/0. Trois vitesses, la plus grande de
12 km. à l'heure.
En 1899, MM. Gh. Mildé et O0 ont pris part au Concours des
fiacres avec une voiture, dont le châssis est disposé pour recevoir
indifféremment une caisse de livraison avec couloir central pour
le service, pouvant transporter 600 kg. de marchandises avec un
conducteur et un livreur, soit 750 kg. au total, ou une caisse
d'omnibus à 6 places intérieures et 2 places sur le siège avec
galerie pour 180 kg. de bagages.
La batterie se compose de 44 éléments type Fulmen B25,
répartis en 4 boîtes de 10 éléments (placées sous les banquettes
et retirées par l'arrière) et un bac de 4 éléments au milieu. La
capacité annoncée est de 200 ampères-heure ; le régime normal
de la décharge étant de 34 ampères en palier en 6 heures à
13.2 km. à l'heure, le parcours est de 85 km. sur terrain plat.
Le moteur du type Postel-Vinay V4, à excitation en série, a une
puissance normale de 3.000 watts sous 83 volts ; il pèse 200 kg.
Le pignon de l'induit attaque la couronne du différentiel disposé
sur un arbre intermédiaire tournant dans 4 paliers ^ et portant les
deux pignons, qui actionnent, par des chaînes, les couronnes
dentées calées sur les roues motrices.
La voiture pèse à vide 2.310 kg. Les roues sont garnies de
caoutchoucs système Gompound. La dépense spécifique est d'en-
viron 75 watts-heure par tonne-kilomètre en palier, et de 92
watts-heure en terrain varié.
590
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
TABLEAU VIII
COMBINATEUR DE LA VOITURE DE LIVRAISON M1LDÉ ET CIe
NUMÉROS
DBS POSITION*
DU COMBIRATEUH
FONCTION
ACCUMULATEURS
DBCX HATTKJUE*
INDUIT
INDUCTEURS
RHÉOSTAT
PREMIER
SHUNT
DEUXIÈME
SHU2TT
— 3
Marche arrière.
En dérivation.
En circuit, inversé.
En circuit.
Hors circuit.
Sur inducteur.
Isolé.
— 1
—
—
—
—
• —
Isolé.
—
— 1
—
—
—
—
En circuit.
Isolé.
—
0
Arrêt.
En tension, isolés.
Isolé.
• Isolé.
Isolé.
Isolé.
—
+ 1
Première vitesse.
En dèrivatton.
En circuit.
En circuit.
En circuit.
Isolé.
—
+ 2
v --- 5
—
—
—
Isolé.
—
—
+ 3
0 ^= 10
—
—
—
—
—
—
+ 4
v — 13,2
En tension.
—
—
—
—
—
+ &
v -^ 18
—
—
—
—
Sur inducteur.
—
+ 6
v = 19,6
*
—
Sur inducteur.
303. — Voiturette Mildé-Greffe (fîg. 306). — Elle est munie
d'un avant-train moteur-directeur Greffe à une seule roue,
remorquant une caisse à deux places, et pèse 300 kg. à vide.
iS à 20 éléments Fulmen B„ permettent de parcourir sans
recharge une soixantaine de km. en palier, au régime normal de
18 à 20 ampères en 5 heures.
Ils alimentent un moteur-série à deux pôles, à induit en
anneau, dune puissance normale de 550 watts sous 30 volts aux
balais. Son arbre mène au moyen d'engrenages (dont le rapport
1/17.5 est calculé pour donner 115 tours de roue, soit 15 km. à
l'heure, avec 2000 tours du moteur) l'arbre sur lequel est calée
Tunique roue motrice du système. Cet arbre tourne dans des
coussinets à billes, fixés à la partie inférieure d'un cercle à profil
en T, qui porte le moteur et les accumulateurs. Tout cet ensemble
ne repose sur le sol que par le point où la roue prend contact
avec lui : sous l'action d'un guidon à 2 branches, semblable aux
brancards d'une brouette, il tourne autour de la verticale de ce
point, par la rotation du cercle métallique sur 8 galets à axes
verticaux, fixés à un cadre en tubes d acier prolongeant le chàs-
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 591
sis de la voiture. Ce châssis, qui est aussi en tubes d'acier, pèse
«te:
S5
14 kg. et est monté par 5 ressorts sur roues métalliques à rayons
tangents, billes et pneus.
Le combinateur, placé sous le siège, est manœuvré par le
592 l'automobile sur route
petit levier, qu'on voit sur la droite de la voiture, et qui, en se
déplaçant sur son secteur à 7 crans, donne la marche arrière à
2 vitesses, l'arrêt, et 4 vitesses avant (6, 10, 15, 19 km.), et cela,
en laissant toujours les accumulateurs couplés en tension et en
s'aidant de rhéostats.
Le conducteur a à sa disposition deux pédales, une pour cou-
per le circuit, l'autre qui le coupe aussi et met en branle un
• frein mécanique garni de poils de chameau et agissant sur deux
poulies calées sur les roues arrière *.
304. —Voitures Bouquet, Garcin et Schivre. — Nous en donnons
(fig. 307) une vue, bien qu'elle n'en montre guère le mécanisme,
mais parce qu'elle en fait voir la réelle élégance.
Accumulateurs à pastilles et oxydes rapportés, dont la qualité
ne peut résider que dans la fabrication; leurs constructeurs
revendiquent pour eux une capacité de 22 à 25 ampères-heure
par kg. de plaques, aux régimes de décharge de 3 à 4 ampères,
capables de faire parcourir sans rechargement 1 30 km. en palier,
25 en route accidentée, à une voiture du poids de 1.000 kg.,
dans lequel ils entrent pour 1/3. Répartis dans deux bacs en
ébonite placés sous les sièges. Le couplage des éléments reste
invariable.
Le moteur est à deux collecteurs et deux enroulements induits
bobinés sur le même noyau denté genre Paccinotti, dont les
nombres de spires inégaux sont dans le rapport de 5 à 3. Il a une
puissance normale de 4 à 5 chx, pour un poids assurément fort
minime de 40 kg. ; il tourne à 1.500 tours pour une vitesse de
marche de 20 km. : son rendement électrique est de 0,93, son
1. Nous ne décrirons comme représentant de la construction française
que cette seule voilurette. D'une façon générale la voiturette électrique
semble peu indiquée, à cause de la difficulté qu'elle offre au logement dos
accumulateurs et de son faible rayon d'action ; l'avant-train moteur-direc-
teur, portant batterie et moteur le paraissait moins encore. Nous ne
croyons pas la solution qu'il offre appelée à un grand avenir chez nous.
Peut-être à cause dos facilités du ravitaillement et pour des raisons que
nous développerons plus tard, la voiturette électrique aura une plus belle
carrière en Amérique, où raccumobile est déjà fort en honneur.
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
593
rendement industriel de 0,87 ; le rendement total, transmission
comprise, de 0.80.
Le combinateur intercale convenablement, suivant la vitesse à
obtenir, les bobinages inégaux et les résistances f.
L'expérience seule dira si ce système est préférable à l'emploi
de deux conduits égaux couplés en tension ou en dérivation. Le
•• 1
Fig. 307. — Voilure électrique Bouquet, Garcin et Schivre.
combinateur se compose de deux cylindres : un grand, calé sur
Taxe de l'appareil, qui donne les vitesses avant; un petit, fou
autour du même axe, qui permet de réaliser à toutes les vitesses
la marche arrière.
i. Pour le démarrage, les deux enroulements induits sont couplés en
tension avec l'excitation en série et des résistances de démarrage, le tout
pris en dérivation sur la batterie : le moteur démarre ainsi avec le maxi-
mum de force électro-motrice et le maximum de résistance. Dans ses
positions successives, le combinateur supprime d'abord graduellement les
résistances, il intercale ensuite l'enroulement 5 seul, puis l'enroulement
3 seul, et enfin, pour la grande vitesse, les enroulements 5 et 3 en opposi-
tion.
G. Latemhk. — L'Automobile sur route. 38
594 • l'altomobile slh bolte
304 bis. — Voiture Doré. — Coupé muni de l'avant-train moteur-
* directeur Bouyssou-Doré déjà décrit (§ 187).
Sa batterie comprend quarante-quatre éléments, bien dissi-
mulés sous le siège du cocher et dans les panneaux de la voi-
ture, et qui, couplés toujours en tension, alimentent un moteur
série à axe vertical, placé aux pieds du conducteur, au-dessus de
la cheville ouvrière. Ce moteur a sur son inducteur trois enrou-
lements montés en tension. Le combinateur y est remplacé par
trois manettes, servant rapidement à l'interruption du courant et
à l'introduction dans le circuit de résistances variables, à la mise
hors circuit d'un ou deux des trois enroulements de l'inducteur, à
l'inversion du courant dans l'induit. Deux freins mécaniques,
dont un frein Lehut, sur les moyeux d'arrière.
L'avant-train Bouyssou-Doré est actuellement construit par la
Compagnie Française des Voitures électromobiles, qui avait
exposé en 1899 des modèles très élégants.
305. — Voiture Patin. — La fig. 308 représente le phaéton, à
4 places, de joli aspect exposé en 1898. Les accumulateurs sont
d'un système particulier à l'inventeur, qui revendique pour eux
une puissance spécifique de 40 watts et une énergie spécifique de
400 watts-heure, la décharge s'efFectuant en 10 heures. Nous
avons admis pour l'accumulateur Fulmen S, 3 w. et 26 w.-h. ;
on voit l'écart, et nous ne nous portons pas garant de sa réalité.
49 kg. suffiraient à donner le cheval-heure. Le phaéton en porte
420 kg. bien dissimulés sous des banquettes.
Le moteur (fig. 143-144), dont quelques parties sont en alumi-
nium, pour qu'il soit plus léger, a 2 enroulements induits et 2 col-
lecteurs. Le combinateur permet d'obtenir différentes vitesses en
couplant ces enroulements en série ou en parallèle et en grou-
pant de diverses manières les accumulateurs. Un changement
mécanique que nous avons fait connaître (§ 187, fig. 185, 186)
double le nombre des vitesses .
M. Patin a exposé, en 1899, sept voitures différentes : il a
abandonné l'essieu à fusée creuse que nous avons décrit (fig. 185,
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
595
186). Il en emploie un autre forgé, cintré dans son milieu pour
le passage du différentiel et muni du nombre de semelles voulu
pour recevoir les paliers. Le moteur, à cheval sur cet essieu,
commande un train d'engrenages pour la réduction de vitesse.
Dans une voiturette, le différentiel a deux couronnes de diamètres
différents attaquées chacune par un pignon, avec lequel elle est
toujours en prise : une clavette rend fixe l'un ou l'autre de ces
Fio. 308. — Phaélon électrique Patin.
pignons. M. Patin compte beaucoup sur l'efficacité de ce chan-
gement de vitesse, qui est assez simple.
Nous nous contenterons de mentionner son tricycle voiturette
à roue d'avant motrice !.
305 bis. — Voiture G. Richard. — Ce véhicule, que son construc-
teur s'est attaché à faire d'un prix très abordable, ne pèse que
650 kg., dont 300 pour les 41 éléments Dujardin qui composent
sa batterie. Le moteur, de 2 kilowatts, avec induit à tambour,
2 pôles, un seul enroulement, pèse avec les transmissions 100 kg.
Par couplages variés des accumulateurs et des inducteurs, il
donne les 3 vitesses de 5, 12 et 20 kilomètres à l'heure. La voiture
1. Industrie électrique, 10 juillet 1899, p. 29fc.
596 l'automobile sur route
parcourt aisément sans se ravitailler 50 à 60 km. et jusqu'à 100
si Ton veut épuiser les accumulateurs. Ses roues sont en bois.
Le conducteur, qui siège à gauche, a sa main droite sur le volant
de direction, sa main gauche sur le combinateur, son pied droit
sur le frein du différentiel, son pied gauche sur l'interrupteur du
courant ; un frein à main serre sur des couronnes solidaires des
roues.
306. — Voiture H. Monnard. — Le trait saillant de cette voiture,
qui offre plusieurs particularités intéressantes, est d'avoir un
moteur à un seul inducteur et à deux induits (solidaires des deux
portions de l'essieu, de manière à rendre inutile le différentiel),
et à faible vitesse angulaire (600 tours ou même moins pour dimi-
nuer les pertes par transmission).
Les fig. 309 à 311 représentent le moteur et l'essieu. L'induc-
teur n'a pas de culasse, les enroulements c et d étant faits autour
des pièces polaires e et f; par suite de ce dispositif, le circuit
magnétique est fermé simultanément par les deux induits, qui
sont traversés par le même flux. S'il existait une culasse unique,
chaque armature ne serait traversée que par la moitié du flux, et
pour le même nombre d'ampères-tours, on aurait, pour une même
différence de potentiel, une vitesse angulaire deux fois plus
grande.
V et V sont les collecteurs placés intérieurement ; les balais
en charbon sont appuyés sur eux par les ressorts r, r\ r\ r".
Les induits, montés sur rouleaux, sont fous sur leurs arbres et
actionnent, par jleux paires d'engrenages, les fusées sur lesquelles
les roues sont calées. Si l'effort résistant augmente sur une jante,
l'induit correspondant ralentit sa marche, sa force contre électro-
motrice diminue : la différence de potentiel augmentant aux
bornes de l'autre induit, sa vitesse augmente aussi. On voit que
tout différentiel est inutile.
L'inducteur est à excitation séparée : quatre éléments lui sont
spécialement affectés. Les changements de vitesse sont obtenus
en couplant diversement les 4 groupes d'accumulateurs des induits
VÉHICULES ÉLECTRIQUE
597
et les 2 groupes d'accumulateurs de l'inducteur, de manière à
avoir six vitesses différentes.
3
S "5
S «
S §
L'excitation séparée permet le freinage par récupération aux
598 l'automobile sur route
faibles vitesses ; mais, si les accumulateurs des inducteurs sont
épuisés avant ceux des induits, cela doit mettre les moteurs dans
de mauvaises conditions de rendement.
Les accumulateurs, du type Vulcain, à formation Planté pour
les négatives comme pour les positives, pèsent 396 kg. soit la
moitié du poids de la voiture en ordre de marche. Celle-ci con-
somme 48 watts-heure par tonne-kilomètre ; son constructeur
affirme qu'elle peut parcourir 150 km. sans se ravitailler.
K e est munie d'un frein assez particulier qui se voit en F, F'
(fig. 311) : il se compose d'une série de petits sabots S, S' en
gaïac, enfilés sur un câblin en fil d'acier, et séparés les uns des
autres par des tubes en cuivre, de longueur sensiblement égale k
celle d'un sabot ; les deux sabots extrêmes sont réunis par un
ressort, qui normalement maintient le frein desserré. Mais dès
qu'une pédale et un levier appliquent le premier sabot sur la
gorge g fixée au moyeu, les autres sabots sont entraînés à la suite
et produisent le freinage.
Nous avons dit que les induits étaient montés sur rouleaux.
C'est pour éviter les coincements qui se produisent dans les rou-
lements à billes, où celles-ci ne se touchent que suivant un point.
Les rouleaux employés, en acier trempé, ont 140 mm. de long
sur 8 mm. de diamètre ; autour d'eux des rouleaux plus petits,
en acier dur, de 3,5 mm. de diamètre, les dépassent en longueur
et se terminent par des parties un peu plus larges, de 5,9 mm.
de diamètre, qui se déplacent dans un anneau, dont la circonfé-
rence est égale à leur développement ; de cette façon tout glisse-
ment est évité. Les rouleaux sont enfermés dans des chemises en
acier remplies d'huile, rendues étanches par du cuir. M. Monnard
estime que le coefficient de traction est ainsi réduit à 0,0093
(au lieu de 0,02).
306 bis. — Autocab Draullette (fig. 312). — Il est caractérisé par
sa forme assez particulière : Tavant en est formé par deux marches
et une plateforme, qui permettent l'accès de l'intérieur ; celui-ci,
fermé par une porte à deux battants, comporte un siège demi-
circulaire, qui peut recevoir 4 voyageurs.
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
5»»
44 éléments Fulmen B13, pesant 305 kg. pouf le poids total de
1.200 kg. de la voiture en charge, permettent un parcours de
Fio. 312. — Aulocab électrique Draullelte.
100 km. Ces accumulateurs, qui sont toujours couplés en ten-
sion *, sont placés sous la banquette sur le plancher de la caisse,
et dès lors suspendus.
1. Cette solution, qui a d'abord paru la meilleure semble contre-indiquée
par les résultats des concours de fiacres. Ceux-ci ont, en effet, montré
600
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Le moteur sérié est à 2 pôles, 2 enroulements inducteurs, 2 enrou-
lements induits, dont le groupage, combiné avec un rhéostat de
démarrage, donne 4 vitesses (la plus grande étant de 20 km. à
l'heure). Articulé autour de l 'arbre différentiel il est soutenu à
l'arrière par un ressort sur lequel il repose par l'intermédiaire
d7un rouleau : de la sorte il peut se mouvoir sans cesser d'engre-
ner, par son pignon de cuir, avec la couronne du différentiel. De
ce dernier le mouvement est transmis aux roues par un arbre et
deux pignons attaquant directement deux grandes couronnes à
denture intérieure, qui se trouvent boulonnées sur les rais. Le
rapport total de réduction est de 26.
TABLEAU IX
COMBINATEUR DE LA VOITURE AUTOCAB ÉLECTRIQUE
1
6
'. -t.
3
r.
U
o
H •
*i
<
H
Q
r.
en
O
0
û-
O
U
!
i
DEUX
ENROULEMENTS
INDUITS
DEUX
ENROULEMENTS
INDUCTEURS
SERIE
Marche arrière ] . . [ En tension.
( el inverses. )
I I
4 positions de freinage électrique progressif.
UN-
RHÉOSTAT
0
+ 1
+ 2
3
4
Arrêt (charge)
Marche avant i° v.
— 2e v.
— 3e v.
— 4° v.
Ouverts.
En tension.
En quantité.
Ouvert.
En tension
En quantité.
En circuit
Hors circuit,
En circuit.
Hors circuit,
Frein i 1 inducteur en tension avec deux induits et le rhéostat.
2 2
„ i i inducteur et 1 induit en tension et en court-circuit.
' \ i — — avec le rhéostat.
— 4 Comme frein 3, mais rhéostat en court-circuit.
qu'un accumulateur, fait pour donner normalement 25 ampères, peu», au
haut de sa charge, en débiter 50, 75. peut-être 150 sans inconvénients. Mais,
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 601
La voiture est aussi munie d'un frein mécanique, tel que, si on
appuie sur la pédale qui le commande, le combinateur est ramené
automatiquement au zéro, de manière à éviter les démarrages aux
grandes vitesses, qui pourraient causer des accidents, et, en tout
cas, porter préjudice au moteur et aux accumulateurs.
Le châssis est en fer à V garnis de bois. Les roues arrière ont
un très grand diamètre, 1 m. 30; les roues directrices seulement
0, 75 m. La voiture a un empattement de 1 m. 80 et vire dans
un rayon de 2 m. 50.
Tout le mécanisme est facilement visitable, en ouvrant les
portes de la caisse qui le contiennent à l'arrière.
307. — Cal) Vedovelli Priestley. — C'est une voiture fort originale
caractérisée surtout par son tablier qui permet de la transformer
de cab à deux places en vis-à-vis à 4 places, sa monture en tri-
cycle, la commande de ses roues motrices-directrices par deux
moteurs indépendants, un appareil de direction à différentiel, qui
lui permet de pivoter sur place, et l'adjonction facultative d'une
petite usine électrogène, qui lui permet de recharger ses accumu-
lateurs pendant la marche et à l'arrêt (fig. 313 à 317).
La roue d'avant simplement porteuse et seulement pour une
très faible partie du poids total, est, comme les roulettes des
meubles, mobile autour d'un axe vertical placé un peu en avant
de son axe horizontal : elle prend d'elle-même la direction de la
tangente à la trajectoire de la voiture. Comme en outre le centre
de gravité de celle-ci se trouve sous l'essieu, cette monture en tri-
cycle échappe aux deux reproches qu'on fait très justement aux
voitures à 3 roues ordinaires, de manquer d'adhérence à leur roue
directrice et de n'avoir qu'une stabilité réduite.
Chaque moteur, dont la fig. 314 indique la position, a son mou-
vement transmis à la roue de son côté par courroies et engre-
après 3 ou 4 heures de décharge, il ne peut plus le faire, et il arrive même
à se comporter comme une résistance, à absorber pour son compte jusqu'à
0,4 volt. M. Hospitalier croit qu'on sera, à cause de cela, conduit à préférer
le couplage des batteries en quantité.
602
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
nages. Les différentes vitesses sont obtenues en couplant les
Élération
Fig. 313 et 314. — Schéma du cab électrique Vedovelli-Priestley.
moteurs en série ou en quantité, avec ou sans résistance. Le
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
603
contrôleur, au lieu d'être cylindrique comme d'ordinaire, est plat,
les fig. 315 etJM6 en représentent le schéma.
• Sur l'arbre des grandes poulies des courroies se trouve le diffé-
rentiel de la direction, dont la fig. 317 donne le schéma, en sup-
posant, pour la simplicité du dessin, que les deux portions de
Plan.
Coupe.
Fig. 315 et 316. — Cab électrique Vedovelli-Priest ley (Contrôleur).
l'arbre portent directement les roues motrices. Le pignon C, com-
mandé par le volant de direction, engrène avec les roues dentées
B, ayant le même axe de rotation D que les pignons 2 ; ceux-ci
engrènent avec les pignons 1 (portés par des axes horizontaux
solidaires des roues B) eux-mêmes en prise avec les dentures
intérieures A solidaires des roues dentées.
604
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Quand le volant de direction est immobile et que les roues sont
actionnées par le moteur, il est facile de voir qu'elles sont forcées
de tourner à la même vitesse. Effectivement, le mouvement de
la roue de gauche se transmet par son pignon 2 au pignon cor-
respondant de droite, puisque les deux pignons sont calés sur le
même axe, et du pignon 2 par le pignon 1 à l'autre roue.
Fio. 317. — Cab électrique Vedovelli-Priestley.
Direction par différentiel.
Supposons maintenant que le volant de direction tourne d'abord
en l'absence de toute action des moteurs sur les roues de la voi-
ture : les roues B tournent en sens inverse l'une de l'autre et
entraînent en sens inverse autour de Taxe D les pignons 1 ; les
pignons 2 solidaires l'un de l'autre, et sollicités par des forces
égales et contraires, restent immobiles ; alors les pignons 1 roulent
sur les pignons 2, mais en sens inverses l'un de l'autre et trans-
mettent aux deux roues motrices des mouvements inverses, de
sorte que la voiture pivote sur place.
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 605
Supposons enfin que le volant de direction tourne, pendant
que les moteurs actionnent les roues : le mouvement que celles-ci
reçoivent des moteurs se compose avec celui que nous venons
de voir produit par la rotation du volant ; la marche de Tune est
accélérée pendant que celle de l'autre est retardée ; la voiture
tourne du côté de cette dernière. Au moment où le volant de direc-
tion s'arrêtera, la voiture repartira en ligne droite sans que le
conducteur ait à la fin du virage, à tourner le volant de direc-
tion dans le sens opposé à celui qui a produit le virage.
Deux freins agissant sur l'arbre du différentiel sont comman-
dés par le même levier que le contrôleur, de façon à ne pouvoir
serrer lorsque les moteurs sont en circuit. Cette disposition rend
impossible le démarrage en grande vitesse après avoir freiné. Un
second frein au pied coupe le courant, qui ne peut être rétabli
qu'en ramenant le contrôleur à la position d'arrêt. La marche
arrière s'obtient en inversant le courant, mais cette manœuvre ne
peut également se faire que si le contrôleur est à la position d'ar-
rêt. Toutes les précautions sont donc prises pour éviter une
manœuvre préjudiciable aux accumulateurs.
Ceux-ci fournissent normalement un parcours de 70 à 80 km.
On peut faire un trajet beaucoup plus long, même une excur-
sion de plusieurs jours, en installant sur la voiture l'usine de
charge portative dont nous avons parlé, un moteur à essence
attelé à une dynamo génératrice. Le poids en est de 140 kg. Elle
peut fournir du courant aux accumulateurs, aussi bien pendant
la marche de la voiture que pendant ses arrêts : la charge s'arrête
automatiquement lorsque les accumulateurs sont saturés. Un
ventilateur assure le refroidissement du moteur, qui pourrait,
paraît-il, marcher plusieurs jours sans arrêt, même sans surveil-
lance, grâce à un dispositif de graissage automatique '.
Nous arrivons maintenant aux voitures construites à l'étran-
i. Ainsi muni de son appareil électrogène, le cab Vedovelli-Prieslley
fonctionne d'une façon analogue à celle de la voiture pétroléo-électrique
Patton (g 315).
606 i/automobile sur route
ger, en commençant par celles d'Amérique : c'est dans ce pays
que l'automobile électrique est jusqu'ici le plus répandue.
308. — Véhicules américains. Tricycle de la B&nrow* Vèhicle G0. —
La roue d'avant y est motrice et directrice comme dans la voitu-
rette Mildé. Le châssis tubulaire se redresse autour d'elle de
manière à former un V renversé, entre les branches duquel se
trouve la roue, et entre lesquelles elle peut tourner sous l'action
deia barre de guidage. Cette roue porte une couronne dentée de
66 cm. de diamètre à l'intérieur de laquelle engrène un pignon
de 63 mm. porté par l'arbre du moteur. Celui-ci, du système
Riker, du poids de 50 kg., est fixé au châssis d'un côté de la roue ;
de l'autre côté, sont placés une partie des accumulateurs. Les
autres sont disposés sous le siège ; il y en a au total 21 pesant
180 kg. Le poids de la voiturette est de 300 kg. non compris
celui des deux voyageurs. Elle peut parcourir 32 km. à bonne
vitesse.
309. — Voitures Morris et Salom. — Le premier électrobat de ces
constructeurs, un grand dog-cart à 6 places, monté sur roues en
bois et jantes en fer, avec roulements à billes, est la première
voiture électrique qui ait circulé en Amérique (31 août 1894). On
trouve dans les Voitures électriques de M. Lockert (p. 203 et sui-
vantes) des détails sur les modèles successifs de MM. Morris et
Salom.
On peut en définir le type ainsi qu'il suit : l'essieu d'avant est
moteur ; les deux machines électriques engrènent directement
avec les roues ; les accumulateurs sont ordinairement placés
sous le siège du conducteur ; les roues arrière sont directrices et
permettent, paraît-il, les virages sous des rayons relativement
très faibles. Les deux essieux supportent un châssis, qui reçoit
lui-mêmeT à l'arrière du siège du conducteur telle caisse qu'on le
veut, voire celle d'une voiture de livraison.
L'électrobat n° 2, qui a gagné la course de Chicago (§ 319),
était actionné par deux moteurs Lundell de 1100 watts chacun,
alimentés par 48 accumulateurs de Y Electric Slorage Battery C°,
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 607
emmagasinant sous un poids d'environ 285 kg. 4 kilowatts-heure.
La vitesse maxima sur bonne route en palier (avec roues en bois
munies de pneus) était de 32 km. par heure ; Je parcours moyen
était de 45 km. sans rechargement.
Les brevets Morris et Salom sont actuellement exploités par
YElectric Vehicle C°, qui a succédé à YElectric Carriage and
Wagon C° : cette compagnie possède les fiacres électriques de
New-York, en forme de hansom-cab et de coupé. Chacune de ces
voitures est munie de 48 éléments au chlorure, pesant avec leur
cuve 650 kg. Les moteurs, à 4 pôles, font 700 tours par minute
et développent une puissance de 2 chx- vapeur, suffisante, paraît-
il, pour donner à la voiture une vitesse de 19 km. 30 sur bonne
route en palier. Le combinateur donne 3 vitesses, soit en avant,
soit en arrière, par l'accouplement variable des deux groupes
d'éléments de la batterie. Celle-ci peut être chargée sans quitter
la voiture ; mais, à la station de chargement, qui a été récem-
ment installée, une batterie épuisée est remplacée par une autre 1.
310. — Voiture Sturges. — La Sturges electric Motocycle C° de
Chicago avait engagé au Concours du Times Herald (§ 319) une
voiture actionnée par un moteur Lundell, recevant le courant
d'une batterie de 36 éléments pouvant débiter normalement
30 ampères. Les roues d'arrière étaient motrices ; celles d'avant
directrices. Cette voiture à roues en bois munies de bandages
en caoutchouc, pesait 1600 kg. en ordre de marche.
311. —Voitures Riker. — Lune d'elles a obtenu le lPr prix de
la course sur piste de Providence (Rhode-Island) (7 septembre
1896). Elle affectait la forme d'un dog-cart à quatre places, dont
chaque roue d'arrière était attaquée par un moteur de 2. 200
kilowatts, recevant le courant de 32 éléments au chlorure de
plomb, dune capacité normale de 100 ampères-heure, pesant
365 kg., soit à peu près la moitié du poids de la voiture.
Dans un type plus récent, M. Riker a employé des accumula-
\. Génie civil, t. XXXIV, p. 84.
608
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
teurs plomb-zinc, dont chaque élément comprenait 6 plaques
positives en plomb et 7 négatives en cuivre recouvert électroly-
tiquement de zinc. 36 de ces éléments avaient une tension de
83,8 volts, et pesaient 345 kg., avec leurs récipients en ébonite,
pour une voiture de 825 kg., à laquelle ils pouvaient faire par-
courir 68 à 80 km. à la vitesse de 19,3 km. à l'heure. Pour une
décharge en i 0 heures, leur énergie spécifique était évaluée à
36, 4 watts-heure ; pour la décharge en 4 heures, elle n'était
Fig. 318. — Châssis de la voiture électrique Riker.
plus que de 29,15 w.-h. Cet essai d'accumulateur au zinc est
intéressant, nous ne croyons pas qu'il ait donné des résultats
fort encourageants, car M. Riker semble y avoir renoncé, comme
il a renoncé, pour les voitures légères, aux deux moteurs, qui,
à puissance égale, coûtaient plus cher, pesaient davantage et ren-
daient moins qu'un seul.
Ce moteur unique qu'on a pu voir sur les voitures Riker expo-
sées aux Tuileries en 1899 par la Société l'Automobile, est arti-
culé par deux colliers sur le tube-enveloppe de l'essieu et sus-
pendu à la caisse par une tige avec deux ressorts, comme les
moteurs de tramways : ces ressorts forment butée élastique à la
réaction du moteur pour adoucir les démarrages (fig. 318). L'arbre
de l'induit attaque par un pignon une roue dentée montée sur
l'essieu en même temps que la poulie d'un frein à lame, serrant
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
609
vers l'arrière comme vers lavant, et commandé par une pédale ;
frein et engrenages sont enfermés dans un carter, qui occupe le
milieu de l'essieu d'arrière. Celui-ci n'est pas interrompu et son
milieu, qui est, au contraire, renforcé, est protégé par le tube
carter qui l'enveloppe. Le différentiel est logé dans le moyeu
d'une roue.
Les accumulateurs alimentant ce moteur peuvent être d'un
système quelconque ; en France, on emploie des éléments Ful-
men, pesant 450 gr. pour une voiture d'environ 900 kg. Le
Fig. 319. — Coupe du moyeu des roues d'avant d'une voiture Riker.
moteur est bipolaire, à deux induits, enroulement en tambour;
il est complètement enveloppé : des portes permettent la visite
facile du collecteur et des balais. Le groupement des accumula-
teurs et des inducteurs permet d'obtenir 4 vitesses, 6, 12, 18 et
25 kilom. à l'heure. La marche arrière s'obtient, aux deux pre-
mières vitesses, en renversant le sens du courant dans le moteur.
Lorsqu'on actionne le frein mécanique, un interrupteur coupe
automatiquement le courant et ne permet son rétablissement
que si le levier du combinateur a été préalablement ramené à
zéro: on ne peut donc démarrer aux grandes vitesses.
Le châssis, en tubes d'acier étiré, a ses petits côtés formés par
l'essieu d'avant et par le tube creux, qui entoure l'essieu d'ar-
rière : l'un des grands côtés est articulé autour de l'essieu d'avant,
et les deux peuvent tourner autour de celui d'arrière. Il en résulte
G. Làvkhone. — L'Automobile suv route. 30
610 l'automobile SUR route
une très grande souplesse, les roues s'appliquant toujours sur le
sol, pendant que les essieux restent constamment dans des plans
verticaux parallèles.
Les roues sont à billes, à rayons tangents, avec pneus single-
tube, du système Hartford. Celles d'avant, qui sont directrices,
pivotent sur place ; à cet effet Taxe de rotation, au lieu d être,
comme d'habitude, en dehors de la roue, lui est intérieur et
rencontre le sol au point où ce dernier est en contact avec
elle ; le pivot est monté sur pointes, à l'intérieur d'un tambour,
autour duquel tourne le moyeu avec roulements à billes (fig. 319).
312. — Voitures. Columbia. — Elles sont construites par la Pope
manufacturing C° de Hartford (Gonnecticut), qui, il y a 3 ans,
abandonna la fabrication des cycles pour se consacrer à celle des
automobiles. Aussi ne doit-on pas être surpris d'y retrouver le
mode de constitution des vélocipèdes : roues à pointes d'acier, à
rayons tangents, de 90 cm. de diamètre à l'arrière, 80 à l'avant,
avec pneus de 75 mm. ; roulements à billes pour la voiture, le
moteur, la transmission, la direction (celle-ci est à levier, non
réversible) : châssis tubulaire en acier au nickel (celui-là même,
paraît-il, dont le gouvernement américain se sert pour la fabrica-
tion de ses plaques de blindage). Les tubes sont de diamètre assez
grand pour être employés recuits. Ceux des côtés et de l'avant
du châssis sont doubles, assemblés rigidement et brasés en divers
points: le tube inférieur d'avant supporte un pivot horizontal,
autour duquel l'essieu directeur peut osciller librement dans un
plan vertical. L'arrière du châssis est formé par un seul tube, qui
sert de pont pour supporter le moteur et l'essieu.
Les accumulateurs sont peut-être ce qu'il y a de moins étudié
dans l'ensemble. Les plaques positives sont de la formation
Planté, les négatives à oxyde rapporté. Ils ont une capacité de
70 ampères-heure, au régime de décharge moyenne de 25
ampères, avec un poids de 160 kg., capable d'assurer un parcours
d'environ 50 km. en bonne route. Les constructeurs recon-
naissent que leur rendement est médiocre, mais assurent qu'ils
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 611
se rattrapent par leur durée. Nous croyons pourtant qu'ils les
ont abandonnés.
Le moteur, du système Eddy, à carcasse tétrapolaire en fer
forgé, à induit Gramme, pèse 57 kg., et donne, à 1.000 tours par
minute, sous 75 volts, un peu moins de 2 chx. : mais il peut
fournir le double, pendant une demi-heure, sans danger pour
lui. Son rendement est évalué à 80°/o; celui de la transmission
à 0.90, le rendement final à 0. 72.
Les vitesses (5 à 20 km.) s'obtiennent en couplant de façons
diverses les batteries d'accumulateurs et les inducteurs des
moteurs.
Toutes les connexions mobiles ont des trous d'un certain dia-
mètre pour les positives, d'un autre pour les négatives, afin que
toute erreur soit impossible. Une lampe électrique fixée à l'extré-
mité d'un long câble souple permet de visiter commodément les
organes de la voiture pendant les marches de nuit. Tous ces
petits détails et d'autres encore complètent fort heureusement
un ensemble très soigné, qui constitue, paraît-il, ce qu'il y a
de mieux comme construction automobile en Amérique. Il est
pourtant permis de trouver excessifs les prix que la Compagnie
demandait de ses voitures, 20.000 et 25.000 fr. pour celles
qu'elle avait exposées aux Tuileries en juin 1.898. Elle fabrique
3 types, qui diffèrent par le moteur et la transmission aux roues.
Le phaéton à deux places (fig. 320, 321) est muni d'un seul
moteur de moins de 2 chx (il est permis de trouver que c'est
peu pour une voiture qui, avec ses deux passagers, ne pèse pas
moins de 1.000 kg), monté sur un arbre creux concentrique à
l'essieu d'arrière. Il commande celui-ci par l'intermédiaire de
deux paires d'engrenages réducteurs, dont la dernière roue n'est
autre que la couronne dentée du différentiel. Tout cela forme un
ensemble très compact, n'enlevant pas à la voiture son bel
aspect de carrosserie. Le moteur est alimenté par 4 batteries. 11
donne 3 vitesses par le groupement de ces 3 batteries de manières
différentes, les inducteurs restant en série avec l'induit. A la
612
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
vitesse de 19 km. 6, la consommation est de 73 watts-heure par
tonne-kilométrique. La suspension de la caisse au-dessus du
châssis se fait par trois ressorts demi-pincettes disposés trans-
versalement.
La voiture à quatre places face à la marche est équipée avec
deux moteurs, commandant chacun par un pignon une couronne
Fio. 320. — Phacton électrique Columbia.
Ensemble.
dentée, enfermée dans un cartçr et montée sur la roue motrice
de son côté. Quand les deux moteurs sont reliés en série, ils
développent le même effort, et, tant que les deux roues tournent
à la même vitesse, ils marchent au même, voltage; dans une
courbe, la roue intérieure ralentissant son allure, le voltage du
moteur correspondant diminue, et la différence se reporte sur
l'autre moteur, d'où résulte l'accroissement de vitesse nécessaire
à la roue extérieure. Cette disposition ne semble pas avoir donné
ce qu'on en attendait.
Aussi la voiture à 4 places dos à dos n'a-t-elle reçu qu'un
seul moteur, disposé comme celui du phaéton à 2 places. Cette
VÉHICULES ÉLECTRIQl'ES
613
3
zr
=3'E
614
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
voiture, du poids de 1.300 kg. avec ses 4 voyageurs, consomme
en palier 35 ampères. Les accumulateurs sont divisés en 6
groupes de 7 éléments. Elle est dotée de 4 vitesses avant et de
3 vitesses arrière.
Les voitures Columbia sont munies d'un frein à couronne assez
particulier; la figure 322 le représente, la roue enlevée et déplacée
vers la droite : une couronne en bronze, fixée au châssis, entoure
le tambour denté du différentiel, ne laissant que le passage du
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Fig. 322. — Frein à couronne des voitures Columbia.
pignon engrenant avec ce tambour. Le différentiel porte une pou-
lie et sur cette poulie vient s'appliquer une bande d'acier fendue,
grâce à un jeu de leviers qui provoque un serrage proportionnel à
la pression exercée sur la pédale de commande. Cette pédale
commence par couper le circuit et peut être accrochée au point
convenable, quand le serrage doit se prolonger.
La commande de la voiture se fait par 4 organes : le levier de
direction actionné par la main droite ; le combinateur actionné
par la main gauche ; le frein mécanique actionné par le pied
droit, et une talonnette de marche arrière que commande le pied
gauclie.
Le combinateur est fort simple, mais ne permet ni récupéra-
tion ni freinage électrique, et, si Ton a arrêté la voiture en frei-
VÉHICULES ÉLECTRIQUES 615
nant mécaniquement sans ramener le combinateur à l'arrêt, on
est exposé à repartir en 3e vitesse.
La Société Y Électromotion avait exposé, en 1899, une très
jolie variété de voitures Columbia à un et deux moteurs, toutes
équipées avec des accumulateurs Phénix.
311 bis. — Voitures Cleveland. — Elles sont construites par la
Cleveland Machine Screw C°, sur les plans de M. Sperry ; mais
nous n'avons pu avoir sur elles, à l'Exposition de 1899, où
elles figuraient, de renseignements circonstanciés.
Les accumulateurs, d'un système inconnu de nous, et pesant
375 kg. pour une voiture de 90.0 kg., alimentent un moteur bipo-
laire série, ne donnant que 2 chevaux sous 86 volts, à 1.800
tours par minute, mais pouvant supporter une surcharge de
150 °/0. Il est attaché au milieu de l'essieu d'arrière par 2 cous-
sinets à billes situés de part et d'autre du différentiel, et relié au
châssis par une suspension élastique. Il est entouré d'un carter
en aluminium, et transmet son mouvement au différentiel par un
système d'engrenages à double réduction. Trois vitesses diffé-
rentes (4, 8, 16 km. à l'heure) s'obtiennent par des couplages
variés des accumulateurs. Un accélérateur agit en diminuant
l'excitation par shuntage des inducteurs ; en réglant le shunt on
obtient une grande vitesse variable, qui peut aller jusqu'à 32
kilomètres à l'heure. Il y a aussi un changement de vitesse
mécanique.
La voiture est munie de trois freins : électrique, mécanique
et à sabots.
La direction s'obtient par barre franche : les douilles des
pivots des roues directrices sont inclinées de manière que leurs
prolongements coupent le sol aux points où les roues prennent
contact avec lui.
Le châssis est formé par deux tringles tubulaires reliant les
essieux ; il est renforcé par des tiges joignant deux points de
l'essieu à deux points des longerons.
La caisse repose, à l'avant, sur le milieu d'un ressort trans-
616
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
versai, par un axe horizontal permettant à l'essieu d'osciller dans
un plan vertical; à l'arrière, sur 2 ressorts longitudinaux à pin-
cettes.
Les organes de commande sont fort simples : la barre de direc-
tion manœuvre aussi le combinateur, et sert de levier d'arrêt et
de levier de frein ; une pédale permet d'actionner le frein et un
bouton de faire agir l'accélérateur.
313. — Voiture Êlieson. — Nous arrivons avec elle aux voitures
anglaises (fîg. 323-326). Elle est munie d'accumulateurs Lamina
Fig. 323. — Voiture électrique Élieson.
Élévation du châssis.
(§ 126), d'un moteur à double armature, avec enroulement en
série. Les changements de vitesse s'obtiennent en couplant diver-
sement les accumulateurs et les enroulements de l'induit.
Les parties caractéristiques en sont le châssis et la transmis-
sion.
Le premier est constitué par des tubes soudés d'acier Mannes-
mann ; le moteur repose sur une traverse en bois suspendre au
châssis, par des clavettes, entre les deux essieux ; son arbre
porte k ses extrémités 2 pignons de bronze à canon.
Sur ces pignons engrènent des chaînes, qui les relient aux
couronnes solidaires des roues. Ces chaînes portent, tous les trois
maillons, une clavette : les clavettes reposent sur deux bandes
de cuir, recouvrant les couronnes des roues, et c'est l'adhérence
entre elles et le cuir qui provoque l'entraînement du véhicule.
Cet entraînement n'est pas, on le comprend, exclusif d'un cer-
tain glissement entre les deux pièces, et on peut de la sorte se
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
617
dispenser de différentiel. Il faudra voir ce que donne ce système
dans la pratique.
L avant-train est formé par un essieu plus court que celui
d'arrière, porteur de deux roues basses, qui peuvent tourner sous
le châssis, autour d'une cheville-ouvrière.
Fig. 324. — Voiture électrique Élieson.
Plan du châssis.
Tout cet ensemble est fort simple, mais aussi fort laid. Que
la caisse interchangeable soit celle d'un coupé, d'un mylord ou
une autre, la voiture reste exclusive de toute esthétique. En
Coupe. Plan .
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J.
i ni ni i il in i
il
il
Fig. 325 et 326. — Transmission à chaîne Elieson.
somme, c'est un véhicule d'essai intéressant, mais qui n'est pas
au point.
3U — Voitures Bersey. — C'est le type adopté par la « Gréa t
Horseless Carriage C° » , pour les fiacres de Londres. Le même
type, a été aussi adopté par la Compagnie Française des Voitures
électromobiles, et décrit (§ 301). Disons seulement qu'à la fin
de 1897 les fiacres de Londres étaient équipés avec 40 éléments
618 l'automobile sm itorra
E. P. S du type spécial pour traction à électrodes Faure-King,
ayant un poids total de 600 kg. et une capacité de 170 ampères-
heure pour une intensité de décharge de 30 ampères. Le moteur
était du type Jobnson-Lundell de 3 chevaux. Depuis cette
époque, la Cie a suspendu son exploitation pour deux causes qui
n'ont rien de technique : les conducteurs quelle formait lui
étaient enlevés par les propriétaires des voitures électriques de
luxe, et le kilowatt lui était vendu 0 fr. 30 (à Aubervilliers, la
Compagnie Générale des Voitures de Paris le fabrique moyen-
nant 0 fr. 10). Cette suspension n'est d'ailleurs que provisoire.
314 bis. — Voitures de lAllgemeinen Ommbui GeieUschaft (de Berlin).
— C'est un omnibus à 20 places assises et 6 debout, pesant au
total 6.650 kg. 24 bacs à 5 éléments entrent dans ce poids pour
1.700 kg. Le démarrage se fait à 50 ampères sous 225 volts; en
vitesse (6 à 12 km. à l'heure) l'intensité du courant varie de
35 à 40 ampères. L'omnibus peut effectuer 60 km. sans rechar-
gement.
M. H. Scbeele, carrossier à Cologne, a aussi construit trois
voitures électriques *.
Voiture de M. Lohnex (de Vienne). — C'est un coupé, muni de
42 éléments Vûste et Rupprecht, pesant 480 kg. pour une capa-
cité d'environ 95 à 100 ampères-heure. Ils sont supportés par
les roues d'avant (qui sont motrices), car ils sont logés sous le
siège du conducteur et devant ce siège.
Le moteur, de la maison Egger, est suspendu d'un côté à
l'essieu de devant, de l'autre à de longs ressorts en spirale, qui
le laissent osciller. Il fait corps avec le différentiel, dont l'arbre
le traverse pour transmettre le mouvemeut aux roues par àes
engrenages intérieurs et des pignons, le démultipliant dans le
rapport de 6 à 1. Le combina teur permet 8 positions pour
vitesses en avant jusqu'à 16 km. à l'heure, 1 pour la marche
arrière, 2 pour le freinage, La direction se fait par les roues
d'arrière, d'après le système Morris et Salom.
1. Locomotion automobile, 25 mai 1899, p. 330.
CHAPITRE IV
VÉHICULES PÉTR0LÉ0-ÉLECTR1QUES
315. — Raison d'être de ce système. Voiture Patton. — Le plus gros
inconvénient du moteur à pétrole est, nous l'avons vu (§ 144), son
manque d'élasticité. Pour le rendre, malgré ce défaut, capable de
faire face aux travaux maxima qu'il doit accomplir (démarrage
de la voiture, ascension des côtes) on est forcé de lui donner un
excès de puissance, qui est sans emploi dans les conditions nor-
males du parcours, et qui devient la cause d'une mauvaise uti-
lisation de l'essence consommée. Pour le rendre capable d'assu-
rer à la voiture des vitesses variables, on est forcé de lui
adjoindre un jeu compliqué d'engrenages ou de poulies et de
courroies, qui devient la cause d'une perte notable dans le tra-
vail transmis. En revanche, le moteur à pétrole permet d'empor-
ter sur la voiture une grande quantité d'énergie, dont le renou-
vellement en cours de route est d'ailleurs très facile.
Nous savons, au contraire (§ 145), que le moteur électrique
est doué d'une élasticité remarquable, qui, en lui permettant de
mettre à chaque instant en œuvre la quantité d'énergie nécessaire
et de se passer d'organes mécaniques de changement de vitesse,
assure une très bonne utilisation du fluide, mais qu'il est astreint
à des ravitaillements fréquents de ce dernier.
Cette opposition de caractères devait tout naturellement donner
l'idée d'associer dans une automobile les services des deux
moteurs, afin de parer aux inconvénients de l'un par les avan-
tages de l'autre.
Elle a été appliquée, pour la première fois, croyons-nous, en
620 l'automobile sur route
1898, à Chicago, par M. W. H. Patton, qui, profitant de l'expé-
rience acquise de cette association du pétrole et de l'électricité
dans la construction de tramways 1 a construit une voiture *, dans
laquelle l'énergie était fournie par un moteur à gazoline, transfor-
mée en électricité par une dynamo génératrice, emmagasinée dans
une batterie d'accumulateurs, et consommée par une dynamo
réceptrice, qui finalement actionnait le véhicule.
Il est impossible de méconnaître la complication d'un pareil
système, qui nécessite trois machines, dont une au moins, le
moteur électrique, doit avoir la puissance requise par l'effort de
traction maximum que la voiture a à développer. Et il est probable
que si le système pétroléo-électrique n'avait pu revêtir une
forme moins complexe, il n'aurait pas eu la moindre chance de
se développer.
Mais, dès 1897, M. H. J. Dowsing a fait breveter une combi-
naison beaucoup plus simple : « une dynamo à courant continu
est fixée sur la voiture et est entraînée par le moteur à pétrole,
en sorte que le surplus de la puissance fournie par ce dernier, en
marche, est utilisé par la dynamo, dont le courant charge des
accumulateurs. Les connexions entre la dynamo et la batterie sont
telles que quand la vitesse tombe au-dessous de la normale, la
tension du courant baissant, la dynamo devient un moteur dont
le mouvement est transmis par courroies à l'essieu ; elle sert éga-
lement à la mise en marche du moteur à pétrole 3 ». Ce système
supprime la nécessité d'une dynamo, sur les deux "employées par
1. Ces tramways, dont l'origine remonte à 1890, étaient munis d'un
moteur à gaz actionnant une dynamo génératrice, fournissant le courant à
deux moteurs électriques, qui faisaient tourner les roues. C'était, on le^voit,
une disposition analogue h celle que M. Heilmann a appliquée aux deux
locomotives électriques qu'il a construites pour la Cic de l'Ouest, avec celte
différence que la force première est fournie à ces dernières par une machiné
à vapeur et non par un moteur à gaz. M. Patton a été conduit, pour assurer
la marche de ses tramways, à interposer, entre la génératrice et les récep-
trices, une.batterie d'accumulateurs formant réservoir d'énergie.
2. D'après lé Western Eleclrician, du 15 avril 1899:
3. Industries and Irçn du 11 juin 1897, p. 505.
VÉHICULES PÉTROLÉO-ÉLECTRIQUES
621
M. Patton ; le moteur et les accumulateurs étant destinés seule-
ment à utiliser ou à emmagasiner une partie de la puissance du
moteur peuvent être allégés ; il y a aussi à ce système d'autres
avantages que nous mettrons mieux en lumière, quand nous
aurons montré comment il a été réalisé, dans de très bonnes con-
ditions pratiques, par les Etablissements Pieper, de Liège, sur la
voiture qu'ils avaient exposée aux Tuileries en 1899 (fig. 327 à
329).
315 bis. — Voiture Pieper. — Le moteur à pétrole, de la puissance
de 2.S00 watts, environ 3 1/2 chx., alimenté par un carburateur
Fio. 327. — Voiture pctrolco-clectriquc Pieper.
Châssis et mécanisme moteur tus de côté.
à barbotage et à niveau constant, n'a qu'un cylindre, dont le corps
est muni d'ailettes pour être rafraîchies par lair, et dont la
culasse et les boîtes à soupapes sont refroidies par un courant
d'eau, dans le circuit duquel on a disposé un radiateur. Ce
moteur, à allumage électrique, et dont les gaz d'échappement
traversent le potN, est placé verticalement à lavant de la voiture
eh A.
Son arbre J, parallèle à Taxe de cette dernière, porte en K un
accouplement flexible, et, un peu plus loin> enfermé' dans le
622
L AUTOMOBILE SDR ROUTE
carter E, une dynamo de 1.800 watts, environ 2 4/2 chx. Cet
arbre, qui porte aussi un embrayage à friction, se prolonge dans
le carter I rempli d'huile et reçoit deux roues dentées, engrenant
constamment avec deux autres, portées par l'arbre des change-
ments de vitesse. Celui-ci est muni de l'accouplement élas-
tique H et se termine par un pignon conique qui engrène avec
la couronne du différentiel, situé à l'intérieur du carter rempli
d'huile, marqué G sur la fig. 327.
Fio. 328. — Voiture pétroléo-élec trique Pieper.
Ch*MÎs vu d'ayant.
La batterie d'accumulateurs, qui ne pèse que 125 kg., se com-
pose de 40 éléments toujours en tension, placés dans des boîtes
en ébonite, avec couvercles à double fond pour empêcher les
projections d'acide. Elle peut pourtant, pour une raison que
nous développerons plus loin, débiter jusqu'à 20 watts par kilo-
gramme de son poids. Elle est dissimulée sous le siège de la voi-
ture, suspendue aux ressorts transversaux qui supportent aussi
la caisse, et que l'on voit sur la fig. 328 au-dessus des essieux.
Ces deux derniers sont reliés par 2 forts tubes en acier D, qui
supportent tout le mécanisme ; la rigidité de l'ensemble est assu-
VÉHICULES JPémOLÉO-ÉLECTRlQUES
623
rée par 4 tringle» marquées F sur les fig. 327 et 328 : les deux
tringles F d'arrière sont renforcées par les fiches marquées G sur
la fig. 328. L'essieu d'avant, qui est directeur, est à pivots et
commandé par un volant. Les roues, montées sur billes, sont à
rayons d'acier tangents renforcés, et garnies de pneumatiques
d'un système spécial.
Deux freins, manœuvres chacun par une pédale, agissent, le
Fig. 329. — Voiture pétroléo-clectrique Pieper.
V«e d'c
premier sur l'arbre moteur, le second, plus puissant, sur les
moyeux des roues.
La fig. 329 montre la caisse ordinairement placée sur le châs-
sis ; mais celui-ci, absolument droit, peut recevoir telle autre
caisse qu'on désirera.
La voiture pèse, d'après le catalogue distribué à l'Exposition
de 1899, en ordre de marche, sans voyageurs, 400 kg. ; certains
auteurs disent 600 kg. et ce chiffre nous paraît plus probable.
Voyons maintenant comment elle fonctionne.
624 l'automobile sur route
Le véhicule marchant en palier ne demande pas tout le travail
produit par le moteur à pétrole tournant à sa vitesse de régime :
l'excès est consommé par la dynamo calée sur son arbre, qui
fonctionne comme génératrice et charge les accumulateurs. Que,
pour une raison ou pour une autre, inclinaison du profil, mauvais
état de la chaussée, la résistance au roulement de la voiture
absorbe une plus grande partie de la force donnée par le moteur
à pétrole, il en reste moins pour la production du courant, dont
l'intensité diminue. Si cette résistance augmente assez pour que
le moteur devienne impuissant à la vaincre en conservant sa
vitesse, celle-ci et dès lors celle de la dynamo décroissent ; la
différence de potentiel aux bornes, qui est fonction de cette
vitesse, décroît aussi. Dès qu'elle devient inférieure à celle de la
batterie d'accumulateurs, ceux-ci se déchargent dans la dynamo,
qui fonctionne alors comme moteur. Or, cette dernière est exci-
tée en dérivation ou à excitation s h unt(§ 133), telle que le sens
du courant reste le même dans l'enroulement inducteur, quelle
que soit la direction du courant aux balais, de sorte qu'en passant
de son rôle générateur à son rôle récepteur, elle continue à
tourner dans le même sens que le moteur à pétrole. Sa puis-
sance s'ajoute alors à celle de ce dernier, et le total disponible
peut atteindre 6 chx., presque le double de celle du moteur à
gazoline '.
Comme celui-ci fonctionne toujours à pleine charge (dans des
conditions, où le réglage du carburateur reste uniforme, et, au
dire du constructeur, la combustion très bonne et inodore), il le
fait de la façon la plus économique possible. Gomme, en outre, il
actionne toujours directement le véhicule, l'utilisation du travail
produit est très satisfaisante.
1. La vitesse de la voiture atteint 25 et 30 km. en palier; elle ne descend
pas au-dessous de 12 km. sur les rampes de 12 °/0. Ces résultats sont très
remarquables pour un moteur de 3 1/2 chx. La batterie d'accumulateurs for-
mant volant d'énergie, on peut, pour ralentir dans les passages difficiles,
procéder par embrayage et débrayage, sans crainte de voir le moteur s'em-
baller au débrayage ni trop ralentir à l'embrayage.
VÉHICULES PÉTROLÉO-ÉLECTRIQUES 625
Les accumulateurs ne pèsent, avons-nous dit, que 125 kg.
parce qu'ils sont uniquement destinés à emmagasiner et à resti-
tuer le surplus de la puissance du moteur. Mais ce n'est pas tout,
ces accumulateurs « n'étant jamais que faiblement déchargés
travaillent toujours dans les meilleures conditions, à pleine
charge, et peuvent fournir éventuellement des débits qui seraient
excessifs, s'ils devaient les fournir à demi-charge seulement i ».
L'excitation variable de la dynamo et les indications du volt-
mètre permettent de tenir la batterie sur le plein sans la sur-
charger.
La mise en marche du moteur à pétrole, si ennuyeuse à obte-
nir sur les voitures ordinaires, est ici facilement assurée par la
dynamo, en fermant sur elle le courant des accumulateurs, après
avoir intercalé un rhéostat de démarrage : comme elle est calée
sur l'arbre du moteur, elle entraîne ce dernier.
La marche arrière s'obtient aussi électriquement, en fermant
l'arrivée du gaz carburé dans le moteur à pétrole, intercalant le
rhéostat de démarrage et inversant le courant des accumulateurs
à l'aide d'un interrupteur placé sous le volant de direction.
Dans les longues descentes on peut supprimer l'arrivée du gaz
1. Le concours d'accumulateurs de l'Automobile-Club de France a, en
effet, permis de constater qu'une batterie d'une capacité donnée, capable de
fournir, au début de la décharge, un courant de 100 ampères pendant
30 secondes, sous une différence de potentiel variant entre 90 et 95 °/0 de
sa force électromotrice, s'inverse pour le même courant, lorsqu'il lui est
demandé après avoir fourni 60 à 70 °/0 de sa capacité normale. Au lieu de
produire 1,8 volt sous 100 ampères, soit 180 watts, l'élément absorbe 0,3 à
0,5 volt, ce qui correspond à 30 ou 50 watts au régime de 100 ampères. Il
résulte de ce fait expérimental que des accumulateurs toujours chargés
peuvent fonctionner à des régimes spécifiques très élevés, et que, dans
l'espèce, la batterie peut être considérablement réduite en poids, en prix
et en dimensions. Elle doit, d'autre part, être étudiée pour fournir surtout
une grande puissance, plutôt qu'une grande capacité en énergie. En effet,
dans le cas extrême d'une rampe très raide et très prolongée, il suffirait de
débrayer et de ménager quelques arrêts du véhicule dès que les accumula-
teurs manifesteraient, au voltmètre, des signes d'épuisement, pour leur
redonner, grâce à ces arrêts, une vigueur nouvelle (Industrie électrique du
25 juillet 1899, p. 318).
G. Layeromk. — L'Automobile sur route. 40
626 l'automobile sur route
carburé, et laisser le moteur à pétrole marcher à vide eu faisant
frein, et la dynamo charger les accumulateurs, tout en suppo-
sant à l'emballement de la voiture.
S'il survient un accident au moteur à pétrole, en défaisant l'ac-
couplement K, on l'isole du reste du mécanisme, et la voiture
peut fonctionner électriquement avec le fluide emmagasiné dans
les accumulateurs. En temps ordinaire les accouplements K et
H permettent à l'arbre J de suivre les voilements du cadre et
facilitent le montage de l'ensemble.
Tous ces avantages sont fort remarquables ; la voiture Pieper
nous a montré qu'ils étaient réalisables avec un système beaucoup
moins compliqué qu'on ne pouvait le croire a priori. S'il est
vraiment pratique, comme il affranchira la traction électrique de
la nécessité des ravitaillements, il sera probablemement appelé
à un grand développement.
315 ter. — Voiture Munson. Chariot de la « Fisher Equipaient C° ». —
La voiture Pieper n'est pas le seul spécimen existant des pétro-
accumobiles.
The Munson C°, delà Porte (Indiana) ', en a construit une dans
laquelle un moteur à essence, à 2 cylindres et manivelles équili-
brées, commande directement une dynamo, dont l'induit est du
type extérieur, de faible largeur et de grand diamètre, de façon à
servir de volant au moteur. Cet induit en anneau porte un double
enroulement et un collecteur à disque. L'inducteur intérieur porte
6 pôles excités par une seule bobine à fil fin et est divisé élec-
triquement en deux parties, reliées respectivement a chacune des
deux batteries d'accumulateurs pour que le couplage de ces deux
batteries ne change pas l'excitation de la dynamo enfermée dans
un carter hermétique. Le combinateur permet de relier les batte-
ries en tension ou en dérivation, ce qui donne deux vitesses au
moteur. Un changement de vitesse mécanique, dans le rapport de
1 à 4, permet d'obtenir au total 4 vitesses. M. Hospitalier fait
1. American Electrician de juillet 1899.
VÉHICULES PÉTROLÉO-ÉLECTRIQCES 627
très justement observer que pour deux de ces 4 vitesses, le moteur
à pétrole ne tourne qu'à demi-vitesse et par conséquent à demi-
puissance, et que, dans ces conditions, son utilisation doit être
peu satisfaisante. La marche arrière est réalisée par une position
spéciale du combinateur.
L'association du pétrole et de l'électricité se retrouve même
dans un chariot pour poids lourds, actuellement au service de la
Fisher Equipment C° de Chicago. Un moteur à gazoline, de 8 chx
de puissance, à trois cylindres, est employé à faire de l'électricité,
qui alimente deux dynamos réceptrices de 5 chx chacune, action-
nant par engrenages les roues d'arrière du véhicule. Il semble,
d'après les renseignements sommaires que nous avons sur lui,
que l'énergie du moteur à pétrole ne soit jamais appliquée direc-
tement à la propulsion de la voiture, ce qui n'est pas bon au
point de vue économique. L'énergie, qui n'est pas absorbée par
cette propulsion actuelle, est mise en réserve dans une batterie
de 40 accumulateurs, ayant une capacité de 144 ampères-heure.
Ce chariot, qui pèse à vide 4.082 kg., et qui peut en porter 7.257,
marche aux vitesses de 6,4, 9,6 et 11,20 km. à l'heure.
QUATRIEME PARTIE
LES RÉSULTATS
316. — Courses. Concours. Applications courantes. — Maintenant
que nous avons décrit les véhicules automobiles, il nous reste à
mettre en relief les résultats qu'ils ont donnés, les services que
leurs divers types semblent dès k présent capables de rendre.
Le premier moyen qui s'offre à nous est d'exposer les épreuves
auxquelles ils ont été soumis et la manière dont ils s'en sont tirés.
Dans cette étude, le Concours de Paris-Rouen mérite une place
à part, non seulement parce qu'il a ouvert la série, mais aussi
par la façon dont il a été conduit : tandis, en effet, qu'il portait
sur la sécurité, la commodité et le bon marché des véhicules
engagés, les autres épreuves ont été des courses uniquement
basées sur la vitesse, ou des concours surtout destinés à fixer le
prix de revient des services rendus. Nous parlerons donc immé-
diatement du concours de Paris-Rouen, et consacrerons ensuite
un chapitre aux courses et un autre aux concours.
Après avoir exposé les deux catégories d'épreuves, nous dirons
un mot des applications effectives auxquelles donnent lieu cou-
ramment les automobiles.
Enfin nous essaierons de fixer, en quelques lignes rapides, les
premiers progrès qu'on doit tenter pour hâter leur développe-
ment.
317. — Concours de Paris-Rouen (juillet 1894). — Ce concours,
auquel il n'est que juste d'attribuer une très heureuse influence
630 l'automobile sur route
sur le développement de l'industrie nouvelle, a été organisé,
pour le compte du Petit Journal, par M. P. Giffard.
Ouvert à tous constructeurs et tous moteurs, il avait pour
but de récompenser la voiture sans chevaux qui remplirait les
conditions d'être sans danger, aisément maniable pour les voya-
geurs et de ne pas coûter trop cher sur la route. Les concurrents
devaient subir une épreuve éliminatoire de 50 km. et parcourir
les 126 km. qui séparent Paris de Rouen, à une vitesse moyenne
d'au moins 12. 5 km. à l'heure, en comprenant dans le temps
du parcours les arrêts nécessités par le moteur. Et, pour qu'il fût
bien établi qu'il ne s'agissait pas d'une course, il ne devait être
tenu aucun compte des vitesses supérieures. La route de Paris à
Mantes comprend trois côtes, d'inclinaison voisine de 1/10,
quelques autres moins dures.
102 véhicules avaient été inscrits au concours : 38 à pétrole, 29
à vapeur, 5 électriques, 5 à air comprimé, 25 divers, mus par le
poids des voyageurs, par un système de leviers, de pédales...;
mais l'épreuve éliminatoire n'en a réuni que 25, sur lesquels 21
(14 à pétrole et 7 à vapeur) ont été admis à l'épreuve définitive.
Les 1 4 véhicules à pétrole ont tous effectué le parcours dans de
très bonnes conditions; sur les 7 à vapeur, 3 seulement l'ont
fourni complet.
Le 1er prix a été partagé entre les maisons Panhard et Levassor
et les Fils de Peugeot frères ; les autres ont été donnés à MM. de
Dion, Bouton etCie et Le Blant, pour leurs véhicules à vapeur, et
MM. Vacheron, Le Brun et Roger, pour leurs véhicules à pétrole.
Un prix supplémentaire a été accordé à M. Scotte dont le véhi-
cule à vapeur avait été arrêté par la rupture d'un tube de sa
chaudière ; et une mention honorable à M. Roger de Montais
pour son tricycle à vapeur chauffé au pétrole.
Les voitures Panhard, h moteur Daimler de 3,3 à 3. 7 chx,
marchant à 750 tours et transmission donnant les vitesses de 6,
12, 18 et 24 km., ou 7, 16 et 25 km. à l'heure, pesaient à videde
500 à 700 kg. suivant le nombre de places (2 ou 4). Les voitures
LES RÉSULTATS 631
Peugeot, Vacheron, Le Brun, avaient aussi des Daimler de la
même force. La première avait 4 vitesses : 5, 7, 15 et 22 km.
La voiture Roger était une voiture Benz, à moteur de 3chx.
Le véhicule de Dion-Bouton était une Victoria remorquée par
un tracteur, pouvant développer jusqu'à 20 chx, pesant en charge
environ 2. 5 tonnes.
La voiture Le Blant était une tapissière, dont la moitié
avant était réservée aux voyageurs et la moitié arrière au géné-
rateur, du système Serpollet, et au moteur, qui ne permettait que
la marche avant; elle pesait 4.300 kg. y compris 600 kg. d'eau,
200 kg. de charbon et 10 voyageurs.
Les voitures Panhard, Peugeot et de Dion ont donné des
vitesses commerciales supérieures à 17 km. à l'heure, et presque
égales, à cause du peu d'importance des arrêts nécessités par le
moteur, aux vitesses moyennes, un peu supérieures à 20 km. à
l'heure. Aux côtes de 1 /10e d'inclinaison, les Panhard et la
Peugeot ont marché à leurs vitesses minima (7 et 5 km.) ; aux
autres, à leurs vitesses intermédiaires ; en palier, à leur grande
vitesse (25 et 22 km) ; sur les pentes, les vitesses ont été nota-
blement plus grandes. La voiture de Dion-Bouton a monté les
côtes de 1 /10e à une vitesse de 50 à 20 km. à l'heure, et a sou-
tenu en palier celle de 30 km. La dépense de pétrole a été, en
moyenne, pour les voitures Panhard d'un litre d'essence pour
10 à 12 km., soit d'à peu près 0 fr. 05 par kilomètre.
CHAPTIRE PREMIER
COURSES DE VITESSE
318. — Course de Paris-Bordeaux (juin 1895) . — Elle a été orga-
nisée par le Comité, qui, sur l'initiative du comte de Dion,
venait de se constituer, sous le nom d'Automobile-Club, avec
M. M. Deprez comme président. Elle était internationale, mais
réservée aux seuls constructeurs ou inventeurs. Les véhicules
devaient être montés par deux personnes (sauf les bicyclettes et
motocycles n'excédant pas 150 kg. en ordre de marche, mais
sans voyageurs) ; le premier prix ne pouvait être attribué qu'à
une voiture d'au moins 4 places. La course devait se faire d'une
seule traite de Paris à Bordeaux et retour (environ 1 . 200 km.
d'un profil en partie très accidenté). La durée dif trajet ne devait
pas dépasser 100 heures. Aucune réparation en cours de route
ne pouvait être faite que par le propriétaire de la voiture ou son
agent, avec les pièces emportées par lui.
Sur 46 véhicules engagés, 22 se présentèrent pour le départ :
6 à vapeur, 15 à pétrole (dont 26 bicyclettes), 1 électrique;
9 rentrèrent à Paris dans les délais voulus.
1er Panhard et Levassor n° 5, voiture à pétrole 2 places en 48 h. 47 m.
2« Peugeot n° 15,
—
2 places
54 h. 35 m,
3« Peugeot n° 16,
—
4 places
59 h. 48 m
4e Peugeot n° 8,
—
4 places
59 h. 49 m
5e Roger n° 12,
—
4 places
64 h. 30 m,
6e Panhard et Levassor n° 7,
—
4 places
72 h. 1.4 m
7e Panhard et Levassor n° 28,
—
5 places
78 h. 7 m,
8e Roger n° 13,
—
4 places
82 h. 48 m
9e Bollée n° 24, omnibus à vapeur
6 places
90 h. 3 m.
La voiture Panhard n° 5 (fig. 264) était munie d'un moteur
634 l'automobile sur route
Phénix de 4 chx, tournant à plus de 800 tours, pesant 83 kg.,
avait 3 vitesses (9, 20 et 30 km. à l'heure) et pesait à vide 604 kg.
La voiture n° 28 avait un moteur Phénix de 8 chx ; elle pesait
1.800 kg., et était munie de 4 vitesses, la plus élevée de 30 km.
à l'heure. La voiture n° 7 avait figuré au concours du Petit Jour-
nal.
Les voitures Peugeot et Roger étaient du même type que celles
engagées à ce premier concours ; le moteur Benz tournait à 250
et 300 tours. La voiture Bollée n'était autre que l'omnibus à
vapeur La Nouvelle construit en 1880 (§ 231).
La voiture n° 5, conduite pendant tout le parcours par Levas-
sor, a eu une marche particulièrement régulière; elle a fait les
1.183 km. de Versailles à Paris par Bordeaux en 48 h. 47 m., ce
qui représente une vitesse commerciale de 24,2 km. Cette course
fut le triomphe du pétrole ; bien qu'en effet l'omnibus de M. Bollée
eût perdu, par suite d'avaries graves, un temps précieux, et que
le break k 4 places, remorqué par le tracteur de MM. de Dion
et Bouton, eût été arrêté un peu après Blois (qu'il avait atteint
en développant xme vitesse commerciale de près de 28 km.) par
la rupture d'une rotule de son arbre de transmission, la mise hors
de combat de ce véhicule, comme de la voiture Serpollet (qui
avait cependant accompli les 3/4 de parcours dans un bon rang),
du tracteur Le Blant, de l'omnibus Scotte semblait prouver que
les véhicules à vapeur plus puissants, mais aussi plus pesants, ne
pouvaient donner des vitesses, comparables à celles des voitures
légères à pétrole, sans s'exposer à des avaries sérieuses. Quant
à l'électricité, représentée par la voiture Jeantaud, elle avait
fait parcourir à cette dernière les 600 km. de Paris à Bordeaux,
grâce à des relais, dont l'établissement avait d'ailleurs coûté la
somme de 35.000 fr.
319. — Course de Chicago (novembre 1895). — Cette course orga-
nisée par le Times Herald, a été très fortement contrariée par
l'état des routes. Mais elle a été pour les ingénieurs J. Lundie
et L. Summers l'occasion de faire, sur les véhicules qui y ont
COURSES DE VITESSE
635
pris part, des essais scientifiquement conduits, qui n'ont pas été
depuis systématiquement renouvelés et dont les résultats sont
encore utiles à consulter.
Elle a eu lieu sur la route de Chicago à Evanston, sur un
parcours de 86 km. environ, rendu fort difficile par une épaisse
couche de neige fondante. Trois voitures seulement l'ont accom-
plie, toutes à pétrole :
Celle de M. Duryea (§285), en 10 h. 23 m. ;
Celle de M. Mueller, en 10 h. 59 m, ;
Celle de MM. Macy-Roger, qui a dû réparer en route son
mécanisme de direction, en 39 heures.
Les essais de MM. Lundie et Summers ont porté sur les voi-
tures qui figurent au tableau n° \ , et ont donné les résultats
consignés sur les tableaux n° 2 (voitures à pétrole) et n° 3 (voi-
tures électriques).
TABLEAU I
RENSEIGNEMENTS SUR LES VEHICULES ESSAYES
1
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1,41
1,37
1,31
0,570
0.468
-
pneu
»
10
11,25
»
) Hayne* et Apperson
378
191
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1,35
1,38
1 ,39
0,415
0,418
»
pneu
»
10
10
billes
Lewis -Chicago ....
408
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1,40
1,16
1,16
0,575
0,417
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cao. plein
»
12,5
12,5
lisse
, Maey-New-York . . .
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174
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1,30
1,30
0,595
0,418
»
«
»
12,5
17,5
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Mueller
570
174
714
1,83
1,25
1,19
0,600
0,460
arrière
cao. plein
eatol.
13,75
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Morri» et Selom . . .
572
177
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1,33
1,11
0,91
0,495
0,355
ayant
pneu
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2 mot
»
n
billes
Stnrge»
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665
1611
1,63
1,43
1,43
0,627
0,580
arrière
cao. plein
aci-am.
1 mot
"
a
lisse
Les essais de consommation des moteurs, à diverses charges
correspondant aux exigences de la locomotion automobile, ont
fourni des chiffres fort variables. Cela tient aux genres de moteurs
636
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
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1
Inflammation défectueuse
Machine à 2 cylindres
(un seul fonctionnent)
Rupture de la chaîne
Glissement de la courroie
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COURSES DE VITESSE
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638 L AUTOMOBILE SUR ROUTE
employés : les moteurs à 2 temps ont donné une consommation
exagérée, parce que les gaz y étaient imparfaitement brûlés ;
c'est le cas des voitures Haynes et Lewis. 11 sera prudent de ne
pas tenir compte des chiffres relatifs à ces voitures, si on veut se
faire une idée des consommations courantes dans celles qui uti-
lisent le moteur à quatre temps, le seul qui soit actuellement
employé f.
En ce qui concerne les voitures munies de moteurs Benz, dans
lesquelles on a voulu simplifier la transmission en n'employant
que deux changements de vitesse, en laissant au conducteur le
soin de faire varier l'admission du mélange carburé pour obtenir
les vitesses intermédiaires, les tableaux montrent que cette sim-
plicité n'est obtenue qu'au prix d'une dépense considérable, dès
que le moteur ne marche pas à sa vitesse normale.
Ces mêmes voitures, dans lesquelles Tunique cylindre moteur
était disposé à angle droit avec l'essieu, donnaient, surtout au
moment du départ, des trépidations assez fortes. Au contraire, la
voiture Haynes et Apperson, qui était munie d'un moteur à deux
cylindres disposés chacun d'un côté de l'arbre de transmission,
ne trépidait que peu.
L'effort de traction maximum a été déterminé, en appliquant
sur les roues des voitures à pétrole un couple résistant de plus
en plus grand, jusqu'à l'arrêt du moteur * ; pour les voitures
électriques, le couple maximum dépendait uniquement du cou-
rant que l'on pouvait envoyer dans le moteur.
Les deux accumobiles essayées étaient, Tune à un moteur
Lundell, l'autre à deux moteurs du même constructeur. MM. Lun-
i. Ainsi que le montre le tableau n° 2, la consommation, pour les voitures
à moteur à quatre temps, a été en moyenne de 1 kg. 74, soit 2 1. d'essence à,
0.700 par cheval-heure effectif aux jantes.
2. Dans aucun des essais, il n'a été possible de faire patiner les roues
motrices sur le sol, ce qui permet de croire que l'effort de traction aurait pu
être augmenté de beaucoup sans occasionner de glissement en démulti-
pliant le moteur. Lorsque les véhicules essayés utilisaient des transmis-
sions par courroies, l'effort maximum correspondait généralement au
glissement des courroies.
COURSES DE VITESSE 639
die et Summers, en les comparant, sont arrivés à cette conclu-
sion que la faculté de pouvoir coupler les moteurs en tension ou
en quantité ne parait pas justifier l'emploi de 2 moteurs; le seul
avantage de cette dualité est de permettre la suppression du
différentiel.
320. — Course Paris-Marseille (septembre 1896). — Elle établis-
sait trois classes de véhicules.
Classe A. — /re série. — Voitures à 2 et 4 places ;
— — 3e série. — Voitures au-dessus de 4 places.
Classe B. — Motocycles ne pesant pas à vide plus de 150 kg.
Ces motocycles ne pouvaient prendre part à la course qu'après
avoir subi l'épreuve éliminatoire Paris-Mantes-Paris (environ
100 km.), et n'avaient d'ailleurs droit qu'au chronométrage
officiel.
Classe C. — Véhicules ne rentrant pas dans les classes pré-
cédentes (voiturettes Bollée...).
Les 1.711 km. de Paris-Marseille et retour étaient divisés en
dix étapes, parcourues chacune un jour; à leur arrivée à l'étape,
les voitures étaient remisées dans un parc, et leurs conducteurs
n'avaient qu'un quart d'heure pour les soins à leur donner ; les
réparations ne pouvaient donc être faites qu'en cours de route, et
leur durée était comprise dans celle du parcours.
La partie la plus accidentée est la seconde étape Auxerre-
Dijon, dont le point culminant est à 531 m. au-dessus du niveau
de la mer. Entre Dijon et Lyon, ainsi qu'entre Montélimar et
Avignon, la route est plate. Dans les autres parties de la route,
il y a quelques rampes de 7 et 8 0/0.
32 véhicules se sont présentés au départ : 20 voitures à 2 et
4 places (19 à pétrole, 1 à vapeur); 3 voitures à 5 et 6 places
(2 à pétrole, 1 à vapeur) ; 5 motocycles, tous à moteur de Dion-
Bouton ; 4 voiturettes Bollée.
Le départ eut lieu le 24 septembre par un temps relativement
beau ; mais le 25 les coureurs eurent à subir un cyclone épou-
640
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
vantable, qui mit hors de combat douze d'entre eux ; au retour,
ils furent retardés par des coups de mistral très violents.
14 voitures, toutes à pétrole, rentrèrent à Paris, classées ainsi
qu'il suit :
!
i
•si
>
NOMS
des constructeurs
DURÉE
du parcours
Paris- Ma reeiUe-ParU
VITESSE
moyenne
à l'heure
f 6
Panhard et Levassor
67h42«58»
25*» 20
8
Id.
68 11 5
24 60 i
1 5
Id.
71 23 22
23 94
41
Delahaye
75 29 48
22 62 :
Classe A : /re série.'
44
Peugeot et C!o
81 23 51
21
42
Delahaye
84 27 5
20 22 .
29
Maison Parisienne
102 41 37
17 22
!
30
Id.
108 39 »
15 74
l 26
Landry et Beyroux
119 44 21
14 29 !
Classe A : 2e série. .
46
Peugeot et C10
75 26 24
22 68
\
f 13
De Dion et Bouton
71 1 5
24 » !
Classe B
51
15
Michelin et De Dion
De Dion et Bouton
73 30 12
83 13 16
23 22 f
16 40
Classe C
39
Michelin et Bollée
141 40 4
12 18 '
1
La voiture n° 6 de Panhard et Levassor était munie d'un Phé-
nix de 8 chevaux à 4 cylindres ; les voitures n° 8 et 5 en avaient
un de G chx à 2 cylindres; la caisse de la dernière était en alu-
minium. Les roues étaient toutes garnies de bandages en caout-
chouc plein.
La voiture de M. Delahaye (§ 270), avec moteur horizontal à
2 cylindres, avait deux vitesses (18 et 25 km.) ; elle était montée
sur pneus.
Les voitures Peugeot, munies aussi de pneus, avaient des
moteurs horizontaux de la maison (§ 268), de la force de 4 et
de G chx.
Les deux voitures de la Maison Parisienne étaient des Benz a
un cylindre, de 4 chx, semblables à celles que M. Roger avait
engagées en 1895 dans Paris-Bordeaux.
COURSES DE VITESSE* 641
Celle de MM. Landry et Beyroux (§ 274) avait un moteur de
4 ou 5 chevaux.
La vitesse moyenne du véhicule gagnant (25,20 km.) n'est
pas beaucoup supérieure à celle du vainqueur de Paris-Bordeaux
(24,2 km), bien que le moteur soit de 8 chevaux au lieu de 4. La
raison doit en être cherchée dans la différence des conditions cli-
matériques. MM. Collin et de la Valette ont établi les moyennes
des vitesses pour les 10 premiers véhicules de chaque étape ;
cette moyenne est de 25,5 pour les 7 étapes de conditions
atmosphériques normales, et ce chiffre moyen en suppose un très
notablement plus fort pour la lre voiture. La 5e étape, avec mis-
tral favorable, leur a donné 28,8 km. ; la 7e, avec mistral défa-
vorable, 22 km. ; la 2e, avec sa tourmente, 17,7 km. Cette dernière
a abaissé la moyenne générale des dix étapes.
La vitesse moyenne est aussi beaucoup plus constante que
dans Paris-Bordeaux.
Enfin ce qu'il faut noter dans la course Paris-Marseille, c'est
que les véhicules les plus divers par leur construction et leur
poids ont eu des vitesses tout à fait comparables. C'est là un
résultat particulièrement remarquable pour le tricycle de Dion-
Bouton, et qui démontre de façon éclatante que légèreté et endu-
ranoe ne sont pas exclusives Tune de l'autre.
La légèreté semble d'ailleurs un facteur essentiel du succès
dans ces luttes de vitesse ; même les voitures à pétrole un peu
lourdes n'ont fourni qu'un médiocre parcours : une seule s'est
classée parmi les premières arrivées, et en ne réalisant que la
vitesse moyenne de 22,68 km. Cela explique l'insuccès de la
vapeur, qui pourrait bien cesser le jour où on aurait réalisé une
voiture légère et résistante.
321. — Course Paris- Amsterdam (juillet 1898). — Le programme
établissait dans la classe des voitures 3 séries, suivant qu'elles
portaient 2 ou 3, 4 ou 5, ou au moins 6 personnes. Les motocycles
pouvaient peser jusqu'à 200 kg. à vide et étaient divisés en 4
séries :
G. Lavirgkr. — L 'Automobile sur route. 41
642 l'automobile sur route
lre série : Moins de 100 kg., 1 place.
2e — — plus d'une place.
3e — De 100 à 200 kg., 1 place.
48 — — plus d'une place.
Pour les coureurs, la seule catégorie dont nous nous occupe-
rons, les 1.521 km. de Paris à Amsterdam, par Dinant et
Nimègue, et d'Amsterdam à Paris, par iLiège, Luxembourg,
Verdun et Ghâlons, étaient divisés en six étapes, à parcourir le
jour; l'organisation des parcs pour la nuit était la même que
dans Paris-Marseille.
Il y eut 38 engagements pour la lre série des voitures, 10 pour
la 2e, 1 pour la 3e; pour les motocycles, 11 dans la lro série, 4
dans la 3e. Il n'y en eut pas pour les motocycles à plus d'une
place. Le pétrole seul actionnait tous ces véhicules.
Le classement à l'arrivée fut le suivant pour les premiers de
chaque série :
Catégorie
Rang
N»du
véhicule
Noms dei constructeurs
Durée du parcoure
Paris- Amsterdam-Pari*
Vitesse moyenne
à l'heure
1
1
Panhard et Levaaaor
33M «
44*» 7
l *
3
d«
33 25
42 »
Voitures | 3
11
Amôdée Bol lé©
34 8
42
a 2 ou 3 . 4
6
Panhard et Le vas s or
34 58
41 1
place* 1 5
14
Amédée Bollée
35 19
40 6
6
4
Panhard et Leyassor
35 45
40
1 ?
1
19
Peugeot
36 20
39 4
Motocycles/
de moins 1 1
60
Phébas (moteur de Dion)
39 36
36 3
de 100 kg./ 2
43
• de Dion-Bouton
41 20
34 7
à une ! 3
39
d«
52 42
27 2
place
1
Motocycle i
de 100 a
29
Société Decauville
50 14
28 0
200 kg. à j 2
71
Sté An. voiturettes Bollée
54 3
26 4
une place f
1
Les voitures à 4 ou 5 places, et la voiture à 6 places ne figu-
rèrent pas à l'arrivée.
COURSES DE VITESSE
643
Les voitures 1, 3, 6 et 4 de la maison Panhard avaient des
Phénix de 8 chevaux. Les voitures il et 14 des moteurs A. Bollée,
du type que nous avons décrit (§ 272) de cette même force,
comme d'ailleurs la voiture Peugeot n° 19, qui avait le moteur
horizontal de la maison. La vitesse moyenne réalisée par ces
voitures est très remarquable, surtout celle de la lre (44 km. 7
par heure) ; 'l'augmentation de la force du moteur, qui n'avait
pu, en partie pour la raison que nous avons donnée, produire
tout son effet dans Paris-Marseille, a donné cette fois des résul-
tats féconds.
Les motocycles de moins de 100 kg., tous munis du moteur de
Dion-Bouton, n'ont pu ici suivre le train des voitures ; mais
leur légèreté leur donne une avance sérieuse sur les voiturettes
Decauville (§ 258) et Bollée (§ 256).
322. — Course Nice-Castellane (mars 1899). — Les concurrents
étaient divisés en deux catégories : voitures, tout véhicule d'un
poids à vide supérieur à 200 kg, et comptant au moins deux
places côte à côte ; motocycles, tout véhicule d'un poids inférieur
à 200 kg. Cette course, organisée par la France- Automobile, s'est
faite en une seule étape, sur le parcours Nice-Castellane par
Grasse, et Castellane-Nice par Entrevaux, parcours très acci-
denté, dont les poids culminants sont aux altitudes de 1.170 et
1.124 mètres, et la longueur de 206 km. Mais, à cause du danger
que le passage aux grandes allures aurait présenté, de Castellane
à Levens-Vésubie, par Puget-Théniers, cette partie du trajet,
89 km. environ, était neutralisée. Le parcours utile, de 120 km.
782, comprenait le point à l'altitude de 1.170 m., et comme côtes
importantes une rampe de 4,3 0/0 sur 7 km., une autre de 5 0/0
sur 4 km., une troisième de 7,5 0/0 sur 3,8 km.
Les premiers arrivés se sont classés dans Tordre suivant :
644
L AUTOMOBILE SL-R BOL'TE
3
M
S
VITBME MOTE1CHB A l'uEURI
CATtOOHISS
BAMO
i
>
g
HOM8 DES
COKBTRUCTEORS
M
ES
O
DURER
00 FARCOITRS
pour les 120 km.
pour les 91 km.
Nice-Castetlane
1
e
X
20
I
17
de la course
(parcours
de montagne)
Peugeot
2«»52«50t
41 *- 400
38*- 260
Voitures
*
7
Panbard et Lerassor
8
a 19 20
36 00
33 900
3
10
Peugeot
10
3 22 45
35 40
32 700
*
15
De Diélrîrii
9
3 25 55
31 8
32 110
t
Motocycles
l
De Dion -Bouton
3
2 59
39 60
>
2
56
De Dion-Boulon
l3/*
3 28 4
34 20
La première voiture, conduite par M. Lemaître, a eu au départ
une crevaison de pneumatique qui lui a fait perdre 15 minutes:
si on les défalque du temps de son parcours, cela porte à 45 km.
la vitesse moyenne à l'heure, qui devient alors fort voisine de
celle qu'avait réalisée la voiture Panhard de 8 chevaux dans
Paris- Amsterdam ; ce résultatestdûà la force jusqu'alors insolite
du moteur (17 chevaux). C'est aussi à la même cause (moteur de
3 chx, au lieu de 1 ch. 3/4), qu'est due la belle performance du
tricycle de Dion- Bouton, arrivé premier des motocycles, avec
une vitesse moyenne de près de 40 km. à l'heure f.
323. — Tour de France (juillet 1899). — La course, organisée par
le journal Le Matin, sous le patronage de l'Automobile-Club de
France, ne prévoyait que trois catégories : voitures, motocycles,
voiture ttes.
1. Ces performances remarquables ne devaient pas tarder à être dépas-
sées. En mai 1899, M. Charron, avec une voiture Panhard de 12 chx., a fail
le trajet de Paris à Bordeaux en 1 1 h. 43 m. 20 s. (les trains les plus rapides
le font en 7 h. 54 m.), battant le temps de M. R. de Knyffen 1898 de 3 h. 32 m.
et réalisant ainsi une moyenne de 48 km. 200 à l'heure. Dans la môme
course, Bardin a fait le trajet, avec un tricycle de Dion-Bouton en 13 h. 22 m.,
battant de 5 h. 13 m. le temps de Corre, et réalisant une vitesse moyenne
de 42 km. 230. Cette vitesse est encore notablement inférieure à celle qu'a
fournie Reconnais, dans les 100 km. de la Coupe des Motocycles, fondée
en 1897 par la France Automobile (56 km. 500).
COURSES DE VITESSE 645
L'itinéraire était arrêté de la façon suivante ;
i re journée. — Paris-Nancy 290 kilomètres.
2e — Nancy Aix-les-Bains 366 —
3e — Repos.
4« — Aix-les-Bains- Vichy 382 —
5e — Repos.
6e — Vichy-Périgueux 299 —
7° — Périgueux-Nantes 342 —
8e — Nantes-Cabourg 348 —
9° — Cabourg-Saint Germain 192 —
Au total, pour 7 étapes 2219 —
Les moyeux, châssis et bâti du moteur, devaient être poinçonnés
la veille du départ, et pouvaient être repoinçonnés en cours de
route. Un délai d'une heure était accordé tant à l'arrivée qu'au
départ pour les soins à donner aux véhicules. Le changement de
pneus n'était pas considéré comme une réparation.
Il y eut 32 engagements pour la catégorie des voitures, 31
pour celle des motocycles, 4 pour les voiturettes. Sur ces
nombres, 19 voitures, 23 motocycles et 3 voiturettes partirent
effectivement de Champigny. Il est rentré à Saint-Germain 9
voitures, 9 motocycles et 3 voiturettes, dont le classement est
donné par le tableau de la page suivante.
La vitesse moyenne delà Panhard, de 16 chevaux, pilotée par
M. de Knyff (51 km. 100 à l'heure) dépasse de 3 km. environ
celle que M. Charron avait atteinte dans la course de Paris-
Bordeaux de 1899, avec sa Panhard de 12 chevaux. Elle a été
dépassée à son tour par celle qu'a réalisée M. Levegh, le 1er octobre
1899, avec une voiture Mors de 16 chevaux, dans la course
Bordeaux-Biarritz, et qui s'est élevée à 64 km. à l'heure (même
à 67, si on défalque un quart d'heure passé à réparer une crevai-
son de pneumatique *); il est juste d'ajouter que le parcours de
Bordeaux-Biarritz est moins accidenté que celui du Tour de
France. Quoi qu'il en soit, ces vitesses sont véritablement prodi-
gieuses, et on peut se demander où s'arrêteront la puissance des
voitures et la hardiesse des coureurs.
1. France Automobile du 8 octobre 1899, p. 488.
646
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
CONDUCTEURS
CONSTRUCTEURS
z u
X O
en S
? s
û" 0
z
z -
S K
PREMIÈRE CATÉGORIE.
Voitures.
1
R. de Knyff
Panhard-Lcassor
16
2
Girardot
—
12
3
Cle de Chasseloup-Laubat
—
12
4
5
Pinson
Boileau de Castelnau
Amédée Bollée
12
10
6
Heath
Panhard-Levassor
12
7
Clément
—
12
8
Levegh
Mors
12
9
Jenatzy
—
12
DEUXIÈME CATÉGORIE. — MotOCydeS,
i
\ 1
Teste \ ' Trirjrlr
_ ( Moteurs 1
G. de Meaulne / n -.. n , { —
_ (De Dion-Boulon )
Degrais 1 I —
Bardin \ —
2
3
4
5
6
Béconnais | Moteur Aster | —
7
8
9
Gleize
Cormier
Rivierre
I Moteurs
[ De Dion-Bouton
i
| _
i
— 56
44" 43» 39»»/-,
49 37 39 a/5
49 44 18
52 34 17 */s
53 29 7
58 46 55 */*
75 45 35 »/5
80 14 59 *,
166 6 3
50 58 9 «/.
51 32 57
53 38 41
55 40 33 *•'
7 5 *
56 30 34 3/
58 49 14 *■
30 35
— 71
— 93 44 44
51M00,
45 677J
45 565!
43 154
42 3»
32 53:
29 550
27 85<
13 25i
I
44 560
44 050
42 260
40 650j
iO 360
40
38 988
31 370
23 716
TROISIÈME CATÉGORIE. — VoUuroUcS.
1
Gabriel
Moteur
Decau ville
4
67
16
35
2 .
!
33 323
2
TMry
—
4
75
43
22
t .
29 571
3
Ullmann
—
4
125
25
4
17 647
1. Pour établir ces vitesses moyennes, on a retranché du temps total la
durée des traversées des villes neutralisées (2 heures, 10 minutes), et de la
distance le nombre de kilomètres que représentent ces neutralisations ^44
kilomètres).
COUKSES DE VITESSE 617
324. — Courses de côtes. — Les longs parcours, sur lesquels se
sont faites les courses que nous venons de rappeler, comprennent
des parties accidentées et des rampes plus ou moins fortes. Il
n'en était pas moins intéressant de voir ce que pouvaient spé-
cialement faire les automobiles sur des côtes longues et raides.
Le trajet de Nice à la Turbie, d'une longueur de 16 km. 200,
presque continuellement en rampe, dont l'inclinaison atteint
jusqu'à 11 0/0, a été parcouru :
En 1897, par le break à vapeur de M. Michelin (break de
Dion-Bouton de 16 chevaux), en 31 m., 50 s. ; par la voiture à
pétrole de M. Lemaître (un phaéton Peugeot de 6 chx) en
52 m., 55 s. ; par le tricycle de M. Mouter (un de Dion-Bouton
de 1 1/4 chx en 30 m. 8 s).
En mars 1899, par la voiture de M. Lemaître (un phaéton
Peugeot de 17 chx) en 24 m. 23 s., et par le tricycle de Dion-
Bouton de 1 3/4 chx, monté par M. G. de Méaulne, en 26 m. 47 s.
On voit les progrès réalisés en deux ans.
La côte de Chanteloup, d'une longueur de 1.820 m., dont la
pente varie de 1,7 à 10,6 0/0, et qui présente 320 m. inclinés à
9,7 0/0 précédés de 140 m. inclinés à 10,6 0/0, a été, le 29
novembre 1898, le théâtre d'une course organisée par la France
Automobile. Elle a été parcourue par la voiture électrique de
M. Jenatzy en 3 m. 52 s., par la voiturette L. Bollée (de 8 chx)
de M. Jamin, en 4m. 2 s. 4/5, parle tricycle Phébus (à moteur
de Dion de 1 3/4 chx) de M. Marcellin en 4 m., 5s. par la voi-
ture A. Bollée (de 9 chx) de M. E. Giraud en 4 m. 36 s. 2/5.
En juillet 1899, le motocycliste Rénaux a effectué l'ascension
de la côte en 2 m. 25 s. 4/5.
Le 12 novembre 1899, les temps ont été les suivants, pour les
premiers véhicules de chacune des cinq catégories :
a) 3 m. 10 s., pour la voiture électrique de M. Jenatzy,
pesant 2.600 kg., portant 2 voyageurs, et dont le moteur était
alimenté par un courant de 300 volts sous 400 ampères.
b) 4 m. 2 s. 2, pour la voiture Peugeot de 15 chx, pesant
1.200 kg., portant 2 voyageurs, pilotée par Doriot.
648 l'automobile sur route
c) 3 m. 17 s. 3, pour le quadricycle Phébus, à moteur
Sonciii de 4 chx, portant 2 personnes, conduit par Béconnais.
Dans cette même catégorie réservée aux véhicules pesant
moins de 400 kg, la voiture à vapeur Stanley, à moteur de
3 chx, pesant 250 kgs, portant 2 personnes, s'est classée seconde
avec une durée de parcours de 4 m. 40 s. 3.
d) 2 m. 34 s. 4, pour le tricycle Phébus, à moteur Soncin de
4 chx, ne portant que son conducteur Béconnais.
é) 2 m. 41 s. 2, pour le motocycle Rénaux, à une place
sans chaîne (ne pouvant dès lors être aidé par les pédales), à
moteur Rénaux de 4 chevaux.
Le journal le Vélo a aussi organisé une course annuelle, sur
la côte de Sainte-Barbe, à cinq minutes de Gaillon : cette côte,
qui est presque en ligne droite à ses débuts sur une longueur de
100 mètres, monte pendant 600 mètres environ, à raison de
9 °/°, et finit en 5°/° ; le parcours de la course est d'un kilomètre
exactement.
La première épreuve, qui a eu lieu le 3 décembre 1899, a
donné, pour les premiers coureurs des sept catégories, les temps
suivants :
a) Voitures au-dessus de 400 kg : Essence, Vallée, 3 m. 3 s.
2/5; pétrole lourd, Koch, 4 m. 8 s. 1/5.
b) Voitures de 400 à 250 kg. : Vapeur, Stanley, 1 m. 56 s. ;
pétrole, G. Chauveau, 2 m. 40 s.
c) Voitures au-dessous de 250 kg. : Vapeur, Stanley, 1 m.
45 s. 3/5; pétrole, Van Berendonck, 2 m. 44 s.
d) Motocycles au-dessus de 150 kg. Essence, Villemain,
1 m. 20 s.
e) Motocycles à deux places occupées. Essence, Villemain,
1 m. 28 s.
f) Bicyclettes. Essence, Bonnard, 2 m. 6 s. 2/5.
g) Motocycles sans chaîne. Essence, Villemain, 1 m. 16 s. 1/5.
325. — Record du kilomètre. — Mentionnons enfin que le « Record
du kilomètre » sur la route d'Achères, fondé par la France Auto-
COURSES DE VITESSE
649
mobile et confié par elle à Y Automobile Club de France, était
détenu, en décembre 1899, pour les voitures électriques, les
voitures à pétrole et les motocycles, par :
M. M.
JenaUy.
L. Leftbyre.
Béconnais.
(21 sept. 1899)
La Jamais Contante (§ 300)
Bolide (§ 180), 15 eh ,
Tricycle 4e Dion-Bonlton, 1 8/4 ch,
È 2
J i
I *
47- 4/5
1» 17-
1- 0«4/5
S.
2
34-
58» 4/&
49» 4,5
2 S
& 4
1 ■ 21 • 4/5
2- 15-4/5
l- 50» 3/5
YITISBE
PAR 1IBLKE
(d'sprè* celle
du km lancé).
105 km 850
62 km
73 km
La vitesse de 62 km. à l'heure en palier (les vitesses atteintes
en course sur les descentes n'ont jamais été officiellement chro-
nométrées, mais ont certainement beaucoup dépassé ce taux) a
été battue par M. Levegh dans Bordeaux-Biarritz (§ 323) et
par M. Lemaître, à Nice, en mars 1899, dans la course du mille,
qu'il a parcouru en 1 m. 35 s. 3/5 (ce qui donne 47 s. 1 /5 pour
le kilomètre et 76 km. à l'heure), mais ces dernières n'ont pas été
réalisées sur la route du parc agricole d' Achères ni chronométrées
par les représentants officiels de l'Automobile-Club, comme c'est
nécessaire pour le record du kilomètre !.
326. — Les courses à l'étranger. — L'exposition, qui s'est tenue
à Richmond (Angleterre) en juin 1899, a été l'occasion de plu-
sieurs courses.
Celle des voitures électriques (parcours 51 kilomètres) n'a
réuni que deux concurrents. Le dog-cart de la « Electrical
Undertakings C° », pesant 840 kg. sans ses deux passagers, a fait
tout le parcours à la vitesse moyenne de 16 km. à l'heure. La
voiture Riker construite par Mackenzie et G0, pesant 965 kg.,
1. Le record de l'heure sur piste pour motocycles a été porté, le 9 sep-
tembre 1899, au Parc des Princes, par M. Osmont, à 63 km. 990, départ
arrêté.
650 l'automobile sur route
n'a couvert que 46 km., à la vitesse moyenne de 11 km.
h l'heure.
La course pour voitures à pétrole a réuni 21 véhicules. Le
parcours de 80 km. a été effectué par une voiture Delahaye en
3 h. 23, c'est-à-dire à la vitesse moyenne de 23 km. 700, en
consommant 6 1. 814 d'essence, soit 01. 136 par mille; à raison
de 0 fr. 20 le litre, cela fait une dépense de 2,7 centimes par
mille, environ 2 centimes par km. La voiture Iveagh est arrivée
seconde, en 3 h. 28, à la vitesse moyenne de 23 km. 160, con-
sommant 111. 350 d'essence, environ 4 centimes par kilomètre.
Une voiture Delahaye a seule pris part à la course du mille,
qu'elle a couvert en 2 m. 13 s. 4/5, ce qui donne du 43 km. 408
à l'heure.
L'Exposition de Berlin a donné lieu à deux courses. La pre-
mière, réservée aux voiturettes et motocycles, s'est courue entre
la capitale allemande et Baumgartenbrûck, avec retour k Berlin
(65 km.), et a été gagnée par un motocycle, en 1 h. 22.
La seconde, ouverte à tous les genres d'automobiles, a été
courue entre Berlin et Leipzig (185 km.). Un* voiture à pétrole
de 2 places est arrivée première, h l'allure moyenne de 35 km. à
l'heure, suivie de très près par un motocycle, et à quelque vingt
minutes de distance par MM. de Turckheim et de Dietrich, mon-
tant chacun une Bollée-Dietrich. Les concurrents ont été fortement
gênés par un vent du sud, qui soufflait avec rage, et par l'état
des routes fort détrempées. Mais ces conditions défavorables ne
suffisent pas pour expliquer la différence qui existe entre les
vitesses réalisées en Allemagne et celles qui ont été atteintes
dans les courses françaises.
L'étranger semble pourtant vouloir participer à nos grandes
épreuves. La gagnante de Berlin-Leipzig est une voiture Benz,
spécialement construite pour les courses par les ateliers de
Mannheîm : elle n'a qu'une courroie, comme les Bollée et les
Dietrich, 4 vitesses, marche arrière, et peut, paraît-il, faire
1.000 km. sans renouveler sa provision d'eau, et atteindre en
COURSES DE VITESSE 651
palier la vitesse de 58 à 60 km. à l'heure. On assure aussi qu'en
vue de nos prochaines courses, la Daimler C° prépare 4 voitures
spéciales, dont une sera actionnée par un moteur à 8 cylindres,
ce qu'il est peut-être permis de trouver excessif.
Du reste, les clubs de Belgique et d'Allemagne ont officielle-
ment informé Y Automobile Club de France de leur intention de
lui disputer, dès 1900, la Coupe Bennett, qui doit toujours
passer aux mains du club sortant vainqueur du dernier tournoi
international. La Suisse et l' Autriche-Hongrie comptent affron-
ter la lutte en 1901. On voit que ce challenge sera chaudement
disputé ,.
i. Les conditions dans lesquelles il doit se courir ont été réglées par
V Automobile Club de France, qui était tout désigné pour cela.
La Commission sportive du même club a préparé un règlement général
pour les courses d'automobiles, auquel il faut désirer qu'elles se soumettent
toutes pour revêtir l'uniformité qui trop souvent leur manque (voir Loco-
motion automobile du 24 août 1899, p. 544). L'esprit général de ce règlement
est que les courses sont gagnées par une association composée de la
machine et de son équipage, et que c'est cet ensemble non modifié qui doit
arriver. L'article 9 ne reconnaît officiellement que deux catégories de
véhicules : 1° motocyclettes, motocycles ou voiturettes pesant moins de
250 kilos ; 2° voitures pesant plus de 250 kilos et portant au moins 2 voya-
geurs, côte à côte, d'un poids moyen minimum de 70 kilos.
CHAPITRE II
CONCOURS
Les concours jusqu'ici effectués ont été de trois sortes :
1° Concours de véhicules servant au transport en commun
des voyageurs ou au camionnage des marchandises, ou, d'après
une expression consacrée, de Poids lourds ;
2° Concours de Fiacres et de voitures de livraison;
3° Concours de moteurs et d'accumulateurs.
Nous allons rendre successivement compte de ces trois catégo-
ries de concours.
1° Concours de Poids lourds.
327. — Concours de Versailles. — Ce concours, organisé par
P Automobile-Club, était ouvert en 1897, à tous véhicules, tran-
sportant une charge utile minimum d'une tonne et pouvant effec-
tuer 15 km. au moins sans se ravitailler. En 1898 et 1899, il a
aussi admis des voitures de livraison de banlieue ne portant que
730 ou même 300 kg. de charge utile. Les principales dispositions
en étaient déterminées par les articles 7 et 9 du programme, qui
sont transcrits ci-dessous * .
1. L'épreuve du concours se composera d'un service de 6 jours, consti-
tuant un parcours total d'à peu près 300 km :
route À : environ 40 km., avec arrêt tous les km.
— B : 50 — — 5 km.
— C : 60 — — 10 km.
Il y aura des arrêts prévus en pleine rampe et en pleine pente, sur maca-
dam et sur pavé (il y a aussi eu des arrêts commandés inopinément).
Des commissaires accompagneront les véhicules, chargés :
654 l'automobile sur route
Les trois parcours choisis avaient pour points de départ et
d'arrivée la place d'Armes à Versailles :
approximative*.
Trajet A. — Vilepreux, Noisy-le-Roi, Porte de Saint-Cloud
(Paris), Chaville 41 km. 500
B. — Ville-d'Avray, Suresnes, Si-Germain, Marly-le-
Roi 46 km. 500
C. — Palaiseau, Cernay, Port-Royal 41 km. 500
Chacun d'eux comporte des déclivités douces et continues,
raides et courtes (maxima 4.4 °/0 pour les rampes, 5.1 °/0 pour
les pentes), et des parties fort mal pavées.
En 1897, huit constructeurs avaient engagé 15 véhicules. Le
concours a eu lieu au mois d'août : pour des motifs divers, 8 véhi-
cules ne se sont pas présentés ou n'ont pu achever le concours.
Les sept véhicules, qui ont résisté à toutes les épreuves, sont
les suivants, que nous avons tous eu l'occasion de décrire :
1. — TRANSPORT PUBLIC DES VOYAGEURS
1° Véhicules automoteurs.
Première catégorie, à vapeur.
Omnibus Scotte (§ 234) ;
Omnibus de Dion-Bouton (§ 232).
1° De noter les consommations, y compris celles tdu graissage et de l'a
lumage ;
2° De chronométrer les vitesses en palier et en rampe ; la vitesse sur les
pentes ne sera considérée qu'au point de vue de ses effets sur la stabilité des
véhicules ; la commission décidera le maximum à imposera chaque véhicule
suivant ses conditions d'établissement, et les commissaires devront le faire
respecter ;
3° De noter dans chaque cas les longueurs que les véhicules parcourront
avant l'arrêt complet sous l'action du frein ;
4° De donner leurs appréciations sur les véhicules en tenant compte de la
facilité de conduite, de la marche en avant ou en arrière, de la sécurité, du
confortable, des dépenses d'entretien, de l'amortissement du capital, de la
fréquence, l'importance, la facilité des réparations et de la fréquence des
ravitaillements.
CONCOURS 655
Deuxième catégorie, à essence.
Omnibus Panhard et Levassor (§ 267).
2° Véhicules à bogie moteur.
Pauline de Dion-Bouton, à vapeur (§ 233).
*
3° Véhicules automoteurs en remorquant d'autres.
Train à voyageurs Scotte, à vapeur (§ 235).
II. — TRANSPORT DES MARCHANDISES.
1° Véhicules automoteurs.
Camion de Dietrich et Cic, a essence (§ 287).
2° Véhicules automoteurs en remorquant d'autres.
Train à marchandises Scotte, à vapeur (§ 235).
En 1898, 19 véhicules avaient été engagés : 8 seulement ont
résisté à toutes les épreuves du concours ; 2 prêts trop tard n'ont
effectué qu'une seule fois les trois itinéraires; un autre, à la
suite d'un déplorable accident survenu le 11 octobre, n'a par-
couru qu'une seule fois les itinéraires A et B et deux fois l'itiné-
raire C Ces 11 véhicules avaient été classés de la manière
suivante :
I. — TRANSPORT PCBL1C DES VOYAGEURS.
Première catégorie, à essence.
Omnibus Roser-Mazurier (§ 279 bis) ;
Break de Dietrich (§272).
656 l'automobile sur route
Deuxième catégorie, à vapeur.
a). Chaudière chauffée au coke :
Omnibus de Dion-Bouton (§ 232) ;
Char à bancs de Dion-Bouton (§232).
b). Chaudière chauffée au pétrole brut:
Break Leyland de Y A utomobilc Association Limited (§ 2i2).
c) Chaudière à vaporisation instantanée, chauffée aux huiles
lourdes :
Omnibus Serpollet (§ 238).
II. — TRANSPORT DES MARCHANDISES
Première catégorie, à essence.
Camion de Dietrich (§ 287).
Deuxième catégorie, à vapeur, avec chaudière au coke.
Camion de Dion-Bouton (§ 232).
III. VOITURES DE LIVRAISON DE BANLIEUE
Première catégorie, voitures portant au minimum 1000 kg. de
charge utile.
Anciens Etablissements Panhard et Levassor, à essence (§ 287).
Deuxième catégorie, voitures portant au minimum 750 kg. de
charge utile.
Société française des voitures électromobiles (§ 301).
Troisième catégorie, voilures portant au minimum 500 kg. de
charge utile :
Voiture électrique Kriéger (§ 299).
CONCOURS 657
Nous avons décrit toutes ces voitures, ou des voitures ana-
logues des mêmes constructeurs, aux paragraphes dont nous
avons rappelé les numéros. Nous ajouterons seulement à leur
sujet que le concours de 1898 a révélé une tendance à augmenter
le diamètre des roues (c'est ainsi que l'omnibus de Dion-Bouton,
qui avait, en 1897, des roues de 1 m., en comportait de 1 m. 10
et que l'omnibus Serpollet avait des roues de 1 m. 30) et la lar-
geur des bandages : la première est excellente, la seconde plus
contestable à cause de la mobilité des matériaux des chaussées
empierrées, si bien que la commission du concours a indiqué sa
préférence pour le système, qui consisterait à munir chaque
véhicule de deux jeux de roues, l'un pour l'été à bandage rétrécis,
l'autre pour l'hiver à bandages larges.
La classification adoptée en 1898 diffère un peu de celle de
1897 par suite de l'absence au second concours de véhicules à
bogie moteur.
Les résultats donnés par ces véhicules, tant en 1897 qu'en
1898 sont consignés dans les tableaux des pages 658, 659 et 660.
Ces tableaux sont extraits, avec les renseignements qui les
précèdent, des très intéressants rapports dressés par le président
et le secrétaire de la commission des concours : M. G. Forestier
et M. le comte de Chasseloup-Laubat !. Il ne faut d'ailleurs pas
oublier que les chiffres n'en sont applicables qu'à des véhicules
circulant dans des conditions comparables à celles du concours,
tant au point de vue de la nature et du profil des itinéraires qu'à
celui des vitesses qu'il serait possible d'adopter dans une entre-
prise de transports *.
1. Génie civil, t. XXXII, p. 33, et t. XXXV, p. 197.
2. Voici comment ils ont été établis : Vitesse commerciale. De la durée
totale du parcours on a retranché tous les temps : 1° d'arrêt aux divers
points de ravitaillement ; 2° de stationnement aux passages à niveau fermés
ou d'arrêts dus à l'encombrement de certaines voies ; 3° de parcours erro-
nés (et non pas d'ar.ets dus aux réparations en cours de route et aux inci-
dents analogues à ceux que les véhicules rencontreraient forcément dans un
service régulier).
A la durée ainsi réduite on a ajouté : 1° dix minutes par chaque ravitaille-
G. Lavkromi. — L'Automobile sur route. 42
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CONCOURS 661
MM. Forestier et de Chasseloup-Laubat remarquent que les
quantités de combustibles consommées par tonne-kilomètre
(colonne 11) font clairement ressortir la meilleure utilisation du
combustible liquide dans les moteurs à mélange tonnant.
ment nécessaire au véhicule, d'après sa consommation et la quantité de ses
approvisionnements ; 2° deux minutes pour chaque arrêt réglementaire
brûlé.
On a ainsi obtenu la durée commerciale du trajet.
En divisant par cette durée la longueur kilométrique du parcours, on a
obtenu la vitesse commerciale.
En comparant les vitesses commerciales de chaque véhicule sur chacun
des itinéraires du concours, vitesses qui sont loin d'être constantes, la
commission n'a pas cherché à déduire une vitesse moyenne : elle a préféré
déterminer les limites entre lesquelles, dans la pratique, cette vitesse oscil-
lerait. Mais, pour tenir compte de ce que les conducteurs connaissaient
insuffisamment les itinéraires, et aussi de ce que ceux-ci étaient assez durs,
elle a, dans le calcul du prix de revient, admis qu'en service régulier on
réaliserait facilement la limite supérieure ainsi trouvée pour la vitesse com-
merciale ; c'est cette limite supérieure qui figure au tableau.
Consommation par tonne kilométrique utile. En multipliant le poids de la
charge utile exprime en tonnes par la distance kilométrique réellement
parcourue, on a obtenu le nombre de tonnes kilométriques utiles. En divi-
sant les quantités de combustible et d'eau consommées pendant les six jours
par la somme des tonnes kilométriques des six parcours, on a obtenu les
consommations en combustible et en eau par tonne kilométrique utile (le
rapprochement de ces deux consommations pour chaque moteur fournit un
renseignement précieux sur l'utilisation de la chaleur du combustible dans
la chaudière).
Prix de revient. On a admis que, dans un service régulier, les dépenses
se partageraient en deux groupes :
1° Les unes ne variant guère avec la plus ou moins bonne utilisation du
matériel, comme l'intérêt et 1'amorttesement du capital d'achat évalués à
10 °/0 de ce capital, le salaire du personnel, le combustible pour l'allumage,
le graissage et les chiffons, les frais généraux, évalués à 10 °/0 du total des
dépenses fixes. Dans cette catégorie, on a aussi compris pour 11 % du capi-
tal, la réparation et l'entretien du matériel, bien qu'en réalité ces dépenses
spéciales soient fonctions de l'intensité du trafic; la commission a d'ailleurs
reconnu après coup que ce tant pour cent était inférieur au taux réel des
réparations et de l'entretien ;
2° Les autres essentiellement variables et dépendant du travail effectué.
Telles sont les consommations de combustible et d'eau. Pour les évaluer,
après avoir déterminé, à raison de sa vitesse commerciale moyenne, le
nombre de kilomètres que le véhicule peut parcourir dans la journée
de 10 heures, on a calculé à combien de tonnes kilométriques totales
correspondait ce trajet, suivant que le véhicule portait 1/3, 2/3 ou l'inté-
662 l'automobile sur route
Les véhicules électriques, malgré l'augmentation de poids
mort qu'entraîne l'emploi des accumulateurs, ne dépensent que
fort peu; et pourtant le kilowatt a été compté à un prix élevé,
0 fr. 225, pour tenir compte de ce fait qu'il peut être compté
0 fr. 30 dans les usines de charge où les voiture se ravitaillent
en cours de route (au départ il a été compté 0 fr. 15).
Le tableau des prix de revient du voyageur-kilomètre montre
qu'ils sont notablement inférieurs à ceux de la traction animale,
qu'on compte d'habitude à 0 fr. 10 ou Ofr. 12. Il semble donc'que
les transports en commun sur route puissent se faire mécanique-
ment d'une manière industrielle, c'est-à-dire avec bénéfice pour
les capitalistes et avantage pour les voyageurs, qui seront véhi-
culés plus vite et plus confortablement.
Pour ce qui est des marchandises, comme, avec la traction
animale la tonne kilométrique coûte de 0 f. 25 à 0 fr. 30, pour
les tonnages ordinaires, la traction mécanique aura de la peine
à lutter, pour les charges que peuvent traîner cinq ou six bou-
lonnais menés par un seul conducteur. L'automobilisme repren-
drait l'avantage, dit M. Forestier, s'il s'agissait de charges indi-
visibles dépassant 9 à 10 tonnes, ou s'il y avait urgence à effec-
gralité de sa charge utile. En appliquant à chacun de ces nombres les
coefficients de consommation déterminés comme il a été dit ci -dessus, on
a obtenu les quantités de combustible cl d'eau nécessaires, puis, en y appli-
quant des prix convenus, les dépenses correspondantes.
Celles-ci, ajoutées aux dépenses fixes, ont donné les dépenses totales de
la journée afférentes aux trois hypothèses ci-dessus.
Enfin, en divisant les dépenses totales par le nombre de tonnes kilomé-
triques utiles correspondantes, on a obtenu le prix de transport de la tonne
kilométrique utile. Pour les voyageurs avec bagages, on en a compté 10 à
la tonne et 14 pour les voyageurs sans bagages.
Les prix unitaires employés pour ces calculs ont été les suivants :
2 fr. le mètre cube d'eau ;
3 fr. 50 les 100 kg. de coke, pesant 34 kg. l'heclolitre ;
0 fr. 40 le litre d'essence spéciale ;
0 fr. 30 le litre d'essence du commerce;
0 fr. 20 le litre de pétrole ;
0 fr. 2251e kilowatt;
0 fi-. 30 le litre d'huile de graissage ;
CONCOURS 663
tuer le transport avec une vitesse supérieure à 4 kilomètres par
heure, que les moteurs animés sont incapables de fournir écono-
miquement !.
Mais ne risque- t-on pas de la sorte d'aggraver cet inconvénient,
que Ton reproche déjà tant aux automobilismes de poids lourds,
d'endommager beaucoup les routes? Il faut bien reconnaître qu'un
point reste douteux, celui de savoir si celles-ci résisteront long-
temps, surtout en hiver, à ces services réguliers. Le concours de
Liverpool que nous allons rappeler a donné à cet égard des indi-
cations peu encourageantes. Et quand on envisage ce côté si
grave de la question, on se sent moins tenté de crier au paradoxe,
lorsqu'on entend dire que « en fait de poids lourds, c'est le poids
léger qu'on doit rechercher », cela signifiant que, dans l'état
actuel des véhicules et des voies, la meilleure solution semble
être le morcellement de la charge à transporter dans des voitures
qui ne soient pas trop lourdes, qui puissent, par exemple, rece-
voir à leurs roues des bandages en caoutchouc *.
L'officier, dans la bouche duquel un journal technique a mis
le mot que nous avons rapporté, avait suivi le concours des Poids
lourds de 1899, qui n'avait pas, plus que les précédents, résolu
la question de l'endurance des routes : des services prolongés
pourront seuls la trancher. Ce concours ne semble d'ailleurs pas
avoir donné des résultats bien nouveaux, et cela n'a rien de sur-
prenant de la part d'une épreuve qui se reproduit annuellement.
Il a eu lieu, du 5 au 11 octobre, dans des conditions ana-
1. Un industriel anglais, M. Sparkes, a fait, pendant 9 mois, des expé-
riences comparatives sur des camionnages de laine : ils ont coûté 0 fr. 53
par tonne kilométrique, avec un camion à vapeur de la « Lancashire Steam
Motor C° », environ 1/10 de moins qu'avec un camion à chevaux. Le prix de
0 fr. 53 est élevé : cela tient à la nature de la substance transportée, qui est
fort légère (Locomotion automobile, du 16 mars 1899, p. 163).
2. Cela semblerait devoir provisoirement accroître la convenance de
l'essence à ce transport des poids lourds, qui paraissait réservé à la vapeur.
En vérité, tout est complexe dans cette question, qui peut changer de face
avec les développements successifs de Tautomobilisme, et on ne doit pas se
hâter de conclure.
664 l'automobile sur route
logues à celles des autres, avec cette différence que l'itinéraire A
a été supprimé, et que l'épreuve s'est composée d'un service de
six jours sur les itinéraires B et C, constituant un parcours
total d'environ 340 km.
MM. de Dion et Bouton avaient engagé 4 véhicules à vapeur :
deux omnibus de 25 et 30 chx, pour lesquels il faut signaler
L'emploi d'une caisse en partinium ayant permis de réaliser une
économie de 400 kg. sur le poids du véhicule ; un camion de
25 chx ; un remorqueur-porteur de 50 chx. La vapeur était encore
représentée par une voiture de livraison de 15 chx de M. Ed.
Chaboche, et par un camion de 30 chx. de M. Valentin Purrey.
Les établissements Panhard étaient représentés par un omni-
bus-salon pour 12 voyageurs et leurs bagages (charge utile :
1.200 kg.), avec moteur à essence, à 4 cylindres de 12 chx et
roues caoutchoutées; MM. de Dietrich et Cie, par un char-à-bancs
et un camion destinés au Soudan, ayant respectivement comme
charge utile, 1.200 et 2.000 kg. et munis d'un moteur à essence
de 9,5 chx.
L'électricité actionnait deux voitures de livraison : Tune de
10 chx. de 750 kg, de charge utile, construite par la Société des
voitures Kriéger; l'autre de 16 chx de 1.000 kg. de charge utile,
envoyée par la Compagnie Internationale des Transports automo-
biles.
328. — Concours de Liverpool (mai 1898). — A ce concours orga-
nisé parla Self-propelled Traffic Association de Liverpool étaient
admis les seuls véhicules destinés au transport des marchandises ;
ils devaient être divisés en deux classes : camions portant deux
tonnes et devant faire au moins 9,6 km. à l'heure, et camions
portant cinq tonnes et devant faire au moins 6, 4 km. à l'heure.
Mais la nature des véhicules qui se sont présentés n'a pas per-
mis de conserver cette division 4
Deux itinéraires, partant de Liverpool et y revenant, devaient
être parcourus chacun dans les deux sens : le 1 cr avait une lon-
gueur de 57 km. 3, dont 20 à 25 km. environ de pavage ou de
CONCOURS 665
roches à fleur de sol, le reste en macadam uni, la plus forte pente
atteignant 4,3 °/0 sur 300 m. environ ; le 2° avait une longueur
de 57 km. 7, dont 10 environ de pavage, la plus forte pente
atteignant 5,9 °/0 sur 200 m. environ.
Le concours a eu lieu du 24 au 28 mai 1898. Trois construc-
teurs y ont pris part, avec 4 véhicules, tous à vapeur (2 chauffés
au pétrole lampant), que nous avons décrits : la Lancashire S team
Motor C° de Leyland, avec un fourgon de 4 tonnes désigné par
A sur le tableau récapitulatif des résultats reproduits page 666
(§ 242) ; la Liquid Fuel engineering C°, de Cowes, avec un
camion de 2 tonnes B (§ 243) ; la Steam Carriage and Wagon
C°, de Chiswick, avec un fourgon de 2 1/2 tonnes G et un
camion de 5 tonnes (§ 244). Les 24 et 25 mai, les véhicules ont
parcouru le premier itinéraire, les 26 et 27 mai le second dans
les conditions qui sont consignées au tableau.
Les conclusions du jury peuvent être résumées ainsi qu'il suit.
Les véhicules présentés au Concours sont susceptibles, dans les
conditions J de ce dernier (charge de 4 tonnes transportées à une
soixantaine de kilomètres), d'effectuer le travail moyennant des
prix analogues à ceux qui sont actuellement courants dans le dis-
trict de Liverpool.
Sur des routes bien macadamisées, à faibles déclivités, les
véhicules auxquels des^ prix ont été attribués feraient un bon ser-
vice, sans être pourtant à l'abri d'avaries entraînant des inter-
ruptions de service parfois assez longues. La fréquence et l'im-
portance de ces avaries augmenteraient assez vite avec les imper-
fections des routes, si bien qu'aucun des véhicules expérimentés
ne serait capable de fournir un service régulier sur des routes
telles que celles choisies pour le concours.
Les roues et les bandages demandent à être améliorés, les
manœuvres qui incombent au mécanicien-conducteur à être
simplifiées. Deux changements de vitesse sont indispensables.
1. Voir ces conclusions in extenso dans le Génie civil, t. XXXIV, p. 106
Charge dû véhicule
Temps brut du trajet (compté du moment
du départ au moment de l'arrivée)
Temps net du trajet (obtenu en déduisant
du temps brut ton* les arrêts)
Vitesse moyenne A l'heure (correspondant
an temps net)
(Consommation de combustible totale
lomélrique utile
(Quantité d'eau vaporisée .
Î4 mai 1898.
par
tonne ki-
4 115 kilogr.
Observation.
Un buufoge
détaché an de-
but do trajet a
obligé la voiture
là rentrer au dé-
pot sans prendre
part à celle
érreuve.
S5 mai 1898
Charge
Temps brut
Temps net
Vitesse a l'heure
(Consommation de combustible totale
— par tonne ki-
lométrique utile
(Quantité d'eau vaporisée
Observations.
4 000 kilogr.
8 1). 56
6 h. 48
8 km. 4
83 litres.
0.36 litres.
527 litres.
Un nouvel ae-
jcidentde banda -
/ge a Tait perdre
un peu plus
l'une heure.
*6mui 1898.
Charge
Temps brut
Temp« net
Vile***» à l'heurt*
Consommation de combustible totale
— par tonne ki-
lométrique utile
Quantité d'eau vaporuée
. Cette voiture
[n'a pu prendre
lpart a l'épreuve:
Observation. la journée a été
' employée à
changer le ban-
•laqe endomma-
gé-
V mai 1898.
Charge ,
Temp< brut
Temps net
Vitesse à l'heure
Consommation de combimillt! totale
— par tonne ki-
lométrique utile.
.Quantité d'eau vaporisée
4 306 kiloiçr.
8 h. 20
«h. 50
8 km. 3
Si» liires
0.36 litres
600 litres
2 070 kilogr.
5 b. 29
4 h. 11
13 km. 7
91 litres
0.79 litre
667 litres
2 150 kilogr
6 h. 14
4 h. 51
11 km. 8
118 litres
1 lilra
740 litres
Presque au dé-
but, rupture d'un
fond du cvlimlrc
A basse pression.
On a continué le
trajet en mar-
chant avec le cy-
lindre a haute
pression et une
moitié de l'autre
cvlindre.
2.070 kilogr.
5 h. 27
4 h. 39
12 km. 4
104 litres
0. 90 litre
767 litres
Le fond de cv-
indre, brisé la
veille, avait été
remplacé.
2 032 kilogr.
5 h. 4
4 h. y
14 km. 9
123 litres
1.08 litres
H 10 litres
2.654 kilogr.
10 h. 49
5 k. 48
9 km. 9
149 kilogr.
1 kg. charbon
0 kg. 39 coke
649 litre*
L'obturation
d'un tube de la
chaudière crevé
pendant le trajet
a causé un arrêt
le 4 heures.
5 233 kilogr.
17 h. 39
7 h. 24
282 k*. ebai
116 kg. coke
1 kilogr.
2 734 kilogr.
7 h. 10
6 h. 12
9 km. 25
140 kilogr.
0.90 kilogr.
667 litres
2 467 kilogr.
7 h. 4
5 h. 48
9 km. 95
144 kilogr.
1 kilogr.
486 litres
Accident au
ventilateur de ti-
rage, ayant cau-
sé un retard de
19 minutes ;ona
suppléé au ven-
tilateur en échap-
pant dans la che-
minée.
2 565 kiloirr.
9 h. 11
6 h. 43
8 km. 6
172 kilogr.
1.2 litre
054 'itre*
1
irfconj
ri
05 litres ,
Un bandagtj
s'est dé tac b*j
presque à la fin)
duvovage. taré
pa ration provi-
soire causant un*
arrêt de 8 heo.-e»
Cette voiture!
n'a pu prendre)
part à l'éprouva
i eau*e de l'ac-
cident de banda-'
ge de la veille.'
nécessitant une]
réparation as*e«
longue.
4 605 kilosr.
13 h. 18
10 h. 28
5 km. 5
264 kiloarr.
1 kiloirr.
1 408 hues
Marche tré*
lente, à cause de
l'état du banda-
ge de la roue mo
trice.
5 309 kilogr.
12 h. 5
9 h. 8
6 km. 3
351 kilogr.
1 16 litres
1290 litres
concours • 667
Les véhicules ont d'ailleurs mapœuvré avec souplesse ; mais
aucun d'eux n'a été capable de se placer contre un quai de
charge ou d'en sortir avec la rapidité et la sûreté désirables. Ils
ont gravi les rampes dans des conditions économiques bien supé-
rieures à celles données- par la traction animale.
Bien que les prix de revient de la tonne kilométrique, calcu-
lés par le jury !, soient plutôt inférieurs aux taxes actuelles des
chemins de fer, on ne saurait admettre que les véhicules à trac-
tion mécanique puissent, sauf dans quelques circonstances spé-
ciales, concurrencer les chemins de fer, toujours en mesure de
réduire leurs taxes.
2° Concours de Fiacres et de Voitures de livraison.
328. — Concours de Paris (1898 et 1899). — Le concours de 1898,
placé par F Automobile-Club sous la direction d'une commission
ayant M. Forestier pour président et M. le comte de Chasseloup-
Laubat comme secrétaire, devait porter sur le prix de revient
d'un fiacre automobile accomplissant un parcours varié de 60 km.
au minimum dans une durée de 16 heures *, à une vitesse maxi-
mum de 20 km.
Trois itinéraires, de profils très durs, représentant une moyenne
d'élévation de 350 m. avec des rampes très fortes, mais courtes
(comme celle de la rue de Magdebourg : 14,5 °/0 sur 10 m.) et
i. Dans ce calcul, l'intérêt et l'amortissement ont été évalués à 20 % du
prix d'achat (au lieu des 10 °/0 admis à Versailles), l'entretien et les répara-
tions à 23 ou 30 % (au lieu de 11 °/0). M. Forestier explique ces différences
par ce fait qu'en Angleterre la loi qui régit la circulation des véhicules auto-
mobiles impose à ces engins des conditions de poids qui, comme l'a déclaré
le jury de Liverpool, empêchent de donner des dimensions suffisantes aux
parties qui travaillent le plus. En revanche, les frais généraux ont été éva-
lués à 4 °/0 environ du prix d'achat, tandis qu'en France ils l'ont été à 10 °'0.
2. Pour faciliter l'exécution de l'épreuve, les 60 kilomètres journaliers
devaient être accomplis en trois étapes, et à la consommation, faite pendant
le trajet, on devait ajouter la consommation faite au dépôt pendant le com-
plément de durée des 16 heures.
668 l'automobile sur route
d'autres plus douces mais longues (comme celle de la rue d'Alle-
magne : 4,3 °/0 sur 1.177 m.), et empruntant certaines des voies
les plus fréquentées de Paris, furent dressés par M. de Chasse-
loup-Laubat.
Quatorze véhicules se présentèrent au concours : sept ont
accompli l'intégralité des épreuves ; ce sont les voitures de
MM. Jeantaud, Kriéger et Jenatzy que nous avons décrites en
détail, et le coupé Peugeot (§ 268), seul représentant du pétrole.
Le premier jour du concours a été consacré à l'essai des
freins de chaque voiture, à la montée et à la descente de la
côte de la Tuilerie, dune déclivité moyenne de 6 °/0, et à
l'épreuve de la force des moteurs à la montée de la côte du Mont-
Valérien, d'une déclivité moyenne de 8,2 °/0 sur une longueur
de 600 m. Pour juger de l'effet que les trépidations dune course
de 540 km. dans toutes les voies de Paris avaient pu exercer sur
les divers organes des véhicules, les épreuves ont été recom-
mencées le H juin. Elles ont donné les moyennes suivantes :
En rampe, pour les voitures électriques, à une vitesse moyenne
de 8km. 67à l'heure, arrêt en 2. 30 mètres ; pourlecoupé à pétrole,
à la vitesse de 6 km. à l'heure, arrêt net sur place, sans recul ;
En descente, pour les voitures électriques, à une vitesse
moyenne de 13 km. 95, arrêt en 7 m. 84 ; pour le coupé à pétrole,
à la vitesse de 12 km., arrêt en 11 m. 80.
On a profité de ces essais pour relever minutieusement la
consommation d'énergie des véhicules à moteur électrique, à
différentes allures : en palier, sur un excellent macadam récem-
ment cylindre le long de la Seine, et en rampe sur l'empierre-
ment assez défectueux de la côte du Mont-Valérien.
Les trois itinéraires choisis ont été parcourus trois fois par
chaque voiture, non pas sans pannes, d'ailleurs sans gravité,
mais en somme très facilement.
Le dernier jour certains véhicules ont marché jusqu'à épuise-
ment de leur énergie, et ont parcouru respectivement les dis-
tances suivantes :
CONCOURS 669
kilom.
Coupé de la Cio générale des Transports automobiles. 105
Fiacre à galerie Kriéger 100
Victoria Kriéger 92 . 5
Coupé Kriéger 90.5
Cab Jeantaud 86 . 5
Les constatations faites par les commissaires et les résultats
que le jury en a déduits ont été résumés dans le tableau de la
page 670 dont les éléments sont fort explicitement indiqués ;
disons seulement que, pour le prix de revient de la journée du
fiacre à pétrole, les brûleurs ont été supposés marcher seuls, le
moteur étant arrêté, pendant 5 heures, et le moteur a été sup-
posé marcher à vide (aux stations et pendant la marche quand
il était débrayé) pendant deux heures et demie.
En partant des chiffres ainsi trouvés, et en tenant compte des
renseignements fournis par la Compagnie générale des voitures
à Paris, M. Forestier a essayé d'établir dans le premier tableau
delà page 671 les prix de revient comparés du fiacre à chevaux,
du fiacre à pétrole et du fiacre électrique.
Ces chiffres ne peuvent être considérés que comme approxima-
tifs : tels quels, cependant, ils sont très intéressants. Notons
que pour le calcul du prix de revient du kilomètre utile, on a
supposé que sur les 60 km. journaliers, 45 seulement étaient
rémunérés, les autres étant occupés par le trajet du dépôt au lieu
de chargement, le retour au dépôt et la maraude. Pour une
voiture de maître, on pourrait prendre un nombre de kilomètres
utiles plus élevé.
Le concours de 1899 a eu lieu, du 1er au 12 juin, dans les
mêmes conditions que celui de 1898, à cette différence près
qu'on y a admis, avec une charge minimum de 500 kg., les voi-
tures de livraison faisant un service urbain.
La liste par ordre d'inscription des véhicules ayant pris part
à ce concours est donnée par le second tableau de la page 671 :
670
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
Poids de la voiture en marchs :
Caisse, roue, châssis et transmissions.
Moteur
Accumulateur* (poids brut)
Cooducteur
Charge utile
Poids total
Charge utile
Poids total
Vitesses obtenues dans les essais :
Vitesses en palier
Vitesse en rampe de 82 millimètres
8km5-16km8 8,8 19,9-25,7
7 km 900 6 km 000
Vitesse en service dans Paris :
Vitesse moyenne générale
Fourniture et Consommation d'énerg in:
Fourniture réelle d'énergie spécifique aux bornes
des batteries d'accumulateurs à l'usine :
Par Toiture-journée
Par Toiture-kilomètre
Consommation hypothétique, a raUon d'un rende-
ment de 75 •/• des aceuxuiateur*, par roilure-
kilomètre
Consommation pendant le* e*sais, par voilure -
kilomètre :
\ Vitesse
( Consommation
j l Vite«*e
) ( Consommation.
'(«. j Viu*"
Ea rampe de 82 ■
En palier.
( Consommation
Rapport entre la con<ommition en «errieu . Vm
Cm à la ritesie moyenne Vmella consom- ) Vp
mation Cp k la vitewe Vp peu Unt les 1 Cm
essais en palier ' Cp
Coefficients de rendement des moteurs aux
essais du U juin:
t Vitesse 6 km 00 à l'heure.
En rampe de 82 ■
En pâlie
Vileise:
7 km 90 —
9 km 80 —
7 km 82 a l'heure.
8 km 50 —
8 km 80 —
lGkinSO —
10 km 95 —
19 kra 90 —
?5 km 70 —
COUPÉ, N° 13
enatzy
1 662k.
140k.
1 802k.
8,4 •/•
COUPE N« 16
Kriéger
713
130 |
457 i
1 370 k.
400 k.
I 770k.
18,4 •/*
13 ka
13 kwb 26
221 wh 00
165 \vh 75
7 km V 00
752 wh 40
8 km 500
134 wh 16
16 k:n 800
132 wh 80
1 1 km 770
16 km 800
1,24
67,00 •/.
58,00 V.
65,00 •/.
13 km 800
U kwh 15
186 wh 00
U9 «1.50
6 km 000
880 wh 00
8 km 800
Il4wh40
15 km 000
110 wh 00
13 km 800
15 km 000
1,10
56,60 •/.
53,60 •/.
72,75 •/•
75,70 %
CAB., No 25
Jeantaud
1W / , ™-
\ 1 37i
404 ■' k >f
LUI i
70 )
0k
110k
1 410k.
10«/.
7,82—16,95
9 km 900
13 km 370
10 kwh 07
167 wh 80
125 wh 85
9km 900
473 wh 00
7 km 820
69 wh 70
16 km 950
86wh 15
13 km 370
16 km 950
1.34
83.70 •/•
87,00 •/•
77,80 •/•
COUPÉ A PÉTBOLB
Peugeot
(937.5
38.
1 080k.< 24.5
l:
210g.
1 290 kg.
16V-
22 k. 5-22 k. 5
6km 000
15 km. 85
01.200
11.150 —
0>.270 —
0 l. 600 huile.
13 1.500 es sen.
1».
31.625
18 >. 125
I0fr.33
Ofr.54
10 fr. 87
Poids de la.
voiture en
ordre de
marche.
Poids k vide.
Eau.
Pétrole.
OnUU. huile».
Conducteur.
Charge utile.
Vitesse dnns
les essais,
en palier.
En rampe de
82—.
Vitesse emtcr-
vice. '
Vitesse moyen-
ne générale J
Essais de con-
somma ttoa.
Brûleurs par b J
Moteur a ride.
Voiture par kii .
(à U rite***
delôkii-.
G rai «sage par
♦30 kil.
Prix de re-
vient de h
journée.
Moteur et brù
leurs.
50k.X01.27u
Brûleur* seul»
pendant 5 I.
5x01. 2t*J
Moteur a vide
pendant 3 h 1
2. 5 x 1 1. VA)
Total d e«seBee
à 0 fr. 5T le
hlr«.
Huile de «rai'
«âge 0 I. 6W>
à 0 fr. 90.
CONCOURS
671
PRIX DE REVIENT DES FIACRES A CHEVAUX ET AUTOMOBILES
ÉLÉMENTS
Administration
Accidents et avaries
Taxes, impôts
Totaux
Location et entretien des bâtiments
Conducteur
Palefreniers et laveurs
Matériel, entretien et réparations
Entretien des pneumatiques
Entretien des moteurs
Totaux
Nourriture des chevaux (3,5)
Dépense de pétrole (à Paris)
Dépense d'énergie électrique (à 12 centimes
le kw-h)
Entretien des accumulateurs
Prix de revient de la journée
Prix de revient du kilom.- utile
Prix de revient dn kilom. en sus
0'82
0,34
2,42
3,58
1,02
5,37
0,94
2,67
13,58
5,68
19'26
0.428
ESSENCE
de
pétrole
0<82
0,34
2,00
3,16
0,50
5,37
0,34
2,00
2,00
3,00
16,37
10,87
27f24
0,605
Insignifiant.
ÉLECTRI-
CITÉ
0f82
0,34
2.00
3,16
0,51
5,37
0,44
2,00
2,00
1,00
14,48
1,55
4.00
20f03
0,444
0,023
3 S
? a
CONSTRUCTEURS
GENRE
DES VÉHICULES
NATURE
de
l'kxerqik MOTRICE
CHARGE
UTILE
POIDS
TOTAL
1
4
Jenatzy.
Id.
Coupé (2 places).
Voiture de livraison
Électricité.
Id.
140kii.
1 500
1 760 kil.
6 500
5
Jean ta ud.
Cab (2 places).
Id.
140
1 470
6
7
8
Id.
Id.
Mildé.
Coupé (2 places).
Mylord (2 places).
Voiture de livraison
Id.
Id.
Id.
140
140
500
1 580
1 450
3 300
9
13
14
Kriéger.
Panhard.
Id.
Victoria (4 places).
Coupé (2 places).
Voiture de livraison
Id.
Essence.
Id.
280
140
500
1 700
1 300
2 170
15
Jeantaud.
Drojky (2 places).
Electricité.
140
1 164
672 l'automobile sur route
La plupart de ces voitures avaient pris part au concours de
1898; elles présentaient seulement l'avantage, d'ailleurs fort
appréciable, d'avoir roulé dans l'intervalle, et d'avoir, pour ainsi
dire, été mises au point. M. Jenatzy avait, comme nous l'avons
dit (§ 300) renoncé à la variation mécanique de vitesse : son
coupé était actionné par deux moteurs attaquant directement par
engrenages les couronnes des roues motrices; sa voiture de
livraison, à bandages de fer, avait un moteur suspendu et une
transmission par chaînes.
La voiture de livraison Mildé (§ 303) était à caoutchoucs corn-
pound, à transmission par chaîne à doubles rouleaux, à accumu-
lateurs Fulmen.
Le coupé n° 13 et la voiture de livraison n° 14, engagés par
la maison Panhard, étaient munis d'un moteur Phénix de 8 chx ;
le coupé avait des pneus de 80 mm., la voiture de livraison des
caoutchoucs pleins.
Les essais de freinage ont montré une sûreté plus grande qu'en
1898 : à la vitesse de 20 à 22 km. à l'heure, sur pente de 8 °/o,
l'arrêt complet a été obtenu sur des distances comprises entre
5 et 8 mètres, ne dépassant pas en tout cas 10 mètres.
Pour ce qui est des voitures de livraison, qui n'avaient pas
leurs analogues dans le concours de 1898, nous dirons tout de
suite qu'on a calculé les prix de la journée en se basant sur les
renseignements fournis par la Compagnie des Chemins de fer
d'Orléans et les grands Magasins du Louvre, du Bon Marché et
du Printemps, consignés dans le tableau suivant qu'on a seule-
ment complété par les consommations constatées dans le con-
cours :
CONCOURS
673
Frais généraux du service de factage
des Chemins de fer
CHEVAL
ESSENCE
ÉLECTRICITÉ
0'80
0.36
0.90
5.
9.661
0f80
2#
5.
5.
8.
0f80
2.
3.
5.
N°4 5.01
N°8 3.34J
4.
/ Intérêt et amortissement
m. *. . ,1 10 0/0
Matériel* _, A L • ,
\ Entretiens et grosses repa-
( ration 23 0/0
Personnel
Energie motrice
Entretien des accumulateurs. •
16f72
20f80
X°4 19f8i
N° 8 18.14
Le prix de la journée est notablement plus cher avec l'essence
et l'électricité, qu'avec les chevaux, mais l'essence n'est pas beau-
coup plus coûteuse que l'électricité. Ces chiffres paraissent bien
défavorables à la substitution de la traction mécanique à la trac-
tion chevaline pour la livraison en ville, mais il nous semble que
l'emploi de l'essence ou de l'électricité doit permettre à la voiture
un plus long parcours que les deux chevaux chargés de la servir.
Pour les voitures de place, les vitesses obtenues en 1899 ont
été meilleures que celles de 1898, mais en grande partie parce
que le nouveau règlement sur la circulation des automobiles a
permis la marche à 20 kilomètres à l'heure, au lieu des 15 km.
tolérés l'année d'avant.
Les fournitures et consommations d'énergie électrique ont été
les suivantes :
t. L'énorme différence qui existe entre la dépense de deux chevaux de
factage comptée 9 fr. 66 par la Compagnie des chemins de fer et celle de
3 1/2 chx de fiacre évaluée seulement à 5 fr. 68 par la Compagnie générale
des voitures à Paris s'explique, d'après M. Forestier, par l'économie que
permet de réaliser le rationnement méthodique d'une cavalerie nombreuse.
Il faut aussi faire intervenir, ce nous semble, la taille des chevaux.
Q. Làyebgkk. — L'Automobile sur route. 43
674
L AUTOMOBILE SUR ROIÎTE
Fourniture par voiture-journée (en
kilowatts-heure)
VOITURES
N° 1
N° 5
N°6
N° 7
N° 15
N° 9
12.4
200
150
20.15
11.2
183.6
137
19.68
12.2
200
150
20.15
9.76
185.5
119
19.53
8.
131
98.25
19.38
11.5 .
190
142.5
19.68!
1
Fourniture par voiture-kilomètre
(en watts-heure)
Consommation à raison d'un rende-
ment do 75 °/0 des accumulateurs,
par voiture-kilomètre (en watts-
heure)
Prix de la journée (en francs)
On voit, en se reportant au tableau de la page 679, que ces con-
sommations sont notablement inférieures à celles de 1898.
Pour calculer le prix de revient de la journée, on s'est basé sur
les mêmes éléments que ceux de Tannée précédente et on a
obtenu les chiffres de la dernière ligne du tableau ci-dessus.
Le coupé ii pétrole a consommé 10 litres d'essence (au lieu
des 16 dépensés par le coupé Peugeot de 1898), qui ont coûté 8 fr.
et ont encore porté à 23 fr. 28 le prix de sa journée. La substi-
tution de l'allumage électrique k l'allumage par brûleurs permet-
trait de supprimer la dépense de ces brûleurs marchant seuls ;
elle serait insuffisante pour rendre l'emploi du pétrole écono-
mique, tant que l'essence conservera à Paris le prix exorbitant
auquel elle est vendue ou que l'application de quelque moyen
nouveau (mise en marche du moteur assez facile pour permettre
son arrêt pendant les stationnements), ou même de quelque prin-
cipe inédit en automobilisme (moteur Diesel § 129), n'aura pas eu
pour résultat d'abaisser beaucoup la consommation d'essence. Il
faut le regretter d'autant plus que le iiacre à pétrole est le seul
utilisable par le petit loueur, qui ne peut faire les frais d'une
installation électrique autonome, lui permettant de se procurer
le fluide à bon marché.
Autant la consommation d'essence est onéreuse pour le fiacre à
CONCOURS 675
pétrole autant la dépense d'énergie électrique a été trouvée faible *
pour les accumobiles. 11 ne faudrait pas en conclure, comme le
remarque M. Forestier, que cela rend inutile, en pratique, la
recherche du meilleur mode de fabriquer l'électricité et de sa
meilleure utilisation par la voiture : la dépense n'est minime que
parce qu'on a pu abaisser à un taux très peu élevé (0 fr. 12 le
kilowatt, au lieu de 1 fr. prix de vente moyen de l'électricité pour
l'éclairage) le prix de l'électricité ; pour une voiture de maître se
chargeant sur les conducteurs d'une usine de distribution publique,
le prix serait de beaucoup supérieur à celui-là. Et puis, en rédui-
sant la quantité d'électricité employée, on réduit du même coup
le poids et l'entretien des accumulateurs. Enfin, le fiacre à che-
vaux ne donnant guère aux compagnies qu'un bénéfice minime
(0 fr. 50 par jour, disent-elles), il faut réduire autant que pos-
sible les dépenses du fiacre électrique, si on veut le rendre écono-
mique.
En l'état, puisque, d'après la moyenne des chiffres de 1899, il
coûte précisément 0 fr. 50 de plus que le fiacre à chevaux, il ne
l'est pas encore. On peut cependant espérer qu'il le sera bientôt;
d'une part, les chiffres auxquels s'est arrêtée la commission n'ont
rien d'absolu, et, d'autre part, on ne manquera pas, en perfection-
nant la voiture électrique, en l'adaptant mieux au service urbain,
de diminuer son prix de revient journalier.
Mais il ne faut pas oublier que le prix d'entretien des pneuma-
1. Il résulte des constatations faites en 1899 que le coût de l'énergie élec-
trique consommée par jour varie de 0 fr. 90 à 1 fr. 20, quand le poids de
la voiture passe de i.164 kg. (n° 15) à 1.700 kg. (n° 9) : une augmentation
de poids de près de 50 °/0 n'influe que d'une manière insignifiante, 0 fr. 30,
sur la dépense journalière. Il semble donc qu'il n'y ait pas grand intérêt à
chercher à diminuer outre mesure le poids des accumulateurs, et on peut,
au contraire, penser comme M. de Clausonne (g 302), qu'il sera plus écono-
mique d'adopter des accumulateurs lourds, moins coûleux à entretenir. La
seule question, dit M. Forestier, est de savoir si l'économie réalisée sur
l'entretien des accumulateurs plus lourds sera plus grande ou inférieure à
l'augmentation des frais d'entretien des bandages élastiques d'une voiture
plus pesante. Quand on compte 2 fr. comme entrelien journalier des pneu-
matiques, on ne peut oublier ce côté de la question.
676 l'automobile sur route
tiques (2 fr.) et celui des accumulateurs (4 fr.), le dernier sur-
tout, constituent des aléas fort importants et presque aussi mys-
térieux, sur lesquels il faut attendre d'être fixé pour exprimer
une opinion en toute connaissance de cause. Les conducteurs qui
ont piloté les fiacres des concours étaient, presque tous, passés
maîtres dans l'utilisation de l'électricité et dans la façon de ména-
ger leurs accumulateurs. Quand une compagnie aura à recruter
un nombreux personnel, trouvera-t-elle autant qu'elle en voudra
des conducteurs capables de devenir assez vite experts dans leur
nouveau métier, et surtout assez soigneux de leurs batteries?
L'essai tenté par la Compagnie Générale des Voitures à Paris qui
a dû retirer ses accumobiles du service de fiacre pour l'affecter à
celui de la grande remise montre bien la réalité de cet écueil. En
revanche, la voiture de remise électrique louée au mois et sur-
tout celle de maître semblent appelées à un développement immé-
diat.
3° Concours de moteurs et d'accumulateurs
330. — Concours de moteurs de la Locomotion automobile. — Un
concours de moteurs, dont l'idée, émise par M. Hospitalier, a été
reprise par M. G. Knap et soutenue par M. Sencier, vient d'être
exécuté, d'octobre à décembre 1899, dans les ateliers de
MM. Malicet et Blin, sous la direction d'un comité organisé par
la Locomotion automobile. Les résultats de ce concours n'ont encore
été, au moment où nous mettons sous presse (janvier 1900), ni
intégralement publiés, ni, à plus forte raison, commentés ; nous
ne voulons pourtant pas les passer sous silence.
Ce concours était destiné à mesurer la puissance effective des
moteurs d'automobiles, isolés et montés sur leurs véhicules, et
la puissance disponible aux jantes de ces derniers *.
1. On devait indiquer pour chaque moteur le nombre des cylindres, leur
diamètre intérieur, la course des pistons, les modes de carburation et d'al-
CONCOURS 677
Dans la liste d'engagements figuraient des moteurs, moto-
cycles ou voitures, de 43 marques différentes : 34 étaient envoyés
par les constructeurs eux-mêmes.
Essais des moteurs isolés. — Le moteur était fixé sur un solide
bâti formé de gros madriers reposant sur des poteaux maçonnés
dans le sol et contreventés par d'autres scellés dans un mur voi-
sin.
Le frein à corde, disposé comme le montre la figure schéma-
tique n° 146 bis, était placé sur le volant, quand celui-ci était
extérieur au carter, à défaut sur une poulie accessoire, spéciale-
ment installée à cet effet s'il en était besoin. Le graissage du frein
se faisait à la plombagine : une circulation d'eau était d'ailleurs
ménagée à l'intérieur de la poulie de frein pour le refroidir en
cas de nécessité. La formule appliquée était celle du § 163.
Le nombre de tours par minute n était fourni par un compte-
tours, qu'actionnait l'arbre moteur, ou un arbre secondaire,
comme celui des cames ou de la mise en marche. Ce compteur,
prêté par M. Darras, s'embrayait automatiquement en même
temps qu'un compte-secondes, donnant le cinquième de la
seconde ; le débrayage était aussi automatique.
Pour mesurer la tension />', on disposait de deux sortes de
dynamomètres : de simples pesons soigneusement vérifiés, et un
dynamomètre enregistreur prêté par le Conservatoire des Arts et
Métiers1.
lumage, le nombre normal de tours par minute, le diamètre du volant, le
poids supporté par le moteur en marche pendant le freinage, en un mot
tous les éléments du moteur et des transmissions permettant de se rendre
compte des circonstances particulières des essais, et peut-être de déduire
de leur ensemble des conclusions générales.
4. Ce dernier, construit par la maison Richard, consiste en un étrier por-
tant une cuvette remplie d'eau et fermée par une membrane en caoutchouc,
sur laquelle s'applique un piston fixé à un second étrier et guidé par une
couronne. La traction exercée sur le dynamomètre a pour effet de compri-
mer le liquide, qu'un tube souple met en communication avec un mano-
mètre enregistrant cette compression, par les inscriptions d'un stylet sur
une feuille de papier qu'un mouvement d'horlogerie fait déplacer devant
elle.
678 l'automobile sur route
Essais des moteurs montés sur voiture. — La voiture immobi-
lisée et le moteur débrayé, on installe le frein sur le volant ou une
autre poulie. Certaines voitures se prêtent commodément à ce
genre d'essais; pour d'autres, on est gêné par le manque de
place, par le fléchissement des ressorts, par l'incommodité inhé-
rente à toute opération faite au-dessous d'un organisme aussi
compliqué. Même, sans le dynamomètre enregistreur, on n'aurait
pu, pour certaines, mener à bien l'expérience, étant donné qu'une
lecture sur un peson aurait été matériellement impossible, l'obser-
vateur se trouvant exposé à des douches de plombagine et d'eau
bouillante, et à la chute des poids en cas d'arrêt brusque du
moteur. Avec le dynamomètre, au contraire, l'appareil enregis-
treur est commodément installé sur un chevalet portatif, où la
lecture se fait aisément, et où les diagrammes forment documents
et permettent de juger de la qualité de l'essai.
Ces diagrammes montrent, en effet, que le couple moteur n'est
pas constant. Avec certains moteurs, il a été, pour ainsi dire,
impossible de recueillir le même nombre de kilogrammètres, avec
des conditions de carburation et d'avance à l'allumage aussi
constantes que possible, du moins en apparence. Dans ces con-
ditions on n'a fort sagement accepté un essai que lorsque pendant
sa durée, d'ailleurs définie, comme nous allons le dire, la vitesse
du moteur et la traction dynanométrique restaient à peu près
constantes.
Pour des moteurs à circulation d'eau, les essais étaient conti-
nués pendant 13 et 20 minutes, et on relevait de 3 en 3 minutes
le nombre de tours fait en une minute et la traction correspon-
dante. En général les valeurs ainsi trouvées ne variaient guère
par rapport à leurs moyennes (environ 3 °/0 pour un moteur
Gobron-Brillié). Les expérimentateurs en ont conclu qu'au lieu
de faire porter l'essai sur une dizaine de minutes, comme c'est
l'habitude avec le frein de Prony, on pouvait ne le faire porter
que sur quelques minutes.
Pour les moteurs dépourvus de circulation d'eau, on relevait de
CONCOURS 679
2 en 2 minutes les mêmes éléments, mais, comme ces moteurs
n'étaient pas refroidis par le mouvement du véhicule, celui-ci
étant au repos, ils chauffaient vite, et on ne pouvait prolonger
Fessai aussi longtemps que dans le cas précédent. On le recom-
mençait, si c'était nécessaire, après avoir laissé refroidir le moteur;
il faut d'ailleurs remarquer qu'un moteur tournant à 2.000 tours
par minute n'exige, au point de vue de la détermination des
moyennes, qu'un essai dix fois moins long qu'un autre tournant à
200 tours.
Chaque concurrent était libre d'employer l'essence qui lui sem-
blait la plus avantageuse ; presque tous se sont servis de benzo-
moteur, à 0,680.
Les opérateurs avaient à leur disposition, indépendamment
des carburateurs spéciaux aux moteurs engagés, des carburateurs
de Dion-Bouton, Benz et Longuemare. Effectivement pour cer-
tains moteurs on en a expérimenté plus d'un, et on a notamment
comparé les résultats obtenus avec un appareil à barbotage et
un appareil à pulvérisation. D'une façon générale, on a constaté
que les gaz d'échappement avaient, pour chacun de ces genres
de carburation, une couleur différente : avec le premier, la flamme
d'abord bleuâtre blanchit et devient même invisible, lorsque la
carburation est bien réglée, ce qui semble prouver que la com-
bustion est alors presque complète ; avec les pulvérisateurs, il
sort toujours de l'orifice d'évacuation une flamme longue, jaune
tirant sur le rouge.
La puissance de deux moteurs de Dion-Bouton s'est trouvée
assez notablement augmentée par la substitution d'un carbura-
teur à pulvérisation à un carburateur à barbotage. Cela semble
être la règle : pourtant un moteur Minerve s'est montré moins
puissant avec le premier qu'avec le second.
L'enlèvement du pot d'échappement a fait gagner un certain
nombre de kilogrammètres, en supprimant la contre-pression
qui y régnait et qui s'opposait à la libre sortie des gaz brûlés.
Les moteurs ont été freinés avec des poids différents, ce qui
680 l'automobile sur route
amenait des variations dans leur vitesse de marche; en déter-
minant les travaux accomplis à ces vitesses différentes, on a
vérifié que ce n'était pas nécessairement à la plus grande vitesse
qu'un moteur donnait sa plus grande puissance.
Détermination de la puissance aux jantes. — Pour l'effectuer,
on a considéré la voiture comme un moteur dont les roues
étaient les volants. Mais, au lieu de freiner directement sur ces
roues (ce qui aurait conduit à un résultat inexact, en supprimant
le roulement des roues sur le sol et le coincement aux moyeux),
on a placé ces roues sur un rouleau qu'elles actionnaient par
frottement, et le frein sur un volant porté par l'arbre de ce rou-
leau.
Cette façon de procéder n'était légitime qu'à deux conditions :
1° Que l'adhérence fût parfaite entre les bandages et le rou-
leau, autrement dit qu'il n'y eût pas glissement des premiers sur
les seconds. A cet effet, on avait formé la surface du rouleau de
bois rugueux, et on avait vérifié qu'à une vitesse du moteur égale
ou inférieure à celle qui correspondait à une vitesse de 15 ou
20 kilomètres, à l'heure pour la voiture, le glissement était nul
avec des bandages pneumatiques et négligeable avec des caout-
choucs pleins ;
2° Qu'on connût bien le travail absorbé par le frottement du
rouleau dans ses paliers. Or, il avait été mesuré de façon fort
précise.
L'appareil se composait d'un arbre de 60 mm. de diamètre, por-
tant à l'aplomb de chaque roue un tambour en bois, sur lequel
elle venait reposer, et d'un côté un volant de 0,955 m. sur
lequel on appliquait le frein. Cet ensemble pesant 175 kg. était
supporté par 3 paliers à rouleaux, du système de M. Philippe.
Parla méthode de la chute des poids *, MM. Bourlet et Desjacques
ont trouvé que le travail T absorbé par les frottements pour un
tour complet du système tournant sous son poids de 175 kg.
1. Locomotion automobile, 7 décembre J899, p. 774.
CONCOURS 681
était égal à 4,3 kgm. Ils en ont déduit que le travail absorbé par
le frottement de l'appareil tournant sous la charge Q serait :
T = ^|q=0,024Q,
Q étant exprimée en kilogrammes .
Nous connaissons les résultats des essais faits aux jantes
d'une dizaine de voitures. Malheureusement pour une seule
d'entre elles le moteur avait été préalablement freiné par les opé-
rateurs du concours : nous voulons parler de la voiture Delahaye,
dont le moteur avait développé au frein une moyenne de 10 che-
vaux; on a recueilli sur ses jantes 6 chevaux, soit 60 °/0 du tra-
vail du moteur. C'est aussi le coefficient auquel on est arrivé pour
une voiture Raouval, en admettant le chiffre donné par le cons-
tructeur pour le travail développé par le moteur sur son arbre.
Pour les autres voitures, on ne nous a pas encore fait connaître
la puissance exacte des moteurs qui les actionnaient, et la con-
naissance du travail recueilli sur les jantes assurément intéres-
sante par elle-même, puisque c'est celle du travail utile, ne suffit
pas pour déterminer le travail absorbé par les transmissions,
qui constitue aussi un élément important.
Pour trois d'entre elles, on nous a bien dit à quel type elles appar-
tenaient ; mais nous ne sommes pas assez sûrs que leurs moteurs
ont développé pendant les essais aux jantes leur force nominale,
pour accorder une confiance absolue aux coefficients que nous en
déduisons pour les rendements des transmissions. C'est le cas
des voitures Panhard de 12 et 8 chevaux, engagées par M. le baron
de Zuylen, et qui auraient donné un rendement de 50 %, la pre-
mière à la vitesse de 20 km. (alors que le rendement à la vitesse
de 10,2 km. aurait été plus faible, à l'inverse de ce qui a ordinai-
rement lieu), la seconde à la vitesse de 11 km. C'est aussi le cas
de la voiture Rochet de 6 chx, qui aurait donné, à la vitesse de
8 km., un rendement de 65 °/0.
682 l'automobile scr route
Pour les autres voitures on ne nous donne aucune indication.
Ces lacunes seront probablement comblées par le compte rendu
méthodique des expériences. Presque toutes celles-ci ont été
faites, pour la raison que nous avons dite, à des vitesses des
moteurs ne correspondant qu'à de faibles vitesses de la voiture
(7 à 13 km. à l'heure) ; ce ne sont pas les vitesses courantes,
auxquelles il eût été plus intéressant de procéder.
Quelque incomplets, et parfois même contradictoires dans leurs
détails qu'ils soient, les résultats de ce concours n'en sont pas
moins intéressants. Les promoteurs n'avaient pas la prétention
de résoudre les questions qu'ils envisageaient ; ils avaient seule-
ment le désir d'appeler l'attention sur l'utilité qu'il y avait à les
étudier, et de fixer quelques chiffres, au moins provisoires, dans
des matières qui manquaient totalement de données générales.
Leur tentative a parfaitement réussi et mérite d'être hautement
encouragée : il est temps que l'industrie nouvelle sorte de l'em-
pirisme, qui lui a suffi pour ses premiers pas, mais qui l'empê-
cherait de précipiter sa marche en avant.
330 bis. — Concours d'accumulateurs de Y Automobile- Club de France
(Résultats). — C'est celui dont nous avons déjà entretenu nos lec-
teurs (§ 131), sans pouvoir donner ses résultats, parce qu'il n'était
pas encore terminé, au moment où a été mise en pages cette par-
tie de l'ouvrage1.
1. Dans la note 1 de la page 231, nous avons donné les principales dispo-
sitions du règlement de ce concours; et à ce sujet nous devons rectifier
une erreur qui s'y est glissée: dans la 13e ligne de cette note, au lieu de
81a v, il faut lire 8,5 volts.
Ajoutons que les épreuves devaient avoir lieu par périodes de six jours,
séparées par un jour de repos.
Un jour par semaine, les batteries devaient être déchargées en tension, sans
trépidations, au régime constant de 24 ampères pendant cinq heures. Pen-
dant cinq autres jours, les batteries devaient être soumises durant cinq
heures, à l'aide d'un appareil automatique, à des trépidations aussi ana-
logues que possible à celles qu'elles éprouveraient sur des véhicules auto-
matiques circulant sur des chaussées empierrées ou des pavés ordinaires.
Pendant ces cinq heures, les batteries, montées en séries, devaient être
soumises à des régimes de décharge à intensité variable.
CONCOURS 683
M. Hospitalier, rapporteur de la commission de ce concours,
vient de publier (janvier 1900) un procès-verbal sommaire de
ses résultats, en attendant que paraisse le rapport complet. encore
en préparation. Nous allons résumer ce procès- verbal.
Dix-huit batteries, toutes du type plomb-plomb, avaient été
engagées. Par suite de diverses circonstances, le concours, qui
devait s'ouvrir le deuxième lundi d'avril 1899, n'a pu commencer
que deux mois plus tard. La première charge officielle a été
fournie le 3 juin, et la dernière décharge officielle le 2 décembre.
Le nombre officiel de charges et de décharges est donc de 153,
réparties sur 26 semaines.
La durée théorique totale de ces 153 charges et 153 décharges
est de 765 heures pour chaque nature d'opération, se décompo-
sant comme suit :
26 décharges à courant constant sans trépidations 130 heures
127 décharges à courant constant avec trépidations 635 —
Total 76a heures
L'appareil trépidateur, dont l'emploi constituait une des ori-
ginalités de ce concours, n'a pu être mis en marche que le
19 juillet pour la première fois. Il n'a fonctionné réellement que
122 heures 40 minutes, son arrêt ayant eu lieu le 14 novembre.
Le rapport de la durée réelle des trépidations à la durée théo-
rique de marche est :
soit un peu moins de un cinquième.
Par application de l'article 9 du règlement, les batteries ont
été soumises, tous les samedis, à des décharges de 24 ampères
et mises quatre fois hors circuit, avant d'être définitivement éli-
minées.
La Commission a décidé de ne faire état, dans le procès-verbal
684 l'automobile sur route
sommaire et dans le rapport général, que des batteries ayant
fourni au moins 60 décharges complètes avant élimination défi-
nitive.
Sur les 18 batteries expérimentées, 8 ont satisfait à ces condi-
tions. En voici la liste, d'après Tordre des engagements :
NATURE DES PLAQUES
Po»itiTes Négatives
I. — Société pour le travail électrique des métaux,
Paris Planté. Faure.
II. — Compagnie générale électrique, Nancy. Plaques
Pollak Faure. Faure.
III. — Société Tudor, Paris, Bruxelles, Londres Planté. Faure.
IV. — Societa italiana di cllettricita Cruto. Plaques
Pescetto Faure. Faure.
V. — Compagnie des accumulateurs électriques Blot,
Paris. Plaques Blot-Fulmen Planté. Faure.
VI. — Société de l'accumulateur Fulmen, Clichy Faure. Faure.
VII. — Société d'études des accumulateurs Phénix,
Levallois Faure. Faure.
VIII. — W. Pope and Son, Slough (Angleterre).
Plaques Sherrin Faure. Faure.
Le tableau suivant résume les conditions principales de con-
struction et de fonctionnement de ces batteries d'accumulateurs :
COHDITIOirS
de construction et de
fonctionnement
Poids de la batterie, en kilogr. . . .
Encombrement de la batterie en
dècim. cubes
Nombre officiel de charges-déchar-
ges, pendant la vie de la batterie.
Nombre de charges réelles
Nombre de décharge* réelles
Énergie totale absorbée, en kilo-
wats -heure
Knergie totale restituée, en kilo-
wats-heure
Rendement maximum mensuel des
batteries •/»,
Rendement minimum mensuel •/, .
Rendement moyen %.
I
METAUX
104
47,4
82
82
71
136,05
76,4
73
36,5
56
119,5
76
82
82
76
133,75
79,55
65
43
59,5
III
125,7
62,3
141
139
135
226,65
135,85
66
49,5
60
IV
128
85,5
141
141
128
228,65
130,6
60.5
48
BLOT-
PULMBK
109,8
58,7
135
135
132
210,85
143,9
74
30
68.
VI
76,5
39
100
100
98
154,7
101,9
76
55
VII
PHKMX
102
57
103
103
102
180.9
118,85
70
51
66
VIII
110
87
135
135
135
220, 75]
155,5
73
62,5
70
CONCOURS 685
Ce tableau permet d'évaluer simplement, par le rapport de
certains des nombres qu'il contient, soit les énergie spécifiques,
soit les poids spécifiques des batteries employées1.
330 ter. — Considérations générales sur les courses et les concours.
— Les deux genres d'essais, dont nous venons de rendre compte,
les courses et les concours sont bien différents, et n'ont pas un
égal mérite.
Nous préférons sans hésiter le second, fondé sur un ensemble
d'expériences systématiquement conduites, seules capables de
tenir un juste compte des divers éléments en cause.
Nous ne prononcerons pourtant pas contre les courses de
vitesse l'ostracisme qu'on ne leur ménage pas toujours. Nous ne
nous dissimulons pas leurs défauts, dont le plus grave assuré-
ment est de mettre en ligne des voitures qui ne sont pas compa-
rables, qui notamment présentent au point de vue de la force de
leurs moteurs des différences qui rendent la lutte absolument
inégale. Elles conduisent à construire des voitures, peu faites
pour une utilisation journalière, parfois exclusives de tout emploi
sérieux : le suprême du genre nous semble représenté par ces
voitures électriques qui doivent être remorquées sur le champ
de leurs exploits, et qui ne peuvent recommencer leur parcours
de 2 kilomètres, quand une erreur de chronométrage le rend
nécessaire. Il n'en est pas moins intéressant de voir une accu-
mobile faire du 105 à l'heure sur route plate, et tout à fait remar-
quable de voir une voiture à pétrole aller de Paris à Bordeaux
1. Un seul facteur de ce tableau exige quelques explications : l'intervalle
de temps écoulé entre le moment où une batterie donnée a reçu sa pre-
mière charge et celui où elle a fourni sa dernière décharge, a été appelé
Vie officielle de la batterie. Pendant cette vie olïicielle, l'ensemble des
batteries a reçu un certain nombre de charges et un nombre égal de
décharges, auxquelles la batterie considérée a ou n'a pas participé. C'est ce
nombre d'opérations qui est désigné dans le tableau par l'expression
Nombre officiel de charges-décharges pendant la vie de la batterie. C'est une
limite maxima donl les charges et décharges réelles, complètes ou partielles,
se rapprochent d'autant plus que l'allure de la batterie, pendant sa vie offi-
cielle, a été plus régulière.
686 l'automobile sur route
en moins de \2 heures. Et il serait injuste de ne pas reconnaître
que les courses de vitesse ont doté le moteur et la voiture de
qualités de rapidité et d'endurance dont le tourisme a large-
ment profité, et qu'elles ont beaucoup fait pour le développement
de Tautomobilisme.
Conservons donc les courses de vitesse, en ne leur demandant
que ce qu'elles peuvent donner ; en les réglementant de façon à
rendre aussi rares que possible les accidents, surtout ceux occa-
sionnés aux autres usagers de la voie publique ; en les espaçant,
de façon à ne fatiguer ni les constructeurs qui y prennent part,
ni les populations qui en sont les témoins.
Développons, au contraire, les concoure, en rendant leurs
essais encore plus méthodiques et plus pénétrants, en trouvant
une formule d'allégeance, qui tienne le mieux possible compte
des divers éléments. Et souhaitons que les constructeurs ne
désertent pas la lutte sur ce terrain qu'ils semblent peu affec-
tionner ; que même ils réclament des commissaires présidant aux
Concours ces comparaisons jusqu'ici interdites, et dont ils seront
les premiers à bénéficier.
CHAPITRE III
APPLICATIONS USUELLES. RENDEMENT. — PROGRÈS A CHERCHER
Nous arrivons maintenant aux emplois dont sont actuellement
l'objet chacun des trois agents de la locomotion mécanique, la
vapeur, le pétrole, l'électricité.
331. — Emploi des Toitures à vapeur. — La vapeur, avons-nous
dit (§ 327), n'est pas encore aussi économique que les chevaux
pour le transport des charges ordinaires, et si elle peut, mieux
qu'eux, assurer à ces dernières un transport rapide (à la vitesse
de plus de 4 km. à l'heure), ou enlever des charges indivisibles
dépassant 9 à 10 tonnes, elle a besoin de compter, pour ce ser-
vice, avec les dégradations qu'elle imposera aux routes.
En revanche, elle est dès aujourd'hui capable d'assurer, avec
plus de confort et de rapidité que les chevaux et en laissant un
certain bénéfice aux entrepreneurs, des services réguliers de
voyageurs sur bonnes routes. Effectivement de semblables ser-
vices ont déjà été installés, tant en France qu'à l'étranger. Citons,
pour les omnibus de Dion-Bouton, celui qu'ils ont fait pendant
assez longtemps aux portes de Paris, entre Saint-Germain et
Ecquevilly, et ceux qu'ils viennent de commencer en Espagne
entre Pampelune et Estella, et entre Figueras et Rosas.
Les véhicules Scotte, qui commencent aussi à se répandre
hors de France (des trains Scotte effectuent un service de Vievola
à Vintimille, sur un trajet d'une durée de 6 heures, avec i3 km.
de montée), assurent depuis plusieurs années des transports
réguliers entre Courbevoie et Colombes. Ils ont donné lieu, dans
plusieurs régions, à de nombreux essais, dont quelques-uns assez
G88 L AUTOMOBILE SLR ROLTE
prolongés pour paraître concluants, notamment ceux dont ils
ont été l'objet dans la Meuse f.
En juillet 1896, un train Scotte a circulé sans être arrêté par
les fortes déclivités qui se trouvent dans ce département. Pendant
Thiver suivant, si sa circulation n'a été possible que sur les routes
nationales, qui seules lui offraient une assiette suffisamment
résistante, du moins a-t-il fourni sur elles un bon service, et
cela malgré des chutes de neige abondantes. Pour parer à l'état
dans lequel ces dernières avaient mis les chaussées, on a d'abord
muni les bandages des roues motrices de clous a glace, faisant
saillie de 0 m. 012; puis on a garni ces roues : 1° de plaques
transversales faisant saillie sur les bandes et maintenues contre
celles-ci par de fortes pointes dépassant la surface extérieure des
plaques de 0 m. 014 environ; 2° d'une bande centrale arasée au
niveau des plaques transversales. La vitesse dans ces conditions
a été de 7,5 km. à l'heure.
Le Ministère de la guerre a fait avec les véhicules Scotte des
essais, qui ont parfaitement réussi, notamment en novembre
1897 pour le transport de matériel, pesant jusqu'à 1 1 tonnes, sur
les routes d'accès, pourtant fortraides, de certains forts. La trac-
tion automobile semble tout indiquée pour l'armement et l'appro-
visionnement de ces derniers et pour les autres transports lourds
de la guerre.
En. Angleterre, quelques véhicules à vapeur commencent à
être utilisés : mais la construction automobile se trouve gênée
dans ce pays par cette clause que le poids mort d'un véhicule ne
doit pas dépasser 3 tonnes ; cela limite beaucoup la charge utile.
En Belgique, l'omnibus « Le Lifu », qui dessert Bouillon-
Sedan, va très probablement, s'il ne Test déjà, être substitué,
par la Cio des Tramways Bruxellois, aux omnibus à traction che-
valine : il a gravi, dans un tiers de moins de temps que ces der-
niers, les plus fortes rampes de la capitale (9 °/0).
1. Ch. Kiïss et Charbonel, A finales des Ponts et Chaussées, 2e trimestre
4897.
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 689
Comme voiture légère à vapeur, nous ne voyons encore rien
d'usuel : nous ne comprenons pas pourquoi la voiture Serpollet
est si longue à se répandre ; nous souhaitons qu'elle soit bientôt
fabriquée en grand et qu'elle mette le public à même de la juger.
On fait beaucoup de bruit en ce moment autour de la voiture
Stanley, qui nous arrive d'Amérique : l'avenir nous dira si elle
tient les promesses qu'on nous fait en son nom '.
332. — Emploi des Toitures à pétrole. — Le tricycle à pétrole,
que son prix rend abordable, est de beaucoup le véhicule auto-
mobile le plus employé : il rend de très grands services ; son
endurance n'est plus à prouver.
La voiture à pétrole est, par excellence, la voiture de tourisme :
elle permet d'effectuer de très longs parcours, à la vitesse de
20 à 35 km. à l'heure, pas toujours sans pannes, dont la durée
est le plus souvent assez courte, et dont le nombre, si on excepte
les crevaisons de pneus, est à peu près en raison inverse de la
connaissance que le chauffeur a de sa machine et du soin qu'il
en prend. Elle est déjà utilisée sur une assez grande échelle ; son
développement va marcher fort vite, aussi vite, peut-on presque
dire, que le permettra la production des constructeurs.
La voiturette commence à rendre quelques services ; mais
elle n'est pas encore au point, et c'est fort regrettable. Il faut, en
effet, reconnaître que la voiture de dimensions ordinaires est
chère d'achat, d'entretien et de consommation, et par suite reste
trop l'apanage des riches amateurs. Une clientèle nombreuse
serait assurée à un véhicule de deux places, ne pesant guère que
300 kg. à vide, faisant 20 ou 23 km. par heure, ne coûtant que
3.000 fr. Malheureusement sa réalisation est plus difficile que
1. Pour se faire une idée du nombre de chevaux que peut remplacer un
moteur mécanique, on peut se baser sur les chiffres donnés par M. Lavalard,
dans un rapport récent qu'il a présenté au Conseil d'administration de la
Compagnie Générale des Omnibus à Paris, sur le service de la cavalerie :
le travail journalier d'un cheval d'omnibus ne dépasse pas en moyenne le
sixième du travail d'un cheval-heure en 24 heures; il peut descendre au
douzième.
G. Lavmoîtk. — L'Automobile sur route. 44
690 l'automobile sur route
celle d'une grande voiture, à cause de l'énorme proportion qu elle
représente entre le poids utile et le poids mort, le premier devant
être presque la moitié du second, alors qu'il n'en est souvent
que le tiers ou le quart dans la voiture ordinaire.
Jusqu'ici on avait cherché à simplifier sa construction par la
suppression du courant d'eau destiné à refroidir le moteur. C'est
ainsi que dans la voiturette Decauville, qui a fait son apparition
aux Tuileries en juin 1898, le moteur n'est refroidi que par le
courant d'air. Depuis cette époque, nous avons vu apparaître la
voiturette des Etablissements Panhard, dans laquelle le com-
mandant Krebs a eu recours, pour le refroidissement de la seule
soupape d'échappement, à un courant d'eau circulant sous la
différence des densités de sa masse. Allant plus loin, MM. de
Dion et Bouton refroidissent tout le cylindre par un courant
liquide que maintient en circulation une pompe. Ils ne sont pas
seuls à trouver que le refroidissement par l'air est insuffisant
pour un moteur de 4 chevaux. Mais s'il faut enlever à la voitu-
rette l'une des rares simplifications qu'on avait jusqu'ici admises
pour elle, on ne se facilite guère la besogne. Quant à la suppres-
sion de la marche arrière, elle n'est plus possible, d'après le
nouveau règlement, dès que le poids à vide dépasse 250 kg.
Bien que le pétrole ne semble pas indiqué pour les poids
lourds, il est encore acceptable pour un camionnage de poids
moyen, et il commence à lui être appliqué : une douzaine de
camions Dietrich sont en service dans quelques usines du Nord
et de l'Est.
M. Félix Dubois, satisfait des essais qu'il a tentés avec le
camion et l'omnibus Dietrich, sur les 400 km. qui séparent Kou-
likoro de Dioudeba, point terminus actuel du chemin de fer du
Sénégal au Niger, a commandé aux établissements de Lunéville
80 véhicules, dont une partie est déjà arrivée à sa lointaine desti-
nation. Le pétrole, comme d'ailleurs la vapeur, semble appelé
à rendre de véritables services aux colonies.
La France est presque seule à user largement de la voiture à
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 691
pétrole : en Allemagne, pays de Daimler et de Benz, elle est rela-
tivement peu employée. On a cependant pu voir, aux Tuileries,
en 1898, un camion Daimler, qu'on nous a dit appartenir à une
série de dix, commandés à l'Usine de Gannstadt, pour le Soudan
Français. Et en Angleterre, la voiture à pétrole commence bien
à être employée pour la livraison ; il y a là un débouché possible
pour nos constructeurs.
333. — Emploi des Voitures électriques. — Le règne de la voiture
électrique commence à peine. Les résultats des concours de
Fiacres nous font espérer son prochain développement, pour cet
usage, mais non pas sans une mise en train assez difficile. Comme
celle-ci lui sera évitée pour le service de remise ou de maître,
c'est par ce dernier emploi que la voiture électrique va se déve-
lopper. En tout cas, immédiat ou lointain, son avenir parait
assuré : à mesure que les accumulateurs se feront plus légers et
plus durables, que leur ravitaillement deviendra plus facile, la
voiture électrique verra s'accroître son champ d'action et sa clien-
tèle1. Aucun autre mode de locomotion ne lui enlèvera le premier
rang comme propreté et confort.
Le développement des applications électriques en Amérique
semble prédestiner ce pays à devenir la terre promise de l'accu-
mobile : une autre raison s'y emploie, l'absence presque com-
plète des routes en dehors des villes, qui semble pour longtemps
1. M. le Comte de Chasseloup-Laubat a fait, en juillet 1899, le voyage
<le Paris à Rouen (136 kilom.) en 7 heures 15 minutes, sans touchera ses
accumulateurs; il est rentré le soir même à Paris, en 7 heures 32 minutes,
après les avoir rechargés à Rouen, de midi à 7 heures. La voiture qu'il
pilotait n'était pourtant pas faite pour les longs parcours, mais plutôt pour
les parcours de longueur moyenne effectués à grande vitesse : c'était, en
effet, la voiture Jeantaud avec laquelle M. de Chasseloup-Laubat avait établi
à Achères un record du kilomètre (§ 325) fort respectable. Cette voiture
pesait 2.250 kilog. avec ses deux voyageurs et ses 80 éléments Fulmen
type Bn de 850 kilog., soit 37 °/0 du poids total. Evidemment, en augmen-
tant cette dernière proportion, on pourrait prolonger encore la longueur
des parcours sans ravitaillement.
En Amérique, une voiture pesant 1.132 kg., avec ses deux voyageurs et
ses 448 kg. d'accumulateurs représentant 39 °/0 du poids total, a, parait-il,
effectué, sans rechargement, un parcours de 161 km. en 7 h. 45, soit à la
vitesse moyenne de 21 km. à l'heure.
692
L AUTOMOBILE SUR ROUTE
y condamner Tautomobilisme au service urbain. Nous espérons
pourtant que, même sur ce terrain de la locomotion électrique
sans rails, la France ne se laissera pas distancer par l'Amérique.
334. — L'automobilisme en France et à l'étranger. — En tout cas,
une incontestable suprématie lui appartient, dans le domaine de
la vapeur et plus encore dans celui du pétrole. Dans son discours
à l'Assemblée Générale de l'Automobile Club de France d'avril
1899, M. le baron de Zuylen a pu évaluer à 3.250 voitures et
10.000 motocycles le contingent automobile de notre pays,
alors qu'il n'était que de 300 voitures pour tous les autres, dont
la moitié pour la Belgique.
Dans l'édition de 1899 de leur Annuaire Général de f Auto-
mobile, MM. Thévin et Houry donnent l'intéressante statistique
suivante :
PAYS
p ( Paris et Seine
l Départements
Allemagne
Autriche-Hongrie
Belgique
Espagne
Grande-Bretagne
Italie
Pays-Bas
Suisse
Autres Pays étrangers2
g H
*- 2
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70
35
1.065
327
928
1.060
3.209
215
4.541
76
68
57
H0
—
268
18
18
12
26
—
90
63
53
68
148
—
392
—
10
4
7
—
44
49
25
—
29
. —
304
26
26
24
25
—
111
11
22
8
13
—
68
24
27
26
36
—
m
2
13
4
12
4.345
—
35
888
1.260
1.298
i
265
7.032
i
1. Dans ces chiffres sont compris les constructeurs et négociants d'auto-
mobiles, qui sont tous propriétaires d'une voiture nu moins.
2. Dans les divers pays étrangers, ne sont compris que la Russie, le Dane-
mark, le Portugal, le Grand-Duché de Luxembourg. Les documents sur
les États-Unis d'Amérique n'étaient pas encore parvenus aux éditeurs.
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 693
Bien que les 619 constructeurs français, qui figurent dans ce
tableau, ne soient pas tous — et à beaucoup près — fort impor-
tants, il est impossible de nier que l'industrie automobile a pris
chez nous un essor prodigieux, dont on ne trouve l'équivalent
nulle part.
Cette suprématie du moment, il nous faut la conserver. La
Belgique, l'Angleterre, l'Allemagne paraissent vouloir se lancer
dans le mouvement ; il n'est pas jusqu'aux Etats-Unis, qui ne
s'agitent, malgré le peu de développement que les routes puissent
permettre au pétrole. La MassachussetCs Charitable Mechanic's
Association, dont le siège social est à Boston, cette institution
colossale à laquelle les Etats-Unis doivent, en grande partie, leur
prospérité industrielle et leur merveilleux outillage, s'occupe de
la question. Ce qui est à craindre c'est que, profitant de l'expé-
rience acquise par nos constructeurs, les étrangers ne se mettent
à fabriquer, par séries et a des prix modérés, quelques types
empruntés à notre industrie, pour les exporter plutôt que pour
les utiliser eux-mêmes *.
Nous ne pouvons donc que répéter ici le cri d'alarme que nous
avons déjà jeté ailleurs f. Il y a là un danger sérieux : il serait
imprudent de ne pas le prévoir, et de ne pas nous prémunir du
côté où la concurrence étrangère peut le plus facilement nous
battre, sur le terrain du bon marché 3.
Nos constructeurs doivent donc s'efforcer de diminuer leurs
prix de revient et de vente. Nous ne demandons pas l'impossible :
1. The Evening Post évalue à plus de 800 raillions de francs les capitaux
engagés dès à présent aux États-Unis dans l'industrie automobile. Nous ne
voudrions pas nous porter garant de ce chiffre, mais nous pourrions relever
une liste de sociétés bien vivantes, qui, il est vrai, ne construisent que la
voiture électrique, et dont les capitaux se chiffrent par des nombres, aussi
authentiques que respectables, de millions de dollars.
2. Bévue Générale des sciences, 30 mars 1899, p. 237.
3. L'Allemagne elle-mùme peut devenir pour nous une concurrente
sérieuse: les ateliers de Mannheim se disent en mesure de produire 5
voitures Benz par jour ; ce serait presque le quintuple de ce que fabriquaient,
il n'y a pas bien longtemps, chacun pour leur compte nos plus grands
ateliers automobiles.
694 l'automobile sur route
nous savons très bien que si, au prix qu'une voiture de bonne
marque coûte chez le carrossier, on ajoute le prix, assurément
important, du mécanisme, on arrive forcément à un total assez
élevé. Mais nous croyons, et nous comptons sur la concurrence
pour nous donner bientôt raison, que les prix actuels de premier
établissement, et peut-être plus encore les frais de réparation
d'une automobile peuvent être sérieusement abaissés. La cons-
truction en grand assurera ce résultat : espérons que les types se
fixeront bientôt de manière à permettre aux fabricants Tachât
avec assez de quiétude de l'outillage qui leur est indispensable
pour l'éxecuter.
Assurément, l'évolution incessante dont l'industrie automobile
est l'objet ne facilite pas la chose ; il est certain que beaucoup
de perfectionnements restent à accomplir ; nous allons en indiquer
quelques-uns.
335. — Calcul théorique du rendement dune automobile. — L'un
des plus importants, à notre avis, doit être l'amélioration du
rendement: si. Ton veut que l'automobile, confinée jusqu'ici
dans une clientèle, qui ne compte pas avec la dépense qu'elle
occasionne, s'étende à une pratique plus générale et notamment
aux usages commerciaux, il faut que sa consommation arrive &
diminuer. C'est ce que va nous montrer l'évaluation du rende-
ment actuel d'une automobile. Cette évaluation n'est pas possible
avec les consommations annoncées par les constructeurs, qui
varient du simple au double et même au triple ; les expériences
méthodiques et contrôlées manquent, qui seules pourraient la
bien fixer; mais elle a pour l'ingénieur importance trop haute
pour que nous ne la tentions pas. Afin d'établir certains points de
repère, commençons par calculer théoriquement ce que peut être
le rendement pour chacun des trois agents communément
employés.
1° Automobiles à vapeur. — Le rendement thermique d'un moteur
est le rapport du nombre de calories véritablement utilisé sur le
piston au nombre de calories représenté par le combustible brûlé»
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÉS A CHERCHER G95
Ce rendement thermique est lui-même le produit de deux fac-
teurs : 1° le rendement de la chaudière, rapport du nombre de
calories, qui ont réellement servi à vaporiser de l'eau, à celles qui
étaient emmagasinées dans le combustible employé (ce rapport
est d'environ 70 à 80 °/0, ce qui prouve que 30 ou au moins 20 0/o
des calories sont perdues, soit avec les particules qui traversent
la grille du foyer avant d'être bien consumées, soit avec les
fumées qui emportent une partie de la chaleur dégagée) ; 2° le
rendement interne du moteur, rapport du travail recueilli par le
piston au travail équivalent à la chaleur qui a servi à produire
la vapeur (ce rapport est d'environ 15 a 20 0/o, ce qui prouve
que 85 ou au moins 80 °/0 de la chaleur du fluide n'est pas uti-
lisée, soit parce qu'elle reste à l'état de chaleur et ne se trans-
forme pas en travail, soit parce que la pression ne s'exerce pas
utilement sur le piston).
Le rendement organique du moteur est le rapport du travail
recueilli sur l'arbre à celui qui est reçu par le piston (qui s'ap-
pelle aussi travail indiqué, parce que c'est celui que donnent les
indicateurs de pression) ; ce rapport est égal à 70 ou 80 °/0, ce
qui prouve que 30 ou au moins 20 °/0 du travail recueilli par le
piston est consommé en pure perte par les bielles et manivelles
reliant le piston à l'arbre.
Il faut donc, pour avoir le rendement effectif du moteur, c'est-
à-dire le rapport du travail recueilli sur l'arbre au travail repré-
senté par les calories du combustible employé, faire le produit
des trois rendements élémentaires que nous venons de définir. Si
nous prenons pour chacun d'eux la moyenne des valeurs don-
nées, nous arrivons pour le rendement effectif à la valeur moyenne
de (0,750x0, 175 x 0, 750) = environ 0, 100.
M. Dwelshauvers-Dery estime qu'on ne dépassera jamais, avec
la machine à vapeur, un rendement effectif de 15 à 16 °/0,
quelques perfectionnements qu'on essaie de porter au foyer, à la
chaudière, au moteur et à ses transmissions à l'arbre. En tout
cas, le plus gros rendement que nous sachions réalisé jusqu'ici
696 l'automobile sur route
est de 13 °/0, qui correspond à la consommation de 650 grammes
de charbon brûlé dans le foyer par cheval-heure effectif recueilli
sur l'arbre du moteur. La consommation n'a été ainsi réduite
qu'avec des machines très puissantes et dotées de tous les per-
fectionnements connus : vapeur surchauffée, détente multiple,
condensation énergique. Avec les machines de faible force et de
constitution volontairement simplifiée comme celles que met en
œuvre l'automobilisme, il ne faut pas compter, à beaucoup près,
sur une dépense aussi minime. Si nous adoptons celle de 1 kg. 500,
qui est réalisée dans les moteurs de Dion-Bouton, elle équivaut
n tut* (\
à un rendement effectif du moteur de 0,13 X Aaa = 0,056,
sort 5 °/0 en nombre rond '.
Il faut maintenant tenir compte du rendement de la voiture
elle-même, c'est-à-dire multiplier le travail disponible sur l'arbre
du moteur par le rendement de la transmission, pour avoir le
travail disponible sur la jante de la roue. Ce rendement n'a pas
été trouvé, pour les voitures à pétrole expérimentées à Chicago
(§319), supérieur à 50 °/02. Avec les véhicules à vapeur, dont
la transmission est notablement plus simple, on peut l'évaluer à
60 %, peut-être même à 70 %, si, comme on l'admet quelque-
fois, la suppression d'un arbre intermédiaire diminue de 10%
le déchet de la transmission. Si nous prenons le chiffre le plus
élevé, nous arrivons pour rendement final de la vapeur, c'est-à-
dire pour rapport entre l'énergie utilisée à la jante et l'énergie
i . On peut arriver beaucoup plus vite à ce nombre : en effet, une machine,
qui brûle 1 kg. 500 de charbon par cheval-heure effectif, dépense par heure
(1,5x7.500 X *25) calories (7.500 étant le pouvoir calorifique du charbon, et
425 l'équivalent mécanique de la chaleur), pour recueillir (75 X 3. 600) kilo-
«. ., j ^ i v 7 5 X 3.600
grammetres; son rendement effectif est donc égal à y , 9„ ~
0,056. Mais la marche un peu lente, que nous avons suivie, n'est pas inutile
pour faire comprendre au lecteur, peu familiarisé avec ces notions de ren-
dements, comment le combustible peut subir, en cours de transformation,
un aussi énorme déchet.
2. M. Witz dit qu'il varie de 0,40 à 0,75, et est en moyenne de 0,50.
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 697
potentielle du combustible à 3,92 %, moins de 4 %. C'est
vraiment piteux, et bien fait pour montrer à l'ingénieur moderne,
parfois si fier de ses œuvres, de quel gaspillage il se rend cou-
pable vis-à-vis de ces trésors d'énergie, que les siècles ont si
lentement accumulés dans les gisements houillers.
2° Automobiles à pétrole. — Nous ne rééditerons pas pour le
pétrole ce que nous venons de détailler pour le charbon : il nous
faudrait seulement remplacer dans les deux facteurs élémentaires
du rendement thermique le rendement de la chaudière par celui
de l'explosion, qui n'est autre que le rapport du nombre de
calories dégagées par l'explosion du mélange tonnant aux calories
représentées parle combustible. Nous dirons tout de suite qu'on
peut espérer atteindre pour le rendement effectif du moteur à
pétrole 20 % ; si ce taux est plus élevé que pour la machine à
vapeur, cela tient, d'une part, à ce que la combustion de la gazo-
line se fait dans le cylindre même, alors que celle du charbon
s'effectue dans un foyer, qui l'utilise très mal ; d'autre part, à ce
que la température atteinte par les gaz provenant de l'explosion
est bien supérieure à celle de la vapeur (1.500 et 1.800 degrés,
au lieu de 200, et le théorème de Carnot montre que le rende-
ment économique du moteur s'élève avec cette température).
Mais les moteurs employés en automobilisme ne réalisent pas
ce rendement effectif de 20 %. Un moteur Daimler de 2 à 4 che-
vaux a donné au professeur Hartmann un rendement thermique
de H °/0, un rendement effectif de 9,7 %. Ces chiffres concordent
à peu près avec ceux qu'on peut déduire, des essais de Chicago :
en partant de ceux-ci, M. R: Soreau ! fixe à Ô kg. 870 (soit 1 1. 25)
en moyenne la consommation de gazoline par cheval-heure dis-
ponible sur l'arbre du moteur, ce qui équivaut à un rendement
thermique de 9 à 10 °/0, à un rendement effectif de 7.3. Depuis
l'époque de ces essais (novembre 1895), la construction des
moteurs à gazoline a beaucoup progressé : on peut, semble-t-il,
1. Mémoires de la Société des Ingénieurs civils, juin 1898.
698 l'automobile sur route
admettre que leur rendement thermique atteint assez couram-
ment 16 %, correspondant à un rendement effectif d'environ
13 °/0 et à une consommation d'environ 0 kg. 500, soit 0 1. 700
par cheval-heure effectif sur l'arbre du moteur *.
L'invention du moteur Diesel a beaucoup augmenté ce rende-
ment : l'ingénieur allemand prétend que théoriquement la con-
sommation doit descendre à 112 gr. par cheval-heure indiqué,
ce qui correspondrait à un rendement thermique de 75 °/0. En
tout cas, nous avons vu (§ H 9) que le moteur de 20 chevaux a
donné 34 à 35 % en pleine charge, 38 à 40 % en demi-charge,,
comme rendement thermique, et respectivement 75 . et 59 °/<>
comme rendement organique, ce qui donne au total, comme ren-
dement effectif, 25 °/0 en pleine charge et 22 % en demi-charge.
Cela correspond à des consommations de pétrole de 210 gr. par
cheval-heure sur l'arbre pour la pleine charge, 277 gr. pour la
demi-charge. Jusqu'à présent les meilleures machines à pétrole
fixes dépensaient 300 ou 400 gr. *. On voit combien il faut sou-
haiter que ce moteur soit appliqué à l'automobilisme.
En attendant qu'il le soit, il nous semble prudent de ne pas
prendre comme rendement effectif du moteur plus de 12 ou 13 °/0.
Et pour passer au rendement sur la jante de la roue d'une auto-
mobile, il faut multiplier ce chiffre par le coefficient de rende-
ment de la transmission, soit 50 °/0. Donc, au total, il n'y a
1. M. Hospitalier admet 0 1. 500 (Locomotion automobile du 11 mai 1899,
p. 292). Il ne tient probablement pas compte de la consommation des brû-
leurs, qui n'est pourtant pas négligeable : les brûleurs de la voiture de
livraison Panhard de 8 chevaux ont donné' au Concours des Poids lourds
de 1898, une consommation de 0 1. 695 pendant une marche à vide de 2
heures ; ceux du break Dietrich, de 9 chevaux, ont dépensé, au même con-
cours et pendant le même temps, 0 1. 500 d'essence. Les constructeurs de
la voiture Panhard en question évaluent à 0 1. 630, ou 0 kg. 450 d'essence
la consommation de son moteur de 8 chevaux par cheval-heure effectif.
Nous croyons donc que le chiffre de 0 1. 700 que nous avons admis n'a rien
d'exagéré.
2. M. Petréano a pourtant, paraît-il, obtenu, avec un moteur de 4 chevaux,
le cheval-heure effectif moyennant une dépense de 250 gr. de pétrole de
densité 0,85.
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 699
guère que 6 ou 7 °/0 de l'énergie du pétrole qui soient utilisés. Ce
n'est pas beaucoup plus brillant que pour la vapeur; et nous
n'avons pas besoin de dire que si Ton fait intervenir le coût des
deux combustibles, coke et gazoline, on arrive ordinairement
pour le prix de revient de la traction à un prix bien plus bas
avec la vapeur qu'avec le pétrole l.
3° Automobiles électriques. — Supposons l'électricité fabriquée,
comme c'est le cas général, dans des usines pourvues de moteurs
à vapeur perfectionnés; nous pouvons prendre pour rendement
effectif de ceux-ci 10 °/0.
Le rendement industriel de la dynamo (rapport du travail
mécanique, qui lui est fourni, à l'énergie électrique qu'elle pro-
duit) doit être d'au moins 75% (M. Hospitalier admet 80 °/o).
L'électricité est emmagasinée dans des accumulateurs, pour le
rendement desquels nous ne pouvons pas adopter (§ 330 bis)
un chiffre supérieur à 75 °/0.
Ils le restituent à un moteur électrique, de rendement au moins
égal à 75 % (M. Hospitalier admet 80 à 88 %, soit 84 % en
moyenne).
Le rendement de la transmission, qui relie l'arbre du moteur
électrique aux roues, d'après les essais de Chicago (§319), peut
être évalué à 70 °/0 (M. Hospitalier a admis un chiffre beaucoup
plus fort, 90 %).
Le rendement final (rapport de l'énergie recueillie aux jantes
des roues à celle de la houille brûlée dans le foyer de la machine
à vapeur, qui actionne les dynamos génératrices de l'usine de
chargement) est de 0,039 avec les chiffres les plus bas, de 0,045
1. En estimant le coke à 3b fr. la tonne, et la gazoline de densité 0,670
à 0 fr. 40 le litre, comme au concours des Poids lourds, et en prenant
7.500 calories pour le pouvoir calorifique du coke et 10.000 pour celui de la
gazoline, on trouve que 10.000 calories coûtent 0 fr. 045 avec le charbon et
0 fr. 600 avec le pétrole. Il faudrait donc pour qu'il y eût égalité de dépenses
avec les deux combustibles, que le rendement de la voiture à pétrole fût
quatorze fois meilleur que celui delà voiture à vapeur (K. Soreau, Mémoires
des Ingénieurs civils , juin 1898). ' *
700 l'automobile sur route
avec. ceux de M. Hospitalier. Ce rendement est intermédiaire
entre ceux delà vapeur et du pétrole. Mais l'électricité donne le
moyen d'utiliser, au lieu du charbon toujours coûteux, une force
naturelle presque gratuite, celle des chutes d'eau. Un jour viendra
où l'énergie de ces chutes, qui aujourd'hui se perdent, sera captée
et alimentera un réseau de distribution à mailles assez serrées
pour assurer le ravitaillement des automobiles sillonnant le pays.
Il faut dire aussi que la dépense de fluide ne constitue qu'une
part minime des frais de la locomotion électrique.
336. — Comparaison des rendements calculés et de quelques rende-
ments réalisés. — Les rendements que nous venons de dégager
sont déplorables ; nous allons pourtant montrer qu'ils ne sont
guère dépassés dans la pratique, qu'ils ne sont même pas
toujours atteints.
D'une expérience de 8 mois, portant sur 7.700 km., M. Miche-
lin a cru pouvoir déduire qu'un break à vapeur de Dion-Bouton
à 6 places, pesant 2.050 kg. en ordre de marche, 2.500 kg. avec
sa charge utile, et marchant à la vitesse moyenne de 16 km. à
l'heure a dépensé par kilomètre 6,16 centimes de coke.
Si nous admettons que ce combustible coûtait 35 fr. la tonne,
les 6,16 centimes correspondent à 1 kg. 75 de coke, qui, si l'on
prend 7.500 pour son pouvoir calorifique, équivalent à 13.125
calories, et à 5.578.125 kilogrammètres.
Or, d'après les tableaux de MM. Julien et Boramé (p. 287),
l'effort utile exercé' tangentiellement à la jante est, à la vitesse
de 16 km., en palier, pour une voiture de 2.500 kg., de 90 kg.
Le nombre de kilogrammètres utilisé par kilomètre est donc
90.000; et le rendement à la jante ^i^^. = 0,016.
5. 750. 12»)
Mais tout le parcours ne s'est pas fait en palier; supposons qu'il
se soit effectué tout le temps en rampe de 4 °/0, l'effort tangentiel
eût été de 190 kg., c'est-à-dire à peu près le double de ce qu'il
était en palier. Le rendement serait alors deux fois plus grand,
c'est-à-dire égal à 0,032 ; il reste encore inférieur à la valeur que
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 701
nous avons déterminée par le calcul. Et nous n'avons pas besoin
de faire remarquer que le break n'a pas toujours marché à pleine
charge, et qu'il n'a pas, à beaucoup près, parcouru une route
ayant une pente moyenne de 40 mm. par mètre
Le pétrole va nous donner des résultats moins mauvais.
Nous extrayons du catalogue du 15 avril 1898, de la maison
Peugeot ce renseignement qu'il faut compter de 6 à 9 centimes
par kilomètre pour une voiture dont le moteur a une puissance
de 4 à 6 chevaux. Prenons les chiffres extrêmes, 9 centimes pour
6 chevaux.
En comptant l'essence à 0 fr. 40 le litre de 0 kg. 700, les 9
centimes correspondent à 0 kg. 157, qui, si on admet un pouvoir
calorifique de 11.000 calories représentent 0,157 X 11.000 =
1.727 calories,et 1.727 x 425 = 733.975 kilogramme très.
Admettons que la voiture de 6 chevaux pèse 1.000 kg. avec
ses voyageurs et marche à 30 km. à l'heure en palier; l'effort
tangentiel correspondant est de 51 kg. ; le travail utilisé est donc
de 51 .000 kgm. par kilomètre, et le rendement * * q „ est un
peu inférieur à 7 %.
La voiture de livraison des Etablissements Panhard, engagée
au Concours des Poids lourds de 1898, avait un moteur de 8
chevaux et pesait 3.000 kg. avec sa tonne de charge utile. Ses
constructeurs ont déclaré qu'elle consommait 5 1. d'essence, à la
vitesse moyenne de 10 à 12 km. à l'heure; 5/12 de litre d'essence
à 0 kg. 700 pèsent 0 kg. 300, qui équivalent à 0,3 X 11.000 =
3.300 calories et 3.300x423= 1.402.500 kilogrammètres. Avec
une voiture de 3 tonnes, l'effort tangentiel qui doit être déve-
loppé aux jantes des roues pour leur imprimer la vitesse
linéaire de 15 km. en palier est de 109 kg. Prenons, en nombre
rond, 110 kg. pour la vitesse de 12 km. sur route moyennement
accidentée, cela équivaut par kilomètre à 110.000 kilogrammètres
utiles, et donne un rendement de . texà vnn =0,077.
' 1.402.500
702 l'automobile sur route
Un calcul analogue nous montrerait que le rendement s'élève
à 0,08 pour le break Dietrich de 9 chevaux pesant 3.060 kg., qui
a pris part au même concours, et pour lequel on accuse une con-
sommation de 1 1. d'essence, de 0 kg. 700 à 0 kg. 710, pour
2 km. 5 parcourus à la vitesse de 16 km. à l'heure en palier.
Il semble donc que les chiffres auxquels le calcul nous a con-
duits correspondent assez exactement à la réalité des choses '.
337. — Progrés à chercher. — L'une des premières améliorations
1. Il ne serait pourtant pas difficile de trouver, parmi les consommations
annoncées par les constructeurs, plusieurs d'entre elles, qui conduiraient
pour le rendement à des valeurs plus élevées que celles que nous avons
données. Mais ces chiffres optimistes nous laissent fort sceptique ; aussi
nous sommes-nous presque toujours abstenu de reproduire les consomma-
tions annoncées par les constructeurs, cl à plus forte raison les frais d'en-
tretien, sur lesquels règne une indécision encore plus grande. Nous nous
contenterons de consigner ici quelques chiffres qui nous paraissent mériter
confiance.
En ce qui concerne la vapeur, nous renverrons pour les Poids lourds le
lecteur aux chiffres que nous avons donnés à propos des Concours de Ver-
sailles (§ 327) et de Liverpool (§ 328). Pour les voitures plus légères, nous
dirons, H propos du break de Dion-Bouton à six places, dont nous avons
déjà parlé (page 700), que M. Michelin a déduit d'une expérience de
8 mois, ayant porté sur 7.70D km. parcourus à la vitesse commerciale
moyenne de 16 km., que les consommations par km. étaient de
6,16 centimes de coke
0,07 — d'huile pour le moteur
3,46 — d'huile pour le graissage
0,06 — de graisse
9,75 centimes
Les frais d'entretien se sont élevés à 50 fr. par mois, et ont grevé le kilo-
mètre parcouru d'environ 5 cent. Rapportés à la tonne kilométrique, ces
•chiffres font ressortir le prix de cette dernière à-r-^ = 6 cent, pour la voi-
ture chargée de ses six voyageurs.
Pour le pétrole, M. Baudry de Saunier a dépensé 2, 5 cent, d'essence et
d'huile de graissage par kilomètre, pour parcourir, avec un tricycle de Dion-
Bouton de 1 3/4 chx, remorquant une voiturette, et pesant 333 kg. avec ses
deux voyageurs et leurs bagages, les 250 km. qui séparent Paris de Lion-
sur-Mcr, à la vitesse moyenne de 25 km. A raison de 0 fr. 40 le litre d'es-
sence cela fait un peu plus de 1/20 de litre par kilomètre.
M. le Docteur Calhet (France automobile du 5 mars 1899, p. 117), avec sa
Panhard de 4 chx, pesant 680 kg. en ordre de marche, 890 kg. avec ses
•deux voyageurs et une malle de 70 kg., a dépensé pour parcourir 1.760 km.,
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 703
à chercher pour les voitures mécaniques est donc celle de leur
rendement. Et notez qu'en la réalisant, pour la voiture à pétrole,
c'est-à-dire en assurant une utilisation meilleure du mélange car-
buré, on l'affranchira du même coup de l'un de ses inconvénients
les plus graves, la mauvaise odeur qu'elle dégage. Par ce côté le
perfectionnement du moteur se lie intimement avec celui du car-
burateur; il y a lieu d'étudier ce dernier et sa meilleure adapta-
tion à chaque genre de moteur. Il conviendrait aussi d'examiner
de très près l'influence de la qualité de l'essence.
Sans quitter le moteur à pétrole, il y aurait un intérêt majeur à
le doter de l'élasticité qui lui manque. Nous avons mis en relief
(§ 144) les inconvénients qui en résultent, et décrit (§ 102 bis
■et 122) quelques moyens d'y remédier ; mais aucun de ces moyens
n'est d'une application courante, et le champ reste libre aux
investigations des chercheurs1. Il faudrait aussi pouvoir suppri-
mer la circulation d'eau et rendre la mise en marche plus facile.
à la vitesse moyenne de 19.645 km., 254 1. d'essence; cela fait 0 1. 144
d'essence par km.
D'une expérience portant sur 12.000 km. parcourus en 32 mois, il a déduit
pour le prix kilométrique le total de 0 fr. 5736, se décomposant ainsi qu'il
suit :
Essence 0f 0653
Huile et graisse 0, 0050
Bandages pneumatiques 0, 0307
Réparations et divers 0, 1650
Amortissement 0,1174
Remise et impôt 0, 0375
Domestique 0,1 527
C'est presque exactement le prix kilométrique calculé pour le coupé Peu-
geot par la Commission du concours de fiacres de 1898.
La maison Peugeot évalue de 6 à 9 cent, la dépense kilométrique pour
moteur de 4 à 7 chx, et à o cent, les frais d'entretien (y compris ceux des
bandages pneumatiques, censés faire 6.000 à 8.000 kilomètres, mais sous
toutes réserves).
Pour les Poids lourds, nous renverrons le lecteur à ce que nous avons dit
{§ 327 et page 701), et pour les voitures électriques aux § 327 et 329.
1. M. Marmonnier vient de combiner un moteur à admission et détente
variables, que nous avons eu l'occasion de décrire ailleurs (Revue indus-
trielle, 16 décembre J899, p. 494), et dans lequel une coulisse est devenue
70 i l'automobile sur route
Le rendement des transmissions demande à être grandement
amélioré; il devrait faire l'objet d'expériences comparatives.
Nous avons admis qu'il était en moyenne de 50 °/0 pour les
voitures à pétrole ; c'est le chiffre qu'a donné le concours de
Chicago (§ 319). Nous voulons croire qu'il est un peu bas ; nous
ne pouvons cependant le majorer sans essais probants, qui nous
fixent sur la valeur relative des divers modes de transmission
employés : engrenages, courroies, chaînes Galle, systèmes
acatènes. Le concours de moteurs nous a donné (§ 330) quelques
résultats intéressants, mais qui demandent à être complétés. Un
l'organe principal de la distribution, comme dans une machine à vapeur.
Le peu d'élasticité du moteur à pétrole tient à ce double fait qu'on admet
à chaque cylindrée une même quantité de mélange carburé (parce que le
volume du cylindre est constant) et que les proportions de ce mélange ne
peuvent guère varier (parce que celles qui conviennent à sa meilleure utili-
sation et la compression qu'il faut faire subir au mélange pour assurer
cette meilleure utilisation sont très limitées). Dans le moteur de M. Mar-
monnier, le volume de la cylindrée, et par suite la quantité du mélange
admis, peuvent être modifiés, sans faire varier les proportions relatives de
gaz frais et de gaz brûlés ni le degré de compression qu'on leur fait subir.
Ces résultats, fort désirables, ne peuvent d'ailleurs être atteints que par la
construction de tout un mécanisme compliqué, qui n'a pas jusqu'ici été
réalisé.
Beaucoup plus simple, et facilement adaptable aux moteurs déjà exis-
tants, est celui qu'a tout récemment imaginé M. A. Hérisson, professeur de
mécanique à l'Institut agronomique. C'est un dispositif permettant de
faire varier le moment de l'allumage avec l'inflammation par tube aussi
bien qu'avec l'inflammation électrique. A J'extrcmilé ordinairement fermée
du tube d'allumage est placée une petite soupape s'ouvrant de dedans en
dehors, à un moment et d'une quantité réglables à volonté. Cette soupape
en s'ouvrant laisse s'échapper à l'air libre une partie des gaz brûlés qui
remplissent le tube, partie d'autant plus grande que la levée est plus
considérable. Il en résulte que le mélange tonnant arrive plus tôt au contact
de la paroi incandescente du tube et que l'allumage se produit plus vite.
M. Hérisson estime aussi que le mélange est de la sorte mis en rapport
avec la partie la plus chaude du tube et que l'Inflammation est plus rapide
et plus intense. Dans la pratique, la levée de la soupape doit rester tou-
jours très petite et ne pas se produire trop tôt: si la soupape s'ouvrait
trop vite ou d'une quantité trop grande, l'inflammation cesserait de se
produire et le moteur s'arrêterait. En faisant agir sur sa tête un ressort de
la force voulue et de tension variable, on pourra modifier à volonté le
moment et l'importance de sa levée. Ce^dispositif permet donc de régler la
vitesse du moteur et même de l'arrêter.
APPLICATIONS, RENDEMENT, PROGRÈS A CHERCHER 705
changement de vitesse bien progressif serait fort précieux, tant
qu'on n'aura pas trouvé un moteur assez élastique pour se passer
de cet organe complexe.
Du reste les calculs, auxquels nous nous sommes livré pour
établir la puissance à donner au moteur d'une voiture (§ 148 à
157), nous ont montré sur quelles bases empiriques et peu sûres
on était, à chaque instant, forcé de s'appuyer. Dans les formules
des divers efforts résistants entrent des coefficients numériques
fort incertains : coefficients de frottement des fusées dans leurs
boîtes, des roues sur la chaussée, des organes- de transmission
les uns sur les autres ; résistances provenant de la nature et de
la déformation de la chaussée, de la pression de l'air... Il y
aurait un intérêt considérable à les déterminer de façon plus
exacte. Depuis longtemps déjà, M. Deprez a précisé comment on
pourrait déterminer le frottement des fusées. M. Forestier a
indiqué pour les autres * des méthodes fondées sur l'emploi du
pendule dynamométrique de M. Desdouits ou d'une voiture élec-
trique, préalablement munie d'un indicateur de vitesse suffisam-
ment exact. Les voies sont tracées; souhaitons qu'elles soient
bientôt suivies et perfectionnées.
Si nous passons aux organes mêmes de la voiture, nous y
voyons encore l'empirisme régner en maître.
Pour les roues, par exemple, est-on fixé sur l'utilité du carros-
sage et de l'écuanteur, sur leur incompatibilité plus ou moins
absolue avec la traction par chaînes, sur leur effet dans les
virages? L'est-on davantage sur le meilleur diamètre à donner
aux roues, sur la substance convenant le plus à la fabrication de
leurs rais, sur la largeur à donner aux jantes, même sur le gon-
flement à adopter pour les pneus ?
Nous pourrions accumuler les questions, sur lesquelles règne
une pareille incertitude. Jusqu'à ces derniers temps il en était de
même pour les mécanismes de la direction : la lumineuse étude
i. Génie civil, t. XXXV, n° G, p. 92.
G. Laverghk. — L'Automobile sur route. 4ù
706 l'automobile sur route
de M. Bourlet semble avoir fixé la matière (§ 192). Il serait dési-
rable de voir une analyse aussi judicieuse se porter sur bien des
points restés obscurs de l'automobilisme. Chacune pourrait deve-
nir pour lui la source d'un progrès véritable. Assurément, dans
quelque vingt ans, moins peut-être, nous trouverons bien bar-
bares les voitures les plus perfectionnées d'aujourd'hui.
328. — L'avenir. — Mais ce qui reste à faire ne doit point nous
empêcher de reconnaître l'importance de ce qui a déjà été fait,
dans le court laps de temps qui nous sépare de la renaissance de
l'automobilisme.
Dès aujourd'hui il constitue un moyen de locomotion d'une
puissance et d'une rapidité jusqu'ici inédites : il n'est pas encore
à l'abri delà panne, mais, dans les mains d'un chauffeur exercé,
celle-ci tend à devenir l'exception, occasionnée par un détraque-
ment de l'allumage, un accroc dans le fonctionnement de la
pompe, le plus souvent une crevaison de pneumatique, tout
autant de causes d'arrêt faciles et même promptes à guérir.
Demain — et demain ne se fera pas attendre, si ses fervents
s'attachent à diminuer dans le public la méfiance causée par
l'imprudence de quelques-uns — l'automobilisme sera sûr et
économique, et passera complètement dans les mœurs. Son déve-
loppement va donc se précipiter ; c'est bien le cas de dire : vires
acquirit eundo.
TABLE DES MATIERES
PREMIÈRE PARTIE
LES AGENTS DE LA LOCOMOTION AUTOMOBILE
CHAPITRE PREMIER
LES AGENTS USUELS HISTORIQUE
1 Le fardier de Cugriot 1
2 La locomotion à vapeur en Angleterre de 1800 à 1836 4
3 Voitures de Grifïiths 4
A — David Gordon 5
5 — W. H. James 6
6 — Burstall et Ilill 6
7 — Gurney 6
8 — Hancock 8
9 Le « Locomotive act » de 1836 12
10 Renaissance de Tautomobilisme en France 12
11 Voitures à vapeur 14
12 — à pétrole 14
13 — électriques 15
CHAPITRE II
LES AGENTS POSSIBLES
14 Les caractéristiques d'un agent d'énergie automobile 17
15 Houille. Coke 17
16 Pétrole lampant. Essence 18
17 Électricité 19
18 Gaz comprimé. Air 20
19 Gaz liquéfiés. Acide carbonique 22
20 Eau chaude 24
21 Acétylène 25
22 Alcool. Huiles de distillerie 27
23 Benzine , 34
708 TABLE DES MATIÈRES
SECONDE PARTIE
LES ÉLÉMENTS DES VOITURES AUTOMOBILES
PREMIERE SECTION
LES MOTEURS
CHAPITRE PREMIER
CHAUDIERES ET MOTEURS A VAPEUR
1° Chaudières.
24 Qualités à demander aux chaudières d'automobiles 37
25 Chaudières tubulaires 38
A) ignitubulaires. Chaudière Leyland 38
26 B) aquatu bulaires. Chaudière Ravel 39
27 Chaudières Bollée et Scotte 39
28 — de Dion-Bouton 42
29 — Weidknecht 45
30 — Nègre (pour voitures lourdes) 46
30 bis — Turgan 47
31 — Thornycroft 47
32 — Lifu 18
33 — Gillett 50
34 Chaudières à vaporisation instantanée. Chaudière Serpollet. . 51
35 — LeBlant 56
36 — Nègre (pour voitures légères) 56
37 — Valentin et Montier et Gillet 57
38 — Kécheur 58
39 Considérations générales sur les chaudières à vapeur. Progrès
à espérer 59
2° Les moteurs à vapeur.
40 Les moteurs à vapeur se prêtent naturellement au service
automobile 61
41 Moteurs alternatifs à simple expansion à cylindres oscillants.
Moteur Ravel 61
TABLE DES MATIÈRES 709
42 Moteurs alternatifs à simple expansion à cylindres fixes. ... 62
à) A 2 cylindres inclinés à 45°. — Moteur Bollée 62
43 h) A 2 cylindres parallèles. Moteurs Serpollet (1er type).
Le Blant, Scotte, Weidknecht 62
44 c) A 3 cylindres à 1 20°. Moteur Kécheur 64
45 d) A 4 cylindres. — Moteurs Nègre, Serpollet (2* type). . 65
46 e) A 6 cylindres. — Moteurs Serpollet, Clarkson-Capel . . 71
47 Moteurs alternatifs à double expansion 71
a) A 2 cylindres. — Moteurs de Dion-Bouton, Gillett,
de la Liquid Fuel Engineering C°, de la S team carriage
and Wagon C° 71
48 b) A 3 cylindres. — Moteur Bourdon-Weidknecht 74
49 Moteurs rotatifs : A. Gérard, P. Arbel-Tihon, Lambilly 75
50 Considérations générales sur les moteurs à vapeur. Progrès
à espérer 79
CHAPITRE II
CARBURATEURS ET MOTEURS A PETROLE
1° Les carburateurs.
51 Pétrole lampant et essence de pétrole 81
52 Carburateurs 82
53 Carburateurs à barbotage 83
54 Carburateurs à simple léchage . : 83
Carburateurs Benz, Tenting, de Dion-Bouton, Aster 84
55 — Decauville, Papillon, Balbi 85
56 — de la « Pope Manufacturing C° » 85
57 — Petréano 85
58 Carburateurs à pulvérisation 87
Carburateurs Daimler-Phénix, Bollée, Longuemare 87
59 — Chauveau, Gautier- Wehrlé, Mors, Amédée
— Bollée 91
60 — Peugeot 93
61 — Lepape, Loyal, Bouvier-Dreux, Jupiter 96
61 bis — Roussy de Sales 1 00
62 Carburateurs mixtes : P. Gauthier 101
63 Distributeurs mécaniques. — Carburateur distributeur
Henriod et distributeur Brillié 102
64 Carburateurs à pétrole lampant: Gibbon, Faure, Dawson. . . 104
65 Moteurs sans carburateur 106
66 Considérations générales sur les carburateurs 106
710 TABLE DES MATIÈRES
2° Les moteurs à pétrole.
67 Cycles adoptés 108
68 Distribution 109
69 Régulation lia
70 Allumage du mélange explosif 1 15
Allumage électrique 115
71 Générateurs : piles hermétiques, piles sèches, accumula-
teurs 116
72 Bobines employées pour l'allumage 119-
73 Cames et bougies 119
74 Allumage par incandescence 121
Tubes et brûleurs (Longuemare, Bollée) 121
75 Comparaison des deux systèmes 1 24
76 Autres modes d'allumage 126
77 Cylindres 128
78 Refroidissement des cylindres 129
79 Refroidissement par courant d'eau. Radiateurs Grouvelle et
Arquembourg, Loyal, Julien. Pompes 129
80 Refroidissement par ailettes 133
81 Refroidissement par procédés divers : G. Desjacques, Klaus,
Lepape, Lanchester, Diligeon, Dufour, Goret 134
82 Pistons 135
83 Mise en marche du moteur 136-
84 Bruit et odeur des moteurs à pétrole 137
85 Consommation 138
86 Description des principaux types de moteurs 138
/. Moteurs à quatre temps.
A) Moteurs pour voitures.
Moteurs Daimler 138>
87 — Phénix-Daimler 141
88 — Peugeot 146
89 — Benz, Audibert-Lavirotte, Rochet-Schneider,
Delahaye, Hurtu-Diligeon, G. Richard,
Cambier • 148
90 — Amédée Bollée...,,. 152
91 — Mors 152-
92 — Landry-Beyroux 157
93 — Gautier-Wherlé 157
94 — Lepape 158-
95 — P.Gautier 161
96 — Vallée, Tenting, Pygmée, D. Auge, Gaillardet,
Idéal, Buchet 162
97 — Henriod 164
TABLE DES MATIÈRES 711
98 Moteurs Le Brun, Papillon 165
99 — Ravel 166
100 — Brouhot, J. Bouché 168
101 — Gobron et Brillié 168
102 — Gladiator, Elan 169
102 bis — Hautier (ou Espérance) 170
103 — Petréano 173
104 — de la Société d'Automobilisme . 174
104 bis — Canello-Dûrkopp 176
105 — Koch (à pétrole lampant) 177
106 — Kane-Pennington (à pétrole lampant) 177
107 — Gibbon, dit Britannia (à pétrole lampant). . . 180
108 — Faure ( — )... M80
109 — Dawson ( — )... 182
110 — Roser-Mazurier (à pétrole ou à essence) 184
111 B) Moteurs pour motocycles et voiturettes
Moteur Bollée '. 186
112 — de Dion-Bouton 188
113 — Decau ville, Gaillarde!, Aster, Sphinx, Cyclone 189
113 bis — Noël 192
114 — Krebs 193
115 — de Riancey 193
116 //. Moteurs à 2 temps.
Moteurs Loyal, Dufour, Briggs 194
117 ///. Moteurs divers.
Moteur Goret, à six temps 197
118 — Duryea à réservoir 198
119 — Diesel 198
120 IV. Moteurs rotatifs.
Moteurs A. Beetz, Dodement, Vernet, Gardner-San-
derson 206
121 — Chaudun 210
121 bis Causes de mauvais fonctionnement des moteurs à pétrole. 213
122 Considérations générales sur les moteurs à pétrole. Progrès
à espérer 214
CHAPITRE III
ACCUMULATEURS ET MOTEURS ÉLECTRIQUES
1° Les accumulateurs.
123 L'accumulateur seul générateur électrique applicable aux
automobiles 217
124 L'accumulateur plomb-plomb jusqu'ici seul pratique 219
712 TABLE DES MATIÈRES
125 Adaptation des accumulateurs plomb-plomb au service de
traction 220
128 Accumulateurs Lamina 222
127 — Fulmen 223
128 — F. S. V. de MM. Valls et 0 226
129 — Pulvis 228
130 — de la Société anonyme pour le travail élec-
trique des métaux
130 bis Accumulateurs B. G. S, Phœbus, Pisca, Blot-Fulmen,
W. A. Bease, Phénix 229
131 Concours d'accumulateurs de I'Automobile-Club de France
(1899) 230
132 L'accumobile est dès maintenant possible 231
2° Les moteurs électriques.
133 Avantages du moteur électrique au point de vue de la
traction 234
134 Qualités à exiger d'un moteur électrique de traction 237
135 Construction d'un moteur automobile 238
138 Moyens employés pour faire varier la vitesse du moteur et
de la voiture 240
137 Récupération du courant 243
138 Freinage électrique 243
139 Combinateur , 244
140 Rechargement des accumulateurs 245
CHAPITRE IV
VAPEUR. PÉTROLE. ÉLECTRICITÉ
141 Avantages de la vapeur 247
142 Inconvénients de la vapeur 250
143 Avantages du pétrole 253
144 Inconvénients du pétrole 255
145 Avantages de l'électricité 259
148 Inconvénients de l'électricité 260
147 Rôle réservé à chacun de ces agents 260
CHAPITRE V
PUISSANCE A DONNER Al* MOTEUR dVnE VOITURE
ÉVALUATION DE LA PUISSANCE dYn MOTEUR EXISTANT
1° Puissance à donner an moteur.
148 Résistance que doit vaincre le moteur d'une voiture en
marche 263
TABLE DES MATIÈRES 713
140 1* et 2° Résistances provenant du roulement de la voiture sur
palier et du frotteront des fusées. Coefficient de traction. 263
150 3° Résistances provenant de la pente 268
151 4° Résistance due aux courbes 269
152 5° Résistance due à l'air traversé 270
153 Résistance au démarrage 271
154 Expériences récentes de M. de Mauni. Leur influence sur le
calcul de la puissance du moteur 272
155 Effort utile maximum à demander au moteur 275
156 Adhérence 276
157 Pertes par les transmissions. Effort moteur total 278
2° Évaluation de la puissance d'un moteur existant.
158 Méthode d'évaluation 280
159 /. Puissance disponible sur l'arbre du moteur 280
/• Calculée d'après des données théoriques.
Procédé Ringelmann 280
160 — A. Witz 281
161 i?° Calculée d'après des données empiriques.
Procédé Hospitalier 282
162 3° Déterminée par des essais au frein.
Frein de Prony 283
163 Frein à corde 285
164 4° Déterminée par un essai électrique 286
165 //. Puissance disponible à la jante des roues motrices. . . 286
DEUXIÈME SECTION
LES TRANSMISSIONS
CHAPITRE VI
TRANSMISSION DU MOUVEMENT DU MOTEUR AUX ROUES MOTRICES
166 Nécessité des transmissions. Leurs organes principaux 289
167 Embrayages 293
1° Embrayages à griffes 293
168 2° Embrayages à friction 294
a) A cônes droits 294
b) A cônes renversés 294
169 c) A ruban 264
Embravage Villard et Bonnafous 294
170 — " Gautier-Wehrlé, Julien 297
714 TABLE DES MATIÈRES
171 Embrayage Piat 303
172 — divers 304
173 Plateaux.de friction 305
174 Courroies , 306
175 Engrenages 307
176 Engrenages différentiels et encliquetage 311
177 Chaînes Galle 313
178 Chaîne Renolds 315
179 Systèmes acatènes 318
Système A. Bollée 318
Essieux articulés de Dion-Bouton, Gautier-Wehrlé 318
180 Transmissions dans les voitures à vapeur 319
181 Transmissions dans les voitures à pétrole 320
1° Systèmes à engrenages.
Tricycle de Dion-Bouton 321
Système R. de Metz 322
Voitures Panhard et Levassor 323
Voiture Gaillardet 324
Bloc transmission Montauban-Marchandier 326
182 Avant-train automoteur Prétot 326
183 2° Systèmes à courroies.
Voiture Benz 328
Rochet-Schneider 329
Buchet : 330
184 3° Systèmes mixtes à engrenages et courroies.
Voiturette Bollée ' 331
Voiture de Dietrich 332
— Diligeon 332
— Léo 333
Système Webb 334
185 4° Systèmes à plateau de friction.
Voitures Tenting, Lepape. Système Ringelmann 335
186 5° Systèmes divers.
Système Ellis et Steward 339
— Lufbery 340
— de la Steam Carriage and wagon C° 342
— électro-élastique W. Morrison 343
187 Transmissions dans les voitures électriques 343
Voitures Jeantaud 343
— Kriéger 345
— Doré 346
— Columbia 346
— Patin 347
Système Mildé-Mondos à différentiel électrique 349
TABLE DES MATIÈRES 715
TROISIÈME SECTION
•LE VÉHICULE
CHAPITRE VII
ESSIEUX. ROUES. BANDAGES
1° Les Essieux.
188 Essieux moteurs et essieux directeurs 351
188 bis Frein galage, dérapage, tête-à-queue 351
189 Fabrication des essieux 353
190 Essieux moteurs 357
191 Direction par essieu brisé, à 2 pivots 358
Dispositif Akerman-Jeantaud 360
192 Système de liaisons des roues 362
/. — Liaisons par bielles . ... 362
a) à simple quadrilatère : Akerman-Jeantaud, Panhard
et Levassor 362
b) à double quadrilatère : Roger, Lepape, Jenatzy,
Benz, Bollée 363
c) à pentagone concave : Lavenir 364
//. — Liaisons à cames et glissières : Bourlet, Davis 364
///. — Liaisons à chaînes et engrenages : Bollée (ancienne),
Delahaye (Peugeot), Priestniann et Wright 366
193 Mécanisme de commande des essieux directeurs
/. — Commandes à sonnette : Panhard et Levassor,
Jeantaud 368
//. — Commandes à chaînes et engrenages 370
///. — Commandes irréversibles. — Commandes à vis..
Commande épicycloïdale Brillié 370
194 Essieux directeurs 374
2° Les Roues.
195 Solidité 376
196 Diamètre 376
197 Largeur des jantes 379
198 Roues à rayons de bois 382
199 Roues à rais métalliques 384
716 TABLE DES MATIÈRES
3° Les Bandages.
200 Bandages métalliques 387
201 Bandages en caoutchouc plein (à forcement, à soudage, à
rubans circulaires sans boulons, à rubans circulaires avec
boulons). Bandages Gompound 388
202 Bandages en caoutchouc creux 394
203 Bandages pneumatiques 395
204 Bandages protégés 399
205 Roues élastiques 400
205 bis Roue pneumatique Hall 402
CHAPITRE VIII
RESSORTS. CHASSIS. CAISSE
1° Les Ressorts.
206 Fabrication des ressorts 403
207 Genres principaux de ressorts 404
208 Suspensions 408
209 Suspensions simples 410
210 Suspensions doubles 41 1
2° Le Châssis.
211 Diverses sortes de châssis 413
212 Châssis de motocycles et voiturettes 415
213 Châssis de voitures 415
3° La Caisse.
214 Qualités que l'ingénieur doit demander à une caisse d'auto-
mobile 417
215 Comment le carrossier doit comprendre sa mission 418
CHAPITRE IX
FREINS
216 Freins réglementaires 423
217 i** Catégorie : Freins agissant sur les bandages des roues . . 424
218 £e Catégorie : Freins agissant sur des poulies 426
a) Freins à lames 426
219 b) Freins à corde 427
TABLE DES MATIÈRES 717
220 Frein Jeanlaud 428
221 Frein Hautier 430
221 bis Frein Renault 431
222 Frein Krebs 432
222 bis Cliquet et béquille 433
QUATRIÈME SECTION
GRAISSAGE
CHAPITRE X
APPAREILS DE GRAISSAGE
223 Matières diverses employées pour le graissage 435
224 Procédés de graissage 437
225 Appareils graisseurs. Conditions qu'ils doivent remplir 437
226 1° Graisseurs physiques 438
a) à gouttes descendantes. — Oléopoly mètre Hochge-
sand. Graisseurs Holt, Briînler 438
b) à gouttes ascendantes. Graisseur Consolin 440
227 2° Graisseurs mécaniques 441
A) non automatiques. Graisseur coup de poing 441
228 B) automatiques : a) à compression. — Graisseurs Molle-
rup, Terminus, Drevdal 441
229 b) aspirants et foulants. — Oléopompe Drevdal. Grais-
seur multiple Bourdon. Graisseur à départs mul-
tiples H. Mamelle 443
TROISIÈME PARTIE
LES VOITURES
CHAPITRE PREMIER
VÉHICULES A VAPEUR
230 Schéma d'une voiture à vapeur 446
718 TABLE DES MATIÈRES
1° Omnibus, Camions, Tracteurs.
231 Omnibus d'Amédée Bollée père -448
232 Omnibus de Dion-Bouton 448
233 Tracteur de Dion-Boulon 451
234 Omnibus Scotte 452
235 Voiture remorqueuse Scotte 454
236 Omnibus Weidknecht 455
237 Tracteur et break Le Blant „ 457
238 Omnibus Serpollet 460
239 Omnibus de la Cie générale des automobiles 460
240 Camion Nègre 460
241 Chariot à vapeur Piat 464
242 Fourgon de la « Lancashire Steam Motor C° » 465
243 Camion de le « Liquid Fuel Engineering C° » 466
244 Tracteur de la « Stcam Carnage and wagon C° » 467
245 Tracteur Toward et Philipson 468
246 Omnibus du a Molor Omnibus Syndicale » 469
2° Voitures légères.
247 Voitures Serpollet 470
248 Victoria Nègre 473
249 Voiture Kécheur 473
250 Voitures du « Clark son-Capel Steam Car syndicate » 473
251 Voiture Stanley 474
3° Avant-trains moteurs.
251 bis Avant-train moteur Turgan et Foy 478
CHAPITRE II
VÉHICULES A PÉTROLE
252 Schéma d'une voiture à pétrole 481
1° Tricycles et quadricycles.
253 Tricycle de Dion-Bouton 483
253 bis Démultiplicateurs Couget, Delbruck, Didier, Peugeot. . . 484
254 Tricycle Loyal et de la Société Continentale d'automobiles. . 487
255 Quadricycles Gladiator, Morel et Gérard 488
TABLE DES MATIÈRES 719
2° Voiturettes.
256 Voiturette Bollée 489
256 bis Voiturette Serin 490
257 Tri-voiture tte Hurtu. Voiturettes Farman, de la Gie Fran-
çaise des cycles et automobiles, Kane-Pennington 490
258 Voiturette Decauville 491
259 — Elan 492
260 — Tauzin 493
261 — Barisien 493
262 — Cyrano 494
263 — Krebs (Panhard et Levassor) 496
264 — de Dion-Bouton 498
265 — Delahaye, Morisse, Fouché et Delachanal, Goret,
Faugère, Pittsburg, Waiker et Hutton 499
3° Tricycles et voiturettes de livraison.
266 Voiturettes Lanty, Hommen et Dumas. Tricycle Columbia.. 500
4° Voitures.
267 Voitures Panhard et Levassor 501
268 — Peugeot 507
289 — Benz : Cie Anglo-Française, Maison Parisienne,
Audibert et Lavirotte, Rochet et Schneider 511
270 — Delahaye, Hurtu-Diligeon, G. Richard 512
271 — Cambier 515
272 — de Dietrich (système Amédée Bollée) 517
273 — Mors 520
274 — Landrv-Bevroux (Gie des moteurs et automobiles
M. L. B.) 525
275 — de la Société Continentale d'automobiles (Gautier-
Wehrlé) et de la Société générale des automobiles. 526
276 — Lcpape 528
277 — David, Vallée, Tenting, Léo 530
277 bis — de la Société Française d'automobiles « Moteurs
Gaillardet » 532
278 — Henriod, Le Brun, Brouhot 534
279 — Gobron-Brillié 535
279 bis Omnibus Roser-Mazurier 536
280 Voiture Bolide de M. L. Lefebvre 537
280 bis — Raouval 539
281 — Ducroiset 543
281 bis — Léon Bollée (Darracq) 515
730 TABLE DES MATIÈRES
282 — Daimler allemande (de la Daimler Mo tore n Gesell-
schaft) 547
282 bis — C*aello-Durkopp 548
283 — Daimler anglaise (de la « Motor Car O » de Londres). 549
283 bis — de la « Motor Manufacturing G° » 549
284 — Vincke et Roch-Brault 552
285 — Duryea 554
5° Voitures de Imtison. — Camions.
286 Voitures de livraison Panhard 557
287 Voituresde livraison et camions Peugeot. — Camions Dietrich,
Cambier. Voitures de livraison de la Cie Anglo-Française. 558
288 Camion Daimler (de la « Daimler Motoren Gesellschafft ») . . 560
6° Avant-trains moteurs.
289 Avantages de l'avant-train moteur 560
290 Avant-train Prétot 561
291 — Amiot-Péneau 561
292 — Ponsard-Ansaloni f , 564
293 — Doré 567
294 — de Riancey 569
294 bis — divers 569
CHAPITRE III
VÉHICULES ÉLECTRIQUES
295 Schéma d'une voiture électrique 571
296 Premiers véhicules électriques de MM. Raffard, Pouchain,
Bogard, Darracq 572
297 Voitures ayant pris part au Concours de Fiacres de 1898. . . 572
298 Voitures Jeantaud 573
299 _ Kriéger 576
300 — Jenatzy (Cle internationale des Transports auto-
mobiles) 578
301 Voitures de la Cie française des Voitures Électromobiles 582
302 — Cie générale des Voitures à Paris 584
303 — Mildé-Mondos 587
303 bis Voituretle Mildé-Greffe 590
304 Voitures Bouquet, Garcin et Schivre 592
304 bis — Doré 594
305 — Patin 594
TABLE DES MATIÈRES 721
305 bis — G. Richard 595
306 — H. Monnard 596
306 bis Autocab Draullette ... 598
307 Cab Vedovelli Priestley 601
308 Véhicules américains.
Tricycle de le « Barrows Véhicle C°» 606
309 Voitures Morris et Salom 606
310 — Sturges 607
311 — Riker 607
312 — Columbia 610
312 bis — Cleveland 615
313 Véhicules anglais.
Voiture Élieson 616
314 — Bersey 617
314 bis Véhicules allemands et autrichiens.
Omnibus de TAlIgemeinen Omnibus Gesellschaft (Berlin).. . 618
Coupé de M. Lohner (Vienne) 618
CHAPITRE IV
VÉHICULES PÉTROLÉO-ÉLECTRIQUES
315 Raison d'être de ce système. Voiture Patton 619
315 bis Voiture Pieper 6*21
315 ter Voiture Munson et Chariot de la « Fisher Equipment C° » . . 626
QUATRIEME PARTIE
LES RÉSULTATS
316 Courses. Concours. Applications courantes 629
317 Concours Paris-Rouen, 1894 629
CHAPITRE PREMIER
COURSES DE VITESSES
318 Course de Paris-Bordeaux (1895) 633
319 Course de Chicago (1895) 634
320 Course de Paris-Marseille (1896) 639
722 TABLE DES MAT1ÈKES
321 Course de Paris-Amsierdam (1898) 641
322 Course de Nice-Castellane (1899).' 643
323 Tour de France (1899) 644
324 Courses de côtes 647
325 Record du kilomètre 648
326 Les Courses à l'étranger : Hichmond, Berlin 649
CHAPITRE H
CONCOURS
1° Concours de Poids lourds.
327 Concours de Versailles (1897), (1898), (1899) 653
328 Concours de Liverpool (1898) 664
2° Concours de Fiacres et de Voitures de livraison.
329 Concours de Paris (1898), (1899) 667
3° Concours de Moteurs et d'Accumulateurs.
330 Concours de moteurs de la Locomotion Automobile 676
330 bis Concours d'accumulateurs de l'Automobile-Club de
France (Résultats) 682
330 ter Considérations générales sur les Courses et les Concours. 685
CHAPITRE III
APPLICATIONS USUELLES. RENDEMENT. PROGRES A CHERCHER
331 Emploi des voitures à vapeur 687
332 — à pétrole 689
333 — électriques 691
334 L'automobilisme en France et à l'étranger 692
335 Calcul théorique du rendement d'une automobile 694
1 ° à vapeur 694
2° à pétrole \ 697
3° électrique 699
336 Comparaison des rendements calculés et de quelques rende-
ments réalisés. Consommations 700
337 Progrès à chercher 702
338 L'avenir 705
MAÇON, PROT AT FRERES, IMPRIMEURS
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